Perfecto
naquit le 18 avril 1906 à Villacañas (Toledo, Espagne), un des
cinq enfants de Benito et Ángela, cultivateurs et surtout
excellents chrétiens.
Le
petit «Parfait» reçut donc dès son berceau le bon exemple d’une
vie chrétienne, qui accompagna toute la vivacité et la
gentillesse de son caractère.
Il aimait
enseigner le catéchisme aux plus petits.
Après l’école
primaire, il fréquenta le petit séminaire tenu par les pères
franciscains à Belmonte (Cuenca), qui se transféra d’ailleurs à
Alcázar de San Juan (Ciudad Real). On remarqua dès lors son
innocence et il s’attira l’affection de tous. Il parlait
volontiers de son rêve, qui était d’être missionnaire et martyr.
En 1921, il
prit l’habit franciscain à Arenas de San Pedro (Ávila). Il avait
trois dévotions centrales : l’Eucharistie, le Sacré-Cœur, la
Sainte Vierge.
En 1922 il
fait sa première profession.
Il commençait
ses études de philosophie au couvent de Pastrana (Guadalajara),
mais une tumeur à la cheville les lui fit interrompre quelques
mois, qu’il passa chez les siens. Puis se trouvant mieux, il
vint terminer sa préparation philosophique et théologique à
Consuegra (Toledo).
Son mal le
faisait souffrir, mais ne l’arrêtait pas dans son ardeur à se
préparer au sacerdoce. Il obtint d’excellent résultats à ses
examens et collabora à la revue du séminaire.
En 1927 il
fit la profession solennelle, et reçut le sacerdoce en 1929.
Son handicap
l’accompagna toute la vie, mais ne lui enlevait pas sa bonne
humeur. Doux, gentil, timide aussi, il était incapable de dire
une méchanceté, même s’il était la cible de beaucoup de petites
taquineries. Il était toujours un tantinet bavard, avec un verbe
alerte et en même temps innocent.
De 1929 à
1935, il fut professeur de philosophie à Pastrana. Mais il
donnait aussi des cours de sciences et monta un laboratoire de
chimie. Il dirigeait la chorale, il confessait les séminaristes
; il fut parfois assistant pour le Tiers-Ordre franciscain et
directeur spirituel au petit séminaire. Dans la revue Cruzada
Seráfica (La Croisade Séraphique), il écrivait des articles
pour défendre les vérités de la foi, pour soutenir l’Eglise et
la religion catholique en face des attaques provenant de la
Deuxième République espagnole.
Finalement,
il fut envoyé à Madrid, au couvent de Saint-Antoine dans la rue
Duque de Sesto, où il devait être secrétaire de la province
franciscaine de Castille.
C’est là que
le surprit la persécution en 1936. La communauté dut se
disperser à partir du 18 juillet ; le père Perfecto trouva
refuge chez des voisins. Suite à une perquisition, il passa chez
d’autres connaissances, mais ne voulant compromettre personne,
il se dirigea vers son village. Auparavant, il alla trouver son
Gardien (le supérieur) pour lui en demander la permission et
pour se confesser.
Il arriva
chez lui le 24 juillet à onze heures du soir. Il y resta environ
un mois et demi. Il se préparait au martyre de façon intense. Il
confessa quelques fidèles.
Même s’il
désirait le martyre, il éprouvait un sentiment répulsif pour la
mort, et répétait : Si
Dieu me veut martyr, il me donnera la force pour supporter ce
martyre.
Dans le
village, tout le monde savait que Perfecto était chez les siens,
on l’avait vu arriver, mais personne, même les gauchistes, ne
voulaient le toucher, parce qu’ils le considéraient comme un
innocent. Mais l’un d’eux quand même vint frapper chez les
Carrascosa au matin du 14 septembre (fête de la Sainte Croix),
accompagné de trois hommes armés, en disant : Faites sortir
le curé !Perfecto s’habilla et sortit ; à partir de ce
moment-là toute crainte s’évanouit en lui. Il dit aux siens : Ne
craignez rien pour moi.
Tous
pleuraient, la maman n’arrivait pas à parler. Finalement, le
père de Perfecto dit avec fermeté : Mon fils, tu diras la
vérité ! Et Perfecto répondit avec la même fermeté : Oui,
Papa ! Oui !
Ils
l’emportèrent à un endroit appelé Ermitage du Christ, où
se trouvaient d’autres prisonniers. Ce furent ensuite
trente-trois jours de prison héroïque.
Au début,
c’est sa sœur Lucie qui lui apporta à manger ; puis ce fut sa
mère. La famille ainsi que d’autres témoins purent constater les
marques de la torture, tant sur le père Perfecto que sur ses
compagnons : visage contusionné, gonflé, défiguré, les yeux
rougis, le corps recroquevillé apparemment trop petit pour son
habit, qui portait des traces de sang.
Une fois,
l’un des bourreaux lui dit : Dis que ta mère est une femme de
mauvaise vie, et la Vierge aussi ; à quoi il répondit : Ma
mère n’est pas ce que tu dis, bien qu’elle aurait pu l’avoir été
; mais la Vierge, elle ne l’a pas été et ne pouvait pas l’être.
Celui qui
avait organisé son arrestation se vantait de lui avoir flanqué
une bonne gifle ; transféré au front, il écrivait à ses sœurs
qu’il aimerait bien retourner sur place pour lui en flanquer
encore une. Une dame dont les fils faisaient la garde, disait
partout que le père Perfecto était un sot, qu’il pouvait bien
s’en tirer s’il le voulait, il n’avait qu’à répéter quelques
blasphèmes ; elle ajoutait : Il
faut voir les baffes qu’on lui passe pour le faire blasphémer ;
et ils n’y arrivent pas !
Ces tortures
se faisaient d’habitude dans la sacristie de l’ermitage, mais on
entendait les coups depuis l’extérieur. Un des prisonniers, le
prêtre Manuel Simón, expira devant tous les autres sous les
coups.
Perfecto,
lui, ne se laissa jamais abattre, ni ne se plaignit des tortures
ou de ses bourreaux, et ne perdit rien de sa bonté et de son
zèle apostolique. Il soutenait ses compagnons, les exhortait à
accepter le martyre, les encourageait à éviter le blasphème, à
pardonner les bourreaux, à prier. Certains se confessaient. On a
dit de lui : C’était un
ange pour tous.
Au matin du
17 octobre 1936, le père Perfecto fut conduit avec cinq autres
prêtres séculiers au cimetière de Tembleque (Toledo). Pendant le
trajet, celui qui l’avait fait arrêter invitait ses camarades à
arroser son forfait avec une bouteille d’eau de vie ; le père
Perfecto, lui, montrait sa joie d’être bientôt auprès de Dieu,
grâce au martyre.
Quand on fut
au cimetière, il encouragea ses compagnons, leur donnant encore
une fois l’absolution, et demandant pour cela à être fusillé le
dernier.
Ils furent
enterrés sur place.
Le père
Perfecto Carrascosa Santos honora vraiment son nom de «Parfait».
Il fut un des quatre-cent-quatre-vingt-dix-huit Martyrs
espagnols béatifiés en 2007.
SOURCE :
http://www.samuelephrem.eu/article-perfecto-carrascosa-santos-111232995.html |