Quintien de Rodez
Évêque de Rodez et de Clermont, Saint
† 527

Quintien naquit en Afrique. Il était neveu de Fauste, cet évêque de Carthage qu'a rendu célèbre le miracle qu'il fit en ressuscitant sa mère. Lorsqu'il vint au monde, l'Afrique gémissait sous la domination des Vandales. Ces peuples barbares, profondément attachés à l'arianisme, persécutaient à outrance les chrétiens, et cette persécution obligea une foute de chrétiens de ces contrées à s'éloigner de leur patrie et à se réfugier dans les Gaules.

De ce nombre fut Quintien, qui vint s'établir à Rodez. L'éclat que jetèrent dans cette ville ses vertus sacerdotales le firent bientôt connaitre. Depuis près de vingt-sept ans l'église de Rodez n'avait point de pasteur. Quintien fut désigné pour occuper ce siège. Dans cette charge éminente, l'évêque révéla le trésor des hautes et solides vertus dont était ornée sa grande âme l'innocence et l'intégrité de ses mœurs, une ardente charité. Il ne cessait pas un instant de porter la vigilance la plus intelligente sur son troupeau, afin d'en étudier les besoins et d'améliorer sou état Quintien se faisait tout à tous.

A la vue des nombreux et éclatants miracles qui s'opéraient au tombeau de saint Amans, dont il était l'un des premiers successeurs, Quintien crut qu'il ne convenait pas de laisser ses reliques vénérables dans le lieu de l'église trop peu apparent où elles avaient reposé jusqu'alors. Il fit bâtir une belle église en l'honneur de son saint prédécesseur et il l'orna avec autant de bon goût que de zèle. Quand ces travaux furent achevés, il fit pour la translation solennelle des reliques glorieuses de saint Amans un jour de fête, en invitant à cette auguste cérémonie les peuples voisins, tout ce que l'église et les fidèles comptaient de membres distingués, pour en rehausser encore davantage la pompe et l'éclat.

L'an 506, Quintien assista au concile d'Agde, et y souscrivit en qualité d'évêque de Rodez. Un an environ après son retour, soupçonné de chercher les moyens de soumettre à l'empire du roi Clovis la ville de Rodez, où dominaient en ce temps-là les Visigoths ariens, il se vit sur le point de tomber victime de la fureur et de la vengeance de ses concitoyens. Ils lui reprochaient de donner ses préférences au seul monarque catholique qu'il y eût alors, et de ne porter qu'avec peine la domination des princes ariens, tant dans sa ville épiscopale que dans son diocèse. Le saint évoque, averti de leurs desseins coupables, profita des ténèbres de la nuit pour sortir de Rodez avec quelques-uns de ses serviteurs les plus fidèles, et il s'en vint se réfugier à Clermont en Auvergne, où il reçut de la part d'Euphraise, son évoque, une honorable hospitalité. Quintien assista au concile d'Orléans en 511, l'année où mourut Clovis, et il y souscrivit en qualité d'évêque de Rodez, parce que Clovis, ayant vaincu les Visigoths à la bataille de Vouillé, près Poitiers, et chassé ces barbares ariens du Rouergue, l'avait rétabli sur son siège, dès le jour qu'il avait fait rentrer Rodez sous l'autorité du roi des Francs. Mais à la mort de Clovis, le Rouergue retomba sous la domination arienne, et Quintien reprit le chemin de l'Auvergne et se réfugia de nouveau à Clermont, où saint Euphraise l'accueillit avec honneur, comme la première fois.

Cependant saint Euphraise étant mort, vers 515, Quintien fut appelé à lui succéder. Les grandes vertus et les belles qualités qui le distinguaient et le rendaient, sur le siège épiscopal de Clermont, l'objet de la vénération universelle, ne le mirent pourtant pas à l'abri des épreuves. Un certain Proculus, que le saint évoque avait cru pouvoir élever du rang de simple ouvrier à l'ordre de la prêtrise, lui fit essuyer bien des injures et l'accabla de mauvais traitements. 11 dépouilla Quintien de tous les biens qu'il administrait, et c'est à peine s'il lui laissa le strict nécessaire. Le saint évoque supporta avec humilité et en toute patience toutes les tracasseries indignes et toutes les injustes persécutions dont Proculus fut assez malheureux pour se rendre coupable envers lui et ces graves peines n'affaiblirent en rien l'amour qu'il avait voué au bon peuple que lui avait confié la divine Providence.

Saint Quintien était versé dans la science des Ecritures et rempli d'érudition pour tout ce qui se rattache aux connaissances ecclésiastiques il avait la magnificence d'un roi dans ses largesses et dans ses aumônes puissant contre le démon, il le chassait victorieusement du corps des possédés, qu'il guérissait et rendait à la santé modèle parfait de douceur et de charité, il sut calmer les sentiments de courroux et de vengeance dont le cœur du roi Thierry était rempli contre les peuples d'Auvergne qui avaient déserté sa cause véritable ami de ses concitoyens et de son peuple, il obtint de la bonté de Dieu, à force de prières, et revêtu d'un cilice et prosterné par terre, à genoux, qu'une pluie impatiemment désirée vint mettre fin à une sécheresse désastreuse et ramenât la fertilité dans les campagnes.

Arrivé à un âge très-avancé, Quintien pliait sous le poids des travaux qu'il avait exécutes pour Notre-Seigneur Jésus-Christ non moins que sous celui de la vieillesse; et le 13 novembre 527, ce grand Saint, ce grand évoque rendit son âme à Dieu, comblé de mérites.

Le corps de saint Quintien fut enseveli à Clermont, dans l'église de Saint-Etienne. Ses précieux restes furent plus tard transférés dans l'église de Saint-Gênez, en la même ville et c'est de cette église que les chanoines de Rodez ont eu le bonheur de recevoir en don les reliques précieuses de cet évêque illustre de Rodez, qu'ils possèdent.

Il est particulièrement honoré dans la ville d'Aigueperse, au diocèse de Clermont, et est un des patrons de la paroisse.

Les Petits boullandistes : Vies des Saints ; Tome 11. Paris 1866.

 

 

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