EXTRAIT BIOGRAPHIQUE
Véronique naquit à Binasco,
près de Milan. Elle appartenait à une pauvre famille
de laboureurs, plus
riche en vertus qu'en biens de la terre. A cause de leur pauvreté, ses
parents durent l'employer de bonne heure aux travaux des champs; mais au
lieu d'écouter les conversations mondaines et les chansons légères, elle
vaquait à l'oraison et à la prière et semblait étrangère à tout ce qui
se passait autour d'elle. Cette fleur de vertu devait s'épanouir dans la
vie religieuse.
Poussée par un ardent désir
d'entrer chez les soeurs Augustines de Sainte-Marthe, à Milan, Véronique
employa une partie de ses nuits pour apprendre à lire et à écrire,
condition nécessaire à son admission dans le couvent. Ses efforts furent
vains, et, découragée, elle se plaignit à la Très Sainte Vierge, qui lui
apparut et lui dit: "Ma fille, sois sans inquiétude; il te suffira de
connaître les trois lettres que Je t'apporte du Ciel. La première est la
pureté du coeur, qui nous fait aimer Dieu par-dessus toutes choses; tu
ne dois avoir qu'un amour, celui de Mon Fils. La seconde est de ne pas
murmurer contre les défauts du prochain, mais de les supporter avec
patience et de prier pour lui. La troisième est de méditer chaque jour
la Passion de Jésus-Christ, Lequel t'accepte pour Son épouse." Dès lors,
Véronique ne fit plus cas de l'alphabet ni des livres, mais elle avait
trouvé le chemin de la vraie science, celle des Saints.
Reçue enfin parmi les
soeurs converses de Sainte-Marthe, elle se distingua parmi elles non
seulement par les vertus les plus éclatantes, mais par les dons les plus
extraordinaires. Ses yeux étaient deux sources intarissables de larmes.
Souvent le Sauveur lui apparaissait; une fois Il récita l'office avec
elle; une autre fois, Il Se montra devant elle cloué à la Croix, la tête
couronnée d'épines, le visage pâle et défiguré, le corps couvert de
plaies; cette vue la fit tomber en défaillance. Les démons la
tourmentèrent en mille manières, cherchant à décourager une vertu aussi
héroïque; mais leurs attaques ne servirent qu'à augmenter ses mérites.
Chaque jour, pendant une
année, le Saint honoré chaque jour par l'Église lui apparaissait et
l'instruisait. Les Anges se faisaient un honneur de la servir; et,
durant les trois années qui précédèrent sa mort, un de ces esprits
célestes lui apportait, le lundi, le mercredi, et le vendredi de chaque
semaine, un pain qui la rassasiait et la dégoûtait de toute autre
nourriture. Sa vie, toute de merveilles, fut couronnée par une mort
sainte, dont elle avait prédit le jour et l'heure.
Abbé L. Jaud, Vie des
Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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