

SYNODE DES ÉVÊQUES
INTERVENTIONS
XII ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
5-26 OCTOBRE 2008
La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission
de l'Église
23 - 15.10.2008
À cette Seizième Congrégation générale sont
intervenus les Pères suivants:
-
S.Em.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la Conférence
Épiscopale (ITALIE)
-
S.Em. le Card. Giovanni LAJOLO, Président du Gouvernorat de l'État de la Cité du
Vatican (CITÉ DU VATICAN)
- S.Exc.
Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet du Tribunal
Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
-
S.Em. le Card. Joseph ZEN ZE-KIUN, S.D.B., Évêque de Hong Kong (CHINE)
-
S.Exc. Mgr Joseph OSEI-BONSU, Évêque de Konongo-Mampong (GHÂNA)
-
S.Exc. Mgr Paul CREMONA, O.P., Archevêque de Malte, Président de la Conférence
Épiscopale (MALTE)
- S.Exc. Mgr
Venant BACINONI, Évêque de Bururi (BURUNDI)
-
S.Exc. Mgr Joviano DE LIMA JÚNIOR, S.S.S., Archevêque de Ribeirão Preto (BRÉSIL)
- S.Exc. Mgr
Rayappu JOSEPH, Évêque de Mannar (SRI LANKA)
- S.Exc. Mgr
Augustin TRAORÉ, Évêque de Ségou (MALI)
- S.Exc. Mgr
Lucjan AVGUSTINI, Évêque de Sapë (ALBANIE)
-
S.Em. le Card. Antonio CAÑIZARES LLOVERA, Archevêque de Toledo (ESPAGNE)
- S.Exc.
Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova, Président du
Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN)
-
S.Exc. Mgr Fragkiskos PAPAMANÓLIS, O.F.M. Cap., Évêque de Syros, Administrateur
de Milos (GRÈCE)
- S.Exc.
Mgr Felix TOPPO, S.I., Évêque de Jamshedpur (INDE)
-
S.Exc. Mgr Joaquim FERREIRA LOPES, O.F.M. Cap., Évêque de Viana (ANGOLA)
-
Très Rév. P. Kieran O'REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des
missions Africaines
- S.Exc.
Mgr Daniel CARO BORDA, Évêque de Soacha (COLOMBIE)
-
S.Em. le Card. Giovanni Battista RE, Préfet de la Congrégation pour les Évêques
(CITÉ DU VATICAN)
- B.
D.nus Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des
Syro-Malankars, Président du Synode de l' Église syro-malankare (INDE)
-
S.Exc. Mgr Joseph Albert SERRANO ANTÓN, I.E.M.E., Évêque de Hwange (ZIMBABWE)
-
S.Exc. Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d'Abuja (NIGÉRIA)
-
S.Exc. Mgr Louis-Marie Ling MANGKHANEKHOUN, Évêque titulaire d'Acque nuove di
Proconsolare, Vicaire Apostolique de Paksé (LAOS)
-
S.Exc. Mgr Jörg Michael PETERS, Évêque titulaire de Fordongianus, Évêque
auxiliaire de Tréves (ALLEMAGNE)
-
S.Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.I., Évêque de Lira (OUGANDA)
-
S.Exc. Mgr Pierre-André DUMAS, Évêque d'Anse-à-Veau et Miragoâne (HAÏTI)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions:
-
S. Em.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la Conférence
Épiscopale (ITALIE)
1. Je souhaite, tout d’abord, remercier le Seigneur pour l’expérience de grâce
que constitue le Synode: en cette sainte Assemblée, on voit le visage toujours
plus jeune du Ressuscité, vraie espérance du monde. L’Église est consciente de
sa grande joie qu’elle ne peut retenir. Pour cette raison, au coeur du dialogue,
dans n’importe quel contexte culturel et social, communautaire et personnel, se
trouve le noyau irradiant de la mission.
2. Nous ne pouvons pas oublier que la rencontre de l’homme avec le Christ,
Parole incarnée, et avec la “Parole de Dieu écrite et transmise” (DV 10), est
toujours la rencontre de deux libertés, celle de Dieu et celle de la personne
particulière. Jésus aussi, Messager et message, n’a pas toujours été accueilli!
Face au sécularisme, nous devons nous interroger sur la façon d’améliorer
l’annonce, de mieux connaître les cultures et les contextes, mais sans jamais
oublier le drame décisif de la liberté personnelle, et en sachant que les voies
de Dieu sont infinies. Il est toujours nécessaire que chacun parie librement
lui-même avec la Parole qu’il lit.
3. Sans exclure des occasions organisées, il me semble opportun d’utiliser des
moyens simples et petits: ceux-ci sont plus praticables dans un contexte, tout
du moins pour celui occidental, pris de rythmes convulsifs qui normalement ne
facilitent pas des occasions de longue haleine et d’un approfondissement engagé.
Quelques suggestions sont donc ressorties, que je partage: le soin apporté à
l’homélie, la diffusion de la Bible, des outils simples et faciles à consulter,
des petits groupes...4. En ce qui concerne la formation à une foi pensée et
consciente, en mesure de donner raison de son espérance (cf. 1 P), il me paraît
opportun de rappeler que s’il est nécessaire de parcourir la voie de la
connaissance documentée, priée et partagée de la Parole de Dieu écrite, il est
tout aussi nécessaire de parcourir celle de la raison. L’Écriture Sainte est
imprégnée non seulement des vérités surnaturelles, mais aussi de celles
naturelles qu’elle assume, confirme et amène à leur accomplissement. Il est à
nouveau nécessaire et urgent de garder unie l’Écriture, la Tradition et le
Magistère (DV 10), pour que le croyant puisse mieux comprendre les grandes
questions du naître et du mourir, de la famille et de la liberté, de l’amour et
de la loi naturelle, de l’euthanasie, de la fécondation... et qu’il sache les
présenter aussi aux non-croyants, pour lesquels la Bible n’a de valeur que pour
la force des arguments. Lorsque l’Église parle de ces thèmes, elle ne commet pas
d’ingérence, elle ne s’éloigne pas de sa mission évangélisatrice, mais elle est
dans sa mission. En même temps, elle aide les cultures et les sociétés à devenir
plus humaines. Tel est exactement l’esprit et le but du “Projet culturel” que la
CEI développe depuis 1995 en Italie.
-
S. Em. le Card. Giovanni LAJOLO, Président du Gouvernorat de l'État de la Cité
du Vatican (CITÉ DU VATICAN)
La question posée est de savoir comment transmettre d’une manière convaincante
la Parole de Dieu à trois catégories de personnes:
- Les analphabètes et ceux qui, tout en sachant lire, ne lisent pas, ceux-ci
pouvant être facilement induits à des croyances et des superstitions absurdes.
Il serait préférable d’étudier la manière de s’adresser à eux personnellement ou
par des moyens audio-visuels facilement compréhensibles et largement diffusés.
- Les personnes d’un certain niveau culturel, parfois même assez élevé, qui sont
heurtés par les pages de la Bible dans lesquelles les droits fondamentaux de
l’homme apparaîtraient violés par ordre ou avec le consentement de Dieu. Pour
elles, il faudrait chercher à approfondir le concept d’inspiration de la Sainte
Écriture.
- Les croyants de l’Ancien Testament, pour qui il n’est pas bon de proposer la
réalisation des prophéties en tant que connaissable post fidem. À eux, il
faudrait donc pouvoir leur montrer la signification chrétienne des prophéties
réalisées dans le Messie Jésus en tant que connaissable ante fidem.
- S.
Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet du
Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
1. Concernant le n. 58 du Document de travail, les Saintes Écritures enseignent
que Dieu a écrit sa Loi dans le coeur de tous les hommes. On peut découvrir la
loi naturelle divine, gravée dans le coeur des hommes, au moyen de la raison,
mais elle est clairement annoncée à tous par la Parole inspirée de Dieu (cf. Rm
2, 15).
2. Dans un contexte diffus de matérialisme, de relativisme et d’individualisme
radical, il est particulièrement urgent que l’enseignement de la Parole de Dieu
basé sur la loi morale naturelle soit présenté comme le patrimoine commun de
tout un chacun.
3. Il est également nécessaire de proclamer d’urgence l’enseignement divin
inspiré sur la discipline qui prédispose l’homme à faire ce qui est bien et à
éviter ce qui est mal. Les Saintes Écritures nous enseignent que l’obéissance à
la loi n’est pas le summum de l’expression de soi de la part de l’homme, mais le
fondement irremplaçable de l’expression la plus haute de la bonté qui est au
coeur de l’homme.
4. Proclamer l’enseignement des Écritures en lieu et place de la discipline dans
la vie des individus est un défi dans une société antinomique qui a fait de la
loi un outil dans les mains des puissants.
5. En considérant la relation qu’entretienne la Parole de Dieu et la loi, il est
important de souligner le service du Droit canonique dans l’Église, par lequel
la vie du Christ peut grandir et se développer dans toute l’Église. Dans sa
Constitution apostolique Sacrae disciplinae leges, le Pape Jean-Paul II,
décrivant le service du Droit canonique dans l’Église, fit référence à “ce
lointain patrimoine du droit, qui est contenu dans les livres de l’Ancien et du
Nouveau Testament et duquel toute la tradition juridique et législative de
l’Église tire ses origines, comme de sa source première”.
6. Dans l’Église, comme dans la société, la compréhension de la loi a été
obscurcie et, dans certains cas, perdue, menant à de dommageables et graves
conséquences, par exemple, le non-respect diffus des lois liturgiques et l’échec
des procédés au travers desquels les fidèles revendiquent leurs droits et au
travers desquels les délits ecclésiastiques sont dûment punis.
7. Une plus grande connaissance du service de la loi dans l’Église, à travers
l’étude de la Parole de Dieu, n’aide pas seulement l’Église à comprendre et à
cumuler le don de la discipline canonique pour accomplir la mission divine, mais
aide toute la société en général à comprendre et à cumuler le service
irremplaçable de la loi pour la réalisation du bien commun.
-
S. Em. le Card. Joseph ZEN ZE-KIUN, S.D.B., Évêque de Hong Kong (CHINE)
Je voudrais m’attarder un instant sur la Parole de Dieu en tant que Créatrice de
beauté de l’Univers et de l’être humain, doté d’intelligence et de coeur, et
capable donc de dialoguer avec son Créateur.
Cet aspect de la Parole est présent dans le Document de travail, mais venant
d’un pays où la Parole révélée n’a pas encore été transmise à un grand nombre et
où les semina verbi, en revanche, abondent dans la culture sapientielle du
peuple, permettez-moi de revenir sur le sujet en exprimant quelques desiderata.
Mon premier souhait est que cet aspect de la Parole soit développé de manière
adéquate dans le texte final et que quelques recommandations soient données par
cette Assemblée à cet égard.
À Hong Kong, nous travaillons avec les six religions principales afin de
conserver l’héritage précieux de la sagesse chinoise.
L’Église catholique en Chine a toujours trouvé une bonne alliée dans la doctrine
confucéenne.
Si nous parvenions, mus par la charité, à inculquer dans la génération de jeunes
les vertus chinoises traditionnelles, nous l’aiderions à faire un grand pas vers
la sainteté.
Nous voyons malheureusement ce qu’il se passe lorsque ces vertus font défaut: un
déclin épouvantable des valeurs sacrées de la vie, du mariage et de la famille,
une corruption effrontée, un bâillonnement des consciences à cause duquel on
peut en arriver, pour obtenir des gains faciles, à polluer le lait au détriment
de la santé et de la vie d’enfants sans défense.
Il est vrai que cette Parole Créatrice de l’Univers et de la conscience humaine
est toujours une Parole visant au salut, qui est surnaturel. Ceci dit, je pense
encore pouvoir recommander que, suivant l’exemple de la patience divine, l’on
accorde une grande place à cette parole propédeutique de Dieu et que l’on ne
succombe pas à la tentation de brûler les étapes. Je citerai deux exemples. J’ai
entendu le Professeur Yang, Prix Nobel, dire “je ne suis pas croyant mais je ne
cache pas que, dans deux cas, je me sens touché par le mystère: le premier est
quand je me trouve face à une découverte de la science: c’est comme si j’étais
pris en flagrant délit pendant que je regarde quelque chose que je n’ai pas le
droit de regarder. Le second est lorsque je m’aperçois de l’énorme puissance
destructrice de la technique. Je pense alors que nous usurpons des forces qui ne
nous appartiennent pas”.
Je dois avouer qu’il ne m’est pas venu à l’esprit de demander au Professeur
quand il fera le prochain pas. Je lui aurais plutôt dit qu’il était proche du
Royaume de Dieu.
Le deuxième cas est celui d’un journaliste consciencieux et patriote, qui fut
injustement condamné pour espionnage. Quand il était jeune et qu’il étudiait
dans un Collège protestant, il avait refusé de lire la Bible en public parce
qu’il était athée mais ensuite, dans le long silence de son incarcération,
l’Évangile avait trouvé le chemin de son coeur.
Voici quelques jours, nous nous sommes retrouvés ensemble à déjeuner. J’espère
que je ne vous choquerai pas en vous disant que, à cette occasion-là, je l’ai
félicité pour la fois où il avait refusé de lire la Bible.
-
S. Exc. Mgr Joseph OSEI-BONSU, Évêque de Konongo-Mampong (GHÂNA)
Cette intervention, réalisée au nom de la Conférence épiscopale du Ghana,
examine l’efficacité de notre prédication de la Parole de Dieu à la lumière du
paragraphe 23 du Document de travail qui parle de la Parabole du Semeur (Mc 4,
1-20).
On notera que, bien que l’Église au Ghana ait fait des progrès considérables
depuis que le bon grain du catholicisme s’y est solidement enraciné en 1880,
certains aspects de la vie de nombreux Ghanéens et catholiques africains mettent
en cause l’efficacité de notre prédication. D’abord et avant tout, face aux
adversités - maladies, manque d’enfants etc. - certains voient leur foi vaciller
et passent d’une église à l’autre à la recherche d’une solution à leurs
problèmes. Ceux qui se sont convertis de la Religion traditionnelle africaine
retournent parfois à leur credo originaire. Dans un deuxième temps, certains
catholiques adhèrent aux églises pentecôtistes et charismatiques affirmant que
ces églises répondent davantage à leurs exigences et enseignent mieux la Bible.
En troisième lieu, sur le continent africain, une grande partie de la
corruption, de l’injustice et des violations des droits de l’homme est perpétrée
par des personnes qui se professent chrétiennes et même catholiques.
À la lumière de tout cela, je propose ce qui suit. Tout d’abord que l’homélitique
soit réexaminée et considérablement améliorée dans l’intérêt d’une prédication
efficace. En deuxième lieu, il faut prêter plus d’attention à la formation des
laïcs, surtout des catéchistes qui constituent les piliers de l’Église dans les
zones les plus reculées. En troisième lieu, la Parole que nous proclamons
devrait transformer la vie non seulement spirituelle mais également sociale,
économique et politique de notre peuple. Pour cette raison, là où cela est
possible, il faudrait prévoir un apostolat spécial destiné à nos hommes
politiques. Ceci contribuerait, selon moi, à créer des “hommes politiques
saints” qui respectent les droits de notre peuple. Notre catéchèse et la
prédication de la Parole devrait garantir qu’à l’avenir en Afrique, il n’y ait
plus ni tyrans ni dictateurs.
-
S. Exc. Mgr Paul CREMONA, O.P., Archevêque de Malte, Président de la Conférence
Épiscopale (MALTE)
Je parlerai dans le contexte des pays traditionnellement catholiques comme
Malte. Chaque fois que nous parlons de la nouvelle évangélisation, nous nous
heurtons à un obstacle. Un grand nombre de nos fidèles éprouvent encore une
certaine nostalgie pour le modèle de l’Église qui existait il y a 30 ou 40 ans,
et comparent la situation actuelle avec l’ancienne. Du fait que l’Église
catholique n’a pas maintenu la position privilégiée qu’elle occupait alors,
quand l’Église et ses pasteurs sont confrontés à un défi, ils le vivent comme un
choc. Souvent, ils ont peur de parler ouvertement dans cette culture souvent
hostile.
Nous devons sortir de cette expérience traumatique et nous engager dans une
nouvelle évangélisation. Nous devons aider les fidèles à reconnaître que ce
genre d’Église n’existe plus et qu’elle ne peut pas être proposée de nouveau
dans ce monde qui a changé. Nous ne pouvons pas continuer à comparer notre
réalité à celle d’antan.
Nous devons proposer un nouveau modèle d’être Église, et celui qui correspond le
plus à la réalité actuelle est la communauté chrétienne primitive, telle qu’elle
est décrite aux chapitres 2 et 4 des Actes des Apôtres, et qui a été décrite
dans les autres écrits du Nouveau Testament. Nous devons comparer l’Église
actuelle à cette communauté, et la conformer à elle.
- S. Exc.
Mgr Venant BACINONI, Évêque de Bururi (BURUNDI)
La Constitution conciliaire " Dei Verbum " a suscité une grande ouverture à la
Parole de Dieu, et le résultat le plus marquant, du moins dans mon pays (le
Burundi) s'est manifesté dans une catéchèse plus biblique. Cependant, pour un
pays catholique à plus de 65 %, ayant une même langue, après plus d'un siècle
d'évangélisation, c'est un paradoxe de n'avoir pas encore toute la Bible en
langue nationale. Seul le Nouveau Testament est diffusé, et pour l'Ancien
Testament, nous ne disposons que du lectionnaire dominical et férial. Un tel
retard s'explique-t-il par la méfiance traditionnelle à l'égard de l'Ancien
Testament, qui présente un Dieu irascible, une humanité inconstante, infidèle et
pécheresse, avec souvent des scènes de violence, de vengeance ou de duplicité?
En outre, sortant à peine d'une longue décennie d'instabilité et de violence
fratricide (causée par une impitoyable lutte pour le pouvoir), nos populations
sont meurtries et tenaillées par une grande pauvreté économique, accentuée par
une faim chronique due aux aléas climatiques, à l'érosion non maîtrisée et à une
agriculture aux méthodes primitives ; elles sont aussi confrontées à des
difficultés financières pour l' éducation scolaire des enfants et l' accès aux
soins médicaux, elles doivent ainsi affronter une lutte quotidienne pour la
survie. Une telle situation ne permet pas d'aborder la parole de Dieu avec
sérénité et profit. Beaucoup de gens ne croient plus à la capacité de la Parole
de Dieu de changer leur vie, d'où certains se tournent vers les sectes, avec le
risque d'être vite désabusés. Dans la formation des futurs pasteurs, la Bible ne
devrait pas être considérée comme un cours parmi les autres, mais comme Parole
du Dieu vivant adressée à chaque personne et invitant au dialogue et à
l'alliance; la lectio divina, contact personnel avec la Parole, devrait y être
pratiquée davantage. Comme priorité, un grand effort doit être fait pour achever
la traduction de la Bible, afin de la mettre à la portée de tous. C'est un droit
du peuple chrétien de disposer d'une Bible et c'est un devoir des pasteurs de
rendre possible l'accès à la nourriture de la Parole de Dieu, pour y rencontrer
Jésus Sauveur. De même, il est urgent de former les laïcs, sans oublier les
personnes consacrées, à une rencontre personnelle et communautaire avec la
Parole de Dieu, source de conversion, de service, de réconciliation et de
construction d'une paix durable.
-
S. Exc. Mgr Joviano DE LIMA JÚNIOR, S.S.S., Archevêque de Ribeirão Preto
(BRÉSIL)
Dieu parle dans le coeur et la vie de toute personne, homme ou femme, enfant,
adolescent ou jeune, adulte ou ancien ... , de toutes les cultures et traditions
religieuses ou philosophiques, de toutes les classes sociales, dans toutes les
circonstances, joyeuses ou douloureuses de notre vie personnelle et sociale.
Dieu parle dans les circonstances et les réalités particulières du peuple
brésilien, du continent de l' Amérique Latine et des Caraïbes... Il nous propose
la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. À nous le choix (Cf Dt
30,19).
Nous, les chrétiens et chrétiennes, membres du Corps du Christ vivant,
ressuscité, nous sommes à l' écoute de cette parole de Dieu, nous sommes
attentifs aux gémissements de 1'Esprit, attentifs aux 'signes du temps',
attentifs au mystère pascal se dérou1ant à travers les événements. C'est
pourquoi nous ouvrons le Livre des Écritures Saintes, scrutant l'auto-révélation
de Dieu et la réalisation de son Plan de Salut, tout au long de l'histoire du
cosmos, tout au long de 1'histoire humaine, jusqu'à nos jours. Nous essayons de
comprendre le défi de notre mission au moment présent, dans chacune des réalités
qui tissent notre vie personnelle et sociale.
La Bible est toujours présente dans les petites communautés de base. Dans les
moments de lecture communautaire, s'établit un échange très riche entre les
expériences de vie du peuple de Dieu d'aujourd'hui et d'antan: la préoccupation
de la survie (la faim, les maladies, le logis, nécessités de toute sorte),
essais d' organisations communautaires, engagement dans les luttes sociales et
la participation politique ... , la foi au Dieu vivant surtout, qui permet la
résistance contre le désespoir. Il y a beaucoup de gens - des enfants, jeunes et
adultes - qui ouvrent l'Écriture Sainte dans leurs rencontres d'études et de
prières, dans leur réunions concernant les activités pastorales et pour la
célébration liturgique. On voit ainsi apparaître des communautés missionnaires
dans les familles, les universités, dans les quartiers et même dans les milieux
d'études et de travail avec le souci de vivre et d'annoncer l'Evangile.
À la Table de la Parole, le peuple de Dieu trouve la sagesse et la nourriture
pour les combats de chaque jour. La Liturgie étant imprégnée de la Parole, les
célébrations liturgiques sont des moments privilégiés pour la proc1amation et
1'interprétation des Écritures Saintes, pour 1'écoute de la Parole vivante
qu'est le Christ et qui se manifeste à 1'assemblée lors de la célébration de
l’Eucharistie et les autres sacrements, la liturgie des heures et ses offices
divins, les sacramentaux, les expressions de la piété populaire ...
- S. Exc.
Mgr Rayappu JOSEPH, Évêque de Mannar (SRI LANKA)
La Lectio Divina: Je souhaite parler de la valeur nutritive et formative de la
Lectio Divina expliquée au n. 38 du Document de travail, dans le contexte de
l’expérience de notre pays, avec une référence particulière à mon diocèse au Sri
Lanka. Le terme Lectio Divina est mentionné plus de 28 fois dans le Document de
travail, et dans la vie des Églises particulières il est indiqué comme second
seulement à la Célébration Eucharistique en tant que lieu privilégié pour faire
l’expérience de la Parole de Dieu. Comme dans l’Eucharistie, prière suprême de
l’Église, dans la Lectio Divina aussi, la Parole de Dieu est intimement reliée à
la prière. La Parole de Dieu et la prière sont deux aspects d’un seul acte. Le
Document de travail, au n. 41, indique: “En vue d'une spiritualité authentique
de la Parole, il faut rappeler que « la prière doit accompagner la lecture de la
Sainte Écriture pour que s'établisse un dialogue entre Dieu et l'homme, car
‘c'est à lui que nous nous adressons quand nous prions; c'est lui que nous
écoutons, quand nous lisons les oracles divins’”. Les disciples du Seigneur lui
demandent de leur enseigner à prier, car ils savaient que la source de Sa vie et
mission était Sa vie de prière, grâce à laquelle il parlait avec le Père et le
Père avec Lui.
La Lectio Divina dans mon pays: La Conférence épiscopale du Sri Lanka, dans son
effort de revenir aux origines pour renouveler l’Église, s’est engagée, il y a
14 ans, dans la formation de petites communautés chrétiennes (SCC) à travers le
Modèle pastoral intégral asiatique (AsIPA), comme priorité pastorale. Dans cette
approche, l’antique pratique de la Lectio Divina s’est traduite en sept moments
de rencontre avec la Bible.
La Lectio Divina dans mon diocèse: Mon diocèse de Mannar, au nord du Sri Lanka,
compte 35% de catholiques, le reste du troupeau est Hindou ou Musulman. Au tout
début du Christianisme dans cette région, 600 néophytes ont témoigné de leur foi
en versant leur propre sang, en 1544. Ils sont connus comme étant “les martyrs
de Mannar”. Leurs disciples dans la foi, les personnes vivent aujourd’hui une
foi profonde et le diocèse est riche de vocations au sacerdoce et à la vie
religieuse, fruits de la foi de leurs pères. Cependant, une guerre ethnique qui
dure depuis un quart de siècle, avec ses destructions de vies et de propriétés,
de déplacements de masse, etc., ont conduit notre population à une perte du sens
d’appartenance car la crise s’est transformée en une question de survie des plus
forts. Les sectes fondamentalistes sont en train de se frayer un chemin pour
pêcher dans les eaux troublées.
- S. Exc. Mgr
Augustin TRAORÉ, Évêque de Ségou (MALI)
Les chrétiens du Mali constituent une petite minorité au point de vue du nombre,
mais ils sont appréciés et respectés à cause du témoignage qu’ils rendent à
l’Évangile de Jésus-Christ.
La qualité du témoignage de vie des chrétiens catholiques et protestants maliens
force l’admiration de leurs frères et soeurs musulmans qui aiment à dire souvent
qu’il faut toujours confier la gestion des choses sérieuses aux chrétiens parce
que l’Évangile qu’ils annoncent apporte la justice et la paix.
La cohérence dans le témoignage est à promouvoir par une collaboration toujours
plus fructueuse entre les communautés chrétiennes catholiques et protestantes.
Le secrétariat de l’Apostolat Biblique de la conférence des Evêques du Mali a
décidé depuis sa création de favoriser le dialogue oecuménique au Mali. Ainsi
travaille-t-il étroitement avec l’Alliance Biblique Universelle au Mali, de
manière plus directe avec le Bureau national de l’Alliance Biblique au Mali dans
un esprit d’oecuménisme.
Les bonnes relations entretenues entre les membres du Secrétariat Biblique et
l’Alliance Biblique au Mali ont permis une collaboration fructueuse dans les
domaines de la formation des traducteurs de la Bible, de la diffusion de la
Bible, de l’Alphabétisation ...
La Parole de Dieu, étant pour tous les enfants de Dieu, est un puissant moyen de
communication entre les hommes de différentes religions. Le synode sur la Parole
de Dieu va certainement favoriser un dialogue interreligieux fructueux à partir
d’une meilleure connaissance de cette Parole. Le dialogue interreligieux suppose
une bonne connaissance de la Parole de Dieu qui est aussi DIALOGUE et qui
favorise les conditions d’un dialogue fructueux entre les différentes
confessions.
- S. Exc. Mgr
Lucjan AVGUSTINI, Évêque de Sapë (ALBANIE)
L’histoire de l’Église au sein du peuple albanais nous indique que Dieu fait en
sorte que sa parole donne beaucoup de fruits.
Des catholiques albanais ont vécu la même expérience que le peuple juif à
Babylone, où la Parole de Dieu a conservé son identité. Sous le régime
communiste, alors que toute pratique religieuse était interdite, le souvenir de
la Parole de Dieu a préservé la foi des catholiques albanais.
Pendant que le Concile Vatican II, avec ses encycliques et ses documents, dont
Dei Verbum, apportait de nombreux changements au sein de l’Église universelle,
l’Église en Albanie était contrainte au silence.
Nous pouvons dire que l’exemple des évêques, des prêtres et des laïcs fusillés
ou incarcérés pour avoir professé la foi dans la Parole Incarnée a encouragé
tous les fidèles à traduire la Parole de Dieu dans la vécu. Par leur attitude,
ils ont enseigné au peuple la fidélité, l’amour et le pardon des ennemis.
Dans la prière liturgique, d’importants progrès ont été accomplis pour mettre en
valeur l’Écriture Sainte et en faire le point de départ de tout culte en Esprit
et en Vérité et la force qui unit la communauté qui prie.
Les personnes écoutent avec un sentiment de foi la Parole de Dieu mais ils ont
encore faim et soif. Nous n’avons pas la possibilité d’assouvir cette faim et
cette soif. Nous avons encore de nombreuses difficultés et une grande nécessité
de rééditer l’Écriture Sainte.
-
S. Em. le Card. Antonio CAÑIZARES LLOVERA, Archevêque de Toledo (ESPAGNE)
L’intervention se réfère à la catéchèse, comprise comme l’une des formes du
ministère de la Parole. On veut souligner le rôle irremplaçable et fondamental
de la catéchèse pour la transmission de la Parole de Dieu, dont la particularité
consiste à être une période d’enseignement et de maturité, de réflexion vitale
sur le mystère du Christ, d’initiation intégrale - vitale, ordonnée et
systématique - dans la Révélation que Dieu lui-même a faite à l’homme en Jésus
Christ, ni séparée de la vie ni juxtaposée artificiellement à elle, et conservée
dans la mémoire profonde de la Tradition vivante de l’Église. La catéchèse
introduit, initie, à l’écoute et à l’accueil de la Parole et de l’enseignement
des Apôtres, dans la liturgie, dans la vie morale évangélique conforme à la
charité et dans la prière.
Sans catéchèse, la majorité des chrétiens ne seraient pas en mesure de
s’approprier et de traduire l’Évangile dans la vie, ni d’agir dans le sens
missionnaire et apostolique, ni de se confronter avec succès aux courants
spirituels et culturels de notre temps. C’est seulement à partir d’une catéchèse
sérieuse, authentique et renouvelée, que l’Église pourra déployer avec force
toute l’amplitude des éléments et des fonctions de son action évangélisatrice.
Il est nécessaire que la catéchèse, en tant qu’oeuvre évangélisatrice de
l’Église, trouve ses fondements dans la nature de la révélation chrétienne et de
la Tradition vivante de l’Église, telle qu’elle est exprimée dans la
Constitution Dei Verbum du Concile Vatican II.
Lorsque la catéchèse se situe dans cette perspective, elle suscite l’adoration
et, avec elle, l’admiration et l’étonnement devant Dieu. Avec la force du
témoignage, elle parle de Dieu pour lui rendre gloire. De là jaillissent la
louange, l’action de grâces, la prière. De là aussi proviennent l’initiation à
l’écoute et à l’obéissance à la Parole de Dieu, à la prière et à la liturgie. De
là jaillit aussi la vie conforme au vouloir de Dieu. Lorsque la catéchèse
s’appuie sur ces bases, il naît dans le coeur de l’homme le désir de Dieu, sa
recherche, la contemplation de son Visage, qui est sa Parole faite chair, Jésus
Christ, l’expérience joyeuse d’être avec Lui, qui est Amour, contemplé dans sa
Parole incarnée, et vivre en conformité avec Lui dans l’amour, et en cheminant
dans l’espérance.
- S.
Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova, Président du
Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN)
Je souhaite commencer mon intervention en faisant référence au paragraphe 53 du
Document de travail qui parle de “méthodes” et des “nouvelles formes de langage
et de communication” dans la transmission de la Parole de Dieu.
Nous vivons actuellement une période de changements profonds dans le monde de la
communication. Les experts parlent souvent d’une révolution numérique pour
indiquer les avancées extraordinaires des technologies des communications dont
nous avons été témoins au cours des vingt dernières années. Il serait toutefois
erroné de considérer ces changements comme purement technologiques, car ils ont
révolutionné aussi la culture des communications. Ils ont changé la manière de
communiquer des personnes, leurs modes de s’agréger et de créer des communautés,
de connaître le monde, de s’engager dans des organisations politiques ou
commerciales.
En tant que communauté de croyants engagée à faire connaître à toutes les
nations la Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus Christ, l’Église est confrontée
au défi qui consiste à réfléchir sur la manière dont elle peut réussir à
communiquer son message dans le contexte de la nouvelle culture émergente des
communications. Nous avons considéré, d’une manière générale, les nouveaux
moyens et technologies de la communication comme des instruments permettant de
transmettre la Parole - Evangelii Nuntiandi a défini les nouveaux moyens comme
“une version moderne et efficace de la chaire”. Le défi d’aujourd’hui est de
comprendre que les nouvelles technologies ne sont pas seulement des instruments
de communication mais qu’ils influencent profondément la culture même des
communications.
La communication digitale a transformé les modèles d’utilisation et de
consommation des médias. Là où, par le passé, nous avions tendance à considérer
les lecteurs, les auditeurs ou les observateurs des médias comme des spectateurs
passifs d’un contenu produit par un centre, il est clair qu’aujourd’hui nous
devons considérer le public comme plus fortement sélectif ou interactif d’une
plus vaste gamme de médias. La logique des communications a été radicalement
modifiée: le centrage sur les médias a été remplacé par une concentration sur le
public qui est toujours plus autonome et délibératif en ce qui concerne sa
consommation des médias.
Nous avons toujours été - à juste raison - attentifs au contenu de notre
enseignement; aujourd’hui nous devons être plus attentifs à notre public ou aux
multiples publics auxquels nous nous adressons afin de comprendre leurs
préoccupations et leurs demandes. Nous avons besoin de mieux comprendre et de
tenir compte des contextes et des environnements dans lesquels ils rencontrent
la Parole de Dieu. Le développement d’Internet en tant que moyen interactif dans
lequel les usagers cherchent à s’imposer en qualité de sujets et non pas
seulement de consommateurs, nous invite à développer de manière plus explicite
des formes dialogiques d’enseignement et de présentation.
-
S. Exc. Mgr Fragkiskos PAPAMANÓLIS, O.F.M. Cap., Évêque de Syros, Administrateur
de Milos (GRÈCE)
Je voudrais ajouter une réflexion au n. 54 qui traite de la Parole de Dieu en
tant que lien oecuménique. Je vis en Grèce, où nous, les catholiques, sommes une
minorité au milieu de la grande majorité constituée de nos frères orthodoxes.
Ils est donc naturel pour moi d’aborder cette question.
Dans le Document de travail, j’ai cherché la réponse à une question que
m’adressent souvent nos frères orthodoxes ou que, parfois, je lis dans les
journaux : “Comment pouvez-vous, vous les catholiques, justifier les structures
par lesquelles agit votre Église en tant qu’institution si vous la mettez en
regard de la Parole de Dieu ?”. Et, plus loin dans la conversation, je comprends
qu’ils parlent du corps diplomatique, et de toutes les ramifications qu’il
déploie, et dont l’Église fait un large usage.
Je suis conscient des exigences des institutions et du bien qu’apporte la
diplomatie. Il est toutefois vrai qu’elles doivent toujours être réexaminées et
vérifiées à la lumière de la Parole de Dieu, parce que la fin ne justifie pas
les moyens.
En étudiant l’histoire, nous rencontrons dans la vie de l’Église des décisions
d’urgence et des modes de comportement structurel qui pourraient être justifiés
du fait d’un moment historique donné, mais ces décisions, sont maintenues
ensuite dans les structures de l’Église. Je pose alors la question : ces
décisions continueront-elles à marquer le pas de la vie de l’Église pour des
siècles et des siècles ? Notamment quand de semblables structures ne résistent
pas à la lumière des principes théologiques ?
Pour l’Église catholique, l’engagement oecuménique est le premier engagement du
troisième millénaire. Un engagement qui ne peut se limiter à l’échange
d’invitations, de visites et de dons, ou même à tous ces gestes qui expriment
notre désir de créer l’unité. Le désir ne suffit pas. Nous devons être disposés
à sacrifier lois et structures, pour préparer le jour béni dans lequel tous les
chrétiens seront unis.
Le jour béni de l’union des chrétiens, en effet, ne sera pas “une rencontre
inconditionnée” avec nos frères, mais une fusion de deux pièces d’or, pour
arriver à une nouvelle entité dans l’unité. Le temps du chemin oecuménique ne
sera authentique que si chaque Église suit un chemin de purification de ses
structures.
Sur ce chemin, la Parole de Dieu est l’instrument qui doit guider l’une et
l’autre Église, car elle est l’unique élément commun autour duquel nous pouvons
nous rencontrer et confronter nos idées.
- S. Exc.
Mgr Felix TOPPO, S.I., Évêque de Jamshedpur (INDE)
Malgré la réalité amère des divisions historiques de l’Église, l’oecuménisme a
fait des progrès considérables vers l’unité des Églises depuis le Concile
Vatican II.
Réalité de la division
Nos divisions ont entraîné des blessures au Corps mystique du Christ. Nos
divisions contredisent la volonté du Christ et son enseignement de l’amour, de
l’humilité et du pardon. Ces divisions sont un crime sérieux et un scandale face
au monde.
Travailler pour l’unité
Le fait que, malgré ces divisions, nous mettions tout en oeuvre pour l’unité est
un signe d’espoir. Mais bien que les querelles personnelles soient terminées,
l’unité des chrétiens reste toujours éloignée.
Aspirations de l’Église
Les premières lignes du “Décret sur l’oecuménisme” du Concile Vatican II
souligne la “promotion de la restauration de l’unité entre tous les chrétiens”
comme une des principales préoccupations du Concile (cf. UR 1; LG 15). Ce que
soulignent également les Papes : Jean-Paul II (cf. Ut unum sint, n. 61) et
Benoît XVI (IL 54) ont insisté sur l’importance primordiale de l’union pleine et
visible de tous les disciples de Jésus.
La nécessité de l’unité
Nous confessons notre foi en un seul Dieu, un seul Baptême, un seul Message, une
seule Espérance, et un seul Amour ; un sacrifice qui nous invite à une unité
indivise. Nous rappelons les prières de Jésus à son Père pour l’unité (Jn 17,
21).Mes propositions
1. Un véritable oecuménisme nous invite à assumer des attitudes spirituelles
d’amour et d’humilité envers les tous les chrétiens.
2. Tous les chrétiens doivent être encouragés à participer à des pratiques
collectives de Lectio divina.
3. Nous devrions nous garder de la dilution de la vérité et des faux
oecuménismes.
4. Nous devrions renforcer les dynamiques naturelles d’unité, autant à
l’intérieur qu’à l’extérieur de nos Églises particulières.
5. Les Églises d’Orient et d’Occident doivent se mettre d’accord sur un jour en
commun pour la célébration de la Pâque.
-
S. Exc. Mgr Joaquim FERREIRA LOPES, O.F.M. Cap., Évêque de Viana (ANGOLA)
l. Les cultures africaines dans lesquelles nous annonçons la Bonne Nouvelle,
sont des cultures anciennes qu’il faut bien connaître dans leur profondité. Au
même temps, elles ont un penchant symbolique très accentué qu’il faut non
seulement respecter mais aussi savoir utiliser.
Nos cultures africaines peuvent bien être appelées Cultures de la parole dans un
sens à la fois existentiel et symbolique. En fait, d’une part, la parole
humaine, comme telle, a une valeur extraordinaire; d’autre part, la Parole de
Dieu a une valeur exceptionnelle. La Parole de Dieu déborde tout sens attribuée
à la parole dans quel que soit le contexte.
À cause de cela, la Parole de Dieu, la Bible, est vénérée dans nos Assemblées
liturgiques d’une façon telle qu’une espèce de rite d’intronisation a commencé à
s’introduire lentement et progressivement dans la célébration de l’Eucharistie.
Pour les africains, la Parole est vivante, elle est Quelqu’un qui vient à la
rencontre de la communauté réunie par l’Esprit Saint au nom du Seigneur. Avec un
grand sens de créativité, la communauté a besoin d’autres formes de lecture au
niveau du rituel, du geste, du symbole.
Nous devons approfondir tout ce qui touche le problème de l’Inculturation afin
d’éviter dans le processus de la Nouvelle Évangélisation en cours, certaines
erreurs du passé en ne considérant pas ces aspects qui ont mené à une
évangélisation qui n’a pas touché profondément la culture restant au niveau du
périphérique, du superficiel.
2. Il faut rendre hommage aux catéchistes, hommes et femmes, au courage farouche
qui, ayant reçu la Foi et en restant fidèles, ont réussi pendant des dizaines
d’années lorsque la guerre ravageait le pays, à maintenir les communautés
vivantes au prix de leurs propres vies. Il y a eu beaucoup de sainteté et de
martyrium dans ces communautés.
Maintenant ont peut voir la Bible dans les mains des fidèles et entrant dans
leurs maisons.
L’Évangile est de nouveau annoncé aux pauvres bien que nous avons encore
évidemment beaucoup de pain sur la planche.
-
Très Rév. P. Kieran O'REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des
missions Africaines
L’une des caractéristiques des lettres de saint Paul est qu’il les commencent
toujours en remerciant Dieu pour le travail et l’engagement de ceux à qui il
écrit. “Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous, en
tout temps dans toutes mes prières pour vous tous, prières que je fais avec joie
; car je me rappelle la part que vous avez prise à l'Évangile depuis le premier
jour jusqu'à maintenant” (1, 3-5). Je voudrais m’adresser aux agents de la
Parole, “partenaires de l’Évangile”.
A) Les catéchistes, religieux et laïcs, hommes et femmes. B) Les Évêques, les
prêtres et les diacres. C) Un troisième groupe représenté par ceux qui
travaillent silencieusement et avec diligence - les exégètes bibliques.
Il est important que ce Synode saisisse cette occasion pour reconnaître le
progrès substantiel accompli au cours des 50 dernières années et le rôle de ceux
que j’ai mentionnés plus haut.
Quatre défis:
1. L’usage dévot de la Bible associé à une recherche authentique.
Un grand défi à relever est celui d’unir l’utilisation de la Bible à une
recherche sérieuse tant historique que critique. Cette mission pourrait être
décrite comme l’union d’un engagement de foi passionné et d’une érudition
impeccable.
2. Comment les prêtres-agents de l’évangélisation peuvent-ils connaître
davantage et se sentir plus à l’aide avec le texte de la Bible? Il est essentiel
de mettre au point des programmes de formation permanente adaptés, surtout en ce
qui concerne l’Écriture.
3. Le ministère de “Justice et Compassion” à l’intérieur de l’Église devrait
être présenté plus directement. L’Église sur tous les continents a besoin
d’hommes et de femmes en première ligne dans l’oeuvre d’évangélisation, qui
soient des témoins du Christ Miséricordieux et affectueux.
4. La vocation à inculturer ou à incarner la Parole de Dieu en Afrique en est
encore à une phase initiale. L’oeuvre d’évangélisation se poursuit incessamment
et, même si d’importants pas en avant ont été faits, il reste encore du chemin à
faire pour la diffusion complète de la Parole.
- S. Exc.
Mgr Daniel CARO BORDA, Évêque de Soacha (COLOMBIE)
Dans les Évangiles, nous trouvons l’ “Histoire d’une âme”.
Le fondement des Évangiles, ce sont les paroles et les actes de Jésus, enrichis
des confessions de foi apostolique et des différentes traditions des communautés
primitives. Cela ne nous empêche pas de trouver dans les Évangiles “la
spiritualité vécue par Jésus”, son cheminement spirituel. Un cheminement
spirituel qui s’appelle “Royaume de Dieu”. Un Royaume qu’il a transformé en
réalité en lui-même et qu’il a révélé aux Douze et aux autres. Un Royaume qui
est à l’intérieur et que l’on trouve et édifie à partir de là. L’étude et la
lecture assidue de l’Évangile nous amènera à connaître l’âme de Jésus, non
seulement ses paroles. C’est trouver l’histoire d’une âme désireuse de
construire le vrai Royaume ad intra et de le partager et faire connaître ad
extra. Il s’agit d’entrer dans le cheminement spirituel qu’il a vécu à partir du
baptême pénitentiel, jusqu’à la résurrection et l’ascension glorieuse.
Par la Parole, trouver Jésus de Nazareth, qui nous invite et nous accompagne à
construire comme lui, le Royaume de Dieu... C’est là le coeur de l’être
disciple.
-
S. Em. le Card. Giovanni Battista RE, Préfet de la Congrégation pour les Évêques
(CITÉ DU VATICAN)
1. Il est du devoir de l’Évêque d’être héraut de la Parole de Dieu; docteur
authentique c’est-à-dire investi de l’autorité du Christ qui l’illustre et la
transmet; maître qui la conserve fidèlement et la défend; témoin qui la proclame
y compris par l’exemple de sa propre vie (cf. Lumen Gentium).
Dans l’exercice du munus docendi, l’Évêque doit enseigner aux fidèles la parole
puisée à l’Écriture Sainte, à la Tradition, au Magistère, à la Liturgie de
l’Église en étant attentif à ce que la révélation chrétienne soit proposée
intégralement et fidèlement. De la même façon, la Parole de Dieu doit constituer
un point de repère du munus sanctificandi et du munus regendi.
Un pasteur doit sentir profondément la responsabilité primaire de diffuser et de
faire aimer la Parole de Dieu: il doit sans cesse l’étudier et réfléchir sur les
moyens lui permettant de réaliser au mieux sa mission.
Par le biais d’une oeuvre pastorale soignée, l’Évêque doit guider ses prêtres et
ses fidèles à écouter, aimer, intérioriser la Parole de Dieu de manière à
familiariser avec elle et à en cueillir le sens profond, de manière à parvenir
au salut par “l’obéissance de la foi” (Rm 1, 5).
L’Évêque doit également mettre tout en oeuvre afin que la Parole de Dieu ait une
incidence et une influence sur la culture en cherchant à illuminer avec la
Parole de Dieu le nouveau qui apparaît à l’horizon.
2. En outre, il incombe à l’Évêque de se prodiguer afin que la Parole de Dieu
soit conservée vivante, intègre et féconde. L’Évêque a l’obligation de défendre
la Parole de Dieu de tout ce qui peut compromettre sa pureté et son intégrité.
Il doit avoir le courage d’intervenir avec clarté et autorité contre toute
interprétation ou hypothèse arbitraire.
Il faut ensuite enseigner à lire l’Écriture Sainte non pas comme un livre
quelconque mais comme ce qu’elle est vraiment, c’est-à-dire la Parole de Dieu,
en parlant avec Dieu, apprenant donc à prier à partir du texte écouté ou lu,
médité et approfondi.
3. Afin de bien remplir sa tâche, l’Évêque doit tout d’abord se nourrir lui-même
de la Parole de Dieu. Chaque Évêque doit mettre au centre de sa vie la Parole de
Dieu de façon à ce qu’elle devienne la véritable réalité, le véritable fondement
de son expérience de foi et de toute son activité pastorale. La Parole de Dieu
doit imprégner toute notre manière de voir, de penser et d’agir et devenir le
soutien et le réconfort de notre existence.
Au cours du rite d’ordination épiscopale, le moment où l’Évangéliaire est ouvert
au-dessus de notre tête est particulièrement significatif. Notre ministère a été
placé sous la Parole de Dieu avec la mission de l’annoncer, de la proclamer, de
la vivre fidèlement et de la défendre dans sa limpidité.
L’image de l’Évangile ouvert placé sur notre tête rappelle celle du toit d’une
maison. La Parole de Dieu, pour nous les Évêques, c’est la maison que l’on
quitte chaque matin pour aller vers le troupeau qui nous est confié, et à
laquelle on revient le soir. La Parole de Dieu est également le toit sûr sous
lequel trouver refuge quand les tempêtes frappent notre vie; elle est le lieu
intime où les liens, les souvenirs et les affections, tout comme les angoisses
et les préoccupations pastorales confluent pour trouver dans le Christ le repos
de l’âme et les énergies pour affronter les problèmes et les défis du moment.
- B.
D.nus Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des
Syro-Malankars, Président du Synode de l' Église syro-malankare (INDE)
L’identité ecclésiale de l’Église archiépiscopale majeure catholique
syro-malankare que je représente doit être vue à partir de trois dimensions
importantes. L’Église malankare apostolique a reçu l’antique patrimoine
liturgique syrien occidental, s’est solidement enracinée dans le terrain
spirituel indien et a été enrichie par la pleine communion et par l’universalité
de l’Église catholique. Telle est notre bénédiction et notre vocation.
L’une des principales exigences de l’Église catholique malankare est l’impératif
oecuménique. Avec la prière de Jésus (Jn 17, 8), le Saint-Père, le Pape Benoît
XVI nous inspire en disant que “l’unité dans la foi peut être atteinte
principalement comme réponse à l’écoute de la Parole de Dieu”.L’Église malankare
a la chance de posséder une tradition liturgique profondément enracinée dans la
Parole de Dieu et invite tout un chacun à modeler sa vie sur la Parole de Dieu.
Nos traditions liturgiques sacrées sont animées par la Parole de Dieu.
Déjà au début du mouvement de réunification, l’Église catholique malankare a
insisté spécialement sur sa mission ad gentes.
Notre engagement missionnaire, dans le contexte indien, pluraliste tant du point
de vue religieux que culturel est confronté à de nouveaux défis, notamment le
fondamentalisme, l’insistance sur le thème de la liberté religieuse etc.. Les
bénéfices sociaux et économiques mis en place par le gouvernement sont refusés
aux dalits et aux communautés défavorisées quand elles deviennent chrétiennes.
Les récentes attaques contre des chrétiens représentent un signal fort, que les
sectes fondamentalistes lancent à toutes les personnes de bonne volonté. Nous
sommes reconnaissants au Saint-Siège pour sa solidarité ouverte et ponctuelle
dans ces moments-là.
-
S. Exc. Mgr Joseph Albert SERRANO ANTÓN, I.E.M.E., Évêque de Hwange (ZIMBABWE)
La majorité de la population du Zimbabwe est composée de non-chrétiens. Dix pour
cent de la population est catholique, tandis qu’un autre trente pour cent
appartient à d’autres églises chrétiennes, surtout à des groupes pentecôtistes
et à des églises syncrétistes ou africaines indépendantes. Approximativement
soixante pour cent de la population suit la religion traditionnelle.
Parmi les catholiques, tous ne pratiquent pas régulièrement leur foi, le nombre
de familles catholiques est relativement bas – le cas est fréquent où les
différents membres de la famille appartiennent à des églises différentes dans
lesquelles ils y pratiquent leur foi – et nous connaissons un exode de
catholiques qui, pour des raisons diverses telles que maladies, mariages mixtes,
amis, nécessités émotives, insatisfaction religieuse, problèmes financiers,
etc., rejoignent temporairement ou définitivement d’autres églises ou groupes
religieux. L’instabilité actuelle de la situation socio-politique et économique
se répercute sur la vie de l’Église, ouvrant la voie à l’égoïsme, et même à la
haine et à la violence parmi les membres d’une même paroisse, en raison de leur
affiliation à des partis politiques d’opposition.
Dans ce contexte compliqué, le mandat du Seigneur, “Allez donc, de toutes les
nations faites des disciples” (Mt 28,19) semble un défi actuel qui nous est
lancé. Que faire? Qu’est-ce que le Seigneur est en train de nous demander?
Comment présenter sa Parole d’une manière adéquate dans cette situation
présente?
Je voudrais simplement énumérer quelques points que je considère essentiels pour
notre proclamation de la Parole.
1. Nécessité d’une solide formation biblique à tous les niveaux. Nous soulignons
le besoin d’instruire les laïcs.
2. L’utilisation des médias et des technologies électroniques modernes comme
instruments tant pour apprendre la Parole de Dieu que pour la proclamer. Nous ne
devons pas oublier, mais au contraire les utiliser davantage encore, les
méthodes traditionnelles de communication, toujours valables et efficaces,
telles que la musique, la récitation et la danse.
3. L’importance des petites communautés chrétiennes comme lieux où la Parole de
Dieu est proclamée, vénérée et vécue; un dévouement sérieux à la cause de la
justice et de la paix, et au service de la charité, est en train de prendre
forme; il est possible de parvenir à la réconciliation et au pardon réciproque
“si nécessaire aujourd’hui”; la Parole de Dieu devient inculturée; l’Église est
vécue comme une famille, la famille de Dieu, et devient autosuffisante pour
l’accomplissement du ministère et de la mission. La paroisse devient ainsi plus
dynamique et est vécue comme une communauté parmi les communautés ou comme une
famille élargie.
4. Nécessité de Bibles tout comme de ressources et supports, simples mais
solides, dans les différentes langues, qui peuvent aider nos fidèles dans leur
parcours de formation vers une rencontre personnelle toujours plus profonde avec
le Christ.
5. Nécessité de maisons de spiritualité – lieux pour des exercices spirituels –
où la Parole de Dieu est méditée dans la prière et le silence.
6. Nous avons aussi besoin d’offrir un plus grand soutien à la Fédération
Biblique Catholique dans son engagement et dans son oeuvre de mise en
application de la Constitution Dei Verbum.
-
S. Exc. Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d'Abuja (NIGÉRIA)
1. Il Concile Vatican II, dans sa Constitution dogmatique sur l’Église “Lumen
Gentium”, au n. 16, déclare:
“Mais le dessein de salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et
parmi eux, d'abord, les Musulmans qui, en déclarant qu'ils gardent la foi
d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les
hommes au dernier jour”.
Le Document de travail, au n. 56, dans son chapitre sur le “Dialogue
interreligieux”, cite un passage similaire mais plus détaillé de “Nostra Aetate”
du Concile Vatican II qui, au n. 3 insiste en particulier sur le fait que les
musulmans adorent un “Dieu ... qui a parlé aux hommes”. Le but de mon
intervention est de lancer un appel à cette auguste assemblée afin qu’elle prête
plus d’attention aux importantes déclarations susmentionnées.
2. Je viens du Nigeria, un pays où les relations entre chrétiens et musulmans
représentent un défi constant. Je suis donc conscient du fait que le contexte de
nombreux lieux nous a souvent conduit, au cours des quarante dernières années, à
nous demander si l’attitude positive et ouverte de l’Église ne relèverait pas de
la naïveté. Existe-t-il une réciprocité dans les efforts que nous accomplissons
pour avoir de bons rapports? Quelle que soit la réponse, le dialogue avec
l’islam est nécessaire, tout difficile qu’il puisse être.
3. Mais tout n’est pas négatif. Il existe des signes des temps positifs que,
selon moi, nous ne devrions pas négliger. Dernièrement, l’autocritique est de
plus en plus présente dans le monde musulman. En outre, trois événements
importants qui ont eu lieu récemment méritent notre attention: a) la “Parole
Commune”, lettre de plus de 140 responsables musulmans du monde aux responsables
chrétiens; b) la visite du Roi d’Arabie Saoudite au Pape et c) l’appel conscient
et l’initiative des cercles musulmans en faveur du dialogue avec les chrétiens à
différents niveaux. L’Église a bien fait d’accueillir et d’encourager ces gestes
au niveau mondial, leur impact se faisant déjà sentir au niveau local.
5. Pour que tout cela aille au-delà des positions diplomatiques, je pense que
nous devrions intensifier notre réflexion théologique sur l’islam en tant que
religion, selon les lignes directrices indiquées par le Concile Vatican II. En
particulier, et cela est important pour le thème du Synode, il faut comprendre
ce que “Nostra Aetate” entend en citant Dieu qui parle aux musulmans.
6. Construire un monde meilleur fait partie de la mission de l’Église. Pour ce
faire, il est nécessaire de collaborer avec ceux qui partagent avec nous cette
même sollicitude. Il s’agit là sans conteste d’un défi urgent pour les deux plus
grandes religions de la planète.
- S.
Exc. Mgr Louis-Marie Ling MANGKHANEKHOUN, Évêque titulaire d'Acque nuove di
Proconsolare, Vicaire Apostolique de Paksé (LAOS)
Le Verbe s'est fait chair et Il a parlé du dessein de Dieu aux hommes, mais les
hommes l’ont
tué parce qu'il les dérangeait. En fait, Il savait bien que ces hommes ne
l'aiment pas; cependant lui, il a décidé de sa propre liberté, en accord avec la
Volonté du Père, de marcher vers cette mort. Si le Verbe incarné, le Créateur et
Sauveur de l'univers a mis tant de temps pour se préparer à sa mission, c'est
qu'il accordait une importance très spéciale a cette préparation: 30 ans de
préparation, pour 3 ans de prédication, pour 3 jours de rédemption et une nuit
dans le tombeau, avant la glorieuse résurrection. Pour l'apôtre, il doit être
lui-même le témoin de la Parole de Dieu. Il doit être la garantie de la véracité
de ce qu'il dit, de ce qu'il fait, par son être vivant et agissant, par son
existence d'homme de foi et d'homme d'engagement, par sa vie de consacré, et
pourquoi pas, de sa vie d' épiscope ... En un mot, il vit de la Parole de Dieu
dans le quotidien de sa vie d'évêque, cela veut dire, être témoin visible,
vivant et palpable de la Parole de Dieu, en tant que pasteur du peuple que la
Parole de Dieu lui confie. Cette Parole de Dieu incarne est le Bon Pasteur
Lui-même, en chair et en os; c'est le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour ses
brebis.
La Parole de Dieu dans la vie de l'Eglise veut dire, d'abord et avant tout,
vivre soi-même la Parole de Dieu, dans le silence de sa vie privée, dans sa vie
cachée, personnelle et intime, comme l'avait fait et vécu, le Verbe incarné,
durant 30ans.
La Parole de Dieu dans la mission de l'Eglise, c'est être soi-même le témoin
visible et palpable de l'amour salvifique de la Parole de Dieu. Le monde actuel
est fatigué d'écouter, fatigué d'entendre; mais il n'est pas fatigué de
s'étonner, d'admirer et de s'émerveiller par le témoin vrai, le témoin
authentique qui vit la Parole de Dieu dans sa vie personnelle et dans sa vie
privée de pasteur. Le monde d'aujourd'hui a terriblement faim et soif de la
Parole vécue authentiquement par les évêques, par les prêtres; en un mot par
ceux qui se nomment personnes consacrées. Le monde actuel a faim et soif des
pasteurs qui vivent de ce qu'ils prêchent et de ce qu'ils vivent intérieurement.
-
S. Exc. Mgr Jörg Michael PETERS, Évêque titulaire de Fordongianus, Évêque
auxiliaire de Tréves (ALLEMAGNE)
“La Parole de Dieu, grâce de communion” (Document de travail n°54 sqq.). Sur les
possibilités de la collaboration au niveau oecuménique:
1. Depuis la parution, il y a une trentaine d’années, de la “traduction
unifiée”, c’est-à-dire de la traduction de l’Écriture Sainte publiée par le
Conseil de l’Église évangélique (EKD) en collaboration avec la Conférence des
Évêques allemands (DBK), un grand progrès commun a été réalisé. Elle a presque
immédiatement été admise dans les textes bibliques dans l’ensemble des pays de
langue allemande. Sur la base de cette traduction commune, de nombreux groupes
d’approfondissement biblique interparoissiaux ont vu le jour et continuent de se
développer, dans un esprit oecuménique.
C’est avec tristesse que les Évêques ont dû se conformer au fait que, suite à
une partielle révision de cette traduction devenue désormais nécessaire, une
action commune avec le Conseil de l’Église Évangélique n’a plus été possible. Si
nous sommes unis, en tant que chrétiens, en une double forme, au travers du
Baptême et de la Parole de Dieu, cet aspect est d’autant plus triste justement
parce qu’il s’agit, face au monde devenu indifférent ou sourd, de rendre un
témoignage à la Parole.
2. Un nouveau début dans le dialogue judéo-chrétien (Document de travail n°55)
Nous avons déjà entendu dire que la tradition interprétative hébraïque de la
Bible est très utile même pour la compréhension chrétienne de cette dernière.
Nous sommes heureux du nouveau début prometteur, commencé il y a trois ans,
concernant le dialogue entre les représentants de la Conférence des Évêques
allemands et du Conseil de l’Église Évangélique avec des rabbins qui oeuvrent
dans notre pays. Ce nouveau dialogue pourrait aider à soigner, du moins en
partie, la profonde blessure de la communauté juive et des traditions juives, si
vives par le passé et presque totalement détruites durant le
national-socialisme. Pour conclure, une considération pratique relative au choix
des lectures vétéro-testamentaires selon l’Ordo Lectionum Missae. Étant tout à
fait conscient qu’au sein de ce Synode, la problématique fondamentale soulevée
ne peux trouver de réponse, la question du choix et de l’ordre des péricopes
vétéro-testamentaires a toutefois un rôle important.
-
S. Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.I., Évêque de Lira (OUGANDA)
“Ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits”.
(Mt 10,27)
Dans un bon nombre de nos diocèses, l’Église possède et gère des journaux ou des
bulletins diocésains; certains ont créé leur site web, et nous disposons souvent
d’une radio diocésaine.
La question est la suivante: comment nous servir de nos radios – ou de celles
auxquelles nous avons accès – pour diffuser la Parole de Dieu?
J’ai un double appel et une double proposition:
1. Le Synode devrait encourager les diocèses, surtout ceux appartenant à une
même région ou parlant la même langue, à échanger des informations et à mettre à
la disposition des autres les émissions ou formats radiophoniques concernant la
Parole de Dieu qui ont eu du succès ou qui sont devenus populaires. Nous
devrions organiser, petit à petit, une riche bibliothèque médiatique, une base
de données, une source commune à laquelle tous les diocèses peuvent librement
puiser, adapter et employer tout ce qui plaira davantage aux usagers, et
présenter la Bible, la Lectio Divina ainsi que des réflexions sur les lectures
liturgiques à différentes catégories d’auditeurs, enfants, jeunes, adultes,
familles, etc.
2. La Fédération biblique catholique devrait collaborer avec la Commission
pontificale pour les Communications sociales afin de promouvoir et appuyer ces
initiatives, en offrant, à cet effet, son expérience, sa préparation, ainsi que
son soutien moral et financier.
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S. Exc. Mgr Pierre-André DUMAS, Évêque d'Anse-à-Veau et Miragoâne (HAÏTI)
1. Déjà dans son discours au congrès sur la Dei Verbum, le Pape Benoît disait:
“l’Église doit toujours se renouveler et retrouver sa jeunesse avec la Parole de
Dieu qui ne vieillit ni ne s’épuise jamais”.
2. Dans sa relatio introductive, le Secrétaire général affirme: “ce Synode doit
aider à découvrir la Parole de Dieu en tant que source de renouvellement et de
fraîcheur pour que l’Église soit perçue comme Église continuellement dynamique
et jeune” (Chap. V).
3. Aussi, si l’Église habite la Parole, l’attitude fondamentale d’être en
continuel état de conversion non seulement lui sera appropriée mais plutôt
innée.
4. L’appel urgent à la conversion qui de tout temps parvient à ses oreilles (Mc
1,15): “Repentez-vous donc et convertissez-vous” (Ac 3,19), prend son origine de
la Parole et doit se renforcer avec la Parole comme une réalité fondatrice et
transversale qui fixe l’horizon herméneutique de sa fidélité à sa vocation.5.
Donc, avant de devenir dépôt à garder, étudier, prier, expliquer et communiquer,
la parole est, prioritairement et principalement, principe guérisseur et
purificateur: “Je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce (Ac 20,32) “qui
a le pouvoir de bâtir l’édifice et de procurer l’héritage” (Ac 20,30-32).
6. Ainsi un synode sur la Parole doit faire tomber le voile trop épais des vieux
schémas, des paradigmes, des perspectives désormais dépassées, de nos
conceptions taboues, d’un certain style qui fatigue et appesantit, d’une
certaine organisation et conception pastorale vieux système qui a même trop
tendance à enchaîner la parole.
7. Dans le même temps, je souhaite que ce programme de conversion devienne la
quintessence de sa mission et l’aide à redéfinir son projet comme processus de
maturation et de cette même conversion.
8. Enfin, si les pasteurs pouvaient être les premiers à s’engager sur la voie de
la conversion à Dieu et à sa Parole d’amour, alors l’Église entrerait dans une
nouvelle Pentecôte de l’Esprit pour devenir toujours davantage ce qu’elle est
profondément: germe d’unité, ferment de communion, semence d’espérance,
irradiation, irradiation d’amour et levain de la nouveauté de Dieu dans
l’histoire.



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