Le millième Martyr espagnol
bienheureux

Les événements qui ont ensanglanté l’Espagne en 1936 et 1937 ont laissé dans les annales le souvenir de combats politiques tristes et peut-être pas encore examinés à la lumière de la vérité et de l’objectivité.

On n’y arrivera même sans doute jamais, car dans tout conflit, et surtout dans une guerre civile interne, il est impossible de démarquer les clans antagonistes ; les idéologies s’affrontent, les armes se répondent, mais aussi les tendances locales et les sentiments humains s’entremêlent, les jalousies et les ambitions se déclarent ouvertement ; des hommes et des femmes se trouvent embarqués dans des mouvements qu’ils ne soutiennent pas ; des innocents sont impliqués dans des crimes organisés ; on accuse, on insulte, on blesse, on tue : le sang coule, et parfois sans qu’on l’ait vraiment voulu.

Durant la guerre civile espagnole du siècle dernier, beaucoup d’hommes et de femmes appartenant au clergé, mais aussi beaucoup de laïcs, furent indignement traînés en justice, sommairement condamnés et exécutés, pour le seul motif d’appartenir à l’Eglise catholique.

On entendit même ce mot qui révèle un peu l’état d’esprit de cette révolution : “Vous, vous n’êtes pas impli-qués, mais vous devez payer pour ceux qui l’ont été”.

C’est ainsi que tombèrent des centaines et des centaines d’hommes et de femmes, mariés ou non, de prêtres, de religieux, de séminaristes ; quelques évêques aussi payèrent de leur vie. Les ennemis de l’Eglise n’eurent souvent aucun égard pour l’âge très avancé ou au contraire très jeune de ces victimes.

La plus âgée actuellement connue était née en 1852, et avait donc quatre-vingt quatre ans au jour de son martyre ; le plus jeune n’avait pas même dix-sept ans.

Les témoignages recueillis concordent : ces victimes tombèrent sous les balles des ennemis de l’Eglise, tou-jours en priant pour leurs ennemis, pardonnant, et rendant grâces à Dieu.

De longues listes ont été établies dans les différents diocèses d’Espagne ; chaque cas a été étudié avec atten-tion et l’Eglise a pu reconnaître l’historicité de leur martyre, l’héroïcité de leurs vertus, l’authenticité des mi-racles obtenus.

Le bienheureux pape Jean-Paul II avait pu ainsi proclamer Bienheureux plusieurs centaines d’entre eux. Sous son successeur, le pape Benoît XVI, près de cinq-cents autres furent à leur tour proclamés. Prochai-nement, le 17 décembre 2011, seront à leur tour béatifiés vingt-trois autres martyrs, portant ainsi le nombre des martyrs actuellement reconnus à plus de mille.

Parmi ces derniers se trouvent : un laïc du diocèse de Madrid, père de famille ; cinq prêtres, sept clercs et dix profès, tous de la famille religieuse des Oblats de Marie Immaculée. Le plus jeune d’entre eux, âgé de dix-huit ans, sera notre millième martyr espagnol, et fait l’objet d’une petite notice à part sur ce même site.

Ils ne furent pas martyrisés le même jour : certains le 24 juillet 1936, les autres en novembre de la même année, presque tous le 28 novembre 1936.

La cérémonie de béatification est prévue en la cathédrale de Madrid, et sera présidée par le cardinal Angelo Amato.

Il sera bon de préciser ici que par ces béatifications successives, l’Eglise n’entend pas exprimer un quelconque sentiment de “vengeance” envers les persécuteurs, auxquels elle pardonne par vocation et pour lesquels elle prie Dieu de pardonner, comme Jésus-Christ a prié pour ses bourreaux : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23:34). Et nous sommes certains que, du Ciel, tous ces Bienheureux intercèdent puissamment auprès de Dieu pour le salut de leurs bourreaux, pour la réconciliation de toute la société espagnole et la prospérité de leur pays.

Ils ne seront pas non plus les derniers. D’autres listes sont en attente : plus d’un millier d’autres cas sont actuellement à l’étude.

Tous, nous ne pouvons qu’être édifiés par l’exemple de foi, de charité et d’espérance de chacun de ces Martyrs. Ils n’ont pas accepté de renier Dieu, ils n’ont pas accepté les faux honneurs qu’on leur promettait s’ils renonçaient à leur foi ou à leur état religieux ; ils n’ont pas eu de paroles dures envers ceux qui les maltraitaient ; ils priaient, ils s’offraient, ils s’unissaient à Jésus-Christ et se soumettaient entièrement à la volonté divine. Tous, du plus ancien au plus jeune, se sont laissé torturer, refusant leur délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection (He 11:35), préférant mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l’espoir d’être ressuscité(s) par Lui (2M : 7:14).

Vous tous, bienheureux Martyrs, intercédez pour nous !

 

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