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Mystères Joyeux —
Mystères Lumineux — Mystères Douloureux
Mystères Glorieux
Mystères du Rosaire
Me voici ! Nous voici !
Jésus, nous venons Te prier.
Tu es là, dans le tabernacle, Tu es vivant, Tu nous attends car Tu nous
aimes. Jésus, nous venons Te prier en priant Marie. En regardant Marie, nous
Te regardons, car lorsque nous la prions, lorsque nous la regardons, elle
nous tourne vers Toi et nous dit: “Aimez-Le !”
Jésus, Tu es là. Tu nous
appelles, nous voici ! Nous venons Te prier, nous venons faire ta volonté.
Mystères joyeux
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Premier mystère joyeux :
L’Annonciation
Marie,
nous te contemplons chez toi, à Nazareth. Tu travailles activement mais
calmement: tu pries. Tu pries le Seigneur Sabaoth d’envoyer bien vite le Messie
qu’Israël attend depuis si longtemps. Car Israël n’en peut plus d’attendre :
depuis des siècles, les malheurs se sont accumulés sur ce peuple souvent
infidèle, mais qui maintenant essaie de vivre la Loi de Moïse, la Loi de Dieu.
Et la paix règne sur le monde. Israël est en paix. Certes, il y a toujours les
Romains, ces occupants, respectueux des croyances juives, mais des occupants, ce
sont des occupants, des maîtres dans le pays, des païens idolâtres, haïs et
méprisés. Et Israël veut sa liberté, Israël veut son Messie, le Messie attendu,
annoncé par les prophètes...
Marie, tu travailles et tu pries.
Tu supplies le Seigneur d’envoyer le Messie promis. Tu travailles avec
attention; pourtant, soudain tu ressens comme une présence près de toi ; tu
lèves les yeux... Non tu ne rêves pas : quelqu’un est bien là, qui te salue
comme tu n’as jamais été saluée, qui te parle et te dit des paroles qui ne sont
pas de la terre : “Marie, tu as trouvé grâce devant l’Éternel. Voici que tu
vas concevoir un Fils qui sera appelé Fils de Dieu. Si tu acceptes la volonté du
Très-Haut, l’Esprit-Saint te couvrira de son ombre. Marie, veux-tu ?”
Marie ne connaît que la volonté de
Dieu. Depuis sa plus tendre enfance, elle n’a cessé de faire la volonté de son
Seigneur : c’est sa vie, c’est sa joie, c’est son bonheur. Elle s’est donnée au
Seigneur, elle appartient au Seigneur. L’Annonce de l’Ange la comble d’une joie
infinie, surhumaine : “Me voici, Seigneur ! Je viens faire ta volonté. Qu’il
me soit fait selon ta Parole.”
“Qu’il me soit fait selon ta
Parole, la Parole de Dieu !” dit Marie à l’Ange.
Et Jésus vint parmi nous. Et
l’Incarnation se réalisa...
Ô Marie, toi qui as su dire :
“Me voici, qu’il me soit fait selon la Parole et la Volonté du Père,”
apprends-nous, quand nous venons prier devant le saint tabernacle, apprends-nous
à dire à Jésus : “Jésus, Tu es là. Me voici, je viens faire ta volonté.”
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Deuxième mystère joyeux :
La Visitation
Marie
vient de dire OUI à Dieu. Marie, pleine de l’Esprit-Saint est heureuse. Marie
fait la volonté de Dieu et la volonté de Dieu est toujours bonheur pour l’homme.
Dieu n’a pas créé le mal. Dieu n’a pas inventé la souffrance. Dieu n’a pas
institué le malheur, ni la détresse. La dépression nerveuse, dont souffrent tant
de nos contemporains, ne vient pas de Dieu. Tout cela, mal, souffrance, malheur,
détresse, dépression, tout cela vient du Malin qui prend son plaisir à nous
détruire, à détruire l’homme qu’il estime trop aimé de Dieu. Et puis, Satan ne
peut tolérer d’avoir à s’incliner devant un homme, cet homme fut-il Dieu
incarné. Satan est bien trop orgueilleux, et surtout il nous déteste...
Marie, elle qui fait avec joie la
volonté de Dieu, possède un tel bonheur qu’elle ne peut s’empêcher d’aller le
partager. Sa vieille cousine est enceinte, de six mois; Marie part sur le champ
pour l’aider. Car l’Amour qui vient de Dieu ne peut que se partager puisqu’il
est don.
“Me voici !” pense soudain Marie
qui salue Élisabeth. Et Élisabeth s’étonne que “la mère de son Seigneur
vienne jusqu’à elle.” Car Élisabeth, a reconnu que celle qui vient jusqu’à
elle est la mère du Messie. Son enfant aussi a reconnu Celui qu’il devra un jour
précéder et annoncer. Son enfant a reconnu Celui dont il devra annoncer la venue
aux hommes, celui dont il devra préparer le chemin. L’enfant d’Élisabeth, rempli
lui aussi de l’Esprit-Saint, a reconnu le Rédempteur, et tout joyeux, dit à sa
façon de petit bébé encore à naître : “Me voici, je viens. Quand il sera temps,
je ferai ta volonté...”
“Me voici, Seigneur, je viens faire
ta volonté, je viens répondre à ton appel.” Apprends-nous, Seigneur, à répondre
nous aussi à ton appel, chaque fois qu’il le faudra, à l’exemple de Marie et de
Jean-Baptiste, à ton exemple aussi. Me voici, Seigneur, je viens faire ta
volonté, celle que Tu as choisie pour chacun d’entre nous, celle que Tu veux
pour moi. Me voici, Seigneur, je viens... apprends-moi à trouver le vrai bonheur
dans Ta volonté, dans ton Amour. |
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Troisième mystère joyeux :
La Nativité
Marie a
dit “Oui !” à l’Ange. Jean-Baptiste a tressailli de joie dans le sein de sa mère
lors de la venue de Jésus. Joseph aussi a dit oui quand ”l’Ange lui demanda
de prendre chez lui son épouse, car ce qui avait été engendré en elle venait du
Saint Esprit.”
Joseph aussi avait dit : “Me
voici pour faire Ta volonté.” Joseph ne savait pas encore qu’il aurait à
répéter cette petite phrase : “Me voici !” de nombreuses fois au cours de
sa vie terrestre. Ainsi, il n’y avait encore que quelques jours, un Édit de
César auquel il fallait bien se soumettre, avait obligé Joseph à entreprendre un
long voyage, bien risqué pour une femme sur le point d’accoucher. C’était bien
risqué, oui, mais, en y regardant de plus près, Joseph avait compris qu’il le
fallait, que c’était annoncé par les prophètes : le Messie devait naître à
Bethléem. Alors, une nouvelle fois, Joseph avait répondu : “Me voici !”
Joseph et Marie ont répondu :
“Me voici !” à l’appel du Seigneur, et, grâce à eux, le Seigneur vient
sauver son peuple, vient nous délivrer du pire des esclavages, l’esclavage du
péché. Les parents terrestres de Jésus ont dit : “Me voici !” Ils ont
accepté les douleurs, les peines de la vie, et tout récemment, ils ont compris
que l’ordre de César, c’était ta volonté, ô Dieu, ta volonté de naître à
Bethléem, comme les prophètes l’avaient annoncé.
L’heure de Marie est arrivée,
l’heure de sa délivrance, l’heure de Te mettre au monde, Jésus. Ton petit corps
est prêt, Jésus ; maintenant il n’attend plus que ta divinité, ta divinité qui
doit s’unir à lui. Ta divinité, ta deuxième nature qui doit s’unir à ta nature
terrestre pour former l’homme unique que Tu seras : une seule personne ayant
deux natures. Le Verbe de Dieu redit encore au Père son hymne éternel : “Me
voici ! Tu n’as voulu ni holocauste ni oblation. Alors, j’ai dit : me voici, je
viens pour faire ta volonté. Me voici, Père !”
Maintenant, Tu es là, Jésus, Te
voici, parmi nous, au milieu de nous. Te voici homme parmi les hommes. Les anges
éclatent en cris de joie, les anges exultent à cause de la paix donnée aux
hommes de bonne volonté. Les anges éveillent les bergers pour leur annoncer la
merveilleuse Nouvelle, la bonne Nouvelle. Et les bergers aux coeurs simples et
purs ont compris ce qui sera caché aux sages et aux savants. Les bergers
arrivent près de Toi, avec quelques présents, pauvres comme eux, mais si riches
d’amour. Les bergers sont là, Jésus, devant Toi, et ils T’adorent en disant :
“Nous voici Seigneur !”
Jésus, chaque Eucharistie est pour
nous comme une Nativité. Permets Seigneur, que chaque jour, lorsque nous venons
Te recevoir, d’un cœur simple, pauvre et pur comme le coeur des bergers de la
Nativité, nous puissions Te dire et Te redire : “Me voici, Seigneur ! Parle
Seigneur, ton serviteur écoute !” |
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Quatrième mystère joyeux :
La Présentation de Jésus au Temple
Ô Jésus,
Te voici pour la première fois chez ton Père, dans la Maison de ton Père du
Ciel, pour la première fois depuis que Tu es arrivé sur la terre, au milieu des
hommes. Jésus, Tu es un tout petit bébé, mais déjà Tu viens. Te voici, Jésus
pour obéir à la Loi, Ta Loi. Joseph et Marie sont là : ils Te présentent au
Père. Humblement ils obéissent à Ta Loi. Les voici au Temple où Dieu les attend.
Joseph et Marie sont au Temple où
Dieu les attend. Après les formalités rituelles de rachat du garçon premier-né,
Marie et Joseph se réjouissent et Te présentent à l’admiration des assistants.
Quel beau petit garçon! Sa beauté est vraiment exceptionnelle. Regardez ses
yeux: comme ils sont intelligents. On dirait que cet enfant comprend déjà tout
se qui se passe, on dirait qu’il nous comprend...
Mais soudain, au milieu de ce
concert de louanges, une fausse note: celle du vieillard Syméon, ce juste
respecté à cause de sa grande sagesse. Pourquoi ce juste prophétise-t-il que ce
joli bébé si doux, si gentil, si gracieux, si insouciant, sera un signe de
contradiction pour son peuple ? Pourquoi un glaive de douleur devra-il
transpercer le coeur de sa mère? Pourquoi cette ombre soudaine sur une journée
dont rien n’aurait dû troubler la paix et la joie ?
Marie se tait. Marie ne comprend
pas très bien, mais elle garde toutes ces choses dans son cœur. Marie est la
servante du Seigneur à qui elle n’a jamais rien refusé. Et Marie, qui est là,
redit dans son cœur : “Je suis la servante du Seigneur. Me voici, je suis là
pour faire sa volonté.”
Jésus, nous voici près de Toi. En
priant Marie, c’est Toi que nous prions, et chacun d’entre nous peut dire : “Me
voici, Seigneur”. Nous non plus, nous ne comprenons pas toujours très bien ce
qui arrive, mais nous gardons tes paroles dans notre cœur, et tout bas nous Te
redisons : “Me voici, Seigneur, je viens pour faire ta volonté.”
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Cinquième mystère joyeux :
Le Recouvrement de Jésus au Temple
Les
années ont passé. Jésus a douze ans. Maintenant, pour les juifs de son temps, Il
est adulte. Maintenant Il pourrait mener sa vie à sa guise... mais cela ne se
fait pas chez les juifs qui ont trop le sens de la famille. Et Jésus sait que
son Heure n’est pas encore venue. Pour l’instant Il n’est qu’adolescent et Il
sait qu’il doit continuer à vivre auprès de Joseph et de Marie. Jésus sait qu’Il
doit, comme tous les juifs apprendre un métier manuel, ce métier qui Lui
permettra de vivre en gagnant sa vie honnêtement.
Alors que s’est-il passé le jour de
sa majorité ? Pourquoi Jésus fait-Il faux bond à ses parents. Pourquoi leur
prépare-t-Il cette grande peine ? Car Il sait très bien que grande sera leur
peine quand ils s’apercevront qu’Il n’est pas avec eux. Pourquoi Jésus s’attarde-t-Il
pendant trois jours au Temple, au milieu des docteurs, les interrogeant,
discutant avec eux, redressant certaines interprétations douteuses de la Loi ?
On ne saura jamais pourquoi Jésus a agi ainsi, car Jésus n’a pas répondu à la
question de sa mère angoissée : “Mon enfant, pourquoi avoir agi ainsi avec
nous ? Voici que ton Père et moi nous Te cherchions tout angoissés.” À la
question angoissée de sa mère, Jésus répond seulement : “Ne saviez-vous pas
que Je dois être aux affaires de mon Père ?”
La peine de Marie et de Joseph est
encore plus grande. Le père de Jésus, n’est-ce pas lui, Joseph ? Oui, aux yeux
des hommes, Joseph est bien le père de Jésus, mais, au fil de années, l’oubli de
la réalité s’était installé et il était temps que Jésus ouvre de nouveau le cœur
de ses parents et leur rappelle que son Père, son vrai Père, c’est Dieu. Que
Lui, tout jeune adulte, vient d’accueillir de nouveau la Volonté du Père des
Cieux et qu’Il vient de redire : “Me voici, ô Père, pour faire ta volonté.”
Il fallait aussi qu’Il leur demande de renouveler le don qu’ils avaient fait
à Dieu douze ans plus tôt, et qu’il était temps pour eux, de redire : “Me
voici...”
Les parents de Jésus n’ont pas
compris ce qu’Il leur disait, mais ils gardaient toutes ces choses dans leur
cœur ; et Jésus leur était de nouveau soumis, car son Heure, la grande Heure de
la Rédemption, n’était pas encore venue.
Jésus, dans les périodes
douloureuses que nous sommes souvent amenés à traverser, apprends-nous à Te
dire : “Nous voici !”
Jésus, lorsque nous ne comprenons
pas la signification de certains événements, apprends-nous à dire : “Nous
voici !”
Jésus, Toi qui nous aimes,
apprends-nous à comprendre ton Amour et à l’accepter, même s’il nous paraît
parfois crucifiant.
Apprends-nous Jésus à redire à
chacun de tes nouveaux appels : “Seigneur, je ne comprends pas bien, mais je
sais que Tu nous aimes, je sais que Tu ne désires que notre bonheur. Seigneur,
je suis dans le noir mais je Te fais confiance et je Te redis : me voici, je
viens...”
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Mystères lumineux |
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Premier mystère lumineux :
Le Baptême de Jésus, l’Agneau de Dieu
Jean le
Baptiste vient de recevoir l’Esprit-Saint, après avoir baptisé Jésus. Il sait,
maintenant, qu’il faudra que, lui, il diminue, pour laisser toute la place à
l’Agneau de Dieu qu’il a reconnu et désigné à ses disciples encore présents,
terrifiés par la voix venue du Ciel. Jésus s’éloigne; le Baptiste semble d’abord
absorbé dans une profonde contemplation, puis, curieusement, il regarde ses amis
Jean et André, et leur dit : “Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui ôte les
péchés du monde !”
Jean et André hésitent: ils ne
comprennent pas le sens de ces paroles mystérieuses. Jean regarde le Baptiste,
intensément, et son regard se fait de plus en plus interrogateur. Le Baptiste ne
dit rien, mais d’un geste précis, il fait signe à Jean et à André, de suivre
l’Homme qu’il a appelé : “Agneau de Dieu.” Alors, Jean et André se
dirigent lentement vers Celui qui les intimide tellement, et qui pourtant les
attire irrésistiblement.
Jean et André suivent de loin Celui
qui maintenant semble ralentir sa marche, comme s’Il voulait les attendre. Jean
et André ne sont plus qu’à quelques mètres de Jésus qui s’arrête et se tourne
légèrement. André rougit, et Jean balbutie :
― Agneau de Dieu...
― Qui cherchez-vous ?
André et Jean perdent tous leurs
moyens, et Jean ne sait que murmurer :
― Où habites-tu ?
― Venez et voyez, dit Jésus.
L’Évangile nous dit seulement que
Jean et André passèrent le reste de la journée avec Jésus. Nous n’en savons pas
davantage, mais plus tard, André plein de joie, s’adressant à son frère Simon
lui dira :
― Nous avons trouvé le Messie.
Que s’est-il donc passé, ce jour
mystérieux de la rencontre de Jésus avec ses deux premiers disciples ? Comment
Jésus a-t-Il convaincu André et Jean, et comment, en l’espace de quelques
heures, en a-t-Il déjà fait des militants ? Et qu’ont-ils répondu à Celui qui
s’était manifesté à eux ? Nous pouvons seulement imaginer, la fin de la sublime
rencontre :
― Vous avez compris que je suis
venu sauver le monde, que je suis venu ôter les péchés du monde. La tâche sera
longue et difficile, elle durera jusqu’à la fin des temps. Mais, dès maintenant,
j’aurai besoin, d’être accompagné et aidé dans ma tâche, et jusqu’à la fin des
siècles. Voulez-vous être mes disciples ?
André et Jean ne se sont même pas
concertés. Tous les deux, en même temps, sourient à Jésus et disent :
― Tu m’appelles, Seigneur ? Me
voici ! |
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Deuxième mystère lumineux:
Les Noces de Cana
“En ce
temps là, il y eut des noces à Cana... La mère de Jésus y était.”
Jean, André, Pierre et quelques
autres disciples accompagnaient Jésus, invité Lui aussi. La cérémonie du mariage
fut très émouvante, et Marie qui connaissait ces jeunes depuis presque toujours
les a chaleureusement embrassés. Jésus les a bénis, et au geste habituel des
bénédictions, il a ajouté un autre signe, comme une croix sur le front des
jeunes mariés. Les disciples, pour des raisons de convenances, étaient restés un
peu en retrait, mais, tout joyeux, et ils ne se lassaient pas d’admirer Celui
que déjà ils appelaient respectueusement : “Maître”. Parfois, ils faisaient
même, des réflexions très élogieuses.
Les festivités nuptiales duraient
longtemps chez les juifs de cette époque. Depuis deux jours on a bien dansé,
bien chanté, et on a aussi loué le Seigneur tout puissant. On pensait aux jeunes
mariés: auraient-ils beaucoup d’enfants ? Et la jeune femme si belle, si sage,
serait-elle la mère du Messie attendu ?
Pendant deux jours, les invités à
la noce se sont bien réjouis. Ils ont bien bu aussi, mais il faisait si
chaud !... Il est temps, maintenant, pour le maître des cérémonies, de préparer
le repas d’adieu.
Tout semble prêt. Pourtant, le
maître d’hôtel, qui vient d’achever une dernière visite à la cuisine, semble
inquiet ; il se dirige vers Marie et lui dit quelques mots à l’oreille.
Aussitôt, mais très discrètement, Marie appelle Jésus :
― Ils n’ont plus de vin !
― Femme! Je n’y peux rien. Ce n’est
pas encore le moment.
Marie insiste :
― Mon Fils, il me semble pourtant
que ta Mission a commencé. Tu as déjà plusieurs disciples, et ils doivent Te
connaître.
-Maman, tu es la Femme que le Père
a envoyée aujourd’hui, vraiment, tu es le signe que J’attendais...
Là-dessus, Jésus s’éloigne et prie.
Marie s’en va vers la cuisine, et s’adressant au serviteur chargé du vin, elle
dit, en désignant Jésus qui prie toujours :
― Faites tout ce qu’Il vous dira.
Le Serviteur s’en va trouver Jésus,
et doucement, comme s’il était intimidé, il dit :
― Me voici; que faut-il que je
fasse ?
Ce jour-là, Jésus changea l’eau en
vin. “Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en Lui.”
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Troisième mystère lumineux :
L’enseignement de Jésus
Jésus a
commencé sa mission ; déjà Il parcourt les routes de Palestine accompagné de
quelques disciples. Et Il a fait aussi quelques miracles. Son équipe se complète
au gré des rencontres car son enseignement est nouveau, et Il parle avec
autorité, comme quelqu’un qui sait... Le voici maintenant dans un petit village,
non loin de Capharnaum. Un homme est assis devant sa table de travail, une table
de publicain! Quand les gens passent devant lui, ils haussent les épaules et
murmurent des injures : on n’a jamais aimé les collecteurs d’impôts, surtout
quand ils travaillent pour l’occupant !!!
Jésus s’approche de Lévi et lui
dit : “Suis-Moi!” Les disciples autour de Jésus s’étonnent et se
scandalisent, mais l’homme se lève : “Me voici, Seigneur !” Et pour
couper court à toute discussion, Jésus déclare : “Ce ne sont pas ceux qui se
portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.”
La réputation de Jésus qui fait des
miracles, et qui enseigne avec autorité, est arrivée jusqu’aux oreilles du
Sanhédrin. Les autorités n’aiment guère les gens qui font des miracles et qui
prétendent donner des leçons aux savants en prêchant ce qu’ils appellent la Loi
de Dieu. Eux, du Sanhédrin, ils la connaissent, la Loi, mieux que tout le monde,
et ils n’ont pas de leçon à recevoir, de qui que ce soit. Oh ! bien sûr, en y
regardant d’un peu près, ils sont bien obligés de constater que la Loi de Dieu,
ils l’ont un peu arrangée, pour la rendre plus souple... Aimer son prochain,
c’est tout de même bien contraignant. Et s’il fallait toujours être juste... où
irions-nous? Et puis d’où vient-il cet homme que l’on ne connaît même pas, qui
lui a donné l’autorité pour enseigner ?
Nicodème est un Ancien, un membre
éminent du Sanhédrin. Il est estimé, honoré, bien en vue, et souvent on
acquiesce à ses avis. Nicodème lui aussi a entendu parler de Jésus ; lui aussi
est étonné et a d’abord réagi avec méfiance. Que veut-Il, ce Jésus de Nazareth ?
Que peut-on attendre encore de Nazareth ? Soyons prudents, et attendons !
Nicodème est prudent... pourtant
quelque chose dans sa conscience le tracasse. Après tout, si ce qu’on raconte de
ce Jésus et de ses enseignements est vrai, il n’y a rien à redire. Parfois,
pense Nicodème, ce Jésus remet les choses en place, redonne le véritable sens de
la Loi, le sens qui avait été plus ou moins édulcoré au fil du temps, et surtout
en fonctions des satisfactions personnelles du peuple et de ses dirigeants.
Nicodème est troublé dans sa conscience : et s’Il avait raison cependant, cet
homme qui demande de ne pas mépriser les pauvres et les petits, de ne pas
mentir, de ne pas exploiter ses serviteurs ?...
Nicodème se tait. Pendant les
réunions du Sanhédrin, il écoute seulement, et si on lui demande ce qu’il pense
des événements, il demeure évasif. Lui, Nicodème qui était jusqu’alors tellement
sûr de lui, le voilà qui hésite, qui ne sait plus, mais qui est surtout de plus
en plus tiraillé par sa conscience. Il doit en avoir le cœur net ; il ira
trouver ce Jésus, il lui posera toutes les questions qu’il faut. On verra bien
ce qui arrivera, mais Nicodème est confiant: pour tout ce qui touche à la Loi,
il ne craint rien...
C’est la nuit. Jésus est avec ses
disciples dans un lieu où on l’a accueilli ; on frappe. C’est Nicodème : “Me
voici, Seigneur. Tu es un Maître en Israël, je voudrais Te parler.” Jésus se
lève et sort avec Lui. |
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Quatrième mystère lumineux :
La transfiguration
“Jésus
prit avec Lui, Pierre, Jacques et Jean...” Ces disciples connaissaient les
habitudes de Jésus, aussi ne s’étonnèrent-ils pas du choix de Jésus. D’ailleurs,
les autres dormaient : il faisait si chaud en ce début d’après-midi !
Jésus, Pierre, Jacques et Jean se
dirigèrent vers la Montagne du Thabor : un bien grand nom pour cette modeste
colline, mais c’était son nom, et il faut bien reconnaître que les chemins qui
montaient jusqu’au sommet étaient parfois bien abrupts... Les trois apôtres
suivaient Jésus, pesamment. Bientôt Jésus s’arrêta et leur dit :
― Mes amis, nous allons prier un
peu : il faut toujours prier quand des événements conséquents se préparent.
Les trois apôtres ne comprennent
pas, mais ils prient avec Jésus.
― Père, Je Te rends grâce d’avoir
révélé ces choses aux pauvres et aux petits. Père, bénis mes amis ici présents,
et permets-Moi de Me révéler Moi-même à eux, et de Te révéler, Toi, Père
Bien-Aimé et miséricordieux. Bientôt ils seront tous dispersés, bouleversés et
brisés par Satan, et eux devront fortifier leurs frères dans la foi. Jésus,
s’absorbe dans la contemplation du Père, puis murmure :
― Merci ! Père, Je savais que Tu
M’exauces toujours.
Et se tournant vers les trois
apôtres :
― Venez avec Moi jusqu’au sommet.
La pente est raide, mais là-haut, nous serons bien. Voulez-vous monter avec
Moi ?
― Me voici, s’écrie Pierre.
― Me voici, dit Jean rayonnant
d’amour.
― Moi, aussi, avec joie, me voici!
jubile Jacques.
Jésus et les apôtres grimpent
allègrement; le sommet est tout proche maintenant.
― Nous voici arrivés ! Ouf ! crient
les apôtres un peu essoufflés.
Les apôtres allaient commencer une
conversation avec Jésus, mais ce dernier s’était déjà transfiguré, et parlait
avec Moïse et Élie. |
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Cinquième mystère lumineux :
L’Eucharistie
Jésus,
chaque jour, dans la plupart des églises du monde, Tu renouvelles ton Sacrifice
de la Croix. Chaque jour, Seigneur, Tu rends grâces au Père et Tu Te livres aux
hommes pour le salut des hommes. Ce mystère est étonnant : c’est un mystère de
foi et d’amour. Sans la foi et sans l’amour, personne au monde ne peut
comprendre l’immensité du mystère qui met Dieu à notre portée, qui rend l’Infini
fini, qui rend visible l’Invisible, qui rend palpable l’Intouchable.
L’Eucharistie, Mystère de foi et
d’amour! Mystère de l’Amour qui se donne pour nous apprendre à donner. Mystère
de l’Amour qui nous dit : “Me voici, aime-Moi”, pour nous apprendre à Lui
répondre : “Me voici ! Je viens pour T’aimer, et pour faire ta volonté.”
Mystère d’une espérance en action qui nous conduit vers Dieu et nous ouvre à la
vie éternelle. Mystère de l’Espérance que le Christ livré nous laisse avant de
s’en aller vers son Sacrifice total qui le mènera à la mort et à la
Résurrection, Espérance des hommes.
Seigneur, chaque jour Tu
renouvelles le Sacrifice non sanglant de ton don total au Père en nous donnant
ton Corps présent dans le pain, en nous abreuvant de son Sang qui remplit la
coupe de vin. Seigneur, chaque jour, dans ton Eucharistie, Tu nous dis : “Je
suis là, croyez en Moi et aimez-Moi.” Chaque jour, Seigneur Jésus, Tu viens
parmi nous pour nous fortifier, nous accompagner sur nos douloureuses et
terribles routes humaines, chaque jour Tu nous dis : ”Venez à Moi, Je suis la
Voix, la Vérité, la Vie. Oui, venez à Moi, et vous vivrez, et vous aurez la vie
éternelle...”
Jésus, chaque jour et à chaque
instant de nos journées, Tu nous appelles : “Je suis là, pour vous. Je vous
attends dans mon Eucharistie, Je suis là, pour vous, pour vous donner la vie et
pour vous rendre heureux. Venez, les bénis de mon Cœur, venez, Je vous attends,
venez pour consoler mon Cœur Eucharistique en vous convertissant, en devenant
des saints. Venez à Moi, vous tous qui peinez, qui souffrez. Venez à Moi, mon
fardeau est léger, et mon joug est très doux car c’est le joug de l’Amour.”
Seigneur, nous, pauvres hommes
pécheurs, nous avons souvent fait la sourde oreille pour ne pas entendre tes
appels. Nous ne voulions pas nous arracher à nos habitudes funestes... Mais
aujourd’hui, Seigneur, ton Amour nous a vaincus. Voici qu’enfin nous T’entendons
et nous marchons vers Toi. Nous voici, Seigneur, apprends-nous à T’aimer comme
Toi, Tu nous aimes.
Nous voici, Seigneur !
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Mystère douloureux |
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Premier mystère douloureux :
L’Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers
“J’ai
cherché des consolateurs et je n’en ai pas trouvé.”
Jésus, Tu es là. Tes apôtres ne
sont pas loin et Tu leur as demandé de veiller avec Toi. Tu as même insisté pour
qu’au moins les trois, Pierre, Jacques et Jean, les privilégiés, ceux qui T’ont
vu transfiguré, ceux à qui Tu as dévoilé un peu plus du mystère de ta Passion,
Tu as insisté pour que ces trois veillent et prient avec Toi, “pour ne pas
entrer en tentation.” Car Toi, Tu sais ce qui va se passer dans les heures
qui viennent, ces heures qui sont Ton Heure, mais aussi l’heure de la puissance
des Ténèbres.
Jésus, Tu es là. Tu T’es éloigné un
peu pour mieux rencontrer le Père, mais le Père se tait... Alors Tu vas voir les
trois disciples qui doivent prier. Mais non ils dorment... Ils se trouvent des
excuses et Te promettent de veiller avec Toi. Alors, Tu T’éloignes encore, mais
l’angoisse terrible Te submerge. “Père, s’il est possible, que ce calice
passe loin de Moi... Mais, Père, pas ma volonté, seulement la tienne.” La
volonté du Père, c’est que cette Heure, la tienne, Jésus, soit l’Heure de ta
Passion; alors Tu acceptes et de nouveau Tu accordes ta volonté à celle du
Père : “Me voici, Père, pour faire ta volonté.”
Te voici, Jésus, mais Tu es seul.
Seul à voir, avec un réalisme effrayant, quelle sera l’horreur de ta Passion,
seul à affronter le démon qui multiplie ses tentations, seul à contempler
l’inutilité de tes souffrances et de ta mort pour tant de générations
inconscientes ou rebelles, ou pire, indifférentes. Tu es seul, Jésus, Tu
cherches des consolateurs mais il n’y en a pas car tes apôtres dorment : ils
n’ont pas pu veiller une heure avec Toi, car il fallait que Tu sois seul. Il
fallait que Tu goûtes toute l’amertume de l’angoisse, de la détresse, de la
solitude, de l’abandon de Dieu, toute la misère morale du monde pendant tous les
siècles...
Te voici, Jésus. Tu es seul... Tu
n’as pas trouvé de consolateur...
Te voici, Jésus, seul à goûter
toute l’horreur des détresses humaines. Tu es seul et Tu appelles : peut-être
que certaines âmes, des âmes de tous les temps et de toutes les nations,
peut-être que quelques âmes accepteront de venir avec Toi, de rester avec Toi,
apparemment inutiles, mais présence quand même et présence amicale, juste un peu
de chaleur et de compréhension dans le vide de ton âme délaissée.
Jésus, Tu appelles. Étonnamment Tu
me regardes, comme Tu regardes chacun de nous... Je ne veux pas comprendre :
j’ai bien trop peur. Et puis je suis si faible, et je suis si fragile, et je
n’ai pas de courage ; pas de vertu non plus. Jésus, j’ai toutes les excuses pour
ne pas venir à Toi. Cesse de m’appeler ; ne me regarde pas comme çà ! Jésus, je
ne peux pas, Jésus, je suis trop petit, nous sommes tous trop petits, trop
faibles, trop pécheurs...
Pourtant, Jésus, sans que je sache
comment, je m’avance un peu, malgré moi. Jésus, je suis là, près de Toi : me
voici! Et regarde, Jésus, je ne suis pas seul, il y en a d’autres petits qui
avancent également vers Toi et qui, bien humblement, et pleins de confusion, Te
disent aussi : “Me voici !” |
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Deuxième mystère douloureux :
La Flagellation
Jésus,
tout-à-l’heure, au Jardin des Oliviers, nous nous sommes un peu approchés de
Toi, et nous T’avons dit : “Me voici !” Maintenant nous ne pouvons plus
Te quitter. Comme Pierre et Jean, nous T’avons suivi, de loin, chez les
grands-prêtres Anne et Caïphe et maintenant chez Pilate.
Pilate voudrait bien Te sauver, Te
délivrer de la main des juifs, mais il a peur. Il sait que Tu es innocent et il
montre même une certaine bienveillance envers Toi. Mais il a peur. Il a peur de
ces gens fanatiques et turbulents qui pourraient bien le dénoncer à l’Empereur.
L’Empereur, c’est son dieu. Ce n’est pas qu’il croie beaucoup à la divinité de
César ; pour être franc il n’y croit pas du tout. Mais César, c’est sa
situation... et il y tient à sa situation, d’autant plus quelle est bonne même
si, parfois, comme aujourd’hui, elle est un peu inconfortable.
Jésus, Tu es là devant Pilate qui a
peur. Alors, pour apaiser tout le monde, il va Te faire flageller. C’est un
supplice terrible que Tu n’as pas mérité. Mais tant pis pour Toi, Jésus,
l’essentiel c’est d’éviter l’émeute: tant pis si un innocent doit souffrir un
supplice atroce qu’il n’a pas mérité. De toutes façons, on peut mourir de la
flagellation, surtout si elle est appliquée dans toute son horreur. Alors,
Jésus, pauvre victime innocente, Tu mourras vite... et Pilate aura la conscience
tranquille : ce n’est pas lui qui T’aura condamné. Et, au moins, il T’aura fait
souffrir le moins possible...
Jésus, Tu connais le raisonnement
intérieur de Pilate et ses fausses justifications. Tu connais la haine des
dirigeants de ton peuple envers Toi. A eux aussi Tu fais peur : c’est que Tu as
des théories très dangereuses et subversives. Tu protèges les pauvres et les
petits. Tu exaltes les humbles et ceux qui ont le coeur doux et humble. Et Tu
veux une vraie justice ! Où irait-on si on appliquait tes théories ? Et puis,
pensent les chefs du peuple juif, appartenir au Sanhédrin, n’est-ce pas
l’honneur suprême sur cette terre ? C’est aussi une situation assurée et
rentable. Et Toi, Tu viens tout menacer, tout bouleverser. Il faut que Tu
meures, on ne veut pas de Toi. Mais comme il faut être prudent, on va laisser
Pilate Te faire flageller ; c’est toujours çà de pris. Après, on verra.
Jésus, je suis là, moi aussi. Je ne
suis pas très fier car dans Pilate et le Sanhédrin je reconnais mes propres
misères, mes lâchetés, mes défections. Je me fais tout petit pour passer
inaperçu. Pourtant Tu me fais pitié et je T’aime quand même un peu. Alors, comme
Toi devant Pilate, comme Toi qui T’es laissé livrer entre les mains des sordides
bourreaux, redisant au Père : “Me voici !” comme Toi Jésus, la victime
innocente, malgré ma misère, malgré ma peur, je Te redis, Jésus : “Me
voici !” |
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Troisième mystère douloureux:
Le Couronnement d’épines
Après la
flagellation les soldats se trouvent un peu désoeuvrés. Pilate ne les a pas
encore appelés et ils savent qu’ils doivent conserver le condamné en vie : c’est
la règle. Alors, ils arrêtent la flagellation et ils s’ennuient. Comment se
distraire avec cet homme qui ne tient plus sur ses jambes ? Comment s’amuser
encore un bon moment ? Il est Roi, a-t-il dit? Eh! bien! on va Le couronner.
Avec des épines, bien sûr! Justement il y a un buisson d’épineux juste à côté.
“Salut ! Roi des juifs !”
Maintenant, Jésus, Tu es revêtu de
toute ta panoplie royale. Maintenant Pilate peut Te présenter au peuple :
“Voici l’Homme !” Te voici, Jésus, l’Homme des douleurs, Celui qui porte les
péchés du monde. Te voici Jésus! Voici que nous Te contemplons, et chacun de
nous peut méditer et dire dans son cœur : “Jésus, je suis toujours là. Je suis
pécheur, moi aussi, et je sais que Tu portes mon péché. J’ai honte de moi, je
voudrais me cacher. J’ai peur de la suite des événements car je sais où ils vont
Te mener. Je voudrais m’enfuir pour ne pas avoir à crier : “À mort!” Je voudrais
Te soulager un peu, discrètement, mais je ne sais pas comment m’y prendre...
Alors je reste là, Jésus, près de Toi. Je reste près de Toi, sans courage, sans
vertu, mais je reste. Je suis près de Toi dont on dit : “Voici l’Homme !”
Oui, Jésus, pleins de crainte mais
aussi pleins d’amour, pleins de compassion malgré notre confusion, dans un
souffle nous Te disons : “Me voici ! Tu vois, je ne peux rien pour Toi, mais je
reste près de Toi, comme pour Te consoler.”
Jésus, nous ne pouvons rien pour
Toi, nous ne pouvons même pas prier... Notre coeur est comme broyé et notre
pensée éteinte. Nous n’avons même plus peur tant notre trop grande peur
apparaît comme figée. Comme Pierre, nous Te regardons :
― Jésus,
“Me voici !” Nous Te regardons, ton regard croise le nôtre et nous savons
que Tu nous pardonnes.
Jésus, Tu portes nos péchés, Tu
souffres nos reniements. Tu éclaires nos lâchetés. Tu es là, Jésus; bientôt Tu
vas mourir, pour nous, pour chacun d’entre nous, à cause de nous. Jésus, nous
sommes comme muets : seul notre coeur peut encore murmurer : “Me voici ! Aie
pitié de nous.” |
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Quatrième mystère douloureux :
Jésus est condamné à mort et chargé de sa Croix
Pilate a
bien compris le message des juifs : “Toi, Pilate, le procurateur romain, le
responsable de la paix dans cette région, c’est toi qui dois décider du sort de
celui qu’on appelle le Christ, celui qui sème la zizanie dans le peuple. C’est
toi qui dois nous débarrasser de lui, sinon, tu n’es pas l’ami de César... et
nous saurons te dénoncer à l’empereur.”
Pilate a bien compris qu’il ne
pourra jamais sortir indemne de cette situation impossible. Il doit choisir :
lui ou Toi, Jésus. Pauvre Pilate qui n’était pas de taille pour affronter une
telle situation !
Pauvre Pilate qui n’a pas su dire :
“Me voici !” pour épargner la vie de l’Innocent. Pauvre Pilate, pas plus
lâche que nous, pas plus mauvais que nous, pas plus misérable que nous. Pauvre
Pilate qui nous représentait tous, à cette Heure, l’Heure redoutable de la
puissance des Ténèbres !
Pauvre Pilate qui a agi à notre
place. Pauvre Pilate qui a dû condamner Jésus à notre place, pour nous tous
qu’il représentait alors, pour nous tous qui ne valons pas mieux que lui !
Nous ne valons pas mieux que
Pilate. Je ne vaux pas mieux que Pilate... Alors, Jésus, dans ma honte et dans
ma détresse, je Te regarde encore. Ton regard me pénètre et me dit que Tu
m’aimes. Alors Jésus, dans mon désarroi je Te demande pardon, ce pardon, qu’en
ce moment terrible, Tu implores du Père. Jésus je reçois ton regard, je reçois
ton pardon. Me voici Jésus, aie pitié de moi, pauvre pécheur !
Nous voici,Seigneur ! Aie pitié de
nous ! |
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Cinquième mystère douloureux :
Jésus meurt sur la Croix
Jésus,
il fait nuit sur le Calvaire. L’ombre a envahi la terre qui semble ne pas
vouloir contempler l’horreur de la mort de son Créateur. Jésus, ils T’ont cloué
sur ta Croix et Tu vas mourir en disant au Père : “Me voici, Père, j’ai fait
ta volonté. Tout est accompli : les hommes sont sauvés. Mais j’ai soif ! Soif de
toutes ces âmes qui ne comprennent pas combien Dieu les aime. Soif de tous ceux
qui ne voudront pas se sauver, qui rendront en partie inutile l’oeuvre que Tu
m’avais confiée... Père tout est accompli. Me voici, Père, pourquoi M’as-Tu
abandonné ?”
Jésus, dans ton délaissement
suprême, Tu penses à nous. Dans la déréliction effroyable que Tu as acceptée,
car Tu voulais connaître toutes nos souffrances, Jésus, Tu continues à
accueillir la volonté du Père : “Père, Me voici ! Je viens, Je reviens à Toi.
Tout est accompli.”
Au pied de ta Croix, Jésus, il y a
Marie, ta Mère. Il y a aussi Jean et la Madeleine. Toute l’Église est là, Jésus,
à tes pieds, mais elle pleure. Ton Église est là, Jésus, au pied de ta Croix, ta
Croix qui deviendra glorieuse, et pour la première fois au monde ton Église Te
dit : “Me voici !” Présente au pied de la Croix sur laquelle Tu meurs,
toute ton Église Te dit : “Me voici ! Me voici, pour faire ta volonté.”
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Mystères glorieux |
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Premier mystère glorieux :
La Résurrection
C’est le
matin merveilleux de la Résurrection... L’aurore cède la place au soleil
triomphant, au soleil qui, comme s’il comprenait que la création est sauvée, se
met à resplendir de toute sa puissance, de toute sa clarté. Marie est dans sa
petite pièce: elle prie. Marie prie et Marie espère. Marie est en paix car son
coeur lui dit que Tu vas venir. Marie prie, mais la lumineuse clarté du soleil
lui fait lever les yeux et...
Marie lève les yeux et elle Te
voit. Marie Te voit, Jésus. Tu es devant elle dans toute ta splendeur de
Ressuscité.
Jésus, Tu es là, devant Marie. Tes
bras s’ouvrent pour la recevoir sur ton Coeur. Tu es là, Jésus, et Tu dis à ta
Mère, muette de surprise et de bonheur :
― Maman, ne
pleure plus, Me voici. L’épreuve est finie, maintenant. Viens, Maman, Me voici.
Me voici pour toi, me voici, Maman, sois consolée. Sois dans la joie, Maman!
Sois dans la joie, Maman, Me voici !
Tous les matins de Pâque, nous
allons à l’Église célébrer la Résurrection du Christ. Tous les matins de Pâque,
Jésus nous redit qu’Il est parmi nous, avec nous, pour nous.
Ô Jésus, fais que nous recevions
nous aussi, comme Marie, la joie du matin de Pâque, et que nous Te redisions
avec foi : “Seigneur, nous croyons en Toi. Nous croyons en ta Résurrection.
Nous voici pour vivre dans ton amour.” |
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Deuxième mystère glorieux :
L’Ascension du Seigneur
Jésus
Ressuscité, Tu as réjoui le coeur de ta Mère et le cœur de tes disciples, de
tous tes disciples. Mais Tu dois repartir vers le Père car cela nous est bon...
car Tu dois nous envoyer l’Esprit. Jésus, Ressuscité, pour la dernière fois Tu
es devant tes disciples. Tu es là, et les voici! Les voici pleins d’amour, les
voici pleins d’espoir. Comme toujours, ils ne comprennent pas, mais ils sont là,
avec Toi et cela seul compte.
Tu es là, Jésus, les voici avec
Toi, pour la dernière fois. Leur coeur est plein d’amour: ils voudraient Te
garder. Mais, Toi, Tu veux les envoyer vers leurs frères, Tu veux les envoyer
baptiser toutes les nations. Mais Toi Tu dois rejoindre le Père dans sa gloire.
Jésus, tes apôtres te regardent, leur coeur est plein de Toi. Les apôtres Te
regardent et ils Te voient monter, ils Te voient disparaître...
Deux hommes, deux anges viennent à
eux :
― Hommes de
Galilée, retournez à Jérusalem comme Jésus Vous l’a demandé. Il reviendra de la
même façon que vous l’avez vu disparaître.
Alors, encore une fois, sans
comprendre, les apôtres retournent à Jérusalem. Le Seigneur leur a appris les
merveilles de l’obéissance. Le Seigneur a formé leur coeur à l’abandon à sa
volonté, même quand on ne la comprend pas. Jésus leur a appris à dire, comme Lui
l’a souvent dit au Père :
― Me voici!
Je viens, Père, Je viens, et Je vais pour faire ta volonté.
Les apôtres s’en sont allés. Les
voici à Jérusalem.
Dans l’obéissance tes apôtres sont
à Jérusalem. Ils sont là. Les voici, en attente, pour faire ta volonté... Tu
leur as dit d’attendre : ils attendent. Ils ne savent pas quoi, mais ils sont
là, tous ensemble, à prier...
Jésus, l’obéissance nous est
parfois si difficile, surtout quand nous ne comprenons pas. Jésus, nous sommes
toujours inquiets, toujours pressés, surtout lorsque Tu nous demandes
d’attendre. Et nous rongeons souvent notre frein quand Tu nous dis :
“Attends !”
Aide-nous, Jésus, lorsque nous
devons attendre, attendre sans rien faire, aide- nous, Jésus à Te redire
encore : “Me voici !” |
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Troisième mystère glorieux :
La Pentecôte
Les
apôtres sont à Jérusalem. Ils attendent. Ils se retrouvent fréquemment au
Cénacle pour prier, pour méditer ensemble les paroles de Jésus.
Les apôtres sont à Jérusalem : on
leur a dit de rester et d’attendre. Alors ils restent et ils attendent. Ils
attendent, ils ne savent pas quoi... Ils attendent car Jésus leur a demandé
d’attendre. Ils ne savent pas quoi faire. Parfois le temps est long, et ils ont
peur.
Les apôtres attendent sans
comprendre, mais ils attendent car ils obéissent à Jésus, ils obéissent aux
anges qui sont venus à eux pour les rassurer et les réconforter. Mais il y a
déjà dix jours de cela. Et ils s’ennuient un peu. Heureusement, Marie est là qui
raconte ses souvenirs, les souvenirs de Jésus enfant, les souvenirs de sa
naissance, de sa vie, de ses épreuves...
Marie est là qui leur apprend
comment on doit toujours se fier à Dieu, comment on doit savoir s’abandonner à
son Amour, à sa grâce. Marie leur explique que jamais Dieu ne nous trompe, que
Dieu est toujours fidèle. Ainsi, si Jésus leur a demandé de rester ensemble au
Cénacle et d’attendre l’Esprit, il faut qu’ils soient confiants. L’Esprit
répondra et comblera leur obéissance. Mais pour l’instant ils doivent attendre,
ils doivent pouvoir être en mesure de dire, bientôt :
– Nous voici, Seigneur! Nous voici,
vois, nous T’attendions.
Les apôtres ont attendu. L’Esprit
est descendu sur eux, visiblement. L’Esprit leur a ouvert l’intelligence et a
comblé leur coeur. L’Amour de Dieu les a envahis et leur a donné courage et
force.
Les voici, Seigneur, tes apôtres.
Ils sont prêts, ils peuvent aller évangéliser le monde et porter ta Bonne
Nouvelle aux hommes de toutes nations et de toutes races, aux hommes affamés de
ton Amour.
Les voici, Seigneur, tes apôtres,
ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Les voici, Jésus, ils attendent l’Esprit que
Tu dois envoyer, que Tu envoies déjà. Les voici, Jésus, tes apôtres et tes
saints d’aujourd’hui. Les voici, Jésus, et avec eux, chacun d’entre nous peut
dire : “Me voici !” |
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Quatrième mystère glorieux :
L’Assomption de Marie
De
nombreuses années se sont écoulées depuis les évènements tragiques ou glorieux
de la vie du Messie sur la terre, au milieu des hommes. Marie est toujours là,
Mère de l’Église naissante, conseillant les apôtres, les réconfortant, leur
expliquant ce qu’ils n’ont pas encore complètement compris.
Marie, Mère du Christ, Mère de
l’Église, Marie Servante du Seigneur poursuit sa tâche sur la terre. Et sa
tâche, elle la fait bien, avec un dévouement extrême, car elle a bien compris
que les apôtres de son Jésus sont encore des enfants, des enfants nouveau-nés
qui ont encore bien des difficultés pour grandir convenablement, et faire
grandir l’Église. Il faut dire que déjà les difficultés surgissent de toutes
parts, que des hérésies pointent leur nez; sans compter les persécutions qui
n‘ont jamais cessé, mais qui maintenant s’amplifient.
Marie sait qu’elle est utile, mais
elle sent que maintenant, il est temps qu’elle s’en aille. L’Esprit est venu sur
les apôtres, et ils doivent prendre leurs responsabilités. Jésus avait dit,
avant de remonter au Ciel : “Il vous est bon que je m’en aille.”
Maintenant, c’est Marie qui doit partir...
Et puis Marie se languit d’amour.
Elle a hâte de rencontrer le Père, de retrouver le Fils et d’étreindre l’Esprit.
Marie brûle d’amour pour la Trinité sainte. Elle a toujours dit OUI aux volontés
de Dieu. Chaque fois qu’il le fallait elle a dit : “Me voici !” aux
désirs de l’Amour. Aujourd’hui Marie sent qu’il est temps pour elle de s’en
aller vers Dieu. Sa tâche est achevée et Jésus l’appelle : “Maman vient, il est
temps pour toi d’entrer dans la joie de Dieu. Marie va s’endormir. Quand elle
s’éveillera, au Ciel, elle dira : “Me voici ! Me voici, Père ! Me voici,
Fils ! Me voici, Esprit d’Amour du Père et du Fils !”
Les apôtres ne retrouvèrent jamais
le corps de Marie, son corps qui était monté au Ciel. Marie s’éveilla au Ciel en
disant : “Me voici !” Marie dans une extase infinie et une joie
indescriptible, retrouva le Fils, son Fils, pour lui dire un immortel: “Me
voici!” débordant de la plénitude de l’Amour.
Jésus, quand tes enfants, sur la
terre, pour répondre à tes appels, Te disent : “Me voici !” ils savent
qu’ils auront des épreuves à subir et des souffrances à porter. Mais ils doivent
savoir aussi ta générosité infinie qui, déjà dans ce monde, les comblera de ton
Amour, en attendant l’ineffable et bienheureuse Rencontre avec la Béatitude
éternelle. |
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Cinquième mystère glorieux :
Le Couronnement de Marie
Nos
pauvres petits esprits humains ont bien du mal à imaginer les événements
terrestres auxquels ils n’ont pu assister. Alors, imaginer ce qui se passe au
Ciel, dans ce monde spirituel hors de notre portée, est une impossibilité
totale.
Marie est la Mère de Jésus. De par
sa propre passion, celle qu’elle vécut en même temps que la Passion du Christ,
quand le glaive annoncé lui transpercera le coeur, Marie, devenue
co-rédemptrice, mérita de devenir Mère des hommes. Quand Jésus lui confia Jean,
au pied de la Croix, elle devint Mère de l’Église, l’Église qui naissait en ce
moment tragique. À chaque fois Marie avait répondu : “Me voici !” à
l’appel du Seigneur.
Maintenant Marie est au Ciel. Dieu
accueille sa Fille, la toute pure, la Sainte entre les saintes. Pourtant la
tâche de Marie n’est pas achevée: dans les siècles à venir, quand la routine du
temps aura émoussé ou amenuisé la foi dans le monde, quand des hommes insensés
auront chassé l’Amour, Marie devra retourner sur la terre. Marie devra revenir
pour réchauffer les coeurs.
Dans les derniers siècles du monde,
vers la fin des temps, ces temps dont le Seigneur avait dit : “Quand le Fils
de l’Homme reviendra sur la terre, trouvera-t-il encore la foi ?” Marie
reviendra sur la terre, Marie se montrera à des âmes choisies pour qu’elles
réveillent les coeurs. Mais, Marie, notre Mère, Marie reviendra comme Reine.
Marie, Reine du Ciel, Marie, Reine des anges, Marie reviendra sur la terre
écraser la tête du serpent. La femme que Satan détestait, celle qu’il voulait
détruire, la Femme, “signe grandiose apparu dans le Ciel, la Femme revêtue de
soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête“,
la femme qui enfante l’enfant mâle “qui doit mener paître toutes les
nations,“ (Apocalypse XII, 1-5) la femme victorieuse protégée par la terre
viendra à nous, dans sa gloire de Reine.
Dans les derniers moments du monde,
ces moments qui peuvent durer longtemps à notre échelle humaine, dans les
dernières heures du monde, Marie viendra à nous, revêtue de sa gloire. Elle nous
dira l’Amour, elle nous dira la foi, elle nous portera la confiance et la paix.
Marie nous dira alors :
― Mes
enfants, me voici ! Dieu m’envoie vers vous pour vous consoler, redresser vos
erreurs, chasser la haine de vos coeurs.
Marie, dans les derniers temps du
monde reviendra parmi nous pour nous porter Jésus. Marie, Reine du monde, Marie
revient déjà vers nous avec son coeur de Mère, nous redonner l’Amour que nous
avons perdu. Et chacun de nous lui redira :
― Marie, ma
tendre Mère, Marie, ma douce Reine, mon coeur t’accueille. Marie, me voici. Me
voici pour toi, Marie, pour suivre tes conseils. Me voici pour Jésus qui attend
mon amour.
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