§ 1. L’oraison dominicale en général.
Quelle est la prière vocale la plus excellente ?
La prière vocale la plus excellente est celle que Jésus-Christ
lui-même nous a enseignée, c’est-à-dire le Pater noster.
Pourquoi le Pater noster est-il la prière la plus excellente ?
Le Pater noster est la prière la plus excellente, parce que
c’est Jésus-Christ lui-même qui l’a composée et qui nous l’a
enseignée ; parce qu’elle contient clairement en peu de paroles
tout ce que nous pouvons espérer de Dieu, et parce qu’elle est
la règle et le modèle de toutes les autres prières.
Le Pater noster est-il aussi la prière la plus efficace ?
Le Pater noster est aussi la prière la plus efficace parce
qu’elle est la plus agréable à Dieu, étant composée des paroles
mêmes que nous a dictées son divin Fils.
Pourquoi le Pater noster est-il appelé oraison dominicale ?
Le Pater noster est appelé Oraison dominicale, ce qui veut dire
prière du Seigneur, précisément parce que c’est Jésus-Christ qui
nous l’a enseignée de sa propre bouche.
Combien y a-t-il de demandes dans le Pater noster ?
Dans le Pater noster il y a sept demandes précédées d’un
préambule.
Récitez le Pater noster ?
Notre Père, qui êtes aux cieux :
1 Que votre nom soit sanctifié,
2 Que votre règne arrive,
3 Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
4 Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien,
5 Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui
nous ont offensés,
6 Et ne nous laissez pas succomber à la tentation,
7 Mais délivrez-nous du mal.
Ainsi soit-il.
Pourquoi en invoquant Dieu au commencement de l’Oraison
dominicale, l’appelons-nous notre Père ?
Au commencement de l’Oraison dominicale nous appelons Dieu notre
Père pour réveiller notre confiance en son infinie bonté,
puisque nous sommes ses enfants.
Comment pouvons-nous dire que nous sommes les enfants de Dieu ?
Nous sommes les enfants de Dieu parce qu’il nous a créés à son
image et qu’il nous conserve et nous gouverne par sa providence,
et parce qu’il nous a, par une bienveillance spéciale, adoptés
dans le Baptême comme les frères de Jésus-Christ et les
cohéritiers avec lui de l’éternelle gloire.
Pourquoi appelons-nous Dieu " notre Père " et non pas " mon Père
" ?
Nous appelons Dieu " notre Père " et non pas " mon Père ", parce
que tous nous sommes ses enfants et que nous devons par suite
nous regarder et nous aimer tous comme des frères et prier les
uns pour les autres.
Dieu est partout ; pourquoi lui disons-nous donc : qui êtes aux
cieux ?
Dieu est partout ; mais nous disons : " Notre Père qui êtes aux
cieux " pour élever nos cœurs vers le ciel où Dieu se manifeste
dans la gloire à ses enfants.
§ 2. La première demande.
Que demandons-nous dans la première demande : que votre nom soit
sanctifié ?
Dans la première demande : que votre nom soit sanctifié, nous
demandons que Dieu soit connu, aimé, honoré et servi par tout le
monde et par nous en particulier.
Qu’entendons-nous en demandant que Dieu soit connu, aimé, honoré
et servi par tout le monde ?
Nous entendons demander que les infidèles arrivent à la
connaissance du vrai Dieu, que les hérétiques reconnaissent
leurs erreurs, que les schismatiques reviennent à l’unité de
l’Eglise, que les pécheurs se corrigent et que les justes
persévèrent dans le bien.
Pourquoi, avant toute autre chose, demandons-nous que le nom de
Dieu soit sanctifié ?
Avant toute autre chose nous demandons que le nom de Dieu soit
sanctifié, parce que la gloire de Dieu doit nous tenir plus à
cœur que tous nos biens et avantages.
Comment pouvons-nous procurer la gloire de Dieu ?
Nous pouvons procurer la gloire de Dieu par la prière, le bon
exemple, et en dirigeant vers lui toutes nos pensées, nos
sentiments et nos actions.
§ 3. La seconde demande.
Qu’entendons-nous par règne de Dieu ?
Par règne de Dieu nous entendons un triple règne spirituel,
c’est-à-dire le règne de Dieu en nous ou le règne de la grâce ;
le règne de Dieu sur la terre, c’est-à-dire la sainte Eglise
catholique, et le règne de Dieu dans les cieux, ou le paradis.
Que demandons-nous par les mots : que votre règne arrive, par
rapport à la grâce ?
Par rapport à la grâce nous demandons que Dieu règne en nous par
sa grâce sanctifiante, par laquelle il se complaît à résider en
nous comme un roi dans son palais ; et de nous tenir unis à lui
par les vertus de foi, d’espérance et de charité qui sont le
règne de Dieu dans notre intelligence, notre cœur et notre
volonté.
Que demandons-nous par les mots : que votre règne arrive, par
rapport à l’Eglise ?
Par rapport à l’Eglise nous demandons qu’elle s’étende et se
propage toujours davantage dans le monde entier pour le salut
des hommes.
Que demandons-nous par les mots : que votre règne arrive, par
rapport à la gloire ?
Par rapport à la gloire nous demandons de pouvoir être un jour
admis dans le saint Paradis pour lequel nous avons été créés et
où nous serons pleinement heureux.
§ 4. La troisième demande.
Que demandons-nous dans la troisième demande : que votre volonté
soit faite sur la terre comme au ciel ?
Dans la troisième demande : que votre volonté soit faite sur la
terre comme au ciel, nous demandons la grâce de faire en toute
chose la volonté de Dieu, en obéissant à ses saints
commandements aussi promptement que les anges et les saints lui
obéissent dans le ciel. Nous demandons encore la grâce de
correspondre aux divines inspirations, et de vivre résignés à la
volonté de Dieu quand il nous envoie des tribulations.
Est-il nécessaire d’accomplir la volonté de Dieu ?
Il est aussi nécessaire d’accomplir la volonté de Dieu qu’il est
nécessaire d’atteindre le salut éternel, car Jésus-Christ a dit
que celui-là seul entrera dans le royaume des cieux qui aura
fait la volonté de son Père.
Comment pouvons-nous connaître la volonté de Dieu ?
Nous pouvons connaître la volonté de Dieu spécialement par la
voix de l’Eglise et de nos supérieurs spirituels établis par
Dieu pour nous guider dans la voie du salut. Nous pouvons aussi
connaître cette très sainte volonté par les divines inspirations
et par les circonstances mêmes dans lesquelles le Seigneur nous
a placés.
Devons-nous toujours reconnaître la volonté de Dieu dans les
événements heureux et malheureux de notre vie ?
Dans les événements tant heureux que malheureux de notre vie
nous devons toujours reconnaître la volonté de Dieu, qui dispose
ou permet tout pour notre bien.
§ 5. La quatrième demande.
Que demandons-nous dans la quatrième demande : donnez-nous
aujourd’hui notre pain quotidien ?
Dans la quatrième demande : donnez-nous aujourd’hui notre pain
quotidien, nous demandons à Dieu ce qui nous est nécessaire
chaque jour pour l’âme et pour le corps.
Que demandons-nous à Dieu pour notre âme ?
Pour notre âme nous demandons à Dieu qu’il entretienne sa vie
spirituelle, c’est-à-dire que nous prions le Seigneur qu’il nous
donne sa grâce dont nous avons continuellement besoin.
Comment se nourrit la vie de notre âme ?
La vie de l’âme se nourrit spécialement par l’aliment de la
divine parole et par le très saint Sacrement de l’autel.
Que demandons-nous à Dieu pour notre corps ?
Pour notre corps nous demandons ce qui est nécessaire à
l’entretien de la vie temporelle.
Pourquoi disons-nous : donnez-nous aujourd’hui notre pain et ne
disons-nous pas plutôt : donnez-nous aujourd’hui le pain ?
Nous disons : donnez-nous aujourd’hui notre pain, et non :
donnez-nous aujourd’hui le pain, pour exclure tout désir du bien
d’autrui. Nous prions donc le Seigneur qu’il nous aide dans les
gains justes et permis, pour que nous nous procurions notre
nourriture par nos fatigues, sans larcin ni fraude.
Pourquoi disons-nous : donnez-nous notre pain, et non donnez-moi
?
Nous disons : donnez-nous au lieu de donnez-moi pour nous
rappeler que, les biens nous venant de Dieu, s’il nous en donne
en abondance il le fait pour que nous en donnions le superflu
aux pauvres.
Pourquoi ajoutons-nous quotidien
Nous ajoutons quotidien parce que nous devons désirer ce qui
nous est nécessaire pour vivre et non pas l’abondance des
aliments et des biens de la terre.
Que signifie de plus le mot aujourd’hui dans la quatrième
demande ?
Le mot aujourd’hui signifie que nous ne devons pas être trop
préoccupés de l’avenir, mais demander ce qui nous est nécessaire
pour le moment.
§ 6. La cinquième demande.
Que demandons-nous dans la cinquième demande : pardonnez-nous
nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
?
Dans la cinquième demande : Pardonnez-nous nos offenses comme
nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés nous demandons à
Dieu qu’il nous pardonne nos péchés, comme nous-mêmes nous
pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Pourquoi nos péchés sont-ils appelés des dettes ?
Nos péchés sont appelés des dettes parce qu’à cause d’eux, nous
devons satisfaire à la divine Justice soit en cette vie le soit
en l’autre.
Ceux qui ne pardonnent pas au prochain peuvent-ils espérer que
Dieu leur pardonne ?
Ceux qui ne pardonnent pas au Prochain n’ont aucune raison
d’espérer que Dieu leur pardonne, d’autant plus qu’ils se
condamnent eux-mêmes en disant à Dieu de leur pardonner comme
ils pardonnent au prochain.
§ 7. La sixième demande.
Quel est l’objet de la sixième demande : et ne nous laissez pas
succomber à la tentation ?
Par la sixième demande : et ne nous laissez pas succomber à la
tentation, nous demandons à Dieu de nous délivrer des
tentations, soit en ne permettant pas que nous soyons tentés,
soit en nous donnant la grâce de n’être pas vaincus.
Qu’est-ce que les tentations ?
La tentation est une excitation au péché qui nous vient soit du
démon, soit des méchants, soit de nos passions.
Est-ce un péché d’avoir des tentations ?
Non, ce n’est pas un péché d’avoir des tentations, mais c’est un
péché d’y consentir ou de s’exposer volontairement au danger d’y
consentir.
Pourquoi Dieu permet-il que nous soyons tentés ?
Dieu permet que nous soyons tentés pour éprouver notre fidélité,
pour faire grandir nos vertus et pour accroître nos mérites.
Que devons-nous faire pour éviter les tentations ?
Pour éviter les tentations nous devons fuir les occasions
dangereuses, garder nos sens, recevoir souvent les sacrements et
recourir à la prière.
§ 8. La septième demande.
Quel est l’objet de la septième demande : mais délivrez nous du
mal ?
Dans la septième demande : mais délivrez-nous du mal, nous
demandons à Dieu qu’il nous délivre des maux passés, présents et
futurs, et spécialement du plus grand de tous les maux qui est
le péché et de la damnation éternelle qui en est le châtiment.
Pourquoi disons-nous : délivrez-nous du mal, et non des maux ?
Nous disons : délivrez-nous du mal, et non des maux, parce que
nous ne devons pas désirer être exempts de tous les maux de
cette vie, mais seulement de ceux qui sont nuisibles à notre âme
: aussi nous demandons d’être délivrés du mal en général,
c’est-à-dire de tout ce que Dieu voit être un mal pour nous.
N’est il pas permis de demander d’être délivré de quelque mal en
particulier, par exemple d’une maladie ?
Si, il est permis de demander d’être délivré de quelque mal en
particulier, mais toujours en nous en remettant à la volonté de
Dieu qui peut aussi faire tourner cette tribulation à l’avantage
de notre âme.
A quoi nous sont utiles les tribulations que Dieu nous envoie ?
Les tribulations que Dieu nous envoie nous sont utiles pour
faire pénitence de nos fautes, pour éprouver nos vertus et
surtout pour imiter Jésus-Christ notre chef, à qui il est juste
que nous nous conformions dans les souffrances si nous voulons
avoir part à sa gloire.
Que veut dire Amen à la fin du Pater ?
Amen veut dire : Ainsi soit-il, ainsi je le désire, ainsi je
prie le Seigneur et ainsi j’espère.
Pour obtenir les grâces demandées dans le Pater noster suffit-il
de le réciter d’une manière quelconque ?
Pour obtenir les grâces demandées dans le Pater noster, il faut
le réciter sans hâte, avec attention et avec la dévotion du
cœur.
Quand devons-nous dire le Pater ?
Nous devons dire le Pater chaque jour, parce que chaque jour
nous avons besoin du secours de Dieu. |