Maria Valtorta
(1897-1961)

Le tome 1 de l’oeuvre principale de Maria Valtorta “Il poema dell’Uomo-Dio” (le titre de l’édition en français est : L’Évangile tel qu’il m’a été révélé)  dont le sous-titre est: “La préparation”  est intégralement consacré à la famille et à l’enfance de Marie, à Saint Joseph et à la vie de la Sainte Famille. Le Seigneur a permis, pour notre instruction, que Maria Valtorta assistât, dans ses visions extraordinairement précises,  à un certain nombre de scènes particulièrement évocatrices sur ce que fut la vie concrète de la Sainte Famille, depuis les fiançailles de Marie et de Joseph, jusqu’à la mort de Joseph.  Il a été dit dans l’introduction qu’un travail sur Saint Joseph et sa place dans la Sainte Famille, ne pouvait être complet sans que soient au moins résumées les visions des principales mystiques, même si l’Église ne s’est pas encore prononcée sur l’héroïcité de leur vie et la véracité de leurs écrits.  C’est le cas de Maria Valtorta dont les visions sont si évocatrices et si riches d’enseignements pour nous.

Remarque: Les visions de Maria Valtorta sont particulières: Maria est véritablement intégrée aux scènes qui se déroulent devant elle. Elle voit et elle entend comme tous les visionnaires. Mais en plus, elle sent les odeurs; elle ressent les effets du froid, de la chaleur, du vent, etc. Si pour une raison quelconque, Maria est dérangée durant son travail qui consiste à raconter et à exposer dans les moindres détails tout ce à quoi elle assiste, alors la vision se stabilise à l’endroit où elle a dû s’interrompre. La vision continue à se dérouler dès que Maria est redevenue libre pour travailler.

Comme on l’a déjà dit plusieurs fois, il existe des différences, parfois importantes entre les récits des différentes voyantes. Les voyantes ont expliqué elles-mêmes les raisons de ces différences et l’on n’y reviendra pas. Il convient cependant de bien se persuader que les visions reçues par les mystiques ne sont pas pour leur satisfaction propre, mais elles sont destinées à l’enseignement du peuple chrétien, dans le contexte particulier d’époques difficiles où la foi a besoin d’être affermie et consolidée. Le Seigneur intervient alors, non pas pour satisfaire des curiosités inutiles, voire malsaines, mais pour nous fortifier et répondre aux questions fondamentales que nous pourrions nous poser.

Nota : Les notes en bas de pages renvoient aux différents Chapitres du tome 1

Saint Joseph et la Sainte Famille vus par Maria Valtorta

En guise de préalable

Un jour, parlant de ses grands-parents, Anne et Joachim, à l’occasion de leur mort, Jésus dit à Maria Valtorta: “ Pour tous deux ce ne fut pas l’agonie, mais la langueur d’une vie qui s’éteint comme s’éteint une étoile quand le soleil se lève à l’aurore. Et s’ils n’eurent pas la consolation de me posséder, Moi, la Sagesse Incarnée, comme plus tard l’eut Joseph, j’étais près d’eux, Invisible Présence, leur disant de sublimes paroles, penché sur leur oreiller pour les endormir dans la paix, en attendant le triomphe... La droiture de la conscience procure une mort sereine et les prières des saints vous obtiennent pareille mort.”  [1] 

Les fiançailles de Joseph et de Marie

Tous les mystiques rapportent l’épisode, vrai ou faux, mais qui a certainement une signification symbolique, du rameau fleuri de Joseph. Les détails de cet épisode sont sans intérêt pour notre étude, sinon de nous faire pressentir quelques traits du caractère de celui qui deviendra le gardien de Marie et du Fils de Dieu. Voici:

“Je vois Joseph. Il parle avec un vieillard bien portant. Joseph est sur les trente ans.  Un bel homme aux cheveux courts et plutôt épais, d’un brun châtain comme la barbe et les moustaches qui ombragent un beau menton et montent vers les joues brun rouge, pas olivâtres comme chez les autres bruns; il a les yeux sombres, bons et profonds, très sérieux, je dirais presque un peu tristes, mais pourtant, quand il sourit comme à présent, ils expriment la joie et la jeunesse.”

Suivent la scène du rameau fleuri et l’entrée du Grand-Prêtre qui dit: “Dieu a parlé en se faisant père et tuteur de la Vierge de David qui n’a que Lui comme seule protection. Sainte enfant, gloire du Temple et de sa race, elle a mérité que la Parole de Dieu lui fasse connaître le nom de l’époux agréable à l’Éternel. Vraiment juste doit être celui-là, l’élu du Seigneur pour être le tuteur de la Vierge qui lui est si chère... A celui que Dieu a désigné nous confions en toute sécurité la Vierge sur laquelle repose la bénédiction  de Dieu et la nôtre. Le nom de l’époux est Joseph de Jacob, de Bethléem, de la tribu de David, charpentier à Nazareth de Galilée. Joseph, avance, c’est le Grand-Prêtre qui te l’ordonne...

Joseph tout rouge et gêné s’avance. Le grand-prêtre donne à Joseph le rameau fleuri et puis lui met la main sur l’épaule en disant: “Elle n’est pas riche, et tu le sais, l’épouse que Dieu te donne. Mais en elle tout est vertu. Sois en toujours plus digne.

Joseph se tient humblement près du Prêtre majestueux...

Marie entre avec Zacharie et Anne de Phanuel.

 Viens, Marie, dit le Pontife. Voici l’époux que Dieu te destine. C’est Joseph de Nazareth. Tu retourneras donc dans ta cité. Maintenant je vous laisse. Dieu vous donne sa bénédiction, que le Seigneur vous garde et vous bénisse, qu’Il vous montre sa face et ait pitié de vous, toujours. Qu’Il tourne vers vous son visage et vous donne la paix.”

Les deux fiancés sont maintenant en face l’un de l’autre, seuls et très émus. Enfin un sourire éclaire le visage de Joseph:

“Je te salue, Marie. Je t’ai vue toute petite alors que tu avais quelques jours. J’étais l’ami de ton père... Tu ne nous connais pas encore parce que tu es venue ici toute petite. Mais à Nazareth tout le monde t’aime bien et parle de la petite Marie de Joachim dont la naissance fut un miracle du Seigneur qui fit refleurir la stérile...

... C’est moi qui ai fait ton berceau, un petit berceau orné de roses sculptées comme  le voulait ta mère... Quand tu es née , je faisais mon apprentissage. Je travaillais déjà... J’ai enseveli ton père, le pleurant d’un coeur sincère car il avait été un bon maître pour ma vie.”

Marie redresse la tête peu à peu, rassurée, et quand Joseph lui parle de son père, elle lui tend la main et lui dit: “Merci, Joseph.”  Et Marie se tait de nouveau. Joseph prend sa petite main et la caresse avec affection, comme pour la rassurer. Puis il lui parle de sa maison, abandonnée depuis longtemps mais intacte, et de ce qu’il compte faire pour l’améliorer et soigner le jardin.

Soudain Joseph lui tend le rameau d’amandier et lui dit: “Regarde, c’est un rameau de l’amandier qui touche la maison. J’ai voulu le cueillir dans le cas où le choix serait tombé sur moi, mais je ne l’espérais pas parce que je suis naziréen et j’ai obéi à la convocation parce qu’elle émanait du prêtre, non par désir du mariage... Je l’ai donc cueilli en pensant que tu serais contente d’avoir une fleur de ton jardin. Le voilà, Marie. Avec lui je te donne mon coeur qui, jusqu’à présent, n’a fleuri que pour le Seigneur et maintenant fleurit pour toi, mon épouse.

Émue, Marie prend le rameau. Quand il dit: ”Je suis naziréen”, son visage s’éclaire. Elle dit: “Moi aussi, j’appartiens toute à Dieu, Joseph. Je ne sais si le Grand-Prêtre te l’a dit... Tout enfant, je me suis consacrée au Seigneur. Je sais que cela ne se fait pas en Israël, mais j’ai entendu une voix qui me demandait ma virginité en sacrifice d’amour pour l’avènement du Messie. Il y a si longtemps qu’Israël l’attend. Ce n’est vraiment pas trop de renoncer pour cela à la joie d’être mère...”

Et Joseph lui répond: “Moi aussi, j’unirai mon sacrifice au tien, et par notre chasteté nous témoignerons tant d’amour à l’Éternel, tant d’amour, que Lui donnera plus tôt le Sauveur à toute la terre...”  La conversation continue pendant quelques instants, et Joseph dit: “Je viendrai te prendre dès que la maison sera bien rangée... Je la veux très propre pour qu’elle t’accueille sans tristesse.”  [2] 

Deux mois plus tard, c’est le mariage, au Temple. Peu de temps avant la cérémonie, Anne de Phanuel l’appelle“Ma fille” et la baise avec des sentiments très maternels. Marie lui confie alors comment Joseph a accepté son voeu. Alors Anne de Phanuel n’a qu’un mot: “C’est un jeune saint!”

Juste avant la cérémonie, Joseph, en a-parte, dit à Marie: “J’ai pensé ces temps-ci à ton voeu. Je t’ai dit que je le partage, mais plus j’y pense et plus je comprends que le naziréat temporaire, même renouvelé plusieurs fois, ne suffit pas. Je t’ai comprise, Marie. Je ne mérite pas encore la parole de Lumière, mais un murmure me vient. Et cela me fait lire ton secret au moins dans ses lignes les plus fortes... Je mets à tes pieds  mon trésor. Pour toujours. Ma chasteté absolue pour être digne d’être près de toi, Vierge de Dieu, “soeur mon épouse, jardin fermé, fontaine scellée, comme l’a dit notre aïeul qui peut-être écrivit le Cantique en te voyant, toi... “

C’est le Grand-Prêtre lui-même qui entre. On s’étonne dans l’assistance curieuse, et quelqu’un dit: “Oui. Elle est de maison royale et sacerdotale, fleur de David et d’Aaron. L’épouse est une vierge du Temple. L’époux est de la tribu de David.”

Le Pontife met la main droite de l’épouse dans celle et l’époux et les bénit solennellement... Puis il se retire. Marie est l’épouse de Joseph. [3] 

Quelques réflexions de Jésus à propos de Joseph

Souvent Jésus donne à Maria Valtorta quelques explications sur les scènes auxquelles ses visions l’ont fait assister. Ici, Jésus s’attarde longuement sur la sagesse de Saint Joseph. Après avoir cité le livre de la Sagesse, Jésus dit: “Tu vois comment Joseph, non par culture humaine mais par surnaturelle instruction, sait lire dans le livre scellé de la Vierge sans tache, et comme il frôle par sa “vue” les vérités prophétiques en voyant un mystère surhumain là où les autres ne voient qu’une grande vertu... Il se dirige d’un esprit tranquille et sûr dans la mer de ce mystère de grâce qu’est Marie... La sagesse du Juste s’accroît par l’union et la présence de la toute Grâce... d’un juste elle en fait un saint, et, d’un saint, le gardien de l’Épouse et du Fils de Dieu.

La nouvelle Ève est là devant lui, non pas os de ses os, ni chair de sa chair, mais compagne de sa vie. Arche vivante de Dieu dont il reçoit la tutelle et qu’il doit rendre à Dieu pure comme il l’a reçue... En ce temps de grâce, il voit et il se met au service plus vrai de Dieu...

Joseph n’était pas au Golgotha? Il semble qu’il ne soit pas avec les corédempteurs. En vérité, je vous  dis qu’il en fut le premier et pour cela il est grand aux yeux de Dieu. Grand par le sacrifice, la patience, la constance dans la foi. Quelle foi plus grande que le foi de celui qui a cru sans avoir vu les miracles du Messie.

Louange à mon père putatif, exemple de ce qui vous manque le plus: pureté, fidélité, amour parfait...” [4] 

Joseph et Marie arrivent à Nazareth

Marie et Joseph sont venus de Jérusalem à Nazareth dans un char. Dans la rue principale, ce char avance au pas :

 ”Voici ta maison, Marie, dit Joseph, en indiquant avec le fouet une petite maison... située en bas d’une ondulation de la colline...

 Il t’est resté peu de chose,  dit Zacharie, qui accompagne les mariés...

 Oh! que ce soit peu de chose, n’importe! dit Marie. Cela me suffira toujours. Je travaillerai.

 Non, Marie.C’est moi qui travaillerai, dit Joseph. Tu ne feras que les travaux de lingerie, de couture, de la maison. Je suis jeune et fort, et je suis ton époux. Ne me mortifie pas avec ton travail.

 Je ferai comme tu veux.”

Ils sont arrivés. Des membres de la famille de Joseph les accueillent. Les caisses sont déchargées et portées à la maison. On entre. “Joseph prend Marie par la main et il entre ainsi. Sur le seuil, il lui dit:

 Et à présent, sur ce seuil, je veux de toi une promesse. Que n’importe quelle chose survienne ou qui t’arrive, que tu n’aies d’autre ami, d’autre aide vers qui te tourner que vers Joseph, et que, pour aucun motif tu n’aies à t’enfermer dans ta peine. Je suis tout entier à ta disposition, rappelle-toi et ce sera ma joie de rendre heureux ton chemin et, puisque le bonheur n’est pas toujours en notre pouvoir, au moins de te le faire paisible et sûr.

 Je te le promets, Joseph.”

Puis Joseph lui montre les travaux qu’il a faits dans la maison... Enfin il salue et sort.

Après l’Annonciation

“C’est le soir. Joseph vient visiter Marie. Joseph raconte sa journée et donne quelques nouvelles. Joseph regarde Marie avec un regard d’amour angélique, et soudain Marie se décide :

 Joseph, j’ai aussi quelque chose à te dire... J’ai appris que notre parente Élisabeth, femme de Zacharie, attend un enfant.

 A cet âge?

 A cet âge répond Marie en souriant. Le Seigneur peut tout et Il a voulu donner cette joie à notre parente.

 Comment le sais-tu? La nouvelle est-elle sûre?

 Il est venu un messager, quelqu’un qui ne saurait mentir. Je voudrais aller chez Élisabeth pour lui rendre service et lui dire que je me réjouis avec elle. Si tu le permets...

 Marie, tu es mon épouse, et moi je suis ton serviteur. Tout ce que tu fais est bien fait. Quand veux-tu partir?

 Le plus tôt possible, mais je resterai là-bas des mois entiers.

Joseph se lève, salue Marie et sort. Marie le regarde sortir. “Elle pousse un soupir comme si elle était peinée. Elle lève les yeux au ciel et prie certainement.” [5] 

Marie avait donné son amour à Joseph et avait apprécié sa sainteté. Auprès de lui elle se sentait en sécurité. Maintenant, comment allait-elle lui dire qu’elle allait être mère? Elle confie à Maria Valtorta: “Pendant que je priais, l’Esprit-Saint dont j’étais remplie m’avait dit: “Tais-toi. Laisse-moi le soin de te justifier auprès de ton époux.”

Marie avait une confiance divine parce que Dieu était à elle: “Oh! joie! Être une avec Dieu. Non pas pour ma gloire, mais pour L’aimer dans une union totale, mais pour pouvoir Lui dire: Toi, Toi seul qui es en moi, agis avec ta divine perfection en tout ce que je fais...” J’ai obéi au divin commandement  et, pendant des mois, à partir de ce moment, j’ai senti la première blessure qui me faisait saigner le coeur.”  [6] 

Vers la maison de Zacharie

Voici deux ânes, un pour Joseph, l’autre pour Marie. “Les voilà désormais en pleine campagne et ils cheminent l’un près de l’autre. Ils parlent rarement. Joseph pense à ses affaires et Marie suit ses pensées et, recueillie comme elle l’est en ses pensées, elle leur sourit et sourit aux choses qui l’entourent. Parfois elle regarde Joseph, et un voile de tristesse lui assombrit le visage...

Ils doivent s’arrêter pour se mettre à l’abri  d’une averse violente...  Ils se sont mis à l’abri de la colline, sous la saillie d’un rocher qui les protège du plus gros de la pluie. Joseph veut absolument que Marie prenne son manteau de laine imperméable sur lequel l’eau coule sans le mouiller...

Nous sommes à Jérusalem... Les deux époux se dirigent d’abord vers le Temple.” Joseph a trouvé un petit vieux qui accompagnera Marie jusque chez ses parents.

La Vierge Marie donne, à propos de Joseph, quelques conseils à Maria Valtorta, donc à nous.“J’attire ton attention sur l’habitude constante de Joseph et la mienne, de donner toujours la première place à la prière... Elle était l’amie fidèle de notre âme. Elle nous détachait  de la terre, de l’exil, elle nous tournait vers les hauteurs du Ciel, la Patrie... Joseph se sentait uni à Dieu quand il priait, parce que notre prière était une adoration véritable de tout l’être qui se fondait en Dieu en l’adorant et recevant ensuite son embrassement...

La terre a besoin d’un bain de prières pour se purifier des fautes qui attirent les châtiments de Dieu.” [7]

Suit le récit de la Visitation et du séjour de Marie chez Zacharie. Un jour, les deux femmes parlent de leurs deux enfants à naître, et soudain Marie s’écrie :

 ”Comme je l’aimerai mon Enfant! Mon Fils! Joseph aussi l’aimera!

 Mais tu devrais le lui dire, à Joseph, dit Élisabeth.

Marie s’assombrit et soupire:

 ... Non. j’ai remis à Dieu le soin de l’instruire de son heureux sort de nourricier du fils de Dieu. Il s’en chargera. L’Esprit m’a dit, ce soir: “Tais-toi, laisse-moi le soin, je te justifierai.” Et il le fera. Dieu ne ment jamais. C’est une grande épreuve, mais avec l’aide de l’Éternel, elle sera surmontée. En dehors de toi à qui l’Esprit l’a révélé, personne ne doit connaître par ma bouche la bienveillance du Seigneur à l’égard de sa servante... Les secrets de Dieu sont saints.”  [8] 

La Vierge Marie ajoute, pour l’instruction de Maria Valtorta : “Quelle paix dans la maison d’Élisabeth! Si je n’avais pas eu la pensée de Joseph  et celle de mon Enfant qui devait racheter le monde, j’aurais été heureuse. Mais déjà la Croix projetait son ombre sur ma vie...” [9]

Il y a maintenant quatre mois que Marie est chez Élisabeth et Zacharie, lequel a retrouvé sa voix lors de la Circoncision du petit Jean. Le soir de la présentation, Joseph vient chercher Marie pour la ramener à Nazareth.

“Marie parle très peu. Elle reste tranquille et silencieuse assise dans son coin, les mains sur son sein, sous son manteau... Elle regarde Joseph avec un mélange de peine et d’inquiétude. Lui aussi la regarde, et après quelque temps, se penchant sur son épaule, lui demande:

 Es-tu fatiguée? Souffres-tu? Tu es pâle et triste.

 J’ai de la peine de me séparer du petit Jean. Je l’aime bien. Je l’ai porté sur mon coeur presque dès sa naissance.

Joseph ne pose pas d’autres questions.”

C’est bientôt le départ de Marie et de Joseph. Ils montent sur leurs ânes, comme à l’aller. “Je remarque, dit Maria Valtorta, que Joseph regarde Marie  quand elle monte en selle, mais il ne dit rien.”  [10] 

La Vierge Marie nous parle de la Passion de Joseph

“Mon Joseph a eu sa Passion. Et elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle dura des jours, comme pour Jésus et pour moi. Et spirituellement elle ne fut pas moins douloureuse. C’est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux, qu’elle s’est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu’elle est passée peu connue à travers les siècles.

Oh! notre première Passion! Qui peut en dire l’intime et silencieuse intensité? Qui peut dire ma douleur en constatant que le Ciel ne m’avait pas encore exaucée en révélant à Joseph le mystère... Qui peut dire mon combat contre le découragement qui tentait de m’accabler pour me persuader que j’avais espéré en vain dans le Seigneur? Oh! je crois que ce fut une rage de Satan! Je sentais le doute me saisir aux épaules et allonger ses tentacules pour emprisonner mon âme et l’arrêter dans sa prière.

Qui pourrait dire avec une exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections,.. En apparence, c’était un homme trahi par sa femme. Il voyait crouler en même temps son bon renom et l’estime du monde à cause d’elle. Il se voyait déjà montré du doigt et l’objet de la compassion du pays. Il voyait l’amour et l’estime qu’il avait pour moi tomber morts devant l’évidence du fait.

... Je veux que vous l’aimiez, mon Joseph, cet homme sage et prudent, patient et bon qui n’est pas étranger au mystère de la Rédemption auquel il a été infiniment lié, parce qu’il usa sa douleur et lui-même pour celui-ci, en sauvant le Sauveur au prix de son sacrifice et par sa grande sainteté.

S’il avait été moins saint, il aurait agi humainement en me dénonçant comme adultère pour me faire lapider et faire périr avec moi le fruit de mon péché. S’il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider dans une telle épreuve...

Mais Joseph était saint... Et par sa charité il vous sauva le Sauveur, [11] tant en ne me dénonçant pas auprès des anciens, qu’en laissant tout par une prompte obéissance pour emmener Jésus en Égypte. Journées peu nombreuses, mais terribles par leur intensité, celles de la passion de Joseph et de ma première passion... Car je comprenais sa souffrance et ne pouvais la lui enlever aucunement pour rester fidèle à l’ordre de Dieu qui m’avait dit: “Tais-toi!”... Et moi, seule dans ma maison... je dus résister au découragement, aux insinuations de Satan et espérer, espérer, espérer. Et prier, prier, prier. Et pardonner, pardonner, pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné.”  [12]

Enfin Marie peut s’expliquer avec Joseph

Marie est chez elle, pâle et triste. Tout est silencieux... Soudain on frappe à la porte. C’est Joseph dont le regard paraît suppliant. Les deux époux se taisent, puis Marie dit enfin :

 ”Parle Joseph, qu’est-ce que tu veux?

 Ton pardon.

 Mon pardon? Je n’ai rien à te pardonner, Joseph...

Joseph la regarde, et deux grosses larmes se forment dans la cavité de son œil profond.

 Pardon, Marie. j’ai manqué de confiance. Maintenant, je sais.  Je suis indigne d’avoir un tel trésor...

 Oh! non! Tu n’as pas manqué!

 Oui, Marie. Si j’avais été accusé d’un pareil crime, je me serais défendu. Toi... Je ne t’ai pas permis de te défendre, puisque j’allais prendre une décision sans t’interroger... Je ne t’ai pas connue comme je le devais. Mais pour la douleur que j’ai soufferte, trois journées de supplice, pardonne-moi, Marie.

 Je n’ai rien à te pardonner. mais plutôt je te demande pardon de la douleur que je t’ai causée.

 ... mais pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de me cacher à moi, ton époux, ta gloire, et permettre que je te soupçonne.?

 ... et puis j’ai obéi... Dieu m’a demandé cette obéissance. Elle m’a couté tellement... pour toi, pour la douleur que tu en éprouverais. Mais je n’avais qu’à obéir. Je suis la servante de Dieu et les serviteurs ne discutent pas les ordres qu’ils reçoivent. Ils les exécutent, Joseph, même s’ils leur font pleurer du sang.” Marie pleure en disant cela.

Immédiatement Joseph se décide. Les festivités de son mariage auront lieu très rapidement. Joseph exulte de joie à la pensée de recevoir bientôt, dans sa maison, son Dieu, le fils de David. [13] 

La Sainte Vierge Marie nous donne encore quelques enseignements...

“Je souffrais de la douleur de Joseph... Je t’ai fait voir cette scène qu’aucun Évangile ne rapporte parce que je voulais attirer l’attention des hommes trop étrangère aux conditions essentielles pour plaire à Dieu et recevoir dans le coeur sa continuelle venue...

Joseph vivait la foi. “Il a cru aveuglément à la parole du messager céleste.” Il a vécu la Loi qui dit: “Aime ton prochain comme toi-même.”  Il faut savoir pardonner tout de suite, en accordant toutes les circonstances atténuantes au coupable.

Il faut savoir être humble, de l’humilité qui sait dire: Je me suis trompé...” Et, ajoute Marie: “Et l’humilité encore plus difficile, celle qui sait tenir cachées les merveilles de Dieu en nous, quand il n’est pas nécessaire de les faire connaître pour lui en donner la louange, pour ne pas déprécier le prochain qui n’a pas reçu ces dons particuliers de Dieu. “ Car, s’il le veut, Dieu se révèle Lui-même en son serviteur... “Restez dans l’ombre et dans le silence, ô privilégiés de la grâce, pour pouvoir entendre les uniques paroles qui sont vie.”  [14]

L’édit de recensement

Joseph rentre du village. Il dit: “Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C’est l’ordre de recensement de tous les palestiniens. il faut aller nous faire inscrire au lieu d’origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem.” Marie sourit intérieurement en pensant aux saintes Écritures: “Et toi, Bethléen Ephrata, tu es le plus petit canton de Juda, mais de toi sortira le Dominateur, le Dominateur promis à la race de David.”  Mais Joseph est désemparé en pensant aux difficultés du voyage, avec une femme sur le point d’accoucher. C’est Marie qui doit rassurer Joseph: “N’aie pas peur, Joseph... Rien ne peut arriver. Dieu est avec nous.”  [15] 

Sur la route, vers Bethléem

Il est inutile de s’attarder sur les circonstances décrites par Maria Valtorta. Par contre, il paraît intéressant de noter les prévenances, les gentillesses, l’amour de Joseph envers Marie. Joseph ne cesse de s’inquiéter de la santé de Marie, de son confort, de ses besoins. Il fait tout pour éviter à Marie les moindres fatigues, au moins autant que cela lui est possible, dans les conditions pénibles du voyage, et surtout lors de la recherche d’un logement pour la nuit, et de la préparation de la crèche de B..., de Noël.

La naissance de Jésus

Joseph a allumé un petit feu pour attiédir un peu l’atmosphère de la grotte. Il s’était  assoupi pendant un moment, vaincu par les fatigues de la journée. Maintenant il s’éveille et s’inquiète de Marie qui le rassure... Alors Joseph s’agenouille près du feu et prie. Tout est parfaitement calme. La grotte peut s’illuminer, le Fils de Dieu peut naître... C’est l’intensité de la lumière qui sort Joseph de sa prière extatique:

“Joseph voit filtrer entre ses doigts une lumière étrange. Il découvre son visage, lève la tête, se retourne... Marie l’appelle.” Joseph hésite, Marie insiste et “les deux époux se rencontrent et se regardent en pleurant de bonheur. Viens, dit Marie, offrons Jésus au Père.”

Marie doit encore insister pour que Joseph accepte de prendre Jésus dans ses bras. Car Joseph est “tout effrayé, anéanti de devoir toucher Dieu.”  Marie insiste plus fortement et quand il tient Jésus entre ses bras “il le serre contre son coeur en éclatant en sanglots: “Oh! Seigneur! mon Dieu!”  puis il se penche pour baiser ses petits pieds et les sent glacés. Alors il s’assoit sur le sol, serre Jésus sur son sein. Avec son habit marron, avec ses mains, il s’ingénie à le couvrir, à le réchauffer... “

On habille l’Enfant Jésus. On cherche un endroit où le déposer, on découvre la mangeoire et Joseph la transforme en un petit berceau... On arrange dessus le manteau de Marie. Jésus peut dormir son premier sommeil sur la terre.

L’adoration des bergers

Les bergers arrivent à la crèche, regardent discrètement mais n’osent pas entrer. L’un d’eux soupire bruyamment. “Joseph se retourne et vient à la porte (ou plutôt près de la couverture qui sert de porte).  Qui êtes-vous?

 Des bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer le Sauveur.

 Entrez!” dit Joseph. Et tous les bergers, soudain enhardis, s’avancent avec leurs cadeaux.” [16] 

La visite de Zacharie

Cette scène de la visite de Zacharie à la Sainte Famille n’est pas racontée par les Évangélistes. Écoutons Maria Valtorta raconter sa vision:

“Je vois une longue pièce... Je comprends que je suis dans une maison hospitalière qui a accueilli la Sainte Famille. Et j’assiste à l’arrivée de Zacharie...

Joseph ouvre et pousse une exclamation de joie en voyant Zacharie...

J’entends Joseph qui lui demande des nouvelles du petit Jean et Zacharie répond: il pousse vigoureusement comme un petit poulain... Élisabeth n’est pas venue car il fait très froid.

 En effet, le temps est très froid, répond Joseph.

La scène continue, une scène ordinaire de la vie de tous les hommes. Cette scène n’apporte rien sur le plan théologique. Il a semblé cependant utile de mentionner que Joseph et Marie, patrons de toutes les familles, ont vécu comme nous, attentifs aux besoins des autres, sachant recevoir, heureux même de recevoir des visites et de revoir leur famille. Les Saints, même les plus grands et les plus sublimes, quand ils sont encore sur la terre, savent vivre saintement la vie que Dieu leur envoie, la vie toute simple, la vie de tous les jours. C’est peut-être cela la sainteté.

Maria Valtorta présente ensuite une scène étonnante. Tandis que Marie et Joseph pensent rentrer bientôt à Nazareth, Zacharie déclare: “Nazareth? Mais vous devez rester ici. Le Messie doit grandir à Bethléem. C’est la Cité de David... Et puis, ici, près de moi, je pourrai vous aider quelque peu et mettre tout ce que j’ai, non seulement de biens matériels, mais de qualités morales au service de ce Nouveau-né. Et quand il sera en âge de comprendre, je serai heureux de Lui servir de maître comme à mon enfant... Lui, bien sûr, possédera la sagesse, mais aussi le seul fait qu’un prêtre Lui ait servi de maître le fera accepter plus facilement par les pharisiens exigeants et les scribes. Cela facilitera sa mission.”

Pauvre Zacharie! Généreux, mais un peu présomptueux. Les évènements montreront bientôt que les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes.

Marie et Joseph, dans la douleur, acceptent cette proposition: ils resteront à Bethléem, malgré les sacrifices que cela suppose.

La Vierge Marie fait à ce moment une digression pour enseigner Maria Valtorta et lui montrer la sainteté de son Saint époux.

“... Pour l’instant je t’élève l’esprit en te montrant la sainteté de Joseph. C’était un homme, c’est-à-dire qu’il n’avait d’autre aide pour son esprit que sa sainteté... Lui,  n’était pas immaculé. Il portait en lui l’humanité avec sa lourde pesanteur et il devait, avec tout ce poids, s’élever vers la perfection, au prix d’un effort incessant...

Oh! mon saint époux! Saint en toutes choses, même les plus humbles de l’existence. Saint pour sa chasteté angélique. Saint pour son honnêteté d’homme. Saint pour sa patience, pour son ardeur au travail, pour sa sérénité toujours égale, pour sa modestie, pour tout....

On l’a fait protecteur des familles chrétiennes et des travailleurs et de tant de catégories. Mais ce n’est pas seulement des agonisants, des époux, des travailleurs, c’est aussi des âmes consacrées dont on devrait faire le protecteur. Qui, parmi les consacrés  de ce monde au service de Dieu, quel qu’il soit, s’est-il consacré, comme lui au service de son Dieu, acceptant tout, renonçant à tout, supportant tout, accomplissant tout avec promptitude, gaieté, bonne humeur constante, comme il l’a fait? Il n’y en a aucun.

... Zacharie est prêtre. Joseph ne l’est pas. Mais regarde comme lui, qui ne l’est pas, a l’esprit tourné vers le ciel plus que le prêtre. Zacharie pense humainement.” Il veut être utile à Jésus, “non pas utile comme Joseph veut l’être en le servant, mais utile en lui servant de maître!”  Et Marie achève son enseignement par une longue digression sur les âmes sacerdotales, enseignement que tous les prêtres devraient lire.” (pages 193 et 194)  [17] 

La présentation de Jésus au Temple

Maria Valtorta nous présente le départ de la Sainte Famille vers le Temple.

“...Au pied du petit escalier, Joseph attend Marie auprès d’un âne gris... Il regarde Marie et lui sourit. Quand Marie arrive près de l’âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche, et prend pour un moment le bébé qui dort tranquille, pour permettre à Marie de mieux s’installer sur la selle. Puis il lui rend Jésus et ils se mettent en marche...”

Les voici arrivés au Temple et Joseph achète deux blanches colombes. Suit une description incroyablement détaillée de l’intérieur du Temple. Et ici je ne peux m’empêcher de faire une remarque: on peut croire ou ne pas croire aux révélations des mystiques. Cela c’est l’affaire de chacun. Mais je n’arrive pas à imaginer qu’une personne qui a peu voyagé et qui est restée de longues années presque paralysée et alitée puisse imaginer les scènes auxquelles elle dit assister.

“Marie, qui en même temps que les colombes avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie, entre avec Joseph dans un vestibule fermé, accompagnée par le prêtre...”

La cérémonie de la Présentation est maintenant terminée et le prêtre s’en va. Il y a des gens qui regardent, et parmi eux, un petit vieux se dégage: c’est Siméon. “Il prend l’enfant, le baise. Jésus lui sourit... “ Maria Valtorta entend les paroles du vieillard, et voit le regard étonné de Joseph et l’émotion de Marie. Mais le sourire de Marie s’éteint ”en une vive pâleur lorsque Siméon lui annonce la douleur. Bien qu’elle sache, cette parole lui transperce l’âme.” 

Mais Anne, qui a pitié de Marie, “lui promet que l’Éternel adoucira l’heure de sa douleur en lui communiquant une force surnaturelle.”

L’adoration des mages

Les trois mages, très richement vêtus, montent l’escalier de la petite maison où réside la Sainte Famille.”Marie est assise avec l’Enfant sur son sein. Et Joseph debout à côté.” Suit le récit de l’adoration des mages. Quand tout est terminé les trois mages sortent, accompagnés de Marie et de Joseph. Car, durant tous ces évènements, Joseph est toujours près de Marie, mais toujours comme en retrait. Et Marie explique à Maria Valtorta les raisons de l’attitude de Joseph et les deux enseignements qui découlent de cette vision:

“Joseph sait se tenir à sa place... C’est Marie, avec son Jésus, qui reçoit les hommages et à qui est adressée la parole. Joseph s’en réjouit pour elle et ne se fait pas de souci d’être un personnage secondaire. Joseph est un juste, il est le Juste. Et il est juste toujours, même à cette heure... il reste humble et juste.

Il est heureux des cadeaux, mais pas pour lui... Il n’y a pas en Joseph de désir de richesses. C’est un travailleur, et il continuera de travailler. Mais que EUX, ses deux amours, aient un peu d’aise et de confort.

Joseph est humble, lui gardien de Dieu et de Celle qui était la Mère de Dieu et l’Épouse du Très-Haut. Jusqu’à présenter l’étrier à ces vassaux de Dieu. C’est un pauvre charpentier... Mais il est toujours de race royale et a les manières d’un roi. C’est pour lui aussi qu’a été dit: il était humble parce qu’il était vraiment grand.”

La fuite en Égypte

“C’est la nuit. Joseph dort sur sa couchette dans sa chambre minuscule... Dans son sommeil il sourit... mais son sourire se change en effroi... Il s’éveille en sursaut... Il se lève.” Il frappe doucement à la porte de la chambre de Marie qui prie, agenouillée près du berceau.

“Joseph parle à voix très basse pour ne pas éveiller le bébé, mais avec animation.

 Il faut partir tout de suite d’ici, mais tout de suite... A l’aube nous fuyons...

 Mais pourquoi cette fuite? s’inquiète Marie.

 Je t’expliquerai après, c’est pour Jésus. Un ange me l’a dit: Prends l’Enfant et sa Mère, et fuis en Égypte. Ne perds pas de temps. Je vais préparer tout ce que je puis.”

Maria Valtorta décrit ensuite toute la scène des préparatifs du départ. Joseph revient bientôt avec les ânes et dit: “Es-tu prête? Jésus l’est-il aussi? As-tu pris ses couvertures, sa petite couchette? Nous ne pouvons emporter le berceau, mais au moins, qu’il ait son petit matelas, le pauvre Petit qu’ils cherchent à faire mourir!”

Marie pousse un cri et pleure pendant que Joseph lui donne les explications.

 Pardonne-moi, Joseph! Ce n’est pas pour moi que je pleure, ni pour le peu de biens que je perds. c’est pour toi... Tu as déjà dû tellement te sacrifier!... Combien je te coûte Joseph!

 Combien? Non Marie. Tu ne me coûtes pas. Tu me consoles. Toujours...

Dès la première clarté de l’aube, ils sortent de la maison. Joseph dispose le coffre et les paquets sur les deux ânes. Puis ils montent en selle. La fuite commence.”

Quelques remarques de Jésus

Jésus fait quelques commentaires à propos des visions dont bénéficia Maria Valtorta et des souffrances qui furent celles de la Sainte Famille durant l’enfance de Jésus. Nous ne signalerons ici que celles où Saint Joseph se trouva impliqué.

“Ma mère a poussé un cri de joie quand, après quatre années environ, elle est retournée à Nazareth, quand elle est rentrée dans sa maison...Joseph a salué avec joie ses parents  et ses neveux, augmentés en nombre et grandis; il a joui de constater que ses concitoyens se souvenaient de lui et tout de suite ils le demandaient pour sa compétence... Pourtant, ni ma Mère, ni Joseph n’ont fait passer leur amour pour la maison et les parents avant la volonté de Dieu.”

Au sujet de la virginité de Marie contestée par tant de gens, Jésus déclare: “Elles sont très combattues  (niées), la virginité de Marie après l’enfantement et la chasteté de Joseph, par ceux qui, étant fange et pourriture n’admettent pas qu’une créature humaine comme eux, puisse  être ange et lumière... Marie fut et demeura vierge; son âme seulement fut mariée à Joseph, comme son esprit fut uniquement uni à l’Esprit de Dieu...”

Puis après avoir mis l’accent sur le sens biblique du mot “femme” Jésus déclare: “L’Ange, en disant “l’Enfant et la Mère de celui-ci” montre que Marie fut la vraie Mère de Jésus sans être la femme de Joseph. Elle restera toujours la Vierge épouse de Joseph... C’est une auréole qui resplendit sur la tête de Marie et de Joseph. La Vierge inviolée. L’homme chaste et juste.”

Dans un Chapitre ultérieur,[18] Jésus dira: “ Le regard de Joseph! Tranquille et pur comme la lumière d’une étoile qui ignore les concupiscences de la terre! C’était notre repos, notre force.”

La Sainte Famille en Égypte

Nous sommes en Égypte car Maria Valtorta voit le désert et une pyramide. Le soir arrive et Marie range son ouvrage... Elle s’en va à la rencontre de Joseph. “Je vois arriver un homme pas trop grand mais robuste. Je reconnais Joseph qui sourit... Il paraît avoir quarante ans au plus.... En voyant Jésus et Marie, il hâte le pas. Il a sur l’épaule gauche une espèce de scie et une sorte de rabot, et à la main il tient d’autres outils, de son métier... Il semble revenir de travailler de chez quelqu’un... Quand les trois se rencontrent, Joseph se penche pour présenter au Bébé un fruit qui par la forme et la couleur semble une pomme. Puis il tend les bras. Le Bébé laisse sa Mère et se blottit dans les bras de Joseph... Puis Joseph qui s’était accroupi pour se mettre au niveau de Jésus se relève, reprend de la main gauche ses outils et, avec le bras droit tient serré sur sa poitrine robuste, le petit Jésus...

Entré dans l’enceinte de la maison, Joseph met par terre le Bébé, prend le métier de Marie et le rentre, puis trait la chèvre. Jésus observe attentivement ces opérations et regarde Joseph qui enferme la chèvre dans un petit réduit construit sur le côté de la maison.”  C’est ensuite la description du repas et la prière: “C’est Joseph qui prie, et Marie qui répond.”

Autre scène de la vie de la Sainte famille

Maria Valtorta nous fait aussi assister à une scène particulièrement touchante au cours de laquelle Joseph, ayant apporté à Jésus des petits instruments de travail, adaptés à sa taille, lui apprend à travailler avec patience et amour. Et Jésus explique que Dieu, s’incarnant au milieu des hommes, n’avait pas voulu s’affranchir des règles de la croissance: “Joseph fut mon père nourricier... Il a eu pour Moi la tendresse d’une vraie mère. J’ai appris de lui et jamais élève n’eut un meilleur maître tout ce qui, d’un bambin, fait un homme, et un homme qui doit gagner son pain.” [19] 

Et Jésus s’attarde encore pour féliciter Saint Joseph: “A peine arrivé à l’âge où je pouvais manier les outils, il ne me laissa pas moisir dans l’oisiveté, il me mit au travail; et de mon amour pour Marie il se fit le premier auxiliaire pour m’encourager au travail. Confectionner des objets utiles pour la Maman, c’est ainsi qu’il inculquait le respect dû à la maman que tout fils devrait avoir. C’était sur ce levier du respect et de l’amour qu’il s’appuyait pour former le futur charpentier.”

C’est encore Jésus qui commente ces dernières scènes

”Joseph et Marie me possédaient, Moi, le vrai Dieu, comme leur fils...”

Malgré la grande pauvreté, la nostalgie du pays, la méfiance des gens, Marie et Joseph sont sereins: “Dans cette demeure plane la sérénité, le sourire et la concorde... Pour moi, ils ont un amour de croyants et de parents qui se manifeste avec mille soins... Père chéri de la terre, comme tu as été aimé de Dieu, de Dieu le Père du haut des cieux, de Dieu le Fils, devenu Sauveur sur la terre!... Marie et Joseph s’aiment tendrement, c’est tout. Et leur amour était parfait...

...Dans cette maison, on priait. On prie trop peu dans les maisons à présent.

...Dans cette maison, on était frugal. On l’aurait été même si l’argent n’avait pas manqué... Dans cette maison, on aimait le travail...

... Dans cette maison règne l’humilité... Joseph est le chef de maison que Dieu a jugé digne, si digne, d’être le chef de famille, de recevoir de Dieu la garde du Verbe Incarné et de l’Épouse de l’Éternel Esprit... Il se charge des plus humbles occupations d’une maison pour épargner les fatigues à Marie... Dans cette maison on respecte l’ordre surnaturel, moral, matériel. Dieu est le Chef suprême et c’est à Lui que l’on rend le culte et l’amour: ordre surnaturel. Joseph est le chef de la famille et on lui donne affection, respect, obéissance: c’est l’ordre moral.”

Plus loin Jésus ajoutera: “Joseph était le chef. Incontestée et indiscutable son autorité dans la famille. Devant elle s’inclinait respectueusement celle de l’Épouse et Mère de Dieu, et le Fils de Dieu s’y assujettissait.  Tout était bien fait de ce que Joseph décidait de faire, sans discussion, sans objection, sans résistance... Mais quelle humilité! Jamais un abus de pouvoir, jamais un vouloir déraisonnable venant du fait de son autorité.”

Jésus passe l’examen de sa majorité

Maria Valtorta nous fait assister à plusieurs autres scènes familiales particulièrement touchantes et à la bénédiction de Jésus avant le départ pour la cérémonie de sa majorité. Nous ne nous y arrêterons pas.

Par contre il a semblé utile de rapporter quelques épisodes de l’examen de Jésus au cours duquel Saint Joseph apparaît vraiment comme le père de Jésus. Joseph se sépare d’abord des femmes de la famille (les femmes ne pouvaient pas aller partout dans le Temple) et présente Jésus à la dizaine de docteurs présents: “C’est mon fils, dit Joseph, ... je veux qu’il soit majeur selon les préceptes d’Israël... Je vous prie de l’examiner avec bienveillance... Je l’ai préparé pour cette heure et pour la dignité de fils de la Loi qu’il dit recevoir. Il connaît les préceptes, les traditions, les décisions, les coutumes des parchemins et des phylactères... Il sait réciter les prières et les bénédictions quotidiennes. Il peut donc, connaissant la Loi elle-même et ses trois branches de l’Halascia, Midrasc et Agada se conduire en homme...”

Et voici quelques épisodes de l’examen :

 Nazaréen... Tu sais donc lire?

 Oui, Rabbi, je sais lire les paroles écrites et celles qui sont renfermées dans les paroles elles-mêmes.

 Que veux-tu dire?

 Je veux dire que je comprends aussi le sens de l’allégorie ou du symbole qui se cache sous l’apparence, comme la perle qui ne se voit pas, mais qui se trouve dans la coquille grossière et fermée.

 Réponse qui n’est pas commune, et qui est très sage. On entend cela rarement cela sur les lèvres d’un adulte; et puis chez un enfant... et Nazaréen par-dessus le marché!”

L’attention des docteurs se fait plus intense :

 Tu fais honneur à ton maître qui, assurément, est très savant.

 La sagesse de Dieu résidait dans son cœur juste.

 Mais écoutez-le! Heureux es-tu, père d’un tel fils!

Joseph qui est au fond de la salle sourit et s’incline.”

L’examen se poursuit, au milieu de l’étonnement général. Enfin un des maîtres présents déclare, à l’adresse de Joseph :

 Bravo! Homme, nous te conseillons de faire instruire ton fils par Hillel ou Gamaliel. C’est un Nazaréen... mais ses réponses font espérer qu’il sera un nouveau grand docteur.

 Le fils est majeur. Il fera comme il voudra. Pour moi, si sa volonté est honnête, je ne m’y opposerai pas.”

L’examen continue au grand émerveillement des assistants. Jésus est conduit “à la vraie synagogue. Ils passent dans une pièce plus vaste et plus décorée. Ici, première chose, on Lui raccourcit les cheveux. Joseph en recueille les boucles.... Puis on chante des psaumes, et Joseph, dans une longue prière, loue le Seigneur et appelle sur le Fils toutes les bénédictions. La cérémonie est finie. Jésus sort avec Joseph.” [20] 

Le recouvrement de Jésus au Temple vécu par Maria Valtorta n’apporte rien de nouveau à ce que l’Évangile raconte.  Par contre, la mort de Joseph, même si ce que raconte Maria Valtorta n’est pas article de foi, même si on ne croit pas ces paroles, a au moins le mérite de nous faire presque toucher du doigt l’amour qui régnait entre les membres de la Sainte Famille.

La mort de Saint Joseph

Jésus est à l’intérieur d’un atelier de menuisier... Il travaille sur un établi, activement mais calmement...Marie entre en toute hâte. Elle appelle Jésus, anxieuse, “et pose ses deux mains sur le bras de Jésus en un geste de supplication douloureuse.” Jésus la réconforte et s’en va avec elle, “laissant le travail et quittant son tablier.”

Ils entrent tous les deux dans une pièce pauvre mais bien rangée. Sur une couche basse, couverte de petits matelas est étendu Joseph. Il est mourant. Marie se place à sa gauche et lui prend la main. Jésus se met à sa droite. “Marie pleure très doucement, sans bruit, mais elle pleure. Les larmes coulent le long de ses joues pâles... Joseph se ranime et regarde fixement Jésus. Il lui donne la main comme pour dire quelque chose et pour trouver dans ce contact divin la force pour l’ultime épreuve. Jésus se penche sur cette main et la baise. Joseph sourit. Puis il se tourne pour regarder et chercher Marie et il lui sourit aussi. Marie s’agenouille près du lit, essayant de sourire, mais elle y réussit mal et incline la tête. Joseph lui pose la main sur la tête en une chaste caresse qui semble une bénédiction...”

Jésus prend dans ses mains la main de Joseph et, se penchant sur le mourant, il récite un psaume. Joseph se ranime un peu “et avec un sanglot, regarde Jésus et remue les lèvres comme pour le bénir. Mais il ne peut.” Jésus continue la prière et tout en priant parle à Joseph: “Tu l’as vue cette heure, père, et pour elle tu t’es fatigué. Tu as aidé l’arrivée de cette heure et le Seigneur t’en récompensera. Je te le dis, ajoute Jésus en essuyant une larme de joie qui descend lentement sur la joue de Joseph...

Merci, mon père, en mon nom et au nom de ma Mère. tu as été pour moi un père juste, et l’Éternel t’a confié la garde de son Christ et de son Arche sainte. Tu as été le flambeau allumé pour Lui, et pour le Fruit d’un sein sanctifié, tu as eu des entrailles de charité. Va en paix, père... Va en paix au lieu de ton repos... Précède-moi pour dire aux patriarches que le salut est venu en ce monde et que le Royaume des Cieux leur sera bientôt ouvert. Va père, que ma bénédiction t’accompagne.

Jésus a élevé la voix pour arriver jusqu’à l’esprit de Joseph qui s’enfonce dans les nuées de la mort. La fin est imminente. Le vieillard ne respire plus qu’à peine. Marie le caresse. Jésus s’assied sur le bord du lit. Il entoure et attire à Lui le mourant qui s’affaisse et s’éteint paisiblement...”

Nous pourrions nous arrêter ici. Mais peut-être est-il utile d’entendre encore l’enseignement de Marie à propos de Saint Joseph.

“Jésus, qui s’humilie pour l’amour de l’homme opère cependant des miracles dans l’anéantissement d’une vie commune. Il les opère en moi.... Il les opère en Joseph en lui ouvrant l’esprit à la lumière d’une vérité tellement élevée qu’il ne pouvait la comprendre avec ses seuls moyens bien qu’il fût un juste... Au début, Joseph était seulement un juste de son temps. Puis, par des étapes successives, il est devenu le ‘juste’ de l’ère chrétienne...

De l’union qu’il eut avec Jésus, Joseph reçut, humainement parlant, embarras, fatigues, persécutions, faim. Rien d’autre. Mais, parce qu’il s’attachait à Jésus seul, tout se changea en paix spirituelle, en joie surnaturelle. Je voudrais,  dit Marie, vous amener au point où en était mon époux quand il disait :

Même si nous devions n’avoir plus rien, nous posséderions toujours tout, car nous avons Jésus.” [21]



[1]”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 15 - Mort de Joachim et d’Anne

[2] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé”  - tome 1  - Chapitre 19

[3] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 20

[4] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 21

[5]”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 27

[6]  “L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” -  tome 1  - Chapitre 28

[7]  ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé”-   tome 1  - Chapitres 29 à 31

[8]  “L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” -  tome 1 -  Chapitre 34

[9] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 35

[10]”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” -  tome 1  - Chapitre 40

[11] En effet, car si Joseph n’avait pas dit OUI, Marie aurait été lapidée et Jésus serait mort.

[12]”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 41

[13] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé “- tome 1  - Chapitre 42

[14] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé “- tome 1  - Chapitre 43

[15] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 44

[16]”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 49

[17] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 52

[18] Chapitre 63

[19] ”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 63

[20]”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé “- tome 1  - Chapitre 67

[21] “L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1  - Chapitre 72.
 

   

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