La Vierge Noire de Paris
La Vierge noire de Paris est une
statue de la Vierge à l'Enfant, du XIV° siècle, en pierre peinte, aujourd'hui
fort restaurée. Elle avait une chapelle
célèbre
à l'église collégiale Saint-Etienne-des-Grès (rue Saint-Jacques, en face du
grand couvent des Dominicains, les Jacobins) que l’on disait avoir été fondée
par saint Denis, premier évêque de Paris. Les parties les plus vieilles de
l'église, située à peu près à l'emplacement de la bibliothèque de la faculté de
droit, le clocher et la chapelle Notre-Dame de Bonne-Délivrance, remontaient au
XI° siècle et l'on pense que la statue y remplaçait une statue plus ancienne.
Le culte de Notre-Dame de
Bonne-Délivrance prend un grand éclat au cours de la lutte contre les huguenots
où elle est invoquée comme Victorieuse de toutes les hérésies. Sous l'autorité
du cardinal Jean Du Bellay (1492-1560), évêque de Paris de 1532 à 1551, la
confrérie de la Charité de Notre-Dame de Bonne-Délivrance qui deviendra bientôt
une confrérie royale est fondée, le dimanche 20 avril 1533, par le chanoine Jean
Olivier avec les bourgeois de Paris Yves Le Pigny et Quentin Froissant : « s’ensuyvent
les ordonnances faictes pour l’érection de la confrérie de la charité de
Notre-Dame de Bonne-Délivrance, en l’honneur de Dieu nostre Créateur et de la
glorieuse Vierge Marie, sa très-digne Mère, et pour entretenir en dévotion
singulière tous vrays chrestiens et chrestiennes. Le dimanche, vingtième jour d’apvril,
l’an 1533, messire Jean Olivier, prestre, chanoine de Sainct-Estienne des Grès,
homme grandement pieux, dévot à Notre-Dame, de bonne mœurs et menant une vie
fort honnête, et maistre Le Pigny et Quentin Froissant, gens de bien bien et
fort affectionnés au service de la Reyne des anges, tous deux jurés bourgeois de
Paris, sadjoignirent pour commencer l’établissement d’une socié saincte, sous le
titre de « Confrérie royale de la charité de Notre-Dame de Bonne-Délivrance ».
Forte de douze mille adhérents
venus de toutes les couches de la société et enrichie par le Saint-Siège de
nombreuses indulgences (Grégoire XIII, Paul V, Grégoire XV et Urbain VIII), la
Confrérie royale de la charité de Notre-Dame de Bonne-Délivrance prend part à
toutes les manifestations publiques, en particulier aux processions de la châsse
de sainte Geneviève. Chaque année, le 1er mai et le 24 août, elle organise ses
propres processions avec des stations aux paroisses voisines. Elle travaille
aussi à la délivrance et au soulagement des prisonniers : les cotisation des
associés produisent des sommes importantes qui sont consacrées au rachat des
prisonniers pour dettes.
On prenait les mots de bonne
délivrance dans un sens très général, il s'agissait de toutes les misères et
calamités imaginables. Les spirituels du XVII° siècles entendent de la tentation
et du péché. Le jeune François de Sales qui se croyait damné retrouve la paix et
la confiance aux pieds de Notre-Dame de Bonne-Délivrance et, en 1692, on érigera
une chapelle Saint-François-de-Sales en l'église Saint-Etienne-des-Grès. C'est
en songeant à Notre-Dame de Bonne-Délivrance à qui il a confié son œuvre auprès
des prisonniers, que Claude Bernard répand la prière du Memorare que saint
François de Sales y avait dite en 1578 :
Souvenez-vous, ô très
miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui
ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance et réclamé votre
secours, ait été abandonné. Animé d'une pareille confiance, ô Vierge des
vierges, ô ma Mère, j'accours vers vous, et gémissant sous le poids de mes
péchés, je me prosterne à vos pieds. O Mère du Verbe Incarné, ne méprisez pas
mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen.
M. Olier, fondateur de la
Compagnie de Saint-Sulpice, et saint Vincent de Paul sont aussi des dévots de
Notre-Dame de Bonne-Délivrance. C'est encore près d'elle que vient Poulart des
Places, avant de fonder la Congrégation du Saint-Esprit. Louis XIII et Anne
d'Autriche s’inscriront (4 mai 1622) à la Confrérie royale de la charité de
Notre-Dame de Bonne-Délivrance suivis de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII,
de Louis XIV, son frère, Philippe d’Orléans, de sa femme, la reine
Marie-Thérèse, du prince et de la princesse de Condé, du prince et de la
princesse de Conti.
Plus tard affaiblie par les
querelles entre les chanoines de Saint-Etienne des Grès et les maîtres de la
confrérie, Notre-Dame de Bonne-Délivrance est délaissée au point que le
Parlement supprime sans opposition la procession et la confrérie, le 7 février
1737. Les confrères n'en continuent pas moins leurs dévotions et réussissent à
rétablir leur confrérie en 1774. Le 16 mai 1792, la statue, mise en vente avec
le mobilier et les objets du culte de l'église Saint-Etienne-des-Grès qui doit
être démolie, est achetée pour deux cent une livres par la pieuse comtesse de
Carignan-Saint-Maurice qui la garde dans son domicile (hôtel Traversière) de la
rue Notre-Dame-des-Champs où est aujourd'hui le collège Stanislas et où des
réfractaires célèbrent les saints mystères. Jetée pendant la Terreur (18
septembre 1793) dans la prison des Oiseaux (au coin de la rue de Sèvres et du
boulevard des invalides), la comtesse de Carignan-Saint-Maurice y rencontre des
religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve détenues avec leur supérieure générale
(Mme. Walsh de Valois) à qui, une fois libérée (4 octobre 1794), elle confia la
précieuse statue à qui elles attribuaient leur délivrance. Le 1° juillet 1806,
la statue de Notre-Dame de Bonne-Délivrance est de nouveau vénérée et enrichie
de ses anciennes indulgences, confirmées par Pie VII, au 27 de la rue de Sèvres,
dans l'oratoire des Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve qui, sous son patronage,
ouvrent une chapelle dont Mgr. Quélen, évêque de Paris, accompagné de Mgr. de
Villèle, archevêque Bourges, pose la première pierre le 11 mai 1829.
En juillet 1906, les religieuses
sont expropriées pour que l'on construise le boulevard Raspail et vont
s'installer à Neuilly où l'on vénère encore Notre-Dame de Bonne-Délivrance.
Prière à Notre Dame de Bonne Délivrance
Je vous supplie, ô très sainte et
sacrée Vierge Marie, digne Mère de Dieu ! d'avoir pitié de moi, pauvre, pécheur,
de m'obtenir de votre très cher Fils, notre Sauveur Jésus-Christ la sainteté et
la santé du corps et de l'esprit, ainsi qu'il sera convenable pour sa plus
grande gloire et pour mon salut; car souvent sa divine Majesté, par une bonté et
miséricorde infinie, permet qu'il nous arrive des infirmités et des maladies,
afin de nous faire rentrer en nous-mêmes, et de nous exciter à nous corriger et
à nous convertir à lui: Et comme sa divine Providence a ordonné que nous vous
honorions et invoquions sous divers titres, et principalement sous celui de
Notre-Dame de Bonne-Délivrance; cela fait que j'ai recours à vous, pour vous
supplier, avec toute l'humilité et la confiance qu'il m'est possible, de me
secourir en cette extrême nécessité, et de m'obtenir principalement une
véritable douleur, contrition et rémission de tous mes péchés, car ils sont la
seule cause de mes infirmités; Et ensuite je serai obligé de publier toute ma
vie le crédit et le pouvoir absolu que vous avez dans le Ciel auprès de Dieu. A
combien de pécheurs désespérés de leur salut avez-vous obtenu la conversion ! A
combien de personnes affligées de maladies incurables avez-vous rendu la santé !
A combien de justes avez-vous obtenu le don de persévérance en la grâce ! Et
enfin, on n'a jamais entendu dire que vous eussiez rejeté aucun de ceux qui,
avec confiance, vous ont humblement invoquée, quelque misérable qu'il ait été.
J'espère aussi, ô Vierge ! que vous m'accorderez la grâce que je vous demande,
et que vous m'obtiendrez le remède de toutes mes misères spirituelles et
corporelles, et que vous m'assisterez durant ma vie, et principalement à l'heure
de ma mort, qui peut-être arrivera bientôt. Amen.
SOURCE :
http://imagessaintes.canalblog.com/archives/prieres_a_marie/p20-0.html
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