Le tome 1 de l’oeuvre principale de
Maria Valtorta “Il poema dell’Uomo-Dio” (le titre de l’édition en
français
est : L’Évangile tel qu’il m’a été révélé) dont le sous-titre est: “La
préparation” est intégralement consacré à la famille et à l’enfance de Marie, à
Saint Joseph et à la vie de la Sainte Famille. Le Seigneur a permis, pour notre
instruction, que Maria Valtorta assistât, dans ses visions extraordinairement
précises, à un certain nombre de scènes particulièrement évocatrices sur ce que
fut la vie concrète de la Sainte Famille, depuis les fiançailles de Marie et de
Joseph, jusqu’à la mort de Joseph. Il a été dit dans l’introduction qu’un
travail sur Saint Joseph et sa place dans la Sainte Famille, ne pouvait être
complet sans que soient au moins résumées les visions des principales mystiques,
même si l’Église ne s’est pas encore prononcée sur l’héroïcité de leur vie et la
véracité de leurs écrits. C’est le cas de Maria Valtorta dont les visions sont
si évocatrices et si riches d’enseignements pour nous.
Remarque: Les visions de
Maria Valtorta sont particulières: Maria est véritablement intégrée aux scènes
qui se déroulent devant elle. Elle voit et elle entend comme tous les
visionnaires. Mais en plus, elle sent les odeurs; elle ressent les effets du
froid, de la chaleur, du vent, etc. Si pour une raison quelconque, Maria est
dérangée durant son travail qui consiste à raconter et à exposer dans les
moindres détails tout ce à quoi elle assiste, alors la vision se stabilise à
l’endroit où elle a dû s’interrompre. La vision continue à se dérouler dès que
Maria est redevenue libre pour travailler.
Comme on l’a déjà dit plusieurs
fois, il existe des différences, parfois importantes entre les récits des
différentes voyantes. Les voyantes ont expliqué elles-mêmes les raisons de ces
différences et l’on n’y reviendra pas. Il convient cependant de bien se
persuader que les visions reçues par les mystiques ne sont pas pour leur
satisfaction propre, mais elles sont destinées à l’enseignement du peuple
chrétien, dans le contexte particulier d’époques difficiles où la foi a besoin
d’être affermie et consolidée. Le Seigneur intervient alors, non pas pour
satisfaire des curiosités inutiles, voire malsaines, mais pour nous fortifier et
répondre aux questions fondamentales que nous pourrions nous poser.
Nota : Les notes en bas de
pages renvoient aux différents Chapitres du tome 1
Un jour, parlant de ses
grands-parents, Anne et Joachim, à l’occasion de leur mort, Jésus dit à Maria
Valtorta: “ Pour tous deux ce ne fut pas l’agonie, mais la langueur d’une vie
qui s’éteint comme s’éteint une étoile quand le soleil se lève à l’aurore. Et
s’ils n’eurent pas la consolation de me posséder, Moi, la Sagesse Incarnée,
comme plus tard l’eut Joseph, j’étais près d’eux, Invisible Présence, leur
disant de sublimes paroles, penché sur leur oreiller pour les endormir dans la
paix, en attendant le triomphe... La droiture de la conscience procure une mort
sereine et les prières des saints vous obtiennent pareille mort.”
[1]
Tous les mystiques rapportent
l’épisode, vrai ou faux, mais qui a certainement une signification symbolique,
du rameau fleuri de Joseph. Les détails de cet épisode sont sans intérêt pour
notre étude, sinon de nous faire pressentir quelques traits du caractère de
celui qui deviendra le gardien de Marie et du Fils de Dieu. Voici:
“Je vois Joseph. Il parle avec
un vieillard bien portant. Joseph est sur les trente ans. Un bel homme aux
cheveux courts et plutôt épais, d’un brun châtain comme la barbe et les
moustaches qui ombragent un beau menton et montent vers les joues brun rouge,
pas olivâtres comme chez les autres bruns; il a les yeux sombres, bons et
profonds, très sérieux, je dirais presque un peu tristes, mais pourtant, quand
il sourit comme à présent, ils expriment la joie et la jeunesse.”
Suivent la scène du rameau fleuri
et l’entrée du Grand-Prêtre qui dit: “Dieu a parlé en se faisant père et
tuteur de la Vierge de David qui n’a que Lui comme seule protection. Sainte
enfant, gloire du Temple et de sa race, elle a mérité que la Parole de Dieu lui
fasse connaître le nom de l’époux agréable à l’Éternel. Vraiment juste doit être
celui-là, l’élu du Seigneur pour être le tuteur de la Vierge qui lui est si
chère... A celui que Dieu a désigné nous confions en toute sécurité la Vierge
sur laquelle repose la bénédiction de Dieu et la nôtre. Le nom de l’époux est
Joseph de Jacob, de Bethléem, de la tribu de David, charpentier à Nazareth de
Galilée. Joseph, avance, c’est le Grand-Prêtre qui te l’ordonne...
Joseph tout rouge et gêné
s’avance. Le grand-prêtre donne à Joseph le rameau fleuri et puis lui met la
main sur l’épaule en disant: “Elle n’est pas riche, et tu le sais, l’épouse que
Dieu te donne. Mais en elle tout est vertu. Sois en toujours plus digne.
Joseph se tient humblement près
du Prêtre majestueux...
Marie entre avec Zacharie et
Anne de Phanuel.
― Viens,
Marie, dit le Pontife. Voici l’époux que Dieu te destine. C’est Joseph de
Nazareth. Tu retourneras donc dans ta cité. Maintenant je vous laisse. Dieu vous
donne sa bénédiction, que le Seigneur vous garde et vous bénisse, qu’Il vous
montre sa face et ait pitié de vous, toujours. Qu’Il tourne vers vous son visage
et vous donne la paix.”
Les deux fiancés sont maintenant
en face l’un de l’autre, seuls et très émus. Enfin un sourire éclaire le visage
de Joseph:
“Je te salue, Marie. Je t’ai vue
toute petite alors que tu avais quelques jours. J’étais l’ami de ton père... Tu
ne nous connais pas encore parce que tu es venue ici toute petite. Mais à
Nazareth tout le monde t’aime bien et parle de la petite Marie de Joachim dont
la naissance fut un miracle du Seigneur qui fit refleurir la stérile...
... C’est moi qui ai fait ton
berceau, un petit berceau orné de roses sculptées comme le voulait ta mère...
Quand tu es née , je faisais mon apprentissage. Je travaillais déjà... J’ai
enseveli ton père, le pleurant d’un coeur sincère car il avait été un bon maître
pour ma vie.”
Marie redresse la tête peu à
peu, rassurée, et quand Joseph lui parle de son père, elle lui tend la main et
lui dit: “Merci, Joseph.” Et Marie se tait de nouveau. Joseph prend sa petite
main et la caresse avec affection, comme pour la rassurer. Puis il lui parle de
sa maison, abandonnée depuis longtemps mais intacte, et de ce qu’il compte faire
pour l’améliorer et soigner le jardin.
Soudain Joseph lui tend le
rameau d’amandier et lui dit: “Regarde, c’est un rameau de l’amandier qui touche
la maison. J’ai voulu le cueillir dans le cas où le choix serait tombé sur moi,
mais je ne l’espérais pas parce que je suis naziréen et j’ai obéi à la
convocation parce qu’elle émanait du prêtre, non par désir du mariage... Je l’ai
donc cueilli en pensant que tu serais contente d’avoir une fleur de ton jardin.
Le voilà, Marie. Avec lui je te donne mon coeur qui, jusqu’à présent, n’a fleuri
que pour le Seigneur et maintenant fleurit pour toi, mon épouse.
Émue, Marie prend le rameau.
Quand il dit: ”Je suis naziréen”, son visage s’éclaire. Elle dit: “Moi aussi,
j’appartiens toute à Dieu, Joseph. Je ne sais si le Grand-Prêtre te l’a dit...
Tout enfant, je me suis consacrée au Seigneur. Je sais que cela ne se fait pas
en Israël, mais j’ai entendu une voix qui me demandait ma virginité en sacrifice
d’amour pour l’avènement du Messie. Il y a si longtemps qu’Israël l’attend. Ce
n’est vraiment pas trop de renoncer pour cela à la joie d’être mère...”
Et Joseph lui répond: “Moi
aussi, j’unirai mon sacrifice au tien, et par notre chasteté nous témoignerons
tant d’amour à l’Éternel, tant d’amour, que Lui donnera plus tôt le Sauveur à
toute la terre...” La conversation continue pendant quelques instants, et
Joseph dit: “Je viendrai te prendre dès que la maison sera bien rangée... Je la
veux très propre pour qu’elle t’accueille sans tristesse.”
[2]
Deux mois plus tard, c’est le
mariage, au Temple. Peu de temps avant la cérémonie, Anne de Phanuel
l’appelle“Ma fille” et la baise avec des sentiments très maternels. Marie lui
confie alors comment Joseph a accepté son voeu. Alors Anne de Phanuel n’a qu’un
mot: “C’est un jeune saint!”
Juste avant la cérémonie,
Joseph, en a-parte, dit à Marie: “J’ai pensé ces temps-ci à ton voeu. Je t’ai
dit que je le partage, mais plus j’y pense et plus je comprends que le naziréat
temporaire, même renouvelé plusieurs fois, ne suffit pas. Je t’ai comprise,
Marie. Je ne mérite pas encore la parole de Lumière, mais un murmure me vient.
Et cela me fait lire ton secret au moins dans ses lignes les plus fortes... Je
mets à tes pieds mon trésor. Pour toujours. Ma chasteté absolue pour être digne
d’être près de toi, Vierge de Dieu, “soeur mon épouse, jardin fermé, fontaine
scellée, comme l’a dit notre aïeul qui peut-être écrivit le Cantique en te
voyant, toi... “
C’est le Grand-Prêtre lui-même
qui entre. On s’étonne dans l’assistance curieuse, et quelqu’un dit: “Oui. Elle
est de maison royale et sacerdotale, fleur de David et d’Aaron. L’épouse est une
vierge du Temple. L’époux est de la tribu de David.”
Le Pontife met la main droite de
l’épouse dans celle et l’époux et les bénit solennellement... Puis il se retire.
Marie est l’épouse de Joseph.
[3]
Souvent Jésus donne à Maria
Valtorta quelques explications sur les scènes auxquelles ses visions l’ont fait
assister. Ici, Jésus s’attarde longuement sur la sagesse de Saint Joseph. Après
avoir cité le livre de la Sagesse, Jésus dit: “Tu vois comment Joseph, non
par culture humaine mais par surnaturelle instruction, sait lire dans le livre
scellé de la Vierge sans tache, et comme il frôle par sa “vue” les vérités
prophétiques en voyant un mystère surhumain là où les autres ne voient qu’une
grande vertu... Il se dirige d’un esprit tranquille et sûr dans la mer de ce
mystère de grâce qu’est Marie... La sagesse du Juste s’accroît par l’union et la
présence de la toute Grâce... d’un juste elle en fait un saint, et, d’un saint,
le gardien de l’Épouse et du Fils de Dieu.
La nouvelle Ève est là devant
lui, non pas os de ses os, ni chair de sa chair, mais compagne de sa vie. Arche
vivante de Dieu dont il reçoit la tutelle et qu’il doit rendre à Dieu pure comme
il l’a reçue... En ce temps de grâce, il voit et il se met au service plus vrai
de Dieu...
Joseph n’était pas au Golgotha?
Il semble qu’il ne soit pas avec les corédempteurs. En vérité, je vous dis
qu’il en fut le premier et pour cela il est grand aux yeux de Dieu. Grand par le
sacrifice, la patience, la constance dans la foi. Quelle foi plus grande que le
foi de celui qui a cru sans avoir vu les miracles du Messie.
Louange à mon père putatif,
exemple de ce qui vous manque le plus: pureté, fidélité, amour parfait...”
[4]
Marie et Joseph sont venus de
Jérusalem à Nazareth dans un char. Dans la rue principale, ce char avance au
pas :
― ”Voici
ta maison, Marie, dit Joseph, en indiquant avec le fouet une petite maison...
située en bas d’une ondulation de la colline...
― Il
t’est resté peu de chose, dit Zacharie, qui accompagne les mariés...
― Oh! que
ce soit peu de chose, n’importe! dit Marie. Cela me suffira toujours. Je
travaillerai.
― Non,
Marie.C’est moi qui travaillerai, dit Joseph. Tu ne feras que les travaux de
lingerie, de couture, de la maison. Je suis jeune et fort, et je suis ton époux.
Ne me mortifie pas avec ton travail.
― Je
ferai comme tu veux.”
Ils sont arrivés. Des membres de
la famille de Joseph les accueillent. Les caisses sont déchargées et portées à
la maison. On entre. “Joseph prend Marie par la main et il entre ainsi. Sur le
seuil, il lui dit:
― Et à
présent, sur ce seuil, je veux de toi une promesse. Que n’importe quelle chose
survienne ou qui t’arrive, que tu n’aies d’autre ami, d’autre aide vers qui te
tourner que vers Joseph, et que, pour aucun motif tu n’aies à t’enfermer dans ta
peine. Je suis tout entier à ta disposition, rappelle-toi et ce sera ma joie de
rendre heureux ton chemin et, puisque le bonheur n’est pas toujours en notre
pouvoir, au moins de te le faire paisible et sûr.
― Je te
le promets, Joseph.”
Puis Joseph lui montre les travaux
qu’il a faits dans la maison... Enfin il salue et sort.
“C’est le soir. Joseph vient
visiter Marie. Joseph raconte sa journée et donne quelques nouvelles. Joseph
regarde Marie avec un regard d’amour angélique, et soudain Marie se décide :
― Joseph,
j’ai aussi quelque chose à te dire... J’ai appris que notre parente Élisabeth,
femme de Zacharie, attend un enfant.
― A cet
âge?
― A cet
âge répond Marie en souriant. Le Seigneur peut tout et Il a voulu donner cette
joie à notre parente.
― Comment
le sais-tu? La nouvelle est-elle sûre?
― Il est
venu un messager, quelqu’un qui ne saurait mentir. Je voudrais aller chez
Élisabeth pour lui rendre service et lui dire que je me réjouis avec elle. Si tu
le permets...
― Marie,
tu es mon épouse, et moi je suis ton serviteur. Tout ce que tu fais est bien
fait. Quand veux-tu partir?
― Le plus
tôt possible, mais je resterai là-bas des mois entiers.
Joseph se lève, salue Marie et
sort. Marie le regarde sortir. “Elle pousse un soupir comme si elle était
peinée. Elle lève les yeux au ciel et prie certainement.”
[5]
Marie avait donné son amour à
Joseph et avait apprécié sa sainteté. Auprès de lui elle se sentait en sécurité.
Maintenant, comment allait-elle lui dire qu’elle allait être mère? Elle confie à
Maria Valtorta: “Pendant que je priais, l’Esprit-Saint dont j’étais remplie
m’avait dit: “Tais-toi. Laisse-moi le soin de te justifier auprès de ton époux.”
Marie avait une confiance divine
parce que Dieu était à elle: “Oh! joie! Être une avec Dieu. Non pas pour ma
gloire, mais pour L’aimer dans une union totale, mais pour pouvoir Lui dire:
Toi, Toi seul qui es en moi, agis avec ta divine perfection en tout ce que je
fais...” J’ai obéi au divin commandement et, pendant des mois, à partir de ce
moment, j’ai senti la première blessure qui me faisait saigner le coeur.”
[6]
Voici deux ânes, un pour Joseph,
l’autre pour Marie. “Les voilà désormais en pleine campagne et ils cheminent
l’un près de l’autre. Ils parlent rarement. Joseph pense à ses affaires et Marie
suit ses pensées et, recueillie comme elle l’est en ses pensées, elle leur
sourit et sourit aux choses qui l’entourent. Parfois elle regarde Joseph, et un
voile de tristesse lui assombrit le visage...
Ils doivent s’arrêter pour se
mettre à l’abri d’une averse violente... Ils se sont mis à l’abri de la
colline, sous la saillie d’un rocher qui les protège du plus gros de la pluie.
Joseph veut absolument que Marie prenne son manteau de laine imperméable sur
lequel l’eau coule sans le mouiller...
Nous sommes à Jérusalem... Les
deux époux se dirigent d’abord vers le Temple.” Joseph a trouvé un petit
vieux qui accompagnera Marie jusque chez ses parents.
La Vierge Marie donne, à propos de
Joseph, quelques conseils à Maria Valtorta, donc à nous.“J’attire ton
attention sur l’habitude constante de Joseph et la mienne, de donner toujours la
première place à la prière... Elle était l’amie fidèle de notre âme. Elle nous
détachait de la terre, de l’exil, elle nous tournait vers les hauteurs du Ciel,
la Patrie... Joseph se sentait uni à Dieu quand il priait, parce que notre
prière était une adoration véritable de tout l’être qui se fondait en Dieu en
l’adorant et recevant ensuite son embrassement...
La terre a besoin d’un bain de
prières pour se purifier des fautes qui attirent les châtiments de Dieu.”
[7]
Suit le récit de la Visitation et
du séjour de Marie chez Zacharie. Un jour, les deux femmes parlent de leurs deux
enfants à naître, et soudain Marie s’écrie :
― ”Comme
je l’aimerai mon Enfant! Mon Fils! Joseph aussi l’aimera!
― Mais tu
devrais le lui dire, à Joseph, dit Élisabeth.
Marie s’assombrit et soupire:
― ...
Non. j’ai remis à Dieu le soin de l’instruire de son heureux sort de nourricier
du fils de Dieu. Il s’en chargera. L’Esprit m’a dit, ce soir: “Tais-toi,
laisse-moi le soin, je te justifierai.” Et il le fera. Dieu ne ment jamais.
C’est une grande épreuve, mais avec l’aide de l’Éternel, elle sera surmontée. En
dehors de toi à qui l’Esprit l’a révélé, personne ne doit connaître par ma
bouche la bienveillance du Seigneur à l’égard de sa servante... Les secrets de
Dieu sont saints.”
[8]
La Vierge Marie ajoute, pour
l’instruction de Maria Valtorta : “Quelle paix dans la maison d’Élisabeth! Si
je n’avais pas eu la pensée de Joseph et celle de mon Enfant qui devait
racheter le monde, j’aurais été heureuse. Mais déjà la Croix projetait son ombre
sur ma vie...”
[9]
Il y a maintenant quatre mois que
Marie est chez Élisabeth et Zacharie, lequel a retrouvé sa voix lors de la
Circoncision du petit Jean. Le soir de la présentation, Joseph vient chercher
Marie pour la ramener à Nazareth.
“Marie parle très peu. Elle
reste tranquille et silencieuse assise dans son coin, les mains sur son sein,
sous son manteau... Elle regarde Joseph avec un mélange de peine et
d’inquiétude. Lui aussi la regarde, et après quelque temps, se penchant sur son
épaule, lui demande:
― Es-tu
fatiguée? Souffres-tu? Tu es pâle et triste.
― J’ai de
la peine de me séparer du petit Jean. Je l’aime bien. Je l’ai porté sur mon
coeur presque dès sa naissance.
Joseph ne pose pas d’autres
questions.”
C’est bientôt le départ de Marie et
de Joseph. Ils montent sur leurs ânes, comme à l’aller. “Je remarque, dit
Maria Valtorta, que Joseph regarde Marie quand elle monte en selle, mais il
ne dit rien.”
[10]
“Mon Joseph a eu sa Passion. Et
elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle dura
des jours, comme pour Jésus et pour moi. Et spirituellement elle ne fut pas
moins douloureuse. C’est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux,
qu’elle s’est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu’elle est
passée peu connue à travers les siècles.
Oh! notre première Passion! Qui
peut en dire l’intime et silencieuse intensité? Qui peut dire ma douleur en
constatant que le Ciel ne m’avait pas encore exaucée en révélant à Joseph le
mystère... Qui peut dire mon combat contre le découragement qui tentait de
m’accabler pour me persuader que j’avais espéré en vain dans le Seigneur? Oh! je
crois que ce fut une rage de Satan! Je sentais le doute me saisir aux épaules et
allonger ses tentacules pour emprisonner mon âme et l’arrêter dans sa prière.
Qui pourrait dire avec une
exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections,..
En apparence, c’était un homme trahi par sa femme. Il voyait crouler en même
temps son bon renom et l’estime du monde à cause d’elle. Il se voyait déjà
montré du doigt et l’objet de la compassion du pays. Il voyait l’amour et
l’estime qu’il avait pour moi tomber morts devant l’évidence du fait.
... Je veux que vous l’aimiez,
mon Joseph, cet homme sage et prudent, patient et bon qui n’est pas étranger au
mystère de la Rédemption auquel il a été infiniment lié, parce qu’il usa sa
douleur et lui-même pour celui-ci, en sauvant le Sauveur au prix de son
sacrifice et par sa grande sainteté.
S’il avait été moins saint, il
aurait agi humainement en me dénonçant comme adultère pour me faire lapider et
faire périr avec moi le fruit de mon péché. S’il avait été moins saint, Dieu ne
lui aurait pas donné la lumière pour le guider dans une telle épreuve...
Mais Joseph était saint... Et
par sa charité il vous sauva le Sauveur,
[11] tant en
ne me dénonçant pas auprès des anciens, qu’en laissant tout par une prompte
obéissance pour emmener Jésus en Égypte. Journées peu nombreuses, mais terribles
par leur intensité, celles de la passion de Joseph et de ma première passion...
Car je comprenais sa souffrance et ne pouvais la lui enlever aucunement pour
rester fidèle à l’ordre de Dieu qui m’avait dit: “Tais-toi!”... Et moi, seule
dans ma maison... je dus résister au découragement, aux insinuations de Satan et
espérer, espérer, espérer. Et prier, prier, prier. Et pardonner, pardonner,
pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné.”
[12]
Marie est chez elle, pâle et
triste. Tout est silencieux... Soudain on frappe à la porte. C’est Joseph dont
le regard paraît suppliant. Les deux époux se taisent, puis Marie dit enfin :
― ”Parle
Joseph, qu’est-ce que tu veux?
― Ton
pardon.
― Mon
pardon? Je n’ai rien à te pardonner, Joseph...
Joseph la regarde, et deux
grosses larmes se forment dans la cavité de son œil profond.
― Pardon,
Marie. j’ai manqué de confiance. Maintenant, je sais. Je suis indigne d’avoir
un tel trésor...
― Oh!
non! Tu n’as pas manqué!
― Oui,
Marie. Si j’avais été accusé d’un pareil crime, je me serais défendu. Toi... Je
ne t’ai pas permis de te défendre, puisque j’allais prendre une décision sans
t’interroger... Je ne t’ai pas connue comme je le devais. Mais pour la douleur
que j’ai soufferte, trois journées de supplice, pardonne-moi, Marie.
― Je n’ai
rien à te pardonner. mais plutôt je te demande pardon de la douleur que je t’ai
causée.
― ...
mais pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de me cacher à moi, ton époux,
ta gloire, et permettre que je te soupçonne.?
― ... et
puis j’ai obéi... Dieu m’a demandé cette obéissance. Elle m’a couté tellement...
pour toi, pour la douleur que tu en éprouverais. Mais je n’avais qu’à obéir. Je
suis la servante de Dieu et les serviteurs ne discutent pas les ordres qu’ils
reçoivent. Ils les exécutent, Joseph, même s’ils leur font pleurer du sang.”
Marie pleure en disant cela.
Immédiatement Joseph se décide.
Les festivités de son mariage auront lieu très rapidement. Joseph exulte de joie
à la pensée de recevoir bientôt, dans sa maison, son Dieu, le fils de David.
[13]
La Sainte Vierge Marie nous donne
encore quelques enseignements...
“Je souffrais de la douleur de
Joseph... Je t’ai fait voir cette scène qu’aucun Évangile ne rapporte parce que
je voulais attirer l’attention des hommes trop étrangère aux conditions
essentielles pour plaire à Dieu et recevoir dans le coeur sa continuelle
venue...
Joseph vivait la foi. “Il a cru
aveuglément à la parole du messager céleste.” Il a vécu la Loi qui dit: “Aime
ton prochain comme toi-même.” Il faut savoir pardonner tout de suite, en
accordant toutes les circonstances atténuantes au coupable.
Il faut savoir être humble, de
l’humilité qui sait dire: Je me suis trompé...” Et, ajoute Marie: “Et l’humilité
encore plus difficile, celle qui sait tenir cachées les merveilles de Dieu en
nous, quand il n’est pas nécessaire de les faire connaître pour lui en donner la
louange, pour ne pas déprécier le prochain qui n’a pas reçu ces dons
particuliers de Dieu. “ Car, s’il le veut, Dieu se révèle Lui-même en son
serviteur... “Restez dans l’ombre et dans le silence, ô privilégiés de la grâce,
pour pouvoir entendre les uniques paroles qui sont vie.”
[14]
Joseph rentre du village. Il dit:
“Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C’est l’ordre de
recensement de tous les palestiniens. il faut aller nous faire inscrire au lieu
d’origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem.” Marie sourit intérieurement
en pensant aux saintes Écritures: “Et toi, Bethléen Ephrata, tu es le plus petit
canton de Juda, mais de toi sortira le Dominateur, le Dominateur promis à la
race de David.” Mais Joseph est désemparé en pensant aux difficultés du voyage,
avec une femme sur le point d’accoucher. C’est Marie qui doit rassurer Joseph:
“N’aie pas peur, Joseph... Rien ne peut arriver. Dieu est avec nous.”
[15]
Il est inutile de s’attarder sur
les circonstances décrites par Maria Valtorta. Par contre, il paraît intéressant
de noter les prévenances, les gentillesses, l’amour de Joseph envers Marie.
Joseph ne cesse de s’inquiéter de la santé de Marie, de son confort, de ses
besoins. Il fait tout pour éviter à Marie les moindres fatigues, au moins autant
que cela lui est possible, dans les conditions pénibles du voyage, et surtout
lors de la recherche d’un logement pour la nuit, et de la préparation de la
crèche de B..., de Noël.
Joseph a allumé un petit feu pour
attiédir un peu l’atmosphère de la grotte. Il s’était assoupi pendant un
moment, vaincu par les fatigues de la journée. Maintenant il s’éveille et
s’inquiète de Marie qui le rassure... Alors Joseph s’agenouille près du feu et
prie. Tout est parfaitement calme. La grotte peut s’illuminer, le Fils de Dieu
peut naître... C’est l’intensité de la lumière qui sort Joseph de sa prière
extatique:
“Joseph voit filtrer entre ses
doigts une lumière étrange. Il découvre son visage, lève la tête, se retourne...
Marie l’appelle.” Joseph hésite, Marie insiste et “les deux époux se rencontrent
et se regardent en pleurant de bonheur. Viens, dit Marie, offrons Jésus au
Père.”
Marie doit encore insister pour
que Joseph accepte de prendre Jésus dans ses bras. Car Joseph est “tout effrayé,
anéanti de devoir toucher Dieu.” Marie insiste plus fortement et quand il tient
Jésus entre ses bras “il le serre contre son coeur en éclatant en sanglots: “Oh!
Seigneur! mon Dieu!” puis il se penche pour baiser ses petits pieds et les sent
glacés. Alors il s’assoit sur le sol, serre Jésus sur son sein. Avec son habit
marron, avec ses mains, il s’ingénie à le couvrir, à le réchauffer... “
On habille l’Enfant Jésus. On
cherche un endroit où le déposer, on découvre la mangeoire et Joseph la
transforme en un petit berceau... On arrange dessus le manteau de Marie. Jésus
peut dormir son premier sommeil sur la terre.
Les bergers arrivent à la crèche,
regardent discrètement mais n’osent pas entrer. L’un d’eux soupire bruyamment.
“Joseph se retourne et vient à la porte (ou plutôt près de la couverture qui
sert de porte). ― Qui êtes-vous?
― Des
bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer
le Sauveur.
― Entrez!”
dit Joseph. Et tous les bergers, soudain enhardis, s’avancent avec leurs
cadeaux.”
[16]
Cette scène de la visite de
Zacharie à la Sainte Famille n’est pas racontée par les Évangélistes. Écoutons
Maria Valtorta raconter sa vision:
“Je vois une longue pièce... Je
comprends que je suis dans une maison hospitalière qui a accueilli la Sainte
Famille. Et j’assiste à l’arrivée de Zacharie...
Joseph ouvre et pousse une
exclamation de joie en voyant Zacharie...
J’entends Joseph qui lui demande
des nouvelles du petit Jean et Zacharie répond: il pousse vigoureusement comme
un petit poulain... Élisabeth n’est pas venue car il fait très froid.
― En
effet, le temps est très froid, répond Joseph.
La scène continue, une scène
ordinaire de la vie de tous les hommes. Cette scène n’apporte rien sur le plan
théologique. Il a semblé cependant utile de mentionner que Joseph et Marie,
patrons de toutes les familles, ont vécu comme nous, attentifs aux besoins des
autres, sachant recevoir, heureux même de recevoir des visites et de revoir leur
famille. Les Saints, même les plus grands et les plus sublimes, quand ils sont
encore sur la terre, savent vivre saintement la vie que Dieu leur envoie, la vie
toute simple, la vie de tous les jours. C’est peut-être cela la sainteté.
Maria Valtorta présente ensuite une
scène étonnante. Tandis que Marie et Joseph pensent rentrer bientôt à Nazareth,
Zacharie déclare: “Nazareth? Mais vous devez rester ici. Le Messie doit
grandir à Bethléem. C’est la Cité de David... Et puis, ici, près de moi, je
pourrai vous aider quelque peu et mettre tout ce que j’ai, non seulement de
biens matériels, mais de qualités morales au service de ce Nouveau-né. Et quand
il sera en âge de comprendre, je serai heureux de Lui servir de maître comme à
mon enfant... Lui, bien sûr, possédera la sagesse, mais aussi le seul fait qu’un
prêtre Lui ait servi de maître le fera accepter plus facilement par les
pharisiens exigeants et les scribes. Cela facilitera sa mission.”
Pauvre Zacharie! Généreux, mais un
peu présomptueux. Les évènements montreront bientôt que les voies de Dieu ne
sont pas celles des hommes.
Marie et Joseph, dans la douleur,
acceptent cette proposition: ils resteront à Bethléem, malgré les sacrifices que
cela suppose.
La Vierge Marie fait à ce moment
une digression pour enseigner Maria Valtorta et lui montrer la sainteté de son
Saint époux.
“... Pour l’instant je t’élève
l’esprit en te montrant la sainteté de Joseph. C’était un homme, c’est-à-dire
qu’il n’avait d’autre aide pour son esprit que sa sainteté... Lui, n’était pas
immaculé. Il portait en lui l’humanité avec sa lourde pesanteur et il devait,
avec tout ce poids, s’élever vers la perfection, au prix d’un effort
incessant...
Oh! mon saint époux! Saint en
toutes choses, même les plus humbles de l’existence. Saint pour sa chasteté
angélique. Saint pour son honnêteté d’homme. Saint pour sa patience, pour son
ardeur au travail, pour sa sérénité toujours égale, pour sa modestie, pour
tout....
On l’a fait protecteur des
familles chrétiennes et des travailleurs et de tant de catégories. Mais ce n’est
pas seulement des agonisants, des époux, des travailleurs, c’est aussi des âmes
consacrées dont on devrait faire le protecteur. Qui, parmi les consacrés de ce
monde au service de Dieu, quel qu’il soit, s’est-il consacré, comme lui au
service de son Dieu, acceptant tout, renonçant à tout, supportant tout,
accomplissant tout avec promptitude, gaieté, bonne humeur constante, comme il
l’a fait? Il n’y en a aucun.
... Zacharie est prêtre. Joseph
ne l’est pas. Mais regarde comme lui, qui ne l’est pas, a l’esprit tourné vers
le ciel plus que le prêtre. Zacharie pense humainement.” Il veut être utile à
Jésus, “non pas utile comme Joseph veut l’être en le servant, mais utile en lui
servant de maître!” Et Marie achève son enseignement par une longue digression
sur les âmes sacerdotales, enseignement que tous les prêtres devraient lire.”
(pages 193 et 194)
[17]
Maria Valtorta nous présente le
départ de la Sainte Famille vers le Temple.
“...Au pied du petit escalier,
Joseph attend Marie auprès d’un âne gris... Il regarde Marie et lui sourit.
Quand Marie arrive près de l’âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche,
et prend pour un moment le bébé qui dort tranquille, pour permettre à Marie de
mieux s’installer sur la selle. Puis il lui rend Jésus et ils se mettent en
marche...”
Les voici arrivés au Temple et
Joseph achète deux blanches colombes. Suit une description incroyablement
détaillée de l’intérieur du Temple. Et ici je ne peux m’empêcher de faire une
remarque: on peut croire ou ne pas croire aux révélations des mystiques. Cela
c’est l’affaire de chacun. Mais je n’arrive pas à imaginer qu’une personne qui a
peu voyagé et qui est restée de longues années presque paralysée et alitée
puisse imaginer les scènes auxquelles elle dit assister.
“Marie, qui en même temps que
les colombes avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie, entre avec
Joseph dans un vestibule fermé, accompagnée par le prêtre...”
La cérémonie de la Présentation est
maintenant terminée et le prêtre s’en va. Il y a des gens qui regardent, et
parmi eux, un petit vieux se dégage: c’est Siméon. “Il prend l’enfant, le
baise. Jésus lui sourit... “ Maria Valtorta entend les paroles du vieillard,
et voit le regard étonné de Joseph et l’émotion de Marie. Mais le sourire de
Marie s’éteint ”en une vive pâleur lorsque Siméon lui annonce la douleur.
Bien qu’elle sache, cette parole lui transperce l’âme.”
Mais Anne, qui a pitié de Marie,
“lui promet que l’Éternel adoucira l’heure de sa douleur en lui communiquant une
force surnaturelle.”
Les trois mages, très richement
vêtus, montent l’escalier de la petite maison où réside la Sainte Famille.”Marie
est assise avec l’Enfant sur son sein. Et Joseph debout à côté.” Suit le
récit de l’adoration des mages. Quand tout est terminé les trois mages sortent,
accompagnés de Marie et de Joseph. Car, durant tous ces évènements, Joseph est
toujours près de Marie, mais toujours comme en retrait. Et Marie explique à
Maria Valtorta les raisons de l’attitude de Joseph et les deux enseignements qui
découlent de cette vision:
“Joseph sait se tenir à sa
place... C’est Marie, avec son Jésus, qui reçoit les hommages et à qui est
adressée la parole. Joseph s’en réjouit pour elle et ne se fait pas de souci
d’être un personnage secondaire. Joseph est un juste, il est le Juste. Et il est
juste toujours, même à cette heure... il reste humble et juste.
Il est heureux des cadeaux, mais
pas pour lui... Il n’y a pas en Joseph de désir de richesses. C’est un
travailleur, et il continuera de travailler. Mais que EUX, ses deux amours,
aient un peu d’aise et de confort.
Joseph est humble, lui gardien
de Dieu et de Celle qui était la Mère de Dieu et l’Épouse du Très-Haut. Jusqu’à
présenter l’étrier à ces vassaux de Dieu. C’est un pauvre charpentier... Mais il
est toujours de race royale et a les manières d’un roi. C’est pour lui aussi
qu’a été dit: il était humble parce qu’il était vraiment grand.”
“C’est la nuit. Joseph dort sur
sa couchette dans sa chambre minuscule... Dans son sommeil il sourit... mais son
sourire se change en effroi... Il s’éveille en sursaut... Il se lève.” Il
frappe doucement à la porte de la chambre de Marie qui prie, agenouillée près du
berceau.
“Joseph parle à voix très basse
pour ne pas éveiller le bébé, mais avec animation.
― Il faut
partir tout de suite d’ici, mais tout de suite... A l’aube nous fuyons...
― Mais
pourquoi cette fuite? s’inquiète Marie.
― Je
t’expliquerai après, c’est pour Jésus. Un ange me l’a dit: Prends l’Enfant et sa
Mère, et fuis en Égypte. Ne perds pas de temps. Je vais préparer tout ce que je
puis.”
Maria Valtorta décrit ensuite
toute la scène des préparatifs du départ. Joseph revient bientôt avec les ânes
et dit: “Es-tu prête? Jésus l’est-il aussi? As-tu pris ses couvertures, sa
petite couchette? Nous ne pouvons emporter le berceau, mais au moins, qu’il ait
son petit matelas, le pauvre Petit qu’ils cherchent à faire mourir!”
Marie pousse un cri et pleure
pendant que Joseph lui donne les explications.
“― Pardonne-moi,
Joseph! Ce n’est pas pour moi que je pleure, ni pour le peu de biens que je
perds. c’est pour toi... Tu as déjà dû tellement te sacrifier!... Combien je te
coûte Joseph!
― Combien?
Non Marie. Tu ne me coûtes pas. Tu me consoles. Toujours...
Dès la première clarté de
l’aube, ils sortent de la maison. Joseph dispose le coffre et les paquets sur
les deux ânes. Puis ils montent en selle. La fuite commence.”
Jésus fait quelques commentaires à
propos des visions dont bénéficia Maria Valtorta et des souffrances qui furent
celles de la Sainte Famille durant l’enfance de Jésus. Nous ne signalerons ici
que celles où Saint Joseph se trouva impliqué.
“Ma mère a poussé un cri de joie
quand, après quatre années environ, elle est retournée à Nazareth, quand elle
est rentrée dans sa maison...Joseph a salué avec joie ses parents et ses
neveux, augmentés en nombre et grandis; il a joui de constater que ses
concitoyens se souvenaient de lui et tout de suite ils le demandaient pour sa
compétence... Pourtant, ni ma Mère, ni Joseph n’ont fait passer leur amour pour
la maison et les parents avant la volonté de Dieu.”
Au sujet de la virginité de
Marie contestée par tant de gens, Jésus déclare: “Elles sont très combattues
(niées), la virginité de Marie après l’enfantement et la chasteté de Joseph, par
ceux qui, étant fange et pourriture n’admettent pas qu’une créature humaine
comme eux, puisse être ange et lumière... Marie fut et demeura vierge; son âme
seulement fut mariée à Joseph, comme son esprit fut uniquement uni à l’Esprit de
Dieu...”
Puis après avoir mis l’accent sur
le sens biblique du mot “femme” Jésus déclare: “L’Ange, en disant “l’Enfant
et la Mère de celui-ci” montre que Marie fut la vraie Mère de Jésus sans être la
femme de Joseph. Elle restera toujours la Vierge épouse de Joseph... C’est une
auréole qui resplendit sur la tête de Marie et de Joseph. La Vierge inviolée.
L’homme chaste et juste.”
Dans un Chapitre ultérieur,[18] Jésus
dira: “ Le regard de Joseph! Tranquille et pur comme la lumière d’une étoile
qui ignore les concupiscences de la terre! C’était notre repos, notre force.”
Nous sommes en Égypte car Maria
Valtorta voit le désert et une pyramide. Le soir arrive et Marie range son
ouvrage... Elle s’en va à la rencontre de Joseph. “Je vois arriver un homme
pas trop grand mais robuste. Je reconnais Joseph qui sourit... Il paraît avoir
quarante ans au plus.... En voyant Jésus et Marie, il hâte le pas. Il a sur
l’épaule gauche une espèce de scie et une sorte de rabot, et à la main il tient
d’autres outils, de son métier... Il semble revenir de travailler de chez
quelqu’un... Quand les trois se rencontrent, Joseph se penche pour présenter au
Bébé un fruit qui par la forme et la couleur semble une pomme. Puis il tend les
bras. Le Bébé laisse sa Mère et se blottit dans les bras de Joseph... Puis
Joseph qui s’était accroupi pour se mettre au niveau de Jésus se relève, reprend
de la main gauche ses outils et, avec le bras droit tient serré sur sa poitrine
robuste, le petit Jésus...
Entré dans l’enceinte de la
maison, Joseph met par terre le Bébé, prend le métier de Marie et le rentre,
puis trait la chèvre. Jésus observe attentivement ces opérations et regarde
Joseph qui enferme la chèvre dans un petit réduit construit sur le côté de la
maison.” C’est ensuite la description du repas et la prière: “C’est Joseph qui
prie, et Marie qui répond.”
Maria Valtorta nous fait aussi
assister à une scène particulièrement touchante au cours de laquelle Joseph,
ayant apporté à Jésus des petits instruments de travail, adaptés à sa taille,
lui apprend à travailler avec patience et amour. Et Jésus explique que Dieu,
s’incarnant au milieu des hommes, n’avait pas voulu s’affranchir des règles de
la croissance: “Joseph fut mon père nourricier... Il a eu pour Moi la
tendresse d’une vraie mère. J’ai appris de lui ― et
jamais élève n’eut un meilleur maître ― tout ce qui, d’un
bambin, fait un homme, et un homme qui doit gagner son pain.”
[19]
Et Jésus s’attarde encore pour
féliciter Saint Joseph: “A peine arrivé à l’âge où je pouvais manier les
outils, il ne me laissa pas moisir dans l’oisiveté, il me mit au travail; et de
mon amour pour Marie il se fit le premier auxiliaire pour m’encourager au
travail. Confectionner des objets utiles pour la Maman, c’est ainsi qu’il
inculquait le respect dû à la maman que tout fils devrait avoir. C’était sur ce
levier du respect et de l’amour qu’il s’appuyait pour former le futur
charpentier.”
C’est encore Jésus qui commente ces
dernières scènes
”Joseph et Marie me possédaient,
Moi, le vrai Dieu, comme leur fils...”
Malgré la grande pauvreté, la
nostalgie du pays, la méfiance des gens, Marie et Joseph sont sereins: “Dans
cette demeure plane la sérénité, le sourire et la concorde... Pour moi, ils ont
un amour de croyants et de parents qui se manifeste avec mille soins... Père
chéri de la terre, comme tu as été aimé de Dieu, de Dieu le Père du haut des
cieux, de Dieu le Fils, devenu Sauveur sur la terre!... Marie et Joseph s’aiment
tendrement, c’est tout. Et leur amour était parfait...
...Dans cette maison, on priait.
On prie trop peu dans les maisons à présent.
...Dans cette maison, on était
frugal. On l’aurait été même si l’argent n’avait pas manqué... Dans cette
maison, on aimait le travail...
... Dans cette maison règne
l’humilité... Joseph est le chef de maison que Dieu a jugé digne, si digne,
d’être le chef de famille, de recevoir de Dieu la garde du Verbe Incarné et de
l’Épouse de l’Éternel Esprit... Il se charge des plus humbles occupations d’une
maison pour épargner les fatigues à Marie... Dans cette maison on respecte
l’ordre surnaturel, moral, matériel. Dieu est le Chef suprême et c’est à Lui que
l’on rend le culte et l’amour: ordre surnaturel. Joseph est le chef de la
famille et on lui donne affection, respect, obéissance: c’est l’ordre moral.”
Plus loin Jésus ajoutera:
“Joseph était le chef. Incontestée et indiscutable son autorité dans la famille.
Devant elle s’inclinait respectueusement celle de l’Épouse et Mère de Dieu, et
le Fils de Dieu s’y assujettissait. Tout était bien fait de ce que Joseph
décidait de faire, sans discussion, sans objection, sans résistance... Mais
quelle humilité! Jamais un abus de pouvoir, jamais un vouloir déraisonnable
venant du fait de son autorité.”
Maria Valtorta nous fait assister à
plusieurs autres scènes familiales particulièrement touchantes et à la
bénédiction de Jésus avant le départ pour la cérémonie de sa majorité. Nous ne
nous y arrêterons pas.
Par contre il a semblé utile de
rapporter quelques épisodes de l’examen de Jésus au cours duquel Saint Joseph
apparaît vraiment comme le père de Jésus. Joseph se sépare d’abord des femmes de
la famille (les femmes ne pouvaient pas aller partout dans le Temple) et
présente Jésus à la dizaine de docteurs présents: “C’est mon fils, dit
Joseph, ... je veux qu’il soit majeur selon les préceptes d’Israël... Je vous
prie de l’examiner avec bienveillance... Je l’ai préparé pour cette heure et
pour la dignité de fils de la Loi qu’il dit recevoir. Il connaît les préceptes,
les traditions, les décisions, les coutumes des parchemins et des phylactères...
Il sait réciter les prières et les bénédictions quotidiennes. Il peut donc,
connaissant la Loi elle-même et ses trois branches de l’Halascia, Midrasc et
Agada se conduire en homme...”
Et voici quelques épisodes de
l’examen :
“― Nazaréen...
Tu sais donc lire?
― Oui,
Rabbi, je sais lire les paroles écrites et celles qui sont renfermées dans les
paroles elles-mêmes.
― Que
veux-tu dire?
― Je veux
dire que je comprends aussi le sens de l’allégorie ou du symbole qui se cache
sous l’apparence, comme la perle qui ne se voit pas, mais qui se trouve dans la
coquille grossière et fermée.
― Réponse
qui n’est pas commune, et qui est très sage. On entend cela rarement cela sur
les lèvres d’un adulte; et puis chez un enfant... et Nazaréen par-dessus le
marché!”
L’attention des docteurs se fait
plus intense :
“― Tu
fais honneur à ton maître qui, assurément, est très savant.
― La
sagesse de Dieu résidait dans son cœur juste.
― Mais
écoutez-le! Heureux es-tu, père d’un tel fils!
Joseph qui est au fond de la
salle sourit et s’incline.”
L’examen se poursuit, au milieu de
l’étonnement général. Enfin un des maîtres présents déclare, à l’adresse de
Joseph :
“― Bravo!
Homme, nous te conseillons de faire instruire ton fils par Hillel ou Gamaliel.
C’est un Nazaréen... mais ses réponses font espérer qu’il sera un nouveau grand
docteur.
― Le fils
est majeur. Il fera comme il voudra. Pour moi, si sa volonté est honnête, je ne
m’y opposerai pas.”
L’examen continue au grand
émerveillement des assistants. Jésus est conduit “à la vraie synagogue. Ils
passent dans une pièce plus vaste et plus décorée. Ici, première chose, on Lui
raccourcit les cheveux. Joseph en recueille les boucles.... Puis on chante des
psaumes, et Joseph, dans une longue prière, loue le Seigneur et appelle sur le
Fils toutes les bénédictions. La cérémonie est finie. Jésus sort avec Joseph.”
[20]
Le recouvrement de Jésus au Temple
vécu par Maria Valtorta n’apporte rien de nouveau à ce que l’Évangile raconte.
Par contre, la mort de Joseph, même si ce que raconte Maria Valtorta n’est pas
article de foi, même si on ne croit pas ces paroles, a au moins le mérite de
nous faire presque toucher du doigt l’amour qui régnait entre les membres de la
Sainte Famille.
Jésus est à l’intérieur d’un
atelier de menuisier... Il travaille sur un établi, activement mais
calmement...Marie entre en toute hâte. Elle appelle Jésus, anxieuse, “et pose
ses deux mains sur le bras de Jésus en un geste de supplication douloureuse.”
Jésus la réconforte et s’en va avec elle, “laissant le travail et
quittant son tablier.”
Ils entrent tous les deux dans une
pièce pauvre mais bien rangée. Sur une couche basse, couverte de petits matelas
est étendu Joseph. Il est mourant. Marie se place à sa gauche et lui prend la
main. Jésus se met à sa droite. “Marie pleure très doucement, sans bruit,
mais elle pleure. Les larmes coulent le long de ses joues pâles... Joseph se
ranime et regarde fixement Jésus. Il lui donne la main comme pour dire quelque
chose et pour trouver dans ce contact divin la force pour l’ultime épreuve.
Jésus se penche sur cette main et la baise. Joseph sourit. Puis il se tourne
pour regarder et chercher Marie et il lui sourit aussi. Marie s’agenouille près
du lit, essayant de sourire, mais elle y réussit mal et incline la tête. Joseph
lui pose la main sur la tête en une chaste caresse qui semble une
bénédiction...”
Jésus prend dans ses mains la main
de Joseph et, se penchant sur le mourant, il récite un psaume. Joseph se ranime
un peu “et avec un sanglot, regarde Jésus et remue les lèvres comme pour le
bénir. Mais il ne peut.” Jésus continue la prière et tout en priant parle à
Joseph: “Tu l’as vue cette heure, père, et pour elle tu t’es fatigué. Tu as
aidé l’arrivée de cette heure et le Seigneur t’en récompensera. Je te le dis,
ajoute Jésus en essuyant une larme de joie qui descend lentement sur la joue de
Joseph...
Merci, mon père, en mon nom et
au nom de ma Mère. tu as été pour moi un père juste, et l’Éternel t’a confié la
garde de son Christ et de son Arche sainte. Tu as été le flambeau allumé pour
Lui, et pour le Fruit d’un sein sanctifié, tu as eu des entrailles de charité.
Va en paix, père... Va en paix au lieu de ton repos... Précède-moi pour dire aux
patriarches que le salut est venu en ce monde et que le Royaume des Cieux leur
sera bientôt ouvert. Va père, que ma bénédiction t’accompagne.
Jésus a élevé la voix pour
arriver jusqu’à l’esprit de Joseph qui s’enfonce dans les nuées de la mort. La
fin est imminente. Le vieillard ne respire plus qu’à peine. Marie le caresse.
Jésus s’assied sur le bord du lit. Il entoure et attire à Lui le mourant qui
s’affaisse et s’éteint paisiblement...”
Nous pourrions nous arrêter ici.
Mais peut-être est-il utile d’entendre encore l’enseignement de Marie à propos
de Saint Joseph.
“Jésus, qui s’humilie pour
l’amour de l’homme opère cependant des miracles dans l’anéantissement d’une vie
commune. Il les opère en moi.... Il les opère en Joseph en lui ouvrant l’esprit
à la lumière d’une vérité tellement élevée qu’il ne pouvait la comprendre avec
ses seuls moyens bien qu’il fût un juste... Au début, Joseph était seulement un
juste de son temps. Puis, par des étapes successives, il est devenu le ‘juste’
de l’ère chrétienne...
De l’union qu’il eut avec Jésus,
Joseph reçut, humainement parlant, embarras, fatigues, persécutions, faim. Rien
d’autre. Mais, parce qu’il s’attachait à Jésus seul, tout se changea en paix
spirituelle, en joie surnaturelle. Je voudrais, dit Marie, vous amener au point
où en était mon époux quand il disait :
Même si nous devions n’avoir
plus rien, nous posséderions toujours tout, car nous avons Jésus.”
[21]
[1]”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 15 - Mort de Joachim
et d’Anne
[2] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 19
[3] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 20
[4] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 21
[5]”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 27
[6]
“L’Évangile tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 28
[7]
”L’Évangile tel qu’il m’a été révélé”- tome 1 - Chapitres 29 à 31
[8] “L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 34
[9] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 35
[10]”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 40
[11] En
effet, car si Joseph n’avait pas dit OUI, Marie aurait été lapidée et
Jésus serait mort.
[12]”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 41
[13] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé “- tome 1 - Chapitre 42
[14] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé “- tome 1 - Chapitre 43
[15] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 44
[16]”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 49
[17] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 52
[19] ”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé” - tome 1 - Chapitre 63
[20]”L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé “- tome 1 - Chapitre 67
[21] “L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé”
- tome 1 - Chapitre 72.
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