|
La grâce, n'empêche pas les tribulations,
les troubles, les tentations…
La lecture de
l'Apocalypse d'aujourd'hui ne laisse pas de nous surprendre
par sa douceur infinie, alors que l'on a malheureusement
coutume de prendre le terme d'Apocalypse pour quelque chose
de terriblement catastrophique. Il faut se rappeler qu'une
Apocalypse est simplement une Révélation. Par la vision de
Jean, l'Ancien, Dieu nous « révèle » des choses mystérieuses
et importantes ; certaines concernaient la chute de
Jérusalem, d'autres les diverses épreuves de l'Église au
cours des persécutions, d'autres encore plus précisément la
fin des temps ; mais en filigrane de toute cette Révélation
apparaît toujours un enseignement extrêmement important pour
chacun de nous.
Ainsi, notre
texte se trouve au tout début de l'Apocalypse, et commence
par cette salutation pleine de douceur : Grâce et Paix vous
soient données de la part de Jésus Christ. On ne peut que
tomber à genoux de reconnaissance pour le don de la grâce et
de la paix que nous apporte le Sauveur.
Recevoir la
grâce de Dieu, la conserver en nous, vivre de la grâce,
c'est là toute notre force pour notre quotidien. Saint Paul,
qui avait par trois fois demandé d'être libéré d'une épreuve
qui l'affligeait beaucoup, s'entendit répondre de Dieu : “Ma
grâce te suffit” (2Co. 11:7-9).
La grâce, donc,
n'empêche pas les tribulations, les troubles, les
tentations. Aussi Dieu nous comble-t-Il aussi du don de la
Paix, qui enlève de nous toute crainte, toute agitation.
Plusieurs grandes âmes, assaillies de doutes sur leur
vocation ou leur mission, ne sachant si leurs inspirations
venaient de Dieu ou de l'Ennemi, renouvelaient alors
l'offrande totale de leur personne à Dieu, et très vite
disparaissait l'agitation intérieure. La Paix n'est pas
simplement l'absence de guerre : la paix est d'abord une
union avec Dieu, une soumission entière à Sa volonté, un
amour inconditionnel pour l'Auteur de tout bien.
Il y a bien
loin entre la soumission à Dieu, qui élève l'âme et la rend
forte, et la soumission aux autorités de la terre, qui
entraîne tant de contraintes, et même parfois aussi tant
d'injustices. Il est très difficile, peut-être même
impossible, aux chefs de la terre, de gouverner avec une
justice parfaite. C'est pourquoi cette solennité fut
instituée par Pie XI (1925) pour rappeler que tout l'effort
de la société doit chercher à s'inspirer du Royaume du
Christ.
Toute sa vie,
Jésus a parlé du Royaume des Cieux, et d'après l'Évangile,
les païens eux-mêmes ont entendu parler de son identité
royale : “Où est le roi des Juifs qui vient de naître”,
demandent les Mages (Mt 2:2) ; jusqu'à Pilate qui lui
demande : “Toi, tu es le roi des Juifs ?”
Dans sa
prédication, Jésus ne s'est pas présenté comme roi ; mais il
a agi comme tel, et se faisant serviteur de tous, ce qui est
la marque de la royauté authentique. Mais son Royaume n'a
rien d'un gouvernement civil: Ma royauté ne vient pas de ce
monde, répond-il à Pilate éberlué. Le Royaume du Christ est
un “Règne de vie et de vérité, règne de grâce et de
sainteté, règne de justice, d'amour et de paix”,
sera-t-il chanté dans la Préface.
Vie, vérité,
grâce, sainteté, justice, amour, paix : des mots riches
d'exigence, et emplis de tout un idéal de perfection. La
perfection est difficile à atteindre, mais tous peuvent et
doivent y tendre. C'est pourquoi le Royaume du Christ n'est
pas encore pleinement instauré : il le sera quand tout mal
cessera. En le voyant, dit Jean, toutes les tribus de la
terre se lamenteront : car alors il ne sera plus temps
d'attendre à plus tard pour se convertir et conduire la
société à Christ. Il y aura les non-convertis, et les
convertis.
Ces derniers
auront entendu l'appel de Christ, particulièrement dans la
première et la dernière béatitudes, qui parlent du Royaume
des Cieux : “Heureux les pauvres en esprit... heureux les
persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à
eux” (Mt. 5:3;10) ; les pauvres, ceux auront tout laissé
pour suivre Christ ; les persécutés, qui auront été fidèles
jusqu'à la mort.
Quoi dire de
plus, puisque les textes sont si clairs ?
La deuxième
lecture nous donnait le début de l'Apocalypse de Jean. Ce
même écrit termine aussi par une salutation de même teneur
: “Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous ! Amen”,
précédée par cette supplique instante : “O oui, viens,
Seigneur Jésus !” (Ap 22:20,21).
Notre Père, qui
es aux cieux, QUE TON RÈGNE vienne !
Cœur Sacré de
Jésus, QUE TON RÈGNE vienne !
Abbé Charles
Marie de Roussy |