Spyridon de Trimithonte
Évêque, Saint
† 348

Spyridon, était de Chypre. Il se maria et eut une fille nommée Irène, laquelle resta vierge toute sa vie. Il était berger, et retraçait dans sa vie la simplicité des patriarches. Aussi Dieu le combla-t-il des grâces les plus extraordinaires, et il y répondit avec fidélité.

Nous lisons dans Sozomène, qui écrivait au commencement du cinquième siècle , que des voleurs étant venus la nuit pour enlever une partie de son troupeau, ils furent arrêtés et comme liés par une main invisible, en sorte qu'ils ne purent exécuter leur dessein, ni même s'échapper. Spiridion, qui les trouva le matin dans cet état, pria pour eux et leur rendit la liberté. Après les avoir exhortés à changer de vie, il donna à chacun d'eux un mouton, en leur disant qu'il leur aurait accordé ce qu'ils désiraient, s'ils le lui eussent demandé.

Le même historien rapporte le trait suivant : C'était la coutume de Spyridion de jeûner dans le carême, avec toute sa famille, et même de passer quelques jours de suite sans prendre aucune nourriture. Un voyageur fatigué se présenta chez lui, en le priant de lui accorder l'hospitalité. Il le reçut avec une grande charité ; mais il ne se trouvait ni pain ni farine dans sa maison. Il n'avait qu'un peu de lard. Considérant la fatigue et le besoin extrême du voyageur, il se mit en oraison et pria Dieu de le dispenser de la discipline de l'Église. Il dit à sa fille de faire cuire le lard. Quand il fut prêt, il fit asseoir son hôte avec lui, commença le premier à manger, et l'exhorta à en faire autant. Celui-ci s'en excusait en disant qu'il était chrétien. Spyridion lui répondit pour le rassurer, qu'il n'y avait point de mets impurs de leur nature, et qu'il était des occasions où l'on pouvait être dispensé de la loi du jeune.

II confessa généreusement la foi durant la persécution de Maximien-Galère. Suivant le martyrologe romain, il fut un des confesseurs qui furent envoyés aux mines, après qu'on leur eut fait arracher l'œil droit et couper le jarret gauche. Il fut aussi un des trois cent dix-huit évêques qui assistèrent au premier concile général de Nicée, en on l'y distingua parmi les autres prélats qui avaient eu l'honneur de souffrir pour le nom de Jésus-Christ.

Ce fut vers ce temps-là que mourut Irène sa fille. On lui avait remis une chose précieuse, en la priant de la garder en dépôt. Quand elle fut morte, la personne à qui le dépôt appartenait, vint le demander à l'évêque : mais il ne fut pas possible de le trouver, ce qui causa beaucoup de peine à cette personne. On lit dans Socrate et Sozomène , que Spyridion, touché de compassion, se rendit au lieu où sa fille avait été enterré, qu'il l'appela par son nom, et lui demanda où était le dépôt qui lui avait été confié. Les mêmes historiens ajoutent qu'Irène répondit, qu'elle indiqua le lieu où elle avait enfoui le dépôt pour qu'il fût plus en sûreté, et qu'il s'y trouva effectivement.

Quoique Spyridion eût peu étudié les lettres humaines, il avait acquis une grande connaissance de l'Écriture-Sainte, et était pénétré de respect pour la parole de Dieu qui y est contenue. S'étant trouvé à une assemblée des évêques de l'île de Chypre, on pria Triphile, qui occupait le siège de Lèdres, de faire un discours. Saint Jérôme représente cet évêque comme un des hommes les plus éloquents de son siècle. Ayant cité dans son discours un passage de l'Écriture, il changea un mot pour y en substituer un autre qu'il croyait plus élégant. Spyridion, indigné de cette fausse délicatesse qui dédaignait la simplicité du style des livres saints, se leva et demanda à l'orateur s'il savait mieux que l'Évangéliste de quel terme il convenait de se servir.

Il mourut peu de temps après le concile tenu à Sardique en 347, et dans lequel il prit le parti de saint Athanase. Les Grecs l'honorent le 12 et les Latins le 14 décembre. Les Turcs ayant levé en 1716 le siège de Corfou dont ils voulaient s'emparer, le jour où l'on faisait dans cette île la fête du saint évêque, Clément XI ordonna qu'elle serait à l'avenir célébrée dans tous les états de la république de Venise.

La sainteté est aussi nécessaire dans un ministre de Jésus-Christ, que la science de la religion. Rien de si éloquent, de si persuasif que l'exemple. Un savant peut convaincre; mais il n'y a qu'un Saint qui puisse convertir. On n'a jamais vu plus d'orateurs sacrés ; que de conversions n'opéreraient-ils pas, s'ils étaient tous des Saints ! Il n'y a que la sainteté qui touche le cœur et qui soumette toutes les puissances de l'âme. On ne se défie point du prédicateur, quand il pratique ce qu'il annonce ; son exemple ferme la bouche aux ennemis de la vertu et de la vérité. Avec de l'esprit on peut faire un discours qui plaise ; mais l'esprit ne donne pas l'onction. On ne parle bien des choses divines, que lorsqu'on est animé de l'esprit de Dieu. C'est alors qu'un prédicateur devient dans les mains de Dieu l'instrument de la conversion des âmes.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

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