Méditation devant
un tabernacle
Jésus, nous savons que
Tu es là, dans ce tabernacle. Nous le savons parfaitement, et pourtant, parfois,
il
nous faut ranimer notre foi. C’est vrai, Tu prenais un risque énorme quand Tu
as inventé l’Eucharistie. Tu savais qu’un jour arriverait où les hommes ne
croiraient plus en ta présence, cachée mais réelle; beaucoup prétendraient même
que les hosties consacrées ne sont que du pain partagé, rien de plus, et Tu
savais aussi qu’on Te traiterait comme tel. Et qu’on laisserait aussi sans
entretien, dans de nombreux endroits, les lieux où Tu habites et où Tu nous
attends.
Jésus, Tu savais qu’un
jour, quand la foi des chrétiens se serait refroidie, on Te laisserait seul dans
tes tabernacles, on T’oublierait, ou bien on Te mépriserait comme cela arrive
parfois quand on utilise une petite chapelle comme débarras, Toi présent! Tu
savais qu’il y aurait des sacrilèges envers Toi. Jésus, Tu savais, et pourtant
Tu as pris ce risque énorme de rester parmi nous, mais caché et comme
impuissant.
Un jour, Jésus, Tu as
dit: “Bienheureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux.”
Aujourd’hui, dans les tabernacles de la terre, ta pauvreté, ou du moins celle
que les hommes T’imposent, est incroyable. Mais entre nous, Jésus, Tu l’as un
peu voulu: pourquoi Te laisses-Tu faire ainsi, sans jamais rien dire, sans
jamais réagir? Sans jamais Te montrer ni Te manifester... Tu sais pourtant que
les hommes sont des êtres sensibles et qu’ils ont besoin de voir, d’entendre, de
sentir, de toucher... Alors pourquoi ton silence? Pourquoi restes-Tu, Jésus,
dans cette pauvreté extrême?
Cœur de Jésus présent
dans l’Eucharistie, Cœur Eucharistique de Jésus, pourquoi restes-Tu caché et
comme démuni de tout moyen humain, alors que Tu es affamé d’amour, que Tu as
soif de nos âmes? Pourquoi une telle pauvreté de moyens alors que Tu es le Tout
Puissant, que Tu nous aimes, que Tu veux que nous T’aimions, que Tu as faim et
soif de notre amour? Et que, même s’ils ne le savent pas, les hommes
d’aujourd’hui Te cherchent et ont faim et soif de toi? Oui, pourquoi, pourquoi?
Seigneur, viens affermir notre foi...
Jésus, nous sommes
devant Toi, devant ton tabernacle. Nous croyons T’aimer et nous T’adorons, mais
ta pauvreté nous bouleverse, et nous nous redisons:
“Bienheureux les pauvres
de cœur, ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des cieux est à eux.”
Le Royaume des cieux
est à eux!!! Mon Dieu, est-ce là la clé du mystère? Jésus, Tu es là, présent
parmi nous, dans une pauvreté totale, mais Tu possèdes le Royaume des Cieux, Tu
es même le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. Mais ta Royauté n’est pas de
ce monde, elle est bien au-dessus de tous les mondes créés. Ta Royauté est
immense, infinie; bien au-delà de tous nos désirs terrestres, de toutes nos
petitesses humaines. Ta Royauté, Jésus, elle est d’un autre ordre, et tous les
honneurs de la terre ne sont que des misères à côté de ta Pauvreté qui est, en
fait, la manifestation de ton immense richesse, immense et éternelle.
Ta Pauvreté sur terre,
Jésus, c’est ta richesse. Quel mystère!
La pauvreté de Dieu,
sur la terre, c’est sa richesse! Quelle leçon veux-Tu donc nous donner, Jésus?
Tu vois, tes façons de faire sont déroutantes tant elles vont à l’encontre de
nos façons de penser et de juger... Et, en plus, Tu veux que nous Te consolions!
Alors que c’est nous qui, le plus souvent, aurions besoin d’être consolés.
Jésus! Tu es le Tout
Puissant, le Créateur, nous dépendons entièrement de Toi; sans Toi, nous ne
sommes rien et nous ne pouvons rien, c’est une évidence. Nous ne sommes que d’ultra-minuscules
étincelles de ton Amour, que Tu as créées libres pour qu’elles puissent T’aimer,
et nous allons jusqu’à refuser cet amour que Tu réclames de nous, cet amour qui
pourtant nous rendrait heureux. Jésus! Quel mystère!
Oui quel mystère
extraordinaire que l’Amour, pour que Dieu Lui-même souffre de n’être pas aimé
par ceux qu’Il aime!
Quel mystère
extraordinaire pour que le Fils de Dieu soit venu Lui-même sur terre pour nous
faire comprendre ce mystère de l’Amour!
Quel mystère
extraordinaire que l’Amour de Dieu pour nous, pour que Jésus ait pris notre
nature humaine, ait vécu chez nous, comme nous, mais dans la pauvreté, et qu’Il
ait accepté de mourir sur la Croix. Et qu’Il ait, avant de mourir, vécu une
agonie dont l’unique cause était notre manque d’amour. Et ses conséquences, pour
nous, bien sûr!
Quel mystère
extraordinaire que l’amour de Jésus, qui a voulu rester avec nous, malgré toutes
nos ingratitudes, dans les tabernacles du monde où son Cœur Eucharistique attend
des consolateurs qu’Il ne trouve pas! Pauvreté du Cœur Eucharistique de Jésus!
Pauvreté de Dieu, épreuve pour notre foi!
Jésus, nous
contemplons ta pauvreté, la pauvreté de Dieu manifestée dans ton Eucharistie,
dans ton Cœur Eucharistique. Nous Te contemplons Jésus et nous croyons
T’aimer... Mais si souvent nous doutons: Tu es si pauvre dans ton Eucharistie...
Es-Tu vraiment là, présent? Oh! Jésus, viens conforter notre foi!
Jésus, nous Te
contemplons devant ton tabernacle, nous contemplons ta pauvreté. Nous Te
contemplons aussi à Gethsémani... Et nous nous disons que le prophète n’a
certainement pas bien regardé quand il a mis dans ta bouche, Jésus, cette phrase
bouleversante: “J’ai cherché des consolateurs et je n’en ai pas trouvé!”.
Aurait-il donc oublié toutes les âmes qui se trouvaient dans la Coupe de ta
consolation? Il faut dire, à sa décharge, qu’il aurait fallu qu’il ait de très
bons yeux, ce prophète, pour apercevoir les toutes petites âmes contenues dans
la coupe de ta consolation, ces petites fleurs insignifiantes et cachées dans
les cailloux ou les quelques rares herbes qui se trouvaient là, à tes pieds, à
Gethsémani, le soir de Gethsémani, quand Judas était en train de Te trahir, et
quand Pierre n’allait pas tarder à Te renier!...
Jésus, nous sommes
émerveillés! Tous nous pouvons devenir des saints, des petites fleurs de ta
consolation. Tu nous as créés pour cela, pour être heureux avec Toi, en Dieu,
pour devenir les saints dont Tu as besoin pour construire ton Corps mystique.
Jésus, depuis toute éternité, dans ton Amour Tu nous as tous pensés et aimés,
Tu nous veux pour ta consolation, pour consoler ta pauvreté et ta vulnérabilité
de Dieu-Fils à Gethsémani et dans tes tabernacles.
Cœur Eucharistique de
Jésus, sommes encore devant ton tabernacle, et nous Te contemplons en silence.
Notre esprit terrestre ne comprend pas très bien, mais une lumière nouvelle nous
éclaire. Seigneur, Tu es donc venu en aide à notre manque de foi? Oui, vraiment,
nous croyons: ta pauvreté, la pauvreté de Dieu, c’est ta grandeur, c’est ta
puissance, et c’est aussi ta force et ta richesse. Seigneur, nous croyons en
Toi. Continue à faire grandir en nous la foi, Seigneur nous Te prions...
De multiples saints,
mystiques, théologiens, ont médité sur l’institution de l’Eucharistie et sur
l’offrande de
Jésus. Tout aurait donc été dit sur ce mystère infini de Jésus se
donnant aux hommes, s’offrant au Père pour le salut de tous les hommes? Ce n’est
pas possible, car les hommes sont tous finis, et ce qui est fini ne pourra
jamais contenir l’infini. C’est la raison pour laquelle, nous aussi, nous allons
essayer de surprendre quelques secrets du Cœur de Jésus instituant
l’Eucharistie...
Tout est paix et
silence dans la salle du Cénacle. Les apôtres, après le lavement des pieds sont
comme subjugués: ils sont terrassés, écrasés. Ils ne comprennent pas les
derniers enseignements de Jésus, mais ils se taisent; une adoration profonde
s’est comme emparée d’eux et les anéantit. Ils regardent leur Seigneur avec une
intensité inhabituelle, ils Le contemplent et semblent jouir de son amour. Ils
voudraient demeurer là toute l’éternité...
“Seigneur, il nous est bon d’être
là...”
Mais voici que le
Seigneur se penche vers la coupe remplie de vin et le pain qu’Il a fait apporter
après le repas pascal. Jésus, paraît prier sur ces espèces. Puis Il contemple
longuement ses disciples de son regard pénétrant et tellement plein d’amour, et
Il murmure: “Si vous saviez combien J’ai désiré manger cette Pâque avec vous
avant de souffrir!... Jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit
accomplie dans le Royaume de Dieu.” Un long silence suit, puis Jésus saisit
le pain, l’élève, et Il rend grâce au Père...
Voici que le Seigneur
est comme transformé; son Corps est devenu diaphane, presque lumineux et d’une
beauté exceptionnelle. Les apôtres se taisent toujours: ils adorent... ils
adorent leur Maître, ils L’aiment, et ils sont heureux... immensément heureux!
Jésus a saisi le pain
et rend grâce au Père. Il bénit le pain d’un grand signe que les apôtres ne
connaissent pas, comme une sorte de croix. Enfin Jésus rompt le pain en disant:
— Prenez et mangez en
tous, et mangez-en tout: ceci est mon Corps qui va être livré pour
vous et pour tous les hommes en rémission des péchés. Mon Corps est vraiment le
pain du Ciel que Je vous ai promis. Qui mangera ce pain n’aura plus jamais faim.
Jésus partage les deux parties du pain qu’Il a déjà coupé en deux, en douze
morceaux qu’Il tend à ses apôtres. Les disciples mangent cet excellent pain,
sans comprendre, et regardent Jésus qui a conservé devant Lui le dernier
morceau: Jésus ne touche pas à ce douzième morceau...
Les apôtres ont
remarqué que Jésus ne mangeait pas le dernier morceau et pensent, sauf Pierre
et Jean qui savent, qu’Il le réserve pour Judas...
Maintenant Jésus prend
la coupe. De nouveau Il rend grâce, longuement. Jésus pleure dans son Cœur, mais
les apôtres n’ont pas l’air de s’en apercevoir. Jean, par contre, regarde le
visage de Jésus presque lumineux. Mais, comme il a déjà vu Jésus transfiguré, il
ne s’étonne plus: il se contente d’aimer son Maître adoré. Comme son Maître,
Jean semble en extase: que voit-il, là-bas où son regard s’attache. Voit-il ces
milliers de prêtres entourant Jésus, et qui semblent ne faire plus qu’un avec
Lui? Voit-il ces millions de prêtres qui offrent avec Jésus son Corps et son
Sang, et qui boivent le Sang de l’Agneau?
Jean demeure fasciné,
comme dans une extase inconnue qui le saisit tout entier... Jésus, devenu
Lumière, ne fait qu’un avec la foule des prêtres de tous les temps... Mais
l’Heure approche. Jésus, après avoir béni la coupe, et l’avoir offerte au Père,
la montre aux apôtres en disant:
— Prenez cette coupe
qui renferme mon Sang, mon Sang livré pour vous et pour la multitude en
rémission des péchés. Buvez le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, le Sang
de l’Agneau de Dieu, immolé pour le salut de tous les hommes. Prenez et buvez-en
tous car ceci est vraiment mon Sang déjà versé pour vous...
Jésus s’arrête un
court instant, puis ajoute:
— Voici que je suis
avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps.
La coupe circule...
Chaque apôtre boit une petite gorgée de vin, et s’absorbe, comme enveloppé dans
une béatitude inconnue, dans une curieuse et pesante contemplation: qu’ont-ils
vu, qu’ont-ils senti? Aucun n’a jamais rien révélé de cette grâce immense...
Ont-ils vu Jésus transfiguré une nouvelle fois? Probablement, mais ils ne nous
l’ont pas dit. En ont-ils parlé plus tard, entre eux, après la Résurrection de
Jésus, et au cours de leurs longues courses apostoliques? Certainement, mais
sans s’y attarder, car ce qui comptait le plus pour eux, c’était d’abord et
avant tout, la transmission du message évangélique. Et certaines grâces qui
transforment une vie sont trop grandes, trop puissantes et de plus trop intimes
pour être divulguées...
Quand les onze amis de
Jésus revinrent à eux, Jésus reprit la parole:
— Vous venez de vivre
l’instant le plus solennel de votre vie. Ce que Je viens de faire, Je vous
ordonne de le faire, vous aussi, en mémoire de Moi. Et chaque fois que vous
bénirez et consacrerez le pain et le vin comme Je viens de le faire, Je serai au
milieu de vous, Je serai avec vous, Je serai vous. Chaque fois que vous mangerez
et boirez le pain et le vin consacrés, comme Je viens de le faire, et en mémoire
de Moi, vous annoncerez ma mort, la mort de votre Seigneur, jusqu’à ce que Je
revienne. Vous annoncerez aussi ma prochaine Résurrection.
Les apôtres boivent
les paroles de Jésus, mais ne comprennent pas. Certains pensent par devers eux:
— Seigneur, ne
pourrais-Tu pas ne pas partir? Mais si Tu dois absolument partir, oh! reviens
vite... Comment pourrions-nous vivre sans Toi, sans Toi qui a les paroles de la
vie éternelle? Et puis, souviens-Toi, Tu nous as dit que Tu ne nous laisserais
pas orphelins.
Jésus semble ne rien
entendre de la plainte de ces cœurs aimants mais trop humains, et poursuit son
enseignement:
— Beaucoup de mes
petits viendront à vous, tout au long des siècles, pour manger mon Corps et
boire mon Sang. Et c’est vous et vos successeurs qui les leur donnerez. Mon Pain
de Vie et la Source vive de mon Sang se multiplieront à l’infini entre vos mains
consacrées. Mon Corps est la vraie nourriture et mon Sang est le vrai breuvage.
Je suis la force des faibles, la gloire des humbles, la douceur des violents
amoureux de Dieu. Tous les hommes pourront Me recevoir dans le pain et le vin
que vous consacrerez. Mais n’oubliez jamais que mon Corps et mon Sang sont la
sainteté de Dieu. Veillez donc à ne pas jeter les perles aux pourceaux. Car
quiconque mangera et boira indignement le pain et le vin du Seigneur, sans
discerner sa Présence, mangera et boira sa propre condamnation.
Les apôtres qui n’ont
pas compris, se regardent, interrogatifs. Jésus, toujours au milieu de ses
apôtres, prie de nouveau le Père:
— Père, l’Heure est
venue: glorifie ton Fils afin que le Fils Te glorifie et que, par le pouvoir que
Tu Lui as donné sur toute chair, Il donne la vie éternelle à tous ceux que Tu
lui as donnés. Père, la vie éternelle, c’est qu’Ils Te connaissent, Toi, le seul
vrai Dieu, et qu’ils Me connaissent aussi, Moi, ton Fils, ton Unique, que Tu
leur as envoyé. Qu’ils sachent que, qui Me voit, Te voit aussi, Père avec qui Je
suis Un dans l’unité de l’Esprit d’Amour. Qu’ils sachent que l’Esprit d’Amour
nous unit dans l’ineffable Trinité de Dieu que Nous sommes, Dieu unique et vrai,
seul Créateur, seul éternellement Vivant.
Les apôtres ne
comprendront que plus tard, bien plus tard, ces paroles incroyables. Pour
l’instant, ils n’ont retenu qu’une chose: l’Heure dont leur Maître leur a si
souvent parlé est arrivée. Les apôtres ont peur et n’osent plus rien dire: ils
attendent et écoutent... Le Cœur de Jésus bat plus fort, plus douloureusement
aussi. Jean pleure silencieusement sur le Cœur de Jésus, sans savoir pourquoi:
il se sent pourtant si heureux. Jésus contemple ses apôtres et les enveloppe
d’un extraordinaire regard d’Amour. Ce n’est pas un amour d’homme, c’est
vraiment l’Amour de Dieu qui est là, emplissant tous les cœurs de bonne volonté.
— Père, déjà Je ne
suis plus du monde, et eux non plus ne sont plus du monde. Mais ils doivent
rester dans le monde. Père, Moi Je vais vers Toi, garde-les dans ton Amour afin
qu’ils soient UN comme Nous.
Curieusement les
apôtres, sans même s’en apercevoir se sont donné la main, faisant entre eux
comme l’embryon d’une chaîne humaine, et Ils prient:
— Notre Père, qui es
aux Cieux.
Jésus sourit:
— Père, qu’ils soient
toujours un, Moi en eux, et eux en Moi, afin que leur unité soit parfaite et que
le monde sache que Tu m’as vraiment envoyé, et que Tu les aimes comme Tu M’as
aimé.
Jésus contemple ses
amis et les laisse prier. Puis brusquement Il se lève en disant:
— Partons d’ici, vite!
Je dois aller au Rendez-vous de l’Amour, au Jardin des Oliviers. C’est l’Heure!
C’est mon Heure!
Jésus sort, suivi des
ses onze apôtres: tous s’en vont là où le Père les appelle. Les apôtres ne le
savent pas encore, ils sauront plus tard, après la Pentecôte...
Esprit-Saint, Esprit
d’Amour du Père et du Fils, emplis nos cœurs de ton Amour, car tout est toujours
trop grand pour les pauvres hommes que nous sommes.
Dieu est UN, unique.
Dieu-UN est Père, car c’est de Lui que tout vient, que tout est créé. C’est sa
Parole, son Verbe qui crée, et cette Parole, c’est son Fils qu’Il engendre
éternellement en Le disant. La Parole du Père, c’est le Fils, Parole du Père qui
de toute éternité vient du Père, et retourne au Père dans un tourbillon d’amour
Infini et Éternel, l’Esprit.
Dieu est UN dans le
Père dont le Verbe est le Fils. L’Esprit Commun au Père et au Fils scelle
éternellement l’unicité de Dieu et l’unité de son Esprit. Dieu Un, Père qui se
dit par sa Parole: le Fils, dit une première parole: “Que le monde soit!” Et il
en fut ainsi, et le monde exista, la Création fut “fabriquée”. Et c’était très
bon! Mais, pour aller plus loin et semer de l’amour dans la Création matérielle,
Dieu fit l’Homme à son Image et à sa ressemblance. Et Dieu dit sa deuxième
Parole, destinée à l’Homme, pour le rendre heureux:
“Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu... et ton prochain comme toi-même.”
Dieu est UN, Dieu est
Amour et l’Amour jaillit éternellement de Lui. Et l’Homme, s’il le veut, peut
vivre en Dieu et de l’Amour de Dieu. Et l’Homme peut être heureux, ou aurait pu
être heureux dans l’Amour de Dieu. Mais il y eut le péché et ses conséquences...
Satan a tenté l’Homme par la connaissance: “Si tu manges le fruit de cet arbre,
tu sauras tout, tu seras comme Dieu...” L’Homme mangea et découvrit qu’on
l’avait trompé: au lieu de savoir, il s’aperçut qu’il avait perdu la
connaissance... Et l’Homme est comme perdu, suspendu dans la création entre deux
infinis, l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’Homme a perdu Dieu, et en
perdant Dieu il a perdu la connaissance, il a perdu le bonheur...
C’est à ce moment que
l’on peut se demander s’il n’y a pas une troisième Parole de Dieu:
l’Eucharistie. Jésus dit: “Ceci est mon Corps livré pour vous; ceci est mon
sang versé pour vous.” Et cela fut... Est-ce cette Parole qui répare, la
Parole qui recrée, la Parole qui redonne l’Amour perdu, la troisième Parole de
Dieu, la seule parole de la véritable connaissance mise de nouveau à notre
portée, la Parole de l’Amour? “Ceci est mon Corps livré pour vous. Ceci est
mon Sang versé pour vous. Faites ceci en mémoire de moi.”
L’Eucharistie est-elle
l’épanouissement de la Parole de Dieu? Est-elle l’amplification de la Parole, et
sa multiplication à travers le monde afin de lui redonner vie et connaissance?
L’Eucharistie que Jésus nous donne serait-elle l’Arbre de la Vie et de la
Connaissance enfin retrouvée, mais la connaissance de Dieu, la Connaissance qui
rend humble car elle est réalité de l’Homme dans la réalité de Dieu, vérité de
l’Homme dans la vérité de Dieu? L’Eucharistie de Jésus est-elle sa Parole redite
par une infinité d’échos? Son Eucharistie est-elle sa Parole destinée à pénétrer
dans tous les cœurs? Son Eucharistie est-elle sa Parole résonant dans le monde
entier pour y révéler l’Amour? L’Eucharistie de Jésus est-elle la multiplication
infinie de ses paroles d’Amour? Est-elle la semence merveilleuse qui redonne la
paix et le bonheur à tous ceux qui l’entendent? Est-elle semence de Vie, de sa
vie, la vie de Dieu, dans ce monde de mort?
Jésus vient de nous
donner une extraordinaire leçon d’espérance. De nos jours nous sommes souvent
trop pessimistes en contemplant l’effacement de l’Église, dans tellement de
pays, et particulièrement en France. C’est vrai, on ne peut manquer de se dire
que la France a subi, au cours des siècles, de nombreux assauts démoniaques;
mais, quand Satan semblait vainqueur, Dieu suscitait des saints, et quels
saints! Et les âmes renaissaient. Et l’on peut se dire qu’il en sera
certainement de même pour la France du XXIè siècle, malgré l’indifférence,
l’incroyance du peuple de France, et surtout les marées noires islamistes ou
athées. Mais l’espérance eucharistique est là, solide: l’Église renaîtra par
l’Eucharistie.
Valeur de
l’Eucharistie
Au 19e
siècle, Saint Pierre-Julien Aymard, l’apôtre de l’Eucharistie écrivait:
“Il y
a une relation de vie et d’amour entre Jésus vivant au Sacrement et nous, vivant
au milieu du monde... Qu’on le sache bien, une civilisation grandit ou
décroît en fonction de son culte pour la divine Eucharistie. C’est là la vie
et la mesure de sa foi, de sa charité et de sa vertu. Qu’il arrive donc ce règne
de l’Eucharistie. Assez longtemps l’impiété et l’ingratitude ont régné sur la
terre. Que ton règne vienne!”
Une expression revient
souvent dans la vie spirituelle: nous devons être soumis à la volonté de Dieu et
aux supérieurs qu’Il nous donne. Saint Paul, s’énervant un peu face à des
questions matérielles de son temps, déclara, au sujet des femmes: “Qu’elles
soient soumises à leur mari.”
Quand on oublie le
contexte dans lequel Paul fut amené à écrire ces paroles, on se révolte.
Pourtant, il faudrait toujours ajouter qu’à cette époque, les femmes devaient
être soumises d’abord à leur père, puis, en cas de décès de ce dernier à l’oncle
le plus âgé, ou à son frère aîné s’il n’y avait plus d’oncle; dès lors, on
comprend que les pauvres femmes, une fois mariées, ne savaient plus très bien à
qui elles devaient obéir, se soumettre. “Mais à leur mari!” dit Saint Paul.
Quelle libération pour les femmes chrétiennes!
Et pour nous chrétiens
du XXIe siècle, que signifie cette expression: être soumis à la
volonté de Dieu ou aux supérieurs qui représentent Dieu pour nous? Petite
remarque: soumettre, çà veut dire: se mettre sous, et quand on aime, on ne peut
pas être “sous”. On ne peut que vouloir ensemble. Alors, réfléchissons. Jésus
nous aime et nous essayons de L’aimer, au moins un peu. Seuls les saints ont
vraiment su aimer Dieu. Ils se sont laissés faire par le Seigneur qui les a mis
dans son Cœur pour vivre au rythme de son Cœur divin, au rythme de ses désirs,
de ses volontés, de son Amour. Ils étaient amoureux de Jésus-Christ, de Dieu;
ils ne vivaient que de Dieu, ne désiraient que Dieu, et les désirs de Dieu
étaient les leurs. La volonté de Dieu étaient devenue la leur: ils ne voulaient
que ce que Dieu voulait. Bien sûr, ils ne réussissaient pas toujours, mais,
tout doucement, le Seigneur leur apprenait à Le comprendre, à vivre unis à Lui,
dans son Amour.
Alors, ils n’étaient
plus soumis à la volonté de Dieu, car la volonté de Dieu était devenue la leur,
ses désirs étaient aussi les leurs. Ce que le Seigneur voulait, ils le
voulaient, et ils le voulaient librement et amoureusement. Car ils aimaient
Jésus, leur Seigneur et leur Dieu.
Oh! Comme Dieu nous
aime! Remercions le Seigneur de nous avoir donné des mystiques, c’est-à-dire des
hommes et des femmes qui savaient prier et aimer leur Seigneur, des gens
amoureux de l’Eucharistie et qui avaient des relations très intimes avec Dieu
parce qu’ils faisaient sa volonté. Beaucoup de ces mystiques, des hommes
simples, des hommes de tous les jours qui prenaient le temps de prier, nous ont
heureusement laissé des écrits, ou des paroles qui racontent ce qu’ils ont vécu
avec Dieu! Et nous n’avons pas du tout l’impression qu’ils aient été des fous.
Ils paraissent plutôt exceptionnellement équilibrés, et leur amour du prochain,
leur esprit de service ne peut vraiment pas être mis en doute. Merci Seigneur
pour tes saints et tes mystiques qui, tous, ont aimé l’Eucharistie! Seigneur,
continue à nous donner de saints mystiques!
Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de ton
Eucharistie! Jésus, fais-nous comprendre ta Vie
Eucharistique, fais-nous
contempler ta Présence Eucharistique, ton Amour Eucharistique. Jésus, fais-nous
découvrir le mystère de ton Eucharistie, ce mystère d’Amour qui est Toi, Verbe
de Dieu présent, vivant, aimant, patientant pour nous attendre, et toujours prêt
à Te livrer à nous quand enfin nous nous décidons à revenir à Toi. Jésus,
fais-nous pénétrer dans le mystère de ton Eucharistie! Fais-nous découvrir le
mystère ineffable de ton Amour, de ta Miséricorde. Jésus, fais-nous vivre de ta
vie, de ta Vie Eucharistique...
Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de ton
Eucharistie, le mystère de ton Cœur qui nous aime, qui nous attend, qui vient
pour nous apprendre le chemin de la Vie. Jésus, nous T’aimons, mais fais que
nous T’aimions de plus en plus, que nous ne désirions plus jamais rien d’autre
que Toi. Fais que ta seule volonté amoureuse soit l’unique volonté de nos cœurs
pour qu’ils deviennent amoureux de Toi. Jésus, nous Te prions, fais-nous
connaître toute la profondeur de ton Cœur Eucharistique, et donne-nous la foi,
la foi de tes martyrs, de tes apôtres, la foi de ceux qui ont su témoigner de
Toi et de ta présence dans ton Eucharistie...
Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de la
pauvreté de ton Eucharistie, de ton Cœur Eucharistique! Car ton Cœur, Jésus, fut
toujours eucharistique, c’est-à-dire action de grâce, et cela durant toute ta
vie terrestre. Jésus, ouvre-nous à ton Eucharistie. Nous avons un besoin absolu
des nourritures divines pour vivre, car Dieu veut que les néants que nous sommes
vivent de Lui et pour Lui. Dieu veut, impérativement, que nous L’aimions: c’est
sa Loi, c’est sa volonté, c’est notre bonheur.
Eucharistie veut dire action de grâce. Pourtant
l’Eucharistie est étroitement associée à la Passion du Christ, et elle n’existe
pour nous que si Jésus est ressuscité. S’Il n’était pas ressuscité, s’Il n’était
pas vivant et dans sa gloire, il n’y aurait pas d’Eucharistie... Bien plus,
personne ne parlerait plus de Jésus-Christ. Il serait complètement tombé dans
les oubliettes de l’Histoire. Mais Jésus est ressuscité, Il est dans la Gloire
de Dieu, dans la Sainte Trinité... et vivant, pour nous, dans l’Eucharistie...
L’Eucharistie n’existe que par la Résurrection du
Christ. Un petit schéma montrant les trois aspects du Cœur Eucharistique de
Jésus va nous aider à comprendre la vérité du Mystère eucharistique:
Cœur Eucharistique
|
|
Agonie et Passion
de Jésus |
Présence de Jésus
vivant, dans les tabernacles |
Gloire de Jésus au
Ciel et dans son Corps Mystique |
Ainsi, on doit sans cesse se souvenir que
l’Eucharistie que Jésus nous a donnée, qui est toujours liée à sa Passion, est
également liée, et le sera éternellement, à sa Gloire, au Ciel et sur la terre.
Ainsi, le Cœur de Jésus nous donnant l’Eucharistie, son Cœur Eucharistique,
c’est vraiment le Cœur d’action de grâce envers le Père, c’est le Cœur de Jésus
plein de reconnaissance et d’amour, c’est le Cœur qui loue Dieu au sein de la
Trinité Sainte. Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est l’amour qui se donne, qui
s’oublie pour penser aux pauvres hommes. C’est le Cœur de la Trinité qui s’unit
aux hommes dans le Cœur mystique du Christ, c’est le Cœur de l’Homme-Dieu qui
réalise l’unité de Dieu et de sa Création, dans l’Amour. Le Cœur Eucharistique
de Jésus, c’est l’Amour et le Cœur de l’Amour, c’est le Cœur des Béatitudes
infinies de Jésus...
Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est son Cœur
humilié mais glorieux, car l’humilité c’est la gloire de Dieu. Le Cœur
Eucharistique de Jésus, solitaire et délaissé dans nos tabernacles, c’est le
Cœur qui console ceux qui pleurent, qui pardonne les péchés, qui relève les
faibles et les malades. Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est le Cœur de Jésus
qui ouvre les cœurs à son Cœur, donc à l’Amour et au bonheur, son bonheur. Mais
ce bonheur est aussi douleur, car Jésus ne nous a donné son Cœur Eucharistique,
son Cœur glorieux, que par son Agonie et sa Passion.
Ô Cœur de Jésus, Toi
qui nous révèles Dieu, Tu es la Connaissance et la Sagesse. Tu es la Vie, car Tu
es le Cœur du Ressuscité. Cœur Eucharistique de Jésus, Tu aimes nos cœurs, Tu
supplies qu’on Te prie et qu’on T’aime, car Tu n’as qu’un désir: nous exaucer.
Cœur aimant de Jésus, Tu es la grâce qui fortifie, qui redresse les hommes
accablés par le péché. Cœur miséricordieux de Jésus, Foyer de grâces et d’Amour,
Tu es le Cœur de la Vie et de l’Espérance.
Ô Cœur Eucharistique
de Jésus, Cœur du Ressuscité, Tu nourris les hommes affamés de Dieu, Tu les
reconstruis, Tu les éclaires, Tu leur donnes joie et bonheur... Cœur
Eucharistique de Jésus, Cœur de la Béatitude de Jésus ressuscité, nous Te
louons, nous Te bénissons, nous T’adorons... et nous T’aimons.
Pendant longtemps les
hommes ont cherché à résoudre, sans succès, cet étrange dilemme: la volonté de
Dieu, c’est notre bonheur. Même aujourd’hui, tous les peuples qui ne connaissent
pas Jésus, butent sur ces contradictions et s’inventent toutes sortes de dogmes
pour essayer d’en sortir. Mais Dieu a entendu le cri des hommes. Dieu s’est
donné un peuple qui pourrait Le recevoir, L’accueillir. Mais l’homme était
toujours trop petit, trop pauvre pour “porter” l’Amour du Père...
Alors Dieu a envoyé
son Fils. Son Verbe, s’est incarné: l’Être s’est fait non-être. L’Existant s’est
fait néant. Du Mystère d’Amour de la Très Sainte Trinité est né Jésus, Fils de
l’Homme, Fils de Dieu. Dieu se fait Homme, Dieu se fait “Néant pourtant Vivant”
pour vivre avec les néants que sont les hommes, pour “expérimenter” dans sa
chair humaine, dans son Cœur et dans son âme, les difficultés et les misères
humaines. Jésus voulait “voir” et “sentir” dans sa nature humaine, comment
l’homme, néant devant Dieu, pouvait accueillir l’Amour du Père et se nourrir de
Dieu. Et Jésus a bien compris. Pour résoudre ce qu’il faut bien appeler une
quadrature du cercle, Jésus a inventé l’Eucharistie...
Jésus a vu, entendu et
senti dans sa nature humaine. Vivant notre humanité Il a ressenti dans sa chair
toutes nos joies humaines: la chaleur d’un foyer où l’on s’aime, le bonheur des
amitiés vraies, l’allégresse de l’amour véritable. Il a connu aussi la joie de
la contemplation des beaux paysages, de l’écoute des musiques harmonieuses. Il a
admiré les œuvres humaines, les vignes bien soignées, les champs de blé,
promesses de vie et, déjà, de sa future Eucharistie. Et Il a aimé la beauté du
Temple de Jérusalem... Et Jésus était heureux, si heureux parfois!
Oui, Jésus a vu,
entendu et senti dans notre nature humaine, et s’Il fut souvent heureux, Il
vécut aussi, au profond de sa chair et de son âme, toutes les détresses
humaines. Il a souffert pendant toute sa vie les angoisses de notre vie
mortelle, Il a porté toutes nos douleurs, nées de notre péché. Et c’est pour
nous sauver de nos douleurs mortelles qu’Il a voulu être le Fils de l’Homme...
Il a connu aussi, car Il a tout voulu connaître de nos misères profondes, Il a
connu aussi les abîmes terribles qui parfois s’ouvrent devant les yeux de notre
esprit. Et toutes les interrogations effrayantes qu’ils font naître.
Oh! ces abîmes sans
fond! Quelle horreur quand on se dit que tout doit disparaître un jour de la
terre: c’est inévitable. La fin de notre monde cosmique est programmée; nous ne
connaissons pas le programme, mais les savants savent que c’est certain,
inévitable. Alors! Que restera-t-il de nos œuvres, de nos efforts, de nos
sacrifices, de nos travaux, et de tout le reste? Et nous, où serons-nous? Où
serons-nous si nous sommes encore? Jésus a-t-Il ressenti ces abîmes de terreur
quand Il vivait chez nous?
Satan n’a certainement
pas manqué de présenter à Jésus, pendant ses tentations, ces précipices
infernaux. Cela, c’est absolument sûr, puisqu’Il devait tout connaître de nos
frayeurs humaines: Il l’avait décidé ainsi, au sein de la Trinité Sainte. Oui,
mais le décider au sein de la Trinité Sainte, et le vivre dans un corps d’homme,
fût-il celui du Fils de l’Homme, c’est autre chose.
Ces horribles plongées
dans les abîmes sans fond de nos angoisses d’hommes pécheurs, Jésus a bien dû
les découvrir aussi durant sa sainte vie, avant son Agonie. Et Il a compris
alors, que les pauvres êtres humains qu’Il était venu sauver et délivrer des
liens du péché et de l’Enfer, ne pourraient jamais marcher jusqu’au bout du
chemin, jusqu’à Lui, Verbe de Dieu, sans une nourriture forte, sans un pain et
un vin divins, tant étaient difficiles et pénibles les routes de la sainteté
dans nos mondes envahis de satans. Et tout au long de ses trente ans de vie
terrestre, Jésus médita: Lui seul pouvait nous donner le pain de vie, et la
boisson qui nous fortifierait suffisamment et longtemps...
Oui, Jésus, tout au
long de sa vie a pensé à ces choses: c’est Lui seul, venu nous sauver, qui
pourrait nous garder fidèles et nous conduire à la sainteté... L’Eucharistie
vivait déjà dans son Cœur: “Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang,
vous n’aurez pas la vie en vous.”
Gethsémani! Tous les
abîmes des détresses humaines, des tentations terribles, des angoisses de nos
fois
défaillantes, les abysses de feu allumées par nos péchés, par le Péché
premier mais constamment présent et actuel, le péché qui tue la vie, le péché
qui touche à l’Arbre de la vie, les dévastations spirituelles qui font
défaillir: où est Dieu, existe-t-il??? tous ces abîmes étaient là, devant Jésus.
Et Il défaillait, Lui aussi: “Non Père...”
Oui, Jésus défaillait
et suait le sang. Il portait toutes nos angoisses, toutes nos détresses, Il n’en
pouvait plus: “Père...” Mais voici que, soudain, Jésus pense à son
Eucharistie; c’était il y a deux heures. Mais oui, Il serait toujours avec nous,
les hommes qu’Il aime. Ils ne seront plus seuls, face aux démons déchaînés. Il
sera toujours avec eux, partout, jusqu’à la fin du temps terrestre. Ils
connaîtront son Amour, et ils L’aimeront...
Nous contemplons
Jésus. Nous souffrons avec Lui. Les abîmes horribles que Satan ouvre devant Lui
nous épouvantent. Nos Cœurs se brisent, nos intelligences s’enfoncent dans le
néant; nous sommes terrifiés, sans rien à quoi nous raccrocher. Nous sommes sur
le point de hurler, mais, dans notre cœur, nous entendons Jésus: “Père, si ce
calice ne peut s’éloigner, que ta volonté soit faite.” Et le Père Lui
présente le Ciboire de son Eucharistie: “Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui
qui ôte les péchés du monde.” Jésus pleure, mais des larmes d’Amour.
Le Cœur Eucharistique
de Jésus continue sa vie terrestre dans ce qu’elle eut de plus pur, de plus
aimant et de plus douloureux. Car l’Amour ne peut être que douleur. Son Cœur
d’Agneau de Dieu offert et immolé, souffre toujours son Agonie d’Amour. Son Cœur
d’Agneau de Dieu sera toujours vivant, toujours glorifié par le Père, toujours
infiniment aimé du Père au sein de la Trinité Sainte. Son Cœur d’Agneau de Dieu,
hélas! sera toujours incompris des hommes qu’Il aime, toujours blessé, toujours
meurtri, ouvert par les lances cruelles des pauvres inconscients, pauvres
aveugles, douloureux, eux aussi, mais dont Satan arme le bras. Jésus souffre
intensément des outrages de ces pauvres qui Le déchirent, mais Il sait que ce
n’est pas leur faute... Le vrai responsable, c’est le démon.
Le Cœur de Jésus, Cœur
de d’Agneau de Dieu continue ton Agonie. Il souffre dans son Cœur, infiniment,
mais Il sait qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. On leur a caché la
lumière, on leur a dérobé l’amour. On a rempli leur cœur d’indifférence ou de
haine. Le Cœur de Jésus, Cœur de l’Agneau de Dieu souffre son Agonie. Le Cœur de
l’Agneau de Dieu est toujours humilié, délaissé, abandonné, oublié ou meurtri.
Mais, sur la terre, depuis sa Résurrection, Il n’est plus aussi seul qu’à
Gethsémani.
Non, Jésus n’est plus
tout à fait seul, comme à Gethsémani. Il a trouvé quelques consolateurs pour son
Cœur amoureux et incompris. Il s’est choisi quelques âmes pour rester avec Lui:
quelques prêtres bénis, quelques fidèles aimés... Ils ont souffert, eux aussi,
ils ont pleuré souvent... car le Père les préparait pour rester avec le Fils, et
pour mêler leurs larmes aux larmes de l’Agneau de Dieu. Mais malgré les larmes,
malgré les souffrances et les épreuves, le bonheur est là.
Tous les hommes de
tous les temps ont voulu voir Dieu. Tous les hommes ont supplié ainsi: “Je
veux voir Dieu!” et les psaumes sont pleins de ces appels. Les saints ont
souvent, eux aussi, crié vers Dieu de cette façon. Nous allons encore utiliser
une parabole pour essayer de mieux réaliser ce que contient en réalité ces
expressions: “Je veux voir Dieu!” ou “je vois” Dieu. Oui, nous
“voyons” Dieu. Nous “voyons” tous Dieu, mais comment?
Encore une fois nous
allons nous mettre à l’échelle de Dieu. Dans la Grande Main de Dieu, il y a tous
les univers, et Dieu les regarde... et Dieu les aime. Perdus dans ces univers
immenses qui tiennent dans le creux de la main de Dieu, il y a un microbe: la
terre. Et sur la terre, il y a des atomes de micro-microbes: les hommes. Dieu
voit les hommes, Dieu peut les voir, car ses “yeux” voient les micro-microbes
qu’Il a pris tant de soin à créer. Et les hommes, de leur côté, pourraient voir
Dieu qui les regarde, mais... Mais les yeux des hommes n’ont qu’un champ de
vision très limité, tellement limité qu’ils ne peuvent apercevoir de Dieu qu’une
petite tache, une parcelle de sa lumière d’Amour. Mais ce tout petit peu que
nous “voyons” de Dieu est la Cause de notre vie et de toute notre joie.
Nous ne voyons qu’une
toute petite parcelle de Dieu. De Dieu, nous ne pouvons pas voir davantage, car
les atomes de micro-microbes que nous sommes, les micro-microbes qui sont dans
la main de Dieu et que Dieu aime, les atomes de micro-microbes ne peuvent voir
qu’une infime partie de Dieu. À partir de la main de Dieu dans laquelle ils se
trouvent, les atome de micro-microbes “voient” un tout petit morceau de Dieu,
probablement de sa main... mais si loin et si petit... Pour voir la face de
Dieu, les atomes de micro-microbes que sont les hommes devraient quitter la main
de Dieu, et s’éloigner beaucoup pour élargir leur champ de vision, donc quitter
Dieu, et forcément mourir. Nous ne pouvons pas voir la face de Dieu, et pourtant
nous voyons Dieu, même si de Lui, nous n’apercevons qu’un ”point”.
Étonnant! Nous voyons
Dieu, vraiment, et avec nos yeux!!! Certes, cela nous paraît insuffisant, et
nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne savons pas pourquoi. Mais le Seigneur
sait. Il est notre Créateur, le Créateur du monde et de tous les univers, et Lui
Il sait. Il sait, car la physique, c’est Lui qui l’a inventée, alors... Et c’est
Lui qui nous veut dans sa main, regardant vers Lui pour voir ce que notre champ
de vision nous permet de voir de Lui. Beaucoup d’hommes hélas! tournent le dos à
Dieu, préférant regarder les singeries de l’Ennemi, génitrices du péché.
Les “yeux” de Dieu
voient les atomes de micro-microbes de la terre. Il les aime et Il a des
desseins sur eux. Dieu a mis dans leur cœur le désir de L’aimer, et, aussi, de
Le voir. Mais ils sont trop petits pour Le voir en entier... C’est peut-être
pour cela que certains Lui tournent le dos... Alors le Seigneur “comprend” que
nous avons besoin de Le voir, de Le toucher. Les hommes que Dieu fit ne peuvent
aimer que Quelqu’un qu’ils voient. Est-ce pour cela que le Cœur du Père, au sein
de la Trinité, imagina le plus incroyable des miracles?
Le Cœur de Dieu-Père,
Dieu unique mais trine, envoya Dieu-Fils chez les hommes. Mais pour que les
hommes Le voient, Le touchent, L’entendent de leurs oreilles humaines, il
fallait que le Fils de Dieu se fît micro-microbe, et même atome de
micro-microbe. Ainsi les hommes verraient Dieu. Et les hommes connaîtraient
l’Amour de Dieu, et les hommes aimeraient Dieu.
Jésus, Fils de Dieu,
Jésus Fils du Père, aussi infini que le Père, se fit atome de micro-microbe pour
nous. Jésus, Dieu incarné dans un atome de micro-microbe, vécut comme nous, les
atomes de micro-microbes... Parfois, Jésus, dans sa prière, retournait
discrètement vers le Père: voir le Père et faire sa volonté, c’était sa
nourriture. Un jour, Il se transfigura devant trois de ses apôtres pour leur
faire comprendre la réalité de sa filiation divine, et les préparer à
l’inévitable qu’ils ne pourraient pas comprendre. Car les hommes ne pouvaient
pas comprendre Jésus et ils Le crucifièrent...
Les hommes
crucifièrent Jésus, mais c’était prévu dans la Pensée de Dieu, car la grande
Croix dessinée en Dieu par les bras étendus du Fils, les bras qui accueillaient
toute la Création, la grande Croix devait prendre “naissance” sur la terre. La
grande Croix dessinée par les bras accueillants du Fils, c’était, c’est le Corps
mystique du Christ, le Corps voulu par Dieu-Père, pour son Fils, de toute
éternité.
Jésus, mort crucifié,
ressuscita. Jésus-Ressuscité, c’est toujours Jésus incarné, mais c’est Jésus
ayant toutes les prérogatives de Dieu. Jésus demeure au sein de la Trinité, mais
à cause des hommes qui constitueront son Corps, Il doit rester chez les
micro-microbes... Or, maintenant, depuis sa Résurrection, Jésus englobe aussi
toute la Création, et particulièrement la terre et toute l’humanité. Et quand on
imagine un peu comment la terre est entièrement absorbée en Dieu, on n’a pas de
peine à comprendre que, considérant la taille de la terre et la nôtre, le rayon
d’amour et de vie que Jésus-Dieu envoie vers la terre, la remplit toute. La
terre baigne en Dieu.
Dès lors,
l’Eucharistie devient plus facile à comprendre. Dieu baigne la terre, un peu
comme les nuages ou le brouillard noient les choses qu’ils enveloppent dans une
multitude de microscopiques gouttelettes d’eau. Dieu baigne et imprègne la terre
de l’humidité de sa Miséricorde et de son Amour. Jésus, infiniment plus grand
que la terre la remplit toute de Lui.
Mais Jésus sait que
nous avons toujours besoin de voir, de toucher, d’entendre. Alors, pour nous
aider, Il rend visibles, sensibles, les petites gouttelettes de la nuée de sa
présence. Il multiplie à l’infini ces petites gouttelettes de son Amour, Il nous
les rend sensibles, nous pouvons les voir, les toucher, et même les manger...
Car ces gouttelettes de son Amour, c’est son Eucharistie.
L’Eucharistie, c’est
la présence réelle du Christ ressuscité mise à la portée des atomes de
micro-microbes que nous sommes. La présence de Dieu parmi nous peut être
comparée à des nuages ou à des brouillards très fins dont l’humidité imprègne
tout ce qui les entoure. Cette humidité pénètre partout et féconde les milieux
qu’elle enserre.
Mais parfois les
nuages sont bien noirs, le brouillard est froid, et le temps semble triste.
C’est que nos yeux ne peuvent distinguer les microscopiques gouttelettes qui
donnent vie sans qu’on le sache vraiment.
Oui, parfois, quand
les nuages qui portent l’eau vitale mais invisible sont trop noirs, nos âmes
sont tristes et elles ont froid. C’est alors que le miracle peut se produire:
les gouttelettes d’eau se tranforment en flocons de neige, et c’est la joie...
Et ces flocons sont tous différents les uns des autres, comme s’ils voulaient
s’adapter aux besoins de ceux qui les reçoivent. Les savants ont remarqué que
tous les flocons étaient individualisés: il y a des milliards de modèles, et
aucun ne ressemble aux autres. Merveilleuses diversités de la nature...
Merveilleuse richesse de la création!
Inévitablement ces
flocons de neige font penser à l’Eucharistie. Les nuages, les brouillards
spirituels que Dieu nous envoie et qui sont vie, nous paraissent parfois noirs,
obscurs, froids. Alors Jésus se rend visible, comme les flocons de neige sont
l’eau rendue visible. Jésus se rend visible en multipliant à l’infini les
hosties de son Eucharistie... Et nos cœurs, unis à son Cœur deviennent action de
grâce avec Lui. L’Eucharistie, sa présence réelle au milieu de nous et pour
chacun de nous, c’est l’action de grâce que nos cœurs, retrouvant leur joie, Lui
chantent de nouveau.
Les milliards de
gouttelettes des nuages de sa présence divine qui pénètre toute la terre, pour
aider notre misère humaine, Jésus les transforme en neige divine, ses hosties,
son Corps offert, multiplié à l’infini, pour nous, pour notre joie, pour notre
bonheur.
Notre Église a
toujours été persécutée: elle est comme un chantier dans une mine, soumis à
beaucoup
d’imprévus et de difficultés, de dangers de toutes sortes. Mais les
chrétiens tiennent bon: on détruit, ils reconstruisent...
Oui, partout, malgré
les difficultés, les dangers, les persécutions, les défections aussi, parfois,
l’Église tient bon. Toujours, et toujours des saints naissent et
refleurissent... Jésus continue son Agonie, mais son Agonie est vie. Quel
mystère extraordinaire! Tout semble perdu... et tout repart. Il en est de même
pour chacun de nous: nous croyons être au fond du trou, au profond de la nuit,
mais la grâce de Dieu est là, toujours, même si parfois nous n’avons plus la
force d’y croire. Seigneur, merci!
Il nous semble parfois
que nous revivons l’agonie de Gethsémani... Nous contemplons Jésus à Gethsémani
tandis que les désastres humains défilaient devant ses yeux. Il voyait les
souffrances des millions de martyrs que l’on “crucifiait” parce qu’ils
L’aimaient et voulaient Lui rester fidèles. Il voyait les ras de marée, pire,
les tsunamis d’infamies qui se déversaient dans les cœurs de ses enfants, même
des petits, des innocents. Et Jésus redisait: “Père, épargne ces petits! Je fais
ta volonté pour les sauver, sauve-les des horreurs de l’Enfer!”
Notre société du XXIe
siècle est devenue un enfer. Personne n’est épargné... Nos cœurs souffrent, unis
au Cœur du Christ. Car le Cœur de Jésus souffre face aux visions horribles des
sociétés humaines séparées de Dieu, obligées de frôler l’enfer du désespoir et
de la haine...
La vie dans nos
sociétés sans Dieu, dépravées, qui ne respectent plus rien, qui s’attaquent aux
plus faibles, est vraiment devenue l’Enfer. Nous saisissons ce que dut être la
détresse de Jésus à Gethsémani, sa détresse à Lui qui, Dieu, voulut expérimenter
dans sa totalité, la somme de toutes les angoisses et détresses humaines. Jésus
voulut devenir, pour nous sauver, pour nous délivrer du péché, l’Agneau Immolé
qui porte le péché du monde.
À Gethsémani, l’Agneau
est déjà immolé dans l’Eucharistie, mais Il vit encore, et Il saigne, et Il
pleure, et Il implore le Père pour nous... Restons avec Jésus, contemplons-Le en
esprit et essayons de réaliser ce que fut sa souffrance morale, la souffrance de
son Cœur qui instituait l’Eucharistie, souffrance immense mais bonheur suprême
car Jésus nous sauvait.
Comment Dieu a-t-Il pu
nous aimer à ce point, et nous aimer individuellement? Et avec tant d’amour?
Jésus est Dieu, Un
avec le Père et l’Esprit dans l’Ineffable Trinité. Il est, et Il dépasse tous
les mondes. Il tient dans son Cœur, Cœur de la Trinité, tous les hommes qu’Il
aime. Il regarde tous les hommes et chacun d’eux en particulier. Et à chacun
d’eux Il demande: “Vois comme Dieu T’aime... Vois comme je T’aime. À ton tour
aime-Moi.”
Car le Seigneur ne
fait jamais rien n’importe comment: il y a toujours des desseins d’amour dans
son Cœur quand Il crée quelque chose ou quelqu’un.
Aide-nous Seigneur, à
mettre notre volonté au diapason de la tienne, pour T’aimer au maximum de ce que
nous sommes capables... et nous serons heureux, éternellement heureux!
“Ma joie, Jésus,
c’est de T’aimer!” chantait la petite Thérèse. Puisse notre joie être de
L’aimer aussi...
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