« Les scribes et les
Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, ils
disent à Jésus : “Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit
d'adultère. (…) Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol.
Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : “Que celui
d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !” »
(Jn. 8, 3-4 et 7)
Grave sujet que celui-ci !
Mais, peut-on parler
d’adultère quand on ne sait pas exactement ce que c’est ?
J’ai toujours entendu dire
que l’on ne parle bien d’un événement que quand on le connaît bien…
L’amitié ― la
vraie ― nous
oblige quelquefois à écouter des confidences que l’on préférerait ignorer… Mais,
être là quand il faut, au bon moment, pour soutenir un ami dans la détresse, est
l’une des caractéristiques de la vraie amitié et surtout de la charité
chrétienne.

L’un de mes amis s’est
senti “obligé” de me raconter toute sa détresse à la suite d’un “accident”
conjugal qui porta un coup terrible à l’unité de son couple. Il ne s’est pas
séparé de son épouse, mais celle-ci a beaucoup de mal à lui pardonner son
escapade, son infidélité.
Avant d’aller plus loin,
je ne saurais m’empêcher de vous faire, vous qui allez lire ces lignes, un petit
“sermon” qui me semble de circonstance :
Ne vous laissez pas
prendre dans les filets de Satan, car il ne veut que votre perte éternelle et,
l’adultère est un péché mortel qui entraîne la perte de l’âme s’il n’est pas
confessé. Sachez que l’adultère n’est ni plus ni moins qu’une faramineuse
illusion qui vous procure un plaisir passager, donc éphémère, mais peut vous
procurer, par contre, une éternité de souffrances inimaginables : les peines de
l’enfer.
Mais, qu’est-ce que
l’adultère ?
Voici ce qu’en dit Jésus
Lui-même :
« Vous avez entendu qu’il
a été dit : “ Tu ne commettras pas d’adultère ”. Eh bien ! moi je vous dis :
Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur,
l’adultère avec elle »
(Mt 5, 27-28).
Par définition, c’est
quand l'un des deux époux “trompe” son partenaire, se donnant ainsi à quelqu'un
d'autre par un acte de consentement mutuel et en toute connaissance de cause,
n’écoutant que les sentiments du moment présent. Il en est de même, comme le dit
Jésus, quand un homme “regarde une femme pour la désirer” il faut savoir
que ce regard de désir, fait qu’il “a déjà commis, dans son cœur, l’adultère
avec elle”.
« La luxure ― explique
clairement le Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2351 ― est
un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir
sexuel est moralement désordonné, quand il est recherché pour lui-même, isolé
des finalités de procréation et d’union. »
Un peu plus loin et,
parlant directement de l’adultère, le même Catéchisme explique, au n° 2381 :
« L’adultère est une
injustice. Celui qui le commet manque à ses engagements. Il blesse le signe de
l’Alliance qu’est le lien matrimonial, lèse le droit de l’autre conjoint et
porte atteinte à l’institution du mariage, en violant le contrat qui le fonde.
Il compromet le bien de la génération humaine et des enfants qui ont besoin de
l’union stable des parents. »
J’exclus de mon propos
tous les actes qui peuvent avoir lieu entre personnes d’un même sexe, donc entre
homosexuels : ces actes n'ont rien à voir, ni avec le mariage ni avec
l'adultère. Sur ces actes, je ne porterai non plus aucun jugement, car je les
ignore et ne me sens pas apte à en parler.
Les raisons… et les
remèdes
Mon affirmation première
sera de dire qu’aucune raison, quelle qu’elle soit, ne justifie cet acte
ignoble, contraire à toute charité, c’est un acte d’égoïsme pur et simple.
« Tu ne commettras pas
l'adultère »
(Dt. 5, 18), dit le Seigneur à Moïse en lui dictant le décalogue, avant
d’affirmer plus loin « tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain »
(Dt. 5, 21), comme pour compléter ce qu’Il avait commandé auparavant.
Cela veut donc dire que,
dans la pensée de Dieu, on peut commettre l'adultère par simple convoitise, sans
même consommer l'acte.
Quelles raisons poussent
un homme à commettre l’adultère ?
Elles peuvent être
nombreuses, mais aucune, quelles que soient les situations avancées, ne
justifient ni ne cautionnent un tel acte.
― “Mon
épouse est gravement malade…”
pourra dire Untel.
Crois-tu que le fait de la
tromper la guérira ? Crois-tu avoir trouvé le remède à sa maladie ? Que non !
Cet argument est
fallacieux et démontre que de toute évidence tu ne penses qu’à toi seul, à ton
seul plaisir… Pire encore, même si ton épouse n’avait pas été malade tu l’aurais
probablement fait, car dans ton égoïsme, tu ne cherches que ton seul plaisir.
― “Mon
épouse est souvent absente… alors je me laisse aller…”,
dira encore un autre sans la moindre vergogne.
Mais, mon ami, si ton
épouse est souvent absente, c’est sûrement parce qu’elle travaille et que son
travail l’oblige à s’absenter souvent… pourquoi la punirais-tu parce qu’elle se
sacrifie pour le bien du foyer ? Si tu ne veux pas qu’elle s’absente, cherche
avec elle un autre travail ; procure-lui la possibilité d’être là à tes côtés :
elle t’en sera certainement reconnaissante. Ton objection est absurde et pleine
d’égocentrisme.
― "Mais
elle s'absente sans arrêt pour “de bonnes raisons”, elle va voir Une telle, elle
fait le catéchisme, elle aide telle autre à faire ses courses : toujours avec
les autres !"
Mais mon ami, pourquoi ne
l'accompagnes-tu pas quelquefois ? Toi aussi, tu pourrais donner un peu de ton
temps aux bonnes œuvres.
― “J’ai
appris qu’elle me trompe… alors je me venge !”
Argument stupide s’il en est, car une fois encore, c’est l’égoïsme qui fait
surface. Mais cas particulier et particulièrement répandu.
Je comprends très bien que
tu sois blessé dans ton “égo”, que tu sois tenté de te “venger”, mais, est-ce
vraiment la meilleure solution ? La vengeance n'est pas une attitude
chrétienne ; tu réponds au mal par le mal ; et si tu commets le même mal que
celui que tu reproches à ton épouse, que peux-tu lui reprocher ?
Souviens-toi que la
vengeance n'est que haine… et que si vous arrivez à ce stade de vous haïr l’un
l’autre, plus rien ne sera possible entre vous, sinon la séparation inéluctable,
avec toutes les conséquences que cela implique.
Au lieu de vouloir à tout
pris te “venger”, pose-toi plutôt des questions, des questions essentielles,
comme celle-ci, par exemple :
― “Ai-je
bien TOUT fait pour la garder ?”
Avant d’accuser ton épouse
de tous les maux de la terre, pose-toi des questions, demande-toi avec sincérité
et en toute humilité, si tu n’es pas, pour une quelconque raison, la cause de
cet adultère. Car, quand on réfléchit d’une façon honnête et en toute
simplicité, on trouve bien souvent la solution d’un problème, quelque grave
qu’il soit.
Ensuite, puisque tu es
croyant, pense à ces paroles “lapidaires” de Jésus : “Que celui d'entre vous
qui est sans péché lui jette le premier une pierre !”
Tu as été blessé dans ton
amour-propre, c’est évident, mais si tu es honnête et que tu te poses cette
simple question : “Qu’aimerais-je qu’elle fasse si c’était moi le fautif ?”, tu
auras vite compris ce qu’il te reste à faire.
En effet, je suis persuadé
que tu aurais aimé que ton épouse te pardonnât et que la vie de votre couple
continuât. Alors, fais-en autant : pardonne-lui et redouble d’attentions envers
elle. Sois davantage présent dans sa vie, sans être étouffant ; montre-lui ton
amour et, surtout, ne lui parle plus de sa “faute”, autrement dit, “ne remue
pas le couteau dans la plaie”, car alors celle-ci ne guérirait jamais.
Et, si vous avez des
enfants, pensez aussi à eux, eux qui ne sont pour rien dans cette “affaire”
délicate et qui risquent d’en souffrir, si vous n’êtes pas attentifs, l’un et
l’autre, à leur bien-être et à leur bonheur.
Si tu en es capable,
dis-lui avec sincérité comme Jésus l’a dit à la femme adultère : “Moi non
plus, je ne te condamne pas. Désormais ne pèche plus” (Jn. 5, 11).
― “Ma
femme ne veut plus de moi…”,
dira encore un autre.
Mon ami, si ta femme ne
veut plus de toi, demande-toi et demande-lui la raison… Pour qu’une épouse dise
une telle phrase à son mari, c’est certainement parce qu’elle a des raisons ― justifiées
ou non ― pour
agir de la sorte.
Lui as-tu causé tort
physiquement ou intellectuellement ? Ne l'as-tu pas blessée au plus profond de
son être par quelque remarque désobligeante ? Ou au contraire n'as-tu pas oublié
de la complimenter pour sa bonne cuisine, pour sa belle robe, pour son bon
parfum ? Au point qu'elle soit tentée par quelque aventure, loin de toi ?…
Tu peux te poser ces
questions, bien entendu, et beaucoup d’autres encore, mais tant que vous n’aurez
pas mis à plat vos problèmes, lors d’une conversation calme et constructive,
vous n’arriverez pas à résoudre ce grave problème. Alors, avant toute autre
démarche, asseyez-vous l’un en face de l’autre et calmement, parlez, partagez,
ratissez devant votre porte et cherchez avant toute chose l’amour qui semble
fuir devant vous. Si vous avez une conversation constructive et sincère, vous
arriverez, sans aucun doute, à une solution qui mettra fin à votre division
apparente, car seul l’amour vaincra, comme l’affirme saint Paul.
Nous avons tous des
défauts, car nous sommes tous pécheurs… Mais, nous sommes des pécheurs en
souffrance, car le Seigneur nous pardonne si tant est que nous lui demandons
sincèrement pardon.
― “Ma
femme me repousse… nous n’avons plus de relations… alors j’ai envie de m’en
trouver ailleurs, car je ne suis pas de pierre…”
As-tu cherché à savoir
pourquoi ton épouse te repousse ? As-tu cherché à savoir pourquoi vous n’avez
plus de relations ?
Tu auras certainement
commis une grave faute pour que cela arrive ; car une femme ne pratique ce genre
de “représailles” envers son mari que quand celui-ci lui a causé beaucoup de
peine : As-tu été fidèle envers elle ? Ou bien, beaucoup plus prosaïquement,
as-tu pensé qu'elle ne supporte plus cette odeur de tabac, d'alcool, que tu
transportes avec toi ? Prends-tu ta douche régulièrement ?
Si tu lui as été infidèle,
le sachant elle te “punit” pour ta faute, pour ton manque d’amour envers elle et
te repousse tout simplement parce qu’elle voit à chaque fois entre toi et elle
l’ombre de celle avec qui tu l’as trompée.
Lui as-tu avoué ta faute ?
Lui as-tu demandé pardon ?
Si tu l’as fait, cela est
très bien et Dieu s’en souviendra en son heure. Mais il est un peu normal que
ton épouse n'ait pas encore pu te pardonner parce que ton attitude est un peu
comme si tu l'avais giflée sur la place publique : elle est comme “éliminée”,
“ignorée”. Regarde dans le prophète Osée comment Dieu parle à Israël qui a
péché : il l'accuse d'adultère, car il est cette épouse qui a trahi son mari.
“Le pays se prostitue, il abandonne Dieu” (Osée 1:2). Alors, arme-toi de
patience, fais des efforts pour la reconquérir en lui montrant clairement que tu
es sincèrement peiné pour le chagrin que tu lui as causé ; promets-lui de ne
plus jamais recommencer et prie le Seigneur pour elle, pour qu’Il la guérisse de
cette peine qui atrophie son cœur et l’empêche de t’aimer comme avant.
Surtout, mon ami, ne
prends pas la décision, parce qu’elle te repousse et ne veut plus avoir de
relations avec toi, ne prends pas la décision, disais-je, d’aller prendre ton
plaisir ailleurs, car ton péché serait encore plus grave et la consolidation de
ton couple deviendrait impossible.
Qu’a-t-elle, celle-là, de
plus que ton épouse ?
Tu pensais trouver auprès
d’elle d’autres sensations, d’autres suggestions affriolantes, mais tu t’es
trompé… lourdement trompé, car ce que ton épouse te proposait par amour pour
toi, l’autre rarement ou jamais ne te le donne ni ne te le donnera pour cette
même raison…
Tu voulais connaître
d’autres “expériences”, savoir comment cela se passe ailleurs que dans le secret
de ta chambre et, pour cela tu n’as pas hésité à te fourvoyer, à te mettre “au
ras des pâquerettes”, devenant ainsi esclave de tes pulsions, esclave de tes
délires sensuels.
L’adultère est un
mensonge…
Tu te mens à toi-même, en
te “fabricant” des raisons qui expliquent ton acte ; tu mens à celle que le
Seigneur a mise sur ta route et que tu dois aimer de toutes tes forces et chérir
comme la prunelle de tes yeux, parce que vous êtes unis “pour le meilleur et
pour le pire”, dans les joies et dans les peines ; tu mens à celle que
fortuitement peut-être tu as rencontrée, car tu lui fais probablement des
promesses que tu ne pourras jamais tenir ; tu lui fais miroiter des mondes
merveilleux de bonheur, alors que tu ne peux lui apporter que le malheur et la
déchéance, ton propre malheur, ta propre déchéance.
Tu mens à ton entourage,
car tu veux continuer à vivre ta vie “normalement”, alors qu’en toi plus rien
n’est plus tout-à-fait normal. Pour y parvenir, tu inventes, tu argumentes et
ces inventions mêmes et ces arguments ne sont encore et toujours que des
mensonges qui, ajoutés à d’autres forment un fleuve dans lequel tu risques à
chaque instant de te noyer, de tout perdre.
Tu mens à tes familiers,
les privant de ta présence, inventant pour justifier tes absences, des
rendez-vous très importants desquels dépend ta carrière, ton ascension sociale…
au détriment de ton ascension spirituelle.
Enfin tu mens à Dieu ― si
cela était possible ― car
bien souvent tu fais appel à Lui pour justifier tes erreurs, commettant ainsi un
péché supplémentaire, celui du blasphème.
Conclusion
Le plaisir n’est qu’une
illusion passagère, qu’un instant de chimère comparé à toute une vie de fidélité
et d’amour vrai.
Il est plus que
dommageable d’hypothéquer toute une vie de bonheur et de bien être avec celle
que l’on aime, pour un instant de pure illusion, d’égoïsme et de malveillance.
Que faire alors, mon ami ?
Comment sortir de cette ornière dangereuse et putride ?
― Suis-mon
conseil :
Prie ! Prie le Seigneur et
confie-Lui ton âme, ton cœur et ton corps, ton corps qui rechigne au sacrifice
de se voir privé d’un plaisir, légitime avec ton épouse mais condamnable avec
une autre femme.
Implore la grâce divine ;
fais appel à Marie, la Femme par excellence : Elle t’aidera, car déjà Elle te
cherche comme jadis Elle le fit pour chercher son divin Fils resté au Temple de
Jérusalem.
Si tu es dévôt de Marie,
redouble de prières, implore son aide maternelle.
Si tu n’es pas encore
dévôt de la Mère de Dieu, deviens-le vite, car personne n’est mieux placé
qu’Elle pour t’aider et, une fois que tu Lui auras confié tes “problèmes”, Elle
te dira, comme à Cana, parlant de son Fils : “Tout ce qu'il te dira, fais-le”.
Encore une suggestion, mon
ami, avant de terminer :
Ne rabâche pas tes
problèmes à Dieu : Il les connaît. Dis plutôt à tes problèmes que tu as un Dieu
infiniment miséricordieux, qui t'a déjà pardonné. En effet, après que le diable
ait réussi à te faire tomber une première fois, te voyant repenti et pardonné,
il te tentera encore et n'aura de cesse que tu ne tombes de nouveau par le biais
du scrupule et du désespoir.
Tu as reconnu ton péché,
tu l'as avoué, tu l'as confessé, tu t'es repenti. Tout cela est maintenant
derrière toi. Laisse place maintenant au silence réparateur. Accepte cette
douloureuse épreuve intérieure, expiatrice et salvatrice, mais reste en paix,
car Dieu t'aime.
N’oublie jamais que nous
serons jugés sur l’amour et que pour obtenir cet amour il faut aimer, aimer
sincèrement et de toutes nos forces, car l’amour seul vaincra.
Avec David, chante ton
remords et ta conversion. C'est justement après son péché d'adultère qu'il
composa cette magnifique prière qu'est le psaume 50 :
“O Dieu, aie pitié de moi,
dans ta bonté ;
selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ;
Lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché.
Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi.
J'ai péché contre toi
seul, et j'ai fait ce qui est mal à tes yeux…
Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige…
Détourne ton regard de mes péchés, efface toutes mes iniquités.
O Dieu ! crée en moi un
cœur pur…
Rends-moi la joie de ton salut…
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange.
Si tu eusses voulu des
sacrifices, je t'en aurais offert ;
mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes.
Les sacrifices qui sont
agréables à Dieu, c'est un esprit brisé :
ô Dieu, tu ne dédaigne pas un cœur brisé et contrit…”
Cœur Sacré de Jésus, j'ai
confiance en Toi.
Alphonse Rocha
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