Le prophète
Zacharie (Dieu se souvient) n’est pas à confondre avec le grand
prêtre Zacharie, père de Jean le Précurseur. Zacharie est
contemporain du prophète Agée. Son œuvre prophétique se compose de
deux parties. Par analogie avec le
prophète
du livre d’Isaïe 40-55, on le nomme deutéro-Zacharie. Les huit
premiers chapitres en constituent la première partie, écrite depuis
octobre 520 jusqu’en novembre 518. On peut admette que c’est un
rapatrié de l’Exil qui a connu cette épreuve comme le peuple. La
deuxième partie fut composée par une école de prophètes, aux environ
de 330-300, au début de la période grecque. Mais l’avis des exégètes
divergent sur ce point. Peu importe cette question, voyons plutôt le
contenu de ce recueil.
Zacharie 1-8. Le
prophète, petit-fils où fils d’Iddo (1,1 et Esd. 5,1) semble avoir
rédigé lui-même l’essentiel de ce livret. Il se compose de huit
visions dont le récit est entrecoupé d’oracles. A la différence des
prophètes d’avant l’Exil, Dieu ne communique plus directement par sa
parole. Il ne dirige plus la marche des événements. Il reste éloigné
de la scène de l’histoire et intervient par l’intermédiaire d’un
ange ou d’un cavalier qui réalise les intentions divines. Les
épreuves de l’Exil et du temps présent ouvrent la question de
l’absence de Dieu : est-il encore ou non présent à son peuple ? Peu
à peu les anciens exilés évolueront vers une vision davantage
spirituelle de leur histoire. Après un appel à la pénitence, le
prophète déploie les huit visions qui s’étalent sur une nuit, depuis
le crépuscule jusqu’à l’aurore. Ces visions expriment e.a. une
promesse pour tout le peuple : le salut, le règne universel du
Seigneur est à la porte. Il est déjà en route même si rien ne paraît
encore à ses yeux. Vient ensuite l’acte prophétique de la couronne
(6,9-15). Prophète de l’espérance, Zacharie engage à l’action. Après
l’Exil, le Temple, signe de la Présence et condition de l’ère
messianique est à reconstruire. Zorobabel, destinataire de la
couronne est le prince qui doit l’inaugurer (6,9-14). Un second
personnage lui est associé, le prêtre Josué sur qui se concentrera
le rôle messianique après sa disparition prématurée. Le geste du
prophète manifeste à la communauté que dans la personne de ses chefs
le règne messianique est à la porte. L’Epître aux Hébreux proclamera
son accomplissement en Jésus. Sa maison (du Christ), c’est nous,
pourvu que nous gardions l’assurance et la joyeuse fierté de
l’espérance (Hb 3,6).
En anecdote vient
la question du jeûne posée à Zacharie. Sa réponse est double. Est-ce
une pratique qui pourrait donner bonne conscience sans engager à
l’action ? Puisque le temps messianique approche, ce sont des jours
de fête qu’il faut célébrer et non plus des jours de jeûne. Sans
oublier la solidarité sociale, garantie du bonheur pour tous (7,1-7
et 8, 18-19).
Le deutéro-Zacharie (9-14)
D’une composition
complexe cette deuxième partie forme un ensemble cohérent dont le
contenu témoigne d’une fermentation religieuse et intellectuelle,
conséquence du vécu historique. Des années ont passé. Le Temple a
été reconstruit et le culte restauré. Zacharie plonge dans l’avenir
en décrivant le royaume messianique.
Ce message
comporte deux parties. Dans la première, surgit la figure du roi
messie, humble, pacifique qui rassemblera tous les déportés
(9,9-11). Cette délivrance de tous les ennemis sera l’œuvre de Dieu
seul (10,1-11,3). Le chapitre 11 décrit une action parabolique
accomplie par le prophète pour dénoncer les violences des autorités
politiques du moment, la figure du bon Berger du Royaume
Messianique. Le prophète ne compte plus que sur la fidélité du
Seigneur, le vrai Berger de son peuple. La deuxième partie (12-14)
annonce la venue du salut pour le petit reste fidèle à travers une
transformation spirituelle. Mais, fait étrange, dans un premier
temps, Dieu – le Berger – sera rejeté à travers la mort d’un de ses
envoyés. Le sacrifice du mystérieux transpercé (12,10) deviendra
source de purification, de transformation des cœurs (13,9). Le
peuple recevra un esprit nouveau. L’événement messianique est aux
portes. Le Seigneur réduira ses ennemis; il rassemblera le peuple
dans une alliance renouvelée à laquelle seront associées les nations
qui le désirent. L’humble Roi Messie, le Berger, le Transpercé,
autant de figures reprises par les évangélistes pour évoquer le
Seigneur Jésus, spécialement dans sa Passion. (Mt 21,4-5 ; 26,31
;27,9-10 ; Mc 17,24 ; Jn 12,15 et 19,37).
Valère De Pryck –
Sr Myriam, clarisse – Malonne
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