Salvador Grionesos était né de pieux parents qui travaillaient au soin des malades dun petit hôpital (Santa Coloma de Farnés, diocèse de Girone, en Catalogne). Bientôt orphelin, il fut berger, puis cordonnier à
Barcelone, ce qui lui permettait daider sa sur Blasia. Dès que celle-ci fut mariée, il sorienta vers la vie religieuse, comme il le désirait depuis longtemps.
Il pensa se former à lécole de labbaye bénédictine de Montserrat, mais il comprit quil était fait pour un autre lidéal et entra à vingt ans dans le couvent franciscain de Sainte-Marie de Barcelone. On ladjoint au frère cuisinier et il exerça cet emploi avec autant dactivité que dhumilité. Son âme étrangère aux soucis du monde était habituellement absorbée en Dieu : une partie de ses nuits se passait dans la contemplation ou dans la pratique de rigoureuses austérités. Dès le début de sa vie religieuse, frère Salvator fut favorisé du don des miracles. Un premier janvier, il devait préparer le repas à la place du cuisinier malade : absorbé dans la méditation à léglise jusquà lheure de midi, il fut remplacé par les anges qui firent tout le nécessaire.
Après avoir fait sa profession religieuse, il fut envoyé au couvent de Sainte-Marie à Tortosa, où on lui confia toutes les charges les plus fatigantes, quil accomplissait avec promptitude et plein dentrain. Modèle de tous les religieux, il remplissait son emploi activement et cependant sentretenait constamment avec Dieu : ses extases furent nombreuses, la sainte Vierge et lapôtre saint Paul lui apparurent souvent. Il avait pour pratique de se confesser et de communier tous les jours, marchait nu-pieds sans sandales, même pendant la saison rigoureuse, se montrait dune patience inaltérable au milieu des épreuves et des persécutions ; il ne mettait aucune borne à sa compassion pour les pauvres et à son obligeance pour tous. Il fut cuisinier, portier, quêteur.
Cest durant ses quêtes dans les rues de Tortosa quil opéra des guérisons nombreuses : les malades affluèrent au couvent, la tranquillité monastique en fut troublée. Ainsi commencèrent les déboires du pauvre
Salvador, dont les prodiges suscitaient des jalousies parmi les frères, et même lhostilité des supérieurs. On résolut de lenvoyer ailleurs : Belipuig, puis Horta (Tarragona, Catalogne) où il resta douze années. On changea même son nom en celui dAlfonso, dans lespoir déloigner les fidèles, en vain : on lenvoya à Reus, puis à Barcelone, enfin carrément à Cagliari (Sardaigne).
Un des faits extraordinaires qui eut lieu à Horta fut le suivant. Malgré la discrétion de son transfert, la renommée de
Salvador lavait précédé. Arrivèrent au couvent jusquà deux mille infirmes de tout genre, à réclamer le frère qui avait opéré tant de guérisons à Tortosa.
Salvador se présenta, enjoignit à tous ces malades daller se confesser et communier, puis il les bénit. Tous furent guéris, sauf un, qui sen étonnait. Cest, lui dit
Salvador, que tu nas pas voulu te confesser : alors, le pauvre paralysé fut touché de la grâce, promit de se confesser et guérit aussitôt.
Un autre jour, il était absorbé en prière sur une montagne voisine, tandis que la foule le réclamait. Bientôt un nuage se détacha de la montagne, apportant
Salvador devant la porte de léglise, lequel se mit à distribuer à pleines mains les guérisons sur ces infirmes.
La suspicion des supérieurs alla jusquà dénoncer le bon frère à lInquisition, mais lInquisiteur, venu incognito, put constater de ses propres yeux les miracles opérés avec tant dhumilité par
Salvador.
Arrivé en 1565 à Cagliari,
Salvador trouva un peu de paix, quoique les faits extraordinaires ne cessassent pas, suscitant là encore bien des douleurs et des incompréhensions : plus il faisait de bien aux autres, plus le pauvre
Salvador sempoisonnait la vie !
Finalement, le 18 mars 1567, une maladie brutale et rapide lemporta. Peu avant sa mort on vint encore solliciter sa bénédiction : larchevêque, le clergé, le vice-roi et la noblesse se relayèrent à son chevet.
Encore maintenant, le corps du Frère Mineur se trouve dans léglise de sainte Rosalie à Cagliari. Le culte sen est étendu à toute lEspagne et le Portugal. Il fut proclamé bienheureux en 1606, ce que confirma Clément XI en 1711 ; reprise en 1882, la cause aboutit à la proclamation de lhéroïcité des vertus en 1927, enfin à la canonisation en 1938.
Saint Salvador de Horta est donc inscrit au Martyrologe Romain le 18 mars.
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