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L’âge et la mort de Saint Joseph

L’Âge de Saint Joseph

Quel âge avait  Saint Joseph au moment de son mariage? On a parfois dit que Joseph était un vieillard lorsqu’il épousa Marie. Il paraît acquis maintenant que cette conception est fausse. En effet, la loi juive de l’époque stipulait qu’un jeune homme de 18 ans devait chercher femme. Et il devait être marié au plus tard à 22 ans. En conséquence Joseph, le Juste, devait lui aussi être jeune au moment de son mariage.  De nombreux auteurs en renom ont d’ailleurs accrédité cette thèse.

Jean GERSON (1363-1429) [1] 

Jean Gerson prononça des sermons dans lesquels il glorifiait Saint Joseph, et écrivit des Considérations sur Saint Joseph  et un long poème de 4800 vers, le Josephina.  Selon lui, Joseph était un homme jeune au moment de son mariage. Il aurait été sanctifié dès le sein de sa mère et son assomption corporelle ne serait pas invraisemblable.

Un auteur anonyme du XIXe siècle

Concernant l’âge de Joseph, un auteur anonyme du XIXe siècle donne l’information suivante:

“L’archéologue De Rossi, dont les savants travaux ont jeté tant de lumière sur les antiquités chrétiennes, atteste que, dans les sculptures des premiers siècles, Saint Joseph est représenté jeune encore et presque sans barbe.”  Nous verrons que de très nombreux auteurs pensent également que Saint Joseph était jeune quand il épousa Marie.

La mort de Saint Joseph
Saint Joseph Protecteur des mourants

De la mort de Saint Joseph on sait également peu de chose, car il est mort aussi silencieusement qu’il avait vécu. Pourtant de nombreux théologiens et des mystiques célèbres, comme Saint François de Sales, ont, après avoir longuement contemplé la vie de Saint Joseph,  beaucoup médité sur sa mort.

Ubertin de Casale (1259-1329?) [2]

Quand Saint Joseph est-il mort?

“On peut penser raisonnablement que la mort de Joseph eut lieu avant la Passion de Jésus. Autrement, Joseph n’aurait pas été absent du Calvaire; et s’il avait vécu à ce moment-là, Jésus n’aurait pas confié sa très Sainte Mère à l’un de ses disciples. Il est même très probable que Joseph était mort avant le Baptême de Jésus: nulle mention n’est faite de lui, si ce n’est pour dire que Notre-Seigneur passait pour être le fils du charpentier. “

La mort de Saint Joseph, selon Saint François de SALES.

Dans son traité de l’amour de Dieu, Saint François de Sales écrit, au sujet de la mort de Saint Joseph : “Un Saint qui avait tant aimé en sa vie ne pouvait mourir que d’amour, car son âme ne pouvant à souhait aimer son cher Jésus entre les distractions de cette terre, et ayant achevé le service qui était requis au bas âge de celui-ci, que restait-il, sinon qu’il dît au Père Éternel: Ô Père, j’ai accompli l’oeuvre que vous m’aviez donnée en charge. Et puis au Fils: mon enfant, comme votre Père céleste remit votre corps entre mes mains, au jour de votre venue en ce monde, ainsi, en ce jour de mon départ de ce monde, je remets mon esprit entre les vôtres. Telle, comme je le pense, fut la mort de ce grand patriarche, mort la plus noble de toutes, et due par conséquent à la plus noble vie qui fut oncques entre les créatures, mort de laquelle les anges eux-mêmes désireraient mourir, s’ils étaient capables de mort.” [3] 

N’oublions pas que Saint Joseph est le Patron des mourants. Il est possible qu’il soit mort entre les bras de Jésus et de Marie comme l’ont laissé entendre certains mystiques, dont Marie d’Agreda et Maria Valtorta.

Mais Saint François de Sales va encore beaucoup plus loin, lui qui pense que Saint Joseph est déjà au Ciel avec son corps et son âme, comme la très Sainte Vierge Marie: “S’il est vrai, ce que nous devons croire, qu’en vertu du Très Saint Sacrement que nous recevons, nos corps ressusciteront au jour du jugement, comment pourrions-nous douter que Notre Seigneur ne fît monter au Ciel, en corps et en âme, le glorieux Saint Joseph, qui avait eu l’honneur et la grâce de le porter si souvent entre ses bras bénis, dans lesquels Notre-Seigneur se plaisait tant?”

Pierre FLOEUR (XVIIe siècle) cité par Éphraïm [4]

Méditant sur la mort de Saint Joseph, et, après avoir rappelé toutes les douceurs qu’il avait prodiguées à l’Enfant-Dieu, Pierre Floeur devient lyrique: “Qui pourrait donc croire que Celui-ci, ce divin Fils, ne lui rendit la pareille au centuple, le comblant de suavités célestes?... Qui doutera que ce saint père, parvenu à la fin de ses jours, n’ait, réciproquement été porté par son divin Nourrisson, au passage de ce monde en l’autre, dans le sein d’Abraham, pour de là, le transporter dans le sien, à la gloire, le jour de son Ascension? Un Saint qui avait tant aimé en sa vie ne pouvait mourir que d’amour...”

Pierre Floeur estime aussi que Saint Joseph est mort victime de l’Enfant Jésus, comme la conséquence de l’holocauste que Dieu-Enfant avait commencé en venant dans notre monde. “Il a fallu que, sortant de ce monde, il ait fait à peu près, et en sa manière, ce que fit le Verbe lorsqu’il y entra et qu’il commença, pour l’amour de nous, la vie d’Adam par l’enfance. Il a fallu que, comme le Verbe fut séparé de son Père... dès qu’il commença de vivre et de s’anéantir dans la substance de l’homme, aussi par la mort de ce Saint, il a fallu qu’il y ait une rigoureuse séparation entre ce père et ce Fils, entre Joseph et Jésus, car ce père charitable quitta ce Fils qui était son tout et en l’abandonnant, il fit un des plus grands sacrifices qu’on puisse faire... Ainsi, il est mort dans une privation très affligeante, il est mort dans la privation la plus douloureuse qu’on puisse concevoir, il est mort au milieu des feux et des flammes, et par une conduite de Dieu qui est admirable, cette victime a été brûlée en mourant; et dans le coup qui la fit expirer, elle fut tout enflammée d’une manière qui n’est point commune, et qui la fit extrêmement souffrir; car si, selon le langage des Pères, l’affliction est un feu qui fait souffrir le corps et l’esprit, où peut-on trouver une affliction plus sensible et plus accablante que celle de Saint Joseph au moment de sa mort? “

En effet, poursuit Pierre Floeur: “en mourant, Saint Joseph doit se séparer du Fils de Dieu selon les sens; il faut qu’il s’éloigne d’un objet qui est si agréable, qu’il aille dans un lieu de captivité où la justice de Dieu le privera, pour quelque temps, d’un spectacle si charmant et si magnifique, en un mot, qu’il abandonne Celui qui fait la gloire des anges, la félicité des hommes, la béatitude du ciel et le paradis de la terre.

Mais Joseph doit mourir, il faut qu’il reçoive le coup de la mort comme la victime innocente de l’enfance de Jésus-Christ qui est l’auteur de la vie; car c’est pour lui qu’il a été créé, et c’est pour lui-même qu’il doit être immolé, c’est par lui qu’il a commencé de brûler du feu de la charité chrétienne, et c’est par lui que son holocauste doit être consommé... La fin du sacrifice de Saint Joseph ici-bas, en la terre, eut quelque chose de semblable à la fin du sacrifice de la Croix, et même à la fin de notre sacrifice continuel, qui est celui de la Messe.” [5] 

Saint Léonard de PORT-MAURICE (1676-1751)

“Le voyez-vous, Joseph, sur le point de rendre l’âme, étendu sur un pauvre grabat, Jésus d’un côté, Marie de l’autre, entouré d’une multitude infinie d’anges, d’archanges, de séraphins, qui dans une attitude respectueuse s’apprêtent à recevoir sa sainte âme? O Dieu! qui pourra nous dire avec quels sentiments, à ce moment suprême, Joseph dit un dernier adieu à Jésus et à Marie? Quelles actions de grâce, quelles protestations, quelles supplications, quelles excuses de la part de ce vieillard!... Tantôt il regarde Marie et Marie le regarde à son tour, et avec quel amour! Tantôt il se tourne vers Jésus, et Jésus lui répond, mais par quel regard affectueux! Il prend la main de Jésus, la presse sur son coeur, la couvre de baisers....

Ah! Joseph! si vous ne lâchez pas la main de celui qui est la vie, vous ne pouvez mourir. Oh! qu’il est doux de mourir en tenant la main de Jésus!...  Jésus lève la main, il bénit et embrasse son bien-aimé père, et Joseph expire au milieu des baisers et des embrassements de Jésus...”  [6] 

Le Père Frédéric FABER (1814-1863)

La mort de Joseph fut aussi un martyre: “Joseph était épuisé par son amour pour le Saint enfant. C’est l’amour, l’amour divin qui l’a fait mourir; de sorte que sa dévotion a été une dévotion de martyre et de sang.” [7] 

Dom Prosper GUÉRANGER (1805-1875)

Dans son Année Liturgique, parlant de la mort de Saint Joseph, Dom Guéranger estime que, lorsque le ministère de Joseph fut accompli, il était temps pour lui de sortir de ce monde pour attendre, dans le sein d’Abraham, le jour où la porte des cieux serait  enfin ouverte aux justes. ”Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de père. Son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges qu’il avait eu le droit d’appeler son épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s’endormit d’un sommeil de paix.” [8]

Mgr PICHENOT (1816-1880)

Selon Mgr Pichenot “Les dernières années de Saint Joseph, cet homme si grand dans son humilité, sont aussi ignorées que les premières...

Quand on n’a plus besoin du voile, il glisse silencieusement dans l’éternité. Sa fin a le même caractère d’absolu détachement que sa vie. Il meurt avant les merveilles de la vie publique. Il s’en va n’ayant rien vu, mais ne désirant et ne regrettant rien, se fiant à Dieu qui sera trouvé fidèle en ses promesses...”  [9] 

Maurice BOUVET (1880-1948)

Dissertant sur ce que l’on appelle la Bonne Mort, Maurice Bouvet ne craint pas d’affirmer que “beaucoup de personnes n’ont d’elle qu’une idée bien chétive: celle d’une mort sanctifiée de telle sorte par les sacrements que l’âme enfin échappe à la damnation... “

Mais, pour un vrai chrétien, la Bonne Mort, c’est bien autre chose : “c’est mourir ayant vécu non pour soi, stérilement et parfois sordidement, mais au service de ses devoirs d’état; c’est mourir, sa tâche faite, et bien faite, en paix... Bien évidemment une telle mort ne s’improvise pas... Elle se prépare  à longueur d’années... La pensée de la Bonne Mort nous ramène donc à l’idée de lutte persévérante.” 

Et pour nous, il ne peut être question que de luttes bien humbles et secrètes, dans l’ombre. “Dès lors, que nous voilà près de Joseph et tout contre l’établi où son rude bras d’ouvrier pousse à fond le rabot qui chuinte!”

Mais, si Joseph s’arrête un instant, nous pourrons lire dans son regard la tristesse que le monde, autour de lui, soit si indigne de Jésus et de Marie. “Oh! avoir, nous aussi, cette tristesse à cause de notre vie! Et son désir de faire mieux! Et son courage de chaque jour!... Se dire que si l’on peine, c’est pour Jésus, et qu’il grandit de cette peine; que l’on mourra, mais l’ayant bien servi, et dans ses bras... Et le reste? Le reste n’est rien. Il n’y a jamais rien de vrai dans une vie humaine que Jésus et ce qui est fait pour Jésus.”  [10]


[1] Cité par Mgr Villepelet

[2] “Arbor vitae crucifixae Jesu” Livre II, ch. VI “La fuite en Égypte” de Ubertin de Casale. Cité par Mgr Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”  - Éditions du Vieux Colombier (1959)

[3] “Saint Joseph patron des communautés religieuses”   Cité par par le Chanoine LAMOTHE-TENET. Editeur J. Martel ainé, Imprimeur de N.S.P. le Pape.  Montpellier (1879)

[4] Éphraïm “Joseph, un père pour le nouveau millénaire”  Éditions des Béatitudes

[5] Cité par Éphraïm dans “Joseph, un père pour le nouveau millénaire” Éditions des Béatitudes

[6] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[7] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[8]“L’année Liturgique”  de Dom GUÉRANGER(Le carême)

[9] Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[10] Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

   

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