Winoc de Wormhout
Abbé, Saint
† 717

Parmi les Bretons qui passèrent dans les Gaules, dans la vue de se soustraire à la fureur des Anglo-Saxons, plusieurs prof1tèrent des calamités publiques, pour s'attacher à la recherche des biens éternels. Aussi la Bretagne produisit-elle un grand nombre de Saints pendant quelques siècles. Winoc sortait d'une de ces familles bretonnes, qui s'étaient établies dans la Bretagne, province de France. Il paraît qu'il était fils du Roi Howel III, et frère des Rois Salomon et Judoc, ou Jose. On voit par son exemple, combien il est utile d'avoir reçu une éducation chrétienne.

Il s'associa trois jeunes gentilshommes qui avaient les mêmes inclinations. Ils firent ensemble plusieurs pèlerinages, et visitèrent à Saint-Omer le monastère de Sithiu, connu depuis sous le nom de Saint-Bertin. La ferveur des religieux qui l'habitaient les frappa singulièrement, et ils se fixèrent parmi eux en prenant l'habit. Les noms des trois compagnons du Saint étaient Quadenoc, Ingenoc et Madoc.

Quelque nombreuse que fût la communauté, on y distingua bientôt Winoc. Quelque temps après, saint Bertin, abbé de Sithiu, envoya les quatre moines bretons former un établissement dans des marais du côté de la mer. Hérémar, gentilhomme flamand, leur donna une terre nommée Wormhout, et la charte de cette fondation existe encore aujourd'hui. Winoc fut mis à la tête de la nouvelle communauté. Après avoir construit avec les frères, les cellules et l'église, il bâtit un hôpital pour les pauvres : leur vie se passait à servir Dieu et le prochain.

Le monastère de Winoc devint fort nombreux, et répandait au loin la bonne odeur de Jésus-Christ. La réputation de sainteté dont jouissait l'abbé, fut encore augmentée par les miracles qu'il opérait. Il était le plus humble des frères; et on l'eût pris pour le serviteur de tous. Son plus grand plaisir était d'aller servir les pauvres dans l'hôpital. Dans sa vieillesse même, il s'appliquait aux travaux les plus pénibles et les plus humiliants. Le désir ardent qu'il avait d'être réuni à Jésus-Christ, fut enfin accompli le 6 novembre 717. Il fut enterré dans son monastère.

Le siècle suivant, les pirates danois ayant fait une descente sur les côtes de Flandre, les reliques du Saint furent portées à Silhiu. En 920, le comte Baudouin-le-Chauve fit construire ou fortifier le château de Berg, pour défendre ses étals contre les incursions des Barbares. Neuf ans après, il y fonda un monastère de Bénédictins, sous l'invocation de saint Martin et de saint Winoc. Les reliques de notre Saint y furent transférées. Les biens du monastère de Wormhout, qui n'était pas éloigné, furent unis à celui de Berg ; et celte ville a été depuis appelée Berg-Saint-Winoc.[1]

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] Le monastère de Wormhout fut détruit par les Normands en 880 j et plus tard remplacé par un petit prieuré dépendant de l'abbaye de Berg.

 

 

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