Alors que de nombreux
hérésiarques, dès les premiers siècles de l'Eglise, avaient mis en
doute la divinité du Christ, il fallut, au siècle qui suivit celui
d'Arius, que d'autres missent en doute son humanité. Ainsi,
Apollinaire, un des plus farouches adversaire de l'arianisme,
s'écria-t-il : A quoi bon une âme d'homme entre le Verbe de Dieu
et la chair qu'il daigne revêtir et vivifier pour notre salut ? Il
peut bien directement mouvoir cette chair et par elle accomplir la
rédemption du monde. N'est-ce pas en ce sens que saint Jean dit
nettement que le Verbe s'est fait chair (Evangile selon saint
Jean I 14) ?
Or, si le Seigneur
n'avait comme nous une âme vivante, intelligente et libre, il ne
serait réellement un homme, son corps ne serait qu'un mécanisme
incapable de mérite, impuissant à opérer notre rédemption.
Assurément, l'Eglise professe depuis toujours que Jésus-Christ est à
la fois vrai Dieu et vrai homme, mais il reste que le mode de cette
union de la divinité à l'humanité resta longtemps obscur et que,
jusqu'au milieu du V° siècle, les formules pour l'exprimer furent
trop souvent vagues, voire inexactes et qu'il fallut que surgît une
nouvelle hérésie pour que l'on précisât mieux le dogme en
définissant mieux le mystère de l'Incarnation.
On se souvient de ce
jour de 428 où un prêtre d'Antioche, Anastase, prêchant à
Constantinople devant le patriarche Nestorius dont il était
le syncelle, c'est-à-dire l'officier de l'Eglise de Constantinople
qui demeurait continuellement près du patriarche pour rendre
témoignage de toutes ses actions, affirma : Que personne
n'appelle Marie Mère de Dieu, car Marie appartenait à la race
humaine, et il est impossible que d'une créature humaine ait pu
naître un Dieu.
On imagine sans peine
que l'émoi fut grand parmi les auditeurs et l'on pressait le
patriarche qui ne disait mot de désapprouver le prédicateur. Les
conversations firent si grand bruit que le patriarche promit une
explication catégorique pour le jour de Noël : lusieurs d'entre
vous, dit-il alors, souhaitent apprendre de moi-même s'il
faut donner à la Vierge Marie le titre de Mère de Dieu ou celui de
Mère de l'homme. Qu'ils écoutent ma réponse : Dire que le Verbe
divin, seconde personne de la sainte Trinité, a une mère, n'est-ce
pas justifier la folie des païens qui donnent des mères à leurs
dieux ? Dieu, pur esprit, ne peut avoir été engendré par une femme ;
la créature n'a pu engendrer le Créateur. Non, Marie n'a point
engendré le Dieu par qui est venue la rédemption des hommes ; elle a
enfanté l'homme dans lequel le Verbe s'est incarné, car le Verbe a
pris chair dans un homme mortel ; lui-même n'est pas mort, il a
ressuscité celui dans lequel le Verbe s'est incarné. Jésus est
cependant un Dieu pour moi, car il renferme Dieu. J'adore le vase en
raison de son contenu, le vêtement en raison de ce qu'il recouvre ;
j'adore ce qui m'apparaît extérieurement, à cause du Dieu caché que
je n'en sépare pas. C'était-là une hérésie formelle : si le
Verbe est dans l'homme, si l'homme ne fait que renfermer le
Verbe, Jésus-Christ n'est donc pas vrai Dieu et vrai
homme. Nestorius dit qu'il y a en Jésus-Christ deux
personnes : le Verbe, Fils éternel de Dieu, avec tous les
attributs divins, et l'homme, le fils de Marie, avec toutes
les facultés humaines. Marie ne peut avoir engendré que la
personne humaine et l'on peut l'appeler Mère du Christ, mais,
en aucune façon, Mère de Dieu.
Le rhéteur Eusèbe
qui devait plus tard devenir évêque de Dorylée, interrompit un jour
la prédication du patriarche puis, fort de l'appui populaire,
afficha sur les portes de Sainte-Sophie, la contestatio avant
que saint patriarche Cyrille d'Alexandrie, sage, énergique,
impérieux et véhément n'allât dénoncer au pape la théologie de
Nestorius. Un synode romain prononce la sentence de déposition
et confie à l'autorité de saint Cyrille le soin de
l'exécuter. Après avoir été condamné par un synode alexandrin,
Nestorius demande à l'Empereur Théodose II de convoquer
un concile général qui se réunit à la Pentecôte 431, à Ephèse où la
tradition voulait que Marie s'endormît avant d'être
transportée aux cieux en assomption.
Sous la présidence de
saint Cyrille d'Alexandrie, près de deux cents évêques
citèrent à comparaître Nestorius qui refusa et l'hérésiarque
fut condamné : forcés par les saints canons et par les lettres de
notre très saint Père et collègue Célestin, évêque de Rome, nous
avons dû, avec des larmes, en venir à cette triste sentence. Le
Seigneur Jésus-Christ que l'impie Nestorius a blasphémé, décide par
le saint concile que Nestorius est privé de la dignité épiscopale et
de la communion sacerdotale.
Les évêques Arcadius
et Projectus, accompagnés du prêtre Philippe, qui
représentaient le Pape, arrivèrent deux jours après la sentence et,
à l'ouverture de la deuxième session (10 juillet) y lurent une
lettre de Célestin qui corroborait la décision du concile. Au
printemps de 433, sous l'autorité de Théodose II, tous se
réunirent sous une même confession de foi rédigée par le patriarche
Jean d'Antioche et, plus tard, approuvée par Sixte III :
Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de
Dieu, Dieu parfait et homme parfait, composé d'une âme raisonnable
et d'un corps, engendré du Père avant les siècle selon la divinité,
né en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, de la
Vierge Marie selon l'humanité, consubstantiel au Père selon la
divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité. Car de deux
natures l'union s'est faite. C'est pourquoi nous affirmons un
Christ, un Fils, un Seigneur. En raison de cette union sans
confusion, nous confessons la sainte Vierge Mère de Dieu, parce que
le Dieu Verbe s'est incarné et s'est fait homme, et que, dès
l'instant de sa conception, il s'est uni le temple qu'il avait pris
d'elle. Les paroles des évangiles et des apôtres sur le Seigneur,
nous savons que les théologiens les ont tantôt connues pour communes
comme dites d'une seule personne, tantôt séparées comme dites de
deux natures, les unes convenant à Dieu selon la divinité du Christ,
les autres, humbles, selon l'humanité.
Puisqu'il n'y a en
Jésus-Christ qu'une seule personne, Marie est la mère
cette personne, et puisque cette personne est la personne du Fils de
Dieu, Marie est véritablement Mère de Dieu. A l'instant même
où elle acquiesça à la parole de l'archange, le Saint-Esprit
forma de sa chair virginale une chair capable de recevoir une âme
humaine et, à ce même instant, cette chair, vivifiée par cette âme
raisonnable, fut unie substantiellement au Verbe divin.
Puisque la nature humaine du Seigneur entra ainsi, dès que formée au
sein de Marie, dans la personne du Verbe, cette
personne est née de Marie. Certes, Marie n'a pas
enfanté la nature divine, mais Dieu le Père n'a pas davantage
engendré la nature humaine du Verbe Incarné, ce qui n'empêche
pas, qu'à cause de l'unité de la personne de Jésus-Christ, le
Père a pu dire de l'homme que Jean-Baptiste baptisait
dans les eaux du Jourdain : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en
qui j'ai mis toute ma faveur (Saint Matthieu III 17 ; saint Marc
I 11 ; saint Luc III 22.).
Alors que de nombreux
hérésiarques, dès les premiers siècles de l'Eglise, avaient mis en
doute la divinité du Christ, il fallut, au siècle qui suivit celui
d'Arius, que d'autres missent en doute son humanité. Ainsi,
Apollinaire,
un des plus farouches adversaire de l'arianisme, s'écria-t-il : A
quoi bon une âme d'homme entre le Verbe de Dieu et la chair qu'il
daigne revêtir et vivifier pour notre salut ? Il peut bien
directement mouvoir cette chair et par elle accomplir la rédemption
du monde. N'est-ce pas en ce sens que saint Jean dit nettement que
le Verbe s'est fait chair
?
Or, si le Seigneur n'avait comme nous une âme vivante,
intelligente et libre, il ne serait réellement un homme, son corps
ne serait qu'un mécanisme incapable de mérite, impuissant à opérer
notre rédemption. Assurément, l'Eglise professe depuis toujours que
Jésus-Christ est à la fois vrai Dieu et vrai homme, mais il reste
que le mode de cette union de la divinité à l'humanité resta
longtemps obscur et que, jusqu'au milieu du V° siècle, les formules
pour l'exprimer furent trop souvent vagues, voire inexactes et qu'il
fallut que surgît une nouvelle hérésie pour que l'on précisât mieux
le dogme en définissant mieux le mystère de l'Incarnation.
On se souvient de ce
jour de 428 où un prêtre d'Antioche, Anastase, prêchant à
Constantinople devant le patriarche Nestorius dont
l était le syncelle,
affirma : Que personne n'appelle Marie Mère de Dieu, car Marie
appartenait à la race humaine, et il est impossible que d'une
créature humaine ait pu naître un Dieu. On imagine sans peine
que l'émoi fut grand parmi les auditeurs et l'on pressait le
patriarche qui ne disait mot de désapprouver le prédicateur. Les
conversations firent si grand bruit que le patriarche promit une
explication catégorique pour le jour de Noël : Plusieurs d'entre
vous, dit-il alors, souhaitent apprendre de moi-même s'il
faut donner à la Vierge Marie le titre de Mère de Dieu ou celui de
Mère de l'homme. Qu'ils écoutent ma réponse : Dire que le Verbe
divin, seconde personne de la sainte Trinité, a une mère, n'est-ce
pas justifier la folie des païens qui donnent des mères à leurs
dieux ? Dieu, pur esprit, ne peut avoir été engendré par une femme ;
la créature n'a pu engendrer le Créateur. Non, Marie n'a point
engendré le Dieu par qui est venue la rédemption des hommes ; elle a
enfanté l'homme dans lequel le Verbe s'est incarné, car le Verbe a
pris chair dans un homme mortel ; lui-même n'est pas mort, il a
ressuscité celui dans lequel le Verbe s'est incarné. Jésus est
cependant un Dieu pour moi, car il renferme Dieu. J'adore le vase en
raison de son contenu, le vêtement en raison de ce qu'il recouvre ;
j'adore ce qui m'apparaît extérieurement, à cause du Dieu caché que
je n'en sépare pas. C'était-là une hérésie formelle : si le
Verbe est dans l'homme, si l'homme ne fait que renfermer le Verbe,
Jésus-Christ n'est donc pas vrai Dieu et vrai homme. Nestorius dit
qu'il y a en Jésus-Christ deux personnes : le Verbe, Fils éternel de
Dieu, avec tous les attributs divins, et l'homme, le fils de Marie,
avec toutes les facultés humaines. Marie ne peut avoir engendré que
la personne humaine et l'on peut l'appeler Mère du Christ,
mais, en aucune façon, Mère de Dieu.
Le rhéteur Eusèbe qui
devait plus tard devenir évêque de Dorylée, interrompit un jour la
prédication du patriarche puis, fort de l'appui populaire, afficha
sur les portes de Sainte-Sophie, la contestatio avant que
saint patriarche Cyrille d'Alexandrie, sage, énergique, impérieux et
véhément n'allât dénoncer au pape la théologie de Nestorius. Un
synode romain prononce
la sentence de déposition et confie à l'autorité de saint Cyrille le
soin de l'exécuter. Après avoir été condamné par un synode
alexandrin, Nestorius demande à l'Empereur de
réunir un concile général qui se réunit à la Pentecôte 431, à Ephèse
où la tradition voulait que Marie s'endormît avant d'être
transportée aux cieux en assomption. Sous la présidence de saint
Cyrille d'Alexandrie, près de deux cents évêques citèrent à
comparaître Nestorius qui refusa et l'hérésiarque fut condamné :
forcés par les saints canons et par les lettres de notre très saint
Père et collègue Célestin, évêque de Rome, nous avons dû, avec des
larmes, en venir à cette triste sentence. Le Seigneur Jésus-Christ
que l'impie Nestorius a blasphémé, décide par le saint concile que
Nestorius est privé de la dignité épiscopale et de la communion
sacerdotale. Les évêques Arcadius et Projectus, accompagnés du
prêtre Philippe, qui représentaient le Pape, arrivèrent deux jours
après la sentence et, à l'ouverture de la deuxième session (10
juillet) y lurent une lettre de Célestin qui corroborait la décision
du concile. Au printemps de 433, sous l'autorité de Théodose II,
tous se réunirent sous une même confession de foi rédigée par le
patriarche Jean d'Antioche et, plus tard, approuvée par Sixte III :
Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de
Dieu, Dieu parfait et homme parfait, composé d'une âme raisonnable
et d'un corps, engendré du Père avant les siècle selon la divinité,
né en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, de la
Vierge Marie selon l'humanité, consubstantiel au Père selon la
divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité. Car de deux
natures l'union s'est faite. C'est pourquoi nous affirmons un
Christ, un Fils, un Seigneur. En raison de cette union sans
confusion, nous confessons la sainte Vierge Mère de Dieu, parce que
le Dieu Verbe s'est incarné et s'est fait homme, et que, dès
l'instant de sa conception, il s'est uni le temple qu'il avait pris
d'elle. Les paroles des évangiles et des apôtres sur le Seigneur,
nous savons que les théologiens les ont tantôt connues pour communes
comme dites d'une seule personne, tantôt séparées comme dites de
deux natures, les unes convenant à Dieu selon la divinité du Christ,
les autres, humbles, selon l'humanité.
Puisqu'il n'y a
en Jésus-Christ qu'une seule personne, Marie est la mère cette
personne, et puisque cette personne est la personne du Fils de Dieu,
Marie est véritablement Mère de Dieu. A l'instant même où elle
acquiesça à la parole de l'archange, le Saint-Esprit forma de sa
chair virginale une chair capable de recevoir une âme humaine et, à
ce même instant, cette chair, vivifiée par cette âme raisonnable,
fut unie substantiellement au Verbe divin. Puisque la nature humaine
du Seigneur entra ainsi, dès que formée au sein de Marie, dans la
personne du Verbe, cette personne est née de Marie. Certes, Marie
n'a pas enfanté la nature divine, mais Dieu le Père n'a pas
davantage engendré la nature humaine du Verbe Incarné, ce qui
n'empêche pas, qu'à cause de l'unité de la personne de Jésus-Christ,
le Père a pu dire de l'homme que Jean-Baptiste baptisait dans les
eaux du Jourdain :
Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui
j'ai mis toute ma faveur.
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