

Nous avons vu, à plusieurs reprises, que les
enfants de Dieu sont tous différents, infiniment divers, et tous irremplaçables
dans l’immense construction du Corps mystique. Tous les hommes sont différents,
toutes les civilisations sont différentes, les façons de penser sont
différentes, les diversités sont infinies dans le monde des hommes et des âmes,
et pourtant tous sont destinés à construire le Corps du Christ, chacun à la
place que Dieu lui destine depuis toute éternité, là où il sera vraiment utile
et heureux. Ainsi, pour construire son Corps mystique, Jésus-Christ a besoin de
tous les hommes qu’Il aime et qu’Il place, un à un, là où ils seront, non
seulement nécessaires, mais indispensables.
Chaque homme est indispensable, mais chaque homme
est une entité propre, une individualité particulière,
une
pierre totalement différente de toutes les autres. On peut se demander: comment
l’ensemble pourra-t-il tenir? Quel ciment assurera le liant solide, résistant,
puissant, indestructible? Qui maintiendra l’ensemble en place? Nous savons déjà
que ce ciment c’est l’amour et son cadeau extraordinaire: l’Eucharistie,
expression du Cœur amoureux de Jésus. Et si le ciment du Corps c’est
l’Eucharistie, nous pensons inévitablement aux prêtres que Jésus institua pour
nous donner l’Eucharistie. Oh! Les prêtres de Jésus, comme ils devraient être
heureux!
Heureux le prêtre, cet autre Christ! Heureux le
prêtre, ciment du Corps mystique, qui rend Jésus présent au milieu de nous!
Heureux le prêtre qui sait nous parler de Dieu et nous Le faire aimer! Heureux
tous les prêtres, voix de Jésus pour ses apôtres et pour tous ses disciples!
Le prêtre doit être un homme heureux. Comment en
effet croire au bonheur en Dieu, à la vie éternelle, éternellement heureuse, à
la vérité des Béatitudes de Jésus, si le prêtre, le porte-voix de Jésus, n’est
pas, ou ne paraît pas heureux. Tous les saints ont été des gens heureux, même au
milieu des tribulations, car ils avaient Dieu en eux. Quand le Christ appelle,
c’est toujours pour conduire au bonheur. Le prêtre, cet autre Christ, qui sera
lui aussi, au moment de la consécration du pain et du vin, la victime comme le
disait Padre Pio, qui sera crucifié avec Jésus, le prêtre, cet autre Christ est
cependant un homme heureux, homme de la paix et du bonheur. Cela, on devrait le
crier. Mais cela ne sera que si nous, les fidèles, nous savons aimer nos
prêtres, les aider, les soutenir. Et surtout, si nous ne les laissons pas seuls.
Dans un de ses derniers messages à Medjugorie, Marie dit: “Priez pour vos
prêtres. Ne les critiquez pas, mais priez pour eux et aidez-les.” Comme elle
est sage notre Mère du ciel!
Tous les membres du peuple de Dieu, le peuple des
élus, des sauvés, les milliards d’hommes et de femmes qui ont été rachetés par
Jésus, constituent l’immense construction du Corps de Jésus. Chaque sauvé a sa
place dans le Grand édifice vivant, chaque âme a son visage et son regard
d’amour et de reconnaissance pour Dieu qui l’a sauvée en envoyant son Fils, son
Unique, lequel devait reconstruire, par sa Croix et par son Sacré-Cœur, le Pont
vivant assurant l’unité de tous les mondes créés, qu’ils soient matériels ou
spirituels.
Les milliards de visages et de regards, tous
pleins d’amour, sont tournés vers l’Amour... Et l’ensemble constitue l’immense
fresque de l’amour qui baigne dans l’Amour. Tout est Amour en Dieu qui est
Amour, et sa création tout entière, plongée dans son Amour, imprégnée de son
amour, vit d’amour pour l’Amour qui la comble d’amour.
Étonnant! Les béatitudes, celles du Ciel et
celles de la terre sont les mêmes, et ceux qui, sur terre, les vivent tous les
jours, sont déjà dans le Corps du Christ, sont déjà dans son Ciel, car ils sont
dans l’Amour et dans le Cœur de Dieu. “Bienheureux les cœurs humbles, ils seront
près de Dieu et ils vivront en Dieu.”
Contemplons le Corps mystique de Jésus-Christ,...
sa grande Croix glorieuse dans laquelle s’insère son Sacré-Cœur accueillant tous
les hommes ses frères. Contemplons le Corps de Jésus, et “voyons” les milliards
de regards d’amour tournés vers son Cœur Sacré qui est le Cœur du Père. Et leur
Esprit d’Amour, l’Amour qui unit le Père et le Fils, l’Esprit d’Amour circule
dans tout le Corps mystique pour lui donner la Vie, pour lui donner l’Amour.
Tout est paix et harmonie dans ce Corps animé par
l’Esprit et nourrit du Sang de Jésus. Tout est béatitude, tout est grâce, tout
se tourne vers Lui, vers son Cœur plein d’Amour, d’un Amour qui rayonne pour
toucher tous les cœurs de ceux qui sont dans son Grand Corps. Jésus est l’Icône
Sainte aux milliards de visages, aux milliards de regards illuminés de son
Amour... Ceux-là sont les élus de Jésus, ils ont blanchi leur robe dans le Sang
de l’Agneau, ce sont les élus, mais il y a les autres.
Oui, Jésus, il y a les autres, tous les autres,
ces autres que Tu fis, que Tu continues de créer, pour les aimer et pour qu’ils
T’aiment. Ils marchent vers ton Corps, parfois péniblement, souvent
douloureusement. Certains se perdent, hélas, en voulant regarder ailleurs que
vers ton Corps, ailleurs que vers ton Cœur, ton Cœur qui illumine et dont Tu
fais jaillir les milliards d’étincelles d’Amour de ton Eucharistie, ton Cœur
Eucharistique. Jésus, nous Te prions pour tous ces autres que Tu aimes.
Au “commencement...” Dieu dit: “Vous
pourrez manger du fruit de tous les arbres du Jardin, mais vous ne toucherez pas
à l’Arbre de la connaissance... sinon vous mourrez.” L’Homme mangea le fruit
de l’Arbre de la connaissance, et il dut connaître la mort. Mais il y a pire,
car la connaissance que la science nous découvre de plus en plus, de plus en
plus rapidement, et de plus en plus parfaitement, (ou imparfaitement???) nous
place devant des mystères toujours plus profonds, toujours plus vertigineux,
toujours plus mortels.
Plus nous nous croyons savants, plus nous émettons
d’hypothèses, plus nous sommes remplis d’un espoir qui se transforme vite en
véritable agonie. Car il s’agit bien, ici, d’une agonie; en effet, nous touchons
souvent des domaines qui sont tellement hors de notre portée, que ce que nous
croyons savoir se révèle bien vite, soit partiellement, soit totalement erroné.
Il faut alors définir de nouvelles hypothèses, lesquelles se révéleront,
bientôt, elles aussi insuffisantes. Mais, en attendant, que d’angoisses,
d’espoirs déçus! Sans compter le jaillissement de nouveaux problèmes toujours
plus difficiles à résoudre...
Face aux nouveaux problèmes soulevés, nos savants
proposent, soit de nouvelles hypothèses, soit des réponses vagues ou incomplètes
qui nous ouvrent sur des “régions” inabordables, dont le seul énoncé dévoile des
abîmes tels qu’ils ne peuvent susciter que de nouveaux vertiges, toujours plus
vertigineux pour les hommes que nous sommes, incapables de les affronter.
Prenons deux exemples. Quand on regarde un
faisceau de lumière pénétrant dans une pièce obscure, on voit des millions de
fines poussières semblant s’agiter dans tous les sens, d’une manière
désordonnée, bien quelles soient soumises aux lois strictes de la physique. Il
en est de même des innombrables flocons d’une tempête de neige que le vent
bouscule avec violence.
Ces deux images nous permettent de décrire le
spectacle du cosmos que nous commençons seulement à découvrir et qui ressemble
tellement à une tempête de neige. Ce que nous en connaissons est effrayant. En
effet, les galaxies sont appelées à disparaître. De plus, on détecte des
“forces” étranges qui semblent être présentes dans le vide, le vide absolu!!!
Ces phénomènes imprévus, que l’on vient de mettre en évidence, sont tellement
stupéfiants que lorsque des savants en parlent, ils sont forcés de dire que l’on
“aborde maintenant des domaines quasiment mystiques.” C’est vrai: peu de science
éloigne de Dieu, mais beaucoup de science rapproche de Dieu...
Les savants pensent aussi, mais avec beaucoup de
précautions, que ces “forces” présentes dans le vide gouverneraient l’expansion
infinie des galaxies, et puis, on ne sait plus... On commence à perdre pied
complètement dans ces découvertes d’un univers infini qui nous échappe
infiniment. Et nous, que sommes-nous là-dedans? Où sommes-nous? Que pouvons-nous
faire?
Certains savants essayent d’expliquer comment
l’Homme pourra survivre quand le soleil sera mort, donc aussi, la terre. On
“pense” à des stations pouvant contenir jusqu’à dix mille personnes, dans un
décor reconstituant les paysages terrestres... Utopie, ou quoi? Espoir insensé,
ou vraies possibilités ouvertes aux hommes, ceux qui vivront dans trois ou
quatre mille ans, voire davantage... De toutes façons, en ce qui nous concerne,
nous du XXIème siècle...
Mais il y a pire encore. Des savants astronomes
auraient découvert récemment que l’expansion de l’univers s’accélère de plus en
plus. Pour aller où? Et pourquoi cette expansion “incontrôlée” qui
contrecarrerait les forces gravitationnelles garantes de l’équilibre de
l’univers? Il y aurait, une matière noire et une énergie noire, invisibles. On
ignore encore tout d’elles. Pourtant, elles existent!!!
Il ne nous reste qu’à nous tourner vers Jésus
lorsqu’Il attendait Judas à Gethsémani. La nature divine de Jésus, Dieu, Fils de
Dieu et Parole du Père, connaissait ces choses, c’est sûr, mais elles ne Le
troublaient pas puisqu’Il les connaissait à fond comme leur Créateur. Mais à
Gethsémani? Ô Seigneur! Gethsémani, quelle angoisse! La nature divine de Jésus
s’éloigne: Dieu le Père ne peut pas supporter le péché, et Jésus s’était fait
péché pour sauver tous les hommes. Et puis, c’est l’Homme-Jésus qui doit être le
Rédempteur... Donc, à Gethsémani, c’est la nature humaine de Jésus qui domine en
Lui. Et Il est seul pour affronter Satan qui Lui montre, en détails, notre
humanité pécheresse laquelle veut se faire Dieu toute seule? La souffrance de
Jésus-Rédempteur, à ce moment-là est inouïe.
Quel vertige, quelle angoisse! Comment
Jésus-Christ a-t-Il pu porter un tel fardeau? À ce moment-là, que voyait-Il de
l’univers, sa Création? Est-ce qu’alors Il pensait à son Corps mystique et à ses
demeures, celles qui sont si nombreuses dans la maison du Père? Comment Jésus
resituait-Il sa place d’homme, de la taille d’un homme, véritablement homme
quoique Fils de l’Homme, dans l’immensité de l’univers destiné à disparaître...
Car il semble bien que l’univers soit destiné à
disparaître, à moins qu’une force infinie, inconnue, supérieure à tout ce que
l’on peut imaginer, réussisse à stopper l’expansion de l’univers qui, alors,
commencerait à se rétracter, mais pour devenir quoi, et aller où? Terrifiant...
plus les hommes découvrent l’immensité et les merveilles des mondes et des
univers, plus leur situation devient inconfortable. Sauront-ils se rapprocher
enfin de Dieu?
Les hommes sauront-ils?... Mais en attendant,
comme tous ceux qui essaient de penser et d’aimer Dieu, nous nous sentons de
plus en plus infimes, néants, au sens propre. Encore une fois reviennent,
implacables, les questions terribles: que sommes-nous? Qui sommes-nous? Et que
valent nos pensées? Et pourquoi est-ce que nous pensons? Mais, est-ce que nous
pensons vraiment? Par moments, nous avons peur... et comme pour Jésus, notre
vertige devient agonie, et nous comprenons le drame de notre péché. Nous avons
voulu toucher des choses qui n’étaient pas pour nous, pas à notre taille. Le
Seigneur nous avait avertis. Nous ne L’avons pas cru. Et maintenant?
Vertige, agonie, et pourtant merveilles...
Seigneur, nous ne savons pas appréhender les mondes cosmiques. Les univers sont
Ta Création, Toi seul peut les connaître, et même les connaître très bien
puisque c’est Toi qui, les ayant faits, les conserves dans leur magnificence. Et
nous, Jésus, nous nous sentons infiniment dépassés, pris dans une spirale
vertigineuse. Et pourtant quand nous revenons “sur terre”, à notre taille, nous
nous émerveillons... Nous nous émerveillons, et c’est alors que nous touchons le
bonheur. Et chaque homme ressent le besoin de prier et de dire à son Seigneur:
Mon Seigneur, je m’émerveille de tout dans ta
Création... Je m’émerveille des univers que Tu crées sans cesse; je m’émerveille
de la terre où Tu as placés les hommes: elle est si belle! Elle est si belle,
notre terre, et tellement adaptée à nos besoins! Tout est prévu pour la vie, et
la vie des hommes. Mais que sont ces hommes? Et qui sont-ils? Alors, en
contemplant cette œuvre unique qu’est l’Homme, je m’émerveille de moi. Oui, mon
Seigneur, je m’émerveille de la merveille que je suis.
Mon Seigneur, je m’émerveille de la merveille que
je suis... Car c’est merveilleux un homme, et tout est merveilleux dans l’homme.
Et plus je contemple la merveille des merveilles, l’Homme que Tu fis à ton
image, ô mon Dieu! plus je Te contemple à travers l’Homme, plus je devine la
grandeur de l’Homme au sein de sa petitesse et de son néant. Plus je contemple
la sollicitude de Dieu pour l’Homme, et son Amour aussi, plus je m’étonne, et je
me tais, dans une adoration profonde, une adoration totale, l’adoration de la
créature pour son Père.
Tout cela est incompréhensible, inouï, et pourtant
cela est: Dieu aime chacun d’entre nous. Et dans cette contemplation étonnante
d’une créature minuscule qui adore son créateur, dans cette contemplation
étonnante de l’Amour-Créateur qui veut être aimé par l’amour-créature, nous nous
sentons étrangement unis à notre Seigneur. Nous ne comprenons rien, tout se
situe comme au-dessus de nous tout en étant cependant en nous. Nous sommes unis
à notre Seigneur, notre cœur ne désire que son Cœur, nous ne cherchons que sa
volonté, nous ne voulons que répondre à ses desseins d’amour. Nous le voulons
vraiment, tout en sachant que, tout-à-l’heure peut-être, notre fragilité nous
fera agir, ou réagir, comme nous ne le voudrions pas.
D’étranges pensées peuvent parfois naître en nous
quand nous imaginons les mondes cosmiques que la
télévision
nous montre de temps en temps. Des hypothèses nouvelles, tellement nouvelles
qu’elles ne sont encore qu’à peine formulées: expansion de l’univers à des
vitesses de plus en plus accélérées, univers plat... matière noire, énergie
noire... peuvent, soit nous terrifier, soit évoquer comme une vision du Corps
mystique du Christ. Imaginons la Jérusalem Nouvelle: elle n’a pas besoin de
soleil pour être éclairée, car Dieu est son Soleil, Dieu est sa Lumière.
La Jérusalem Nouvelle n’a pas besoin de temple,
car elle est tout entière le Temple de Dieu. Alors, “contemplant” la Jérusalem
Nouvelle que nous imaginons, vient en nous cette pensée: “Et si la Jérusalem
Nouvelle tout entière, enfermant tous les univers, tous les mondes angéliques,
toutes les âmes et les corps des hommes ressuscités, c’était... c’était le Corps
Mystique du Christ que les vivants de la terre sont encore en train de
construire. Seigneur, avons-nous rêvé?
Dieu a “entendu le cri de son peuple”, et
Dieu a envoyé son Fils. Et nous avons vu le Fils qui s’est fait l’un de nous,
qui a vécu avec nous, comme nous, et qui a voulu prendre sur Lui nos misères,
nos faiblesses, et tout le poids et les conséquences de notre péché. Nous avons
vu le Fils, et certains de ceux qui vivaient à son époque ont pu Le voir, et
même Lui parler, L’entendre, manger avec Lui, et “sentir” l’intensité de son
Amour pour nous.
Intérieurement contemplons Dieu et imaginons le
Père, un Père infiniment grand mais qui dans un Amour infini ouvre “ses bras”
pour accueillir toute sa Création. Cette Création, c’est un grand Corps, le
Corps du Fils, qui tient, Lui aussi, ses “bras” ouverts, accueillant à la fois
la Création cosmique et toutes les créatures vivantes, spirituelles, sensibles,
douées d’une capacité d’aimance, et, pour certaines, intelligentes. Car Dieu a
fait également des créatures assez intelligentes pour que chacune d’entre elles
soit capable de saisir en elle-même, l’immense réalité de la Création, Corps du
Fils.
L’Esprit du Père baigne le Fils. Le Père et le
Fils sont tellement unis qu’Ils ne font qu’UN; l’Esprit de Dieu baignant le
Corps du Fils baigne donc toute la Création. Et les petites créatures,
angéliques ou humaines, sensibles, intelligentes, baignent dans l’Esprit qui
imbibe tout. Merveille! Le Corps du Père ne fait qu’UN avec le Corps du Fils, et
toute la Création qui constitue ce Corps du Fils, devient Corps du Christ plongé
dans l’Esprit du Père et du Fils, et imbibé par Lui, l’Esprit-Saint.
Dans le Corps du Christ, Corps du Fils, les
petites créatures angéliques ou humaines constituent comme les pierres qui
composent ce Corps. Et dans le Corps, les petites créatures humaines sont “à
l’image du Père”. Et Dieu demande à ses anges d’adorer le Corps du Christ qui
est le Corps de son Fils. Mais Dieu ne montre pas le Corps du Fils dans sa
totalité mystique, celle qui renferme à la fois Dieu-Trinité et toute la
Création: ce Corps est beaucoup trop grand, trop immense, pour des petites
créatures, même angéliques, qui sont, ou seront, elles aussi, des parties
constituantes de ce Corps. Alors, Dieu le Père montre son Fils, fait Homme,
incarné, devenu vrai homme, cette créature étonnante qui réussit la synthèse de
l’amour, de l’esprit, et de la matière. Dieu le Père montre à ses anges son Fils
incarné, devenu Homme, le Christ, pour partager la vie des hommes, et leur
demande de L’adorer.
Adorer le Christ, c’est adorer Dieu Lui-même,
c’est adorer l’Amour. Mais il y eut des anges qui refusèrent l’Amour: le
Christ-Homme leur paraissait trop infime pour eux qui se croyaient grands... Il
y eut le péché, il y eut la misère et toutes les détresses. Et les pécheurs
crucifièrent leur Sauveur qui continue à les aimer. Car tout est changé, quoique
rien ne soit changé... Dieu le Père a toujours ses bras ouverts pour accueillir
sa Création. Le Fils est toujours Un avec le Père, et ses bras sont toujours
grands ouverts pour accueilllir les hommes... Mais son Corps est devenu une
croix portant un crucifié, la Croix sur laquelle nous avons cloué le Corps du
Christ. Et tout ce qui touche la Croix du Christ nous touche. Tout ce qui touche
le Cœur du Fils me touche... La douleur du Cœur de Jésus est la douleur du Cœur
des hommes.
Dans le Corps mystique de Jésus, -l’ensemble de la
Création rassemblée en Dieu et baignée de son Esprit”- il y a les anges, les
saints, les hommes qui attendent leur purification, mais qui sont bien là; et il
y a aussi les vivants de la terre. Eux, ils peinent, mais ils sont bien là
aussi, dans le Corps du Christ. Dans un corps vivant bien construit, bien
équilibré, tout ce qui touche un membre touche l’ensemble du corps. Si on fait
mal à un organe, le corps tout entier s’en ressent; si au contraire on fait du
bien à une partie, même minime du corps, tout l’ensemble est heureux. Tout le
monde sait cela. Dans le Corps mystique de Jésus, c’est pareil, grâce à la
communion des saints. Quand je fais du mal à quelqu’un, tout le Corps a mal.
Quand je blesse un membre, tout le Corps frémit. Et si j’égratigne le Cœur,
l’ensemble du Corps est malade.
Depuis toujours Dieu pense chacun de nous; depuis
toujours Dieu nous prédestine à remplir une mission dans le Corps de son Fils
qui rassemblera toute la Création. Le jour choisi par Lui, Dieu nous mit sur la
terre et nous combla de ses grâces, et commença à nous former. Le Seigneur
prépara tous les événements qui devaient jalonner chacune de nos vies,
événements qui devaient nous purifier, qui devaient faire en sorte que peu à
peu, nous entrions dans son humilité: le travail était énorme et il est loin
d’être achevé... Mais courage! Pour que nous puissions accomplir cette tâche,
Dieu nous donna aussi des talents.
La liberté, qu’est-ce, au juste? Qu’est-ce que la
liberté prônée dans notre monde qui ne cesse de se rendre esclave de tous ses
instincts les plus vils et les plus destructeurs, au nom de cette même liberté,
mais mal comprise?
Quand on réfléchit un peu, on découvre les
richesses inouïes de la création. On découvre les variétés inconcevables des
talents que Dieu distribue aux hommes à leur naissance, à tous les hommes. Il y
a les artistes, qui savent peindre, dessiner, sculpter, modeler, construire...
Il y a les musiciens qui composent les musiques divines. Il y a les savants de
toutes catégories. Il y a la multitude de ceux qui savent utiliser leurs mains
et leur intelligence pour faire quelque chose de beau ou d’utile. Et il y a ceux
qui aiment.
Il y a ceux qui aiment, les humbles au cœur pur et
pauvre qui savent utiliser leurs talents pour aimer, recevoir et donner de
l’amour, partager l’Amour de Jésus-Christ, vivre pour Lui en vivant pour leurs
frères.
Quelles merveilles les talents innombrables que
Dieu distribue aux hommes de la terre, pour qu’ils deviennent comme des
collaborateurs de sa divinité, pour qu’ils “complètent”, en quelque sorte, la
création! Quelles merveilles tous ces dons qui viennent de Dieu!
Notre Seigneur veut que les hommes fassent
fructifier les talents qu’Il leur distribue. Il bénit ceux qui Lui rendent dix
talents, les dix talents qu’ils ont gagnés grâce aux talents qu’Il leur avait
confiés, un jour... Jésus n’aime pas les timorés, ceux qui ont peur de Dieu, Il
n’aime pas ceux qui sont paresseux. Jésus veut que nous fassions fructifier nos
talents, car faire fructifier les talents que nous avons reçus de Dieu, c’est
être heureux; et c’est cela aussi la sainteté, car les saints sont toujours des
gens heureux.
Puis, quand l’âme sainte a rempli sa mission, le
Seigneur ne la jette pas. Au contraire, Il la prend pour Lui et lui dit: “Viens,
bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur.” Le Seigneur la
fait entrer dans son Amour et dans son cœur, Il la fait entrer dans la vie, Sa
Vie. Il la fait entrer dans son Corps, son Corps mystique, là où elle pourra
chanter éternellement sa joie, à cause de l’Amour, de la tendresse et des
grandeurs de Dieu. Car bienheureux sont ceux qui chantent!
Bienheureux ceux qui chantent
et ceux qui font chanter,
ils réjouissent le cœur de Dieu!
Bienheureux ceux qui chantent
la joie,
ceux qui chantent l’Amour, l’Amour et la tendresse,
ceux qui chantent la paix,
ceux qui chantent la vie,
car ils réjouissent le cœur de notre Dieu.
Bienheureux ceux qui chantent
et magnifient ainsi
les œuvres du Seigneur car ils glorifient Dieu.
Bienheureux ceux dont la voix
est pure:
leurs notes cristallines réjouissent leurs frères,
émerveillent les anges, étonnent la nature...
Bienheureux ceux qui
chantent, et qui prient en chantant.
Bienheureux ceux qui pleurent
sur des notes d’amour,
Bienheureux ceux qui chantent sur les blessures humaines,
sur les blessures de l’âme
et sur les plaies du corps.
Bienheureux ceux qui chantent
en berçant un enfant,
Bienheureux ceux qui chantent en consolant leurs frères dans la peine.
Bienheureux ceux qui chantent en soignant des malades,
Bienheureux ceux qui chantent en veillant un mourant.
Bienheureux tous ceux là, car
ils aiment leur Dieu.
Bienheureux ceux qui aiment
leur Dieu sur des notes d’amour
sur des notes de joie, des notes d’allégresse,
sur des accords célestes, sur des accords de paix,
ces accords de l’Amour,
ces accords harmonieux qui éclairent le cœur,
ces accords pleins de joie, ces accords de la vie
la vie du Paradis.
Ô mon Dieu! Vous Jésus que
j’adore et que j’aime,
Vous toute ma vie, Vous mon unique Amour,
Laissez-moi Vous chanter!
Laissez-moi, ô Jésus,
laissez-moi Vous aimer
Vous aimer en chantant!
Mais sur des notes justes, des musiques célestes,
de douces mélodies,
des musiques sereines pleines d’adoration.
Que mon chant, ô Jésus, soit
ma contemplation
Et mon émerveillement!
Que mon chant, ô Jésus, me
mène jusqu’à Vous,
jusqu’à Vous, mon unique Amour,
ma joie et ma félicité!
Laissez-moi, ô Jésus, Vous
offrir ma musique,
toutes mes mélodies.
Laissez-moi Vous offrir les paroles,
qui disent vos merveilles en un chant de triomphe,
en un chant bienheureux!
Laissez-moi, ô Jésus, jouer
vos mélodies et vos airs glorieux,
vos mélodies célestes
que fredonnent les anges, que clament les archanges,
que répètent les Trônes et tous les Séraphins.
°-°-°-°
Bienheureux ceux qui chantent
et qui entendent Dieu!
Bienheureux ceux qui, chantant de tout leur cœur
et de toutes leurs voix,
construisent avec amour,
le Corps mystique de Jésus-Christ.
Bienheureux ceux qui se
réjouissent en chantant
mais qui doivent aussi réjouir leur frères par leurs chants
et par les mélodies qui remplissent leurs cœurs
pour emplir tous les cœurs d’un air de Paradis
et de la paix divine.
Bienheureux ceux qui aiment
et qui chantent
l’Amour!
Bienheureux ceux qui
chantent,
qui chantent les notes justes,
dans des rythmes exacts.
Bienheureux les accords réussis,
et tous ceux qui les chantent!
Et bienheureux encore les
choristes,
qui mettent toute leur attention
à chanter comme il faut les louanges divines!
Bienheureux les chanteurs
attentifs
qui captent le regard de leur chef,
le regard de Jésus qu’ils s’efforcent de voir
et de comprendre ses consignes .
Bienheureux les talents qui
s’appliquent
à obéir au Maître,
au Maître qu’est Jésus,
et à sa Loi d’amour.
Bienheureux les cœurs humbles
et doux,
bienheureux les chanteurs humbles et doux
qui fondent toutes leurs voix en un seul unisson
oubliant qui ils sont pour le succès de tous.
Bienheureux les choristes
remplis d’humilité
qui savent, dans le choeur,
oublier qui ils sont pour ne penser qu’à l’œuvre.
Qui savent renoncer à leur volonté propre
pour accepter et faire la volonté d’un autre,
afin de réussir l’hymne
de la gloire de Dieu...
Bienheureux les choristes qui
savent regarder la figure du chef
et lire dans son regard ce qu’il veut leur faire faire.
Car suivant son regard, comprenant ses mimiques,
ils resteront unis au choeur,
et chanteront en perfection la louange divine,
la gloire due à Dieu...
Bienheureux les choristes qui
savent regarder et suivre
le regard de leur chef,
le regard expressif qui les fait chanter Dieu.
Et peut-être qu’un jour en
chantant son Amour,
ils rencontreront Jésus, le Bien-aimé.
Jour béni entre tous, ils rencontreront Dieu...
Ils Vous verront, Seigneur,
et Vous contempleront.
En Vous chantant Seigneur, ils prieront pour leurs frères.
Bienheureux les choristes qui
mettent tout leur cœur
à chanter de leur mieux les louanges de Dieu,
car ils prient Dieu pour nous.
Bienheureux ceux qui chantent
la gloire de leur Seigneur
Bienheureux ceux qui louent le Seigneur;
Oui ils sont bienheureux,
oui ils sont très heureux,
tous ceux qui sont unis à Dieu, à son amour,
et à sa volonté...
Ils rendent Dieu heureux!


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