Brigitte de Suède
[1]
(1302-1373)
La mystique du Nord
“Celui qui n’est pas prêt à
suivre son Seigneur jusqu’au martyre
ne pourra pas non plus Le suivre dans la gloire.”
La vie de Sainte Brigitte
Brigitte
de Suède était la fille ainée de la deuxième femme de son père, Birger Persson,
homme de loi, l’un des plus puissants personnages du royaume de Suède, et grand
propriétaire terrien. Elle fut favorisée de quelques visions pendant son
enfance, dont une dramatique vision de Jésus Crucifié: Brigitte n’avait pas dix
ans. Dès lors la Croix sera l’élément central de ses méditations.
Elle avait douze ans à la mort de sa mère. En 1316, âgée de quatorze ans, elle
fut mariée à Ulf Gudmarson d’Ulfasa, de cinq ans son aîné. De ce mariage
naquirent huit enfants (quatre fils et quatre filles) dont cinq atteindront
l’âge adulte. Après la mort de son mari en 1344, Brigitte distribua ses biens à
ses héritiers et aux pauvres, et s’en alla vivre une vie austère à Alvastra dans
un petit logement situé près du monastère cistercien où Ulf avait vécu ses
dernières années. C’est là que le Seigneur commença ses entretiens avec celle
dont il voulait faire son épouse.
Plus tard Brigitte fut amenée à fonder un nouvel ordre religieux l’Ordre du
Saint Sauveur. Mais Brigitte n’était pas destinée à vivre une vie cachée dans un
monastère: le Seigneur lui assignait une mission de prophète et de prédicateur.
En 1349 Brigitte quitta la Suède, qu’elle ne reverra plus, pour aller à Rome,
espérant y trouver le pape afin de faire approuver le nouvel ordre religieux, et
surtout, de le convaincre de rentrer à Rome. Mais ni Clément VI, ni Innocent VI,
ne répondront pas aux appels pressants de Brigitte: ils mourront en Avignon.
En 1350, sa fille Catherine, qui sera elle aussi canonisée, rejoignit sa mère à
Rome, là où Brigitte rédigea ses lettres, ses Révélations et les quinze célèbres
oraisons de la Passion. En 1367 enfin, le pape Urbain V revint à Rome, mais pour
trois ans seulement.
C’est Catherine de Sienne qui reprendra le flambeau de Brigitte après la mort de
cette dernière, et verra le retour définitif de la papauté à Rome, en 1377.
Agée de 70 ans, en 1371, Brigitte, sur l’ordre du Seigneur, entreprend un
pèlerinage en Terre Sainte. Le voyage de retour en 1373 fut long et difficile et
Brigitte mourut à Rome le 23 juillet 1373. Elle fut canonisée par Boniface IX en
1391, et la véracité de ses révélations fut reconnue par le Concile de Constance
en 1415.
La vie mystique de Brigitte
“Ne pensez pas qu’aucun péché soit
petit...
Craignez Dieu, Confessez vos fautes.
Par la confession l’âme s’approche de plus en plus de Dieu.
Plus la confession est fréquente, et plus elle est exacte,
tant des grandes que des petites fautes, plus elle plaît à Dieu.”
Nous
retiendrons surtout les deux thèmes essentiels des enseignements de Brigitte de
Suède: la Miséricorde de Dieu manifestée par sa Passion, et la nécessité de
l’humilité. “Pour parvenir au Cœur de Dieu, explique la Vierge Marie à
Brigitte, il y a deux voies: la première, c’est l’humilité d’une vraie contrition
qui introduit l’homme dans le Cœur de Dieu. La deuxième, c’est la considération
de la Passion de Jésus-Christ.”
Prophète, chargée de missions difficiles auprès des papes, Brigitte ne fut pas
seulement une grande active. Elle fut également une grande contemplative, et
c’est dans sa vie mystique qu’elle puisa la force de répondre aux appels du
Seigneur et d’accomplir sa mission.
C’est la Vierge Marie qui montra le chemin à Brigitte. Par les yeux de Marie
elle revécut la Passion et la mort de Jésus. Par Marie, elle connut l’Amour
réciproque de Jésus et de sa Mère: “Nous nous sommes réciproquement aimés, et
avec tant de ferveur, que nous avons été tous deux comme un seul cœur... Je
ressentais comme si la moitié de mon cœur sortait de moi, et quand Il
souffrait, j’en ressentais la douleur, comme si mon cœur eût enduré ses
tourments... De même, quand mon Fils était frappé et flagellé, mon cœur l’était
aussi....J’ai été la plus proche de lui dans sa Passion... J’ose dire que sa
douleur était ma douleur, d’autant que son Cœur était mon cœur... Mon cher
Fils et moi avons racheté le monde comme par un seul Cœur.”
On remarquera combien les révélations de Brigitte sont orientées vers la
souffrance de la Croix et la nécessité de l’humilité
Le Christ et Marie, en effet, insistèrent beaucoup sur la souffrance et
l’humiliation de la Croix. Le Christ dit à Brigitte: “Celui qui n’est pas prêt à
suivre son Seigneur jusqu’au martyre ne pourra pas non plus Le suivre dans la
gloire.” Marie ajouta: “Vous avez maintenant deux voies pour parvenir jusqu’au
Cœur de Dieu. La première est l’humilité de la vraie contrition, celle qui
conduit l’homme jusqu’au Cœur de Dieu et au dialogue spirituel. La seconde est
la contemplation de la souffrance de mon Fils.”
On comprend dès lors que la facette du Cœur de Jésus qui apparaîtra le plus
dans les révélations de Brigitte est presque toujours celle de l’amour débordant
du Cœur de Jésus pour nous, mais d’un amour souffrant. Parlant de ses amis,
Jésus dit: “S’ils avaient de l’amour pour Dieu, ils réfléchiraient aux
souffrances du Christ et au sacrifice de la Croix, puisqu’Il a préféré mourir
sur la Croix plutôt que de les abandonner.” ou encore: “Écoutez ma voix qui
criait au gibet: J’ai soif de vous...”
Mais cette souffrance est pourtant pleine de douceur, car le Christ: “ est
vraiment comme une mère qui court au-devant de son fils égaré, lui montre une
lumière, afin qu’il voie le chemin, aille à sa rencontre le cœur plein d’amour,
lui abrégeant ainsi la route, et l’embrasse en exultant de joie.”
Marie dit de son fils: “Celui qui est le pain des anges et des hommes, qui
rassasie toutes choses et qui n’a besoin de rien, désire d’être repu de l’amour
des hommes.”
Jésus complète: “Je suis très doux, Je suis très charitable, Moi qui suis plus
prêt à donner que quelqu’un à demander. Mes paroles et mon Cœur rassasieront
les hommes et les rempliront d’indicibles et abondantes consolations.”
La Miséricorde du Cœur de Jésus
Dieu
est miséricorde, mais Il réclame l’humilité. “Ainsi, parlant à son épouse
Brigitte, Jésus lui dit: “Aimez-moi de tout votre cœur, car Je vous ai aimée.
Je me suis librement donné à mes ennemis... Partant, vous seriez trop ingrate,
si vous ne M’aimiez, en reconnaissance du grand amour que Je vous ai témoigné.
Si ma tête a été percée par les épines et s’est inclinée sur la Croix, votre
tête doit bien s’incliner à l’humilité...”
Jésus précise : “Ma miséricorde pardonne aux méchants... à cause de mon excès
d’amour: à raison de ma grande charité, Je les supporte jusqu’aux derniers
instants de leur vie... Ma miséricorde leur pardonne, à raison de la perfection
des bons et pour la conversion de quelques méchants.”
Le Cœur de Jésus est plein de miséricorde pour les pécheurs. Mais le Seigneur
demande que les hommes reconnaissent leurs péchés et qu’ils s’en purifient: “Ne
pensez pas qu’aucun péché soit petit; n’en négligez pas un... Craignez Dieu: la
crainte est une introduction au ciel... Confessez vos fautes. Par la confession
l’âme s’approche de plus en plus de Dieu. Plus la confession est fréquente, et
plus elle est exacte, tant des grandes que des petites fautes, plus elle plaît à
Dieu. La confession plaît d’autant plus à Dieu qu’elle introduit l’âme dans le
Cœur de Dieu.”
Parlant d’un homme simple, Jésus dit : “... en lui demeure l’humilité qui fait
entrer Dieu dans le cœur... Il m’aime dans son cœur, et d’où lui vient cet
amour sinon de mon esprit?... Celui qui avec foi et volonté dit: Jésus, aie
miséricorde de moi, me plaît plus que celui qui, distraitement, lit mille
versets de la Bible... Le pain que je désire c’est le perfectionnement des âmes,
la contrition du cœur... et l’humilité qui brûle d’amour.”
Et encore : “J’irai avec amour au-devant de tous mes amis, de tous ceux qui
reviennent à Moi, et J’illuminerai leur esprit et leur âme à la sagesse divine.
Je veux les embrasser avec toutes sortes de gloire, et avec mes troupes
célestes... Je vous manifeste mon Amour afin que ceux qui se sont retirés de Moi
reviennent à Moi, et me reconnaissent pour leur Créateur, lequel ils ont
oublié.”
Car, précise Marie parlant à Brigitte: “Le Cœur de mon Fils est très suave,
comme du miel, et très pur comme une fontaine très pure, car toutes les bontés
éparses en cet univers procèdent de Lui comme de leur source, car Lui est
doux.”
Afin de parvenir au Cœur de Dieu, souvenons-nous que le Cœur de Jésus, Cœur du
Fils, est doux, et qu’il est Miséricorde et Amour. Mais cependant n’oublions
jamais l’essentiel, ce que Marie nous a enseigné par l’intermédiaire de Sainte
Brigitte: “Pour parvenir au Cœur de Dieu, il y a deux voies: la première, c’est
l’humilité d’une vraie contrition qui introduit l’homme dans le Cœur de Dieu. La
deuxième, c’est la considération de la Passion de mon Fils qui fait courir
joyeusement jusqu’au Cœur de Dieu.”
[1] “Brigitte
de Suède, sainte et prophète” Vie et écrits de la mystique du Nord,
présentés par Aron Anderson - Éditions du PARVIS (1987).
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