

SYNODE DES ÉVÊQUES
INTERVENTIONS
XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008
La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission
de l'Église
13
- 10.10.2008
Sont
ensuite intervenus les Pères suivants:
-
S.Em. le Card. Vinko PULJIĆ, Archevêque de Vrhbosna, Sarajevo, Président de la
Conférence Épiscopale (BOSNIE ET HERZÉGOVINE)
- S.Exc. Mgr
Emmanuel FÉLÉMOU, Évêque de Kankan (GUINÉE)
-
S.Exc. Mgr Joseph Mitsuaki TAKAMI, P.S.S., Archevêque de Nagasaki (JAPON)
- S.Exc.
Mgr Andrzej Wojciech SUSKI, Évêque de Toruń (POLOGNE)
- S.Exc.
Mgr Ján BABJAK, S.I., Archevêque Métropolite de Prešov, Prjašev des catholiques
de rite byzantin, Président du Conseil de l'Église Slovaque (SLOVAQUIE)
-
S.Exc. Mgr Santiago Jaime SILVA RETAMALES, Évêque titulaire de Bela, Évêque
auxiliaire de Valparaíso (CHILI)
-
S.B. Grégoire III LAHAM, B.S., Patriarche d' Antioche des Gréco-Melkites, Chef
du Synode de l'Église Gréco-Melkite Catholique (SYRIE)
- S.B.
Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)
- S.Exc. Mgr Anthony
MUHERIA, Évêque d'Embu (KÉNYA)
-
S.Exc. Mgr Víctor Hugo PALMA PAÚL, Évêque d'Escuintla (GUATÉMALA)
- S.Exc.
Mgr Charles SORENG, S.I., Évêque de Hazaribag (INDE)
-
S.Exc. Mgr Julio César TERÁN DUTARI, S.I., Évêque de Ibarra (ÉQUATEUR)
-
S.Exc. Mgr Pablo Virgilio S. DAVID, Évêque titulaire de Guardialfiera, Évêque
auxiliaire de San Fernando (PHILIPPINES)
-
S.Exc. Mgr György UDVARDY, Évêque titulaire de Marazane, Évêque auxiliaire de
Esztergom-Budapest (HONGRIE)
-
S.Exc. Mgr Charles Maung BO, S.D.B., Archevêque de Yangon (MYANMAR)
-
S.Exc. Mgr Vincenzo PAGLIA, Évêque de Terni-Narni-Amelia, President de la
Féderation Biblique Catholique (ITALIE)
-
S.Exc. Mgr Jabulani NXUMALO, O.M.I., Archevêque de Bloemfontein (AFRIQUE DU SUD)
-
S.Exc. Mgr Jesús PÉREZ RODRÍGUEZ, O.F.M., Archevêque de Sucre (BOLIVIE)
-
S.Exc. Mgr Musie GHEBREGHIORGHIS, O.F.M. Cap., Évêque d'Emdeber (ÉTHIOPIE)
-
S.Exc. Mgr Miguel Angel SEBASTIÁN MARTÍNEZ, M.C.C.I., Évêque de Lai (TCHAD)
- S.Exc. Mgr
Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)
- S.Exc. Mgr
Antons JUSTS, Évêque de Jelgava (LETTONIE)
-
S.Exc. Mgr Néstor Rafael HERRERA HEREDIA, Évêque de Machala (ÉQUATEUR)
-
S.Exc. Mgr Eugène Lambert Adrian RIXEN, Évêque de Goiás (BRÉSIL)
-
S.Exc. Mgr Patrick Altham KELLY, Archevêque de Liverpool (ANGLETERRE)
-
S.Exc. Mgr Paolo PEZZI, F.S.C.B., Archevêque de la Mère de Dieu à Moscou
(FÉDÉRATION RUSSE)
-
Très Rév. P. Antonio PERNIA, S.V.D., Supérieur Général de la Société du Verbe
Divin
Nous publions, ci-dessous, le résumé des interventions:
- S.
Em. le Card. Vinko PULJIĆ, Archevêque de Vrhbosna, Sarajevo, Président de la
Conférence Épiscopale (BOSNIE ET HERZÉGOVINE)
Je voudrais concentrer mon attention sur le septième chapitre: “La Parole de
Dieu dans les services et dans la formation du peuple de Dieu”. Dans l’esprit de
la constitution Lumen Gentium, il est ici, souligné avec raison que “les fidèles
laïcs partagent la mission salvifique que le Père a confiée à son Fils pour le
salut de tous les hommes” (n.51). Je soutiens de tout mon coeur cette pensée que
“le service des laïcs requiert diverses compétences pour lesquelles une
formation biblique spécifique est nécessaire”. Ensuite, divers groupes sont
énumérés au niveau de la paroisse et des diocèses (les malades, les soldats, les
prisonniers, les nouveaux mouvements et les associations). Dans ce contexte, le
Document de travail rappelle que “un moyen privilégié de rencontrer Dieu qui
nous parle est la catéchèse au sein des familles, avec l'approfondissement de
quelques pages de la Bible et la préparation de la liturgie du dimanche”. “Une
tâche de la famille est justement d'initier les enfants aux Saintes Écritures, à
travers la narration des grandes histoires de la Bible, en particulier celles de
la vie de Jésus, et à travers la prière s'inspirant des Psaumes ou d'autres
livres de la Révélation”.
La plupart de nos familles possèdent au moins le Nouveau Testament chez elles,
et pour un grand nombre d’entre elles, même toute la Bible.
Dans les pays qui sont récemment sortis d’un régime socialiste, l’Église a
besoin de fidèles laïcs qui vivent intensément l’Évangile du Christ au sein de
leur famille et dans la société, et qui reprennent leur place dans la mission de
la communauté ecclésiastique.
La préparation familiale pour le Jour du Seigneur pourrait se transformer en un
réel kairos pour eux. Si des mouvements spécifiques sont approuvés par les
Pasteurs ecclésiastiques, ou bien si les Pasteurs ici présents possèdent,
individuellement, une expérience positive à cet égard, je voudrais pouvoir
profiter de la richesse de leur expérience.
Je propose donc que les pensées exposées au n.51 du Document de travail, que
j’ai mentionnées ici, soient, à la fin de notre Assemblée, formulées en
Propositions que nous mettrons à la disposition du Saint-Père pour l’Exhortation
post-synodale qui sera élaborée après le Synode.
- S. Exc.
Mgr Emmanuel FÉLÉMOU, Évêque de Kankan (GUINÉE)
Le Synode des Evêques, consacré à la réflexion sur la Parole de Dieu dans la vie
et la Mission de l'Eglise, constitue une grande occasion pour chacun
d'approfondir ses liens avec Jésus-Christ, Verbe de Dieu incarné.
En effet pour dévoiler son Plan d'amour et faire connaître sa volonté ultime,
Dieu nous a parlé par son Fils. L'efficacité de cette parole révélée en
Jésus-Christ demeure la puissance Divine qui libère les peuples de leur
imperfection dans la connaissance de Dieu, de leur peur et de leurs erreurs, de
leurs incertitudes et de leurs tâtonnements. L'amour de Dieu est perçu par les
couches africaines comme accomplissement de leur attente. Ainsi dans cette
Révélation, qui est plénitude, Eschaton de toute Révélation divine, la proximité
de Jésus-Christ et la transformation positive de toute culture par sa Parole
reste un point d'attraction et de conviction de nos peuples pour laisser
purifier leur cultures spécialement leur vision sur la volonté de Dieu sur la
vérité dans toute sa splendeur: Si Dieu unique était connu dans nos cultures il
restait cependant cette clarté et cette perfection où l'amour n'est plus
seulement à vivre avec son frère de famille mais avec tous; à pardonner l'
ennemi au lieu de l'empoisonner quand il faut montrer sa puissance. Je ne veux
pas dire qu'il n'y avait pas de pardon mais cette réalité avait besoin de la
parole du Christ, de sa connaissance et de son exemple. Pour lui donner ce
visage unique.
L’Eglise catholique en Guinée avait manifestée un intérêt particulier pour ce
Synode en faisant participer toutes les couches ecclésiales sur· la réflexion de
LINEAMENTA, phase préparatoire de ces travaux. Aussi, nous avons voulu que
chaque agent pastoral: Catéchiste, Religieuses, Prêtre, Evêque, en entrant dans
une famille puisse demander: Avez-vous lu un passage de la Bible aujourd'hui et
quel est le message que vous voulez vivre maintenant?
Nous voulons aussi insister sur la vénération des Saintes Ecritures en faisant
des cérémonies d'accueil et d'Intronisation de la Bible dans la Famille et en
lui donnant une place spécifique où chaque jour un passage sera lu et médité.
Les jeunes ont besoins d'écouter Jésus Christ qui leur parle: Et nous pasteurs
devons les accompagner dans les Camps Bibliques en ne laissant pas seulement la
formation à un groupe. Nous devons leur montrer par nos actions comment cette
Parole demeure le coeur de nos actions. Et disons que l'initiation à la Bible
répond à nos initiations africaines où l'on se met à l'écoute du Maître. Mais
ici non seulement on écoute mais vit à l' exemple de celui qui nous parle, Jésus
Christ : visiter un malade qui n'est pas seulement mon parent naturel, pardonner
mon ennemi, faire du bien à ceux qui me haïssent, aimer gratuitement dans un
monde où tout ce fait avec intérêt. Puisse le Ressuscité nous accompagner sur
nos divers chemins des nouveaux Emmaüs pour nous aider à demeurer ses témoins
malgré les épreuves de la route.
-
S. Exc. Mgr Joseph Mitsuaki TAKAMI, P.S.S., Archevêque de Nagasaki (JAPON)
Le Synode traite des nombreux aspects de la Bible et devrait amener et conduire
les fidèles vers une vision mondiale, en les éclairant afin qu’ils comprennent
ceci: la place et l’importance de la Bible dans la vie et l’évangélisation de
l’Église ; le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament, en éclairant la
signification des passages difficiles de l’Ancien Testament; une explication
claire de la totalité des Saintes Écritures à l’égard du développement de la
révélation. La révélation, le magisterium, la foi, le lien organique entre la
liturgie et les Écritures sont autant de domaines à examiner. L’étude de
l’herméneutique par des voies adéquates devrait être encouragée (Introduction
n°5).
En général, nous pouvons dire que les personnes qui essayent de vivre une vie
chrétienne n’ont pas suffisamment laissé leurs coeurs être pénétrés par la force
dynamique des Saintes Écritures. La lectio divina seule ne suffit pas. Il est
important que nous comprenions la Parole de Dieu, en la rapprochant de nos vies,
que nous partagions cela avec les autres et que nous la mettions en pratique
tout au long de nos vies. Alors que nous lisons la Parole de Dieu et commençons
à saisir que la Parole est vraiment en action dans les événements de notre vie
de tous les jours, nous comprenons que c’est quelque chose que nous devons
transmettre aux autres. Comment faire, en termes pratiques, afin que l’Écriture
puisse pénétrer et animer la vie chrétienne des fidèles? C’est un sujet qui doit
sans cesse être rebattu.
Par conséquent,
1) cette assemblée devrait demander au Saint-Père “de fortement recommander à
tous les chrétiens dans le monde entier de lire, de méditer et de faire partager
les Saintes Écritures”, en particulier, par le biais de son Exhortation
apostolique post-synodale.
2) Un livre devrait être publié qui explique en détails les méthodes actuelles
de faire partager la Bible et qui inclurait une espèce d’évaluation, afin que
les lecteurs puissent choisir parmi elles celle qui correspond à leurs
conditions de vie.
3) Un livre intitulé Sunday Gospel Readings with Lectio Divina Year B: Mark,
Advent 2008 – Christ the King 2009 écrit par Mgr Anthony Abela, qui est une
contribution à ce Synode, sera publié, également en japonais, avant l’Avent de
cette année.
- S.
Exc. Mgr Andrzej Wojciech SUSKI, Évêque de Toruń (POLOGNE)
Je me réfère au chapitre V, n. 34, du Document de travail, où il est dit que “à
tous les niveaux de la vie ecclésiale il est nécessaire de faire mûrir la
compréhension de la liturgie en tant que lieu privilégié de la Parole de Dieu,
qui édifie l’Église”. Cette affirmation est fondamentale pour ce qui suit.
Il semble, cependant, qu’il faudrait préciser de quels niveaux de la vie
ecclésiale il s’agit. Le mot “communauté” revient souvent dans le document, mais
ce mot est “en soi” ambigu. On peut le comprendre dans le sens de la communauté
ecclésiale universelle, de la communauté diocésaine et de la communauté
paroissiale, tout comme de la communauté religieuse ou des différentes
communautés au sein de la paroisse et du diocèse.
Du point de vue pastoral, la communauté paroissiale joue un rôle particulier et
je pense qu’elle devrait être plus clairement mise en évidence comme le lieu
privilégié, où la Parole de Dieu proclamée aux fidèles, méditée et confrontée
aux mille situations de la vie quotidienne, donne naissance à la communauté
ecclésiale.
Dans l’exhortation apostolique Catechesi tradendae, le Pape Jean-Paul II affirme
que “La communauté paroissiale doit demeurer l’animatrice de la catéchèse et son
lieu privilégié (...) Qu’on le veuille ou non, la paroisse demeure une référence
majeure pour le peuple chrétien, même pour les non-pratiquants” (n.67).
La paroisse a des motivations d’ordre également théologique. Selon
l’enseignement pontifical, la paroisse est une communauté eucharistique; cela
signifie que c’est une communauté apte à célébrer l’Eucharistie, en qui se
trouvent la racine vivante de son édification et le lien sacramentel de son être
en pleine communion avec toute l’Église. Cette aptitude se fonde sur le fait que
la paroisse est une communauté de foi et une communauté organique, c’est-à-dire
constituée par des ministres ordonnés et par les autres chrétiens, sous la
responsabilité d’un curé qui, représentant l’Evêque du diocèse, est le lien
hiérarchique avec toute l’Église (cf. Ch.L, 26).
- S.
Exc. Mgr Ján BABJAK, S.I., Archevêque Métropolite de Prešov, Prjašev des
catholiques de rite byzantin, Président du Conseil de l'Église Slovaque
(SLOVAQUIE)
La Parole de Dieu est vraie, et Dieu opère dans la vie de l’homme et de toute
l’Église. Dans l’Église gréco-catholique, en Slovaquie, l’expérience de la
persécution durant la deuxième moitié du siècle dernier et avec l’actuel
développement de notre Église, en porte témoignage.
Le pouvoir totalitaire essayait d’anéantir notre Église. Les événements
historiques, lointains et ceux plus récents, confirment, au contraire,
pleinement la validité des paroles de Jésus Christ: “Quiconque se déclarera pour
moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui
est dans les cieux” (Mt 10,32). Dieu concrétise, déjà maintenant, ces paroles
lorsque nous sommes témoins du développement de notre Église. Nous sommes
reconnaissants au Saint-Père Benoît XVI pour avoir, le 30 janvier de cette
année, élevé l’Église gréco-catholique, qui se trouve en Slovaquie, au rang
d’Église métropolitaine sui iuris avec son siège à Presov. Par la grâce de Dieu,
nous possédons un nombre suffisant de vocations sacerdotales (l’âge moyen des
prêtres engagés dans le service pastoral est de 41 ans), nous avons ouvert des
centres de formation pour la famille et pour les jeunes. Ces dons sont les
fruits provenant de la souffrance de notre église.
La proclamation de la Parole de Dieu dans l’Église gréco-catholique, en
Slovaquie, est aussi aidée par la richesse d’exploitation de la Parole de Dieu
dans la liturgie byzantine (outre aux lectures), non seulement par l’usage
diffusé des psaumes mais aussi sous la forme de paraphrases du texte biblique
dans les hymnes liturgiques. La Parole de Dieu est également communiquée aux
fidèles au moyen des icônes, celles-ci n’étant pas une simple illustration du
texte biblique, mais bien plutôt une “fenêtre au ciel”, au travers de laquelle
se déroule le dialogue entre Dieu et l’homme, et entre l’homme et Dieu.
En dépit de toutes ces activités mentionnées ci-dessus, l’écoute de la Parole de
Dieu trouve un empêchement chez les fidèles du fait qu’ils sont souvent
influencés par un fort relativisme séculaire. Un autre problème concerne la
catéchèse pré-baptismale qui est insuffisante pour rendre les parents capables
d’éduquer leurs enfants dans la foi. Un problème particulier pour l’accueil de
la Parole de Dieu au sein des familles est représenté par l’émigration d’un
grand nombre de fidèles à cause de leur travail, surtout des pères et des mères,
dans des régions éloignées ou même à l’étranger.
-
S. Exc. Mgr Santiago Jaime SILVA RETAMALES, Évêque titulaire de Bela, Évêque
auxiliaire de Valparaíso (CHILI)
Présentation de trois critères pour la lecture chrétienne de la Bible dont il
faut tenir compte en raison de la culture d’aujourd’hui.
Ces critères sont:
- La soif de Dieu, aussi nous avons besoin d’une “pastorale biblique” comprise
en tant qu’animation biblique de la pastorale.
- L’identité de fils de Dieu, disciples de Jésus et temples de l’Esprit, pour
laquelle nous avons besoin d’une spiritualité biblique croissante qui fasse
l’expérience de l’amour de Dieu.
- La condition de “famille de Dieu” qui se réunit pour reconnaître son identité
et pour célébrer sa condition de fils de Dieu et de disciples de Jésus, se
préparant à la mission. Cette unité même représente déjà un témoignage
missionnaire. Ces critères, il faut les programmer, et en même temps ils sont le
résultat du dialogue avec la culture et la condition de l’homme d’aujourd’hui.
Tout ce qui a été présenté provient de la Bible, de la rencontre de Jésus avec
ses deux premiers disciples selon saint Jean.
- S.
B. Grégoire III LAHAM, B. S., Patriarche d' Antioche des Gréco-Melkites, Chef du
Synode de l'Église Gréco-Melkite Catholique (SYRIE)
La Parole de Dieu est le lieu privilégié de la rencontre et du dialogue entre
les hommes, de sorte qu’elle devient vraiment une Parole pour moi et une Parole
pour l’autre; elle m’invite à rencontrer Dieu et à rencontrer mon frère, elle a
besoin d’une épiclèse, de sorte qu’elle puisse devenir la Parole pour les
autres, pour la société et pour le monde, adaptée à toutes les conditions et
circonstances de notre vie.Le chrétien oriental vit sa foi en premier lieu par
le biais de la liturgie, centrée sur l’Eucharistie ou orientée vers elle, avec
un contenu essentiellement scripturaire. La table de la Parole de Dieu et la
table de l’Eucharistie sont inséparables. La Parole de Dieu est ainsi lue,
méditée, prêchée, célébrée et même écrite en icône.Durant la proclamation
solennelle de l’Évangile, les enfants et ceux qui souffrent ou sont malades,
viennent placer leur tête sous l’Évangéliaire pour demander la grâce dont ils
ont besoin.Le jour de Pâques, les fidèles vénèrent le Livre de l’Évangile et
l’icone de la Résurrection, puis s’embrassent les uns les autres, car la Parole
de Dieu est Parole de réconciliation.Dans l’ordination épiscopale, “le premier
hiérarque pose son omophorion sur la tête de l’élu, puis prend le vénérable
Évangile , l’ouvre et l’appuie à l’envers sur la tête et le cou de l’élu” priant
Dieu de fortifier “cet élu, jugé digne de porter le joug de l’Évangile” pour
oeuvrer à sa diffusion.J’aimerai que nous puissions partager la Parole de Dieu,
qui nous unit. N’ayons pas peur des versets du Coran, et que nos frères
musulmans n’aient pas peur de l’Évangile ou de la Torah.
-
S. B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)
"Verbum caro hicfactum est". (Jn 1, 14), cette phrase nous propulse jusqu'au
seuil du grand mystère de l'Incarnation de la Parole de Dieu sur la Terre Sainte
où il a choisi de venir "planter sa tente au milieu de nous" (Jn 1, 14).
C'est sur cette Terre Sainte "qu'après avoir, à maintes reprises et sous
diverses formes, parlé jadis par les Prophètes, Dieu, en ces jours , nous a
parlé par son Fils" (He 1, 1-2). C'est enfin sur cette Terre Sainte que l'Esprit
Saint a été donné aux apôtres pour leur "enseigner toutes chose et leur rappeler
tout ce que Jésus leur a dit" (Jn 14, 26).
Pour toutes ces raisons, l'action de lire, d'étudier et de méditer la Parole de
Dieu, reçoit une valeur et une fécondité uniques lorsqu'elle est accomplie en
Terre Sainte qui conserve non seulement l'histoire, mais aussi la géographie et
la topographie du salut.
Le conflit israélo-palestinien provoque des difficultés de lecture et de
compréhension de certains passages de la Bible. Ainsi, les chrétiens arabes en
général - ont souvent du mal à lire l'Ancien Testament, non à cause de la Parole
de Dieu elle-même, mais à cause des interprétations politiques et idéologiques.
Un double principe nous protège des interprétations politiques et idéologiques:
1. Lire et interpréter la Parole à la lumière du Christ. Jésus a dit : ''N'allez
pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu
abolir, mais accomplir" (Mt 5, 17). Le Christ a repris et récapitulé en Lui
toutes les catégories de l'Ancien Testament pour leur donner un élan nouveau et
une signification nouvelle (il les a "accomplies"). C'est en Lui et à travers
Lui que l'Ancien Testament est lu et compris.
2. Le deuxième principe d’interprétation est l’Eglise. Toute interprétation en
dehors de l’Eglise est une interprétation dangereuse.
En guise de conclusion, je voudrais profiter de la présence du Saint Père et
celle de tous les Pères Synodaux, pour lancer un appel en faveur de la Terre
Sainte et demander plus de prières, de solidarité et de pèlerinages pour nous
aider à être les témoins du Christ, Messie, Sauveur “à Jérusalem, dans toute la
Judée et la Samarie, et jusqu' aux extrémités de la terre” (Ac 1, 8)!
- S. Exc. Mgr
Anthony MUHERIA, Évêque d'Embu (KÉNYA)
Malgré une plus grande facilité d’accès à la Bible, parfois la vie chrétienne
continue d’être, en quelque sorte, “en-dehors” de la Sainte Écriture. La forte
présence des évangéliques, en Afrique, qui se vantent de pouvoir réciter des
passages par coeur, a conduit à une tendance où la “connaissance des Écritures”
se confond avec une simple “mémorisation” d’un certain nombre de passages à
citer par coeur, accompagnés d’une interprétation “originale” gratuite. (Cf.
Instrumentum Laboris n.29).
Il semble aussi que nous ne parvenions pas à entendre la voix de “La Parole” qui
résonne avec une force incisive. Je pense que le moment est venu de donner plus
d’espace et de temps pour “Écouter” plus attentivement les Écritures. Pour
“écouter plus” si vous voulez, quand nous “lisons”! Pour que “La Parole”
résonne”, nous avons besoin d’espace pour écouter en silence et pour méditer!
(Cf. Instrumentum Laboris n.23).
Dans le contexte catholique, l’Écriture est “rendue vivante” dans la Liturgie:
Par sa proclamation dans la liturgie de la Parole et par l’explication dans
l’Homélie à l’intérieur de la Liturgie! Dans la Patristique, la “divulgation de
la Parole” n’était pas simplement une explication de la péricope en termes
académiques, ni une note marginale pour en tirer une leçon de moralité. C’est
pénétrer véritablement dans “l’aujourd’hui” de la “Parole”, vivant en tant que
contemporains de la scène ou de la péricope, l’écoutant comme une invitation
personnelle et communautaire. Quand la Parole est proclamée d’une façon
incisive, les fidèles l’apprécieront dans la liturgie. Le partage de la Bible
deviendra, alors, une continuation du partage de la Parole à la “table de la
Parole”. (cf. Is 55, 10-11; Sacramentum caritatis n.45c).
Dans l’homélie, le ministre aide les fidèles à “écouter” la Parole, les guidant
vers une réponse dans leur situation spécifique. Il le fera, s’il a lui-même
consacré du temps à la méditation de l’Écriture. Dans ce contexte, nous devons
raviver chez nos prêtres et chez nos séminaristes le besoin d’inclure, dans leur
programme spirituel personnel, les traditionnelles minutes quotidiennes de
lecture des Saintes Écritures ou Lectio Divina!
-
S. Exc. Mgr Víctor Hugo PALMA PAÚL, Évêque d'Escuintla (GUATÉMALA)
L’animation biblique de la vie et de la mission de l’Église trouve aujourd’hui
l’horizon sombre de la déformation de la Parole de Dieu, non seulement comme
conséquence de l’annulation des critères de la regula fidei et de l’analogia
fidei dans le principe de la sola Scriptura de la Réforme protestante, mais
aussi par la naissance d’une “nouvelle gnose” qui introduit dans
l’interprétation biblique des éléments étrangers à l’essence du Christianisme.
Il s’agit, au-delà du grave fondamentalisme des sectes, de services religieux
pseudo-chrétiens qui, en tant qu’expression de l’anthropocentrisme culturel et
même existentiel de l’actualité, utilisent la Bible pour proposer des idées de
progrès matériel, de réinvention de soi-même, de connaissance de parcours pour
l’annulation de la douleur, etc. En particulier dans les régions pauvres et
émergentes d’Amérique latine, la nécessité d’une vision globale économique et,
pour certains, inévitablement religieuse, qui aide à surmonter les conflits
découlant de la pauvreté, de la corruption administrative, de la frustration
économique, de l’insécurité dans les villes, etc., crée un terrain fertile pour
la commercialisation (technique de marché) de la dite “théologie de la
prospérité”: un faux Dieu à l’apparence biblique, mais non chrétien, qui limite
la portée de son action dans la vie humaine à la pauvreté comme “malédiction” et
à la richesse comme “bénédiction ou prospérité”. Le besoin se fait sentir d’une
formation et d’une pastorale bibliques qui unissent Bible et Tradition, pour
vivre la rencontre avec Jésus-Christ comme chemin vers la conversion, la
communion et la solidarité (cf. Jean Paul II, Ecclesia in America, 12ss) surtout
dans le privilège du Mystère de l’Amour de Dieu (cf. Benoît XVI, Deus Caritas
est, 4ss)
- S.
Exc. Mgr Charles SORENG, S.I., Évêque de Hazaribag (INDE)
Je viens d’une région tribale de l’Inde. Environ un million 800.000 Catholiques
tribaux de cette mission sont disséminés dans différentes régions de l’Inde.
Nous lisons dans l’Épître aux Hébreux: “ Après avoir, à maintes reprises et sous
maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui
sont les derniers nous a parlé par le Fils” (He 1,1). Dans la religion tribale,
Dieu se manifeste à travers la nature. Les tribaux acceptent très facilement
Jésus Christ comme le Fils de l’Être suprême.
Dieu qui est amour a parlé à travers Jésus Christ pour le bien de chaque
personne humaine.
Jésus a manifesté l’amour de Dieu dans ses actes de guérison et d’amour, ses
enseignements et ses paraboles.
La mission de Jésus a été la proclamation du Royaume qui est justice, paix et
joie dans le Saint-Esprit (Rm 14,17). Elle comprenait une attitude de service de
la part des chefs. En lavant les pieds de ses disciples, Jésus a donné une
grande leçon (cf. Aussi Mc 10, 42-45).
Dieu a offert son Fils unique pour nous sauver. Son Fils Jésus Christ aimait
tant l’humanité qu’il s’est donné lui-même pour nous dans l’Eucharistie (1 Co
23-25). Ceux qui mangent son corps et boivent son sang dans l’Eucharistie
deviennent frères et soeurs de sang en Jésus Christ. L’Eucharistie nous rappelle
le sacrifice suprême de Jésus sur la croix priant pour le pardon de ses ennemis.
“Père, pardonne-leur: ils ne savent ce qu’ils font” (Lc 23,34).
La Parole de Dieu a le pouvoir de créer la communauté. Comme nous le lisons dans
les Actes des Apôtres, les chrétiens étaient “assidus à l’enseignement des
apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux
prières” (Ac 2, 42). Bien que les chrétiens proviennent de cultures et de
langues différentes, la Parole de Dieu, qui est parole de foi, détermine leur
communion. La Parole de Dieu conduit les personnes à vivre en une communion
eucharistique de témoignage et de service.
-
S. Exc. Mgr Julio César TERÁN DUTARI, S.I., Évêque de Ibarra (ÉQUATEUR)
En Amérique Latine est née la dite “théologie de la libération” qui prétendait
se fonder sur une exégèse biblique basée sur la situation de pauvreté du
continent, orienté vers de multiples aspirations à la libération de nos peuples.
À juste raison, le Magistère a plusieurs fois attiré l’attention sur les erreurs
et les dangers de ces textes, sans pour autant cesser d’encourager les
théologiens afin que l’Écriture Sainte illumine les nouveaux parcours que la
Parole de Dieu veut accomplir, en répondant aux espérances et aux défis
d’aujourd’hui. A partir de là, il faut dégager les points suivants:
1. La réflexion théologique doit se situer dans le contexte de la communauté
chrétienne elle-même, lieu privilégié pour comprendre le sens profond de
l’Écriture, en dépassant les interprétations subjectives, réductionnistes ou
idéologiques; il ne s’agit pas d’une “église parallèle” ni d’une église
exclusive des pauvres, mais de l’Église particulière qui, dans le mystère du
Christ, se constitue de manière hiérarchique.
2. Cette lecture communautaire de l’Écriture doit se confronter aux signes du
péché et de la grâce qui caractérisent le monde mondialisé; en Amérique Latine,
il faut prêter une attention particulière aux pauvres aux nombreux visages et
aux nombreuses voix, aux nouvelles formes déchirantes de pauvreté et aux
nouvelles voies prometteuses de la libération intégrale, sans oublier le
témoignage de ceux qui consacrent leur vie chaque jour, parfois jusqu’à la
sacrifier, à suivre Jésus, pauvre et humble de coeur (Document d’Aparecida
399-405).
3. L’élaboration de la réflexion théologique, surtout dans les universités
catholiques, ne connaîtra donc par de difficultés à s’articuler y compris avec
l’exégèse scientifique, conformément aux indications opportunes du Magistère,
afin de promouvoir le nouvel esprit missionnaire que réclame la situation
culturelle changeante de notre continent (cf. Document d’Aparecida 124, 341,
344).
Pour couronner l’oeuvre des théologiens, il est nécessaire de présenter toujours
la personne du Seigneur de l’Église: ce Jésus historique qui apparaît dans les
Évangiles et qui est le même Christ ressuscité, réellement présent dans l’Église
au travers du mystère pascal.
-
S. Exc. Mgr Pablo Virgilio S. DAVID, Évêque titulaire de Guardialfiera, Évêque
auxiliaire de San Fernando (PHILIPPINES)
Le Document de travail rappelle, avec justesse, l’attention sur la saine tension
qui existe entre l’exégèse et la théologie au sein de l’Église. Alors que la
théologie se sert souvent de la Parole en tant que puissance de Dieu, nous
aurons toujours besoin de l’exégèse pour, en même temps, nous rappeler
l’humilité de la Parole de Dieu. Ne nous trouvons-nous pas souvent sans parole
face à des lecteurs, parmi nos fidèles, bien préparés sur la Bible, qui se
sentent scandalisés par des passages de l’Écriture remplis de violence, de
bigotisme, de cruauté, de fausseté et de toutes autres contradictions qui sont
caractéristiques de l’humanité que nous partageons avec tous les autres fils et
filles d’Adam? Et pourtant, nous ne les avons pas effacés du canon des Saintes
Écritures. Dans ce canon, il y a des textes qui nient la résurrection et la vie
après la mort, et des textes qui les affirment. Il y a des textes qui
considèrent Satan comme faisant partie de la cour céleste avec une tâche
spécifique, et des textes qui le présentent comme un ange déchu. Certains textes
affirment que le mal est une conséquence du péché de l’homme et insistent sur la
culpabilité humaine, et d’autres textes qui présentent le mal comme une maladie
et les êtres humains comme étant simplement des victimes qui ne peuvent que
compter sur la miséricorde de Dieu. Il y a des textes qui mettent en relief la
grâce divine, et d’autres qui mettent au premier plan l’effort humain.
Ascension et descente, le divin et l’humain, le sublime et le misérable - ce
sont les aspects du mystère de la révélation divine, de la Parole de Dieu en
paroles humaines, de Dieu qui s’est fait chair, qui auront toujours besoin de la
contribution tant des exégètes que des théologiens, mais surtout des pasteurs
qui ont pour tâche de nous garder unis dans l’humilité et avec la juste
disposition à l’écoute et à l’abnégation, avec notre attention centrée sur Jésus
- le Dieu au visage humain- sur sa puissance dans la faiblesse, sur sa sagesse
dans la bêtise, sur son élévation à travers l’humiliation.
-
S. Exc. Mgr György UDVARDY, Évêque titulaire de Marazane, Évêque auxiliaire de
Esztergom-Budapest (HONGRIE)
Je me réfère au chapitre 5 du Document de travail
La catéchèse de l’Église – qu’elle soit initiale ou systématique –, en plus de
la liturgie, de la diaconie et de la vie de témoignage des communautés, a de
grandes possibilités et de grandes responsabilités pour faire connaître la
Parole de Dieu et pour céder notre vie à la personne, à l’enseignement et à
l’Église de Jésus Christ. Dans la catéchèse, en nous adaptant et en suivant la
nature de la Parole de Dieu, nous pouvons montrer la caractéristique de la
Parole de Dieu: sa force personnelle, qui invoque, invite ou interroge.
Bien que nous lisions la Parole de Dieu “à partir du livre” et que nous
entendions une histoire vieille de plusieurs millénaires qui porte la marque
d’une culture qui nous est peu connue, elle est prononcée “maintenant” et
s’adresse à “moi”. La Parole résonne depuis le présent éternel de Dieu. Dieu
agit “maintenant” à travers l’Esprit Saint. Elle m’appelle aujourd’hui à
examiner ma vie, m’invite à renaître – à me convertir. Il nous donne consolation
et espérance, nous libère et se fait juge (cf. Is 55, 10-11).
Notre catéchèse est efficace si elle saisit et sert ce moment créateur. Par ce
moment, nous pouvons espérer que notre connaissance acquise puisse vraiment
transformer notre vie.
Parfois, les livres, les différents supports, et les méthodes utilisés dans
l’enseignement religieux et dans la catéchèse des différentes classes d’âges
utilisent l’Écriture Sainte – la Parole de Dieu – comme une histoire qui
illustre un sujet, comme une parabole morale, ou la présentent seulement comme
le témoignage d’une expérience existentielle fondamentale et générale.
Certes, on pourrait améliorer les livres, les supports, les méthodes de la
catéchèse, mais le succès, de temps à autre, dépend de la personne qui fait la
catéchèse – le pasteur, le catéchiste. Il devient – en suivant la dynamique de
l’incarnation – la propre méthode de la Parole de Dieu, en offrant sa vie à
l’œuvre de l’Esprit du Christ.
Il est merveilleux de contempler l’histoire des disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24,
13-35) où le Christ ressuscité apparaît comme un enseignant, un herméneute et –
pourrait-on dire – comme un catéchiste.
La juste utilisation de la Bible – selon moi – n’est pas fondamentalement une
question de méthode, mais elle est la plus personnelle des questions : mon
rapport personnel avec la Parole de Dieu.
-
S.
Exc. Mgr Charles Maung BO, S.D.B., Archevêque de Yangon (MYANMAR)
L’Église dans notre partie du monde proclame l’Évangile au milieu de lourdes
restrictions, de privations et d’une véritable souffrance. Avec Paul, nous
pouvons dire: “je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ”(Col
1, 24). Bon nombre de nos groupes ethniques ont leur propre Bible, souvent
réalisée avec l’aide de missionnaires pionniers.
La Parole se fait chair de diverses manières dans les différents pays. Dans le
monde libre, cela se réalise par la proclamation, l’annonce publique, mais dans
de nombreuses parties du monde, la mission de l’Église, la Bonne Nouvelle, est
confrontée à des défis opprimants. Son devoir d’annoncer la Bonne Nouvelle est
défiée par les forces des ténèbres. Alors que nous vivons l’Année Paulinienne,
nous sommes confrontés aux mêmes défis que le grand apôtre de la Parole a
rencontrés.
Nous sommes une Église pauvre et notre unique gloire est de “connaître le
Christ” et “le soutien de la Parole”. La Parole joue un rôle important dans la
vie de notre peuple. “La diakonia – ou service de la charité – est une vocation
de l'Église de Jésus-Christ [...] La Parole de Dieu doit conduire à l'amour du
prochain” (IL 39). Nous sommes guidés par les paroles du Saint-Père dans Deus
Caritas est: “L’Église ne peut pas négliger le service de la charité, de même
qu’elle ne peut négliger les Sacrements ni la Parole” (22).
Le mandat évangélique de “donner à manger aux affamés, de vêtir ceux qui sont
nus” s’est imposé avec force après le récent passage du terrible cyclone Nargis.
Près de 150 000 personnes sont mortes et deux millions sont devenus des réfugiés
dans leur propre pays. La nation était en deuil.
Avec l’aide du Seigneur, nous avons reporté la vie dans de nombreuses
communautés. Les églises sont devenues des camps de réfugiés, Dans ces camps,
nous avons célébré une liturgie unique: celle d’annoncer la Parole au travers de
notre accompagnement et de partager le pain au travers de l’assistance. Le monde
est devenu notre autel et nous avons rompu le pain de la fraternité humaine avec
les foules bouleversées. L’Évangile annoncé a été la nourriture donnée aux
affamés qui a produit la vie et la lumière que nous avons données au cours des
cinq derniers mois.
-
S. Exc. Mgr Vincenzo PAGLIA, Évêque de Terni-Narni-Amelia, President de la
Féderation Biblique Catholique (ITALIE)
Une nouvelle Pentecôte est urgente. Nous devons sortir du cénacle et prêcher aux
“70 peuples” - à tous les peuples de la terre - le seul Évangile dans les
différentes langues. Et cela représente déjà un défi en soi: il existe plus de 6
000 langues mais la Bible n’a été intégralement traduite que dans 480 d’entres
elles et le Nouveau Testament en 1168. Il en reste donc plus de 4 000, ce qui
comporte d’ailleurs aussi une difficulté d’ordre économique. Certaines langues
pourraient vivre elles aussi l’aventure d’être codifiées grâce à la traduction
de la Bible. Le défi est, bien évidemment, d’ordre pastoral. L’accord entre la
Fédération biblique catholique et les Sociétés bibliques est un petit exemple de
communion également dans le domaine oecuménique. Il est nécessaire que le Synode
suscite un nouvel enthousiasme pour les Écritures . C’est ce que disait déjà le
Bienheureux Jean XXIII. Les conditions existent déjà afin qu’un tel enthousiasme
rencontre l’attention des personnes. L’enquête promue par la Fédération biblique
montre bien que la Bible rencontre la faveur de tous. La majorité des personnes
interrogées dans les seize pays du monde où l’enquête a été conduite pensent que
la Bible devrait être enseignée dans les écoles, mais, en même temps, elles
estiment toutes que la Bible est difficile à comprendre et que pour cela une
aide est nécessaire. On pourrait dire: les données confirment que la Sola
Scriptura ne suffit pas. Un accompagnement est nécessaire. C’est le vrai défi
qui nous attend.
Mais nous ne devons pas avoir peur de remettre la Bible dans les mains de tous
et pas seulement des fidèles. Malheureusement, si, d’une part, il est vrai que
souvent la Bible est présente dans les maisons, il est très rare que les
chrétiens, pris individuellement, aient chacun leur propre Bible, une Bible
personnelle. À mon avis, tel devrait être l’un des objectifs du Synode. Du
reste, si la Bible, comme le disent les Pères, contient “La lettre d’amour
écrite par Dieu aux hommes”, pourquoi en retarder ou, pire encore, en éviter la
remise? Au contraire, il nous est demandé de redoubler nos efforts pour en
accompagner la lecture. Les personnes doivent apprendre à prier avec la Bible.
Malheureusement, d’après l’enquête, il ressort que seulement une toute petite
minorité le fait. Alors nous devons justement nous proposer de faire ceci: aider
nos fidèles et tous ceux qui s’approchent du texte biblique à entrer dans le
dialogue mystérieux et salvifique que tisse l’ensemble de l’Écriture. La
fréquentation de la Bible élargit l’esprit et réchauffe le cœur.
-
S. Exc. Mgr Jabulani NXUMALO, O.M.I., Archevêque de Bloemfontein (AFRIQUE DU
SUD)
L’expérience actuelle est la suivante: petites communautés chrétiennes et
groupes de voisinage qui se rencontrent, régulièrement, pour des activités, mais
qui ont établi comme règle de consacrer, avant tout engagement, un peu de temps
à la lecture orante du texte sacré et à la fraction du pain de la Parole sous la
conduite de l’Esprit Saint, de réfléchir sur la Parole et de partager la prière.
Ces groupes ou petites communautés chrétiennes sont pleines d’énergie et se
développent imprégnées de joie et de vitalité car Jésus Christ est présent parmi
elles (DV 2). La qualité des célébrations liturgiques paroissiales en est
améliorée. Ce Synode ne discute, donc, pas “à vide” sur l’importance de la
Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. Alors qu’elle cherche à
intensifier la promotion de la Sainte Écriture dans la vie de l’Église, cette
assemblée est aussi inspirée par ce qui est déjà en train de se passer et de se
développer au sein de l’Église. Cet événement comporte une dialectique
conjonctive, du fait que les Pères synodaux se sentent stimulés par ce qui se
passe déjà dans le concret et, qu’à leur tour, ils affirment et encouragent les
ministres de la Parole, promouvant la formation afin de porter à maturation ce
qui se fait déjà dans le contexte de la mission de l’Église. En d’autres termes,
il s’agit de consolider ce qui a déjà été commencé, bien qu’encore en phase
initiale dans de nombreuses parties du monde, et de favoriser l’ultérieure
croissance et développement de cet engagement pastoral, spirituel et biblique.
Par conséquent et comme faisant partie du développement de cet engagement, la
Lectio Divina, la méthode des Septs Étapes, et d’autres méthodes similaires pour
la lecture de la Sainte Écriture et pour la réflexion orante devraient devenir
accessibles à tous les membres de l’Église (DV 22). Cela requiert un grand
investissement spirituel en personnel pour ce ministère: prêtres, religieux,
laïcs et jeunes, suivant le défi de Vatican II (DV 24), car l’ardent désir de
faire de la Sainte Écriture l’âme de la vie et de la mission de l’Église est
bien présent. Par conséquent, ceci est une invitation pour développer avec
vigueur et pour instituer de nouveaux centres pour l’Apostolat biblique et pour
la formation dans les méthodes et dans l’art de lire l’Écriture, pour la
réflexion sur la Parole et la prière biblique, et pour approfondir la
connaissance des Saintes Écritures. Ceux qui existent déjà ont prouvé leur
valeur et devraient être dotés d’un personnel dévoué. Enfin, et plus
fondamentale encore est la fourniture de traductions de la Bible dans les
langues locales pour pouvoir rejoindre tous les coins de la terre.
-
S. Exc. Mgr Jesús PÉREZ RODRÍGUEZ, O.F.M., Archevêque de Sucre (BOLIVIE)
Il est nécessaire de souligner les relations intrinsèques, vitales et
permanentes qui existent entre la Bible et la catéchèse. En pratique, nous
savons bien que l’usage qui a été fait de la Bible dans le travail catéchétique
a été fragmentaire, limité et, parfois, instrumentalisé. Petit à petit, nous
sommes restés dans le lit du fleuve au lieu d’aller nous désaltérer à la source,
là où naît la vie. L’Écriture Sainte est devenue en grande partie un appui ou un
simple support pour les contenus, et non pas leur forme normative et vitale.
En tant que spécialiste de la Parole de Dieu, le catéchiste doit connaître
l’Écriture Sainte, savoir traduire le mystère du salut qu’elle contient dans un
langage accessible et compréhensible qui aide à éduquer la foi de sa communauté
dans le contexte dans lequel elle vit, afin qu’elle sache donner des réponses
créatives aux appels de Dieu qui proviennent des défis lancés par la réalité
globale. C’est pourquoi la Conférence bolivienne voit comme un défi le fait
d’adapter le langage biblique aux besoins et aux langages d’aujourd’hui, au
monde moderne.
La catéchèse de la communauté doit fournir, dans la pratique, un certain nombre
de clés qui l’aident, d’un côté, à respecter le texte sacré et, de l’autre, à
l’interpréter correctement pour la vie des personnes et des peuples.
Le rapport primaire entre la Bible et la catéchèse doit être compris et accepté
comme source et non pas comme une ressource didactique ou comme un simple
support pour les contenus.
Il est très important de distinguer la catéchèse en général de la catéchèse
biblique en particulier.
Il faut que le texte biblique soit accessible à tous, à commencer par les
enfants. L’Église bolivienne se trouve dans l’impossibilité de le faire. C’est
pour cette raison qu’elle demande aux autres Églises qui disposent de plus de
moyens économiques d’aider ceux qui ont moins la possibilité d’acheter la Bible.
En même temps, nous pensons qu’une Journée mondiale de la Bible pourrait être
fixée; nombreux sont déjà les pays qui célèbrent non seulement une journée de la
Bible mais aussi le mois de la Bible.
-
S. Exc. Mgr Musie GHEBREGHIORGHIS, O.F.M. Cap., Évêque d'Emdeber (ÉTHIOPIE)
Comme pour toutes les Églises chrétiennes, pour la tradition érythro-éthiopienne,
la Bible est “Parole inspirée”, “Parole de Dieu”. L’un des témoins bibliques
invoqués pour soutenir cette affirmation est le passage de 2 Timothée 3: 16-17
qui déclare: “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner,
réfuter, redresser, former à la justice :ainsi l’homme de Dieu se trouve-t-il
accompli, équipé pour toute œuvre bonne”. Les auteurs sacrés sont illuminés ou
mieux encore “habités” par l’Esprit Saint. Tous les livres bibliques considérés
comme canoniques par les autres Églises chrétiennes le sont aussi pour l’Église
érytho-éthiopienne qui, par ailleurs, possède le plus grand nombre de livres
inspirés: ils sont au nombre de 81 dont 46 pour l’Ancien Testament et 35 pour le
Nouveau. Dans la tradition érythro-éthiopienne, le concept de canon est flexible
et tend à inclure plus qu’à exclure. L’inspiration qui a donné vie aux livres
sacrés est conçue comme un processus dynamique qui se poursuit à l’intérieur de
la communauté des croyants. Le vaste patrimoine de la tradition chrétienne est
justement considéré comme irradiation, de nombreux textes comme bourgeons de la
Parole de Dieu. C’est la raison pour laquelle certains textes bibliques,
présents dans le canon de l’Église érythro-éthiopienne sont décrits comme awald
(fils, descendance [de la Bible]).
La tradition érythro-éthiopienne voit la traduction des textes bibliques à
partir des langues originales al geez et leur interprétation comme deux sœurs,
deux faces d’une même médaille. Le même Esprit qui a illuminé l’auteur sacré
guide le cœur et l’esprit de l’interprète qui, avec la foi, cherche le mystère
contenu dans la Parole. Les commentaires, connus sous le nom d’andemta, ont
d’abord et avant tout une valeur pédagogique durable. Le premier pas,
fondamental, est l’apprentissage de la Parole. On lit le texte geez et on le
traduit dans la langue courante en cherchant à comprendre les différentes
nuances de l’original. Après la Lectio, vient le temps de l’analyse grammaticale
et d’une discussion portant sur d’éventuelles questions de critique textuelle.
La première clef d’interprétation est recherchée à l’intérieur de la Bible.
Expliquer la Bible avec la Bible est l’un des éléments fondamentaux de
l’herméneutique érythro-éthiopienne. En outre, les Pères de l’Église constituent
une source à laquelle les interprètes puisent à pleines mains.
-
S. Exc. Mgr Miguel Angel SEBASTIÁN MARTÍNEZ, M.C.C.I., Évêque de Lai (TCHAD)
Je vous parle au nom de la Conférence épiscopale du Tchad. Ce pays, au centre de
l’Afrique, n’a été évangélisé qu’il y a peu d’années. Notre Église Famille de
Dieu qui est au Tchad a opté, selon le désir du Synode pour l’Afrique, pour les
Communautés Ecclésiales de Base. Ces communautés se nourrissent de la Parole de
Dieu et de l’Eucharistie. Pendant leur réunion hebdomadaire, on lit la Parole,
on prie et on cherche ce que le chrétiens doivent faire pour changer tout ce
qui, dans leur vie, n’est pas en conformité avec l’Evangile. Les chrétiens se
réunissent le dimanche, mais beaucoup d’eux seulement pour la célébration de la
Parole, car nous n’avons pas assez de prêtres. Dans notre pays, nous vivons des
situations sociales et politiques très conflictuelles dues, surtout, à une
interminable guerre de plus de quarante ans. Nous sommes convaincus que la
Parole de Dieu est une parole de Paix, une parole qui annonce la Paix et qui
appelle à la Paix, qui appelle au pardon, à la réconciliation et à la justice.
L’écoute et la prière de la Parole de Dieu sont essentielles dans la vie et la
mission de notre Eglise. Cela est un défi pour nous”!
La Parole de Dieu nous illumine et nous encourage à nous engager pour la
promotion de l’homme e la femme Tchadiens. Notre pays est un pays appauvri,
malgré nos richesses naturelles, pour cela nous nous engageons pour un
développement humain intégral. Ce travail nous le faisons aussi avec nos frères
protestants. Nous avons un autre défi: celui de la diffusion de la Parole de
Dieu. A cause du taux d’analphabétisme, du manque de Bibles en langue locale et
du coût des Bibles. Nous voulons nous engager pour l’apostolat biblique.
- S. Exc.
Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)
Au nom de la Conférence épiscopale du Malawi, je voudrais dire que la plupart de
nos petites communautés chrétiennes dépendent et vivent de la Parole de Dieu,
puisque elles célèbrent l’Eucharistie une fois par mois, et parfois tous les
trois mois ou plus. Elles vivent de la Parole de Dieu. Il est donc important
pour nous de former les différents agents de l’évangélisation et nos chrétiens à
la Lectio Divina et au partage de la Parole. Nous apprécions l’exemple de Marie,
notre Mère, écoutant, méditant et vivant la Parole de Dieu(Lc 2, 19).
- S. Exc. Mgr
Antons JUSTS, Évêque de Jelgava (LETTONIE)
Dans mon discours, je fais référence au numéro 28 du Document de travail: la
Parole accomplit sa course (cf. 2Th 3, 1) et descend du ciel comme une pluie
féconde (cf. Is 55, 10-11). Je désire en outre parler des martyrs du XXe siècle,
spécialement ceux de mon pays, la Lettonie. Des prêtres, des hommes et des
femmes sont morts pour avoir proclamé la Parole de Dieu.Je me souviens de notre
prêtre letton Viktors, arrêté sous le régime soviétique en Lettonie parce qu’en
possession d’une Bible. Aux yeux des agents soviétiques, les Saintes Écritures
étaient considérées comme un livre contre-révolutionnaire. Les agents jetèrent à
terre les Saintes Écritures et ordonnèrent au prêtre de les piétiner. Le prêtre
refusa de le faire et s’agenouilla pour embrasser le livre. Pour ce geste, il
fut condamné à dix années de travaux forcés en Sibérie. Dix ans plus tard, quand
le prêtre retourna dans sa paroisse et célébra la Messe, il lut l’Évangile. Il
éleva le lectionnaire et dit: “Parole de Dieu!”. Les gens pleuraient et
remerciaient Dieu. Ils n’osèrent pas l’applaudir parce que cela aurait été
interprété comme une ultérieure provocation. En Lettonie, au cours de l’époque
soviétique, il n’était pas permis d’imprimer de livres religieux, ni les
Écritures Saintes ni les catéchismes. Le raisonnement était le suivant: en
l’absence de Parole de Dieu imprimée, il n’y aurait plus eu aucune religion.
Notre peuple a fait ce qu’avaient déjà fait les chrétiens des premiers siècles:
il a appris par coeur des passages des Écritures Saintes. Aujourd’hui encore, en
Lettonie, la tradition orale est encore vive. Nous montons sur les épaules de
nos martyrs pour proclamer la Parole de Dieu. Nos petits enfants se souviennent
de leurs grands-pères et de leurs grands-mères morts pour leur foi et désirent,
à leur tour, être des “héros” de la foi. En Lettonie, nous proclamons la Parole
vivante de Dieu! Nous faisons des processions et des pèlerinages, nous prions,
nous chantons et nous disons: “Ceci est la Parole de Dieu” pour laquelle sont
morts nos grands-parents. En Lettonie, quand la Messe dure seulement une heure,
les personnes déclarent qu’il s’agit seulement d’un échauffement en vue de la
véritable rencontre avec Dieu dans le Sacrement et dans Sa Parole.
-
S. Exc. Mgr Néstor Rafael HERRERA HEREDIA, Évêque de Machala (ÉQUATEUR)
Si la Parole de Dieu est la source de vie pour l’Église et l’âme de son action
évangélisatrice, la Pastorale Biblique devient importante et nécessaire, et elle
implique que:
1. La Parole de Dieu, la Bible, soit mise à la portée de tous.
La Constitution dogmatique sur la Révélation divine déclare que les fidèles
doivent pouvoir accéder facilement à l’Écriture Sainte et que la Parole de Dieu
doit toujours être à la disposition de toutes les époques (DV, 22). Grâce à
Dieu, comme aux débuts de l’Église, la Bible est traduite en différentes langues
qui la rendent accessibles à tous. La Nouvelle Évangélisation a lieu justement
avec la Bible et à partir d’elle. En Amérique latine, il existe une grande
diffusion de la Bible au sein des communautés, dans les groupes et les
mouvements apostoliques et surtout à travers la catéchèse.
2. La Bible soit lue dans la vie.
L’objectif principal d’une pastorale biblique est, plus que diffuser la Bible
pour la lire, interpréter la vie à l’aide de la Bible. Les communautés
chrétiennes, les groupes, les mouvements formés à la connaissance de la Bible
croient fermement que Dieu leur parle directement et ils considèrent qu’elle a
été écrite pour chaque personne.
3. La Bible soit lue à la lumière de la foi.
Pour le peuple des croyants, la lecture de la Bible est l’exercice de la foi. En
effet, la Bible doit être lue dans un climat de prière de manière à ce que
l’Esprit puisse en éclairer le sens et nous en révéler la réalité au travers de
laquelle le Seigneur nous parle. La Lectio divina représente un moyen privilégié
qui, avec ses quatre temps: lecture, méditation, prière et contemplation,
favorise la rencontre personnelle avec le Christ (A 249).
4. Comme force de transformation
La communauté chrétienne prend au sérieux la Parole de Dieu. Elle ne la lit pas
seulement pour la comprendre mais aussi pour essayer de la mettre en pratique.
Le peuple cherche dans la Bible un sens à sa vie et le trouve parce qu’il a la
certitude que c’est Dieu lui-même qui lui parle. La lecture de la Bible conduit
à la conversion parce qu’il s’agit d’un livre qui a autorité, inspiré par Dieu
et qui demande obéissance.
-
S. Exc. Mgr Eugène Lambert Adrian RIXEN, Évêque de Goiás (BRÉSIL)
Une des grandes conquêtes du cheminement biblique dans notre pays fut la
découverte que la Bible est le livre privilégié de la catéchèse, qui n'a pas
accompli sa mission si le fidèle n’a pas découvert l'importance d'avoir la
Parole de Dieu entre ses mains et de la vivre. Sans aucun doute, par la
transformation et la mobilisation qu'elle provoque, la Bible, au Brésil, est le
livre le plus lu, aimé, admiré et vécu par les fidèles. Entre nous, un projet
catéchétique ne partant pas de la Bible et ne conduisant pas à la Bible, est
inacceptable.
Dans notre pays, la catéchèse a comme première source l'Ecriture Sainte qui,
lue, expliquée et priée dans le contexte de la Tradition et du Magistère, donne
le point de départ, le fondement et la norme de ce qui est transmis aux fidèles
afin que tous soient disciples missionnaires de Jésus Christ, fervents,
dynamiques et prophètes. Et une des caractéristiques de la catéchèse entre nous
est qu’elle œuvre pour que les fidèles découvrent la manière dont Dieu agit
aujourd’hui, ici et encore, à l’endroit où il nous a mis pour témoigner son
amour et son action libératrice.
Il est important ici de reprendre ce qu'ont affirmé les évêques présents à la
Seconde Conférence Episcopale Latino-américaine, à Medellín (1968): “Dans la
catéchèse, il doit être pris comme source principale la Sainte Ecriture, lue
dans le contexte de la vie, à la lumière de la Tradition et du Magistère de
l'Eglise, transmettant, en plus de cela, le symbole de la foi; par conséquent,
il sera donné de l'importance à l'apostolat biblique diffusant la Parole de
Dieu, formant des groupes bibliques” (cf. Medellín).
A Saint-Domingue, en 1992,. il fut également rappelé l'importance de la. Bible
dans la catéchèse: “la Nouvelle Evangélisation doit accentuer une catéchèse
kérygmatique et missionnaire. Il est nécessaire, pour la vitalité de la
communauté ecclésiale d'avoir davantage de catéchistes et d'agents de
pastorales, possédant une solide connaissance de la Bible, qui forment à la
lire, à la lumière de la Tradition et du Magistère de l'Eglise et pour
illuminer, à partir de la Parole de Dieu, sa propre réalité personnelle,
communautaire et sociale” (SD, 49).
La Cinquième Conférence, en 2007, confirme avec force une catéchèse biblique,
kérygmatique, missionnaire et mystagogique. Elle rappelle l'importance de
commencer par le Kérygme, guidé par la Parole de Dieu qui approche la personne
de Jésus Christ, menant à la conversion et à l'engagement dans· une communauté
ecclésiale où mûrissent la pratique sacramentelle et le service (cf. DA. 288).
La Catéchèse doit être mystagogique, c'est-à-dire avoir un caractère
expérimental, liturgique, célébratif et priant (cf. DA. 289). Et met en évidence
que “l'initiation chrétienne donne la possibilité d'un apprentissage graduel
dans la connaissance, l'amour et la marche à la suite du Christ” (DA. 291).
Il faut reprendre, comme l'affirme le “Lineamenta”, le ministère de la Parole
dans la prédication pastorale, dans la catéchèse et dans toute forme
d’instruction chrétienne. L'homélie liturgique doit occuper une place
privilégiée dans la célébration, s'alimenter salutairement et se revigorer
saintement de la Parole de l'Ecriture” (cf. Lineamenta, n 23).
Il est nécessaire de valoriser davantage l'importance de la lecture priante de
la Bible au niveau personnel et communautaire et de promouvoir une catéchèse qui
soit une initiation à la Sainte Ecriture qui vivifie les programmes
catéchétiques et les propres catéchismes, la prédication et la piété populaire
(cf. Instrumentum Laboris, n 32).
Dans toute catéchèse intégrale, se doivent toujours d'être unies de manière
inséparable la connaissance de la Parole de Dieu, la célébration de la foi dans
les sacrements et la profession de la foi dans la vie quotidienne (cf. Synode de
1977, Message au Peuple de Dieu, n. 11).
-
S. Exc. Mgr Patrick Altham KELLY, Archevêque de Liverpool (ANGLETERRE)
Dialogue avec les Juifs et les Musulmans
La nature du dialogue dans d’autres disciplines
Les implications des convictions enracinées dans les événements spécifiques dans
la fidélité des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans.
Le Nouveau Testament à la fois comme un témoignage à une seule Personne et aux
événements spécifiques mais témoignant de telle sorte que le dialogue est
essentiel pour une fidélité à ce texte de base et ainsi, peut-être, en dépit du
fait de porter un témoignage à Quelqu’un et aux événements spécifiques, sans
être un obstacle à priori, au dialogue avec les Juifs et les Musulmans.
-
S. Exc. Mgr Paolo PEZZI, F.S.C.B., Archevêque de la Mère de Dieu à Moscou
(FÉDÉRATION RUSSE)
En ce moment historique que nous vivons actuellement, la Parole de Dieu ne doit
pas être séparée de l’événement du Christ Lui-même. Il est le Logos, la
communication du Père, Son image(cf. Col 1,15). Nous ne pouvons pas oublier, non
plus, que c’est grâce à l’oeuvre et sur suggestion même de l’Esprit, que les
paroles et les actions de Jésus nous ont été transmises. Sa vie nous a été
transmise et cette transmission dure encore de nos jours. C’est en ce sens que
les paroles avec lesquelles Benoît XVI débute son encyclique sur la charité sont
incisives: “À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision
éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une
Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation
décisive”.
Dans le relativisme actuel, qui tend à niveler toute différence, de sorte que
toutes les paroles sont valables et aucune d’elles ne l’est plus d’une autre, où
tout est ramené à un jeu d’opinions, la parole biblique doit s’incarner dans la
beauté de ses témoins, si elle veut attirer le monde vers la vérité. Dans Le
Document de travail (48), il est observé, avec perspicacité, que “faisant de la
Parole de Dieu et des Saintes Écritures l'âme de la pastorale [l’évêque] est
capable de conduire les fidèles à rencontrer le Christ” [...] « afin qu'à
travers leur propre expérience, les fidèles voient que les paroles de Jésus sont
esprit et vie (cf. Jn 6,63). [...]”.
L’annonce de la Parole de Dieu doit, donc, avoir comme objectif celui de mettre
les personnes, pour ainsi dire, en présence d’une Personne vivante: être témoins
de la Personne de Jésus Christ, Logos fait chair. Ou, selon les splendides
paroles de saint Paul: elle doit “dessiner le Christ crucifié devant les yeux”
des hommes. La Parole de Dieu est la source d’une authentique et toujours plus
approfondie connaissance du Christ, de la “connaissance de la gloire de Dieu,
qui est sur la face du Christ” (2 Co 4,6). Cette splendeur du Christ allume en
nous un feu, devient désir d’en porter témoignage.
Il est dit dans le Document de travail (54) que “l'écoute de la Parole de Dieu
est prioritaire pour notre engagement œcuménique”. Il faut que, chez les
chrétiens, se renouvelle cette tension envers la personne même du Christ, le
désir d’en connaître plus profondément le mystère. À travers la rencontre avec
le Verbe qui s’est fait chair, rendue possible par l’Esprit, nous redécouvrons
la communion avec Lui: c’est la force de l’Esprit du Christ ressuscité qui
attire le peuple dispersé vers Son unique corps.
-
Très Rév. P. Antonio PERNIA, S.V.D., Supérieur Général de la Société du Verbe
Divin
Me référant à la troisième partie du Document de travail, j’approuve l’approche
adoptée dans cette section, à savoir la centralité de la Parole de Dieu dans la
mission de l’Église et je souhaite le faire en proposant une nouvelle
formulation du titre de cette section, en disant: “la Parole de Dieu EST la
mission de l’Église”.
L’idée se base sur l’affirmation du Concile Vatican II se référant à l’origine
trinitaire de la mission (AG 1-2, 9). Ici, la vision est celle du Dieu Trine en
tant que communion et dialogue entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. Cette
communion intérieure ou ce dialogue inonde – ou pour mieux dire embrasse – la
création et l’histoire. Dès lors, la mission est le dialogue en cours entre le
Dieu Trine et le monde et l’humanité, un dialogue qui invite et attire
l’humanité dans une pleine communion avec la communauté divine. L’agent primaire
de ce dialogue de Dieu en cours avec le monde est la Parole de Dieu lui-même.
Jésus, le Verbe incarné, est la Parole de Dieu adressée à l’humanité. Il est le
dialogue en cours avec le monde. Le divin Logos est le dia-logus de Dieu avec le
monde. L’Église existe afin de collaborer au dialogue en cours entre Dieu et le
monde. La Parole de Dieu est sa raison d’être, la substance de sa vie, le coeur
de son activité.
Dès lors, sous l’objectif de la Parole de Dieu, la mission de l’Église doit être
comprise en termes de dialogue. En effet, l’Évangile que nous proclamons est
l’invitation de Dieu au dialogue. Nous devons donc considérer les différents
groupes avec lesquels nous cherchons de partager l’Évangile (IL 42) comme des
“partenaires du dialogue”. Cependant, le dialogue implique que l’évangélisation
ne soit pas une action unidirectionnelle mais un échange réciproque de dons
entre le missionnaire et les personnes. Par conséquent, le missionnaire doit
être prêt à évangéliser et à être évangélisé, à parler et à écouter, à donner et
à recevoir. Le document de Vatican II, Dei Verbum, le dit bien: “Dei Verbum
audiens et proclamans”: “Quand il écoute religieusement et proclame hardiment la
parole de Dieu” (DV 1). L’Église missionnaire proclame la Parole de Dieu, mais
l’écoute également – telle qu’elle est révélée dans les Saintes Écritures, mais
aussi dans “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes
de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent” (GS 1).
Les hommes et femmes consacrés, surtout les missionnaires qui sont engagés dans
une mission aux frontières de notre foi et aux marges de la société, peuvent
constituer une “aide à l’écoute” de l’Église en s’efforçant d’écouter la Parole
de Dieu révélée, surtout dans les vies des personnes, dans la recherche de ceux
qui cherchent Dieu, dans les traditions religieuses et culturelles des personnes
d’autres fois, dans les aspirations des pauvres et des marginaux. En cela, la
vie consacrée peut contribuer à faire de l’Église une communauté qui ne proclame
pas seulement, mais écoute aussi – “Dei Verbum audiens et proclamans”.



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