POSTE-FACE
Alphonse Rocha
Je n’ai pas l’habitude
de commenter les textes qui me sont fournis pour le site de la
“Nouvelle Évangélisation”, et encore moins ceux écrits par Paulette
Leblanc, qui sont toujours bien documentés et très bien écrits.
Si je fais une entorse
à cette habitude ― et je pense que cela ne fera pas
jurisprudence ! ― c’est que le texte concernant Sœur Marie du
Christ-Roi risque de soulever des polémiques parmi les adversaires
“officiels” ― et ils sont encore nombreux ! ― de cette âme
extraordinaire que fut Olive Danzé.
Paulette Leblanc,
en terminant son texte dit que « pour l'instant, elle ― sœur
Olive ― est toujours inconnue. La conspiration du silence est
toujours presque totale », ce qui est vrai. Puis elle pose la
question essentielle :
« Pourquoi ? »
Je n’ai pas connu sœur
Olive, mais je possède d’elle plusieurs écrits originaux, donc
écrits de sa main et je possède également un entretien enregistré
sur bande magnétique, avec sœur Marie Cécile, la joviale et
sempiternelle jeune compagne de sœur Olive, que j’ai eu le privilège
de connaître et la joie d’interroger longuement.
J’ai pu également
entrer en relations avec une autre de ses compagnes, décédée à
Versailles il y a quelques années, qui m’a donné par écrit, une
grande quantité de renseignements sur Olive Danzé, envers laquelle
elle gardait toujours un grand amour et une vénération sans faille.
Il est vrai que le cas
de sœur Marie du Christ-Roi est des plus intéressants à étudier et,
à une certaine époque je m’y suis consacré avec un grand intérêt.
Pourquoi ai-je alors
arrêté mes recherches ?
Tout simplement parce
que de tous côtés on me “fermait la porte”, comme si je demandais
des renseignements sur une pestiférée, sur une intruse, pour ne pas
dire une criminelle…
Ayant écrit à
deux monastères où j’aurais pu avoir des renseignements sur cette
belle âme, je n’ai jamais reçu de réponse,
alors, prenant la décision d’aller plus loin, j’ai téléphoné et, dès
que mes interlocutrices ont entendu le nom de la Sœur, la réponse
fut rapide et péremptoire :
― « Mademoiselle
Danzé ― et non pas Sœur Marie du Christ-Roi ! ― n’était
qu’une illuminée, elle n’a jamais eu de révélations et son cas ne
nous intéresse pas ; au revoir Monsieur ! »
Ceci répond en partie
à la question de Paulette : “Pourquoi reste-t-elle inconnue ?”
Il m’arrive souvent de
dire qu’“il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas
voir ou de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre…” Ici
encore cette maxime est une vérité irréfutable.
Des intérêts
“supérieurs” ont fait de sœur Olive un “bouc-émissaire”,
voilà pourquoi un voile opaque et presque infranchissable est tombé
sur elle et plus particulièrement sur le résultat de ses locutions
et de ses visions.
Dans son exposé
Paulette écrit : « l'État réclamant une forte somme d'argent que
les religieuses ne pouvaient pas payer, il avait été décidé qu'elles
vendraient une partie du monastère ».
Faut-il voir ici l’une
des causes de cette chape de plomb qui couvre cette belle âme ? Car,
si l’État a reçu la somme qui lui était due, ce même État avait
peut-être des vues sur cet endroit de la capitale, pour y faire
d’autres choses qu’une église ou un couvent.
Je ne suis pas en train
d’accuser l’État : je ne pose qu’une question qui sera suivie
d’autres, comme celle-ci, par exemple :
Les acheteurs
d’avant ― ceux qui devaient acheter lors de l’arrivée de sœur Olive
au couvent ― sont-ils les mêmes qu’après ?
Quel fut le rôle de
l’archevêché de Paris ― qui avait pourtant cautionné la construction
de la Chapelle ― à une certaine époque et, pour quelle raison il
n’a pas obtempéré aux ordres du Vatican qui leva la sanction qui
frappait la “petite bretonne” ?
Là encore, je n’accuse
pas l’archevêché ― j’ai trop de respect pour l’Église pour me
permettre une telle accusation ! ― mais j’aimerais savoir pourquoi
le Cardinal Suhard, pourtant un grand homme d’Église, n’a pas suivi
les traces de ses prédécesseurs qui avaient protégé sœur Olive ?
Sœur Maria Cécile,
lorsque je l’ai interrogée, n’a pas voulu me le dire, tout en me
faisant comprendre qu’elle connaissait en partie la raison :
“l’influence d’une certaine société qui ne pense qu’à détruire
l’Église”.
Quand on lit le journal
de sœur Olive, les comptes-rendus qu’elle et ses compagnes ont écrit
pour expliquer leur cheminement et qu'on lit aussi tout ce qu’à pu
écrire la “demoiselle de Versailles”, on ne peut pas rester
indifférent, on ne peut pas ne pas prendre parti. J’ai pris le
mien : je crois sincèrement que sœur Olive n’a jamais été ni une
manipulatrice ni une “illuminée” ; elle a eu des locutions
intérieures et probablement des visions : c’est mon intime
conviction.
Mon “credo” sur cette
“Petite sœur” n’engage que moi et, comme humble fils de l’Église, je
me soumettrai sans réserve à son jugement, chose qu’elle n’a pas
encore fait jusqu’ici.
Savez-vous que l’un des
plus grands “bienfaiteurs” lors de la construction de la chapelle du
Christ-Roi à Paris fut le président de l’Irlande, Monsieur Valera ?
Pensez-vous sincèrement
qu’un homme comme lui se serait intéressé à une pauvre petite sœur
obscure qu’il ne connaissait même pas, s’il ne s’était pas renseigné
auparavant à son sujet ?
Le cas de sœur Marie du
Christ-Roi fera encore couler beaucoup d’encre, car beaucoup de
questions légitimes restent encore et toujours sans réponse. Mais,
le Seigneur ne dort pas et pour Lui seul le présent existe… Alors,
faisons-Lui confiance et disons-nous que le moment venu, Il lèvera
le voile qui couvre sa “petite épouse” et la fera briller comme une
immense étoile au firmament divin.
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