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Mystères JoyeuxMystères LumineuxMystères Douloureux

Mystères Glorieux

Mystères du Rosaire

Le pardon

Les chrétiens méditent de plus en plus souvent les mystères du Rosaire, lesquels ne sont, en fait, que les mystères de la vie de Jésus. Les chrétiens “vivent” les mystères du Rosaire, généralement à partir des thèmes qui parlent davantage à leur cœur, à un moment donné de leur vie. Ceux qui prient le Rosaire méditent souvent les mystères douloureux et ils sont parfois émus jusqu’au plus profond d’eux-mêmes à l’évocation des souffrances de Jésus. Mais ils ne pensent pas toujours à demander pardon.

On ne pense pas à demander pardon au Père que l’homme blessa profondément en refusant son Amour, et en cassant, en quelque sorte, les plans qu’Il avait basés sur l’homme pour construire le Corps mystique de son Fils. Mais Dieu, pour réparer l’offense, et rétablir l’Homme dans sa dignité brisée, envoya son Fils et désira qu’Il s’incarnât dans un corps d’homme pour qu’il vive comme un homme.

On ne pense pas à demander pardon à Jésus qui, prenant notre nature humaine, la prit avec toutes ses contraintes, ses contingences, ses souffrances et ses faiblesses. Ainsi, à cause de nous, Jésus eut froid, eut faim et soif, et fut tenté comme nous par l’être infâme, cause de tout le mal. Jésus fut incompris, méconnu, méprisé et insulté par ceux-là mêmes qu’Il venait sauver et qui aurait dû l’accueillir avec vénération.

On ne pense pas à demander pardon à Jésus qui, pour accomplir parfaitement l’Œuvre de notre Rédemption, se soumit en tout à la volonté du Père, ”et se fit obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une croix.” On ne pense pas à demander pardon à Jésus qui, en plus de souffrir sa Passion, dut subir l’atroce souffrance de l’abandon du Père, et connaître ainsi, Lui l’Innocent, la peine du Dam qui, on le sait, est la peine la plus terrible de l’Enfer.

On ne pense pas à demander pardon à Jésus, mais on ne pense pas non plus à demander pardon à tous ceux qui, de par la volonté de Dieu, et à cause de leur sainteté, furent étroitement associés à la vie de Jésus: Marie, Joseph, Élisabeth et Zacharie, et plus tard les saintes femmes, Jean, Simon de Cyrène, le soldat romain qui perça le Coeur de Jésus et professa ensuite la divinité de Celui qui mourait, et Nicodème et Joseph d’Arimathie. Tous ces gens, proches ou mêlés de très près à la vie de Jésus et à sa Passion, ont connu les souffrances du Rédempteur. En effet, si certains n’ont été associés à la Passion que d’une manière lointaine: tels Joseph, Élisabeth ou Zacharie, tous les autres ont été, soit des spectateurs directs de la Passion, passifs ou brisés dans leur cœur, soit même des acteurs plus ou moins volontaires. À eux tous nous demandons pardon.

 

Mystères Joyeux

Premier mystère joyeux :
L’Annonciation

Relisons la Genèse (III, 14-16). Après le péché de nos premiers parents, Dieu dit : “... Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et sa race; elle t’écrasera la tête, et toi tu la blesseras au talon.” Il dit à la femme : “Je multiplierai les souffrances de tes grossesses; dans la souffrance tu enfanteras tes fils...”

Relisons aussi Isaïe (Chapitres 52 et 53). Après avoir présenté le Serviteur de Yahvé, qui réussira, Isaïe poursuit : “Tous ont été horrifiés à son sujet car il n’avait plus figure humaine... Il était méprisé, rejeté par les hommes, un homme de douleur marqué par la souffrance, l’un de ceux devant qui on se cache le visage; il n’était rien et nous l’avons négligé.

Or ce sont nos maladies dont il était chargé, nos plaies qu’il portait. Nous pensions qu’une plaie de Dieu l’avait frappé, humilié, mais c‘est pour nos fautes qu’il était transpercé, c’est à cause de nos péchés qu’il était écrasé; le châtiment qui nous donnait la paix pesait sur lui, et par ses blessures nous vint la guérison... Yahvé lui a fait porter notre dette à tous. On le maltraitait mais lui s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau conduit à l’abattoir... Il a été détenu puis jugé, puis éliminé ; qui a réfléchi à son sort ? Car s’il était retranché de la terre des vivants et frappé, c’était pour le péché de son peuple.

On lui a donné une sépulture au milieu des méchants, et sa tombe est avec les riches... Yahvé a voulu l’écraser par la souffrance...

Mon serviteur le juste, fera une multitude de justes : il aura pris sur lui leurs péchés... Il a été mis au rang des criminels. Or, il portait sur lui le péché de la multitude et il intercédait pour les pécheurs.”

Marie avait été élevée au Temple, et Marie connaissait ces textes. On ne peut l’affirmer, mais il est très probable qu’elle savait que ces paroles s’appliqueraient au Messie attendu.

Alors, quand Marie reçut l’Annonciation de l’ange Gabriel, sa joie fut immense et son cœur, pendant des jours, déborda de bonheur. Mais Marie, en accueillant la parole de Dieu ne pouvait pas ne pas penser aux terribles prédictions concernant le Serviteur de Dieu, de Celui qui serait bientôt son Fils. Quelle douleur pour une Mère que de savoir ce qui était réservé à son Fils ! Quelle douleur pour Marie, malgré les paroles d’espérance contenues dans les phrases : “Mon Serviteur réussira...” et ”Mon serviteur le juste, fera une multitude de justes.”

Pardon Marie! Pardonne-nous Marie d’avoir ainsi terni ta joie, ta joie de future Mère, juste au moment où ton “Oui” faisait de toi la Mère du Messie, la Femme promise par Dieu dès la Genèse. Pardon Marie pour nos fautes qui seront la cause de la mort de ton Fils...

Deuxième mystère joyeux :
La Visitation

Marie va être mère, Mère du Sauveur... Marie porte déjà Dieu en son sein... Et Marie ne peut garder son enfant pour elle seule. Tous ceux qui portent Dieu ne peuvent que Le porter aux autres. Et qui porte Dieu, mieux que Marie ?

Marie ne peut pas garder Jésus pour elle seule: elle doit Le porter... elle doit déjà Le donner. Sa cousine va bientôt avoir besoin d’aide : c’est Marie qui lui rendra les services dont elle aura besoin.

Et Joseph ? Marie pense à Joseph, l’époux que Dieu lui a donné mais avec qui elle ne vit pas encore. Comment lui expliquer la raison de son départ précipité ? Un messager est venu annoncer la nouvelle : “Élisabeth, celle qu’on appelait la stérile, est enceinte dans sa vieillesse. Elle en est à son sixième mois.” Quel messager ? Quelle preuve Marie peut-elle donner à son époux de cette nouvelle extraordinaire ? Marie a toute confiance en Dieu, mais elle ne peut cependant empêcher son cœur de souffrir. Pardonne-nous Marie de te causer déjà tous ces ennuis...

Mais Joseph est un juste selon le cœur de Dieu : il sait que son épouse est sainte et il la laisse partir. D’ailleurs, dans trois mois, il la retrouvera. En attendant il prévoit tout ce qu’il faut pour ce long et difficile voyage de cinq jours au moins. Son coeur est triste: il s’était déjà bien habitué à venir tous les jours prier et louer Dieu avec son épouse tant aimée, son épouse vierge que le Seigneur lui a confiée. Pardonne-nous Joseph de t’avoir causé cette peine !

Marie porte Dieu et va Le porter à Élisabeth pour qu’Il sanctifie le petit Jean qui ne naîtra que dans trois mois. Marie, malgré sa grande confiance en Dieu, garde cependant une vague inquiétude dans son cœur : comment et quand Joseph apprendra-t-il qu’elle est enceinte, qu’elle est la “vierge qui concevra...” Marie pense déjà à la peine de Joseph quand il s’apercevra qu’elle est enceinte, car, pour l’instant elle doit se taire.

Élisabeth a reconnu en Marie la Mère de son Sauveur, venue jusqu’à elle. Son enfant a tressailli de joie dans son sein dès qu’elle a entendu le salut de Marie. Marie éclate de joie ; elle glorifie le Seigneur qui a regardé la petitesse de sa servante...

Zacharie est triste : il est toujours muet... Zacharie ne comprend pas ce qui se passe entre ces deux femmes lumineuses de joie et de bonheur. Il ne comprend rien de ce qu’elles se disent, et il ne peut pas poser de question. Le coeur de Zacharie souffre...

Le cœur de Zacharie souffre car il sait qu’il a péché, qu’il a manqué de foi. Il devine que son enfant si désiré aura une vocation extraordinaire, mais laquelle ?

“Il sera rempli de l’Esprit-Saint dès le sein maternel. Il ramènera nombre de fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Lui-même le précédera avec l’esprit de puissance d’Élie...” lui a dit l’Ange.

Pardon cher Zacharie. Pardon, car c’est pour nous apprendre qu’il faut toujours faire confiance à Dieu, même devant ce qui paraît impossible que tu as été puni si douloureusement. C’est pour nous enseigner, nous, que Dieu t’a imposé ton mutisme qui durera jusqu’à la naissance du petit Jean. Ton esprit et ton cœur s’ouvriront alors, mais aujourd’hui ton cœur est dans la nuit, car Dieu veut nous enseigner la lumière, Dieu veut nous enseigner la confiance.

Troisième mystère joyeux :
La Nativité de Jésus

On a tout dit ou presque de la naissance de Jésus à Bethléem, dans une crèche.  On a raconté avec force détails, dont beaucoup furent certainement inventés, toutes les circonstances du voyage de Marie et de Joseph, l’arrivée à Bethléem, et le rejet des aubergistes qui estimaient, probablement avec juste raison, qu’il n’y avait pas de place pour eux dans les caravansérails.

On a tout dit, ou presque, de l’installation dans la crèche, de la présence des  animaux, de la naissance de Jésus. On a tout dit, ou presque, de la pauvreté des lieux, de la venue des bergers et de la délicatesse de leurs cadeaux.

On a tout dit, ou presque, de la joie des anges, du bonheur des bergers. “Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime.”

On a dit tant de choses de la Nativité ! Oui, mais on n’a pas dit l’inconfort de la crèche : l’eau qu’il fallait aller puiser, loin... Et le petit bois pour réchauffer l’eau et les aliments... Et comment faire la toilette du bébé ? Et comment éviter qu’il ne prenne froid pendant que Marie le déshabillait ? Et comment laver les couches ? En un mot: comment vivre ?

Pardon Marie, pardon, Joseph ! de tous ces inconforts que nos péchés vous ont imposés.

On a dit tant de choses de la Nativité ! Mais on n’a jamais rapporté les réactions, les propos malveillants des gens du voisinage, des gens de Bethléem. Qui sont ceux-la, là-bas, dans la grotte de... ? N’ont-ils pas de famille pour les accueillir ? Sont-ils vraiment des juifs, originaires de Bethléem ? Il faut se méfier de ces gens-là... Dame ! on ne sait jamais, il vaut mieux se méfier! Ce sont peut-être des nomades, des voleurs... Accoucher dans une crèche, cela n’est pas normal !

Pardon Marie, pardon, Joseph! de tous ces jugements injustes. Déjà Jésus Vous fait partager ce qui sera son pain quotidien, dans trente ans...

On a dit tant de choses de la Nativité ! On n’a jamais parlé de la Circoncision... Pourtant, ce jour-là, pour la première fois, Jésus souffrira dans sa chair et Marie, dans son cœur. Ce jour là, pour la première fois, Jésus laissera couler son sang. Et Marie pleurera en pensant au Serviteur souffrant qui n’avait plus figure humaine... Car si Joseph est fier du beau bébé, Marie qui déjà sait, Marie pleure en secret pour ne pas gâcher la fête de famille.

Pardon! Marie, c’est à cause de nous que tu pleures sur ton Enfant, ton petit nouveau-né. Pardon aussi Jésus, de t’être fait ainsi tellement l’un de nous, pour nous sauver de nos péchés, pardon Jésus qui sommes cause de la douleur de ta Circoncision.

Quatrième mystère joyeux :
Présentation de Jésus au Temple

Aujourd’hui, Joseph est très fier. Aujourd’hui, Joseph va présenter Jésus au Temple et lui donner son nom. À partir d’aujourd’hui, et devant tous les hommes, Jésus sera vraiment le fils de Joseph... Aujourd’hui, Joseph est très fier.

Joseph est très heureux aussi. Certes, l’Enfant Jésus est né, dans des circonstances pénibles et douloureuses pour ses pauvres parents. Mais Joseph commence à pressentir que c’est le prix que doivent payer tous ceux qui sont associés à l’œuvre de la Rédemption. Joseph ne comprend pas très bien mais il obéit, il obéit à Dieu qui ne peut pas tromper.

Aujourd’hui, Joseph et Marie sont heureux. Oui, l’Enfant Jésus est né dans des circonstances difficiles, mais tout s’est bien passé. Tout s’est très bien passé... Et puis, il y eut les bergers, les pauvres bergers au cœur pur qui seuls ont été informés, informés par des anges. Le cœur bon de ces pauvres gens a réjoui le cœur pur et aimant de Joseph et de Marie : vraiment, malgré les difficultés, Dieu a pourvu à tout et l’Enfant n’a manqué de rien. Joseph se souvient...

Joseph se souvient et pense, et sourit à ses pensées : dans quelques jours, après la cérémonie d’aujourd’hui, après que Jésus aura été présenté au Temple, conformément à la Loi juive, la Famille sera de retour à Nazareth. Elle retrouvera sa maison, ses parents, et les difficultés récemment vécues ne seront plus qu’un souvenir...

Hélas ! ce n’était pas ce que Dieu voulait pour son Fils. Signe de contradiction, Jésus le sera dès son plus jeune âge. Alors que tout le monde s’émerveillait de l’Enfant, voici qu’un vieux monsieur, une sorte de prophète très honoré de tous ses concitoyens, voici que Syméon entre dans le Temple. Il ne sait pas pourquoi il est venu, comme poussé par l’Esprit. Il reconnaît l’Enfant, le Sauveur annoncé, le Messie qu’il devait voir avant de retourner vers ses pères.

Syméon prend l’Enfant, le bénit, le caresse. Mais le visage du prophète s’assombrit : “Cet Enfant sera un signe de contradiction pour beaucoup en Israël...” Le prophète contemple la mère : “Quant à toi, un glaive de douleur te transpercera l’âme...”

Marie et Joseph se regardent : “Que peuvent bien signifier ces paroles?” Ils ne se disent rien, il faut achever la fête...

Marie et Joseph ont achevé la fête, sans montrer leur anxiété. Mais peu de temps après, ils devront rapidement tout quitter et s’enfuir en Égypte.

Sainte Famille de Marie, de Jésus et de Joseph, sainte Famille destinée à vivre avec Jésus les prémices de la Passion, Sainte Famille de Jésus, nous vous demandons pardon... pardon d’avoir été la cause de toutes vos angoisses, de toutes vos douleurs.

Cinquième mystère joyeux :
Recouvrement de Jésus au Temple

Les années ont passé, dans la paix. La naissance de Jésus dans une crèche reste un émerveillement. Et la fuite en Égypte est depuis longtemps oubliée. La Sainte Famille est heureuse depuis qu’elle est rentrée à Nazareth. Et Jésus grandit bien. Jésus, c’est la joie et la fierté de ses parents: il est tellement gentil, tellement attentionné, tellement intelligent...

Jésus vient d’avoir douze ans. De la Loi, il sait tout, tout ce qu’un juif pieux doit savoir. Et il prie, beaucoup. Il prie avec les siens, il prie à la synagogue, il prie matin et soir. Et souvent dans la nuit, il sort dans le jardin : ses parents l’ont vu quelquefois, le visage comme illuminé, et parlant à Quelqu’un... Ils ne comprennent pas bien, mais ils se taisent et aiment chaque jour davantage ce Fils que Dieu leur a donné, cet enfant si soumis...

Jésus vient d’avoir douze ans. Il doit maintenant prouver à ceux du Temple qu’il peut devenir majeur. Joseph est très tranquille: Jésus sera reçu sans peine. Car Jésus sait tant de choses, des choses que lui, Joseph, a parfois bien du mal à comprendre, et c’est Jésus qui les lui explique.

Jésus vient d’avoir douze ans. il est allé au Temple, avec ses parents. Joseph l’a présenté aux examinateurs, puis il est retourné vers Marie qui attend, plus loin, sur le parvis des femmes. Joseph la rassure : “Ne t’inquiète pas Marie, tout ira bien.” Marie regarde Joseph, et essuie une larme...

Jésus fut très brillant... Joseph et Marie furent chaudement complimentés : les docteurs de la Loi rencontrent rarement un enfant aussi doué. Ils aimeraient pouvoir discuter longuement avec lui, mais ils ne disent rien...

Maintenant la famille doit rentrer à Nazareth: Joseph a du travail, et Jésus doit l’aider. Une caravane va partir, il faut en profiter : les hommes devant, et les femmes derrière, avec les enfants, c’est l’usage. On se retrouvera ce soir au dîner.

Mais le soir, Jésus n’était pas là. On le chercha pendant trois jours, trois longs jours d’angoisse et de passion. Enfin on le trouva, au milieu des docteurs :

— Mon enfant, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ? Ton père et moi nous te cherchions tout affligés.

— Pourquoi me cherchiez-vous? Ne savez-vous pas que je me dois aux affaires du Père ?

Marie et Joseph ne comprirent pas ces paroles. Mais ils les conservèrent dans leur cœur... À Nazareth, Jésus leur était de nouveau soumis, comme avant. Parfois ils relisaient avec Jésus les textes d’Isaïe, ou bien priaient des psaumes qui parlaient, eux aussi, d’un homme de douleur. Et Marie soupirait.

Joseph et Marie regardaient Jésus, ce beau jeune homme plein de vigueur, plein de talent, brillant d’intelligence et de bonté. Brûlant d’amour aussi... Et Jésus leur souriait, mais Il ne disait rien. Et Marie essuyait une larme dans ses yeux. Et Joseph contemplait Marie, sans rien dire, mais plein de compassion.

Pardon! ô Joseph et Marie de vous avoir donné tant d’angoisse et de douleur cachées. Pardon! pour ces chagrins muets, qui participeront un jour, à notre Rédemption.

Mystères lumineux

Premier mystère lumineux :
Le Baptême de Jésus

Jean le Baptiste vient d’accueillir Jésus. Jean a reconnu le Messie de Dieu, l’envoyé du Père. Jean a vu l’Esprit reposer sur la tête de Jésus. Jean a entendu la voix du Père présenter son “Fils Bien-Aimé qui avait toutes ses complaisances.” Jean a vu, Jean a entendu, et son cœur exulte de Joie.

Jean a laissé Jésus accomplir toute justice. Jean a laissé couler l’eau sur L’Innocent venu délivrer le monde de ses péchés. Le bonheur de Jean est inexprimable, c’est un bonheur que n’est pas de ce monde...

Maintenant Jésus s’éloigne. Jean est un peu triste, mais il sait que le bonheur auquel il vient de goûter ne peut durer sur la terre. Jean est un peu triste en regardant Jésus s’éloigner, mais il sait que Jésus doit commencer sa mission... Il sait que Jésus est l’Agneau de Dieu, et c’est d’ailleurs sous ce nom qu’il va Le présenter à ses quelques disciples restés près de lui : “Voici l’agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde.”

Jean renvoie ses disciples: maintenant, c’est Jésus qu’ils doivent suivre. Jean, tout en étant incroyablement heureux est pourtant un peu triste. Il sait que sa mission à lui, Jean s’achève. il sait que Jésus doit croître, et que lui, Jean doit diminuer. Cela ne l’inquiète guère, car Jean est un grand humble. Jésus doit croître, et Jean en est rempli de joie... Mais Jean sait aussi que l’Agneau sera immolé... et Jean pleure maintenant...

Pardonne-nous, Jean, d’avoir éteint ta joie; pardonne-nous, Jean, d’être, à cause, de nos péchés, les responsables de ton plus grand chagrin, le départ, puis la mort de celui que Tu aimais.

Deuxième mystère lumineux :
Les noces de Cana

La noce bat son plein: les mariés sont tout à leur bonheur, et les invités, de rudes travailleurs pour la plupart, profitent intensément de ces quelques heures de détente. D’ailleurs, ils n’ont pas à s’inquiéter: les moissons sont terminées, et les raisins ne sont pas encore prêts pour la vendange. Les invités aux noces sont heureux, et ils discutent joyeusement entre eux: la moisson a été exceptionnelle, cette année, et les vendanges s’annoncent fructueuses. Que Dieu soit béni à cause de tous ses dons !

La fête bat son plein et la compagnie est heureuse. Pourtant, au milieu de cette joie, voici que quelqu’un des cuisines fait signe à Marie, d’un air inquiet. Marie se lève immédiatement: on a probablement besoin de son aide... Au bout de quelques instants, Marie revient : elle se penche vers Jésus et murmure quelques paroles. Un court dialogue, presque inaudible s’en suit, mais Jésus semble indifférent... Pourtant Il se lève et suit Marie :

— Faites tout ce qu’Il vous dira, se contente-t-elle de dire aux serviteurs.

Les serviteurs ont fait tout ce que Jésus leur a demandé. Les serviteurs, un peu inquiets ont servi l’eau, et ils ont vu qu’elle s’était changée en vin. Les serviteurs, comme les invités ont bu de ce vin merveilleux. Les disciples de Jésus aussi, ont bu l’eau changée en vin; ils ont vu la gloire de Jésus, et ils ont cru en Lui.

Un jour, après sa Résurrection, Jésus dira à Thomas :

— Bienheureux ceux qui auront cru sans avoir vu !

Thomas avait vécu avec Jésus, pendant trois ans. Il avait vu les miracles de Jésus, et lui-même, un jour, il en avait fait aussi: ce jour-là, envoyé par Jésus avec un autre disciple, il avait chassé des démons et guéri des malades, au nom de Jésus. Thomas savait que tout est possible à Dieu. Cependant, bien plus tard, quand les apôtres prétendront que Jésus était ressuscité, qu’Il était vivant, qu’ils L’avaient vu,... Thomas restera bien sceptique et, au fond de lui, il y aura des doutes: comment croire que Jésus, qu’il avait vu mort, et bien mort, et dans quelles conditions, comment croire qu’Il pouvait vivre de nouveau ?... Ce ne pouvait être qu’un fantôme né de l’imagination de ses amis trop douloureux. Mais lui, Thomas, malgré toutes les détresses de ces derniers jours, il gardait les pieds sur terre... Lui, pour croire, il devra voir !

Tout le monde a goûté l’eau changée en vin; tout le monde a apprécié la qualité exceptionnelle de ce nectar. Il faut remercier l’auteur de ce miracle, et l’acclamer... Mais Jésus avait déjà quitté les noces de Cana, car l’heure n’était pas venue pour Lui, d’être glorifié par des hommes...

Jésus, tes apôtres qui commençaient à douter, ne comprenant pas pourquoi Tu T’attardais à des noces, tes apôtres ont vu ta gloire, et ils ont cru en Toi.

Seigneur, nous aussi nous doutons souvent. Nous aussi nous voulons voir, avant de croire, nous voulons des preuves tangibles, irréfutables... Seigneur, nous sommes si souvent des gens de peu de foi. Pardonne-nous Seigneur, pardonne nos manques de foi, et viens à notre aide...

Troisième mystère lumineux :
L’enseignement de Jésus

— Seigneur, demande Pierre à Jésus, combien de fois pardonnerai-je à mon frère ? Jusqu’à sept fois ?

— Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, répond Jésus, mais jusqu’à soixante dix fois sept fois.

L’Évangile ne nous rapporte pas les réactions de Pierre et des autres apôtres. C’est dommage, car l’enseignement de Jésus était tellement nouveau, tellement à l’encontre des habitudes de l’époque, qu’elles durent fuser, donnant ainsi l’occasion, à Jésus, de préciser sa pensée.

Chez les juifs, c’était “œil pour œil, dent pour dent !” Et, comparé aux pratiques païennes, le progrès était considérable. On savait pardonner, chez ceux que l’on appelait : les justes de Dieu, mais seulement quand la justice avait été rétablie, et il ne fallait tout de même pas demander l’impossible... Et Pierre se croyait certainement très généreux quand il se proposait de pardonner jusqu’à sept fois.

Jésus est venu chez les hommes pour rétablir la véritable Loi de Dieu, la Loi de perfection, la Loi d’amour. Jésus est venu dire aux hommes que le Père les aimait, tous sans exception. Jésus veut faire comprendre à ses apôtres que tous les hommes sont également pécheurs, que tous se sont séparés de Dieu, et que, pour renouer avec le Père, il faut d’abord renouer avec ses frères. Jésus veut nous faire comprendre que la Miséricorde de Dieu est infinie, mais qu’il nous mesurera comme nous aurons mesuré nos frères. Dieu nous pardonnera, comme nous aurons pardonné à ceux qui nous ont offensés.

Bientôt Jésus dira :

— Soyez miséricordieux comme Je suis miséricordieux. Comme le Père M’a aimé, ainsi Je vous ai aimés. Vous aussi, aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés...

Les apôtres mettront du temps avant d’entrer pleinement dans les vues de Jésus. Ils devront d’abord pécher gravement au moment de la Passion de leur Maître. Mais, il le fallait, car ils devaient apprendre, dans leur propre chair, qu’eux aussi étaient fragiles. Ils devaient expérimenter pour eux-mêmes le pardon de Jésus, le pardon de Dieu. Ils devaient vivre le pardon pour eux, pour, ensuite, pardonner à ceux qui leur feraient du mal, pardonner jusqu’à soixante dix fois sept fois.

Quatrième mystère lumineux :
La transfiguration

Jésus se transfigura devant eux... Ses vêtements devinrent blancs comme la neige... et son visage rayonnait, plus que le soleil. Les trois apôtres regardaient, intensément. Ils fixaient cette lumière nouvelle, éblouissante, mais qui, pourtant, ne les éblouissait pas. Les apôtres fixaient la lumière qui émanait de Jésus. Les apôtres sentaient en eux naître un amour nouveau, une intelligence nouvelle. Ils ne savaient pas ce qui se passait, mais jamais leur esprit n’avait été tellement éveillé, tellement vivant. Les apôtres étaient heureux d’un bonheur inconnu qui n’était pas de la terre...

Les apôtres contemplaient Jésus... Ils étaient émerveillés, mais voici que soudain Jésus n’est plus seul : il y a Moïse, et Élie. Les apôtres n’avaient jamais vu, auparavant, ni Moïse, ni Élie, mais ils savent que ce sont eux... Plus tard, lorsque ces trois apôtres évoqueront entre eux ces instants merveilleux, ils feront tous les trois la même remarque : “Quelque chose en nous nous a fait comprendre que les deux personnages étaient vraiment Moïse, et vraiment Élie.”

Les apôtres écoutent ce que disent les trois personnes qui sont devant eux; ils écoutent avec une attention nouvelle. Ils écoutent car Moïse et Élie ont l’air tellement heureux, et Jésus leur affirme que bientôt Il viendra les délivrer et les conduire dans la vie éternelle, la vie de Dieu qu’ils désiraient tant et depuis si longtemps. Car, ajoute Jésus, le nouvel Élie, celui qui devait revenir pour préparer la route devant Lui, le Messie, et purifier les cœurs, Jean le Baptiste, a rempli sa mission et suivi son destin: Hérode en a fait un martyr... Maintenant son Heure à Lui, Jésus, est toute proche, imminente.

Moïse et Élie sont comme enflammés d’amour en écoutant Jésus qui cependant leur explique que son Heure sera très douloureuse, qu’Il sera, Lui aussi, martyrisé et crucifié, mais qu’Il ressuscitera le troisième jour... Jésus ajoute, se retournant légèrement vers les trois apôtres :

-Mon Heure sera très douloureuse ; tous mes apôtres, mes amis bien-aimés, pêcheront gravement, car ce sera aussi l’heure des ténèbres, l’heure de Satan. Mais je leur ai déjà pardonné leurs égarements pour qu’ils sachent qu’eux aussi, auront à pardonner souvent à ceux qui les persécuteront. Et même, ajoute Jésus, je leur confierai une mission, une mission très importante: ils devront recevoir tous les pécheurs qui se repentiront, et pardonner tous les péchés.

Soudain, une grande voix venue du Ciel interrompt la conversation :

— Voici mon Fils Bien-Aimé...

Moïse et Élie contemplent Jésus et L’écoutent avec tant d’amour! Jésus leur dit un bref adieu, puis se tourne vers les trois apôtres qui s’étaient prosternés, vraiment terrifiés, lorsque la voix du Père s’était fait entendre. Jésus, redevenu Lui-même, touche ses trois apôtres :

— Venez avec Moi, maintenant, mais ne parlez à personne de cette vision jusqu’à que soient réalisés les événements dont vous avez entendu parler. Mais n’oubliez pas que bientôt vous pécherez gravement et que je vous ai pardonné afin que vous aussi, vous pardonniez toujours à tous ceux qui vous auront offensés.

Cinquième mystère lumineux :
L’Eucharistie

La salle du Cénacle était, tout à coup, devenue toute silencieuse. Jésus venait de laver les pieds de ses disciples, et Il leur avait donné un enseignement tellement nouveau qu’ils en étaient tout retournés. Jésus disait encore :

— Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez, vous aussi, ce que J’ai fait pour vous. Vous savez combien Je vous aime, vous avez expérimenté la douceur de mon pardon chaque fois que vos rudesses humaines blessaient ceux qui vous entouraient. Car je sais de quoi vous êtes faits, et ce qu’il y a dans vos cœurs. Je connais la pauvreté de vos intelligences et combien souvent vous ne savez pas ce que vous faites en péchant, même gravement. Vous savez aussi que, chaque fois que vous vous repentez Je vous pardonne, et vous retrouvez en moi une amitié plus grande qu’avant. Pourtant l’un de vous va me trahir...

Il y a un grand branle-bas parmi les apôtres et Judas s’agite tellement que Jésus, en lui tendant la bouchée de pain trempée dans la sauce lui conseille :

— Ce que tu dois faire, fais-le vite !

Judas partit si précipitamment que les apôtres crurent que Jésus confiait une tâche à Judas, probablement des aumônes à distribuer, ou quelque chose à acheter... Il fallait faire vite, car la nuit était là, et le couvre-feu imposé par les Romains allait bientôt sonner.

Jésus reprit :

— Vraiment, Je vous le dis, l’un de vous Me trahira, mais malheur pour lui; il eut mieux valu qu’il ne fut pas né, car son péché, péché contre l’Esprit, ne pourra pas être pardonné.

Les apôtres se taisent, mais s’interrogent du regard.

— Mes amis, ajoute Jésus, bientôt, vous aussi, vous pécherez gravement, trop gravement. Mais si vous reconnaissez votre faute, si vous revenez vers le Père avec un cœur contrit et repentant, Dieu vous pardonnera. Ayez confiance, J’ai vaincu le monde.

Jésus prit le pain, et ayant rendu grâce, Il le rompit et le distribua à ses disciples en disant :

— Prenez, et mangez-en tous: ceci est mon Corps livré pour vous.

Puis Jésus prit la coupe de vin et la tendit à ses disciples :

— Prenez et buvez-en tous; ceci est mon Sang versé pour vous et pour la multitude, pour le pardon des péchés. Vous ferez ceci en mémoire de Moi. Les péchés que vous aurez pardonnés, Moi aussi je les pardonnerai.

Mystères douloureux

Premier mystère douloureux :
L’Agonie de Jésus

La Pâque de l’Ancienne Alliance a été consommée. Jésus vient d’instituer l’Eucharistie. Il s’absente durant quelques instants et va retrouver sa Mère qui communie pour la première fois, et de la main même de Jésus, comme les apôtres. Marie a compris que Jésus est venu lui dire adieu: son Heure est venue.

L’étreinte entre le Fils et la Mère fut douloureuse, mais silencieuse. Marie fait toujours la volonté de Dieu, même si cette volonté la déchire.

Maintenant Jésus peut aller vers sa Passion: l’Heure de notre Rédemption a sonné. Sans rien dire, Jésus fait signe à ses apôtres de Le suivre : ils ont l’habitude. Les voici arrivés au Gethsémani. Jésus s’éloigne un peu et pense à sa Mère. Jésus pense à la douce Maman qu’Il laisse seule, livrée elle aussi à son agonie : car elle sait que Jésus est le Serviteur souffrant. Elle sait que bientôt Jésus sera pris et torturé, et qu’Il n’aura plus figure humaine. Marie sait, Marie pleure, Marie agonise dans son cœur et dans son âme.

Marie vit une angoisse extrême et Jésus le sait. L’âme de Jésus rejoint l’âme de Marie pour la fortifier. Savoir que sa Mère souffre comme Lui, et avec Lui, ajoute encore à l’angoisse de Jésus. Des pensées tentatrices envahissent son âme : est-il juste de faire ainsi souffrir l’Innocente pour des hommes qui n’en valent pas la peine. Pour des hommes qui continueront à rejeter Dieu tout au long des siècles... Est-il juste de laisser ainsi sa Mère à l’abandon pour des êtres pécheurs qui ne connaissent même pas la pitié, qui multiplieront les guerres, qui iront même jusqu’à rendre des cultes à Satan ? Oh! Père ! Pourquoi ?

La douleur de Jésus est infinie et l’angoisse de Marie est sans fond. Et la voix de la tentation se fait plus incisive, plus perfide : “Regarde toutes ces foules qui se perdent, qui s’en vont avec allégresse dans mes domaines infernaux. Toute ta Passion ne servira à rien. Rentre donc à la maison, va retrouver ta Mère, et sauvez-vous : il en est temps encore...”

Jésus contemple les spectacles du désespoir humain. Jésus plie sous les refus de l’Amour, de son Amour. Jésus s’effondre : “Père, éloigne de moi ce calice...“ Et Marie, comme en écho dans le Cœur de son Fils gémit: “Mon Fils, mon Enfant! Mais Père, je suis toujours ta servante...” Et Jésus, au comble de sa sueur de sang peut chasser la tentation et, dans un suprême effort, s’écrier: “Mais Père, pas ma volonté, la Tienne!...”

Jésus peut aller à sa Passion. Marie sera avec Lui, en pensée au Gethsémani, et en personne sur le chemin de Croix et au pied du Calvaire. L’humanité est délivrée de son péché et de l’emprise du mauvais. Mais à quel prix !

Jésus, Marie, vos enfants demeurent atterrés dans la contemplation de vos deux agonies. Jésus, nous Te demandons pardon de nos manques d’amour. Nous Te demandons pardon d’avoir, en ayant préféré le péché, blessé ton Cœur et celui de ta Mère, aussi profondément, aussi douloureusement.

À toi aussi Marie, nous demandons pardon.

Deuxième mystère douloureux :
La Flagellation

Jésus va vers sa Passion. Jésus est livré par son ami... Jésus est arrêté et ligoté, comme un malfaiteur. Jésus est amené devant Anne, puis devant Caïphe, le grand-prêtre. Jésus est définitivement rejeté par les siens, par les chefs de son peuple. Et maintenant, c’est Pierre qui le renie. Dans son âme, dans son Cœur, Jésus est vraiment l’Homme de douleur. Tous ceux qu’Il aimait, ceux qu’Il était venu sauver se sont ligués pour lui flageller le Cœur.

Le Cœur de Jésus va subir la plus cruelle des flagellations. À chacun des actes d’amour que le Fils de l’Homme a semé, en abondance, sur son chemin de vie, va correspondre un douloureux coup de fouet :

— Jésus aimait Judas, d’un amour de prédilection, comme Il aimait chacun de ses apôtres. C’est Judas qui va Le livrer, pour trente pièces d’argent...

— Jésus n’était pas venu abolir la Loi, mais la parfaire : on L’accuse de la violer et de vouloir détruire le Temple.

— Jésus n‘a cessé de prêcher ouvertement au monde. Il a prêché l’amour, Il a multiplié les oeuvres d’amour. Pour laquelle veut-on Le condamner ?

— Jésus a guéri les malades; on va faire de son corps une plaie. Le plus beau des enfants des hommes n’aura plus figure humaine.

— Jésus a demandé à trois apôtres de ”prier une heure avec lui, et de veiller, car, si l’esprit est prompt, la chair est faible.” Pierre, Jacques et Jean vont dormir pendant que Jésus est en agonie. Et dans un instant, tous s’enfuiront, et Pierre reniera son Maître.

— Jésus, devant le tribunal du Sanhédrin, déclare qu’Il est le Fils de l’Homme, et qu’Il reviendra sur les nuées du ciel pour juger les vivants et les morts. Les membres du Sanhédrin, qui savent ce que ce vocable: Fils de l’Homme signifie, comprennent que Jésus est le Messie, et qu’Il est le fils de Dieu. Mais on ne Le croit pas : “Il a blasphémé : il n’est plus besoin de témoin.” Jésus s’est dit Dieu, Il doit mourir.

— Jésus est venu rendre témoignage à la vérité ; mais qu’est-ce que la vérité ?

— Jésus a nourri les foules, a nourri les corps et les âmes. Jésus a guéri les âmes blessées. Jésus est Roi, on va se moquer de Lui, on va Le couronner d’épines et Le couvrir d’un manteau de dérision. ”Mais le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde...”

De la flagellation morale de Jésus, on ne parle guère: pourtant elle fut atroce. Pire peut-être que sa flagellation physique.

“Voici l’Homme !” dira bientôt Pilate, l’Homme qui n’a plus figure humaine...

Voici le Roi des juifs que le Sanhédrin veut crucifier :

— “Crucifierais-je votre Roi ?” crie Pilate horrifié, Pilate qui, cependant, va se laver les mains... Ce n’est pas son affaire.

Mais Pilate va se venger, sans peut-être l’avoir voulu. Désormais, face au monde entier, et devant tous les siècles, Jésus sera le Roi des juifs : c’est le motif de sa condamnation. Et Pilate n’a pas lésiné sur la taille de l’écriteau : il faut que tout le monde voie bien : “Jésus est le Roi des juifs.” 

Père, Tu contemples le spectacle effrayant de ton Fils bafoué, bafoué par tous les hommes, les hommes de tous les temps... Père, nous Te demandons pardon.

Troisième mystère douloureux :
Le couronnement d’épines

Des bourreaux, on ne sait pas s’ils étaient juifs ou romains, des bourreaux ont flagellé Jésus. Puis ils l’ont couronné avec des épines. Ils lui ont donné un sceptre de roseau, et ont posé sur ses épaules ensanglantées un chiffon sale, mais rouge, comme un manteau de pourpre. Jésus, est Roi, mais roi de comédie, roi de dérision. Les bourreaux se sont-ils souvenus, pendant qu’ils agissaient ainsi, que le Roi Hérode s’était aussi moqué de Jésus, à peu près de la même façon ? Car il fallait que tout ce qui concernait Jésus fût tourné en dérision.

Il fallait que tout ce qui concernait Jésus fût tourné en dérision... Hérode, curieux d’extraordinaire prétendit faire faire des miracles à Jésus: mais Jésus n’était venu que pour les malades et pour ceux qui se reconnaissaient malades et pécheurs, pas pour les orgueilleux impudiques et cupides, et qui voulaient le rester.

Pour se moquer aussi, les soldats demandèrent des prophéties : “Christ! Dis-nous qui t’a frappé ?” Mais Jésus n’était pas venu pour jouer. “Ce n’est pas pour rire qu’Il nous a aimés !”

Jésus est Roi. Il l’affirmera lui-même solennellement à Pilate, dans quelques instants :”Tu l’as dit, je suis Roi. Mais mon Royaume n’est pas de ce monde. Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité.”

Le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde. Le Royaume de Jésus est pourtant de notre monde car il est au milieu de nous. Le Royaume que Jésus était venu nous proposer, c’était le Royaume des Béatitudes, mais nous n’en avons pas voulu.

— Bienheureux ceux qui ont un cœur de pauvre! Mais nous, Jésus, nous ne voulons pas de ton Royaume des pauvres de cœur: ce qu’il nous faut, c’est de l’argent, et beaucoup d’argent.

— Bienheureux les doux : nous préférons la violence.

— Bienheureux ceux qui pleurent? Tu nous fait vraiment bien rire...

— Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice ! Vois-Tu Jésus, nous, nous préférons la loi du plus fort.

— Bienheureux les miséricordieux ? Non, ce qu’il nous faut, à nous, c’est la vengeance et la guerre. Pas de pardon pour ceux qui ne pensent pas comme nous !

— Bienheureux les cœurs purs : ce n’est vraiment pas d’actualité. Nous, de ce monde dit de progrès ! nous prônons la liberté sexuelle.

— Bienheureux ceux qui sont persécutés... Alors là, Jésus, Tu peux être satisfait : partout dans le monde, on a persécuté et on continue de Te persécuter en persécutant les tiens.

Mon Dieu ! Nous sommes atterrés : ton Royaume n’est vraiment pas de ce monde. Mais fallait-il, pour cela, Te couronner d’épines ?

Pardon Jésus ! Pardonne-nous, Jésus. Prie encore le Père pour nous : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font !”

Quatrième mystère douloureux :
Jésus est condamné à mort

Jésus, Tu l’as dit:”Tu es le chemin, la Vérité, la Vie...”

Tu es la vie, Jésus. C’est Toi qui nous as créés. C’est Toi qui nous donnes la Vie car Tu es la Vie, et sans Toi nous ne sommes rien. Sans Dieu il n’y a pas de vie, car Dieu seul est la Vie. C’est comme ça, et c’est une évidence ! Et nous n’y pouvons rien. Que nous le veuillions ou non, seul Dieu est la Vie. Sans Dieu, il n’y a pas de vie. Et nous allons tuer la vie !...

Jésus, nous allons tuer la Vie, car en Te condamnant à mort, c’est la Vie que nous condamnons, c’est la Vie que nous tuons. En Te condamnant à mort, c’est ton Œuvre que nous condamnons, c’est la Création que nous détruisons. Jésus, ta condamnation à mort est une chose terrible, tellement terrible que nous devrions frémir simplement en y pensant.

Mais les chefs des juifs qui veulent ta mort ne pensent pas à cela. D’ailleurs en Te condamnant ils ne pensent à rien d’autre qu’à sauver leurs pauvres petits intérêts terrestres qu’ils croient menacés. Menacés par l’Amour que Tu prêches, menacés par la justice que Yahvé leur a proposée et qu’ils ont oubliée. Ils ne pensent à rien ceux qui veulent ta mort, Jésus, car s’ils pensaient un peu, ils comprendraient bien vite qu’en Te tuant, ils se condamnent eux-mêmes, puisqu’ils vont tuer la Vie.

Autour de Toi, Jésus, tout le monde veut ta mort. On veut ta mort, Jésus, car Tu es bon. On veut ta mort, car Tu es juste. On veut ta mort car Tu as pitié des petits et des pauvres, des faibles et des malheureux. On veut ta mort, Jésus, car Tu es Miséricorde et Tu viens délivrer le monde du péché... On veut ta mort, Jésus, car Tu es pur. On veut ta mort, Jésus, car Tu donnes la paix...

On veut ta mort, Jésus, car Tu es doux et humble de Cœur...

Nous voulons ta mort, Jésus, car le Dieu que Tu prêches est le Dieu de l’Amour et “nous n’avons d’autre Roi que César.” Nous n’avons d’autre Dieu que l’argent et la haine qu’il suscite.

Jésus, Pilate va Te condamner, par lâcheté : il ne sait pas quoi faire pour se sortir de cette mauvaise affaire. Il va tuer la vie, mais il s’en lave les mains... et la Vérité, il n’en a que faire. D’ailleurs, “qu’est-ce que la Vérité ?” Pour lui, Pilate, la vérité, c’est Rome et c’est son empereur, et surtout tous les avantages que Rome et son empereur lui procurent.

Jésus, dans le Prétoire, nous étions tous là à Te condamner à mort. Nous n’avons pas à juger Caïphe, à juger les grands prêtres, à juger Pilate, à juger tes bourreaux. Jésus, Tu sais bien que si nous avions été là, dans le Prétoire de Pilate, nous aurions fait comme eux, par haine ou par lâcheté.

Jésus, pardonne-nous !

Cinquième mystère douloureux :
Jésus meurt sur la Croix

Jésus, tu vas mourir. Dans quelques instants Tu seras chez le Père, Tu prépareras ta Résurrection. Car ta mort sur la Croix, c’est déjà ta Résurrection. Mais en attendant, Tu as encore plusieurs tâches à accomplir :

        – Tu dois d’abord donner ta Mère à ton apôtre Jean, le seul des douzes qui soit encore présent. Il veillera sur Marie devenue sa mère. Il gardera Marie qui enfantera l’Église, ton Église. Il est encore bien jeune, Jean, le Fils du tonnerre, mais Tu sais qu’il est fort. Tu sais surtout qu’il est déjà l’apôtre de l’Amour, de l’Amour qui apprendra à pardonner.

        – Tu dois aussi pardonner les grosses fautes et les erreurs du larron qui meurt avec Toi, ce larron en train de se repentir et d’implorer ton pardon.

        – Et puis, surtout, Tu dois nous pardonner, nous les artisans de ton supplice. Tu dois aussi implorer pour nous le pardon du Père, car le Père et Toi, vous êtes Un. Et nous, en Te condamnant à mort, en Te clouant sur la Croix, nous ne savions pas ce que nous faisions. Il Te faut donc implorer pour nous le pardon du Père : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font !” Tu sais que le Père, qui est toute Miséricorde pour nous, ses enfants, Tu sais que le Père nous pardonnera à cause de ton intercession et de tes mérites,... car Toi, Jésus Tu as fait la volonté du père, même dans ce qu’elle avait de plus douloureux. Tu peux maintenant remettre ton âme entre les mains du Père.

Jésus, avant de mourir, Tu as pardonné à tes bourreaux. Tu as pardonné les crimes du larron repenti, car Tu pardonnes les fautes de tous ceux qui regrettent leurs péchés et reviennent vers Toi.

Tu avais déjà pardonné le reniement de Pierre quand, après le chant du coq, Tu regardas ton pauvre apôtre consterné et brisé de honte et de douleur. Tu avais pardonné les nombreux péchés de la pécheresse parce qu’elle avait beaucoup aimé. Tu avais pardonné les malhonnêtetés des publicains Zachée et Matthieu ; de Matthieu Tu fis même un apôtre. À tous tes fils prodigues qui reviennent au Père, Tu offres ton pardon et Tu les rétablis dans ton amour. Car Toi, Tu es l’Amour.

Nous contemplons Jésus, ton Amour qui pardonne. Nous regardons, Jésus, les pécheurs pardonnés, et nous nous reconnaissons : nous sommes tous là. Tous là avec Marie-Madeleine, avec Zachée, avec Matthieu, avec le Bon Larron, avec Pierre, avec Jean qui apprend à pardonner. Et avec le soldat romain, ce païen qui transperça ton cœur d’un coup de lance, mais qui, le premier, reconnut ta divinité.

Nous sommes tous là, Jésus, tous au pied de ta Croix. Nous T’adorons, Jésus, et voici que nous comprenons que Tu es vraiment l’Amour. Alors, avec nos cœurs ressuscités, ressuscités à cause de ta Croix, et au pied de ta Croix, à l’exemple des pécheurs pardonnés, nous aussi nous implorons ton Amour, et surtout, nous Te demandons pardon.

 

Mystères glorieux

Premier mystère glorieux :
La Résurrection de Jésus

La Croix ne serait rien sans la Résurrection. Seule la Résurrection du Seigneur donne un sens à la souffrance. ”Si le christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus malheureux des hommes.”

Mais Tu es ressuscité, Jésus, Tu es vivant et Tu vis parmi nous, Tu es avec nous. Alors, maintenant que Tu es ressuscité, que le monde est sauvé, que Tu as pardonné toutes les fautes de tous ceux qui se repentent, Seigneur ressuscité, qu’avons-nous encore à demander pardon ?

Jésus, après ta Résurrection, nous sommes tous là, nous sommes tous représentés à travers les hommes qui T’ont vu, ou ont refusé de Te voir, pour n’avoir pas à croire. Nous voici avec les gardes du tombeau. Ils ont senti le tremblement de terre de ta Résurrection, ils ont vu la pierre se déplacer, ils ont vu la grande lumière, et la frayeur les a terrassés. Comment ont-ils pu, ensuite, parce qu’on leur offrait de l’argent, se taire et proférer des mensonges aussi énormes que stupides ? Seigneur, souvent l’argent nous fait agir ainsi. Pour de l’argent, nous refusons la vérité. Seigneur, nous Te demandons pardon.

Seigneur, après ta Résurrection, quand Tu Te fus montré aux femmes et que Tu leur eus demandé d’avertir tes disciples, ceux-ci ne les crurent pas : radotages de femmes. Seigneur, à cause de nos jugements superficiels, à cause de nos manques de charité envers ceux que nous estimons nos inférieurs, Seigneur, nous Te demandons pardon.

Jésus, Tu Te montras bientôt aux apôtres, et Tu leur donnas les signes évidents de ta réalité : “Donnez-moi à manger. Touchez-Moi. Non je ne suis pas un fantôme...” Seigneur, à cause de nos incrédulités, pour nos lenteurs à Te croire, nous Te demandons pardon. Thomas qui n’était pas avec les autres, ce soir-là, Thomas voulut des preuves plus tangibles, des preuves qui lui soient spécialement destinées. Il eut ces preuves et Il crut. “Mais bienheureux ceux qui croiront sans voir !” Seigneur, Tu vois, nous, nous sommes plutôt contents que Thomas ait exigé des preuves car Il reconnut en Toi “son Seigneur et son Dieu”. Seigneur, nous ressemblons si souvent à Saint Thomas : s’il Te plaît, pardonne-nous.

Seigneur, après ta Résurrection, Tu Te montras à plus de cinq cents frères à la fois. Mais les chefs de ton peuple, bridés dans leur orgueil, refusèrent de se soumettre. Seigneur, lorsque par orgueil, nous refusons l’évidence, et que nous cherchons, par tous les moyens à faire taire ceux qui T’ont rencontré, nous péchons grandement. Seigneur, avant que notre faute ne devienne le péché contre l’Esprit, Seigneur pardonne-nous et aide-nous.

Deuxième mystère glorieux :
L’Ascension du Seigneur

Seigneur, après ta Résurrection, Tu Te montras de nombreuses fois à tes disciples. Tu voulais parfaire l’enseignement que Tu leur avais dispensé. Tu voulais aussi leur montrer que nos fautes, même quand Tu les as pardonnées, demandent réparation. Ainsi, par trois fois Tu demandas à Pierre s’il T’aimait, s’il T’aimait vraiment. Tu savais, c’est certain, que Pierre T’aimait, mais Tu voulais qu’il prenne conscience de la gravité de sa faute, Tu voulais qu’il la répare. Tu voulais surtout, qu’à ton exemple, son cœur devienne doux et humble. Mais Tu voulais bien davantage.

Lorsque peu de temps avant ta Passion, Jésus, Tu Te transfiguras aux yeux de tes apôtres, pour affermir leur foi, Tu choisis les trois à qui Tu avais l’habitude de confier tes pensées les plus secrètes. Tu Te transfiguras devant Pierre, Jacques et Jean.

Pour Te consoler durant ton Agonie, Tu choisis Pierre, Jacques et Jean. Tu les conduisis avec Toi, et Tu leur demandas de prier avec Toi, “car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.” Mais ils s’endormirent... Bientôt Jacques s’enfuira avec les autres, tandis que Pierre Te reniera.

Jésus, Tu connais notre faiblesse et nos lourdeurs humaines. Tu pardonnes nos chutes, mais Tu veux aussi que nous comprenions leur gravité, car chacune de nos chutes est, en réalité, un refus de ton Amour, un refus de l’Amour de Dieu, un refus de Dieu.

Jésus, pendant quarante jours Tu vas T’efforcer de faire comprendre à tes apôtres tout ce qu’ils devront enseigner. Mais ils ne comprennent pas grand’chose, ils ne comprennent pas encore. Leurs esprits sont toujours lents à comprendre, lents à croire. Ils sont encore encombrés de leurs vieilles habitudes de pensée et de leurs façons de penser. Et jusqu’à la dernière minute de ta présence parmi eux, ils montreront que rien n’a vraiment évolué de leur pâte humaine : “Est-ce maintenant que Tu vas rétablir le Royaume en Israël?” Jésus ne répond pas, Il s’élève dans le Ciel...

Jésus, ton Ascension est un évènement particulièrement exceptionnel. Pour assister à ton départ vers le Ciel, il n’y aura pas d’apôtre privilégié. Tous tes apôtres seront là, probablement avec Marie et quelques autres disciples. Pour assister à ton départ vers le Ciel, il n’y aura pas d’apôtre privilégié. Tous seront là, car tous, ils sont des pécheurs, mais des pécheurs pardonnés et aimés...

Tous contempleront ton entrés dans la gloire. Et tous comprendront la nécessité du pardon. tous comprendront ce que signifie “Tu pardonneras jusqu’à soixante dix sept fois sept fois...”

Troisième mystère glorieux :
La Pentecôte

Les apôtres ont assisté au départ de Jésus et à sa montée vers le Ciel. Ils ont obéi aux paroles de Jésus : “Attendez l’Esprit Paraclet que Je vous enverrai...” Ils ont obéi aux paroles des deux anges qui leur sont apparus, après l’Ascension de Jésus, et ils sont retournés à Jérusalem. Avec Marie, au Cénacle, ils se retrouvent et ils prient. Ils se remémorent les paroles de Jésus et ses enseignements, mais ils ne les comprennent pas encore. Et ils ont encore peur, peur des chefs des juifs qui refusent toujours la Résurrection de Celui qu’ils ont crucifié.

Les apôtres, les douze, car Matthias les a rejoints, les apôtres attendent depuis neuf jours. Aujourd’hui, c’est le dixième, et rien ne s’est encore passé. La foi des apôtres est un peu chancelante, mais Marie est là pour les soutenir. Les apôtres posent des questions, et s’étonnent aussi de l’incrédulité du Sanhédrin. Pourtant, tant de personnes ont vu Jésus ressuscité... Et Jésus s’était montré ouvertement au monde... Il est même parfois sorti avec eux. Il a mangé avec eux sur le bord du lac...

Alors, pourquoi toute cette incrédulité chez ceux qui auraient dû être les premiers témoins ? Les apôtres ont peur, ils ne savent plus quoi faire. Ils ne savent pas quoi faire, mais ils n’osent pas partir : ils se souviennent de la Résurrection et des apparitions qui ont suivi. Alors, ils attendent encore...

Et voilà le Miracle, le Grand Bruit, et le Feu, et l’Amour qui les envahit. Et le courage des apôtres est revenu. Les apôtres soudain comprennent tout et la Parole de Jésus : “Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit,” revient en force à leur mémoire.

Les apôtres sortent, et enseignent. Ils rappellent les faits récents mais passés avec beaucoup de charité, sans accuser personne: ils ont compris qu’eux aussi pouvaient être faibles. Les apôtres enseignent et baptisent... L’Esprit du Seigneur est avec eux, est en eux, et parle à travers eux.

Il y aura de nombreuses conversions, de nombreux baptêmes après la Pentecôte... Mais de nombreux juifs ne voudront pas croire, ne voudront pas admettre tout ce qui s’est passé. Beaucoup d’hommes continueront à nier l’évidence, à rejeter le Fils de Dieu, à refuser l’Amour.

Jésus ! Ces hommes ne sont pas seulement les hommes du temps des apôtres. Ces hommes existent toujours. Ces hommes, ce sont les hommes de tous les temps, de tous les pays. Ces hommes nous côtoient chaque jour... Et parfois, nous aussi, nous sommes ces hommes qui refusons l’évidence, qui refusons l’Amour.

Père, nous sommes si souvent incrédules, nous sommes si peu fidèles. Père, nous Te demandons pardon. Père, pardonne-nous, pardonne nos manques de foi et nos refus de ton amour.

Quatrième mystère glorieux :
L’Assomption de Marie

Les années ont passé. Les apôtres se sont dispersés : ils vont enseigner les nations, ils vont porter la Bonne Nouvelle. Mais de temps en temps ils reviennent auprès de Marie, pour être confortés dans leur intelligence, pour recevoir son enseignement. Oh ! il est bien discret l’enseignement de Marie, mais il est tellement plein d’Amour...

Les apôtres sont heureux quand ils se retrouvent ensemble auprès de Marie. Ils mettent en commun leurs expériences, leurs difficultés, leurs joies aussi, car beaucoup d’hommes croient en leurs paroles et se font baptiser. Parfois ils se chamaillent un peu, mais Marie est là pour apaiser les cœurs avec son merveilleux sourire et ses sages conseils. Quelle paix merveilleuse émane de Marie! Elle est toujours leur recours dans les doutes. Les apôtres oublient, quand ils sont avec elle, qu’elle est une mortelle, comme eux...

Ce jour-là, Marie était seule à la maison: Jean était parti retrouver les autres apôtres avec des disciples venus le rencontrer pour examiner ensemble quelques points difficiles de leur apostolat. Marie n’avait pu venir avec eux, car elle s’était sentie soudain très fatiguée.

Marie est seule, Marie prie... Marie s’assoit, puis elle s’allonge. Elle attend les disciples qui ne vont plus tarder maintenant. Justement, voici Jean qui revient et qui s’inquiète : “Mais non, ce n’est rien, juste un peu de fatigue et un trop plein d’amour. Va chercher les autres, le déjeuner est prêt.”

Jean s’éloigne à la hâte. En moins de cinq minutes il a rejoint les autres. Les voilà tous qui appellent Marie. Mais Marie n’est plus là. Elle est partie rejoindre son Fils, son Bien-Aimé Seigneur. Elle est partie avec son corps, avec son âme. La toute pure, la toute sainte a rejoint Dieu avec le corps qui ne devait pas connaître la corruption.

L’Assomption de la Sainte Vierge est un dogme de l’Église, un article de notre foi. Vierge Marie, nous sommes si souvent incrédules pour tout ce qui te concerne. De nos jours, tant de gens ont essayé de t’éloigner de nos cœurs. Et nous, nous oublions trop souvent que tu ne gardes jamais rien pour toi, mais que ton rôle est de nous conduire à Jésus, à Dieu. Nous oublions souvent que tu es une maman attentive et que tu ne désires que la conversion et le salut de tes enfants, pour la gloire de Jésus.

Pour avoir oublié tout cela, nous te demandons pardon, Marie. Nous demandons aussi pardon à Jésus pour nos manques d’amour envers la Maman bien-aimée, nous demandons pardon à Jésus qui pourtant nous a souvent faire comprendre que là où tu es, Marie, Lui, Il est aussi, et que ton rôle, Marie, c’est de nous donner Jésus, c’est de nous donner à Jésus.

Cinquième mystère glorieux :
Le Couronnement de Marie

Marie, c’est le chef-d’œuvre de Dieu. Marie, c’est la merveille des merveilles... Marie, c’est la plus belle de toutes les créatures. C’est la seule qui a toujours dit “oui” à Dieu, et c’est celle qui a le plus et le mieux aimé Dieu, son Seigneur et son Maître,  son Père, son Époux et son Fils. Marie est si grande qu’elle a pu être appelée Mère de Dieu puisqu’elle est la Mère du Corps humain de Jésus, le Fils de Dieu le Père et Dieu Lui-même, égal du Père.

Marie est aussi la Mère de l’Église, c’est-à-dire, la Mère du Corps Mystique du Christ. Marie, pleine de grâces, est aussi pleine de mérites en faveur de tous les hommes. Et pourtant ! Pourtant ! Marie est une créature comme nous, un être humain comme nous. Mais, et cela ne diminue en rien ses mérites, Marie est ce qu’elle est, à cause des mérites de son Fils. Marie, comme nous, mais par anticipation, est devenue ce qu’elle est grâce à la Passion de Jésus. Marie, comme nous, a été sauvée par son Fils. Mais, et c’est en cela que Marie est grande, elle n’a jamais esquissé l’ombre d’un refus à Dieu, même dans les heures les plus douloureuses de sa propre passion de Corédemptrice.

Marie, c’est le chef-d’œuvre de Dieu, et Dieu, en Marie, contemple son œuvre. Et Dieu, admirant les mérites et la sainteté de Marie, la couronne Reine du monde, Reine des anges, et Reine de l’univers. Mais Marie est toujours l’œuvre de Dieu. Et quand Dieu couronne Marie, Il couronne son œuvre à Lui, Il couronne ses propres mérites.

Marie, nous contemplons ce mystère impénétrable. Il y a des siècles que l’Église te considère comme sa Mère et sa Reine. Pourtant, nous y pensons si peu. Tu es notre Maman, Marie, Tu es toute bonne, toute compatissante, et tu es toute miséricorde. Mais tu es Reine aussi, Marie, et nous l’oublions souvent...

Marie, douce Maman, Marie, tes pauvres enfants se réfugient dans tes bras pour trouver la douceur, la paix, et l’apaisement de leurs douleurs. Mais ils oublient que tu es Reine aussi. À cause de nos irrévérences envers toi, Marie, nous te demandons pardon.

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