

INDEX
1 La vie de Thérèse Neumann
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1-1-L'enfance et la jeunesse
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1-2-Les premiers accidents
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1-3-Des maladies mystérieuses
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1-4-Des guérisons inexplicables
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1-5-Autres phénomènes extraordinaires
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1-6-les visions
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1-7-Les dernières années et la mort de Thérèse Neumann
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1-7-1-La dernière œuvre de Thérèse Neumann: le Theresianum
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1-7-2-La mort de Thérèse
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2 L'inédie (jeûne perpétuel et total)
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3 Les stigmates
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3-1-Les premières stigmatisations, partielles
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3-2-Les autres stigmatisations
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3-3-La Passion vue et vécue par Thérèse Neumann
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4 Autres visions et précisions sur les états mystiques particuliers de
Thérèse
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4-1-Quelques précisions concernant les visions de Thérèse Neumanm
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4-2-États mystiques particuliers
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4-2-1-L'état d'absorption ou de ravissement
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4-2-2-L'état de repos surélevé
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4-3-Les souffrances expiatoires et autres charismes
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4-3-1-Les souffrances expiatoires
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4-3-2-Autres charismes
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4-3-3-Relations avec les anges gardiens
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4-3-4-Les phénomènes eucharistiques
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5 Thérèse Neumann et Hitler
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5-1-Le cercle de Konnersreuth
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5-2-Quelques aspects de la résistance contre Hitler
Thérèse Neumann, que les
autorités religieuses visitèrent ou firent observer
pendant
de longues années fut une grande mystique. Après ses années d'enfance
pauvre mais heureuse, elle vécut une jeunesse vouée aux durs travaux des
champs et du service dans un cabaret. Elle connut ensuite, et pendant
six ans, de lourdes infirmités : cécité, paralysie, et des maladies
douloureuses. Puis, ce furent, en quelques mois, les guérisons subites
et totales. Enfin vinrent l'inédie et la stigmatisation. Pendant plus de
trente ans Thérèse Neumann ne mangea plus rien ; elle ne pouvait pas
boire non plus. C'est durant cette période qu'elle revécut, toutes les
semaines, la Passion de Jésus dont elle conservait les stigmates.
Thérèse Neumann se présente
à nous comme une grande mystique dont la mission fut de faire connaître
au monde la valeur de l'Eucharistie, de la Croix, et de la souffrance
rédemptrice. Depuis le siècle des lumières, la mystique
, même
dans les milieux cléricaux, est presque toujours suspectée. Le refus de
croire ou d'accepter les phénomènes mystiques est devenu comme une règle
générale. Est-ce pour ajouter à la souffrance que le Seigneur partage
largement à tous ceux qui lui ont consacré leur vie ? Peut-être ! Mais
ce qui est certain, c'est que la mystique est une grâce et un don
gratuit de Dieu qui n'est accordé qu'aux petits et aux humbles, à
l'imitation du Christ Jésus.
Quoi qu'il en soit, force
est de constater que Thérèse Neumann fut une mystique authentique qui
continue à nous conduire simplement à l'Eucharistie et à la Croix. La
souffrance, acceptée en esprit de sacrifice, fut pour Thérèse la lente
purification qui la fit entrer dans la voie de l'illumination mystique.
Thérèse Neumann,
familièrement appelée Resl, naquit en Bavière, à Konnersreuth, le
Vendredi Saint 8 avril 1898, dans une famille pauvre mais digne : le
père était tailleur et possédait également une ferme dont l'entretien
était assuré par Mme Neumann. Thérèse fut baptisée le jour de Pâques de
la même année. Aînée de 9 enfants, elle acquit très vite une maturité
exceptionnelle.
Comme tous les membres de
sa famille, Thérèse était de constitution saine et particulièrement
robuste. À l'école, elle se montra une élève douée et attentive,
obtenant toujours les meilleures places. C'était une enfant joyeuse,
active, et surtout très pieuse, qui manifesta très tôt le désir de
devenir religieuse missionnaire. Rien, en apparence, ne la distinguait
des autres enfants de son âge, sinon qu'elle manifestait une profonde
horreur du mensonge.
On apprit bien plus tard
qu'elle bénéficia d'une grâce particulière le jour de sa première
communion et qu'à plusieurs reprises elle eut le privilège de communier
à distance. Seul le curé de son village, le Père Naber, qui devait la
diriger jusqu'à la fin de sa vie, eut connaissance de ces faits
étonnants.
À l'âge de 14 ans, Thérèse
fut placée dans une famille du village, comme servante fermière, pour
aider aux travaux des champs et servir les consommateurs du café tenu
par cette famille. Pendant la guerre de 1914-18, comme de nombreuses
femmes de la campagne, elle travailla durement pour remplacer les hommes
partis à la guerre. Elle labourait, hersait, semait, fauchait, maniait
de lourds sacs de grains ou de pommes de terre, comme l'avaient fait les
hommes solides de la région. Déjà toute à Dieu, en attendant d'entrer au
couvent, elle s'était mise totalement au service de son prochain.
Remarque : Thérèse
lisait peu. Toute son adolescence fut nourrie par les seuls
enseignements de saint François de Sales et de sainte Thérèse de
Lisieux.
Le 10 mars 1918, un
incendie se déclara dans le village. Thérèse donna l'alarme et se plaça
dans la chaîne pour combattre le sinistre. Debout sur un escabeau, elle
devait recevoir les seaux pleins d'eau (de 10 à 25 kg) et les déverser
ensuite sur les flammes. Pour cela il lui fallait continuellement se
baisser et se relever. Soudain elle ne put plus se relever et lâcha le
seau qu'elle tenait: elle venait de se démettre la colonne vertébrale,
mais elle ne le savait pas encore. Après quelques jours de repos elle
recommença à travailler un peu, mais, au début du mois d'avril, elle
tomba à la renverse, se blessa à la base de la boîte crânienne et sa vue
commença à baisser.
Le 1er
août, en redescendant d'une échelle, elle manqua un échelon et tomba de
nouveau. Trois semaines plus tard, nouvelle chute... Sa vue continua à
baisser et au mois d'août, elle ne pouvait plus lire. Le 19 octobre de
la même année 1918, nouvelle chute, nouvelle plaie à la boîte crânienne.
Enfin, le 17 mars 1919, après une cinquième chute, Thérèse devint
complètement aveugle. Elle avait 21 ans.
À partir de maintenant la
vie de Thérèse va devenir un constant calvaire. À ces lourdes épreuves
s'ajoutèrent des crampes épouvantables contractant et torturant toutes
les parties de son corps. Puis survinrent d'autres maux déroutant
souvent ses médecins : déformations des membres, écoulement du pus dans
ses oreilles, maux d'estomac, paralysie progressant jusqu'en 1919 ; tout
cela sans compter les profondes escarres formant des plaies purulentes
qui détruisaient les chairs. En 1925, la gangrène s'étant installée dans
le pied gauche, un chirurgien envisagea l'amputation. Mais cela ne se
fit pas: le Sauveur en avait décidé autrement...
Par ailleurs, Thérèse
devenait, par périodes, sourde et muette. En 1919, elle n'était plus
qu'une chair puante jetée sur un lit de douleur. Pourtant elle acceptait
tout, disant : "Tout ce qui me vient de la part de Dieu m'est bon: la
guérison, la maladie, comme il lui plaira!" Ou encore : "Tout ce
qui me vient de la part du Seigneur m'agrée: toute fleur, tout oiseau,
ou même toute nouvelle souffrance; ma plus grande joie, je la trouve
dans le Sauveur !"
L'état de santé de Thérèse
Neumann était devenu incurable, effroyable; on pouvait même se demander
comment elle réussissait à vivre, accablée par tant de souffrances que
les médecins ne savaient apaiser. Mais voici que vont survenir sept
guérisons inexplicables, instantanées et définitives.
– Le 29 avril 1923, alors
que Thérèse était complètement aveugle depuis quatre ans et un mois, à 6
heures et demi du matin, soudainement, la vue lui revint : c'était la
fin d'une neuvaine que Thérèse avait commencée pour obtenir la
béatification de Thérèse de Lisieux
– Au cours d'un pénible
accès de crampes, la plaie gangrenée de son pied gauche, que l'on devait
amputer dans les meilleurs délais, se trouva entièrement guérie,
quelques heures après que l'on eût appliqué dessus des pétales de roses
ayant touché le tombeau de la petite Thérèse de l'Enfant Jésus : c'était
le 3 mai 1925.
– Depuis octobre 1918,
Thérèse était presque entièrement paralysée. Le 17 mai 1925, jour de la
canonisation de Sainte Thérèse Martin, Thérèse Neumann se vit tout à
coup enveloppée de lumière et se mit à crier. Soudain, elle se redressa
et, après une longue extase durant laquelle elle parlait avec une
personne invisible, elle se leva et se mit à marcher. Thérèse se tenait
très droite, elle pouvait s'asseoir et se lever seule, sans douleur : sa
colonne vertébrale était redevenue intacte.
– 13 novembre 1925. Thérèse
est à toute extrémité avec une appendicite purulente. À sa demande, on
lui appliqua une relique de Sainte Thérèse et elle se mit en prière.
Soudain, elle ouvrit les yeux, se souleva et tendit les mains à une
personne invisible en disant "Oui !" à plusieurs reprises. Resl raconta
plus tard à son curé, le Père Naber qui lui demandait si c'était encore
la petite Thérèse qui était venue la secourir : "Oui! et elle m'a dit
de me rendre immédiatement à l'église pour remercier Dieu... Une main
m'est apparue, j'ai voulu la saisir, mais je n'y suis pas arrivée.
C'était une fine main blanche... Les trois premiers doigts étaient
étendus, les autres fermés... et il y avait une pure lumière d'où une
voix, que j'ai bien reconnue, m'a dit: 'Afin que le monde reconnaisse
qu'il y a une puissance supérieure, tu n'auras pas besoin d'être opérée.
Lève-toi et va à l'église, mais tout de suite, tout de suite, afin de
remercier le Seigneur. Tu auras encore beaucoup à souffrir... Tu n'as
pas à t'en effrayer, non plus que des souffrances intérieures. C'est à
cette condition seulement que tu peux coopérer au salut des âmes. Il te
faut toujours davantage mourir à toi-même. Garde ta simplicité
d'enfant.'" Ce qui surprit tout le monde, c'est l'instantanéité de
la guérison.
– 19 novembre 1926. La
bronchite aiguë que Thérèse avait contractée s'était transformée en
pneumonie double. Le 26 novembre était un vendredi et Thérèse vivait
déjà les douleurs de la Passion, comme à l'ordinaire. Thérèse était en
train de mourir. On appela le Père Naber qui lui administra l'Extrême
Onction. Il était 6 heures du soir : les membres se refroidissaient, son
teint prit la couleur de la cendre : c'était la fin. Soudain Thérèse se
dressa sur son lit, tendit les mains en avant vers la voix bien connue
qui lui parlait de nouveau : "Le Seigneur se réjouit de te voir ainsi
soumise. Tu ne dois pas encore mourir. Tout cela est arrivé pour montrer
au monde qu'il y a une puissance supérieure. Tu souffriras encore
davantage, afin de soutenir les prêtres dans l'œuvre du salut des âmes."
De nouveau Thérèse fut le sujet d'une guérison instantanée.
Le lendemain, Thérèse
reprit ses activités. Elle était délivrée de tous les maux qui l'avaient
clouée au lit depuis plus de six ans.
– À ces guérisons
naturellement inexplicables, il convient d'ajouter une autre guérison :
du 7 au 13 juillet 1940, Thérèse subit plusieurs attaques d'apoplexie.
Pendant neuf jours e1le demeura dans un état de semi-inconscience, à
demi paralysée. Puis, lors de la vision de l'Assomption, toutes les
séquelles dues aux crises d'apoplexie disparurent. Thérèse raconte :
"Lorsque la Mère de Dieu sortit en flottant du sépulcre avec les anges,
elle me sourit. Elle flotta vers moi et tint sa main droite sur la
partie gauche de ma tête. Bien que lors des visions je ne ressentisse
rien provenant de l'extérieur, il passa dans la partie droite de mon
corps, comme une violente décharge électrique. Je levais la main afin de
saisir celle de Marie."
La vie de Thérèse Neumann a
été jalonnée de phénomènes étonnants. Nous avons
rapidement
rapporté les guérisons extraordinaires dont Thérèse fut bénéficiaire.
Nous parlerons plus loin de sa stigmatisation et de son jeûne qui dura
35 ans. On allons mentionner ici quelques-uns des faits étranges qui
accompagnèrent Thérèse tout au long de son chemin terrestre.
Thérèse, pénétrant dans les
desseins de Dieu, commença à réaliser qu'elle était destinée à une vie
de souffrance et de réparation, et elle voulut se charger des épreuves
du prochain. Un exemple: son père, Mr Neumann, ne pouvait plus
travailler à cause de ses rhumatismes. Thérèse demanda à Dieu de lui
donner le mal de son père : elle fut exaucée. Le père guérit, et Thérèse
assuma le rhumatisme...
Les faits qui suivent ont
été rappelés par Anni Spiegl, une amie de Thérèse Neumann qui avait
assisté à de nombreux phénomènes extraordinaires vécus par cette
dernière :
– Un jour, le Dr Wutz avait
célébré sa messe dans son oratoire privé et consacré deux hosties, pour
Odile et Ferninand, une sœur et un frère de Thérèse. Au moment de la
communion, il ne restait qu'une seule hostie. Thérèse lui donna bientôt
l'explication. Ayant été dans l'impossibilité d'assister à la messe,
malgré son immense désir de rencontrer Jésus, elle se transporta en
esprit dans l'oratoire de la maison Wutz, à Eichstät, où célébrait le
professeur. Thérèse assista à cette messe, en esprit, et communia...
C'est de la même façon qu'elle assista aux cérémonies du couronnement du
pape à Rome, et à diverses canonisations. Elle racontait ensuite ce
qu'elle avait vu, avec de nombreux détails qu'on pouvait ensuite
vérifier.
– Thérèse
discernait les prêtres qui avaient abandonné leur sacerdoce.
– Elle savait
d'instinct si le Saint Sacrement se trouvait dans l'église ou dans la
chapelle où elle entrait. Elle discernait les vraies reliques des
saints, des fausses.
– Elle prédit,
longtemps à l'avance que le Dr Graber, professeur à l'université d'Eischtätt
serait un jour l'évêque de cette ville.
– Un jeune étudiant
en théologie était atteint d'une très grave tuberculose de la gorge.
Prise de pitié, durant les fêtes de Noël 1922, Thérèse pria le Sauveur
de lui donner cette maladie en échange de la guérison de ce jeune
séminariste. Thérèse fut aussitôt atteinte d'un mal de gorge qui la fit
souffrir longtemps. Mais à partir de ce jour, Thérèse ne put plus jamais
avaler la moindre nourriture solide. Le jeune étudiant guérit
définitivement et fut ordonné prêtre. Le jour où il célébra sa premier
messe, le 30 juin 1931, Thérèse fut délivrée de son mal de gorge.
– Pendant la
période nazie, les amis de Thérèse du cercle de Konnersreuth avaient
préparé une action nocturne de propagande anti-nazie pour le soir même.
Soudain Thérèse fut ravie en extase; revenue à l'état normal elle
s'écria : "Renoncez à ce que vous avez l'intention de faire cette
nuit, car il y a du danger". Odile, sa sœur, fut consternée, mais
elle brûla immédiatement tous les documents qui avaient été si
péniblement imprimés. Heureusement, car le lendemain matin la Gestapo
surgissait dans le magasin d'Anni, recherchant les écrits contre le
régime.
– Le jour de la
Toussaint, Thérèse voyait tous ses parents et amis décédés. Elle les
voyait sous les traits qu'elle leur avait connus, mais resplendissants
de bonheur.
Thérèse Neumann vivait dans
un intime union avec le Sauveur. Pendant trente cinq ans, outre les
terribles visions de la Passion de Jésus-Christ, elle eut la grâce de
contempler la vie de Jésus sur la terre, et ses miracles. Elle vit le
pays où il vécut, travailla et se déplaça, ainsi que les gens qui
l'entouraient. Elle connut leurs habitudes et les entendit parler leur
langage : l'araméen. Elle vécut des scènes du voyages des mages, le
massacre des innocents, la fuite en Égypte, la vie à Nazareth et la
plupart des épisodes de la vie publique de Jésus. Thérèse contempla de
nombreuses scènes de la vie de Marie après la résurrection de Jésus,
notamment à Éphèse avec Saint Jean, “puis à Jérusalem où, à la fin de
sa vie terrestre, elle fut élevée, corps et âme, au Ciel”.
Thérèse assista aussi à la lapidation de Saint Étienne. Elle fut témoin
de la prédication et du martyre des apôtres et de nombreux saints.
Pendant ses extases,
Thérèse Neumann perdait conscience de ce qui l'entourait physiquement,
mais, curieusement, ses sens ressentaient ce qui se passait dans les
lieux où l'extase la transportait. Les expressions de son corps ou de
son visage trahissaient ce qu'elle éprouvait : le froid, la chaleur, les
odeurs, etc... Thérèse était présente, matériellement, comme spectatrice
de la scène contemplée. Ainsi, elle se penchait si un objet lui cachait
ce qu'elle désirait voir.
En ce qui concerne le
langage araméen qu'elle parlait et comprenait durant ses extases, ainsi
que de ses connaissances géographiques de Jérusalem à l'époque du
Christ, le baron Erwein von Aretin a pu écrire :
"... Il est établi que
les extases révèlent des connaissances qui ne sont préexistantes ni chez
l'intéressée, ni chez aucun témoin. Resl apparaît ici comme étant tout à
fait sous l'emprise d'une force extérieure non perceptible par les sens.
Cela vaut aussi pour
l'aspect de ses extases. Avec une brutalité sans pareille, parfois en
pleine conversation... ces extases éclatent en trombe, l'arrachent de
ses oreillers, souvent en des positions physiquement invraisemblables
selon les lois de la pesanteur... Toute sensibilité a disparu de son
corps.
Malgré ses stigmates et la
Passion de Jésus qu'elle revivait chaque semaine du jeudi soir au
dimanche matin, malgré son jeûne total et prolongé, Thérèse vivait
normalement, recevant de nombreux visiteurs, prenant part aux travaux
des champs, soignant les malades, et se réservant le soin d'orner
l'église. Cependant, vers la fin de sa vie, on détecta une angine de
poitrine. Est-ce à cause de cela que, à partir de 1961, la miséricorde
du Seigneur espaça les visions douloureuses du vendredi ?
Cependant les activités de
Thérèse se poursuivaient. Pendant l'été 1962, Mgr Rudolph Graber,
l'évêque de Konnersreuth demanda à Thérèse de travailler avec lui à
l'érection d'un monastère consacré à l'adoration perpétuelle
. Elle
choisit les Sœurs du Carmel pour jeter les bases de la nouvelle
congrégation. Deux dames de Konnersruth lui donnèrent le terrain
nécessaire pour construire le nouveau couvent à Konnerseuth, et Thérèse
réussit à trouver les fonds nécessaires pour sa construction.
Ce monastère fut appelé
"Theresianum" en l'honneur de la petite sainte Thérèse. La première
pierre fut posée le 28 avril 1963. Cinq mois après la pose de la
première pierre le Theresianum était consacré, mais Thérèse Neumann
était morte.
Il est intéressant de citer
quelques lignes de Mgr Graber à propos de ce couvent : "Le Père
cherche des adorateurs... N'est-ce pas étrange qu'ici, justement devra
s'ériger ce lieu d'adoration, non loin du rideau de fer, donc non loin
de ces pays où Dieu n'est plus adoré et où on idolâtre la matière. Peu
importe que les ingénieurs fassent tant et tant d'autres découvertes,
qu'ils envoient leurs radiations sur la terre et que leurs fusées
sillonnent les hémisphères occidental et oriental : ces radiations
mystiques de la prière et de la grâce sont infiniment plus fortes que
toutes les autres radiations naturelles. Elles conduiront l'humanité à
la vie, à la vie éternelle, à la vie divine."

Thérèse avait séjourné à
Eichstätt du 6 au 12 août 1962 pour étudier et préparer la fondation du
Theresianum. Elle y revint du 8 au 10 septembre 1962 pour régler la
succession de sa sœur Odile, ex-gouvernante du professeur Wutz. Le jeudi
13 septembre elle travailla encore à l'ornementation de l'église en vue
de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix et des sept douleurs de la
Vierge Marie. Elles souffrait d'un violent mal de gorge. Le vendredi 14,
jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, ses stigmates furent très
douloureux. Le lendemain, samedi 15 septembre, fête des sept douleurs de
Marie, elle se leva à 6 heures et demi pour aller à la messe, mais un
infarctus du myocarde la terrassa brutalement. Le mardi 18 septembre
1962, le Père Naber lui porta la communion vers 10h30. À midi, Thérèse
Neumann rejoignait son Seigneur qu'elle avait tant aimé.
Le samedi 22 ce furent les
funérailles. La foule venue accompagner Thérèse fut évaluée à 7000
personnes. Est-ce une coïncidence? Les oiseaux de la volière de Thérèse
Neumann, les pigeons et les colombes des gouttières, étaient devenus
muets...
À partir du 6 août 1926,
fête de la Transfiguration de Jésus, Thérèse qui déjà ne mangeait plus
depuis la fin de l'année 1922, cessa aussi de boire. Jusqu'à la fin de
sa vie, c'est-à-dire pendant trente cinq ans, elle n'absorba aucune
nourriture
,
ni solide, ni liquide. Les éliminations naturelles s'arrêtèrent
également.
De nombreuses personnes,
dont beaucoup n'étaient jamais venues jusqu'à Keunnersreuth, ne se
lassaient pas de contester ces faits, laissant entendre qu'il s'agissait
de fraudes... De sévères contrôles furent donc imposés à Thérèse,
auxquels elle se soumit avec beaucoup de patience et d'humilité.
Naturellement, rien de suspect ne fut jamais détecté. Thérèse ne se
nourrissait vraiment que de l'Eucharistie.
Chose étrange : pendant
chaque extase sanglante de la Passion, Thérèse, perdait environ cinq
kilos qu'elle récupérait rapidement, sans rien manger...
Thérèse était constamment
entourée de nombreuses personnes. Elle voyageait et était souvent
invitée chez des amis. Comme elle était de constitution très robuste,
elle aurait difficilement pu dissimuler sa faim. Mais manger lui était
devenu absolument impossible.
Par ailleurs, Thérèse
dormait peu, une ou deux heures par nuit. Pourtant, en dehors de ses
douloureuses périodes d'extases sanglantes, elle s'adonnait aux
activités normales d'une paysanne allemande de l'époque, sauf aux
travaux trop durs devenus impossibles pour elle en raison de ses
stigmates. Vers minuit, elle allait prier à l'église pendant une heure,
puis elle rentrait dans sa chambre pour prendre connaissance de son
courrier, très volumineux, et cela jusqu'à quatre heures du matin. Puis
elle s'allongeait jusqu'à six heures et se préparait pour assister à la
messe de sept heures. Après la messe, le cours normal de sa journée
reprenait.
Remarque : L'emploi
du temps de Thérèse était souvent bousculé par les extases, des visions
inopinées, des déplacements ou des maladies. Thérèse, en effet, pouvait
être malade comme tout le monde, et on la soignait normalement.
Ceci se passa au début du
carême 1926, durant les fêtes de carnaval. Soudain, Thérèse commença à
souffrir de violents maux de tête. Comme à son habitude, elle offrit
toutes ses souffrances en expiation pour les péchés commis ces jours-là.
Au cours de la nuit du jeudi au vendredi, soudain, elle contempla le
Sauveur à Gethsémani... Jésus fixa sur elle son regard et Thérèse
ressentit une immense douleur à son cœur. En même temps elle sentit
quelque chose de chaud qui coulait de son cœur : c'était du sang qui
s'épanchait d'une plaie située à hauteur de son cœur. Le samedi la
blessure était refermée.
La semaine suivante, la
même chose se renouvela, mais Thérèse contempla son Sauveur du Jardin
des Oliviers jusqu'à sa flagellation. La plaie de son cœur saigna à
nouveau. Dans la nuit du Jeudi-Saint au Vendredi-Saint, Resl, en extase,
assista à toute la Passion de Jésus, de Gethsémani jusqu'à la mort sur
la Croix. Son cœur saignait abondamment, et les stigmates apparurent
pour la première fois sur ses mains et sur ses pieds. Thérèse se crut de
nouveau malade, car elle n'avait jamais entendu parler de stigmates. Le
bon curé Naber et sa famille s'alarmèrent. On tenta de soigner les
plaies: hélas! Inutilement.

Le Vendredi Saint 1927
Thérèse reçut des stigmates sur les faces internes des mains et des
pieds: elle ne comprenait rien à ce qui lui arrivait... Au cours de
l'année 1927, elle reçut les stigmates de la couronne d'épines, puis, en
1928, sur l'épaule droite, le stigmate du Portement de Croix. Enfin, le
25 mars 1929 (Vendredi Saint), elle fut marquée, pour la première fois,
des stigmates de la flagellation.
Les stigmatisations
durèrent trente six ans. Jamais ces plaies ne s'infectèrent. Elles
s'ouvraient au cours des passions que Thérèse vivait avec le Sauveur,
puis se recouvraient d'une peau superficielle. Les visions se
produisaient tous les vendredis, sauf entre les fêtes de Pâques et du
Sacré-Cœur. Au cours des dernières années, en dehors des vendredis de
carême, ces passions ne se produisirent plus que les premiers vendredis
de chaque mois.
Thérèse mit beaucoup de
temps à s'habituer à la douleur des stigmates permanents qui la gênaient
beaucoup dans son travail. Elle dut porter des chaussures spéciales afin
de pouvoir marcher presque normalement.
Des milliers de témoins ont
pu suivre toutes les étapes de la Passion du Christ en suivant les
expressions du visage de Thérèse en extase.
– après le
couronnement d'épines, on la voyait s'efforcer d'arracher les épines là
où le fichu blanc qu'elle portait toujours était maculé de sang.
– Pendant la
flagellation, des traces de sang apparaissaient sur sa chemise du nuit.
Durant le portement de Croix, son épaule se mettait à saigner.
– Pendant la
crucifixion, les mains de Thérèse se contractaient; ses pieds
saignaient. Elle souffrait beaucoup de la soif. On voyait ses regards se
diriger dans plusieurs directions. Puis Thérèse s'effondrait,
apparemment morte. C'est seulement le soir ou après la vision de la
Résurrection que Thérèse Neumann revenait à son état normal, mais
profondément recueillie.
Un phénomène particulier
rendait les visions des vendredis, et surtout des vendredis de Carême
particulièrement dramatiques : les larmes de sang. Dans ses extases,
Thérèse Neumann assistait à la Passion de Jésus et souffrait ses
douleurs. C'est alors qu'elle pleurait les larmes de sang qui
impressionnaient tant les spectateurs. Thérèse vivait vraiment la
Passion de Jésus, et cela se lisait dans ses gestes et dans les
expressions de son visage.
Il y avait des pauses dans
les extases douloureuses pendant lesquelles Thérèse assistait et vivait
la Passion du Christ. Alors elle pouvait répondre aux questions qu'on
lui posait, et jamais on ne put la prendre en défaut ou la faire se
contredire. Puis, brusquement, une nouvelle extase s'imposait : la
Passion de Jésus reprenait son cours; celle de Thérèse aussi...
Comme Jésus, Thérèse
entrait en agonie et vivait les dernières étapes de la vie de Jésus ;
puis c'était la mort : "Tout est consommé !" pouvait-on lire sur
ses lèvres. Thérèse semblait être vraiment morte. Elle ne revenait à son
état normal que le soir. Toutefois, après sa "mort" du Vendredi Saint,
Thérèse ne redevenait vraiment elle-même qu'après la vision de la
Résurrection de Jésus.
Remarques : Durant
ses extases, Thérèse perdait complètement la notion du monde extérieur,
et ne savait même plus s'orienter dans sa chambre.
Nota
Thérèse Neumann conservait,
visibles dans sa chair, les stigmates des clous, aux mains et aux pieds,
du coup de lance et de la couronne d'épines. Certains jours d'autres
stigmates apparaissaient, à l'épaule droite, ainsi que des traces de la
flagellation.
Thérèse Neumann bénéficia
de nombreuses autres visions, concernant l'ancien et le Nouveau
Testament, ainsi que la vie de quelques saints. Après les visions,
Thérèse était capable de donner des détails étonnants de précision et de
véracité sur la topographie des lieux, les monuments, la région qu'elle
avait "visités". Elle pouvait même donner des détails sur les vêtements
des personnes avec qui elle venait de "vivre"... Pendant ses visions
elle percevait également les sons, les odeurs, et même les températures
des endroits où elle se "trouvait" en esprit. Elle comprenait les
langues des personnages qu'elle "rencontrait", et plusieurs fois elle
corrigea des fautes de professeurs de ces langues anciennes qui
assistaient à ses extases, notamment du Professeur Wutz. Et Thérèse
conservait dans son cœur et dans sa mémoire, tout ce qu'elle avait vécu
dans ses visions.
Ces phénomènes qui peuvent
nous étonner, ne sont pas articles de foi. Néanmoins, on reste souvent
étonné par des détails géographiques et historiques qu'une simple
paysanne sans culture était capable de donner. Mais faut-il s'étonner
que Dieu puisse donner à certains mystiques la possibilité de "voir" le
passé ? Dieu est en dehors de la création, et hors du temps. Pour Lui,
tout est dans son éternel présent : notre passé, notre présent et notre
avenir demeurent toujours l'Aujourd'hui éternel de Dieu.
En dehors de ses extases,
et de son état normal, Thérèse Neumann pouvait également se trouver dans
des états très particuliers. Plusieurs de ces états ont été
soigneusement décrits par le Père Naber et par le professeur Wutz.
Cet état suivait chaque
vision, immédiatement après la fin de l'extase. Thérèse restait absorbée
par ce qu'elle venait de vivre, et "c'est alors qu'on l'interrogeait
et qu'elle parlait comme une enfant très naïve, de quatre ou cinq ans".
Généralement elle restait sous l'empire total de ses visions, et,
cependant, les réponses qu'elle donnait aux questions des personnes qui
l'entouraient étaient d'une objectivité absolue.
Un état particulier vécu
par Thérèse Neumann, état que l'on a parfois appelé "état de repos
surélevé", se présentait après l'absorption et était de courte durée.
Les forces de Thérèse se renouvelaient, et l'expression de son visage et
le son de sa voix redevenaient normaux. C'est alors qu'elle
s'exprimait en allemand alors que d'ordinaire elle ne parlait que le
dialecte bavarois. C'est à ces moments-là qu'elle semblait posséder,
et possédait réellement, des connaissances hors de sa portée, répondant
aux questions les plus difficiles. Cet état de repos surélevé se
présentait aussi chez Thérèse après ses communions.
C'est quand elle était en
cet état de repos surélevé, que Thérèse pouvait lire dans les pensées
les plus intimes (don de cardiognosie). C'est alors qu'elle pouvait
démasquer les mauvais ou les faux prêtres; et même les faux évêques...
Elle avait également connaissance du sort réservé aux âmes des morts.
Dans cet état de repos surélevé Thérèse savait reconnaître les vraies
reliques des fausses. (don de hiérognose)
Thérèse Neumann avait,
comme il a été dit plus haut, le don de comprendre les langues
étrangères, y compris les langues anciennes, tel l'araméen, quand elle
était en extase, et de les répéter ensuite, mais seulement quand elle
était en état de repos surélevé.
Thérèse Neumann avait
également la faculté de voir et d'entendre à distance, dans le temps et
l'espace, les faits qu'elle avait à connaître. Ainsi, Thérèse pouvait
parfois assister, en esprit ou en bilocation, à une messe dans une
église où elle n'était pas corporellement présente. De nombreuses
vérifications ont pu être faites.
Thérèse avait la faculté de
prendre sur elle les souffrances et les péchés d'autrui afin de coopérer
au salut des âmes. Quand elle prenait sur elle une maladie, elle en
présentait tous les symptômes, tandis que les vrais malades étant
immédiatement soulagés. Il en résulta que dans son entourage on ne
s'inquiétait plus quand elle semblait tomber malade : on ne faisait plus
venir le médecin et on attendait qu'elle guérisse subitement, ce qui se
passait quand la personne pour laquelle Thérèse souffrait avait obtenu
les grâces désirées ou s'était convertie. Thérèse expliqua un jour au
Docteur Guerlich : "Écoute ! Le sauveur est juste. C'est pourquoi il
doit punir. Il est aussi miséricordieux et il est disposé à nous aider.
Le péché qui a été commis, il doit le punir; mais si un autre prend sur
lui la souffrance, justice est faite, et le Sauveur obtient la liberté
de sa bonté."
– Don de prophétie
Ce charisme, les proches de
Thérèse s'ingéniaient à le tenir caché. Mais nous connaissons pourtant
quelques cas très importants : Thérèse avait notamment prédit, longtemps
à l'avance, la chute du national-socialisme, et parfois elle alertait
ceux dont la vie était menacée par les persécutions hithlériennes. Ainsi
le Père Ingbert Naab put échapper aux poursuites de la Gestapo. Elle
annonçait aussi des visites inattendues.
– La lévitation et la
bilocation
Plusieurs témoins, auraient
constaté que, pendant des extases, Thérèse Neumann se tenait élevée de
15 à 20 centimètres au dessus du sol. En ce qui concerne la bilocation,
on connaît au moins un cas absolument certain : celui d'un désespéré qui
voulait se jeter sous un train, une nuit, dans la forêt. Au moment où il
allait se précipiter sur les rails alors que le train arrivait à toute
vitesse, quelqu'un le tira vers l'arrière : c'était Thérèse, qui
l'incita fortement à aller trouver le cure Naber. Le candidat au suicide
était sauvé !
Thérèse Neumann percevait
la présence de son ange gardien. Elle le voyait, quand elle était en
extase. Il était près d'elle, à sa droite, comme un être de lumière.
Elle l'entendait quand il lui parlait, et elle le comprenait. Dans
certaines circonstances, l'ange gardien de Thérèse lui vint en aide.
Elle voyait également les anges de ses interlocuteurs, et ce sont eux
qui lui révélaient ce qu'elle devait savoir sur la vie cachée de ses
visiteurs, ou sur leurs états d'âme, et lui inspiraient les conseils
qu'elle devait leur transmettre.
On sait que, à plusieurs
reprises, Thérèse Neumann communia à distance. On sait moins, par
contre, qu'elle ne vivait que de la présence de l'Eucharistie: elle
disait elle-même "qu'elle vivait du Sauveur". En effet, on a
constaté, à de nombreuses reprises, que les espèces du pain consacré
subsistaient intactes, dans le corps de Thérèse. C'était la présence de
Jésus qui la maintenait en vie. Mais dès que la parcelle d'hostie
qu'elle avait reçue la veille était digérée, elle devait communier très
rapidement, car elle défaillait. Si le prêtre alerté se faisait trop
attendre, alors une hostie consacrée venait spontanément à elle, et
Thérèse entrait en extase et retrouvait ses forces et son aspect
normal...
La venue d'Hitler au
pouvoir déchaîna la persécution contre l'Église, et les œuvres
catholiques de jeunesse furent frappées d'interdiction. En ce qui
concerne Thérèse Neumann, il faut savoir qu'Hitler la haïssait
particulièrement, car, inspirant la foi aux catholiques allemands, elle
était devenue une menace pour le régime du National Socialisme. Hitler
aurait pu faire disparaître Thérèse, mais, trop superstitieux, il n'osa
jamais l'attaquer directement; il préférait faire faire le travail par
ses milices. Or curieusement, toutes les tentatives menées contre
Thérèse échouèrent... Elle échappa même à une attaque de tanks menée
contre son village de Konnersreuth.
Nous donnerons ici quelques
exemples.
Le Dr Frans Xavier Wutz,
professeur à l'université d'Eichstätt s'intéressait vivement aux paroles
de Thérèse prononcées en Araméen pendant ses extases, et, de ce fait, il
était convaincu de l'authenticité des faits de Konnersreuth. La famille
de Thérèse se lia d'amitié avec le Dr Wutz et Thérèse put faire
plusieurs séjours prolongés dans sa maison: le Dr Wutz souhaitait
approfondir la langue araméenne et, parfois, Thérèse corrigeait ses
"corrections". Pendant le 3ème Reich un cercle d'amis se
constitua dans la maison Wutz et devint un noyau de résistance contre le
régime d'Hitler. Plusieurs des membres de ce cercle furent pris par la
Gestapo, torturés et tués. On peut citer:
– Le Dr Fritz
Gerlich, journaliste calviniste qui se convertit au catholicisme, après
avoir assisté à l'une des premières stigmatisations de Thérèse en 1926.
Devenu un intrépide défenseur de la foi, il mourut roué de coups dans
une prison.
– Le Père Ingbert
Naab grand résistant au régime Nazi. Poursuivi dès 1933, il réussit à
s'enfuir en Suisse.
D'autres amis du cerle
luttèrent activement, aux côtés de Thérèse et de ses amis, contre le
terrible régime hitlérien:
– Le prince Éric
Waldburg-Zeil mourut victime d'un accident, mais son épouse, la
princesse Monique resta en relation avec Thérèse.
– Bruno Rothschild, jeune
juif, se fit baptiser tant sa première visite à Konnersreuth l'avait
bouleversé. Il devint prêtre en 1932, puis mourut subitement en 1933,
échappant ainsi à la persécution antisémite qui se déchaîna dès 1933.
– Les évêques Conrad
Preysing et Michaël Rackl, amis du Dr Wutz, rencontrèrent fréquemment
Thérèse après avoir assisté à une de ses stigmatisations.
– Le docteur Joseph Lechner,
professeur de droit canon et de liturgie à l'université d'Eichstätt fut
un grand défenseur de Thérèse.
Comme il a été dit plus
haut, la prise du pouvoir par Hitler déclencha la lutte contre l'Église.
Les œuvres de l'Église furent interdites. À Erchstätt un jeune dirigeant
de l'Action Catholique fut interné à Dachau. Les facultés de théologie
furent fermées. Le curé de la cathédrale tomba victime d'un attentat..
Beaucoup d'étudiants furent appelés sous les drapeaux: peu en revinrent.
À Erchstât, comme dans de nombreux autres endroits, la résistance
s'organisa, clandestine, le plus souvent, mais efficace malgré les
dangers. Thérèse mit toute son influence à combattre la propagande
hitlérienne. Dès le début du national-socialisme, elle en prédit sa fin
certaine, tout en recommandant à ceux qui le refusaient ou le
redoutaient, d'avoir beaucoup de patience... On ne doit pas s'étonner de
la haine que le régime lui voua.
Les amis de Thérèse et sa
famille furent souvent exposés à des représailles de la part du IIIe
Reich. Quant à elle, elle eut relativement peu d'ennuis; elle avait
renoncé à sa carte d'alimentation et demandé en échange une double
ration de savon. Bientôt la presse ne parla plus d'elle: Thérèse
semblait tranquille.
On apprit plus tard
qu'Hitler, très superstitieux, croyant à l'astrologie, aux voyantes et
aux horoscopes, avait donné l'ordre de ne pas y toucher. En effet, les
nazis avaient décidé de supprimer leur ennemie. Cela leur aurait été
facile: il suffisait de la mettre en observation dans une clinique où
elle décèderait, après une piqûre, ou d'un accident cardiaque. Mais
Adolf Hitler chargea le Gauleiter Holtzeschuber de prendre les mesures
nécessaires pour protéger sa vie et celle de sa famille.
Incontestablement Hitler craignait les remous qu'aurait provoqués la
disparition de Thérèse Neumann. Il redoutait aussi qu'il lui arriva
malheur si par sa faute, les jours de Thérèse étaient menacés ou
abrégés.
Hélas! Il n'en était pas de
même de la part des sbires du régime! Voici un exemple vécu vers la fin
de la guerre, en 1945: la place du marché de Konnersreuth, occupée par
les SS fut incendiée avant l'entrée des américains. Thérèse s'était
réfugiée avec deux de ses sœurs et quatorze enfants, dans un abri: une
cave située sous la remise des locaux paroissiaux.. La remise prit feu,
la charpente s'effondra, mais Thérèse avait eu le temps de se mettre en
sécurité avec les enfants.
À la fin de la guerre, les
Américains prirent les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de
Thérèse. En effet, dans les bois voisins se cachaient de nombreux SS
dispersés, et l'on pouvait tout redouter d'eux: enlèvement ou
assassinat.


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