Possidius,
un des plus célèbres disciples de S. Augustin, fut élu en
397 évêque de Calame, ville de Numidie. Les Donatistes et les
païens donnèrent beaucoup d'exercice à son zèle. Les premiers,
s'étant ligués contre lui en 4o4, le chassèrent de sa maison, le
traitèrent cruellement, et en vinrent presque jusqu'à lui ôter
la vie. Il ne se vengea d'eux qu'en demandant leur grâce à
l'empereur.
Quatre ans
après, les païens ayant célébré leur fête sacrilège du premier
jour de juin, eurent l'insolence de danser autour de l'église,
d'y jeter des pierres et d'y mettre le feu. Ils blessèrent
plusieurs ecclésiastiques, en tuèrent un, et auraient traité les
autres de la même manière s'ils n'eussent pris la fuite. Ceux
des païens qui n'avaient point eu de part à ces excès
craignirent qu'on ne les enveloppât dans la punition des
coupables. Nectaire, leur chef, écrivit à S. Augustin, pour le
prier de prévenir les effets de la justice de l'empereur. Il se
fondait principalement, dans sa lettre, sur l'obligation où
étaient les pasteurs chrétiens de se consacrer aux œuvres de
miséricorde, et de montrer qu'ils sont des anges de paix.
Possidius s'intéressa aussi pour les coupables, en sorte que les
ordres de l'empereur portèrent seulement que l'on briserait les
idoles des païens, et qu'à l'avenir il ne leur serait plus
permis ni d'offrir de sacrifices, ni de célébrer leurs fêtes
superstitieuses.
Lorsqu'on
apporta les reliques de S. Etienne en Afrique, vers l’an 415
Possidius en obtint une portion dont il enrichit l'église de
Calame. Nous apprenons de S. Augustin qu'il s'opéra alors
plusieurs miracles par la vertu de ces reliques.
On ne peut
douter que Possidius n'ait été du nombre des évêques qui
établirent parmi les clercs de leur cathédrale la règle
monastique instituée par S. Augustin, Ce saint parle lui-même
des pauvres religieux de Calame,
L'invasion
des Vandales mit à de rudes épreuves la patience et le zèle de
S. Possidius. Ces barbares, accoutumés depuis longtemps au
carnage, passèrent d'Espagne en Afrique, au nombre de
quatre-vingt mille. Ils se furent bientôt rendus maîtres de la
Mauritanie, de la Numidie, et de la province proconsulaire. Il
n'y eut que trois places qui leur résistèrent; Carthage, Cirte
et Hippone. Ils pillèrent tout le pays et toutes les villes qui
se trouvèrent sur leur passage. Calame fut entièrement ruinée,
et il ne paraît pas qu'elle se soit jamais relevée de sa chute.
Durant la
fureur de la guerre, Possidius se retira à Hippone, il y ferma
les yeux à S. Augustin, qui mourut en 43o, pendant le siège de
la ville, qui bientôt après tomba entre les mains des barbares.
Il écrivit la Vie de son cher maître, à laquelle il joignit le
catalogue de ses ouvrages. Depuis ce temps-là il vécut toujours
séparé de son troupeau. On ignore le lieu et l'année de sa mort.
Les Italiens
prétendent que S. Possidius passa d'Afrique en Italie, et qu'il
mourut à la Mirandole. Cette ville, ainsi que celle de Reggio,
l'honorent comme leur patron. Les chanoines réguliers font sa
fête le 17 de mai, et le comptent parmi les plus illustres Pères
de leur ordre.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |