XXXIV Dimanche du Temps commun
Fête du Christ-Roi
– A –

 

Lecture du livre d'Ezéchiel   (Ez. 34, 10-12.15-17 et 30-31)

Parole du Seigneur Dieu. Maintenant, j'irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité. C'est moi qui ferai paître mon troupeau, c'est moi qui le ferai reposer. Parole du Seigneur Dieu ! La brebis perdue, je la chercherai, l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice. Et toi, mon troupeau, - Parole du Seigneur - apprends que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs.

 

Psaume 77

Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ;
sur de verts pâturages il me fait reposer.
Il me mène prés d'une eau tranquille et me rend des forces ;
il me conduit par les bons chemins pour l'honneur de son nom.

Tu prépares la table pour moi, face à mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête ; ma coupe m'emplit de joie.
Grâce et bonheur me suivront tous les jours de ma vie ;
je peux revenir à la maison du Seigneur
tant que durent mes jours.

 

Première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens  (1Co. 15, 20-26.28)

Frères, le Christ est ressuscité d'entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection.

En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes : c'est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang ; en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C'est lui en effet qui doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort. Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.

 

Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ
selon Saint Matthieu  (Mt. 25, 31-46)

Jésus parlait de sa venue à ses disciples : Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siègera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! »

Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? »

Et le Roi répondra : « Vraiment, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »

Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire : j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité. »

Alors, ils répondront eux aussi : « Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? »

Il leur répondra : « Vraiment, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. »

Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.

 

Le Troupeau de l’Eglise éternelle
doit rester ainsi uni et sain

Nos Amis lecteurs pourront se reporter, s’ils le veulent, à ce qui a déjà été dit l’an dernier à propos de cette fête du Christ Roi.

Certains voulurent voir dans l’institution de cette fête (1925), une sorte d’approbation de certains courants politiques, mais Pie XI avait en tête bien autre chose. Jamais un quelconque Pontife n’a pu et ne pourra prétendre préférer telle ou telle tendance politique, mais il est du devoir de l’Eglise de nous rappeler que l’unique Roi que nous ayons, c’est le Christ ; en d’autres termes, nous retrouvons l’enseignement évangélique où Jésus-Christ nous rappelait de “rendre à César ce qui est à César, mais surtout à Dieu ce qui est à Dieu” ( cf. 29
e dimanche ordinaire).

Que le Christ soit notre Roi, Il le dit lui-même dans le récit d’aujourd’hui. D’abord il est question du “Fils de l’homme”, titre que Jésus se donne souvent ; puis Jésus continue : “Alors le Roi dira…” “Le Roi leur répondra…” Les rois de la terre sont des hommes avec des défauts, comme chacun de nous. Notre Roi Jésus, Dieu fait homme, est sans défaut, on peut Le suivre sans peur d’errance, L’écouter avec confiance.

Un Roi, en effet a un double rôle. Comme “basileus” (c’est le mot grec), il est la base de la société ; comme chef, il est le pasteur qui se préoccupe de chacune de ses brebis. La lecture du Prophète Ezéchiel nous montre ce Pasteur extrêmement bienveillant, plein de zèle, à la recherche patiente des brebis dispersées, des blessées, pour les guérir, les nourrir, les protéger. 

Parfois, il faut se montrer énergique, voire sévère, pour “protéger” les faibles des autres. Le troupeau n’a pas besoin de boucs, de chèvres : son unité est garantie par la présence des seuls béliers, brebis et petits agneaux. Dans le culte de l’Ancien Testament, c’est un bouc qu’on chargeait des péchés de la communauté avant de le chasser dans le désert.

Le Troupeau de l’Eglise éternelle doit rester ainsi uni et sain. Tant que l’Eglise militante travaille ici sur terre, elle s’efforce de sauver le plus de brebis possible ; elle a même le pouvoir de changer des boucs en béliers, d’admettre des pécheurs qui se repentent et se réconcilient avec la Vérité. Mais dans l’éternité, le Pasteur éternel, Jésus-Christ, ne pourra pas admettre de “boucs”. L’expression “Allez-vous-en loin de moi, maudits” a quelque chose de dur qui ne montre pas la tristesse infinie de Jésus pour tant d’âmes qui s’éloignent de Lui. Rappelons tout de même que, lorsqu’une âme se sépare du corps d’un défunt et se présente devant le Christ, elle “sait” son destin et s’y dirige spontanément, conformément aux choix que ce défunt aura faits durant sa vie terrestre. C’est une sorte d’auto-détermination, où chacun reste maître de son sort ; “maudit” ne sera que celui qui l’aura bien voulu, et dont Dieu respecte totalement le choix. On pourrait ainsi paraphraser la phrase de l’Evangile : Quel dommage que vous ayez préféré être maudits, mais c’est le moment maintenant d’aller vers le lieu de votre choix… Allez…

La détresse éternelle des “maudits” n’est pas d’avoir soif, de brûler, d’être aiguillonnés par des diablotins barbus et grimaçants. Ces images nous aident à haïr l’enfer et à nous rapprocher de Dieu : l’enfer, c’est surtout un état dans lequel il est impossible d’aimer. “Plus d’amour, partant plus de joie”, écrivit La Fontaine. Sans amour, c’est la haine, la douleur, la mort, et surtout : pour l’éternité.

Tant que nous sommes ici-bas, nous avons le temps de choisir chaque jour d’appartenir au Troupeau de Jésus, dans l’Eglise qu’Il a fondée, parmi les brebis qu’Il a sauvées en donnant Sa vie. Lisons bien et relisons ce psaume 22 du “Bon Berger” : “Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien… Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal… J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours” (c’est-à-dire pour la Vie éternelle).

Prêtons bien attention à la Préface de la Messe d’aujourd’hui, que souvent nous laissons passer impassiblement en attendant le chant du Sanctus : … Règne de Vie et de Vérité, Règne de Grâce et de Sainteté, Règne de Justice, d’Amour et de Paix.

O Christ, Roi pacificateur, soumets les esprits rebelles : 
réunis dans l’unique bercail ceux qui s’éloignent de ton amour.
Que les chefs des nations te rendent publiquement hommage,
que les maîtres et les juges t’honorent, que les lois et les arts te proclament.

Abbé Charles Marie de Roussy

pour toute suggestion ou demande d'informations