

Jésus venait d’être fortifié par le contenu de la
Coupe de sa Consolation que l’Ange lui avait présentée. Il est temps pour nous,
maintenant, d’essayer de comprendre ce qui avait tant effrayé Jésus quand il eut
connaissance du contenu de la Coupe de malédiction qu’Il allait devoir boire.
Pourtant Jésus avait expérimenté, concrètement, les souffrances provoquées par
nos misères humaines. Il avait essayé de faire comprendre aux hommes que ce que
nous considérons généralement comme un malheur est plutôt un bonheur pour les
cœurs qui aiment Dieu. Le vrai malheur, c’est le péché qui sépare de Dieu.
Ainsi, Saint Luc. (VI, 20-26) nous rappelle que pour Jésus, même les pauvres,
ceux qui ont faim, ceux qui pleurent, et ceux qui sont persécutés à cause de Lui
sont heureux, et même bienheureux. Les persécutés à cause de Jésus doivent même
exulter de joie, car leur récompense est grande dans les cieux.
Mais Jésus n’aime pas les hypocrites, les repus,
les satisfaits, les orgueilleux et les mauvais riches. Ces gens que Jésus
qualifie de malheureux sont en réalité des hypocrites qui utilisent mal leurs
richesses tout en voulant faire croire aux hommes qu’ils sont des justes. Et
Jésus insiste lourdement et les apostrophe sans pitié ces hypocrites qui
“siègent sur la chaire de Moïse... qui attachent de lourds fardeaux sur les
épaules des hommes, des fardeaux qu’eux mêmes sont incapables de porter. Malheur
à ces hypocrites qui ne cherchent qu’à être vus des hommes, qui recherchent les
meilleures places, qui dévorent le bien des veuves et des orphelins, qui
négligent l’assistance à leurs vieux parents, qui ferment aux hommes le Royaume
des cieux. Malheur à ces guides aveugles et insensés!” (Mt, XXIII, 1-37)
Il est bien rare que Jésus s’exprime de cette
façon si dure, et il faut beaucoup de courage pour oser exprimer publiquement de
telles vérités. Pourtant il est impossible de ne pas se reconnaître, au moins en
partie, parmi ces hommes que Jésus fustige. Comment pourrions-nous ne pas nous
reconnaître nous-mêmes dans cette galerie de portraits peu flatteurs?
Dans la Coupe que Jésus devait boire, et qui Lui
faisait si peur, qu’y avait-il donc de si terrifiant? Jésus a-t-Il dû, dans
cette coupe, contempler aussi notre monde du XXIe
siècle, monde de péchés démentiels et mortels, monde si loin de Dieu et de ses
enseignements, monde de haines, de blasphèmes et de malheurs sans nom? Monde
qui, volontairement, s’est séparé de Dieu...
Notre monde du XXIe
siècle est plein de contradictions, et aucun d’entre nous n’est épargné par les
flots d’immondices qui envahissent tout. Notre monde occidental est globalement
très riche matériellement, riche intellectuellement, et même riche de
solidarités. Et pourtant que de pauvretés au milieu de nous, que de pauvretés
cachées sous des amas de richesses matérielles. Combien de pauvres d’amour,
d’affection, de compréhension! Que de pauvretés matérielles sont nées à cause
d’un manque d’éducation et de l’absence de Dieu. À ces pauvres, on pourra donner
beaucoup matériellement, ils retomberont toujours dans leur pauvreté car ils ne
savent pas gérer, ou économiser, ou rester sobres. Pire, ils ne savent pas
trouver où est l’Amour.
Dans notre monde de riches, on veut toujours plus
et on n’est jamais content. On est insatiable, et le risque est grand de
s’enfermer dans la jalousie, à tous les niveaux sans même qu’on s’en aperçoive.
Notre monde moderne est rempli de pauvretés que jamais le Christ n’aurait osé
qualifier de bienheureuses, car elles sont sans Dieu et sans amour.
Devant ces misères que nous côtoyons
quotidiennement, nous demeurons impuissants et malheureusement, riches, riches
comme l’étaient ceux que Jésus traitait d’hypocrites. Nous sommes des riches qui
ne savons pas nous dépouiller, des riches sans amour...
À Gethsémani Jésus vit l’heure effroyable où ceux
qu’Il aime tant vont L’abandonner, Le rejeter, Le condamner à mort, et puis Le
crucifier... Et Jésus, ressent soudain dans son Corps les immenses douleurs de
son Église, son Corps mystique... Son Cœur brûlant d’amour ressent soudain les
immenses peines, les horribles détresses de ses saints, de ses martyrs et de
tous ses petits que l’on méprisera, que l’on rejettera, que l’on humiliera, que
l’on broiera au plus profond d’eux-mêmes, pour qu’enfin eux aussi, désespérés,
abandonnent la foi, abandonnent Dieu, rendant inutile le Sacrifice du Fils...
Ces images atroces qui crucifient son Sacré-Cœur,
soudain, Jésus qui n’est qu’Amour ne peut plus les supporter. Jésus sait que
c’est l’Heure des Ténèbres et qu’Il ne peut rien contre elles aujourd’hui. Son
cri vers le Père s’est perdu dans l’éternel silence de la divinité dont pourtant
Il fait partie. Car dans son immense détresse, Jésus se souvient que Lui aussi
est Dieu, la deuxième Personne de la Trinité Sainte. Jésus se souvient que cette
Heure Il l’avait prévue avec le Père, Il l’avait désirée: c’est pour elle qu’Il
était venu vivre parmi les hommes, pour leur donner la paix et la Rédemption...
Jésus se souvient qu’Il est le Rédempteur et que c’est son Heure. Mais pour
cela, il fallait qu’Il prenne sur Lui toutes les ténèbres humaines, et toutes
les détresses de la terre, tous les péchés du monde. Il fallait que le Christ se
fît péché pour vaincre le péché... et le Père rejette le péché du monde
Jésus était au plus profond du désespoir, ce
désespoir que l’Ennemi sait si bien faire naître et entretenir en nos cœurs, en
nos âmes, en nos esprits. Jésus, dans sa miséricorde infinie avait voulu
expérimenter ce que nous pouvons vivre quand l’Ennemi s’acharne après nous pour
nous faire tomber, nous faire pécher, nous faire vivre le désespoir intense des
âmes qui se croyant abandonnées de Dieu, s’en sont définitivement séparées et se
sont damnées.
Jésus se souvient qu’il fallait qu’il en fût
ainsi. C’était sa décision éternelle prise avec celle du Père. C’était dans la
pensée de Dieu, Un et Trine, c’était la décision de l’Amour pour abattre la
haine. Jésus se souvient.
Voici que son Être tout entier redevient Lui-même:
l’effroyable tentation-agonie se disperse. Jésus voit clair, maintenant. Il
peut se redresser et accepter la volonté du Père qui est aussi la sienne:
“Père, que ta volonté soit faite.”
Quelle horreur! Ainsi, à Gethsémani, l’humanité de
Jésus aurait connu le vertige effroyable de la séparation d’avec Dieu. Si le
Père se taisait, même pour Lui, Jésus, était-ce parce qu’Il Le rejetait, qu’Il
ne voulait plus de Lui, qu’Il ne Le reconnaissait plus comme son Fils, son
Unique? Pourtant, il n’y avait pas si longtemps, Il se complaisait en Lui... Il
le Lui avait dit...
Et Jésus avait beau réciter les psaumes qu’Il
connaissait par cœur, tout ce qui Lui arrivait était prédit par les prophètes,
donc par le Père et par Lui-même, puisque le Père et Lui, Jésus, sont UN, unis
dans l’Esprit-Saint. Mais à Gethsémani, l’humanité de Jésus était si fatiguée
qu’il n’arrivait plus très bien à faire la distinction entre son humanité qui
devait racheter le monde, selon la volonté du Père qui est aussi la sienne, et
sa divinité qui semblait se cacher et se taire. Le désespoir guettait l’homme en
Lui, Jésus, en Lui qui récitait les psaumes et qui soudain entendit:
“Maintenant je sais que le Seigneur sauve son Roi. Il lui a répondu de son
sanctuaire céleste. Il lui a donné la victoire, sa main fait des merveilles.”
L’Ange arrivait, tenant dans ses mains la Coupe de
sa consolation...
Dans le monde végétal, la vie naît généralement de
la mort, d’un terreau qui nous semblait mort et que nous méprisions. Dans le
monde des hommes, les saints, et surtout Jésus, le Saint par excellence, ont été
méconnus, méprisés, ignorés, piétinés... mais, comme le terreau fertile, ils
donnaient la vie, ils préparaient des vies nouvelles jaillissantes de vie,
jaillissantes d’amour.
Des vies nouvelles jaillissantes de vie,
jaillissantes d’amour?...
Beaucoup de nos contemporains se voient perdus
dans l’univers, venus ils ne savent d’où, allant ils ne savent où, pris d’un
vertige inouï dans un abîme sans fond, un abîme éternel. Ils n’ont pas demandé à
naître, et ils ne sont qu’un “rien” dans l’univers qui leur échappe, ils sont un
“rien” qui souffre, un “rien” venu là pour aimer un instant, peut-être, un
fugitif instant. Un rien venu là pour aimer et souffrir, et puis disparaître,
disparaître à jamais. Chaque homme vient, demeure quelques minutes, puis
disparaît... Et personne ne s’en soucie, l’homme ne sert à rien, alors,
pourquoi?
Pourquoi cet effrayant vertige? Chaque homme
connaît un jour ou l’autre cette détresse inexprimable qui parfois, dans notre
monde sans Dieu, conduit au suicide. Pourtant, des personnes, de plus en plus
nombreuses, racontent que, emmenées par des amis dans un groupe charismatique,
elles ont fait l’expérience de la venue du Saint-Esprit, de l’effusion de
l’Esprit. Pour elles, souvent devant le Saint-Sacrement exposé, en une fraction
de seconde, s’est inscrit dans leur être une image instantanée, fugitive, mais
incroyablement tenace: un jaillissement merveilleux d’étincelles d’amour... Une
fontaine d’étincelles d’amour, la présence de l’Esprit. Ils étaient morts, et
les voilà vivants et heureux?
La création est un jaillissement merveilleux de
l’amour. Les hommes, tous les hommes sont comme un jaillissement d’étincelles
d’amour, des étincelles nées de l’Amour infini de Dieu. Tout vient de l’Amour,
et tout est Amour. Chaque étincelle du brasier de l’Amour a sa trajectoire,
celle qu’elle doit suivre pour trouver sa place dans le Corps de l’Amour, le
Corps mystique du Christ, et retrouver l’Amour.
La haine n’existait pas dans la Création sortie
des mains de Dieu: il n’y avait que de l’Amour. La haine n’est que l’horrible
refus de ceux qui refusent de suivre leur trajectoire d’Amour, de ceux qui
refusent la place qui leur est attribuée dans le Corps de l’Amour. La haine chez
les hommes n’est qu’un souffle déviant qui cherche à faire dévier les
trajectoires de l’Amour pour faire mourir les étincelles de l’Amour.
Mais ces étincelles mortes, ces cendres
d’étincelles, peuvent encore revivre en devenant humus, terreau de vie, qui, en
semblant mourir, donne à nouveau la vie. Car l’Amour ne veut pas la mort de ses
étincelles d’Amour, cette explosion d’Amour, créée pour rendre gloire à l’Amour
et pour chanter l’Amour. Chaque étincelle a sa trajectoire, et toutes ces
trajectoires sont comme des fontaines lumineuses dont les rayons ne sont pas
déviés par les vents de la haine. Ces trajectoires sont comme les fils des
fontaines lumineuses qui conduisent leur lumière à travers des milliers de
fibres de verre dans une illumination de beauté, de couleurs, de lumière et de
joie.
Devant le Seigneur, présent dans son Eucharistie,
nous nous étonnons! Oui, vraiment le Seigneur nous fascine et nous étonne!
Devant Jésus-Eucharistie nous nous étonnons car Il
nous déconcerte tout en nous émerveillant. Dieu est toute puissance, une infinie
puissance, et pourtant Il est toute douceur et toute humilité. Il est Immensité,
et Il est si petit dans son Eucharistie. Il est toute connaissance, et Il a
pitié de notre ignorance; et sans que nous le sachions, Il enseigne à nos âmes
la seule science qui compte, la science de l’Amour, la Science de Dieu-Amour.
Devant Jésus nous nous étonnons, car Lui qui est
la force, Il a pitié de notre faiblesse. Il a pitié des pécheurs que nous
sommes, et Il ne méprise pas nos Cœurs qui se repentent, nos Cœurs fragiles et
vulnérables, nos Cœurs qui Le cherchent, Lui, et Lui seul. Jésus ne méprise pas
les Cœurs qui se repentent et qui reviennent à Lui.
Devant Jésus-Eucharistie nous nous étonnons car Il
est le bonheur infini, Il est la joie immortelle, Il est la force et la
puissance, Il est toute connaissance, Il est la Sagesse éternelle. Il est Tout,
et Il peut tout. Pourtant Jésus pleure. Il pleure sur nos péchés, Il pleure sur
nos misères, Il pleure sur nos indifférences et nos manques d’amour, Lui,
l’Amour infini.
Nous adorons Jésus dans son Eucharistie, nous
contemplons son Eucharistie qui est au Cœur du Cœur de Dieu, qui est le Cœur de
Dieu. Nous contemplons la Fontaine d’Amour de son Eucharistie et nous “voyons”
des milliards de milliards de milliards de petites hosties qui jaillissent de
son Cœur. Et ces milliards de petites hosties, fontaines merveilleuses de
lumière de d’Amour, ces milliards de petites hosties viennent se poser sur les
cœurs des hommes qui les reçoivent.
Chaque petite hostie, étincelle d’Amour venant du
Cœur de l’Amour, chaque petite hostie s’unit à un cœur, un cœur d’homme qui a
besoin d’Amour, qui a besoin de forces pour continuer “ses études”. Car soudain
nous prenons conscience que tous les hommes qui sont encore sur la terre sont
tous à “l’école”, à l’école de Dieu. Tous les hommes de la terre sont à l’école
pour se préparer à entrer dans la gloire du Cœur de l’Eucharistie, du Cœur de
Dieu, dans le Corps glorieux du Corps mystique du Christ, dans l’Église de Dieu.
Chaque homme se prépare à “l’examen” qui le fera entrer dans l’immense Corps
mystique, à la place qui a été prévue pour lui de toute éternité.
Ainsi, tant que nous sommes sur la terre nous
sommes à l’école, à l’école de Jésus-Christ. Dans son école nous apprenons à
L’aimer, à Le contempler, à L’adorer, à Le servir. Jésus nous prépare à l’examen
de Dieu, et pour cela Il redresse ce qui n’est pas droit, Il taille çà et là les
sarments inutiles ou tordus. Il cisèle, Il modèle, Il nous revêt de la robe qui
sera la robe nuptiale, Il nous transforme en Lui, en son Amour. Et pour nous
aider, Il nous donne l’Eucharistie. Et quand nous serons prêts, quand nous
serons devenus ce que de toute éternité Dieu a prévu que nous soyons, alors,
nous pourrons passer l’examen, c’est-à-dire que nous pourrons passer la mort
pour entrer dans le Corps glorieux du Corps mystique du Christ.
Sur la terre de l’épreuve, de la préparation, nous
faisons des exercices, nous apprenons nos leçons, et nous nous appliquons à nos
devoirs. Nous devons, avec l’aide de Jésus, avec sa grâce et son Eucharistie,
nous devons préparer le petit composant qui pourra prendre sa place dans son
grand Corps.
Chaque place étant unique, chaque composant,
chaque petite pièce de l’ensemble est unique. Et comme chaque pièce est unique,
il n’y aura plus besoin de se comparer à quiconque: il n’y aura plus d’orgueil
et nous serons forcément dans la joie de l’humilité.
Les hommes sont des êtres de chair, de sang et
d’os. Les hommes ne peuvent entrer en contact avec le monde extérieur que par
leurs sens, ces fenêtres qui les ouvrent au dehors et qui permettent la
connaissance.
Les hommes étant des êtres pleins de sensibilité,
on peut supposer, sans risque de se tromper, que l’Amour est forcément sensible.
On n’imagine pas, en effet, un amour abstrait, intellectuel, éthéré. L’amour
vrai ne peut se penser abstraitement car il a besoin de connaissance. On peut
avoir de grandes idées, on peut penser les mathématiques ou la philosophie, on
peut “aimer” ces disciplines, au sens d’avoir du plaisir en les pratiquant, mais
on n’aime un être vivant que par sa sensibilité.
Notre intelligence peut nous dire, nous prouver
que Dieu existe, qu’Il est grand, qu’Il est bon, qu’Il est juste, etc, ce n’est
pas cela qui nous Le fait pas aimer. Nous aimons Notre Seigneur parce qu’Il
s’est révélé à nous, parce qu’Il s’est montré à quelques-uns d’entre nous, parce
qu’Il nous a parfois parlé, en particulier par son Fils et par ses prophètes.
Nous aimons Le Seigneur parce qu’Il s’est fait l’un de nous, qu’Il a vécu au
milieu de nous, qu’Il a aimé comme nous, et qu’Il a souffert comme nous. Et
surtout parce qu’Il nous a aimés, et qu’Il continue à nous aimer.
Jésus a vécu parmi nous. Ses contemporains L’ont
entendu, L’ont vu, ont pu Le toucher. Et cela, même après sa Résurrection. Et
c’est si vrai que beaucoup de ces témoins sont morts martyrs pour affirmer ce
qu’ils disaient. Tous ces gens qui ont vu Jésus, qui ont vécu avec Lui, c’est
bien par leurs sens qu’ils ont pu L’atteindre, Le voir, L’entendre et Lui parler
... Alors, pourquoi faudrait-il se méfier de ce que certains appellent des
consolations sensibles alors qu’ils ne sont même pas capables d’expliquer de
quoi ils parlent?
Jésus est l’Amour, la Tendresse, la Miséricorde.
Ses délices sont toujours de vivre avec les enfants des hommes. À cause de cela,
et connaissant notre faiblesse, Il a voulu demeurer toujours parmi nous après
son départ vers le Père, Il a voulu rester au milieu de nous, visiblement: ayant
expérimenté notre nature humaine, Il savait bien que nous avions besoin de sa
Présence s’Il voulait que nous L’aimions.
Devant Dieu nous sommes tous très pauvres, et nous
éprouvons le besoin d’implorer le Seigneur pour qu’Il se montre, qu’Il se
manifeste. Nous sommes pleins de contradictions, et pour dire: “Jésus, je
T’aime!” nous avons presque toujours besoin de nous conforter dans notre foi.
Nous avons besoin de rendre comme sensible notre certitude que Jésus est là,
qu’Il nous entend, et qu’Il nous aime avec son Cœur, son Cœur sensible, plein
d’Amour et de tendresse. Nous sommes tous, devant Dieu, des pauvres si pauvres,
nous sommes tous, pour Jésus, des tout-petits dont la nature charnelle et la vie
intellectuelle, ont besoin de sa Présence. Et quand Jésus se cache, ce qu’Il
fait bien trop souvent, alors nous L’appelons ou nous crions, ou nous pleurons:
”Seigneur! viens vite à notre secours!”
C’était le jeudi soir, quelques heures avant la
Passion de Jésus. Judas était parti... Jésus venait de demander instamment à ses
apôtres de veiller et de prier très fort cette nuit-là, car si c’était son
Heure, c’était aussi l’heure des ténèbres. Mais pour l’instant Jésus était
encore heureux: cette Heure, cette Pâque, Il l’avait désirée, d’un grand désir.
Dans la salle du Cénacle régnait un intense climat d’amour, un amour presque
palpable, l’amour qui unit les cœurs de ceux qui s’aiment vraiment, qui s’aiment
en aimant Dieu car Dieu seul est Amour et Dieu seul donne l’Amour...
Il fait bon et chaud d’amour dans la salle du
Cénacle. Jésus vient de rendre grâce au Père. Il vient de donner sa chair à
manger à ses apôtres, sa chair qui est la vraie nourriture. Les apôtres n’ont
pas compris, mais ils sentent confusément que quelque chose de très grand vient
de se passer. Ils regardent leur Maître avec les yeux de leur pauvre
intelligence; ils ne comprennent pas, mais ils Lui font confiance. Jésus vient
de donner son Sang qui va être versé, et les apôtres l’ont bu, et voilà que
l’Amour les a envahis. Ils écoutent Jésus, comme jamais ils ne L’avaient écouté.
Pierre pourrait redire encore: ”Maître, comme il fait bon ici, avec Toi!
Parle-nous encore, redis-nous tes paroles de vie éternelle.”
Jean est dans une contemplation qui l’absorbe
complètement. Son cœur bat avec le Cœur de Jésus et au rythme de son Cœur, avec
une intensité qu’il ne connaissait pas encore. Il se blottit de plus en plus
contre son Seigneur, comme s’il avait peur de Le perdre. Il ne fait plus qu’un
avec Lui, il L’adore, absorbé dans son Amour. Jean, avec Jésus, devient Jésus,
Jean devient amour.
Les autres apôtres ont oublié leurs petites
préoccupations quotidiennes. Ils ne savent pas très bien ce qui se passe en eux
et autour d’eux, mais ils savent que Dieu est là, présent, et Philippe demande à
Jésus de leur montrer le Père... Les autres se taisent et boivent les paroles du
Maître: “Qui me voit, voit le Père.”
Quand, dans son éternité bienheureuse, son
éternité qui est son aujourd’hui éternel, quand dans son éternité Dieu pensa
l’univers créé spécialement pour le service et la joie des hommes, quand Il créa
l’homme et le trouva très bon, le Père avait déjà décidé l’Incarnation du Fils,
et le Fils avait déjà prévu et pensé son Corps mystique. Il en serait la tête et
le Cœur, et les hommes en seraient les composants indispensables. Chaque homme,
amoureusement, modelé, aurait sa vocation spécifique, unique, pour accomplir une
fonction, sa fonction. Chaque homme serait prédestiné à occuper la place voulue
par Dieu, pour réaliser la merveille qu’Il désirait.
Chaque homme, infiniment aimé de Dieu, devait
contribuer à participer à l’élaboration de la merveille des merveilles: le Corps
mystique du Christ. Chaque homme serait la pièce unique destinée au bonheur
parfait, le sien propre, celui que Dieu lui destinait. Aujourd’hui rien n’est
changé malgré le péché. Rien n’est changé, sauf que le passage sur la terre est
devenu plus difficile, douloureux parfois. Rien n’est changé malgré la douleur,
fruit terrible du péché; rien n’est changé: le Corps mystique de Jésus-Christ se
fera, et se fera dans l’Amour.
Le Corps mystique du Christ se construira dans
l’Amour... Mais pour cela il faut aimer. Or Satan qui nous déteste met en œuvre
tous ses moyens, tous ses sortilèges pour nous conduire à la haine et au
désespoir. Mais rien n’est changé de l’Amour de Dieu: aussi, pour nous aider à
redresser la barre, le Père nous a-t-Il envoyé son Fils, son unique, pour qu’Il
vienne vivre avec nous et qu’Il nous réapprenne l’Amour.
Parfois le Seigneur veut nous faire comprendre
que, comparativement au si grand Amour de Dieu, nous ne savons pas aimer... En
effet, quand nous croyons aimer un peu, nous nous apercevons que nous aimons mal
et maladroitement, notamment quand nous cherchons à ne pas prendre trop de
risques, à ne pas prendre parti en faveur de Dieu dans notre monde athée, à
rester neutre quand il faudrait au contraire manifester notre foi en Dieu et
notre amour pour Lui. Oui, nous, nous aimons mal, mais Dieu est fidèle...
Alors, comble de l’Amour, le Fils du Père
infiniment bon, le Fils qui devait retourner au Père dans la Trinité
bienheureuse, le Fils, pour rester avec nous, a inventé l’Eucharistie, ces
étincelles de son Amour, mais des étincelles à notre taille et à notre échelle
humaine et terrestre. Le Fils nous a donné les étincelles de l’Amour de
Dieu-Trinité pour rester avec nous et nous réapprendre l’Amour.
Il ne nous reste plus qu’une seule chose à faire:
nous taire, adorer et aimer.
Lorsque Jésus inventa l’Eucharistie, Il savait que
les hommes pécheurs, c’est-à-dire nous tous, chercheraient à Le tuer, qu’ils
allaient Le crucifier dans des conditions atroces. Jésus savait que beaucoup
mépriseraient son sacrifice... Jésus savait, et pourtant Il continuait à nous
aimer, Il suppliait le Père de nous pardonner... Et Dieu-Trinité, dont Jésus
est, continuait à faire ses délices de la compagnie des hommes!
Mais qu’est Dieu? Et qu’est l’homme pour qu’il
soit aimé ainsi?
Ô Cœur de Jésus, ô Jésus-Hostie, Cœur
Eucharistique de Jésus, Cœur du Christ ressuscité, nous savons que Tu es la
Présence de Dieu au milieu de nous.
Cœur Eucharistique de Jésus, Tu es la Joie de
Dieu.
Seigneur Jésus-Christ, Dieu tout Puissant, envoie
sur nous ton Esprit-Saint pour qu’Il remplisse nos cœurs de ton Amour, de la
joie de ton Eucharistie, de l’humilité de ton Cœur Eucharistique. Envoie-nous
ton Esprit-Saint pour qu’il nous fasse découvrir le bonheur de ton Cœur
Eucharistique.”
Voici un témoignage bouleversant. C’est celui de
Mgr Van Thuan, archevêque de Saïgon, qui passa treize ans en prison. Il nous dit
comment le Seigneur lui montra qu’il fallait distinguer entre Dieu et les œuvres
de Dieu; et le Seigneur lui fit comprendre qu’il devait choisir Dieu, et pas les
œuvres de Dieu. Mgr Van Thuan raconte aussi comment, avec trois gouttes de vin,
une goutte d‘eau et un petit morceau d’hostie, le soir, dans l’obscurité, caché
sous une couverture, il célébra les plus belles messes de sa vie. Et ll se
souvient de la manière dont, sous les moustiquaires, il passait la communion aux
prisonniers chrétiens.
Mg Van Thuan raconte également comment, chaque
semaine, après les séances de lavage de cerveau, il profitait des pauses pour
distribuer à chaque groupe de la prison un petit sachet (de papier à cigarette
récupéré) contenant une parcelle de l’Eucharistie:
“L’un des prisonniers du groupe a l’Eucharistie
dans sa poche. Ils sont heureux parce qu’ils se savent près de Jésus. Et le
soir, ces prisonniers, qui souvent ont abandonné la pratique ou vivent une vie
plus ou moins chrétienne, retournent de plus en plus vers Jésus. C’est
l’Eucharistie qui opère la conversion et chaque soir, l’un après l’autre, fait
l’Heure Sainte, pour veiller auprès de Jésus pendant la nuit, malgré les
fatigues du jour.”
Le Cœur Eucharistique de Jésus, Joie de Dieu, est
vraiment la joie des hommes.
Il est la force qui nous soutient dans les combats
de la vie, Il est la Vie, notre vie, celle que sa bonté nous donne, la Vie de
Dieu, sa vie d’Amour qu’Il nous confie pour que nous fassions ses délices.
Curieusement, quand nous contemplons Jésus-Eucharistie, nous contemplons sa
joie, et nous voyons son humilité.
Jésus-Hostie, nous contemplons ta solitude dans
les tabernacles, nous contemplons ton humilité; nous nous effrayons du mépris
dans lequel on Te tient, surtout dans nos pays occidentaux. Nous pleurons en
voyant comment l’on Te traite maintenant, en Te distribuant n’importe comment,
par n’importe qui, et pour n’importe qui. Les innombrables sacrilèges qui se
commettent Te font d’autant plus souffrir, Jésus, et nous font d’autant plus
frémir, que la plupart des gens ne savent même plus que recevoir l’Eucharistie
en état de péché mortel, c’est un sacrilège. Et tant de gens ne savent plus ta
présence, ta Présence réelle dissimulée dans l’Hostie, dans toutes les Hosties,
étincelles d’amour de ton Amour divin.
Souvent nous nous insurgeons contre l’apparente
inertie de Jésus-Eucharistie. Car enfin, le Seigneur devrait agir, cesser de se
laisser faire ainsi, de se laisser malmener, outrager, humilier. Jésus est le
Puissant, Il est la Force de Dieu, Il est la Vie, Il est la Vérité; alors, qu’Il
nous la fasse connaître, cette vérité. Il est le chemin, qu’Il nous le montre,
ce Chemin, et qu’Il se manifeste!
Mais Jésus devait rester humble dans son
Eucharistie, Lui, doux et humble de Cœur. Jésus devait demeurer dans une extrême
petitesse pour atteindre tous les petits de la terre, tous les humbles de la
terre, les méprisés de nos sociétés, les oubliés des lois sociales, les blessés
par le manque d’amour. Jésus devait être solitaire pour entrer dans les cœurs
délaissés et trop abandonnés. Jésus devait être méconnu pour atteindre les
persécutés, les prisonniers des prisons des régimes totalitaires, pour rendre
leur liberté aux prisonniers à cause de son Nom. Il devait être oublié pour que
ceux que l’on oublie ne soient plus seuls.
Jésus devait rester petit pour pouvoir aller
jusque dans les cœurs les plus meurtris par la haine des hommes. Jésus devait
être prisonnier pour nous donner sa liberté. Il devait souffrir la haine des
bourreaux de tous les temps pour leur porter son Amour...
L’Eucharistie de Jésus, c’est sa Joie.
L’Eucharistie c’est sa Présence qui apaise, qui panse les plaies, qui redonne
courage, qui donne l’espérance et qui permet aux désespérés de pouvoir vivre
encore et de trouver sa Joie. L’Eucharistie de Jésus, c’est la joie qui console
les cœurs des hommes pécheurs.
L’Eucharistie de Jésus, c’est notre consolation.
Merveille des merveilles! Jésus, dans son Eucharistie, est Joie et Il est Vie.
L’humilité de Jésus dans son Eucharistie, c’est sa grandeur! Et voici encore
plus étonnant: la joie de l’Eucharistie, l’humilité du Cœur Eucharistique, ce
fut aussi la consolation de son Agonie. Car l’Eucharistie c’est aussi l’annonce
de sa Résurrection.
Jésus, nous Te contemplons encore. Le regard de
ton Cœur nous enveloppe de ton Amour. Par ton Sacrifice, le don de ta Vie, Dieu
sera glorifié. Oui, le Père est glorifié, mais le Fils que Tu es, est, Lui
aussi, déjà glorifié. Oui, car Tu sais, Jésus, que dans trois jours Tu
ressusciteras, et ton Eucharistie prendra tout son sens. En effet, si Tu ne
ressuscitais pas, vaine serait ta mort, vaine aussi ton Eucharistie, et ton
dernier geste d’amour envers tes apôtres n’aurait aucun sens: dans quelques
jours ils ne s’en souviendraient même plus. Merveille des merveilles! Ta vie,
Jésus, tes miracles, tes enseignements, tout l’Amour que Tu as donné aux hommes
qui T’ont accueilli, tout cela n’a aucun sens, aucune valeur si Tu ne
ressuscites pas. Ta Vie, ta doctrine, les aveugles qui voient, les boiteux qui
marchent, les sourds qui entendent, les pauvres qui sont enseignés, tout cela ne
sert à rien si Tu n’es pas ressuscité; et nous, nous sommes les plus malheureux
des hommes...
Nous sommes parfois déconcertés par les paroles de
Jésus. Il avait récemment dit à tes disciples: “Le Royaume de Dieu est déjà
parmi vous.” Or Il s’en va: c’est l’Heure de sa Passion, c’est l’heure de sa
mort. Alors, le pain et le vin qu’Il vient de distribuer à ses apôtres, qu’en
restera-t-il quand ils auront tout mangé et tout bu? Et même, s’ils font
“cela en mémoire de Lui”, nous, nous n’aurons que du pain et du vin
ordinaires. Jésus sera mort, et nous serons seuls; et notre foi sera vaine... Et
nous serons vraiment les plus malheureux des hommes.
Mais Jésus nous dit que son Royaume est déjà parmi
nous, et qu’Il sera avec nous jusqu’à la fin du monde... Jésus est avec nous par
son Eucharistie, ces étincelles de son Amour qu’Il multiplie à l’infini, dans
l’espace et dans le temps. L’Eucharistie, c’est Jésus Ressuscité, et
l’Eucharistie n’a de sens que parce qu’Il est ressuscité. Le dernier repas
pascal de Jésus et l’institution de l’Eucharistie annoncent sa Résurrection. Le
Cœur Eucharistique de Jésus, c’est son Cœur, le Cœur de l’Amour, le Cœur de
Dieu, le Cœur du Fils de l’Homme ressuscité d’entre les morts.
Jésus est ressuscité! Merveille! Son Eucharistie
est la manifestation, visible et sensible, de sa Résurrection. Car Il est
vraiment ressuscité, Jésus, et nous sommes les plus heureux des hommes... Et son
Eucharistie nous le crie chaque jour. Et son Cœur Eucharistique, c’est son Cœur
amoureux, livré pour nous, mais ressuscité pour notre Vie. Le Cœur Eucharistique
de Jésus, c’est son Amour pour nous, demeuré là, pour nous, au secours de notre
faiblesse, de nos misères, de nos pauvretés. Le Cœur Eucharistique de Jésus,
c’est la plus grande richesse des hommes délivrés de leurs péchés, c’est le
Royaume de Dieu parmi nous.
Les étincelles d’Amour de l’Eucharistie de Jésus
ressuscité, c’est sa Présence réelle, pour nous, à notre portée, pour soutenir
notre petitesse et notre timidité, pour nous purifier de nos trop nombreux
péchés, et pour nous introduire dans son Royaume.
Parfois le Seigneur nous reproche, par la voix de
ses mystiques d’avoir fait de Lui un Dieu dur dont la justice est terrible et
impitoyable. C’est en partie vrai, et Dieu, tel qu’Il est présenté dans l’Ancien
Testament est un Dieu vengeur, un Dieu jaloux. De nombreux théologiens, et pas
des moindres, ont parlé de la terrible justice de Dieu. Et de nombreux
prédicateurs des siècles passés, et même de très grands saints, tonnaient contre
les péchés des hommes de leur temps et les menaçaient constamment de peines
terribles et de l’Enfer. Même le Saint Curé d’Ars se comportait ainsi! Non, il
ne fait pas bon de tomber sous le coup de la justice de Dieu...
Cependant, si notre cœur est attentif, l’Amour de
Dieu, même dans l’Ancien Testament, déborde de tendresse. Partout Dieu se
présente comme un Père aimant, comme une Mère pleine de tendresse, de bonté, de
gentillesse, de chaleur, on pourrait presque dire de chaleur humaine. Dieu est
Père et Mère, Dieu est Famille et son nom est Amour, et son nom, pour les hommes
pécheurs que nous sommes, est Miséricorde.
Alors? D’où vient que nous ayons pendant si
longtemps oublié la tendresse de Dieu, la tendresse de Jésus? Et Il s’agit bien
ici d’une tendresse humaine, d’une tendresse amoureuse, d’une tendresse
maternelle, paternelle ou fraternelle. En un mot, d’une tendresse sensible. Nous
sommes des êtres sensibles, faits de chair et de sang, alors pourquoi, pendant
de longues années avons-nous voulu vivre en faisant abstraction, vis-à-vis de
Dieu, de toute sensibilité humaine, comme si nous étions des anges, de purs
esprits? Malheureusement pour nous,
“qui veut faire l’ange fait la bête!”
Souvenons-nous des bribes de conversation que nous
entendons tous, surtout lorsque les enfants et les parents prennent ensemble
leurs repas. Que de gentillesse! Que d’amour aussi, même si des petits malheurs,
comme de la confiture qui tombe sur une robe propre, obligent la maman à grossir
sa voix. Dans la liturgie des Laudes, l’Église fait prier tous les matins, le
Benedictus dans lequel on lit à propos du petit Jean-Baptiste: “Et toi, petit
enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut pour donner à son peuple de
connaître le salut, grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous
visite l’astre d’en haut.”
Quand Dieu se révèle aux hommes, quand Il révèle
son Amour, Il manifeste sa tendresse! Et quelle tendresse, la tendresse de Dieu!
Pourtant les diverses traductions de la Bible ont parfois de quoi surprendre:
ainsi, on trouve assez souvent, sous des formes légèrement différentes, au lieu
de “grâce à la tendresse, à l’Amour de notre Dieu” les phrases suivantes:
“à cause de la Miséricorde de notre Dieu qui nous vaudra la visite du Soleil
Levant qui nous vient d’en haut...” ou encore: “... la rémission des
péchés, œuvre de la miséricordieuse tendresse de notre Dieu qui nous amènera,
d’en haut, la visite du Soleil Levant...” etc.
Dans toutes les traductions on insiste sur la
Miséricorde de Dieu, Miséricorde toujours liée au péché, ce qui n’est pas faux,
mais qui peut faire penser à de la condescendance, et on oublie presque toujours
la tendresse qui évoque un amour proche, intime, plein de sollicitude, de bonté,
de délicatesse, de gentillesse, un amour humain sensible, car nous sommes des
êtres de chair et de sang, et nous ne pouvons connaître que par nos sens. Nous
sommes chair, corps et âme, et pas seulement esprit, pas seulement intelligence.
Et nous avons parfois besoin des caresses de la tendresse de Dieu, nous avons
parfois besoin de “sentir” que Dieu est un Père plein d’Amour, et une Mère qui
sait embrasser et câliner ses petits.
Les hommes d’aujourd’hui sont presque toujours
pleins de gentillesse, pleins d’amour et de tendresse pour ceux qu’ils aiment,
car, quoi qu’on en dise, beaucoup savent encore aimer leurs semblables. Alors,
pourquoi n’aiment-ils plus leur Seigneur et leur Dieu? Oui, on peut vraiment
comprendre les pleurs de Jésus qui sont l’expression de sa tendresse ignorée,
blessée, incomprise, oubliée, méconnue, outragée, humiliée.
Notre monde en folie qui veut chasser l’Amour, qui
veut bannir la vie, peut nous désespérer. Et souvent, quand dans notre prière
nous appelons le secours de Dieu et sa Miséricorde, c’est-à-dire sa tendresse
pour tous les hommes, même s’ils se sont égarés, souvent malgré eux ou à leur
insu, nous pensons à l’Eucharistie. Le Cœur de Jésus présent dans son
Eucharistie, le Cœur Eucharistique de Jésus n’est-il pas, tout simplement, la
tendresse de Dieu au milieu de nous?
Eucharistie, Cœur de Jésus, Cœur Eucharistique de
Jésus, tendresse de Dieu pour nous, ses enfants! Pourquoi ne le savons-nous
plus? Il faudrait peut-être recommencer à le faire savoir... Dieu le Père est
tendresse pour le Fils et pour nous. Dieu le Fils est tendresse pour nous dans
son Eucharistie. Dieu Esprit est tendresse d’Amour dans la Trinité Sainte.
Oui, le Cœur de Jésus, son Cœur Eucharistique est
la Tendresse du Père dans l’amour de l’Esprit-Saint!


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