SUR L'ADULTÈRE

« Les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, ils disent à Jésus : “Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. (…) Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol. Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : “Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !” » (Jn. 8, 3-4 et 7)

Grave sujet que celui-ci !

Mais, peut-on parler d’adultère quand on ne sait pas exactement ce que c’est ?

J’ai toujours entendu dire que l’on ne parle bien d’un événement que quand on le connaît bien…

L’amitié ― la vraie ― nous oblige quelquefois à écouter des confidences que l’on préférerait ignorer… Mais, être là quand il faut, au bon moment, pour soutenir un ami dans la détresse, est l’une des caractéristiques de la vraie amitié et surtout de la charité chrétienne.

Nicolas Poussin - Jésus et la femme adultère

L’un de mes amis s’est senti “obligé” de me raconter toute sa détresse à la suite d’un “accident” conjugal qui porta un coup terrible à l’unité de son couple. Il ne s’est pas séparé de son épouse, mais celle-ci a beaucoup de mal à lui pardonner son escapade, son infidélité.

Avant d’aller plus loin, je ne saurais m’empêcher de vous faire, vous qui allez lire ces lignes, un petit “sermon” qui me semble de circonstance :

Ne vous laissez pas prendre dans les filets de Satan, car il ne veut que votre perte éternelle et, l’adultère est un péché mortel qui entraîne la perte de l’âme s’il n’est pas confessé. Sachez que l’adultère n’est ni plus ni moins qu’une faramineuse illusion qui vous procure un plaisir passager, donc éphémère, mais peut vous procurer, par contre, une éternité de souffrances inimaginables : les peines de l’enfer.

Mais, qu’est-ce que l’adultère ?

Voici ce qu’en dit Jésus Lui-même :

« Vous avez entendu qu’il a été dit : “ Tu ne commettras pas d’adultère ”. Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle » (Mt 5, 27-28).

Par définition, c’est quand l'un des deux époux “trompe” son partenaire, se donnant ainsi à quelqu'un d'autre par un acte de consentement mutuel et en toute connaissance de cause, n’écoutant que les sentiments du moment présent. Il en est de même, comme le dit Jésus, quand un homme “regarde une femme pour la désirer” il faut savoir que ce regard de désir, fait qu’il “a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle”.

« La luxure ― explique clairement le Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2351 ― est un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir sexuel est moralement désordonné, quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalités de procréation et d’union. »

Un peu plus loin et, parlant directement de l’adultère, le même Catéchisme explique, au n° 2381 :

« L’adultère est une injustice. Celui qui le commet manque à ses engagements. Il blesse le signe de l’Alliance qu’est le lien matrimonial, lèse le droit de l’autre conjoint et porte atteinte à l’institution du mariage, en violant le contrat qui le fonde. Il compromet le bien de la génération humaine et des enfants qui ont besoin de l’union stable des parents. »

J’exclus de mon propos tous les actes qui peuvent avoir lieu entre personnes d’un même sexe, donc entre homosexuels : ces actes n'ont rien à voir, ni avec le mariage ni avec l'adultère. Sur ces actes, je ne porterai non plus aucun jugement, car je les ignore et ne me sens pas apte à en parler.

Les raisons… et les remèdes

Mon affirmation première sera de dire qu’aucune raison, quelle qu’elle soit, ne justifie cet acte ignoble, contraire à toute charité, c’est un acte d’égoïsme pur et simple.

« Tu ne commettras pas l'adultère » (Dt. 5, 18), dit le Seigneur à Moïse en lui dictant le décalogue, avant d’affirmer plus loin « tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain » (Dt. 5, 21), comme pour compléter ce qu’Il avait commandé auparavant.

Cela veut donc dire que, dans la pensée de Dieu, on peut commettre l'adultère par simple convoitise, sans même consommer l'acte.

Quelles raisons poussent un homme à commettre l’adultère ?

Elles peuvent être nombreuses, mais aucune, quelles que soient les situations avancées, ne justifient ni ne cautionnent un tel acte.

― “Mon épouse est gravement malade…” pourra dire Untel.

Crois-tu que le fait de la tromper la guérira ? Crois-tu avoir trouvé le remède à sa maladie ? Que non !

Cet argument est fallacieux et démontre que de toute évidence tu ne penses qu’à toi seul, à ton seul plaisir… Pire encore, même si ton épouse n’avait pas été malade tu l’aurais probablement fait, car dans ton égoïsme, tu ne cherches que ton seul plaisir.

― “Mon épouse est souvent absente… alors je me laisse aller…”, dira encore un autre sans la moindre vergogne.

Mais, mon ami, si ton épouse est souvent absente, c’est sûrement parce qu’elle travaille et que son travail l’oblige à s’absenter souvent… pourquoi la punirais-tu parce qu’elle se sacrifie pour le bien du foyer ? Si tu ne veux pas qu’elle s’absente, cherche avec elle un autre travail ; procure-lui la possibilité d’être là à tes côtés : elle t’en sera certainement reconnaissante. Ton objection est absurde et pleine d’égocentrisme.

― "Mais elle s'absente sans arrêt pour “de bonnes raisons”, elle va voir Une telle, elle fait le catéchisme, elle aide telle autre à faire ses courses : toujours avec les autres !"

Mais mon ami, pourquoi ne l'accompagnes-tu pas quelquefois ? Toi aussi, tu pourrais donner un peu de ton temps aux bonnes œuvres.

― “J’ai appris qu’elle me trompe… alors je me venge !” Argument stupide s’il en est, car une fois encore, c’est l’égoïsme qui fait surface. Mais cas particulier et particulièrement répandu.

Je comprends très bien que tu sois blessé dans ton “égo”, que tu sois tenté de te “venger”, mais, est-ce vraiment la meilleure solution ? La vengeance n'est pas une attitude chrétienne ; tu réponds au mal par le mal ; et si tu commets le même mal que celui que tu reproches à ton épouse, que peux-tu lui reprocher ?

Souviens-toi que la vengeance n'est que haine… et que si vous arrivez à ce stade de vous haïr l’un l’autre, plus rien ne sera possible entre vous, sinon la séparation inéluctable, avec toutes les conséquences que cela implique.

Au lieu de vouloir à tout pris te “venger”, pose-toi plutôt des questions, des questions essentielles, comme celle-ci, par exemple :

― “Ai-je bien TOUT fait pour la garder ?”

Avant d’accuser ton épouse de tous les maux de la terre, pose-toi des questions, demande-toi avec sincérité et en toute humilité, si tu n’es pas, pour une quelconque raison, la cause de cet adultère. Car, quand on réfléchit d’une façon honnête et en toute simplicité, on trouve bien souvent la solution d’un problème, quelque grave qu’il soit.

Ensuite, puisque tu es croyant, pense à ces paroles “lapidaires” de Jésus : “Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !” 

Tu as été blessé dans ton amour-propre, c’est évident, mais si tu es honnête et que tu te poses cette simple question : “Qu’aimerais-je qu’elle fasse si c’était moi le fautif ?”, tu auras vite compris ce qu’il te reste à faire.

En effet, je suis persuadé que tu aurais aimé que ton épouse te pardonnât et que la vie de votre couple continuât. Alors, fais-en autant : pardonne-lui et redouble d’attentions envers elle. Sois davantage présent dans sa vie, sans être étouffant ; montre-lui ton amour et, surtout, ne lui parle plus de sa “faute”, autrement dit, “ne remue pas le couteau dans la plaie”, car alors celle-ci ne guérirait jamais.

Et, si vous avez des enfants, pensez aussi à eux, eux qui ne sont pour rien dans cette “affaire” délicate et qui risquent d’en souffrir, si vous n’êtes pas attentifs, l’un et l’autre, à leur bien-être et à leur bonheur.

Si tu en es capable, dis-lui avec sincérité comme Jésus l’a dit à la femme adultère : “Moi non plus, je ne te condamne pas. Désormais ne pèche plus” (Jn. 5, 11).

― “Ma femme ne veut plus de moi…”, dira encore un autre.

Mon ami, si ta femme ne veut plus de toi, demande-toi et demande-lui la raison… Pour qu’une épouse dise une telle phrase à son mari, c’est certainement parce qu’elle a des raisons ― justifiées ou non ― pour agir de la sorte.

Lui as-tu causé tort physiquement ou intellectuellement ? Ne l'as-tu pas blessée au plus profond de son être par quelque remarque désobligeante ? Ou au contraire n'as-tu pas oublié de la complimenter pour sa bonne cuisine, pour sa belle robe, pour son bon parfum ? Au point qu'elle soit tentée par quelque aventure, loin de toi ?…

Tu peux te poser ces questions, bien entendu, et beaucoup d’autres encore, mais tant que vous n’aurez pas mis à plat vos problèmes, lors d’une conversation calme et constructive, vous n’arriverez pas à résoudre ce grave problème. Alors, avant toute autre démarche, asseyez-vous l’un en face de l’autre et calmement, parlez, partagez, ratissez devant votre porte et cherchez avant toute chose l’amour qui semble fuir devant vous. Si vous avez une conversation constructive et sincère, vous arriverez, sans aucun doute, à une solution qui mettra fin à votre division apparente, car seul l’amour vaincra, comme l’affirme saint Paul.

Nous avons tous des défauts, car nous sommes tous pécheurs… Mais, nous sommes des pécheurs en souffrance, car le Seigneur nous pardonne si tant est que nous lui demandons sincèrement pardon.

― “Ma femme me repousse… nous n’avons plus de relations… alors j’ai envie de m’en trouver ailleurs, car je ne suis pas de pierre…”

As-tu cherché à savoir pourquoi ton épouse te repousse ? As-tu cherché à savoir pourquoi vous n’avez plus de relations ?

Tu auras certainement commis une grave faute pour que cela arrive ; car une femme ne pratique ce genre de “représailles” envers son mari que quand celui-ci lui a causé beaucoup de peine : As-tu été fidèle envers elle ? Ou bien, beaucoup plus prosaïquement, as-tu pensé qu'elle ne supporte plus cette odeur de tabac, d'alcool, que tu transportes avec toi ? Prends-tu ta douche régulièrement ?

Si tu lui as été infidèle, le sachant elle te “punit” pour ta faute, pour ton manque d’amour envers elle et te repousse tout simplement parce qu’elle voit à chaque fois entre toi et elle l’ombre de celle avec qui tu l’as trompée.

Lui as-tu avoué ta faute ? Lui as-tu demandé pardon ?

Si tu l’as fait, cela est très bien et Dieu s’en souviendra en son heure. Mais il est un peu normal que ton épouse n'ait pas encore pu te pardonner parce que ton attitude est un peu comme si tu l'avais giflée sur la place publique : elle est comme “éliminée”, “ignorée”. Regarde dans le prophète Osée comment Dieu parle à Israël qui a péché : il l'accuse d'adultère, car il est cette épouse qui a trahi son mari. “Le pays se prostitue, il abandonne Dieu” (Osée 1:2). Alors, arme-toi de patience, fais des efforts pour la reconquérir en lui montrant clairement que tu es sincèrement peiné pour le chagrin que tu lui as causé ; promets-lui de ne plus jamais recommencer et prie le Seigneur pour elle, pour qu’Il la guérisse de cette peine qui atrophie son cœur et l’empêche de t’aimer comme avant.

Surtout, mon ami, ne prends pas la décision, parce qu’elle te repousse et ne veut plus avoir de relations avec toi, ne prends pas la décision, disais-je, d’aller prendre ton plaisir ailleurs, car ton péché serait encore plus grave et la consolidation de ton couple deviendrait impossible.

Qu’a-t-elle, celle-là, de plus que ton épouse ?

Tu pensais trouver auprès d’elle d’autres sensations, d’autres suggestions affriolantes, mais tu t’es trompé… lourdement trompé, car ce que ton épouse te proposait par amour pour toi, l’autre rarement ou jamais ne te le donne ni ne te le donnera pour cette même raison…

Tu voulais connaître d’autres “expériences”, savoir comment cela se passe ailleurs que dans le secret de ta chambre et, pour cela tu n’as pas hésité à te fourvoyer, à te mettre “au ras des pâquerettes”, devenant ainsi esclave de tes pulsions, esclave de tes délires sensuels.

L’adultère est un mensonge…

Tu te mens à toi-même, en te “fabricant” des raisons qui expliquent ton acte ; tu mens à celle que le Seigneur a mise sur ta route et que tu dois aimer de toutes tes forces et chérir comme la prunelle de tes yeux, parce que vous êtes unis “pour le meilleur et pour le pire”, dans les joies et dans les peines ; tu mens à celle que fortuitement peut-être tu as rencontrée, car tu lui fais probablement des promesses que tu ne pourras jamais tenir ; tu lui fais miroiter des mondes merveilleux de bonheur, alors que tu ne peux lui apporter que le malheur et la déchéance, ton propre malheur, ta propre déchéance.

Tu mens à ton entourage, car tu veux continuer à vivre ta vie “normalement”, alors qu’en toi plus rien n’est plus tout-à-fait normal. Pour y parvenir, tu inventes, tu argumentes et ces inventions mêmes et ces arguments ne sont encore et toujours que des mensonges qui, ajoutés à d’autres forment un fleuve dans lequel tu risques à chaque instant de te noyer, de tout perdre.

Tu mens à tes familiers, les privant de ta présence, inventant pour justifier tes absences, des rendez-vous très importants desquels dépend ta carrière, ton ascension sociale… au détriment de ton ascension spirituelle.

Enfin tu mens à Dieu ― si cela était possible ― car bien souvent tu fais appel à Lui pour justifier tes erreurs, commettant ainsi un péché supplémentaire, celui du blasphème.

Conclusion

Le plaisir n’est qu’une illusion passagère, qu’un instant de chimère comparé à toute une vie de fidélité et d’amour vrai.

Il est plus que dommageable d’hypothéquer toute une vie de bonheur et de bien être avec celle que l’on aime, pour un instant de pure illusion, d’égoïsme et de malveillance.

Que faire alors, mon ami ? Comment sortir de cette ornière dangereuse et putride ?

― Suis-mon conseil :

Prie ! Prie le Seigneur et confie-Lui ton âme, ton cœur et ton corps, ton corps qui rechigne au sacrifice de se voir privé d’un plaisir, légitime avec ton épouse mais condamnable avec une autre femme.

Implore la grâce divine ; fais appel à Marie, la Femme par excellence : Elle t’aidera, car déjà Elle te cherche comme jadis Elle le fit pour chercher son divin Fils resté au Temple de Jérusalem.

Si tu es dévôt de Marie, redouble de prières, implore son aide maternelle.

Si tu n’es pas encore dévôt de la Mère de Dieu, deviens-le vite, car personne n’est mieux placé qu’Elle pour t’aider et, une fois que tu Lui auras confié tes “problèmes”, Elle te dira, comme à Cana, parlant de son Fils : “Tout ce qu'il te dira, fais-le”.

Encore une suggestion, mon ami, avant de terminer :

Ne rabâche pas tes problèmes à Dieu : Il les connaît. Dis plutôt à tes problèmes que tu as un Dieu infiniment miséricordieux, qui t'a déjà pardonné. En effet, après que le diable ait réussi à te faire tomber une première fois, te voyant repenti et pardonné, il te tentera encore et n'aura de cesse que tu ne tombes de nouveau par le biais du scrupule et du désespoir.

Tu as reconnu ton péché, tu l'as avoué, tu l'as confessé, tu t'es repenti. Tout cela est maintenant derrière toi. Laisse place maintenant au silence réparateur. Accepte cette douloureuse épreuve intérieure, expiatrice et salvatrice, mais reste en paix, car Dieu t'aime.

N’oublie jamais que nous serons jugés sur l’amour et que pour obtenir cet amour il faut aimer, aimer sincèrement et de toutes nos forces, car l’amour seul vaincra.

Avec David, chante ton remords et ta conversion. C'est justement après son péché d'adultère qu'il composa cette magnifique prière qu'est le psaume 50 :

“O Dieu, aie pitié de moi, dans ta bonté ;
selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ;
Lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché.
Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi.

J'ai péché contre toi seul, et j'ai fait ce qui est mal à tes yeux…
Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige…
Détourne ton regard de mes péchés, efface toutes mes iniquités.

O Dieu ! crée en moi un cœur pur…
Rends-moi la joie de ton salut…
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange.

Si tu eusses voulu des sacrifices, je t'en aurais offert ;
mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes.

Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé :
ô Dieu, tu ne dédaigne pas un cœur brisé et contrit…”

 

Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance en Toi.

Alphonse Rocha

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