SYNODE DES ÉVÊQUES
INTERVENTIONS
XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008
La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission
de l'Église
21 - 14.10.2008
À cette Quinzième Congrégation générale sont
intervenus les Pères synodaux suivants:
-
S.Exc. Mgr Peter MARZINKOWSKI, C.S.Sp., Évêque d'Alindao (RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE)
-
S.Exc. Mgr José Sotero VALERO RUZ, Évêque de Guanare (VENEZUELA)
- S.Exc. Mgr
Peter Antony MORAN, Évêque d'Aberdeen (ÉCOSSE)
-
S.Exc. Mgr António Maria BESSA TAIPA, Évêque titulaire de Tabbora, Évêque
auxiliaire de Porto (PORTUGAL)
-
S.Em. le Card. Antonio María ROUCO VARELA, Archevêque de Madrid, Président de la
Conférence Épiscopale (ESPAGNE)
-
S.Exc. Mgr Phillip PÖLLITZER, O.M.I., Évêque de Keetmanshoop (NAMIBIE)
-
S.Exc. Mgr Rimantas NORVILA, Évêque de Vilkaviškis (LITUANIE)
- S.Exc.
Mgr Velasio DE PAOLIS, Archevêque titulaire Telepte, Président de la Préfecture
pour les Affaires Économiques du Saint-Siège (CITÉ DU VATICAN)
-
S.Exc. Mgr Jean Gaspard MUDISO MUND'LA, S.V.D., Évêque de Kenge (RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
-
S.Exc. Mgr Johannes Harmannes Jozefus VAN DEN HENDE, Évêque de Breda (PAYS-BAS)
Nous publions ci-dessous les résumés des interventions:
-
S. Exc. Mgr Peter MARZINKOWSKI, C.S.Sp., Évêque d'Alindao (RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE)
Nous avons constaté que la Parole de Dieu, bien qu’au centre de la Catéchèse,
n’est pas connue des catéchumènes. Il y aurait de ce fait une urgence à repenser
la relation entre catéchèse et apostolat biblique.
La situation socio-économique et politique de la RCA est catastrophique et se
dégrade de plus en plus. La population n’a plus d’espoir et s’enfonce dans la
léthargie et la peur. Les gens retombent dans des pratiques de la religion
traditionnelle, puisque le christianisme ne semble plus répondre à leurs
attentes. Bon nombre de jeunes n’ont plus d’avenir et s’orientent vers les
sectes fondamentalistes et les groupes charismatiques qui supplantent et font
oublier la situation de misère dans laquelle on se trouve.
La Conférence Épiscopale voit qu’il faudrait remettre en pratique une pastorale
biblique. Seulement une foi enracinée dans la Parole de Dieu peut sortir le
peuple centrafricain de son marasme pour donner l’espérance dans un avenir plus
humain et proposer des valeurs évangéliques pour construire une société
nouvelle.
Nous voulons devenir une Eglise solidaire des pauvres à l’image de Dieu qui aime
les exclus.
-
S. Exc. Mgr José Sotero VALERO RUZ, Évêque de Guanare (VENEZUELA)
Dans le Document de travail, au n. 39: “Les trois éléments constituant la nature
profonde de l'Église : la proclamation de la Parole de Dieu (kerygma-martyria),
la célébration des sacrements (leitourgia) et l'exercice du ministère de la
charité (diakonia)”.
Aux quatre termes grecs: kerygma-martyria, leitourgia et diakonia, il en manque
un: categen. Cinq termes grecs importants dans le Nouveau Testament et dans
l’histoire de l’Église.
Dans le projet pastoral de la Nouvelle Évangélisation, ces cinq termes grecs
sont des mots-clés.
Dans le Synode de l’Évangélisation, les termes kerygma-martyria sont mis en
évidence. Tout comme dans le document Evangelii Nuntiandi de Paul VI.
Le terme categen ressort dans le Synode de la Catéchèse et dans le document
Catechesis tradendae de Jean-Paul II, ainsi que dans le Catéchisme de l’Église
Catholique et dans le Directoire Général pour la Catéchèse.
Le terme leitourgia ressort dans le Synode sur l’Eucharistie et dans le document
synodal Sacramentum Caritatis.
Le terme diakonia se manifeste d’une manière particulière dans l’Encyclique Deus
caritas est.
Avec ces cinq termes grecs (kerygma-martyria, categen, leitourgia et diakonia),
l’Esprit Saint avec la Parole de Dieu a construit et continue à construire
l’Église dans le monde.
- S. Exc.
Mgr Peter Antony MORAN, Évêque d'Aberdeen (ÉCOSSE)
La Parole de Dieu se renouvelle sans cesse
Les intervenants précédents ont mis l’accent :
1. Sur les aspects christologiques profonds de la Parole de Dieu ;
2. La préservation de la Parole de Dieu dans des situations de persécution ou de
pauvreté ;
3. La formation pratique des lecteurs et des autres personnes.
J’aimerais parler de la Parole de Dieu qui se renouvelle sans cesse.
Je donne un exemple d’exégèse (Jn 2: Cana)
et un exemple du rôle de lecteur liturgique.
-
S. Exc. Mgr António Maria BESSA TAIPA, Évêque titulaire de Tabbora, Évêque
auxiliaire de Porto (PORTUGAL)
1 - Au chapitre 1 concernant la Parole de Dieu, il serait bon, à mon avis, de
relier le Mystère de la Parole de Dieu également au Mystère de l’Eucharistie.
C’est, en effet, dans l’Eucharistie que la Parole de Dieu, le Verbe fait Parole,
s’exprime dans toute sa force significative et performative.
Ce serait un moyen d’aider à comprendre la Liturgie de la Parole et la Liturgie
Eucharistique comme une seule action liturgique.
2 - Au chapitre II, on parle des Saintes Écritures. Ici aussi, on pourrait
établir le rapport entre les Saintes Écritures, le Mystère de la Bible et le
Mystère Eucharistique. Si dans l’Eucharistie nous avons le pain consacré, nous
pouvons aussi dire que la Bible est Parole humaine consacrée.
Cela aiderait à voir les Saintes Écritures également comme un livre spécial,
saint, humano-divin. À les considérer et à les vénérer dans leur Mystère.
3 - En dernier, et en ce qui concerne maintenant le chapitre V, au n. 41, je
proposerais, comme étant déterminant pour l’écoute de la Parole de Dieu, de
rechercher dans la Bible, outre la foi, la lecture assidue, l’étude exigeante,
l’obéissance, la pauvreté et la liberté, dont on parle au n. 41, également
l’attention au monde et à l’histoire. Au monde des hommes. Écoutons, voyons, et
lisons ce qui se passe. Nous le savons. Je pense même qu’il sera nécessaire
d’aimer ce monde, notre monde, que Dieu a aimé et aime. L’aimer dans ses
douleurs, et ses souffrances, dans ses désillusions et ses angoisses, dans ses
recherches de paix, de vie digne, ce monde qui, tant de fois, s’engage sur des
voies erronées. L’aimer dans les réalisations en faveur de l’homme et de sa
dignité de personne.
Cela aidera à ouvrir à la parole la voie de sa mise à jour et permettrait de
pénétrer dans l’inépuisabilité de sa nouveauté, provoquée par la nouveauté de
chaque temps.
-
S. Em. le Card. Antonio María ROUCO VARELA, Archevêque de Madrid, Président de
la Conférence Épiscopale (ESPAGNE)
Faire en sorte que la Parole de Dieu soit ferment de la culture moderne suppose
qu’un de ses principaux traits caractéristiques soit pris en considération,
spécialement dans le contexte euroaméricain, à savoir: la conception
immanentiste de l’homme et du monde, sans aucune référence, ni explicite ni
implicite, à Dieu Créateur et Rédempteur de l’homme. Une caractéristique que
l’on remarque particulièrement dans la culture socio-politique et juridique.
L’État moderne, dans sa version laïciste radicale, a, au XX siècle, abouti aux
formes totalitaires du communisme soviétique et du national-socialisme.
Naturellement, la vision chrétienne de la vie a continué à être vive et à tenir
un rôle socio-juridique dans la culture de la modernité. Y compris, un retour du
droit naturel, partant du “Ius Gentium” de l’École de Salamanque. La
post-modernité a aggravé la conception moderne de l’homme, de la société et de
l’ordre politico-juridique dans ses aspects les plus négatifs, ouvrant la voie
au nihilisme existentiel et à la “dictature” du relativisme éthique. Le
traitement légal réservé au droit à la vie, comme si l’État pouvait en disposer
d’une manière illimitée, en constitue une preuve éloquente. Une réponse
culturelle de l’Évangile s’avère donc urgente, qui, dans un dialogue sincère
entre foi et raison, manifeste dans la vie publique la vérité de Dieu Créateur
et Rédempteur de l’homme: du “Dieu qui est amour”. Les laïcs doivent en être les
protagonistes les plus actifs.
-
S. Exc. Mgr Phillip PÖLLITZER, O.M.I., Évêque de Keetmanshoop (NAMIBIE)
Je regrette le manque de visibilité dans le Document de travail de deux thèmes
fondamentaux : l’Esprit Saint et la missio ad extra. Ces deux aspects
disparaissent presque sous le langage technique théologique. Il est vrai qu’ils
sont souvent mentionnés mais de manière implicite ; toutefois, j’aimerais bien
les voir utilisés et illustrés de manière plus explicite.
1. L’Esprit Saint :
Où se trouve l’Esprit Saint dans le Document de travail ? Caché entre les lignes
des affirmations fortuites ? Si, alors comme aujourd’hui, la Parole de Dieu
s’est faite et se fait présente de manière totale et sous tous les aspects à
travers l’Esprit Saint, nous devrions alors l’affirmer de manière claire. Les
stratégies de l’annonce doivent être mises en place sans équivoque dans la
perspective de l’Esprit Saint.
2. La missio ad extra :
Je ne me réfère pas aux “territoires de mission”, mais bien au devoir
missionnaire devant chez soi ! Le bon exemple ne suffit pas. La parole directe
est aussi nécessaire pour ceux qui sont loins que pour les millions de
non-chrétiens qui, aujourd’hui en Occident, se précipitent, pour ainsi dire,
directement dans les bras de notre mère l’Église. Que fait notre mère l’Église?
Elle tremble, découragée. Disons-le clairement: faisons-nous assez, de manière
directe et consciente, pour les personnes lointaines et pour les immigrés ?
L’Esprit Saint, à travers nous, peut également parler à ceux qui s’abreuvent au
sein de l’esprit malin séculier, ethnique ou traditionnel !
- S.
Exc. Mgr Rimantas NORVILA, Évêque de Vilkaviškis (LITUANIE)
Je voudrais souligner ce qui est dit au numéro 57 du Document de travail qui
concerne la recherche de l’“histoire des effets” de la Bible dans la culture et
dans l’ethos commun. Nous ne pouvons pas oublier les fruits que la Parole de
Dieu, semence tombée du ciel, produit et continue de produire dans les coeurs
des fidèles et de tous hommes de bonne volonté, et par conséquent, dans toute
l’histoire. Ce fruit abondant – “trente, soixante, cent pour un” (Mc 4, 20) – ne
peut être oublié, caché sous l’“ivraie”. Il conviendrait de montrer l’“histoire
de la grâce et de la vérité” qui ne peut être réduite à l’“histoire du péché”.
Dans son expérience millénaire, l’Église du Christ a affronté divers défis, et
en comparaison le moment que nous vivons actuellement ne semble pas manquer de
voie de sortie. Aujourd’hui également, en demeurant dans la foi et en ne perdant
pas l’espérance, nous découvrons des expériences encourageantes, qui répètent –
pour nous-mêmes en premier lieu – que la mission de l’Église est possible en
tous temps et en tous lieux, notamment dans le monde d’aujourd’hui. Nous ne
devons pas nous décourager, même si nous percevons la peine que nous inflige le
manque de collaborateurs, les limites de nos ressources, les réponses pas
toujours encourageantes aux initiatives mises en oeuvre. Les paroles de Jésus
mêmes n’était pas toujours bien accueillies.
En se rappelant la parabole du “propriétaire qui tire de son trésor du neuf et
du vieux” (Mt 13, 52), on attend de nous tous – ministres sacrés – évêques,
prêtres – fidèles appartenant à la vie consacrée et tous nos frères laïcs – que
nous cherchions les anciennes et les nouvelles voies pour proclamer la Bonne
Nouvelle.
Je voudrais également faire référence au n. 27 du Document de travail, sur les
pèlerinages en Terre Sainte. La Terre Sainte est très justement appelée “le
cinquième Évangile”. Par ses évocations de la vie de Jésus, elle représente une
occasion privilégiée pour la pastorale de la Parole de Dieu et sa connaissance
plus profonde et authentique, et est également un vrai signe de solidarité
chrétienne à l’égard de nos frères et soeurs qui vivent en Terre Sainte.
- S.
Exc. Mgr Velasio DE PAOLIS, Archevêque titulaire Telepte, Président de la
Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège (CITÉ DU VATICAN)
La parole est le moyen par lequel Dieu se donne dans l’histoire aux différentes
étapes de l’histoire du salut. Chaque don que Dieu fait à l’homme lui offre la
possibilité d’y répondre et lui donne l’indication de la route à suivre.
L’action morale du chrétien ne tire pas ses origines de l’obligation d’observer
des règles, mais d’être une nouvelle créature en Jésus Christ, et consiste en
une réponse d’amour à Dieu. L’origine et la destination de l’action morale du
chrétien est l’amour, qui passe nécessairement par l’observance de la Parole de
Dieu ; le fidèle est appelé à accomplir, par l’amour, les oeuvres de la loi.
L’action morale chrétienne est une morale pascale ; une morale qui consiste à
bâtir sa demeure en Jésus Christ, dans le témoignage d’amour envers Dieu le Père
et envers son prochain, dans l’Esprit Saint.
Le Concile Vatican II a souligné par le décret Ad Gentes la nécessité d’une
mission spécifique, qui consiste à porter la première annonce à ceux qui n’ont
pas la foi chrétienne (Missio ad gentes). Avec le temps, de nombreux facteurs
ont contribué à affaiblir l’engagement dans cette mission. La nécessité de la
Missio ad gentes est liée aux vérités fondamentales de la foi chrétienne,
particulièrement soulignée par la déclaration Dominus Jesus (Unicité et
universalité du mystère salvifique de Jésus Christ ; unicité et unité dans
l’Église). L’encyclique Redemptoris Missio de 1990 répète la nécessité de la
Missio ad gentes. La confusion entre mission comme soin des âmes ou comme
nouvelle évangélisation d’une part et la Missio ad gentes demeure toujours
présente. Je pense qu’il est nécessaire que ce Synode, en s’inspirant de la
Redemptoris Missio, répète l’engagement de l’Église dans la Missio ad gentes. La
vitalité nouvelle de l’Église s’est surtout manifestée, au cours de l’histoire,
dans le nouvel engagement missionnaire ad gentes.
Il faut rappeler que de nouveaux horizons s’ouvrent aujourd’hui avec les
migrations. La plupart des migrants qui viennent parmi nous ne sont pas
chrétiens. Les Églises particulières, en plus d’être sensibles à leur accueil
selon les principes de l’amour chrétien, doivent savoir trouver également les
voies pour annoncer le mystère de Jésus Christ, Sauveur de tous les hommes.
C’est dans cette oeuvre d’évangélisation qu’il faut voir l’avenir de l’Église.
-
S. Exc. Mgr Jean Gaspard MUDISO MUND'LA, S.V.D., Évêque de Kenge (RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
Mon intervention concerne l’Apostolat biblique, précisément la préparation ou
formation des futurs prêtres à l’Apostolat Biblique comme discipline académique
dans les séminaires et maisons de formation religieuse. Je me réfère à
l’Instrumentum Laboris, n. 49, § 4; Sacramentum caritatis, n.46.
Si la Parole de Dieu doit inspirer toute la pastorale de l’Église (Instrumentum
Laboris, n. 48 ; DV, n.24), il nous faut repenser ou revoir la formation aux
grands séminaires et dans les maisons religieuses. Car la Parole de Dieu n’est
pas et ne peut pas être une matière d’enseignement comme une autre, au même
titre que les autres.
Il y a donc nécessité d’une préparation très sérieuse, tant académique,
scientifique que spirituelle des futurs prêtres. Cependant, nous déplorons une
certaine insuffisance à ce sujet dans la formation donnée aux séminaires.
L’étude de la Bible tend à privilégier la lectio scholastica la lecture
académique de la Bible qui transmet principalement des connaissances
intellectuelles, lesquelles sont, certes, nécessaires, mais laissent un vide
quant à la lecture spirituelle, c’est-à-dire à la dimension pastorale de la
Parole de Dieu.
Justement l’Apostolat Biblique comme discipline académique veut combler ce vide.
Il veut aider le croyant à rencontrer son Seigneur qui s’adresse à lui et
l’interpelle dans le concret de sa vie. Ce cours pourrait avoir cette double
finalité:
a) Éveiller chez le séminariste une prise de
conscience aiguë des Écritures comme Parole de Dieu, source de la vie chrétienne
et instrument du ministère pastoral ;
b) Aider le séminariste à traduire ses
connaissances des Écritures dans sa situation quotidienne de vie (Cfr. BICAM :
Syllabus, Accra 2008, p. 21).
-
S. Exc. Mgr Johannes Harmannes Jozefus VAN DEN HENDE, Évêque de Breda (PAYS-BAS)
Catéchèse sur la nature de l’Église, à la lumière de l’Écriture Sainte, unie à
la Catéchèse sur l’Écriture Sainte, en communion ecclésiale.
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