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Le Cœur de Jésus
Notre propos, ici,
n'est pas d'évoquer l'évolution de l'intimité de Dina Bélanger avec
le Cœur de Jésus. Ce sujet pourrait faire l'objet d'une étude
spécifique. Mais on ne peut pas comprendre la spiritualité de Dina,
et les découvertes que le Seigneur lui permit de faire concernant la
Très Sainte Trinité, sans évoquer son amour du Cœur de Jésus et
l'amour de Jésus pour elle, dans ses manifestations les plus
intimes: son Cœur Eucharistique et son Cœur agonisant. Nous verrons
que c'est Jésus Lui-même qui, lentement, progressivement, Lui révéla
le Cœur de Dieu, Cœur de la Sainte Trinité
Le 3 avril 1928, après
avoir durant les jours précédents, associé Dina à son Cœur
Agonisant, Jésus lui dit: "La grâce de mon calice, c'est ma
présence réelle que je te donne, comme dans la sainte Hostie... Ma
petite épouse, je t'aime. Parce que je t'aime, je veux te combler de
grâces. Et cela, toujours dans le même but: pour la gloire de mon
Père, la consolation de mon Cœur, le salut et la sanctification des
âmes..." Le vendredi Saint 6 avril, Jésus ajoutera: "La grâce
de mon calice est une communion perpétuelle à mon Être divin, mais
aussi une communion perpétuelle à l'agonie et aux souffrances de mon
Cœur..." Le dimanche 22 avril 1928, après une quinzaine
difficile, c'est encore plus de lumière pour Dina: "Notre
Seigneur me laisse sans interruption ses grandes grâces,
c'est-à-dire sa vie en la Très Sainte Trinité, sa pensée, son calice
et sa présence réelle, et la souffrance d'amour de son Cœur."
On pourrait supposer
que Dina vit dans un continuel paradis; il n'en est rien, et il lui
semble indispensable de prévenir sa supérieure: "Ce sont là sans
doute d'ineffables consolations... mais bien indépendantes de ce
qu'on appelle ordinairement des consolations sensibles. Malgré la
continuité de ces faveurs divines, je puis donc éprouver et
j'éprouve très souvent de violentes attaques de la part du démon,
des aridités, des désolations et de grandes angoisses morales.
Le même dimanche 22
avril 1928, après la messe, Dina est absorbée dans sa méditation,
mais elle craint: est-ce vraiment Jésus qui continue à l'envahir si
profondément? À cette crainte Jésus répond: "Ne crains pas, c'est
moi. Le démon dépense en vain sa rage contre ma puissance et ma
bonté. Il ne peut t'atteindre en moi..." Les craintes de Dina
s'évanouirent, et Jésus reprit: "Ma petite épouse, je veux te
faire pénétrer plus avant dans les profondeurs de la Très Sainte
Trinité. Viens dans l'Essence du Cœur de Dieu, dans l'Essence même
de la Divinité. Dieu ne se divise pas; il est lui-même totalement
partout..." Le 2 mai 1928, Jésus confie à Dina que son bonheur à
Lui, Jésus, outre son bonheur éternel qu'il partage avec le Père,
est d'élever les âmes vers Lui. Il dit, entre autres: "La plus
grande joie que puisse me causer une âme, c'est de me laisser
l'élever jusqu'à ma Divinité. Oui ma petite épouse, je trouve un
plaisir immense à transformer une âme en moi-même, à la déifier, à
l'absorber tout entière en la Divinité."
Un an plus tard, le
dimanche 5 mai 1929, Dina comprit que le Seigneur voulait la
conduire "jusque dans l'essence de l'Essence de la Très Sainte
Trinité." Elle écrit: "Il me garde déjà dans l'essence du
Cœur de la Très Sainte Trinité, mais il veut me faire pénétrer comme
au Cœur même de l'Essence infinie. Je n'ai pas d'expressions
humaines pour traduire ces phénomènes divins. Notre Seigneur me fait
voir les profondeurs qu'il m'a fait franchir dans l'Essence de la
Très Sainte Trinité depuis mardi dernier, jour où il lui a plus de
m'isoler extérieurement à cause de la maladie..."
Dina ne veut plus que
ce que Dieu désire: rien de plus. Elle est heureuse, n'ayant de
désirs que le salut et la sanctification des âmes pour la plus
grande gloire de Dieu. Elle vit dans le Cœur de Dieu, perdue,
anéantie en lui, abandonnée totalement à l'action de la Trinité
sainte en elle. Dina est heureuse parce que "son bonheur n'est
pas dans les évènements qui se présentent, mais en Dieu seul.
L'évènement, quel qu'il soit lui apparaît comme un chaud rayon de
soleil émanant du centre même de l'infini Soleil du Cœur de la
Trinité... Elle vit dans le Cœur de son Dieu, perdue, anéantie en
Lui: n'est-ce pas la vie des élus au paradis? Elle est abandonnée
totalement à l'action de la Trinité sainte en son être."
Dorénavant Dina ne veut
plus parler que d'amour, de confiance, "d'abandon,
d'anéantissement en la Trinité sainte, de la vie divine en l'âme.
Mais Dina constate: "Pour parler justement de la vie du ciel,
il faudrait le langage du ciel. On peut faire vibrer quelques notes
intimes, chanter quelques mélodies, mais les harmonies suaves et
puissantes, le concert pur et divin, je crois que Jésus veut être
seul à pleinement en jouir.. Ce qui me satisfait, c'est de lire dans
le grand livre du Cœur de mon doux Maître." Pourtant Dina
s'ennuie de Dieu… Elle le déclare: "Plus vous me faites ennuyer
de vous, plus je sens que vous m'enfoncez en votre Trinité
adorable." Elle a soif, soif de Dieu: "Ô Trinité sainte, vous
seule savez l'intensité de ma soif! Mon Dieu, je vous en supplie, si
cela vous glorifie, ah! donnez-moi l'amour, la souffrance, les
âmes!" |