3-Le bonheur du Corps mystique

Méditation préliminaire

L’univers est dans la main de Dieu. Dans l’univers immense, il y a la terre, mais la terre n’est pas perdue au milieu des mondes matériels et sans âme. Non! On peut même imaginer la terre comme suspendue juste au-dessus du “Doigt” de Dieu, et la force créatrice de Dieu, que l’on peut comparer à une force magnétique, la maintient en place. Son Amour la baigne de sa sollicitude. Dieu regarde la terre, Dieu regarde les hommes dont Il fait ses délices... Dieu regarde chacun des hommes qu’Il aime et Il s’attarde sur ceux qui L’aiment.

Dieu regarde chacun de nous. Dieu regarde la terre, Dieu regarde l’univers. Dieu contemple tous les détails. Les yeux de son Amour sont comme des instruments d’optique: tantôt des jumelles grossissantes, tantôt des télescopes puissants, ou bien encore des microscopes doués de propriétés exceptionnelles qui Le font pénétrer jusqu’au plus profond des cœurs. Comme il est doux de découvrir l’amour de Dieu, de découvrir ses merveilles, de découvrir sa bonté, son Amour, sa puissance, sa tendresse, de Le découvrir, Lui... Les hommes peuvent “regarder” Dieu!!!...

Dieu peut aussi, parfois, pour que nous nous rapprochions davantage de Lui, nous tendre comme des “brins d’herbe”, des brins d’Amour. Chacun d’entre nous peut saisir un brin de cet Amour. Comme des insectes nous pouvons grimper sur ce brin: la distance n’est pas grande jusqu’au Cœur de Dieu. Nous sommes sur la terre, avec les hommes que Dieu aime, et l’Amour nous garde en Lui. ..

La terre a comme quitté le “Doigt” de Dieu, elle s’est rapprochée du Cœur de Dieu, Cœur de la très Sainte Trinité. Le Cœur de Jésus est là, uni au Cœur du Père, dans l’étreinte éternelle de leur Amour brûlant d’où jaillit l’Esprit qui est Cœur du Père et du Fils, Cœur de Dieu, Cœur de la Trinité, Dieu unique mais pas seul car Famille éternelle dont l’Essence est l’Amour. Quelle image étonnante que celle de la terre des hommes vivant dans le Cœur de la Trinité Sainte!

Prenons d’autres comparaisons. D’une sorte de fleur, que l’on ne peut  décrire, sort comme un pistil, Cœur de Vie, Cœur d’Amour. C’est l’image du Cœur de Dieu, Cœur palpitant de la Vie de l’Amour, Cœur d’où naît la création... Effleurant presque ce pistil, comme un grain de pollen qui doit bientôt y pénétrer pour faire germer la vie créée, il y a la terre. La terre, comme un grain de pollen, se serre contre le Stigmate divin, le Cœur de son Seigneur Créateur et Maître. Et il n’y a plus que de l’Amour, et les tout petits hommes se nourrissent d’amour, de l’Amour du Seigneur.

Osons une autre image. La fleur que nous contemplons est une fleur composée d’un seul pétale double, le Père et son Verbe, formant une grande corolle noyée dans l’Esprit, l’Amour. La terre est proche du Cœur de Dieu qui désire ardemment la rapprocher de Lui et de son Cœur de Dieu, car seul Dieu peut satisfaire un cœur humain.

Dieu a un désir inouï, impensable, inimaginable: prendre en Lui, tout au fond de son Cœur, tous les hommes de la terre pour en faire le Corps mystique du Verbe, son Verbe, et le placer au centre de sa Création. La terre est dans le Cœur de Dieu; le Corps mystique se construit avec tous les hommes que Dieu aime et dont Il veut être aimé, car Dieu est Amour.

La fleur de la Trinité sainte est en chacun de nous: nous sommes toujours sur la terre des hommes, mais la terre est dans le Cœur de la Trinité, dans le Cœur de Dieu, dans le Cœur de l’Amour, de l’Esprit d’Amour. Tous les hommes sont frères dans le Cœur de Dieu.

Cette méditation nous a émerveillés, et chacun d’entre nous, selon son charisme, a envie de chanter les merveilles de Dieu dans une prière de contemplation et d’amour.

Prière

Seigneur, je T’en prie, laisse mon cœur Te parler, laisse mon cœur T’aimer, laisse mon cœur Te contempler, laisse-moi Te louer, Te glorifier, Toi, le Dieu Tout-Puissant qui Te fais Père pour nous, Père aimant, Père attentif, Père plein de tendresse. Toi, la force, Tu Te fais douceur, Toi l’Infini, Tu Te fais tout petit en ton Fils Jésus-Christ, Toi le seul Être, l’immensément Puissant Tu T’es fait faible Enfant, Toi le Vivant, Tu es mort pour nous...

Mon Dieu! Toi l’Amour, Tu as mis ton Amour dans mon cœur pour que je puisse T’aimer. Mais Tu connais ma faiblesse et ma lenteur  à répondre à ton Amour. Je devrais T’irriter avec toutes mes tergiversations, mais “Tu es lent à la colère et plein d’Amour.”  Quand je manque à ton Amour Tu Te fais toute tendresse et toute bienveillance. Toi la Force, Tu es la bonté. Toi qui désires tellement notre sainteté, Toi si pressé de nous purifier, Tu es patient à nous attendre, si patient, inlassablement patient. Mon Dieu nous sommes émerveillés de Toi, émerveillés de Toi Père, émerveillés de Toi Fils Unique de Dieu, Toi l’Amant de nos cœurs, émerveillés de Toi, Esprit Saint, Esprit d’Amour, Esprit de Sainteté, Esprit de lumière. Trinité Sainte de Dieu, Vous nous émerveillez, Vous nous illuminez, Vous nous comblez...

Jésus Tu m’émerveilles quand je Te vois T’émerveiller des beautés de la nature, de ta nature. Tu aimais tellement les petites fleurs et les lis des champs, et les beaux paysages de ton pays de Palestine. Tu aimais tellement la perfection des petits animaux, même les plus insignifiants. Tu T’émerveillais quand Tu contemplais la pureté du cœur des petits enfants et Tu glorifiais ton Père qui se révélait aux petits, aux plus petits des enfants des hommes, et qui laissait dans l’ignorance ceux qui se croyaient sages. Tu T’émerveillais, Jésus, devant la sagesse de ta Maman, reflet de la Sagesse du Père. Tu T’émerveillais de la pureté de ce lis qui T’avait enfanté, Tu T’émerveillais de sa beauté et de sa bonté, du don total qu’elle avait fait d’elle-même à Dieu. Et maintenant, c’est Toi, Jésus, qui nous émerveilles...

3-1-Mourir, c’est éclore

Mourir, c’est enfouir, c’est s’enfouir pour germer. Et germer, c’est éclore.

3-1-1-Le grain de blé

Mourir c’est éclore pour laisser jaillir toutes les richesses, toutes les grâces que Dieu a déversées en nous pendant la période de notre gestation sur la terre. Mourir, c’est laisser se révéler la miséricorde de Dieu. Mourir, c’est éclore, c’est s’ouvrir au soleil de Dieu pour laisser triompher la vie, car la vie naît de la mort. La vie avant la mort, c’est un temps de préparation, de mûrissement, pendant lequel Dieu a le temps de façonner ce qui deviendra le chef-d’œuvre de son Amour, une image de Lui-même.

Pendant ce temps, Dieu veille au bon développement de son œuvre. Il taille ce qui dépasse, défroisse ce qui s’est replié sur soi, gratte et lubrifie ce qui a grippé, ravigote ce qui s’était fané. Quel travail de compassion, de patience, de délicatesse, d’éducation, d’amour!... Quelle sollicitude, quelle tendresse, quelle discrétion, quel Amour! De tout cela, rien ne se voit et l’homme qui en est l’objet devine à peine tout ce travail que Dieu accomplit en lui; l’homme doit seulement se laisser faire. Rien ne paraît au dehors des beautés qui se préparent et dont le Maître garde le secret...

Le grain de blé, le bouton de rose ou le bourgeon, ces espoirs de la vie, se façonnent dans le silence, dans le seul vouloir de Dieu, dans le secret du Cœur de Jésus. Ils n’ont qu’à se laisser ciseler et modeler par l’Amour, pleins d’espérance, jusqu’au jour de la mort: jour de la naissance, de l’éclosion riche des promesses. Ce jour-là les grains de pollen et les gouttes de sève accumulés, ces grains de vie, ces gouttes d’Amour, pourront enfin s’épanouir dans le soleil de Dieu pour, à leur tour, semer la vie et se disperser pour retomber en pluies fécondes sur les âmes restées sur la terre à achever leur gestation avant d’éclore elles aussi.

3-1-2-Le purgatoire

Nous avons compris que pour parvenir au Ciel, nous devons nous laissser faire par le Seigneur; nous devons également purifier notre Amour: c’est le Purgatoire. Dès notre séjour sur la terre nous sommes dans le purgatoire. Nous y sommes dès maintenant, quand nous brûlons en nous toutes les scories du non-amour (le péché) et quand assumons la souffrance de ne pas encore aimer avec tout notre être. C’est peut-être pour cela que tous les hommes revivent leur passé, juste avant de mourir, et avec une intensité, une réalité et une acuité parfois bouleversantes. Vivre ces visions, c’est véritablement faire le point sur notre valeur réelle.

Pour ceux qui ont complètement terminé leur Purgatoire sur la terre, mourir, c’est entrer directement dans l’Amour, instantanément. C’est ce qui arrive aux saints. Mais que se passera-t-il pour ceux qui ne sont pas prêts? La vie serait-elle comme une boucle que l’on a à parcourir, dans le temps. Avant notre arrivée sur la terre (conception et naissance), nous n’étions pas encore dans le temps, et après notre mort, nous n’y serons plus. Entre temps -depuis l’instant de notre naissance jusqu’au temps de notre mort- nous circulons sur la boucle, et un jour, presque à la fin de la boucle, là où les deux brins doivent se rencontrer, nous arrivons au noeud de boucle, le noeud essentiel car c’est à cet endroit que notre vie se noue. Si le nœud a trop de défauts, alors, il faut attendre un peu... attendre la purification que nous désirons de toutes nos forces: c’est cela le Purgatoire.

Alors mourir, qu’est-ce que c’est?

Mourir c’est simplement quitter le temps terrestre, tout en  continuant de vivre. C’est entrer dans une autre dimension, tout en continuant d’aimer toujours plus le Bien-Aimé comme Il veut qu’on L’aime, totalement, dans la lumière de Dieu. Tout en continuant de servir aussi...

Pour expliquer aux hommes les merveilles de Dieu, ces merveilles qu’ils ne peuvent voir, le Verbe de Dieu a décidé de vivre avec eux, et comme eux, en se faisant tout petit Lui aussi, afin de ne pas les aveugler par trop de lumière. Puis, avant de mourir à la terre, le Fils-Verbe-de-Dieu-incarné a inventé l’Eucharistie. Il a jeté sur la terre des poignées de poussières d’or, ces Hosties qui sont sa chair et qui Lui permettent d’être près de chacun de nous, si nous le voulons bien. Dans ces millions d’Hosties, ces millions de poussières divines, si petites comme nous, mais si pleines d’Amour, le Cœur de Jésus se fait présent à notre échelle. Des millions de poussières d’or et de lumières éclairent nos ténèbres mais sans nous éblouir. Merveilles de l’Amour!

Jésus pouvait mourir, même crucifié. Sa mort était éclosion de sa Vie. Sa mort, c’était notre vie; sa mort transformait notre mort en sa Vie.

3-2-La souffrance

3-2-1-Place de chaque homme dans le Corps mystique

Nous savons que nous sommes tous des prédestinés: prédestinés, non pas à la damnation ou au salut éternel, mais prédestinés à une vocation bien spécifique, celle que nous devrons réaliser dans le Corps mystique du Christ, à la place qui nous a été attribuée de toute éternité, celle où nous serons le plus parfaitement heureux. Artisan de génie et amoureux de ce qu’Il fait, Dieu a pensé et fabriqué sa Création dans tous ses détails, sans en omettre aucun. Chaque homme a été conçu en vue d’une mission à remplir, d’une fonction à exercer dans l’ensemble de la création, dans un cadre de bonheur.

Chaque homme est conçu, prévu, dans un but précis, pour une tâche exaltante à  laquelle il devra se préparer sur la terre pour bien  l’accomplir dans l’éternité.

Tout était très bon dans la Création quand elle est sortie des mains de Dieu. Il ne restait plus aux créatures intelligentes et capables d’amour: les anges et les  hommes, qu’à répondre à l’Amour du Père, librement, pour trouver leur plénitude. Malheureusement très vite, quelque chose a cloché, quelque chose a été dérangé dans l’ensemble harmonieux sorti des main du Créateur Amoureux de sa Création: c’est le péché qui a tout déséquilibré. Rien n’allait plus dans les rouages délicats du monde: il fallait réparer. Des exemples tout simples permettront de bien comprendre, à la fois ce déséquilibre, mais aussi la nécessité de la réparation qui inclut la Rédemption, et la Souffrance qui y est presque automatiquement attachée.

Voici un joli petit secrétaire fabriqué par un ébéniste de talent. Toutes les pièces sont à leur place, les tiroirs fonctionnent parfaitement, l’équilibre du meuble est parfait. Maintenant imaginons qu’un choc malencontreux ait déplacé ou cassé un des pieds joliment sculptés. Le pied déplacé ou cassé a rompu l’équilibre de l’ensemble, et cet équilibre ne pourra être rétabli, si le pied  blessé ne peut être réparé immédiatement, que par des tassements ou des efforts non prévus pour les autres éléments du secrétaire, tassements et efforts louables certes, mais qui ne remplaceront jamais le rôle du pied devenu défectueux.

On peut aussi considérer un engrenage délicat: par exemple la boîte de vitesses d’un mécanisme précis et bien huilé. Tout fonctionne à merveille, à condition que chacune des pièces, du plus petit pignon jusqu’à la roue dentée la plus importante, reste bien fixée à sa place, recueille juste ce qu’il lui faut d’huile, et n’induise aucun effort incongru. Si pour une raison quelconque une dent casse, ou un pignon se décale, ou si une autre pièce glisse là où il ne faut pas, ou encore si une lubrification se fait mal, c’est la panne. En cas d’urgence le mécanicien peut parer au plus pressé et envisager une réparation de fortune, mais ça ne durera pas, et il faudra rapidement envisager le remplacement de la pièce défectueuse. En attendant, tout l’ensemble de la machine va souffrir...

La réparation de fortune, ou l’adaptation provisoire des autres éléments du mécanisme ou du meuble, ont entraîné des distorsions, des usures prématurées. La pièce neuve remplaçante va donc devoir s’adapter, l’ensemble devra subir des petites modifications, un coup de lime par ci, une coup de rabotage par là, etc. Tout cela est douloureux, mais inévitable, car condition sine qua non d’une réparation correcte et capable de durer longtemps.

3-2-2-La faute qui bouscule le monde

Les exemples ci-dessus dépeignent bien la prédestination, le péché, la Rédemption et la réparation. Le monde a été complètement bousculé par le péché originel, et seule la Rédemption par la Passion du Fils de Dieu pouvait rétablir ordre et équilibre.

Par ailleurs, au péché originel, à la faute initiale qui nous a tous fragilisés, s’ajoutent les fautes personnelles ou pire, les refus d’amour, individuels ou collectifs. Dès lors, les tensions générées à l’intérieur d’un ensemble ou d’un mécanisme par les pièces défectueuses ou prématurément usées nécessitent des réparations souvent douloureuses, voire des remplacements.

Notons au passage que certaines pièces, souvent innocentes, souffrent plus que d’autres, et souvent plus que les coupables. Il n’y a pas d’injustice là-dedans, mais simplement la nécessité de réparer aussi des blessures dans des endroits injustement touchés par la faute des autres.

Les exemples ci-dessus montrent bien que toute blessure sur une pièce touche toutes les autres, et qu’une réparation n’est jamais indolore, même pour les pièces innocentes qui ont dû supporter l’obligation de fonctionner dans des conditions momentanément défectueuses. C’est cela le drame du péché, de tous nos péchés. Ainsi s’explique comment le refus d’obéissance des anges rebelles et la faute originelle de nos premiers parents, ont entraîné tous les hommes, et toute la création, dans des tiraillements dangereux, obligeant Dieu à effectuer les réparations douloureuses mais nécessaires. Ainsi, la Croix n’est plus un scandale mais une conséquence logique, inévitable, du déséquilibre imposé à l’ensemble de l’humanité par le péché des hommes.

La souffrance des hommes et plus particulièrement des innocents n’est plus révoltante: c’est la juste conséquence du rééquilibrage obligatoire d’un mécanisme qui a été déréglé. Les différences pièces subissent le contre-coup des réparations et des réglages obligatoires, en fonction de leur position et de leur vocation propre dans l’ensemble de l’ouvrage. C’est dans de telles conditions que les éléments de la création, touchés par les conséquences du péché, semblent se rebeller contre l’homme, alors qu’en réalité ils ne font que procèder au rééquilibrage puis au rodage de l’ensemble de tout le Corps, rééquilibrage et rodage indispensables à la sauvegarde de l’univers.

3-2-3-Le sens de la souffrance

Le Corps mystique du Christ a été terriblement blessé par le péché. Ses blessures sont nombreuses et affreuses. La putréfaction est omniprésente. Dans ces conditions, chaque nouveau coup induit des douleurs insupportables que tout le Corps ressent. Il faut ajouter, par ailleurs, qu’aucune cicatrisation n’est indolore.

A cause de nos péchés, et pour réparer l’injure faire à Dieu, Jésus a souffert sa Passion. Les bourreaux qui s’acharnaient sur Jésus, des bourreaux bien réels, étaient en quelque sorte l’image des blessures que les péchés commis par les hommes infligent au Corps mystique.

Grâce à la mort de Jésus, l’homme a retrouvé l’amitié de Dieu... Mais le péché continue à défigurer le Corps dont le Christ est la Tête et le Cœur. Chaque coup asséné à un membre retentit douloureusement sur l’ensemble du Corps. Et quand Jésus, se montrant ensanglanté à un mystique lui dit: “Vois l’état dans lequel tes péchés M’ont conduit,” Il veut nous faire comprendre que tous nos péchés, même ceux qui nous semblent des peccadilles, sont toujours graves quand ils sont commis par des âmes privilégiées vouées à l’Amour. Jésus veut nous faire comprendre que les péchés de chacun des membres du Corps mystique sont une blessure douloureuse pour l’ensemble du Corps qui souffre,   pour l’ensemble du Corps dont les blessures ne peuvent être guéries et cicatrisées que par des remèdes ou des opérations forcément douloureuses.

Ces choses sont difficiles à comprendre! La souffrance de Jésus, c’est la souffrance de son Corps. Une souffrance envoyée à un saint par Jésus, c’est comme un remède pour cicatriser une blessure grave. Jésus fait souffrir ceux qu’Il aime mais cela ne doit pas nous scandaliser. En effet, Jésus n’envoie la souffrance qu’en vue d’une cicatrisation définitive ou, d’une totale guérison.

Le péché blesse le Corps mystique, donc chaque membre en particulier. Tout péché est donc cause de souffrance puisque c’est une blessure. Quand quelqu’un pèche, il blesse l’Amour, il se blesse et il blesse tous ses frères. Donc il leur fait mal. Une blessure, même légère, doit cicatriser pour guérir, et n’importe quelle cicatrisation est douloureuse, surtout si l’on doit appliquer un remède efficace sur une plaie à vif. Pour guérir les plaies du Corps mystique du Christ, pour les faire cicatriser, il faut des remèdes efficaces. Et le meilleur des remèdes parmi les remèdes efficaces et inévitables, c’est la souffrance. Tout remède appliqué sur une blessure du Corps mystique est donc obligatoirement une souffrance. Mais, bienheureuse souffrance puisqu’elle est un merveilleux facteur de guérison! Oui, la souffrance des hommes a un sens puisqu’elle conduit à une guérison, donc au bonheur.

3-3-Les préférés de Dieu

3-3-1-La pauvreté de Dieu

Dieu est l’infiniment puissant, l’infiniment riche, Dieu a fait tous les mondes, et ces mondes, Il les possède. Dieu a tout et Il peut tout. Dieu n’a besoin de rien car son bonheur est total. Dieu EST et Il a TOUT. Alors, comment peut-on parler de la pauvreté de Dieu, UN avec le Père et le Saint-esprit?

Jésus nous a dit, un jour: “Bienheureux les pauvres,...” mais Il n’a pas dit: “Heureux les misérables, heureux les prolétaires, heureux ceux qui meurent de faim...” Non Jésus n’a jamais dit cela car Il ajoute immédiatement: ”mais les pauvres de cœur, ceux qui ont un cœur de pauvres.”  Essayons de suivre Jésus pendant sa vie privée. Il avait une maison, probablement petite, mais il y avait tout le nécessaire à la vie de tous les jours, à son époque. Il y avait aussi tout ce qu’il fallait à Joseph pour sa vie professionnelle, qui fut aussi la sienne. Il n’y avait pas de luxe, mais le nécessaire était présent. Et quand Jésus ou Joseph avaient besoin d’un nouvel outil, on peut supposer qu’ils se le procuraient.

La pauvreté de Jésus, à Nazareth, c’était le nécessaire, c’était l’amour du travail bien fait, c’était le service rendu à ceux qui en avaient besoin, et toujours avec le sourire. Dieu qui avait créé l’homme et qui connaissait ses besoins, en le mettant sur la terre lui avait donné aussi donné les moyens de vivre convenablement. Et à Nazareth Jésus vivait comme le Père l’avait prévu pour tous les hommes. Et Jésus remerciait le Père, et Il rendait grâce à Dieu avec Marie et Joseph...

Un jour, Jésus dut quitter Nazareth et partir pour accomplir sa mission, celle pour laquelle Il était venu: pour annoncer aux hommes la bonne nouvelle du salut, de leur salut. Son Cœur de pauvre renonça aux biens de tous les jours, aux biens nécessaires à la vie; et à partir de ce moment, le Fils de l’Homme n’eut plus de toit. Son Cœur de pauvre avait renoncé à tous les biens matériels, car Il devait montrer le Chemin que doivent suivre ceux qui ont pour mission d’annoncer le Royaume de Dieu.

Entrons dans une église, et montons jusqu’au tabernacle. Là, Jésus est vraiment le Pauvre parmi les pauvres. Pourtant Il est bien le Dieu vivant, et son Eucharistie, c’est Lui ressuscité, Dieu Amour, Dieu vivant, Dieu présent, consolation des pauvres et des affligés.

Quand nous sommes devant Jésus au tabernacle, nous avons souvent de nombreuses distractions et notre cœur, hélas! n’est pas toujours brûlant d’amour... Pourtant nous savons que le Christ, Fils du Dieu vivant, est là et nous nous efforçons d’être en adoration le plus possible. Nous essayons de Le consoler des outrages qu’Il reçoit, de la solitude dans laquelle on Le laisse, des oublis dont Il est souvent victime...

Nous connaissons notre misère, et nous en demandons pardon à Dieu. Nous connaissons notre faiblesse, notre petitesse, notre pauvreté aussi, notre pauvreté de cœur, notre pauvreté de n’être pas pauvres, surtout de la pauvreté que le Seigneur demande pour être bienheureux. Oui, nous connaissons nos insuffisances, nos lâchetés, notre paresse, en un mot notre extrême pauvreté spirituelle. Cela  nous permet de rejoindre le Christ dans son Eucharistie. Là, Il n’a rien, Il est seul, méconnu. La plupart des personnes qui entrent dans l’église ignorent qu’Il est le Fils de Dieu, la deuxième personne de la Sainte Trinité, livré par amour pour nous, et présent, vivant, sensible, amoureux. Oui, Jésus est sensible dans son Eucharistie, mais nous l’oublions et beaucoup Le traitent comme une chose sans importance. C’est là que nous découvrons vraiment l’extrême pauvreté de Dieu qui, par Amour, demeure pauvre dans l’Eucharistie pour enrichir les hommes de son Amour éternel et divin.

Par excès d’Amour, Dieu puissant, Dieu riche, Dieu comblé de bonheur et de miséricorde, se fait pauvre parmi les pauvres, se réduit à la plus extrême des pauvretés, jusqu’à être ignoré et oublié? Comment répondrons-nous à un tel amour?

3-3-2-Les pauvres de cœur

Jésus, vivait à Nazareth, travaillait parfaitement son métier d’artisan, d’artisan consciencieux, soucieux de satisfaire sa clientèle. Jésus travaillait dur, mais Il savait prendre le temps de prier, de louer le Père, d’aider sa mère ou les voisins et la famille. Jésus, à Nazareth, était pauvre mais pas prolétaire. Toujours confiant en la Providence, Il avait le nécessaire pour vivre. Jésus savait aussi se reposer et prendre des vacances, les vacances du peuple juif, les longues fêtes, comme celle des tabernacles qui durait plusieurs jours et durant laquelle l’on se retrouvait sous les huttes de branchage, pour pique-niquer tous ensemble, et surtout pour louer le Seigneur ou aller L’adorer dans le Temple. Et bien sûr, Jésus respectait le jour sacré du Sabbat.

Il faut regarder Jésus pour comprendre la pauvreté, la pauvreté des cœurs purs qui se confient à la Providence, la pauvreté des simples qui ne thésorisent pas mais qui savent que Dieu ne les laissera jamais manquer du nécessaire, à condition, bien sûr, qu’ils se conduisent en intendants fidèles et courageux. Extraordinaire leçon pour nous qui vivons dans un monde tellement prévoyant, ne comptant que sur nous, et toujours si inquiets... Il convient cependant d’ajouter ici, qu’il est nécessaire d’être suffisamment raisonnable pour ne pas devenir une charge pour les autres.

3-3-3-Nous sommes tous les préférés de Dieu dans son Corps Mystique

À toutes les âmes mystiques et saintes, Jésus dit: “Tu es ma préférée.” Comment le Dieu-Juste peut-il avoir des préférences, des âmes privilégiées? Comment peut-on comprendre ce qui, dans un premier temps, nous apparaît comme une injustice. Mais n’avons-nous pas vu plus haut que toutes les âmes, toutes sans exception, sont les préférées du Seigneur, ses privilégiées si on les considère à leur place dans le Corps mystique du Christ?

L’Église est le Corps du Christ, son Corps mystique. L’Église est le Corps dont le Christ est la tête et le Cœur, et dont nous sommes les membres. Tous les membres sont utiles dans un corps; mieux, ils sont tous nécessaires. Chaque membre, à sa place, est indispensable et irremplaçable. Les composants de chaque membre, tous, -même le plus petit ou le plus insignifiant des composants- sont indispensables, et irremplaçables. Les membres, parties intégrantes du Corps, ne peuvent donc vivre convenablement que si tous les composants du Corps sont à leur place, intacts et en parfait état de fonctionnement. Un seul élément est-il déficient, et le corps tout entier souffre.

Dans l’Église, Corps du Christ, tous les membres, c’est-à-dire toutes les âmes ont leur fonction propre. Chaque âme, à sa place, répondant pleinement à sa vocation, celle que le Créateur a voulue pour elle, est la seule à pouvoir répondre à l’attente du Seigneur. A cette place, elle est la préférée, la privilégiée. Cette âme privilégiée, cette âme préférée, indispensable car voulue et aimée de Dieu, est la seule à pouvoir répondre à l’attente du Seigneur. Si, pour une raison ou pour une autre, elle manque à sa vocation, si elle refuse l’Amour, alors le Corps entier souffre, la perte est immense, et le Cœur de Jésus pleure car c’est son Amour qui est blessé. 

Regardons et contemplons le Corps mystique du Christ: l’Église. Sa construction admirable est le pont que Jésus bâtit sans cesse pour relier les mondes spirituels et notre monde matériel et sensible. Nous voyons toutes les âmes à leur place, répondant à leur vocation propre, celle que de toute éternité Dieu a pensée pour chacune, cette vocation à laquelle chaque âmes se prépare sur la terre en vivant avec le Seigneur, en répondant à ses appels, en se repentant de son péché si par malheur elle est tombée, en se convertissant à l’Amour. Et chacune des âmes que Dieu crée et façonne avec tant d’Amour, tant d’application, tant de délicatesse jusque dans ses moindres détails, chacune des âmes, est la préférée du Seigneur, sa privilégiée pour la place qu’Il lui destine dans l’éternité.

Chaque âme est utile et irremplaçable, chaque âme est la préférée du Seigneur. Que d’Amour! Ah! oui, nous devons répondre aux appels du Seigneur, à notre vocation propre, et chanter son Amour. Chaque âme a sa partition, celle qui a été préparée pour elle, de toute éternité. Dès aujourd’hui, sur cette terre, il nous faut l’apprendre avec beaucoup de soin et d’application, car chacun d’entre nous doit se préparer à devenir capable de chanter la gloire de Dieu et ses merveilles, sa bonté et son amour.

3-3-4-La réparation

Maintenant nous comprenons combien le péché est désastreux dans l’harmonie parfaite du Corps mystique. Nous comprenons aussi le vrai sens du mot “réparation”.  Maintenant nous connaissons les répercussions néfastes du péché sur l’ensemble du Corps. Le péché, c’est un accident sur un composant, et ce composant défaillant dérègle le fonctionnement du Corp tout entier. Il faut vite le réparer, ou le remplacer si les dégâts sont trop importants. Le péché a blessé une âme préférée. Si elle accepte la réparation, elle sera alors réintégrée à sa place: mais en attendant l’ensemble aura souffert, et pour rétablir l’harmonie parfaite voulue par le Créateur, il faudra toute la compétence et l’Amour de l’Ingénieur-Concepteur. Il faudra la Rédemption que seul Jésus, le Verbe de Dieu, la deuxième Personne de la Sainte Trinité pouvait accomplir. Il faudra aussi que les autres âmes se réadaptent à la nouvelle situation, en réparant, là où elles sont, et selon leur vocation propre, les dysfonctionnements induits par le péché.

Ainsi le mot “réparation” retrouve toute sa noblesse et sa valeur. L’aspect réparation, en particulier lié à certaines dévotions au cœur de Jésus blessé par nos fautes et nos manques d’amour, perd sa tonalité doloriste, voire morbide que certains lui avaient donnée à la fin du XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe, pour retrouver sa valeur positive et enthousiasmante. Celui qui, à son niveau, répare les dégâts commis par le péché du monde, participe à la reconstruction, à la re-création du Corps et console Jésus, dont la Passion a permis la Réparation du Corps tout entier. Quant aux petites réparations locales, elles seront effectuées par les âmes privilégiées et désireuses de s’associer à l’œuvre de la Rédemption, “achevant en leur chair, ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son Corps qui est l’Église.”

3-3-5-Pour rétablir l’équilibre rompu

Nous commençons à mieux appréhender la vraie nature de la souffrance. La souffrance, c’est d’abord et toujours, la conséquence inévitable du péché. La souffrance n’est pas voulue par Dieu, c’est l’œuvre de l’ennemi qui savait très bien, lui, ce qui se passerait quand l’harmonieux équilibre de la création serait détruit. L’équilibre rompu de la création génère automatiquement des distorsions, donc des douleurs, des souffrance. Pour rétablir l’équilibre rompu, il faut d’abord réparer les pièces abîmées ou cassées, puis les remettre à leur place, et replacer aussi, et correctement, les pièces voisines qui avaient été déplacées, écartelées ou froissées. Et cela fait toujours mal, parfois très mal.

Prenons un nouvel exemple: quand il y a une panne sur une grosse machine de travaux publics, ou quand une pièce est un peu déplacée, les ouvriers  tapent dessus, très fort. Mais quelle satisfation et quelle joie quand tout est rentré dans l’ordre et quand la machine peut recommencer à tourner, à bien fonctionner, à faire ce pour quoi elle était faite!... Quand elle peut enfin recommencer à répondre à sa vocation.

Il en est de même de la souffrance humaine, et surtout de la souffrance des saints. La souffrance des hommes c’est comme ce qui accompagne la réparation d’une merveilleuse machine qu’on aurait déréglée ou cassée. Les pièces mauvaises doivent être parfois remplacées si elles s’obstinent à refuser la miséricorde divine, ou réparées si, repentantes, elles renoncent à leurs péchés. Et la souffrance des saints, c’est l’effort nécessaire que doivent assumer les pièces saines mais voisines des pièces défectueuses, pour maintenir l’ensemble dans une certaine cohérence et stabilité.

3-3-6-La souffrance des saints: notre petite quote-part

La souffrance des saints, c’est, dans un ensemble vivant et solidaire, l’écartèlement, localisé et douloureux, que doivent supporter les éléments sains, écartèlement indispensable à la remise en place des éléments blessés et maintenant réparés ou en cours de réparation. La souffrance des saints, c’est l’énergie nécessaire qui doit être fournie pour permettre le redémarrage de la machine et l’achèvement de la construction, en l’occurrence ici, de la construction et de l’achèvement du Corps mystique. Cette souffrance des éléments saints est inévitable et indispensable et seuls les saints, ou ceux à qui le Seigneur le demande, peuvent comprendre cette merveille.

La nécessité de la souffrance et sa valeur n’ont pas été perçues tout de suite dans l’humanité, et Job en est l’exemple typique. Il faudra attendre Jésus pour comprendre que c’est par ses souffrances qu’Il nous a rachetés. Les apôtres comprendront combien la réparation du Corps est douloureuse, eux qui ont accepté le martyre derrière leur Maître. Et Saint Paul expliquera, dans une phrase lapidaire, ce qui était accepté, mais pas encore vraiment compris:

“J’achève en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son Corps qui est l’Église.” Cela ne signifie pas que Jésus ne nous ait pas complètement rachetés et sauvés, mais tout simplement que nous devons, nous les pécheurs, donc les responsables du désordre, apporter notre petite quote-part à l’œuvre de la Rédemption, aux côtés de Jésus et de Marie, la Corédemptrice. Le Corps mystique et la Création blessés par le péché, ont subi des distorsions et des dysfonctionnements graves qui peuvent être réparés grâce aux mérites de la Croix du Christ. Mais, dans une machine, lorsqu’une pièce est réparée et prête à de nouveau bien fonctionner, il n’est pas toujours facile de la remettre en place. Pour la remettre exactement dans ses rouages, il faut souvent pousser les autres pièces, les bousculer, ou tordre un peu une ou plusieurs pièces voisines, ou écarter momentanément certains éléments. Cela demande généralement des outils spéciaux, et ne se réalise pas sans de grands efforts. Alors, il faut que chacun collabore, s’étire ou se resserre un peu, pour permettre la réparation complète. La souffrance des innocents, c’est un peu cela: ils doivent parfois subir des sévices à cause des fautes ou des erreurs des autres.

L’innocent qui souffre avec Jésus, c’est un peu l’outil spécial qui aide le mécanicien à insérer, visser, serrer, rôder les pièces réparées qu’il doit remettre en place. Le travail de cet outil spécial n’est pas toujours facile; il est même souvent assez pénible. Mais quand tout est de nouveau à sa place, prêt à fonctionner, l’outil spécial, et docile, qui est toujours dans la main du mécanicien, contemple l’ouvrage auquel il a participé, mû par une volonté et une intelligence qui n’étaient pas les siennes mais dont il n’a pas gêné l’action réparatrice. Il contemple, et il est content. On pourrait même imaginer qu’il est plus que content, heureux, et naturellement désireux de participer à une nouvelle tâche salvatrice.

Pourquoi la souffrance, que tout le monde a tendance à rejeter, est-elle désirée, voire ardemment désirée par les saints et les “âmes-victimes”? C’est que ces saints, ces âmes-victimes, sont comme l’outil spécial dont on vient de parler. Pauvres et petits devant Dieu, abandonnés entre les mains de Jésus qu’ils aiment par-dessus tout, ils commencent par se laisser faire pour n’être plus que des instruments aimants, intelligents mais dociles entre les mains de l’Amour. Le travail à accomplir est souvent bien pénible, mais Jésus les soutient, les porte, et parfois leur permet de contempler son Œuvre: une âme, vient d’être sauvée, le Corps du Christ se reconstruit dans son harmonie primitive. C’est beau, et c’est bon... Alors, la petite “âme-victime”, émerveillée par la bonté de Dieu, ne souhaite plus qu’une chose: être de nouveau dans les mains du divin Mécanicien pour “L’aider” à réparer et sauver d’autres âmes.

Elle sait, par expérience, que ce sera douloureux, mais elle ne peut que souhaiter les souffrances qui, achevant la Rédemption du monde, seront aussi la consolation que recherchait Jésus, que recherche toujours Jésus à Gethsémani, dans l’éternel présent de son éternité. 

3-3-7-Heureux ceux qui sont persécutés...

Il est des souffrances étonnantes, apparemment inclassables, que tous les siècles ont connues depuis la venue de Jésus sur la terre: ce sont les persécutions toutes catégories.

Pourquoi toujours des persécutions?

Nous sommes obligés de constater que Jésus, depuis qu’Il est venu sur la terre, a toujours été martyrisé, persécuté. Jésus a toujours été persécuté, soit directement pendant sa Passion, soit dans les membres de son Église. Il apporte l’amour, Il apporte la paix, Il vient nous partager le bonheur de Dieu, et les hommes refusent ses dons. Pire, on persécute ceux qui Le suivent et qui veulent, avec Lui, partager l’amour qu’Il nous donne. Et cela, dans tous les pays du monde et durant tous les siècles. Partout où son Église vient apporter ses bienfaits, on la persécute et on tue ses enfants. Mais pourquoi? Pourquoi persécuter et tuer ceux qui ne désirent que le bien et le bonheur de leurs frères? Pourquoi??? Est-ce donc si mal de vouloir le bien et l’Amour de Dieu?

C’était le soir du premier Jeudi-Saint, et Jésus était à Gethsémani.

Ce soir-là, Jésus avait pris sur Lui le poids du péché du monde; ce soir-là, Jésus combattait Satan et ses tentations perverses; ce soir-là, Jésus sauvait le monde: Il était le Rédempteur, et la Miséricorde. Ce soir-là, Jésus faisait la volonté du Père et accomplissait dans sa plénitude les desseins de Dieu-Trinité. Mais l’épreuve était si terrible que Jésus appela le Père pour qu’Il éloignât le Calice. Le Père ne pouvait pas éloigner le Calice: la souffrance du Fils, c’était une décision trinitaire, et Jésus-Fils était partie prenante de cette décision. Mais le Calice était trop amer pour le Fils incarné et le Père envoya à Jésus le Calice de sa Consolation. Dans le Calice de la Consolation de Jésus qui ne pouvait pas avoir de consolateur à Gethsémani, il y avait toutes les âmes que son Sacrifice avait sauvées. Toutes, sans exception...

Les saints sont toujours dans la Coupe de la consolation de Jésus, très proches de son Cœur et ses peines sont les leurs. Mais ce sont les peines de Gethsémani, quand Jésus pleure sur les âmes de ses enfants qu’Il aime... Est-ce tellement étonnant que les chrétiens soient si souvent persécutés?

On peut se demande pourquoi c’est seulement à l’Église que l’on s’attaque, et  jamais aux sectes, jamais à ceux qui sèment le mal et la détresse, jamais aux méchants, jamais à ceux qui répandent le désespoir, et la guerre, et les famines... Oui, pourquoi? Pourquoi tant d’hommes choisissent-ils, parfois délibérément le malheur, car le mal, c’est le malheur. Terrible et redoutable mystère que celui de notre liberté! Comment le comprendre? Comment même l’imaginer?

Jésus nous a donné, un jour, une mystérieuse parole qu’Il présenta comme une béatitude: “Heureux serez-vous quand on vous maudira, qu’on vous persécutera, qu’on dira faussement toute sorte de mal de vous à cause de moi! Réjouissez-vous alors, et tressaillez d’allégresse, car votre récompense est grande dans le Ciel!” Le pape Jean-Paul II, lors d’un de ses voyages en Pologne, nous rappela: “Dieu veut que nous soyons heureux en observant ses commandements.” Les Béatitudes proposées par Jésus sont rappelées dans l’Évangile selon Saint Matthieu. Or l’une d’entre elles dit: “Heureux ceux qui sont persécutés pour le Royaume!” Jésus précise: “Heureux serez-vous si l’on vous persécute, si l’on dit toutes sortes de mal de vous à cause de Moi. Réjouissez-vous alors, et tressaillez d’allégresse...”

C’est très clair: pour l’Église du Christ il y a deux dangers, deux sortes de persécutions: les persécutions violentes et visibles, et les persécutions invisibles mais tellement insidieuses. Heureux! Oui heureux ceux qui peuvent garder la foi dans ces conditions. Heureux les martyrs qui savent donner leur vie pour l’amour de Jésus! Heureux aussi ceux à qui Dieu donne la force de marcher à contre courant des idées émises et instillées sans cesse, par des moyens aussi pernicieux qu’efficaces, dans notre société permissive, soi-disant libre, mais tellement et si violemment athée, et tellement prisonnière de ses plaisirs et de ses monstrueuses erreurs. Ceux qui restent fidèles au Christ malgré toutes les persécutions, ceux-là sont bienheureux.

Prière

Nous Te chantons Jésus! Nous Te chantons même si nos cœurs pleurent, même si nos larmes coulent. Car Tu nous as appris à être heureux, parfois, quand nous nous sentons malheureux.  Tu nous as dit: “Bienheureux ceux qui pleurent... ils seront consolés.” Laisse-nous ajouter:

“Bienheureux ceux qui chantent, bienheureux ceux qui savent être heureux sur la terre, car ils remplissent de joie le cœur de Dieu et les cœurs de leurs frères. Bienheureux les cœurs joyeux, car ils reflètent Dieu.

Bienheureux les cœurs purs qui rient dans la clarté de Dieu, ils libèrent le cœur de leurs amis.

Bienheureux les cœurs qui chantent, car ils aiment leur Dieu.

Bienheureux les cœurs donnés, les cœurs offerts qui ne cherchent que Dieu: ils connaîtront la joie intense d’être comblés de Dieu...

Bienheureux ceux qui aiment, car ils seront aimés.

Bienheureux ceux qui sont toujours contents, toujours contents de Dieu et de leurs frères, ils connaîtront la joie de Dieu et la joie en Dieu.

Bienheureux ceux qui sont heureux en Dieu, car là est le vrai bonheur.”

Bienheureux ceux qui laissent couler en eux la fontaine de joie, ce don merveilleux qui réjouit le cœur de l’homme en réjouissant le Cœur de Dieu.

La Fontaine de joie, don du ciel, don de Dieu, l’Évangile n’en parle pas beaucoup, mais Toi, Jésus, Tu as dû aussi être heureux dans Ton cœur, dans ta vie. Toi aussi Tu as dû être heureux quand Tu rencontrais le Père dans le secret, sur la montagne, quand Tu souriais à ta Mère, quand Tu aidais Joseph. Toi aussi Tu as dû être heureux quand Tu pensais à ce que deviendraient un jour tes apôtres, lorsque, revenus de leurs péchés, ils sauraient accepter le martyre, pour Te prouver leur amour, leur foi et leur confiance.

Bienheureux aussi ceux qui sont capables d’être heureux dans leur cœur même quand leur être saigne... Qui peuvent rester heureux dans leur cœur et dans la foi, même quand tout semble s’écrouler autour d’eux.

Jésus, Tu aimes les gens heureux, les gens heureux de Toi, les gens heureux de Ton Amour, les gens heureux de Dieu.

Bienheureux les cœurs purs et heureux: ils verront et chanteront Dieu. Ils chanteront l’extraordinaire partition de l’Amour, de l’Amour qui est Dieu. L’Amour qui nous fait dire: “Je T’aime.”

Et quand l’Homme entre dans l’Amour, et vit d’Amour, alors les souffrances s’estompent en prenant tout leur sens, et l’âme stabilisée, équilibrée, plongée dans l’Amour, transformée en Amour par l’Amour, trouve sa vraie raison d’être: l’Amour.

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