

SYNODE DES ÉVÊQUES
INTERVENTIONS
XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008
La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission
de l'Église
12 - 09.10.2008
Sont intervenus les Pères suivants:
- S.Em.
le Card. Crescenzio SEPE, Archevêque de Naples (ITALIE)
-
S.Em. le Card. Ennio ANTONELLI, Président du Conseil Pontifical pour la Famille
(CITÉ DU VATICAN)
-
S.Exc. Mgr Juan Bautista GAVILÁN VELÁSQUEZ, Évêque de Coronel Oviedo (PARAGUAY)
-
S.Exc. Mgr David Louis WALKER, Évêque de Broken Bay (AUSTRALIE)
- S.Exc.
Mgr Louis PELÂTRE, A.A., Évêque titulaire de Sasima, Vicaire Apostolique
d'Istanbul, Administrateur Apostolique de l'Exarcat Apostolique d'Instanbul
(TURQUIE)
-
S.Em. le Card. Cláudio HUMMES, O.F.M., Préfet de la Congrégation pour le Clergé
(CITÉ DU VATICAN)
-
S.Em. le Card. Paul Josef CORDES, Président du Conseil Pontifical "Cor Unum"
(CITÉ DU VATICAN)
-
S.Exc. Mgr Ignatius Ayau KAIGAMA, Archevêque de Jos (NIGÉRIA)
-
S.Exc. Mgr Héctor Miguel CABREJOS VIDARTE, O.F.M., Archevêque de Trujillo,
Président de la Conférence Épiscopale (PÉROU)
-
S.Exc. Mgr Antoni DZIEMIANKO, Évêque titulaire de Lesvi, Évêque auxiliaire de
Minsk-Mohilevi (BIÉLORUSSIE)
-
S.Exc. Mgr Francesco COCCOPALMERIO, Archevêque titulaire de Celiana, Conseil
Pontifical pour l'Interprétation des Textes législatifs (CITÉ DU VATICAN)
-
S.Exc. Mgr Guillermo LORÍA GARITA, Évêque de San Isidro de El General (COSTA
RICA)
-
S.Em.le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et
la Discipline des Sacraments (CITÉ DU VATICAN)
Nous publions ci-dessous les résumés des interventions:
- S.
Em. le Card. Crescenzio SEPE, Archevêque de Naples (ITALIE)
Incarner la Parole de Dieu dans le temps et dans l’histoire que nous vivons, car
c’est seulement de cette manière qu’elle devient efficace et créatrice de
conversion et de charité.
Observer la Parole signifie avant tout, comme nous l’a enseigné la prédication
de Jésus, en rendre témoignage avec sa propre vie et la traduire en oeuvres de
charité. Également les nombreux approfondissements exégétiques, les multiples
initiatives catéchétiques et tous les efforts en vue d’une plus grande
connaissance risquent de ne pas donner de fruit si la Parole n’est pas vécue
avec cohérence dans la vie quotidienne.
Pour surmonter le drame de la séparation entre la foi et la vie, et pour que des
gestes et des oeuvres de charité prennent origine de la Parole, il faut aller
aux sources, c’est-à-dire à la charité: elle seule, si elle est vécue et
pratiquée, peut cimenter le tissu ecclésial et ouvrir la voie à l’amour concret.
Les si nombreux malades dans leur corps et dans leur âme, les pauvres qui
envahissent les rues de nos villes, les lieux de souffrance, comme les hôpitaux,
les prisons, représentent autant de preuves concrètes de la fidélité à la
Parole, et de notre capacité de conformer notre existence sur celle de
l’”Évangile vivant”, plus éloquent que de nombreuses paroles car il est devenu
“chair et sang”.
“L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il
écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins”, a écrit Paul VI dans
Evangelii Nuntiandi (n.41).
Cette vérité élémentaire, mais fréquemment ignorée, doit être réitérée afin que
les évêques, mais aussi les prêtres, les diacres et les catéchistes ressentent
toujours plus l’urgence de se confronter sérieusement avec la Parole dont ils
sont les serviteurs.
La Vierge Marie est l’image parfaite de l’Incarnation, la femme du “oui”, qui a
conçu le Verbe en son coeur, encore avant que dans son sein.
Le mystère de l’Incarnation de la Parole de Dieu doit continuer à se réaliser
dans l’aujourd’hui de l’Église à travers le “oui” de ses fils qui incarnent,
dans la vie, la Parole salvifique de Dieu.
-
S. Em. le Card. Ennio ANTONELLI, Président du Conseil Pontifical pour la Famille
(CITÉ DU VATICAN)
Recommander et promouvoir, avec les aides appropriées, l’écoute communautaire de
la Parole de Dieu au sein des familles et le partage des expériences vécues.
Pour pouvoir relier plus facilement les paroles écrites avec Jésus Christ, la
Parole vivante, il faut suivre l’année liturgique à travers l’Évangile du jour,
ou du moins celui du dimanche, en en soulignant une phrase à se rappeler et à
vivre durant la journée ou durant la semaine. Cela ne demande pas beaucoup de
temps; quelques minutes suffisent pour prier et écouter ensemble, pour prendre
un engagement commun à réaliser dans les activités et relations quotidiennes, et
à se rappeler au moment opportun dans le dialogue familial spontané. Si, au
contraire, l’on ne fait qu’une seule rencontre hebdomadaire d’écoute de la
Parole, elle peut se prolonger et constituer une préparation, ou une
continuation, et une application de la Messe du dimanche à la paroisse.
Dans le Document de travail, il est dit que les mystères du Rosaire sont “la
forme simple et universelle d'écoute de la Parole dans la prière” (1ère Partie,
Chapitre III, n.26). Pour accentuer et rendre cette écoute plus consciente, il
serait opportun d’ajouter officiellement à l’énoncé de chaque mystère une brève
citation biblique appropriée: par ex., au premier mystère joyeux
(l’Annonciation) ajouter “Je suis la servante du Seigneur” (Lc 1,38).
-
S. Exc. Mgr Juan Bautista GAVILÁN VELÁSQUEZ, Évêque de Coronel Oviedo (PARAGUAY)
Aujourd’hui, dans nos peuples, l’homme et la femme sont oppressés et dispersés;
ils ont des difficultés à développer leur capacité d’écoute dans la vie
quotidienne. Et si nous déplaçons ce scénario sur le plan religieux ecclésial,
le besoin et l’urgence sont encore plus grands. C’est en raison de tout cela que
nous pensons que la pratique de l’écoute entre les hommes et les femmes de notre
temps revêt la plus haute importance. Une écoute à partir des besoins et des
souffrances, comme le Maître Jésus l’a fait. En tant que serviteurs du Peuple de
Dieu, nous avons la grande responsabilité de favoriser la capacité d’écoute, et
surtout l’écoute de la Parole incarnée, c’est-à-dire, Jésus Christ lui-même.
Notre peuple a besoin d’encouragement, d’espérance parce qu’il a “faim
d’entendre la parole de Dieu” (Amos 8,11). Or, comme la foi de l’Eglise naît
d’une écoute attentive et confiante de la Parole, nous nous proposons de
redoubler d’effort visant à offrir des possibilités d’écoute de la Parole. Nous
sommes conscients du besoin de rendre plus flexibles les aides et les agents
pastoraux. Et si les circonstances l’exigent: “abandonner les structures
caduques qui ne favorisent pas la transmission de la foi” (Document d’Aparecida,
365).
Nous proposons de restituer au Peuple de Dieu la Parole d’espérance, de justice,
de paix et d’amour. Nous voulons souligner l’importance des petits groupes de
personnes qui se fortifient mutuellement avec l’écoute de la Parole de Dieu et
construisent ainsi des communautés et des familles plus pleines de vie et qui
sont des témoignages.
Ces initiatives requièrent, de la part de nous tous et de chacun des membres de
l’Église, un engagement majeur dans deux directions: la première, dans la
formation des agents, pour tous les niveaux et, en particulier, pour veiller à
la formation des séminaristes, comme aussi la formation permanente des prêtres,
laïcs et Évêques, dans l’esprit de la pastorale de la Parole, en soulignant le
témoignage; en second lieu, avec les aides matérielles, faire en sorte que la
participation suive le principe: “peu mais avec tous”.
Nous n’avons pas confiance en nos forces humaines pour atteindre nos objectifs,
mais seulement dans le Seigneur: “sur ta parole je vais lâcher les filets” (cf.
Lc 5,5).
-
S. Exc. Mgr David Louis WALKER, Évêque de Broken Bay (AUSTRALIE)
Après douze années de ministère épiscopal, deux questions me préoccupent d’une
manière toute spéciale: premièrement, que nos fidèles catholiques n’ont pas eu
l’opportunité d’approfondir le mystère de Notre Seigneur Ressuscité et,
deuxièmement, la formation des prêtres qui permettrait de réaliser cet
approfondissement.
La Sainteté est au centre de notre foi; la sainteté de chaque croyant devrait
être de haut niveau, ce qui constitue une tâche urgente de la pastorale
(Jean-Paul II). Une sainteté profonde et une intimité avec les Saintes Écritures
vont de pair. Cette intimité ne s’acquiert, dans le temps, que par une réflexion
régulière sur les Écritures, accompagnée de méditation et de prière.
Nous décevons nos fidèles lorsque nous ne proclamons pas l’Évangile d’une
manière radicale et profonde. Nous l’avons apprivoisé et maîtrisé, ainsi il ne
les incite pas à une réponse radicale. Nos prêtres sont, aujourd’hui,
certainement mieux préparés sur les Saintes Écritures qu’ils ne l’ont jamais
été. Cependant, cela ne s’est pas traduit par un ministère presbytéral centré
sur “une bibliothèque de la Parole” (Origène) ou “une peinture de la couleur des
Saintes Écritures” (Cassian). Une telle et seule approche ne peut que remplir la
tête des Saintes Écritures, mais en laisser le coeur vide.
Nous devons porter l’expérience des Saintes Écritures de la tête au coeur, car
cela constitue la véritable base d’un ministère ordonné. La pratique à suivre
pour y parvenir est la lecture fidèle et partagée des Écritures, accompagnée de
méditation et de prière.
- S.
Exc. Mgr Louis PELÂTRE, A.A., Évêque titulaire de Sasima, Vicaire Apostolique
d'Istanbul, Administrateur Apostolique de l'Exarcat Apostolique d'Instanbul
(TURQUIE)
Je viens de l’Asie Mineure, l’actuelle Turquie.
Une bonne partie des écrits du Nouveau Testament ont été rédigés dans cette
région.
Le ministère des Apôtres à travers ces régions nous pose la question de la
transmission du message dans les langues locales. Le texte grec qui nous est
parvenu a été précédé par la tradition orale et constitue déjà un effort de
traduction. La Constitution "Dei Verbum" de Vatican II rappelle que les éveques
sont les premiers responsables de l'interprétation de la Sainte Ecriture et
attire leur attention au numéro 25 sur les traductions (versiones) des textes
sacrés et les nécessaires explications qui doivent les accompagner.
Il existe à travers le monde d'excellentes commissions pour les traductions de
la Bible dans les différentes langues internationales, mais qu'en est-il des
traductions dans les langues locales qui ne sont parlées que par un petit
nombre? C'est un vrai problème pour la Turquie. Il faut rendre hommage à nos
frères des sociétés bibliques protestantes qui réalisent depuis longtemps un
excellent travail dans ce domaine, mais il faut déplorer en même temps que
l'Eglise catholique ne soit pas suffisamment présente et manque d'éléments
compétents pour prendre part à cet effort de traductions de qualité, préalable à
l'évangélisation dans la langue du peuple. C'est pourquoi je fais appel à toutes
les sociétés missionnaires de mettre dans leurs priorités le choix de personnes
compétentes à la fois dans les langues bibliques et les langues locales pour
établir des textes de qualité dignes de la Parole de Dieu que nous voulons
annoncer. Ma1heureusement on trouve relativement facilement de l'argent pour
imprimer de beaux livres, mais peu pour assurer la qualité du contenu, ce qui
suppose de trouver des personnes volontaires pour ce travail obscur et de longue
haleine qui constitue le premier pas de l'action évangélisatrice de l'Eglise.
-
S. Em. le Card. Cláudio HUMMES, O.F.M., Préfet de la Congrégation pour le Clergé
(CITÉ DU VATICAN)
Il y a déjà longtemps, un de mes collègues, docteur en théologie et professeur,
avait été atterré par ce qu’il avait lu sur la résurrection du Christ dans deux
livres, de théologie et d’exégèse, qui mettaient en question de nombreux aspects
de ce dogme fondamental de notre foi et le vidaient, d’une manière inquiétante,
en grande partie de son vrai contenu. Il m’avait fait part de son désarroi. Nous
étions à la veille de Pâques. Il me demanda alors: “Demain c’est Pâques.
Qu’est-ce que je vais dire aux personnes, à l’Église, sur la résurrection?”. Je
lui répondis aussitôt: “Tu devras annoncer que Jésus Christ est ressuscité des
morts et qu’il est vivant! C’est tout”. Et lui: “Mais c’est vrai! C’est cela!”.
Et il s’en alla tout content.
Cet épisode rappelle ce besoin urgent de remettre, à nos prêtres et à nos
diacres, une bonne théologie et une efficace méthode exégétique. En ce qui
concerne la méthode exégétique, le Pape Benoît XVI en indique la direction dans
l’Introduction de son livre “Jésus de Nazareth”.
En ce qui concerne les prêtres et les diacres, qu’ils se nourrissent de la
Parole de Dieu pour accomplir leur mission en tant que disciples. Étant donné
que la Parole de Dieu c’est, avant tout, la personne même de Jésus Christ,
l’écoute de cette Parole dans les Saintes Écritures doit conduire à une
rencontre intense et personnelle avec Lui. Dans cette rencontre, l’auditeur doit
se confier totalement au Christ, se laisser transformer par Lui et adhérer à
Lui, d’une manière inconditionnelle, dans la foi, se mettant ainsi fidèlement à
la suite de Jésus, partout où Il le conduira. Pour accomplir cet itinéraire, la
“lectio divina” se présente comme la méthode la plus recommandable, tenant
compte du fait que Dieu est amour et que la Bible est l’histoire sur la manière
dont Dieu a aimé Son peuple.
La rencontre avec le Christ donnera, à celui qui annonce la Parole, la force de
témoignage nécessaire. Ainsi, le Kerygme, c’est-à-dire le contenu de la première
annonce de la personne de Jésus Christ, mort et ressuscité pour notre salut, et
de son Royaume, devra être redécouvert. Par ailleurs, dans ce nouvel élan
missionnaire, il faut aller également à la recherche de ceux qui sont, comme on
les appelle, “les lointains”, de ceux que nous avons baptisés, mais qui ne
participent pas à la vie de nos communautés.
-
S. Em. le Card. Paul Josef CORDES, Président du Conseil Pontifical "Cor Unum"
(CITÉ DU VATICAN)
Dans le monde civilisé, la sollicitude envers notre prochain dans le besoin est
aussi une instance culturelle. La plupart des religions du monde - telles que
l’Islam, l’Hindouisme ou le Bouddhisme - ont appris du christianisme et fait
propre la promotion de l’amour du prochain. Cependant, dans le n° 39 du Document
de travail, qui réclame l’amour du prochain des membres de l’Église, cette
nécessité ne semble pas représenter aujourd’hui la tâche la plus urgente.
Dans le contexte culturel actuel, il serait beaucoup plus important de revenir
sur l’arbre qui produit du fruit. Nous devons devenir plus conscients des
racines bibliques de l’action humanitaire et les renforcer. En effet, la
Révélation divine lie le commandement de l’amour du prochain à celui de l’amour
de Dieu duquel il provient. Dans la prédication de Jésus, le devoir d’aimer
apparaît comme un double commandement. Et justement pour montrer l’amour du Père
céleste (cf. Jn 10, 32), Jésus lui-même, le modèle définitif de l’amour pour le
prochain, “a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient
tombés au pouvoir du diable” (Ac 10, 38).
Les Pasteurs de l’Église ne seront donc pas simplement attentifs à ne pas
abandonner les institutions caritatives ecclésiales au climat général de
philanthropie. Ils devront plutôt reconnaître dans la sensibilité des personnes
d’aujourd’hui le KAIROS de révéler Dieu comme le seul en mesure d’inspirer tout
acte de “bon Samaritain”: c’est l’annonce de l’amour de Dieu qui inspire la
capacité d’aimer le prochain. C’est pour cette raison que Cor Unum a organisé au
mois de juin dernier les Exercices Spirituels pour les chefs des organisations
caritatives catholiques en Amérique. L’accueil substantiellement positif est une
preuve que nos collaborateurs aspirent à la rencontre personnelle avec Dieu.
L’emphase théocentrique ne doit pas négliger l’engagement à opérer en faveur de
la justice dans la société, que le Document de travail décrit de manière erronée
comme “la première forme de charité” (n° 39); en effet, l’amour dépasse
infiniment la justice (cf. 1Co 13). Lorsque le service des organisations
caritatives appartenant à l’Église et des chrétiens pris individuellement ne
manifestent pas clairement Dieu à ceux qui demandent et qui cherchent, nous
renonçons à une fonction de l’Église qui est cruciale pour les temps que nous
vivons actuellement. Parce que l’homme d’aujourd’hui a plus que jamais besoin de
cette union avec Dieu.
La première Encyclique du Saint-Père, Deus Caritas Est, affirme de manière
incontestable la vérité théologique selon laquelle, dans leurs diocèses, les
Évêques sont les premiers responsables de la mission caritative de l’Église (cf.
n° 32). Ils ne peuvent pas déléguer cette mission à des collaborateurs ou la
confier aux mains de puissants administration ou organismes de même sorte. Ce
qui est déjà explicite pour la prédication de la Parole - les martyria - et pour
la célébrations des sacrements - la leitourgia - est vrai également pour la
charité: dans le diocèse, la responsabilité ultime de la diakonia appartient à
l’Évêque. Il est dommage que le Code de Droit Canonique ne mentionne pas
explicitement ce devoir des Pasteurs, une omission que le Pape Benoît XVI a
souligné dans son Encyclique (n° 32). Il est temps de combler cette lacune.
- S.
Exc. Mgr Ignatius Ayau KAIGAMA, Archevêque de Jos (NIGÉRIA)
1. Le Synode sur la Parole de Dieu offre à plus d’un milliard de catholiques une
occasion de développer une dévotion plus profonde aux Saintes Écritures; d’être
“un Évangile vivant” pour les autres.
2. Le signe de la croix sur le front, les lèvres et le cœur à la lecture de
l’Évangile signifie que la Parole doit être absorbée par l’esprit, prendre
racine dans le coeur et être proclamée. L’Ephphetha du baptême, qui signifie
écouter et proclamer, doit devenir une partie intégrante du baptême.
3. En Afrique, nous disons que Dieu nous a donné deux oreilles et une seule
bouche pour mieux écouter. Les progrès technologiques rendent l’écoute très
difficile. Les distractions provoquées par la pauvreté et les inquiétudes
portant sur les choses de la vie de tous les jours, et même l’excès de richesse,
rendent l’écoute difficile à la Messe. Les Pasteurs devraient parler des fidèles
et des défis pluri-dimensionnels de leur vie dans l’homélie.
4. La Parole de Dieu doit fournir les ingrédients pour une vie chrétienne
authentique. Il est toutefois triste que, quand des difficultés ethniques et
politiques apparaissent, ceux qui partagent la même Parole de Dieu et la même
Eucharistie s’arment eux aussi violemment les uns contre les autres; ou la
Parole de Dieu n’a aucune importance dans leur vie ou elle est superficielle,
d’où des pratiques syncrétiques et l’adhésion à d’autres cultes.
5. Suggestions: les Pasteurs doivent enseigner la lecture personnelle des
Écritures afin que les chrétiens y rencontrent Jésus et dialoguent avec Dieu. Au
Nigéria, nous encourageons les fidèles à posséder une Bible, même ceux qui ne
savent pas lire. Dans certains cas, c’est une condition préalable au baptême, au
mariage et à la confirmation. Nous encourageons les catholiques qui en ont les
moyens à offrir des Bibles, les parents à offrir la Bible au baptême de leurs
enfants qui sera conservée jusqu’à ce qu’ils puissent la lire. Nous encourageons
à conserver et à partager la Bible dans les foyers et entre les membres de la
famille. Les éditions catholiques de la Bible sont chères et devraient être plus
disponibles et à un prix plus abordable; elles devraient être traduites dans un
nombre majeur de dialectes locaux. Il faut enfin former des enseignants de la
Bible, des catéchistes et des traducteurs. Il faudrait faire des catéchèses
hebdomadaires comme le fait le Saint-Père. Les mouvements ecclésiaux devraient
commencer leurs réunions par une lecture de la Bible. Il faudrait encourager un
partage de l’Évangile avec le voisinage. La lecture personnelle quotidienne de
passages de la Bible peut enraciner les chrétiens dans les valeurs de l’Évangile
et entraîner des transformations économiques, politiques et sociales dans les
foyers ou sur les lieux de travail.
- S.
Exc. Mgr Héctor Miguel CABREJOS VIDARTE, O.F.M., Archevêque de Trujillo,
Président de la Conférence Épiscopale (PÉROU)
Aujourd’hui, nous parlons souvent, et à juste raison, de l’importance des moyens
de communication pour porter la Parole de Dieu à nos contemporains. Nous avons,
cependant, toutes les semaines, la possibilité d’annoncer l’Évangile au moment
privilégié de la célébration eucharistique, proclamation bien souvent
insuffisante. C’est une question sérieuse et urgente qu’il est important de
prendre en considération.
Peut-être l’origine de cette situation réside-t-elle dans le manque d’une
formation biblique sérieuse et systématique. Une bonne connaissance de
l’Écriture Sainte garantit une bonne prédication. Cette formation, il faut la
recevoir au cours des études de théologie, une théologie qui, suivant la ligne
du Concile, ait comme “âme” l’Écriture Sainte (DV 24) et constitue le “souffle
vital” de la formation sacerdotale. Tous les trois ans, les ministres de la
Parole se retrouvent avec les mêmes textes; le manque d’une formation biblique
solide et permanente qui leur permette de tirer d’eux “du neuf et du vieux”,
comme le dit l’Évangile de Matthieu (13, 51) les fait glisser rapidement sur ces
passages bibliques, lorsqu’ils ne tombent pas dans l’anecdotique et le non
transcendant.
Une connaissance du contexte rend plus efficace la présentation de l’Évangile.
Nous devons exhorter les ministres de la Parole à élaborer attentivement leurs
homélies, en prenant bien en considération les destinataires de la prédication.
Cette dernière doit être claire dans l’expression, fidèle et proche des aspects
précis du message qui se trouvent dans les textes lus. Il ne faut pas oublier
que l’homélie est la communication de la Parole vivante de Dieu, une
communication \pard softlinequi, comme l’indique le terme lui-même, est orientée
afin de produire communion avec le Dieu de notre foi, fondement de la communion
des croyants. Communication, communion et communauté forment un tout unique.
Et bien que l’homélie doive répondre à une formation biblique solide et être
attentive à la réalité et aux changements du monde dans lequel vivent ses
destinataires, le témoignage personnel du prédicateur, la cohérence de sa vie
avec l’Évangile, doit confirmer ce qu’il y proclame. Cela donnera de la
crédibilité à ce qui est dit. Une telle condition exige une spiritualité
profonde de la part des ministres de la Parole, sur laquelle nous devons veiller
de manière pastorale.
-
S. Exc. Mgr Antoni DZIEMIANKO, Évêque titulaire de Lesvi, Évêque auxiliaire de
Minsk-Mohilevi (BIÉLORUSSIE)
Je voudrais faire une petite réflexion liée à la vie de l’Église en Biélorussie
sur le thème du Synode actuel.
On peut dire que, pendant la période des persécutions, l’Écriture Sainte, lue
par les prêtres, représentait la seule littérature religieuse sur laquelle la
prédication et la réflexion dévote adressées aux fidèles se basaient. La
situation dramatique du bloc, du Rideau de Fer, a encouragé le clergé à la
lecture de l’Écriture Sainte et à la pratique de la Lectio divina. Dernièrement,
un concours portant sur la connaissance de la Bible a été organisé au niveau
interdiocésain. Bien que très lentement, des groupes se créent dans les
paroisses pour approfondir, sous la conduite d’un prêtre, la Bible. Sur le site
internet de la Conférence épiscopale de Biélorussie, des Lectio divina sont
régulièrement proposées. En ce qui concerne la formation intellectuelle des
élèves, la transmission de la science biblique aux futurs prêtres est
scrupuleusement observée, selon le nombre d’heures indiqué par la Congrégation
pour l’Éducation catholique. Les leçons sont tenues par des biblistes qui ont
une préparation adéquate.
Pour que “l'accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux chrétiens” (DV
22), il est nécessaire d’avoir une traduction appropriée, correcte et intégrale
de la Bible en langue biélorusse, de manière à susciter l’amour pour l’Écriture
Sainte, en soulignant l’unité qui existe entre le pain de la Parole et le Corps
du Christ. Les chrétiens pourront ainsi s’assurer que leur vie soit pleinement
nourrie.Nous espérons aussi que la contribution finale du Synode ne se limite
pas à la dimension informative mais qu’elle ait une influence essentielle, nous
engageant dans une action concrète et vitale, afin que la Parole de Dieu
elle-même puisse se manifester telle qu’elle est: vivante, efficace et
pénétrante, compréhensible en toute langue humaine.
- S.
Exc. Mgr Francesco COCCOPALMERIO, Archevêque titulaire de Celiana, Conseil
Pontifical pour l'Interprétation des Textes législatifs (CITÉ DU VATICAN)
1) Dans l’exposition des “raisons doctrinales” - comme il est dit dans le
premier texte susmentionné - nous devrions éviter d’ exposer à nouveau
l’ensemble de ces raisons doctrinales et nous limiter à l’essentiel et au
discours simple. Essayons de nous mettre devant les fidèles dans nos paroisses,
les fidèles qui, généralement, disposent d’une instruction théologique moyenne,
et essayons de leur expliquer certaines raisons doctrinales qui font comprendre
ce qu’est l’Écriture Sainte et qui incitent à la fréquenter. Il existe des
phrases incisives, comme celle de saint Cyprien, citée fort à propos au n° 25,
vers la fin: “quand tu lis, c’est Dieu qui parle avec toi”. Si nos fidèles
comprenaient vraiment ce point, leur rapport avec la lecture de la Bible en
serait révolutionné.
2) Dans le choix des résultats à obtenir, nous devrions indiquer un certain
nombre de pratiques importantes mais également très simples. Permettez-moi d’en
citer quelques-unes qui, à mon avis, correspondent à ces critères. Mais il faut
que tous les diocèses, toutes les paroisses, toutes les communautés s’engagent
fermement à atteindre ces objectifs.
Maintenant, je voudrait proposer quelque chose de plus spécifique ou de plus
proche de mon travail particulier au sein de la Curie romaine et au service du
Pape. En tant que Président du Conseil pour l’Interprétation des Textes
législatifs et étant donc responsable de la mise à jour permanente de la
législation de l’Église, je me demande si une Assise aussi importante, sur un
thème aussi déterminant pour la vie de la Sainte Église, ne pourrait et ne
devrait pas donner un apport significatif à la Loi même de l’Église, et en
particulier au Code de Droit canonique.
Pour préciser ma pensée, je présenterai un exemple tout à fait élémentaire. Le
canon 276 sur la vie spirituelle des clercs s’exprime ainsi: [les Clercs]
“nourriront leur vie spirituelle à la double table de la Sainte Écriture et de
l'Eucharistie...” (§2, n° 2). Le texte est appréciable mais il se réfère
seulement à la célébration de l’Eucharistie et lorsqu’il évoque, par la suite,
la prière personnelle, il affirme seulement: “ils sont exhortés à pratiquer
régulièrement l'oraison mentale” (§2, n° 5). L’expression “oraison mentale” est
absolument claire mais elle est désuète.
Alors que l’on pourrait ici “exhorter les clercs à pratiquer quotidiennement la
lectio divina”.
En définitive, ma proposition est que les conclusions du Synode, avec l’accord
du Saint-Père, deviennent aussi un objet de réflexion que l’on confierait aux
Dicastères de la Curie, avec l’aide spéciale, l’encouragement et la coordination
du Conseil pontifical pour l’Interprétation des Textes législatifs, afin qu’ils
proposent au Législateur suprême les adaptations nécessaires aux normes de
l’Église en ce qui concerne le domaine particulier de la Parole de Dieu.
-
S. Exc. Mgr Guillermo LORÍA GARITA, Évêque de San Isidro de El General (COSTA
RICA)
Point 3. Mettre avec force la Bible dans les mains des fidèles, rencontre
existentielle, personnelle et communautaire; poursuivre une solide formation
continue et systématique avec des documents valables pour la correcte
compréhension du texte, illumination et application dans sa propre vie (cf. DV
25)
Point 22c. Que des experts spécialistes donnent une réponse à la question de
l’évangélisation, une meilleure formation biblique dans les séminaires et des
fidèles. Version populaire de : DV, OT, IBI, le peuple juif et ses Saintes
Écritures dans la Bible chrétienne; que l’on en renforce l’étude dans les
séminaires.
Que l’Église expose ses enseignements à partir du message joyeux et vivifiant de
la Parole ; toute la théologie doit se nourrir en premier lieu de l’Écriture et
non point de la philosophie avant tout (cf. DV 24). Que les théologiens
formulent de nouveau la foi par des connaissances bibliques solides.
Point 40. Diffusion de documents d’aide biblique: remplissent-ils leur fonction?
Sont-ils utilisés? Les fidèles en ont-ils connaissance? Sont-ils d’accès facile?
Que la pastorale soit imprégnée, alimentée et guidé par la Parole, sans tendre
au “biblicisme”. Des communautés eucharistiques et bibliques, “christo-centrées”.
Point 43. Un financement pour la réalisation de documents sérieux et
intéressants sur les livres de la Bible, qui suscite aspiration et désir de
connaître davantage la Parole. Créer des commissions continentales pour réaliser
des documents d’aide en communion avec la Commission pontificale biblique.
- S.
Em. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la
Discipline des Sacraments (CITÉ DU VATICAN)
1. Richesse de la Liturgie des Heures
La Liturgie de la Parole caractérise l’économie sacramentelle toute entière, au
centre de laquelle resplendit la Très Sainte Eucharistie., La célébration
eucharistique du dimanche représente sans aucun doute, pour la majorité des
catholiques, le principal mode pour écouter et répondre à Dieu qui parle
aujourd’hui à son peuple. Mais nous ne devons pas oublier la prière quotidienne
de l’Église qui est la Liturgie des Heures, constituée dans sa plus grande
partie par des textes des Saintes Écritures, à commencer par les Psaumes.
Je suggère qu’à la fin le Synode parle sur la Liturgie des Heures, spécialement
pour les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, et bien entendu
pour les ordres monastiques. Malheureusement, il existe des prêtres qui omettent
certaines heures de l’Office Divin. Une aide importante pour eux, qui complète
l’écoute des lectures bibliques de la Sainte Messe, c’est justement l’Office des
Lectures (cf. Instr. Lab. 34)).
2. Importance des Praenotanda
Justement, le Document de travail met en évidence l’importance de la Liturgie de
la Parole, caractéristique de toute action sacramentelle et, d’une manière
particulière, de l’Eucharistie. À cet égard, il convient de valoriser, avec un
intérêt renouvelé et de manières diverses, la connaissance des Praenotanda des
différents rituels, spécialement de l’Ordo lectionum Missae. La référence à ces
textes capitaux et normatifs, dans lesquels les aspects théologiques,
disciplinaires, pastoraux et de célébration se conjuguent, permet de connaître
le sens de la Liturgie de la Parole et la manière de la célébrer concrètement,
sans s’adonner à des abus suggestifs
Je suggère que le Synode insiste sur l’importance de la traduction des Saintes
Écritures, dûment approuvée par la Conférence Épiscopale, et plus spécifiquement
de la traduction des Saintes Écritures pour l’usage liturgique avec la
recognitio, qui s’impose, du Saint Siège.
3. La Bible et les autres éléments dans la liturgieSacrosanctum Concilium, 24,
nous rappelle aussi que les prières, les oraisons, les hymnes, les chants, les
antiennes, les gestes et les signes sont inspirés des Saintes Écritures et
reçoivent, d’elles, leur signification.
Je suggère que le Synode parle aussi des chants liturgiques: les chants
d’entrée, à la présentation des dons et à la communion sont traités par les
Saintes Écritures, tout comme les antiennes et les responsoriaux de l’Office
Divin. Il est, alors, important que les chants exécutés dans la liturgie ne
soient pas des compositions quelconques, souvent improvisées, sans l’approbation
de l’Évêque ou de la Conférence des Évêques.



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