2 - L’Eucharistie et le bonheur

Préliminaires

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus chantait: “Ma joie, Jésus, c’est de T’aimer...” Ce devrait être aussi notre joie, notre bonheur. Où avons-nous le plus de chances de rencontrer Jésus et de L’aimer? Dans l’Eucharistie. Notre joie, ce devrait être de Le rencontrer, dans son Eucharistie, de vivre avec Lui, Cœur à cœur, avec son Cœur Eucharistique. Alors, vivant un étonnant échange d’amour avec Jésus-Christ, notre joie et notre bonheur seront aussi de Le porter à nos frères pour qu’ils puissent , à leur tour,  Le rencontrer, Lui, Dieu vivant auprès de nous, et  L’aimer... C’est alors que nous pourrons chanter une nouvelle béatitude, celle de Jésus-Eucharistie, notre Dieu, notre joie et notre bonheur, notre vie, notre Paix et notre Chemin sur les chemins du monde...

Dans son Eucharistie, Jésus nous comble de grâces, des grâces de foi et de charité. Nous croyons en la présence réelle de Jésus dans son Eucharistie, mais cette présence est si discrète, si cachée dans l’Hostie consacrée, que, parfois,  notre foi doit être confortée. Oui, Jésus est là, vraiment là, pour chacun d’entre nous, mais il nous faut souvent prier et implorer:

Jésus, donne-nous la foi qui témoigne de ta présence, de ton Amour, de ta Miséricorde. Car Tu es aussi Miséricorde, Jésus-Eucharistie.

Contemplons le Cœur Eucharistique de Jésus et perdons-nous en son Amour,  vivons de son Amour, louons-Le pour sa Miséricorde. Implorons Jésus-Eucharistie, plein de miséricorde, pour qu’Il ait pitié des pauvres pécheurs que nous sommes, si petits, si fragiles, et souvent si distraits. Implorons la pitié de Jésus envers ses enfants perdus qui sont comme des brebis sans berger, qui cherchent leur Seigneur, qui voudraient bien L’aimer, mais qui ne savent même plus que Dieu existe, que le Christ les as sauvés, qu’Il est là pour eux dans ses tabernacles... et qu’Il nous attend tous...

Jésus nous attend dans son Eucharistie, Il attend nos cœurs, Il est toujours prêt à nous accueillir et à nous pardonner... Car Jésus-Eucharistie est Miséricorde. Tournons nos cœurs et nos esprits vers Jésus-Hostie, et que chacun Le prie avec ses mots à Lui, ses pauvres mots humains qui implorent ses grâces:

Prière

Jésus, Tu es tout près de moi: je Te contemple dans ton Eucharistie. Je ne sais pas très bien prier: je sais seulement que Tu es là et que Tu es ma vie. Je sais que Tu es là, et que Tu m’attends, Toi qui veux être ma joie et mon bonheur, mon soutien dans les peines, et ma consolation...

Tu m’aimes Jésus, Tu me l’as fait comprendre. Tu es tout près de moi, Jésus, je le sais. Oui, je ne Te vois pas, et je ne T’entends pas, du moins pas avec mes oreilles, mais je sais que Tu es là, car lorsque que je Te prie, mon Cœur brûle d’Amour... Pourtant mon cœur est lourd, mon cœur souffre pour tous ceux que j’aime. J’ai tant de choses, Jésus à Te demander, tant de souffrances à Te partager, tant de soucis à Te confier...

Jésus, Je T’aime. Tu es ma vie, ma source de vie, ma fontaine de vie, l’origine de ma vie, l’essence de ma vie. Tu nous as tous créés pour que nous T’aimions. Et je T’aime, Jésus,  malgré mes faiblesses, mes misères, mes péchés, mes infidélités, et tous mes amours-propres et mon respect humain, et tous mes manques de charité. Oui je T’aime Jésus, mais aide-moi à mieux T’aimer et mieux Te faire aimer...

Jésus Tu es ma vie, ma lumière, mon salut et ma miséricorde. Tu es ma vérité, mon éblouissement... Je T’aime car Tu veux que je T’aime vraiment. J’essaie, malgré toutes mes misères, de ne désirer que Toi et de vivre avec Toi, chanter pour Toi, me reposer en Toi, et travailler pour Toi et pour ta gloire, pour que ton Règne arrive. Jésus, sois mon chemin, mon chemin droit et sûr; sois ma lumière, ma lampe sur ma route; fais que je T’aime vraiment et que je T’aime dans mes frères.

Quand nous recevons Jésus dans l’Eucharistie, Il est tout près de nous, dans notre cœur et nous pouvons “contempler” son Cœur Eucharistique dans un cœur à cœur étonnant. Souvent, quand nous avons formulé nos demandes, nous n’avons plus rien à dire à Jésus. C’est alors que nous devons nous souvenir que notre Cœur est dans le sien, et que nous vivons de Lui. Il faut nous redire qu’Il est notre vie, que nous vivons de Lui. Son Sang est devenu notre sang, sa Chair  nourrit notre chair et la fait vivre. Nous ne vivons plus, c’est Jésus qui vit en nous car sa Vie est devenue notre vie, son Sang est devenu notre sang, son Cœur est l’abri de notre cœur, car nous vivons en son Cœur. Jésus nous garde  dans son Cœur, et nous nous y sentons bien. Nous comprenons combien Jésus nous aime et nous aussi nous voulons L’aimer, nous voulons aimer tous les hommes, comme Il nous le demande.

Nous ne voyons pas Jésus et pourtant notre Cœur brûle d’Amour pour Lui... et nous voudrions crier son amour à tous les vents du monde, crier à tous nos frères: “Aimez-Le, Il est bon. Aimez-Le, Il vous aime!”  Oui, avec Thérèse de Lisieux nous pouvons chanter: “Mon Bien-Aimé, bonté suprême! À tes enfants, Tu Te donnes Toi-même... “

2-1-Jésus ne veut que notre bonheur

2-1-1-N’ayez pas peur

Jésus ne désire que notre bonheur parfait. Cela nous paraît paradoxal quand nous constatons ou quand nous sommes placés devant toutes les souffrances du monde, et encore plus quand nous souffrons nous-mêmes. Alors, Jésus s’explique. Ainsi, le 13 septembre 1928, Il parla de la joie à Dina Bélanger, une sainte mystique canadienne: “Une âme ne peut pas s’approcher de mon Cœur sans être heureuse, parce que Je suis le Foyer de la joie et du bonheur. Même dans les moments où J’associe une âme le plus intimement à ma Passion et à mes souffrances, Je sais changer pour elle en douceurs toutes les amertumes... La joie parfaite et constante en Moi est la plus grande preuve de l’union parfaite et constante avec Moi. Tu M’aimes sincèrement, c’est Moi qui agis en Toi et à ta place, Je veux donc le prouver par le rayonnement de ma joie divine.”

Sachons accueillir la joie divine que Jésus nous propose, laissons jaillir les fontaines d’espérance, les fontaines de paix, les fontaines de la foi qui sont en nous... Oh! les fontaines de la foi, ces fontaines de force qui nous redonnent vie quand tout s’écroule en nous, quand tout semble mourir autour de nous! Ces fontaines de la foi nous disent: ”Dieu est là: n’ayez pas peur. N’ayez pas peur, même quand la pensée et la vue des univers géants sont là qui vous déstabilisent. N’ayez pas peur de la Création si grande et si terrible: elle est faite pour l’homme, elle faite d’Amour. N’ayez pas peur, ne craignez pas, venez dans le Cœur de Jésus, dans le Cœur de votre Dieu, retrouvez son Amour et retrouvez la paix.”

2-1-2-L’espérance des hommes

Rien n’est jamais perdu dans nos vies. Dans le Cœur de Jésus, même si l’âme est désorientée, même si le Cœur saigne et pleure des larmes de sang, dans le Cœur de Jésus tout est grâce, car Il est le chemin, le chemin qui mène à la vie, sa Vie. Et cela de toute éternité. En effet, de toute éternité, Dieu avait choisi de s’incarner. Toutes les créatures qui adoraient Dieu devaient aussi L’adorer sous sa forme humaine: nous avons vu que c’était la grande épreuve à laquelle tous les anges furent soumis; ce fut la cause de la chute de Satan et des démons qui ne pouvaient accepter de se prosterner devant ce qu’ils considéraient comme un être matériel tellement inférieur à eux!!!...

Or Dieu ne pouvait modifier son plan de réunir en Lui toutes les composantes les plus parfaites de sa création, lesquelles devaient devenir son Corps mystique, son Église sainte. Comme prévu, l’Homme-Dieu, Jésus, vint donc sur la terre en Sauveur, et Il fut crucifié... Mais Dieu, le Père, montra à sainte Catherine de Sienne que son Fils, son Unique, Jésus le Crucifié, était le Pont obligatoire qui seul menait à Lui...  Et Jésus, le Crucifié, Jésus et sa Grande Croix, Jésus, Ressuscité et Glorifié, Jésus dont le Cœur Sacré accueille les hommes qu’Il a sauvés, Jésus, Tête du son Corps mystique veut ainsi montrer qu’Il ne fait qu’un avec son Église.

Soyons en adoration devant Dieu, devant Jésus, l’Homme-Dieu Sauveur, devant Jésus, incarné malgré le péché des hommes, et réussissant l’Unité de la Création avec Dieu, comme le Père l’avait désiré de toute éternité. Restons près de Jésus, contemplons l’Hostie, essayons de concentrer notre pensée sur Lui. Pensons au Sacré-Cœur de Paris dont les bras ouverts en Croix semblent se confondre avec la Croix. Car l’Eucharistie n’existe que dans la Passion et la Résurrection du Christ. L’Eucharistie, c’est l’espérance des hommes.

La souffrance que Jésus nous partage est un cadeau, un trésor. Pour le comprendre il faut obligatoirement revenir à Gethsémani et à la Passion du Christ. Il faut contempler Jésus dans son agonie, sur son chemin de Croix, dans sa mort. La mort de Jésus, c’est le don total de Lui-même, c’est l’Amour qui se donne, c’est l’œuvre sublime de Dieu, c’est le Sommet de l’Amour, c’est la Rédemption du monde qui peut retrouver l’amitié de Dieu, c’est le Trésor des trésors. La souffrance de Jésus, c’est l’espérance des hommes.

2-1-3-Le Cœur de Jésus

Pensons au Cœur de Jésus, Cœur de la Trinité, pensons à son Cœur Eucharistique, image de son Amour, l’Amour du Père et du Fils, Amour tellement intense qu’Il se personnifie dans l’Esprit-Saint... En nous des images naissent: Nous contemplons la Croix. L’Homme-Dieu crucifié laisse voir son Sacré-Cœur, son Cœur qui nous donna l’Eucharistie. Nous pensons au Sacré-Cœur de Jésus qui se révéla à Sainte Marguerite-Marie: voici que Jésus nous montre son Cœur et lentement ouvre les bras jusqu’à devenir Croix... L’image du Sacré-Cœur se confond avec la Croix et son crucifié. Le Cœur de Jésus crucifié, notre Rédempteur, est devenu le Sacré-Cœur que nous pouvons rencontrer dans l’Eucharistie. 

Revoyons la Cène, imaginons les mains de Jésus, ses mains remplies de l’Amour de son Cœur Eucharistique qui va se donner à nous, pour l’éternité; contemplons ses mains qui changent les fruits de la terre et du travail des hommes: le blé transformé en pain, le raisin transformé en vin, adorons ses mains qui changent le pain et le vin en son Corps et en son Sang, tant est grand son désir de  rester avec les enfants des hommes dont la compagnie fait ses délices, les délices de Dieu...

Le Cœur de Jésus est devenu Hostie, Hostie brillante, brûlante d’Amour. Nous comprenons mieux maintenant que l’Eucharistie, c’est Jésus vivant, Jésus Verbe de Dieu brûlant d’Amour pour sa Création et pour ses créatures choisies et bien-aimées, les hommes. Du Cœur Eucharistique de Jésus jaillissent chaque jour des millions de petites Hosties, étincelles d’Amour, étincelles vivantes qu’Il nous envoie pour nous donner la Vie. Nous comprenons que les millions d’Hosties, semées de par le monde, sont vraiment le Cœur de Jésus, son Cœur tout entier, le Cœur de Dieu-Amour, le Cœur du Père et du Fils, le Cœur de l’Amour d’où jaillit l’Amour.  

2-1-4-Le brasier de l’Amour

Plongeons-nous dans le brasier de l’Amour d’où jaillissent les milliards d’Étincelles d’Amour. Chaque jour, si nous le voulons, nous pouvons saisir une de ces Étincelles, une Hostie qui est Dieu-Lui-même. Quelle merveille, Seigneur! Quelle merveille! Le Cœur Eucharistique, c’est l’action de grâce de Jésus, son Amour qui éclate, en milliards d’étincelles, pour enflammer les cœurs, pour purifier les âmes et leur donner la vie, sa Vie.

Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est le Cœur de la Trinité, le Cœur de Dieu-vivant, le Cœur de l’Amour Éternel. Le Cœur Eucharistique c’est le Cœur de l’Homme-Dieu, Verbe Éternel de Dieu, Fils Unique du Père, le Bien-Aimé de Dieu-Père qui a mis en Lui “toutes ses complaisances...”

Le Cœur Eucharistique c’est le Cœur du Sacré-Cœur dont les bras accueillants, grands-ouverts, se fondent avec ceux de la Croix. Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est l’Amour né des deux Amours du Père et du Fils et d’où jaillit l’Esprit, l’Esprit-Saint qui domine tout et embrase les mondes... L’Esprit (l’Amour) enveloppe le Verbe, le Cœur Eucharistique qui protège la terre. L’Amour atteint tout l’univers, baigne les galaxies et régénère les univers.

Notre terre n’est qu’un point dans l’immensité infinie de l’univers, et même dans notre propre galaxie, mais elle est dans le Cœur de Jésus qui attend que les hommes, comprennent son Amour et reviennent à Lui.

Prière

Seigneur Jésus, permets que tous ceux qui communient à ton Corps et à ton Sang deviennent des petits foyers d’amour s’efforçant de recueillir pour leurs frères souffrants les étincelles d’Amour qui leur donneront la force qu’il leur faut pour remonter vers Toi, vers ton Cœur Eucharistique, Cœur de la Trinité. Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur de la Trinité, Cœur de l’Amour Vivant, nous T’adorons... Cœur de Jésus, nous Te prions.

Jésus, nous somme près de Toi, près de ton Cœur Eucharistique. Beaucoup de soucis nous assaillent à cause des âmes qui se perdent. Nous avons tant de chagrin à cause des âmes qui ne Te connaissent plus. Nous Te prions pour qu’elles Te retrouvent, qu’elles reviennent vers Toi, et qu’elles T’aiment... Elles seraient si heureuses, et Toi Jésus, Toi, Tu serais consolé!

2-2-Les cadeaux de Dieu

Les trésors du Verbe de Dieu sont innombrables, depuis le don de la vie jusqu’au don de la mort charnelle -qui est naissance à la vie éternelle- en passant par les multiples événements de l’existence qui sont toujours des cadeaux de sa part, sur une terre qu’Il a façonnée et rendue si belle, pour nous.  Et parmi ces cadeaux de choix il y a l’Eucharistie, le don merveilleux de son amour, de son Corps partagé qu’Il nous donne en nourriture, son Corps multiplié en myriades de myriades d’hosties, étincelles d’Amour pour embraser le monde entier...

Et puis, il y a la Passion du Christ, son Agonie, sa mort sur la Croix. Car, l’homme insensé n’a su répondre à ses bienfaits qu’en en désirant toujours plus, en voulant se comparer à Dieu et se faire dieu, en un mot, en péchant, donc en se séparant de Dieu, devenant ainsi horriblement malheureux. Mais tout pécheurs que nous étions, Jésus, verbe de Dieu incarné, nous aimait encore et Il est venu parmi nous, Cadeau ineffable et merveilleux, Cadeau étonnant de l’Amour de Dieu-Miséricorde.

2-2-1-Les souffrances du Corps Mystique

Et nous, nous avons crucifié, Jésus! Nous ne Lui avons rien épargné, mais Il acceptait tout. C’est qu’Il devait prendre sur Lui tous nos péchés et leurs conséquences. Nos misères, Il devait les porter, nos souffrances, il Lui fallait les  assumer. C’était écrit. Il fallait que le Christ devint péché pour que le péché fût cloué sur la Croix. Jésus nous a rachetés, totalement, et rien ne manque à son Sacrifice. Mais nous sommes le Corps mystique du Christ, et les souffrances qu’Il a subies, le Corps mystique tout entier, -ce Corps dont Il est la Tête et nous les membres- les subit également; le Corps tout entier a été crucifié. Les membres du Corps du Christ ont donc dû, et continuent à devoir souffrir, eux aussi, chacun à sa place, leur part de sa Passion et “achever dans leur propre chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son Corps qui est l’Église.”

Lorsque dans l’Éternel aujourd’hui de Dieu Jésus continue à souffrir sa Passion, toutes les parties de son Corps souffrent ensemble, avec Lui, et continuent à pâtir avec Lui. Chaque élément de son Corps, c’est un homme, dont le rachat, le salut, ne peut s’effectuer que par une participation très étroite avec la douleur du crucifié. Certaines parties du corps sont forcément plus exposées que d’autres, dans les tourmentes et les tempêtes, dans les souffrances du corps. Et le cadeau extraordinaire que Jésus fait à ces parties exposées, c’est-à-dire aux saints, le Trésor merveilleux qu’Il leur confie, c’est de souffrir aujourd’hui, l’Aujourd’hui éternel de son éternel Présent, c’est de souffrir ce qu’Il souffre aujourd’hui dans sa Passion actualisée.

Donc, chaque fois que Jésus fait un Cadeau à l’un de ses saints, c’est un peu de Lui-même qu’Il leur donne. Il les associe, à leur place, à son œuvre étonnante de la Rédemption, pour qu’à leur tour, ils deviennent, toujours à leur place, bien sûr, et proportionnellement à leur générosité, pour qu’ils deviennent des rédempteurs, eux aussi. Devenir “Jésus”, avec Lui, sur son chemin, c’est le Cadeau qu’Il leur propose, le Cadeau de l’Amour. Et voilà pourquoi ils sont souvent si heureux de recevoir ce Cadeau. Nous, pauvres hommes ordinaires, égoïstes et douillets, pauvres hommes qui manquons de foi aussi, nous avons du mal à comprendre cela. Mais eux, les saints, généreux, qui ont compris la valeur immense des Cadeaux du Christ, ces Trésors inépuisables de grâces pour le salut du Corps mystique, eux qui comprennent et qui aiment, non seulement ils acceptent la souffrance que Jésus leur présente: cadeau de l’Amour, mais ils sont heureux, infiniment heureux dans ces souffrances.

2-2-2-La réparation du Corps mystique

Par ses innombrables et terribles souffrances, Jésus-Christ a complètement réparé le Corps que nos péchés avaient blessé. Tout est remis en place, les blessures se cicatrisent. L’agonie, puis les souffrances de la Passion ont rendu à l’œuvre de la Création sa beauté native, sa beauté d’origine. L’œuvre de la Création a retrouvé sa merveilleuse beauté. Mais la merveille qu’est la Rédemption a donné encore plus de beauté à l’œuvre de l’Amour. Alors pourquoi Dieu veut-Il la participation des hommes, comme si quelque chose manquait encore? Pourquoi Dieu veut-Il avoir besoin de nous, de nos souffrances, surtout de la souffrance des saints, comme si le travail du Christ n’était pas achevé?

Ce qui manque à l’œuvre de Jésus, ce qui manque à l’Amour qu’Il a pour nous, c’est un petit peu de notre réponse d’amour, car l’Amour veut toujours partager ce qu’il a de meilleur. Prenons un exemple. Voici un papa qui termine un travail, chez lui, dans sa maison. Tout le monde l’a regardé faire, ce papa qui travaille si bien et ses petits enfants sont hébétés d’admiration devant le résultat. Ils ne savent plus quoi dire tant ils sont émerveillés, comme anéantis devant le savoir-faire du père...

Imperturbable, le papa continue son travail, quand soudain il s’arrête. Il vient de comprendre que son œuvre serait encore plus merveilleuse s’il se faisait aider. Oh! pas beaucoup, ce travail est bien trop compliqué pour des petits enfants. Mais juste un peu, pour qu’ils comprennent que Papa a besoin d’eux, que Papa est tout près d’eux, que Papa les aime et ne veut pas les écraser de sa trop grande science, de son trop grand art. Papa a comme besoin de se faire aider...

Alors Papa glisse un pinceau dans les mains de son tout petit et lui demande de tracer un petit trait, là, dans ce coin où il semble qu’il n’y ait pas assez de peinture. Ou bien c’est un copeau qu’il faut enlever; ou bien une vis qu’il faudrait resserrer, ou donner l’illusion de la resserrer, mais en ayant l’air d’avoir ce grand besoin. Et l’enfant est si fier, après, et si heureux: l’œuvre du Père est devenue aussi un peu son œuvre.

Ainsi nos peines, nos efforts, nos souffrances, ce sont comme ces petites aides dont Notre Seigneur veut avoir besoin pour parachever son œuvre d’Amour, pour nous donner l’illusion que nous avons aussi fait quelque chose. Pour nous rendre heureux! Que d’Amour Seigneur! Que d’Amour pour nous les hommes qui le méritons si peu! Mais Jésus nous aime, et l’Amour a besoin de l’autre. L’Amour ne peut écraser, car l’Amour aime. Voilà pourquoi le Christ demande à ses saints de L’aider un peu dans son œuvre de la Rédemption. Voilà pourquoi Il leur offre ses souffrances, ces cadeaux de son Amour. Voilà pourquoi les saints sont heureux de souffrir avec Lui.

2-3-La coupe de consolation

Jésus est à l’agonie, Jésus n’en peut plus et Il appelle le Père: “Père! Que cette coupe passe loin de Moi!” Puis Jésus se reprend: “Mais si cette coupe ne peut passer sans que Je la boive, que ta volonté soit faite!” Ce qui compte le plus, pour Jésus, c’est que la volonté du Père soit faite, c’est que les hommes soient réconciliés avec Dieu, c’est que le monde soit sauvé. Alors le Père a pitié de l’humanité souffrante de son Fils qui ne fait qu’UN avec Lui, et Il Lui envoie un ange pour Le consoler, pour Le réconforter.

Comment cela se passa-t-il? L’Évangile ne nous le dit pas, mais on peut supposer que l’Ange, pour compenser l’épreuve de la coupe de déréliction présenta une autre coupe que l’on pourrait appeler la Coupe de la Consolation de Jésus.

Et qu’est-ce qu’il y avait dans cette coupe? Regardons attentivement: dans la coupe de la Consolation de Jésus, il y a, bien visibles tous les hommes qu’Il a sauvés par son Sacrifice. Et ils sont nombreux, très nombreux...

2-3-1-Marie, les apôtres et les martyrs

Dans la Coupe de la Consolation de Jésus, il y a d’abord sa Mère, car Marie, la plus parfaite des créatures a, elle aussi, bénéficié, par anticipation, du Sacrifice de son Fils. Elle est là, Marie, toute consolante, toute adorante, et si aimante, et si offerte, et si bonne... Elle est là, tout près de Jésus, au pied de la Croix et dans la Coupe, avec tous les sauvés qu’elle Lui présente, tous les hommes qui ont aimé son Fils, et ceux qui L’aimeront.

Dans la Coupe de la Consolation de Jésus, il y a les apôtres: Pierre, Jean, Thomas, Paul, Timothée, et Tite, et tous les autres. Et avec eux, Marie présente à Jésus les martyrs qui, tout au long des siècles, auront su L’aimer assez pour partager sa Croix et donner leur vie pour Lui.

2-3-2-Les grands saints

Dans la Coupe de Consolation que l’Ange présente à Jésus, il y a aussi les grands saints de tous les temps, les grands témoins de sa Parole, les confesseurs, les docteurs, tous les témoins de son Amour envers les petits, envers les pauvres. Tous ceux qui, avec foi et persévérance ont su prêcher l’Amour de Dieu, l’Amour du Père que Jésus nous a fait connaître, tous ceux qui ont su mettre en pratique, jusqu’à épuisement, son Commandement nouveau: “Aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés.”

Et puis, dans la Coupe de la consolation de Jésus, voici les vierges qui ont préféré son Amour à tout autre amour, et tous les priants, les moines, les ermites, les mystiques. Toutes les âmes privilégiées auxquelles le Christ s’est révélé d’une manière particulière, qu’Il a comblées de son Amour. Âmes dites privilégiées, étourdies de bonheur quand elles ont su comprendre l’Amour qui leur était offert.

2-3-3-Les prêtres

Dans la Coupe de la consolation de Jésus il y a également tous les prêtres, les saints prêtres qu’Il a aimés d’un tel Amour de prédilection qu’Il leur a partagé la grâce immense, incroyable, d’offrir son pardon, de pardonner les péchés de leurs frères, et, surtout, de renouveler tous les jours, sur nos autels du temps, le Sacrifice de la Croix, dans l’Eucharistie qu’ils nous partagent.

2-3-4-Les Marthe et les ouvriers de la première heure

Et puis, tout au fond, quand on a retiré tous les saints et les prêtres qui sont la Consolation de Jésus, il y a les autres, ceux que le Maître avait fait semblant d’oublier. Oui, il y a Marthe, et toutes les Marthes de la terre: elles ne savent pas très bien prier, elles ne savent pas très bien s’arrêter pour Le regarder, Le contempler. C’est vrai, elles s’occupent de trop de choses, mais comment ferions-nous si nous ne les avions pas ces Marthe discrètes qui rendent la vie aimables, qui permettent la vie de leurs familles, de leurs enfants, de leurs frères et soeurs? Qui permettent à d’autres de rester aux pieds de Jésus et à L’adorer et Le contempler...

Il y a aussi tous les ouvriers de la première heure. C’est bien joli d’être, et parfois de s’en vanter, les ouvriers de la dernière heure, d’être comme le Bon Larron, un voleur de Paradis, mais comment auraient-ils pu être les ouvriers de la dernière heure, des voleurs de Paradis, s’il n’y avait pas eu les autres, les ouvriers des premières heures, ceux qui ne sont sûrement pas parfaits, qui rouspètent souvent, qui s’occupent un peu trop des affaires de la terre, mais qui font le travail, qui ont fait le travail, toute la journée, ou presque, en essuyant les fatigues des jours, des contraintes désagréables et pas glorieuses, la chaleur ou le froid, les incommodités, etc... Ils sont là aussi, dans la Coupe de la Consolation de Jésus, car le Seigneur est juste, et Il leur a réservé leur salaire, et pas seulement le juste salaire, mais l’incroyable bonheur d’être, à Gethsémani, dans la Coupe de sa Consolation. Et cela, Jésus ne l’avait pas précisé, dans sa parabole, qu’Il leur avait réservé bien plus que le juste salaire!

2-3-5-Les autres

On peut penser aussi à ceux dont on ne parle pas dans l’Évangile, et à ceux que Jésus semblait blâmer, ou qui semblaient L’intéresser beaucoup moins. Certes, les exemples ou les paraboles que Jésus utilisait étaient tous destinés à faire comprendre l’un ou l’autre de ses enseignements, mais on ne peut s’empêcher d’en citer d’autres, comme le frère aîné du fils prodigue, Nicodème, le jeune homme riche, ceux qui n’avaient pas soigné le voyageur détroussé par des bandits. Ces délaissés, apparemment incompris de Jésus, ne sont-ils pas aussi dans la Coupe de Consolation, cette Coupe qui adoucit un peu l’ Agonie de Jésus à Gethsémani?

Le frère aîné du fils prodigue, on peut comprendre qu’il n’ait pas été très content de l’accueil réservé à son frère. Bien sûr, son attitude n’est pas parfaite, elle manifeste un manque d’amour, elle est trop ajustée aux normes humaines... Mais tout de même! Il n’était pas si mal ce fils aîné, malgré ses défauts. Il aimait bien son père; il était travailleur, et fidèle. Il devait seulement apprendre ce qu’est l’Amour du Père... Il en avait tellement l’habitude qu’il ne s’en apercevait même plus. Et puis, il avait peut-être envie qu’on s’occupe un peu de lui, qu’on montre l’amour qu’on avait pour lui. Car l’amour a parfois un impérieux besoin de sentir qu’on l’aime, que l’amour est partagé. Et on ne risque pas de se tromper en disant que l’Amour qu’est Dieu avait tellement compris ce besoin de l’amour, qu’Il l’avait placé aussi, le frère aîné, dans la Coupe de la consolation du Fils bien-aimé, et cela malgré son péché de jalousie, malgré ses accès de mauvaise humeur.

Dans la Coupe de la Consolation, il y avait certainement les petits que Jésus aimait tant. Ainsi, entre autres, tous les serviteurs de Lazare: ils aimaient aussi le Maître, sans bruit. Eux non plus ne restaient pas à ses pieds à L’écouter, à Le contempler: ils servaient... Et il y avait aussi les pauvres, non mendiants, non infirmes, ceux que Jésus n’avait pas cités, mais qu’Il avait pourtant nourris, un jour, d’un pain multiplié.

Dans la coupe de la Consolation, il y avait aussi des patrons, d’humbles patrons ou de grands employeurs, qui font, de leur mieux, la tâche qui leur est confiée; et elle n’est pas facile, cette tâche de faire travailler les autres, d’assurer du travail à tout le monde. Et puis, il y a tellement de tentations à ces postes-là!

Enfin, dans la Coupe, tout au fond, tout au fond, il y avait encore comme un petit reste... Le temps a fui, les siècles ont passé, et nous voyons la Coupe se vider. Les saints, les martyrs, les apôtres, les grands témoins, les confesseurs, tous sont partis. Il ne reste dans la coupe qu’un tout petit reste, un petit reste de gens insignifiants, de gens sans importance, sans grande vertu apparente, des humbles. Ils s’étaient tellement accrochés à la Coupe que les cataclysmes ont pu déferler, ils sont toujours là, pas très fiers, pas toujours très propres, souvent pécheurs, mais fidèles. Ils sont là, ils regardent Jésus, ils Le consolent. Les temps sont devenus bien difficiles, mais le petit reste, le petit reste des élus et des pécheurs qui se convertissent, le petit reste est encore là, fidèle à Gethsémani, malgré ses infidélités, espérant toujours la Miséricorde.   

C’est seulement quand nous avons fini de vider la Coupe de la Consolation de Jésus que non réalisons à quel point nous ne sommes rien, mais aussi à quel point nous sommes aimés. Aimés gratuitement et sans raison compte tenu de notre insignifiance, pauvres petits moucherons, petites taches à peine visibles sur le pied immense de l’Être infini dont le Corps et la Tête se perdent dans des brumes aussi lointaines qu’infinies elles aussi. On réalise à quel point Dieu nous aime pour envoyer son Fils, son Unique, son Égal se faire l’un de nous, se mettre à notre portée en entrant dans notre monde, et, ce qui est stupéfiant, en faisant siennes notre vie et notre échelle de références.

Prière

Ô Jésus, quel Amour avez-Vous donc pour nous pour entrer dans notre monde, et devenir, à nos yeux, un Moucheron, comme nous, mais un Moucheron de l’Amour? Quel Amour que le Vôtre, Jésus!

Oui quel Amour que le Vôtre, Jésus! Votre Amour rayonne autour de nous, nous prend en lui, nous fait comprendre que nous sommes faits pour Vous, pour Vous aimer, pour Vous glorifier, mais à notre échelle, celle que Vous avez voulue pour nous, et qui ne sera jamais la Vôtre, malgré les apparences terrestres.

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