DE LA COMMUNION ET DU SACRIFICE DE LA MESSE
§ I. — DE LA VERTU ET DES FRUITS DE L’EUCHARISTIE.
La vertu et les fruits
du sacrement de l’Eucharistie méritent toute notre admiration. Il
n’est personne, à coup sûr, à qui il ne soit utile et même
nécessaire de les connaître. Et même toute la doctrine que nous
avons exposée jusqu’ici sur ce Sacrement avait principalement pour
but de mettre les Pasteurs en état de mieux en instruire les
Fidèles. Mais comme les biens et les avantages qu’ils renferment
sont presque infinis, les plus beaux et les plus longs discours ne
pourraient les expliquer en détail. Voilà pourquoi les Pasteurs
seront forcés de s’attacher à une ou deux considérations principales
qui suffiront pour montrer l’étendue et l’abondance des fruits
salutaires contenus dans ce sacré Mystère.
Voici un moyen
d’atteindre en partie ce but: c’est de faire voir, en comparant
entre elles la nature et l’efficacité de tous les Sacrements, que
l’Eucharistie est comme la source, tandis que les autres sont les
ruisseaux. En effet l’Eucharistie est vraiment la source de toutes
les grâces, puisqu’elle renferme d’une manière admirable
Notre-Seigneur Jésus-Christ, la Source même de tous les dons
célestes, l’Auteur de tous les Sacrements, le Principe enfin d’où
dérive tout ce qu’il y a de bien et de parfait dans les autres
Sacrements. Après cela il ne sera pas difficile de comprendre
combien sont magnifiques les dons de la Grâce divine que nous
communique la sainte eucharistie.
On pourra encore en
juger aisément, en examinant la nature du pain et du vin, qui sont
les symboles de l’Eucharistie. Ce que le pain et le vin produisent
pour le corps, l’Eucharistie le produit également, mais d’une
manière infiniment plus parfaite, pour le salut et le bonheur de
l’âme. Ce n’est pas le Sacrement qui se convertit comme le pain et
le vin en notre substance, c’est nous-mêmes au contraire qui sommes
changés pour ainsi dire en sa nature. En sorte que l’on peut très
bien appliquer ici ces paroles que Saint Augustin met dans la bouche
de Notre-Seigneur : « Je suis la nourriture des hommes faits ;
croissez, et nous Me mangerez ensuite. Et vous ne Me changerez point
en vous, comme il arrive d la nourriture de votre corps mais c’est
vous qui vous changerez en Moi. »
« Si la Grâce et la
Vérité ont été apportées par Jésus-Christ », ne doivent-elles
pas nécessairement se répandre dans l’âme de celui qui reçoit ce
Sacrement avec un cœur pur et saint ? Car Notre-Seigneur a dit : « Celui
qui mange ma Chair et qui boit mon Sang, demeure en Moi, et Moi en
lui. s Personne ne doit douter que ceux qui participent à ce
Sacrement avec des sentiments de Foi et de piété, ne reçoivent le
Fils de Dieu, de manière à se trouver en quelque sorte greffés sur
son Corps, comme des membres vivants. » Celui qui Me mange, dit
le Sauveur vivra aussi pour Moi. Le pain que je donnerai, c’est ma
Chair pour la vie du monde. » Sur quoi Saint Cyrille a fait cette
remarque: « Le verbe de Dieu, en s’unissant à sa propre chair,
l’a rendue vivifiante. il était donc convenable qu’Il s’unît à nos
corps d’une manière admirable. par sa Chair sacrée et par son Sang
précieux qu’Il nous livre sous les espèces du pain et du vin, pour
nous sanctifier et nous donner la vie. »
Mais en disant que
l’Eucharistie donne la Grâce, que les Pasteurs fassent bien entendre
aux Fidèles que pour recevoir ce Sacrement d’une manière vraiment
utile, il est nécessaire de la posséder auparavant. De même que les
aliments naturels ne servent de rien aux morts, de même aussi il est
certain que les saints Mystères sont inutiles à celui qui n’a pas la
vie de l’âme. Si même ils se présentent sous les apparences du pain
et du vin, c’est précisément pour nous faire comprendre qu’ils n’ont
pas été institués pour rendre la vie à l’âme, mais seulement pour la
lui conserver.
On veut donc dire par
là que la première grâce nécessaire à tous ceux qui veulent recevoir
ce Sacrement, sans manger et boire leur condamnation, ne se donne
qu’à ceux qui ont le désir et la résolution bien arrêtée d’y
participer, car il est la fin de tous les autres Sacrements, le
symbole de l’unité et de l’union de tous les membres ale l’Église,
hors de laquelle il est impossible d’obtenir la Grâce.
D’un autre côté, la
nourriture naturelle n’est pas destinée seulement à la conservation
du corps, mais aussi à son accroissement, et même à ses jouissances
et à son plaisir. De même la nourriture eucharistique non seulement
soutient l’âme, mais la fortifie et lui donne plus de goût pour les
choses spirituelles. nous avions donc raison de dire que ce
Sacrement communique la Grâce, et qu’on peut le comparer justement à
la manne, dans laquelle on trouvait les délices de toutes les
saveurs.
On ne peut douter non
plus que l’Eucharistie ne remette et pardonne les péchés légers, que
l’on appelle ordinairement véniels. tout ce que l’âme entraînée par
l’ardeur de la concupiscence, a perdu de la vie de la Grâce en
commettant des fautes légères, ce Sacrement le lui rend en effaçant
ces petites fautes. De même aussi, pour nous servir toujours de
notre comparaison, la nourriture corporelle répare peu à peu et nous
rend ce que nous perdons tous les jours par l’effet de la chaleur
naturelle. Ce qui a fait dire si justement à Saint Ambroise, parlant
de ce céleste Sacrement : « Ce pain de chaque jour est an remède
aux infirmités de chaque jour. » toutefois ceci ne s’applique
qu’aux péchés dont le sentiment et l’attrait n’émeuvent plus l’âme.
C’est encore un autre
effet de l’Eucharistie de nous conserver exempts et purs de tout
péché, de nous sauvegarder contre les attaques furieuses des
tentations, et de nous servir comme d’un céleste antidote qui nous
empêche d’être infectés et corrompus par le venin mortel des
mauvaises passions. Aussi, au rapport de Saint Cyprien, lorsque dans
les premiers temps de l’Église, les Fidèles étaient condamnés par
les tyrans aux supplices et à la mort pour avoir confessé la Foi de
Jésus-Christ, les Evêques avaient coutume de leur administrer le
sacrement du Corps et du Sang de Notre-Seigneur, de peur que vaincus
par la violence des tourments ils ne vinssent à succomber dans ce
combat suprême du salut.
L’Eucharistie réprime
et modère aussi l’ardeur des désirs de la chair. Par cela même
qu’elle augmente dans les cœur s le feu de l’Amour de Dieu, elle
éteint nécessairement celui de la concupiscence. Enfin, pour
exprimer en un seul mot tous les avantages et tous les bienfaits de
ce Sacrement, il suffit de dire qu’il possède une puissance
souveraine pour nous faire acquérir la gloire éternelle. Car il est
écrit, (et c’est une parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ): « Celui
qui mange ma Chair, et qui boit mon Sang, a la Vie Eternelle, et Je
te ressusciterai au dernier jour. » A en effet, par la grâce de
l’Eucharistie, les Fidèles jouissent déjà dès cette vie d’une paix
et d’une tranquillité de conscience parfaites. Puis, quand il faut
mourir, c’est encore par sa Vertu qu’ils s’élèvent à la gloire et à
la béatitude éternelle ; semblables à Elie « qui fortifié par le
pain cuit sous la cendre marcha jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu
».
Il sera facile aux
Pasteurs d’expliquer plus longuement tous ces bienfaits de
l’Eucharistie, s’ils veulent commenter devant les Fidèles le sixième
chapitre de l’Evangile de Saint Jean, où un grand nombre des effets
de ce Sacrement se trouvent marqués ; ou bien encore, si en
parcourant la suite admirable des actions de Notre-Seigneur, ils
comparent le bonheur de ceux qui Le reçurent dans leur maison,
pendant sa vie mortelle, ou qui recouvrèrent la santé « en
touchant ses vêtements et le bord de sa robe, » avec le bonheur
beaucoup plus considérable de ceux qui Le reçoivent dans leur cœur,
(maintenant qu’Il est en possession de la gloire immortelle), pour
guérir toutes leurs blessures et enrichir leur âme de ses dons les
plus excellents.
§ II. — TROIS MANIÈRES DE PARTICIPER A L’EUCHARISTIE.
Il faut montrer à
présent qui sont ceux qui reçoivent véritablement tous ces fruits
admirables de l’Eucharistie. Il faut faire voir également qu’il y a
plus d’une manière de participer à ce Sacrement, afin que les
Fidèles s’efforcent d’employer celle qui est la plus salutaire. Or,
dans leur sagesse, nos pères ont très bien distingué, et le Concile
de Trente après eux, qu’il y a trois manières de recevoir
l’Eucharistie.
Les uns reçoivent
seulement le Sacrement. Ce sont ces pécheurs qui ne craignent pas de
prendre les saints Mystères avec une bouche et un cœur impurs, et
dont l’Apôtre a dit: « Qu’ils mangent et boivent indignement le
Corps du Seigneur. » C’est à eux aussi que s’appliquent ces
paroles de Saint Augustin .: « Celui qui ne demeure pas en
Jésus-Christ, et en qui Jésus-Christ ne demeure pas, ne change
certainement point sa Chair spirituellement, quoique matériellement
et visiblement il presse sous ses dents les Sacrements de son Corps
et de son Sang. » Mais ceux qui reçoivent les saints Mystères
dans cette disposition, non seulement n’en retirent aucun fruit,
mais même, au témoignage de l’Apôtre, « ils mangent et boivent
leur propre condamnation. »
Il y en a d’autres qui
ne participent à l’Eucharistie que spirituellement: ce sont
ceux qui, animés « de cette Foi vive qui opère par la Charité »,
se nourrissent de ce Pain céleste par des désirs et des vœux
ardents. S’ils ne retirent pas de ce Sacrement tous les fruits qu’il
contient, ils en reçoivent néanmoins de très considérables.
Enfin il en est qui
participent à l’Eucharistie réellement et spirituellement tout à la
fois. Fidèles aux avertissements de l’Apôtre, ils ont soin de
s’éprouver eux-mêmes, et de se revêtir de la robe nuptiale, avant de
s’approcher de la sainte table. Aussi ils ne manquent jamais d’en
recueillir les avantages si abondants dont nous avons parlé.
Voilà pourquoi ceux qui
peuvent se mettre en état de recevoir le sacrement du corps de
Notre-Seigneur, et qui se contentent de faire la Communion
spirituelle, se privent eux-mêmes volontairement de biens immenses
et célestes.
§ III. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR
COMMUNIER.
Mais il est temps de
dire comment les Fidèles doivent se préparer à recevoir le sacrement
de l’Eucharistie. Et d’abord, afin de les bien convaincre de la
nécessité de cette préparation, il convient de leur proposer
l’exemple de notre Sauveur. Lorsqu’Il voulut donner à ses Apôtres le
sacrement de son Corps et de son Sang précieux, bien qu’ils fussent
déjà purs, (Il le leur avait dit Lui-même), Il ne laissa pas
néanmoins de leur laver les pieds, afin de nous faire comprendre par
là que nous ne devons rien négliger pour nous mettre en état de
grâce, et de grâce parfaite, lorsque nous allons recevoir les saints
Mystères. n’oublions pas non plus que si l’on reçoit toute
l’abondance des dons `de Dieu, quand on participe à l’Eucharistie
avec un cœur bien disposé et parfaitement préparé, on y trouve au
contraire les inconvénients et les malheurs les plus grands — bien,
loin d’en retirer 1e moindre fruit -lorsqu’on la reçoit sans la
préparation nécessaire. Les choses les plus excellentes et les plus
salutaires ont cela de particulier qu’elles produisent les plus
heureux effets, si l’on s’en sert à propos, et qu’elles sont au
contraire funestes et pernicieuses, si on les emploie à contretemps.
Il n’est donc pas étonnant que ces dons si précieux et si brillants
de la pure bonté de Dieu, lorsque nous les recevons dans un cœur
bien préparé, soient pour nous un puissant secours capable de nous
faire obtenir la gloire du ciel, mais que par contre ils nous
apportent la mort -et la mort éternelle — si nous avons le malheur
de les recevoir indignement.
Nous voyons une preuve
frappante de cette vérité dans l’Arche d’alliance. Les
Israélites n’avaient rien de plus sacré. Dieu s’en était servi
souvent pour leur accorder les plus signalés bienfaits. Mais enlevée
un jour par les Philistins, elle fit tomber sur eux un terrible
fléau, aussi affligeant que honteux, et qui les couvrit d’opprobre.
De même aussi la nourriture, qui arrive dans un estomac bien
préparé, soutient et fortifie le corps, mais au contraire elle
engendre de graves maladies, si l’estomac est mal disposé et plein
d’humeurs mauvaises.
La première disposition
nécessaire, c’est de savoir distinguer entre table et table,
c’est-à-dire, discerner cette table sacrée des tables profanes, ce
Pain céleste du pain ordinaire. Pour cela, il faut croire fermement
que l’Eucharistie renferme le vrai Corps et le vrai Sang du même
Dieu que les Anges adorent dans le ciel, qui fait trembler
par ses ordres les colonnes du ciel, dont la gloire
remplit le ciel et la terre. C’est là discerner en effet,
comme le recommande l’Apôtre, le Corps du Seigneur. Mais il
faut se contenter d’adorer la profondeur de ce Mystère, sans
chercher à en pénétrer l’essence par des recherches trop curieuses.
Une seconde disposition
absolument indispensable, c’est de nous demander à nous-mêmes si
nous sommes en paix avec les autres, si nous aimons notre prochain
sincèrement, et du fond du cœur. « Si en offrant votre don à
l’autel, vous vous souvenez que votre frère a quelque chose contre
vous, laissez-là votre don devant l’autel, et allez vous réconcilier
avec votre frère, puis après vous viendrez faire votre offrande. »
En troisième lieu, nous
devons examiner notre conscience avec le plus grand soin, de peur
qu’elle ne soit souillée de quelque faute mortelle, dont il soit
nécessaire de nous repentir et d’obtenir le pardon par la contrition
et la confession. Le saint Concile de Trente a décidé en effet,
qu’« il m’était point permis à celui qui a sur la conscience un
péché mortel, de recevoir la sainte Communion, quelque repentir
qu’il croie éprouver, avant de s’être purifié par la confession, si
toutefois il a pu trouver un Confesseur. »
La quatrième
disposition, c’est de réfléchir en silence au-dedans de nous-mêmes
combien nous sommes indignes de ce bienfait divin que nous recevons
dans la sainte eucharistie. Comme le Centurion, auquel
Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même rendit ce témoignage, « qu’Il
n’avait point trouvé une si grande Foi en Israël », nous
devons répéter du fond du cœur : « Seigneur, je ne suis pas digne
que Vous entriez dans ma maison. » Demandons-nous également si
nous aurions le droit de dire avec Saint Pierre : « Seigneur,
Vous savez que je Vous aime ! » Car n’oublions pas que celui qui
était allé s’asseoir au festin de son maître « sans la robe
nuptiale », fut jeté dans une prison ténébreuse, pour y subir
d’éternels châtiments.
Mais la préparation de
l’âme ne suffit pas ; il faut aussi apporter à la Communion
certaines dispositions du corps. Ainsi nous devons nous approcher de
la sainte table à jeun, c’est-à-dire sans avoir rien mangé ni rien
bu depuis le milieu de la nuit, jusqu’au moment où nous recevons
l’Eucharistie. La sainteté d’un si grand Sacrement demande en effet
que le corps lui-même qui va devenir le temple de Notre-Seigneur
Jésus-Christ, soit purifié, et autant que possible conservé digne de
l’Hôte divin qui daigne descendre en lui. Voilà, à peu près, ce
qu’il y a de plus nécessaire à observer pour se préparer à recevoir
utilement les saints Mystères. toutes les autres dispositions
peuvent facilement se rapporter et se réduire à celles que nous
venons d’indiquer ici.
§ IV. — DE L’OBLIGATION DE COMMUNIER.
Il peut arriver que
certains Chrétiens montrent de la négligence, et même de la lâcheté,
à recevoir ce Sacrement, sous prétexte que la préparation qu’il
demande est trop pénible et trop difficile. Il est donc nécessaire
de rappeler aux Fidèles que l’obligation de communier atteint tout
le monde. Il y a plus ; car l’Église a décrété que celui qui ne
s’approche pas de la sainte table au moins une fois chaque année
dans le temps de Pâques, doit être excommunié. Mais n’allons pas
croire qu’il suffit d’obéir à ce Commandement et de recevoir une
fois seulement chaque année le Corps de Notre-Seigneur. Soyons bien
persuadés au contraire qu’il faut renouveler très souvent la sainte
Communion. Mais faut-il communier tous les mois, toutes les semaines
ou tous les jours ? on ne saurait établir là dessus une règle
précise et générale. Ce que l’on peut prescrire de mieux: « Vivez
de manière à pouvoir communier tous les jours ! »
C’est pourquoi les
Pasteurs auront soin d’exhorter souvent les Fidèles à ne point
négliger de nourrir chaque jour leur âme de ce Pain
salutaire, en leur représentant qu’ils ne manquent pas de donner
chaque jour à leur corps les aliments dont il a besoin., et que
la nourriture spirituelle n’est pas moins nécessaire à l’âme que la
nourriture matérielle au corps. Il sera aussi très utile de leur
rappeler en même temps ces immenses et divins bienfaits que nous
procure la Communion eucharistique, ainsi que nous l’avons montré
plus haut. On pourra invoquer encore, et le pain figuratif de la
manne, dont les Israélites étaient obligés de se nourrir tous les
jours, pour réparer les forces de leur corps, et l’autorité des
Saints Pères qui recommandent fortement la réception fréquente de ce
Sacrement. Ce n’est pas seulement Saint Augustin qui a dit: « Vous
péchez tous les jours ; communiez tous les jours » Quiconque
voudra étudier sérieusement les Pères qui ont écrit sur ce sujet, se
convaincra facilement qu’ils sont tous du même avis.
Aussi voyons-nous dans
les Actes des Apôtres qu’il fut un temps autrefois où les Fidèles
communiaient tous les jours. tous ceux qui professaient alors la
Religion chrétienne étaient enflammés d’une Charité si vraie et si
sincère, que sans cesse appliqués à la prière et aux autres devoirs
de la piété, ils se trouvaient prêts à s’approcher chaque jour des
saints Mystères. Cet usage ayant paru s’affaiblir, le très saint
Pape et martyr Anaclet le renouvela en partie. Il ordonna que tous
les ministres de l’Église qui assisteraient au Sacrifice de la
Messe, y communieraient, suivant l’institution des Apôtres. Au reste
ce fut pendant longtemps un usage dans l’Église que le Prêtre, après
avoir achevé le Sacrifice, et pris lui-même l’Eucharistie, se
tournait vers le peuple et invitait les Fidèles à la table sainte
par ces paroles: « Venez, mes frères, à la Communion », et
alors ceux qui étaient préparés recevaient les saints Mystères, avec
de grands sentiments de religion.
Mais ensuite la Charité
et l’amour de la piété se refroidirent tellement que les Fidèles
n’approchaient plus que très rarement de la sainte Communion. C’est
pourquoi le Pape Fabien décréta que tous les Chrétiens devraient
recevoir d’Eucharistie au moins trois fois par an, aux fêtes de la
naissance de Notre-Seigneur, de sa Résurrection, et de la Pentecôte.
Cette règle fut confirmée plus tard par plusieurs Conciles, et
spécialement par le premier Concile d’Agde.
Enfin les choses en
étant venues à ce degré de relâchement que non seulement on
n’observait plus cette ordonnance si sainte et si salutaire, mais
qu’on différait même pendant plusieurs années de communier, le
Concile général de Latran porta ce décret que tous les Fidèles
devraient recevoir au moins une fois par an, à Pâques, le Corps
sacré de Notre-Seigneur, et que ceux qui négligeraient de le faire
seraient exclus de l’entrée de l’Église.
Cependant quoique cette
Loi, fondée également sur l’autorité de Dieu et sur celle de
l’Église, s’étende à tous les fidèles, il faut excepter de
l’obligation qu’elle impose ceux qui n’ont point encore l’usage de
la raison, à cause de la faiblesse de leur âge. Ils sont incapables
en effet de discerner la sainte eucharistie d’un pain ordinaire et
profane, et par suite de la recevoir avec les sentiments de religion
et de piété qu’elle demande. Il semble même qu’il serait absolument
contraire à l’institution de ce Sacrement d’agir d’une autre
manière ; Notre-Seigneur Jésus-Christ ayant dit, en l’instituant :
« Prenez et mangez », paraît avoir exclu les enfants qui ne
peuvent d’eux-mêmes ni prendre ni manger. Il est vrai
qu’anciennement quelques Églises étaient dans l’usage de donner la
sainte eucharistie aux enfants ; mais il y a longtemps que
l’autorité de l’Église a fait disparaître cet usage, soit pour les
raisons que nous venons de dire, soit pour d’autres motifs très
conformes à la piété chrétienne.
Quant à l’âge où l’on
doit donner les saints Mystères aux enfants, personne ne peut mieux
le déterminer que leurs parents, et le Prêtre auquel ils confessent
leurs péchés. C’est à eux qu’il appartient d’examiner et
d’interroger les enfants pour savoir s’ils ont une connaissance
suffisante de cet admirable Sacrement, et s’ils sont capables d’en
goûter les fruits.
On ne doit point non
plus administrer l’Eucharistie aux insensés, parce qu’ils sont
incapables d’aucun sentiment de piété. Cependant, si avant de tomber
en démence, ils avaient montré de la piété et des sentiments
religieux, on pourrait, à l’article de la mort, leur donner la
sainte Communion, suivant le décret du Concile de Carthage, pourvu
que l’on n’eût à craindre ni vomissement, ni indécence, ni aucun
autre inconvénient.
§ V. — COMMUNION SOUS LES DEUX ESPÉCES.
En ce qui regarde la
manière de communier, les Pasteurs auront soin d’enseigner que l’Église
a défendu la Communion sous les deux espèces à tous les Chrétiens,
excepté aux Prêtres lorsqu’ils consacrent l’Eucharistie dans le
Sacrifice de la Messe ; car, comme l’explique le Concile de Trente,
quoique Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la dernière Cène, ait
institué cet auguste Sacrement sous la double espèce du pain et du
vin, et qu’Il l’ait donné ainsi à ses Apôtres, il ne s’ensuit pas
néanmoins qu’Il ait voulu faire une loi d’administrer les saints
Mystères aux Fidèles sous ces deux espèces. Lui-même d’ailleurs,
quand II parle de ce Sacrement, ne fait le plus souvent mention que
d’une seule espèce : « Si quelqu’un mange de ce pain, dit-Il,
il vivra éternellement. Et ce pain que Je donnerai, c’est ma Chair,
pour la vie du monde. Celui qui mange ce Pain vivra éternellement. »
Ce n’est pas sans
motifs — et les motifs les plus graves — que l’Église s’est
déterminée non seulement à approuver, mais encore à sanctionner par
l’autorité d’un décret la coutume de ne communier que sous une seule
espèce.
D’abord il fallait
prendre les plus grandes précautions pour que le Sang de
Notre-Seigneur ne se répandit point à terre, ce qu’il était très
difficile, pour ne pas dire impossible, d’éviter lorsqu’on, avait à
le distribuer à une grande multitude de peuple.
En second lieu,
l’Eucharistie devant être toujours réservée et prête pour les
malades, il était bien à craindre que l’espèce du vin conservée un
peu longtemps ne vînt à s’aigrir.
Troisièmement, il est
un grand nombre de personnes qui ne peuvent supporter ni le goût, ni
même l’odeur du vin. Voilà pourquoi l’Église a très sagement ordonné
que les Fidèles ne recevraient, dans la sainte Communion, que
l’espèce du pain. Autrement ce que l’on donnait pour le salut de
l’âme aurait pu nuire à la santé du corps.
Ajoutons à toutes ces
raisons que dans beaucoup de contrées, on trouve difficilement du
vin, et que l’on ne peut s’en procurer qu’à grands frais, à cause de
l’éloignement des lieux et de la difficulté des chemins.
Enfin — et c’est là le
point principal dans cette question — il fallait abattre l’hérésie
de ceux qui prétendaient que Jésus-Christ n’est pas tout entier sous
chaque espèce ; que l’espèce du pain contenait seulement son Corps,
séparé de son Sang, et l’espèce du vin son Sang, séparé de son
Corps. Et dès lors, pour manifester d’une manière plus sensible aux
yeux de tous la vérité de la Foi catholique, l’Église a très
sagement ordonné la Communion sous une seule espèce, qui est celle
du pain.
Il est encore d’autres
raisons de cet usage, rapportées par ceux qui ont traité cette
matière, et que les Pasteurs pourront leur emprunter, s’ils le
jugent à propos.
§ VI. — MINISTRE DU SACREMENT DE L’EUCHARISTIE.
Nous avons à parler
maintenant du Ministre de l’Eucharistie, non qu’il soit possible à
personne de l’ignorer, mais pour ne rien omettre de tout ce qui
semble se rattacher à la doctrine de ce Sacrement. On enseignera
donc que les Prêtres seuls ont reçu le pouvoir de consacrer
l’Eucharistie, et de la distribuer aux Fidèles. L’usage de l’Église
a toujours été, dit le Concile de Trente, que le peuple reçût la
communion des mains des Prêtres, et que les Prêtres se communiassent
eux-mêmes, quand ils célèbrent les saints Mystères ; usage que ce
saint Concile fait remonter aux Apôtres et qu’il ordonne de
conserver religieusement, d’autant plus qu’il est fondé sur
l’exemple si frappant de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, qui
consacra son Corps adorable et Le présenta aux Apôtres de ses
propres mains. Et même afin de rehausser encore par tous les moyens
possibles, la dignité d’un Sacrement si auguste, non seulement le
pouvoir de l’administrer n’a été donné qu’aux Prêtres, mais l’Église
a défendu par une loi, à tous ceux qui ne sont pas dans les Ordres,
de manier ou de toucher les vases sacrés, les linges et autres
choses nécessaires pour la Consécration, sauf le cas de quelque
grave nécessité. Et c’est ce qui doit faire comprendre, tant aux
Prêtres eux-mêmes, qu’aux simples Fidèles, avec quels sentiments de
piété et quelle innocence il convient de consacrer, d’administrer et
de recevoir l’Eucharistie. néanmoins, ce que nous avons dit plus
haut des autres Sacrements, qu’ils peuvent être administrés
validement, même par des Ministres indignes, pourvu que la matière
et la forme soient exactement employées, n’est pas moins vrai du
Sacrement de l’Eucharistie. La Foi nous enseigne que leur effet ne
dépend pas du mérite de celui qui les administre, mais de la
puissance et des mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Voilà ce qu’il faudra
dire de l’Eucharistie considérée comme Sacrement. Il reste à la
considérer maintenant comme Sacrifice. Après cela, les Pasteurs
n’ignoreront rien de ce qu’ils sont obligés, d’après le décret du
Concile de Trente, d’enseigner aux peuples sur ce Mystère ; les
jours de Dimanches et de Fêtes.
§ VII. — DE L’EUCHARISTIE CONSIDÉRÉE COMME
SACRIFICE.
L’Eucharistie n’est pas
seulement le trésor des richesses spirituelles dont le bon usage
nous assure la grâce et l’amitié de Dieu. Elle possède en outre une
vertu particulière qui nous donne le moyen de témoigner à Dieu notre
reconnaissance pour les immenses bienfaits que nous avons reçus de
Lui. Or, pour comprendre combien ce Sacrifice Lui est agréable et
cher, lorsqu’on le Lui offre comme il convient, il suffit de se
rappeler les sacrifices de l’ancienne Loi. De ces sacrifices les
Prophètes avaient dit : « Vous n’avez voulu ni sacrifices ni
offrandes. » « Si vous aimiez les sacrifices, je Vous en
offrirais ; mais les holocaustes ne Vous sont point agréables. »
Et cependant le Seigneur les agréait, puisque l’Ecriture atteste
qu’Il « les a reçus en odeur de suavité »,
c’est-à-dire qu’ils Lui ont été réellement agréables. Dès lors que
ne devons-nous pas attendre d’un Sacrifice où l’on immole et où l’on
offre Celui dont une voix céleste a dit deux fois : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé en qui J’ai mis foutes mes complaisances ? »
Les Pasteurs devront donc expliquer soigneusement ce Mystère aux
Fidèles, afin que, lorsqu’ils assisteront à la Messe, ils soient
capables de méditer avec attention et avec piété sur ce très saint
Sacrifice.
Ils enseigneront avant
tout que Notre-Seigneur Jésus-Christ a institué l’Eucharistie pour
deux raisons: la première, afin qu’elle servit à notre âme de
nourriture spirituelle pour soutenir et conserver en elle la vie de
la grâce ; la seconde, afin que l’Église possédât un Sacrifice
perpétuel, capable d’expier nos péchés, et au moyen duquel notre
Père céleste, trop souvent offensé d’une manière grave pour nos
iniquités, pût être ramené de la colère à la miséricorde et des
justes rigueurs du châtiment à la clémence. Double effet dont nous
avons une figure et une image dans l’Agneau pascal que les enfants
d’Israël avaient coutume d’offrir comme sacrifice, et de manger
comme sacrement. Et à coup sûr, au moment de s’offrir Lui-même à son
Père sur l’Autel de la Croix, notre divin Sauveur ne pouvait nous
donner une marque plus éclatante de son immense Charité que de nous
laisser ce Sacrifice visible, afin de renouveler sans cesse cette
immolation sanglante qu’Il allait offrir une fois le lendemain sur
la Croix, afin aussi d’en conserver la mémoire jusqu’à la fin des
siècles et d’en répandre chaque jour les fruits infinis dans tout
l’univers, par le moyen de son Église.
Mais il y a une grande
différence entre le Sacrement et le Sacrifice. Le Sacrement a lieu
par la Consécration, et le Sacrifice consiste surtout dans
l’Offrande. Ainsi, pendant qu’elle est conservée dans le ciboire, ou
bien quand on la porte aux malades, l’Eucharistie n’a que le
caractère de Sacrement, et non celui de Sacrifice. De plus, en tant
que Sacrement, elle est une cause de mérite pour ceux qui la
reçoivent, et leur procure tous les avantages dont nous avons parlé
plus haut. Mais, en tant que Sacrifice, elle possède outre la vertu
de nous faire mériter, celle de satisfaire. De même en effet que
Notre-Seigneur Jésus-Christ a mérité et satisfait pour nous dans sa
Passion, ainsi ceux qui offrent ce Sacrifice, par lequel ils
communiquent avec nous, méritent de participer aux fruits de la
Passion de Notre-Seigneur, et ils satisfont pour leurs péchés.
Quant à l’institution
de ce Sacrifice, il n’est pas permis d’avoir le moindre doute, après
la déclaration du Concile de Trente ; en effet cette sainte
assemblée dit formellement que Jésus-Christ l’institua dans la
dernière Cène, et elle frappe d’anathème ceux qui prétendent qu’on
n’offre point à Dieu de Sacrifice véritable dans l’Église, ou du
moins que celui qu’on offre consiste uniquement à donner la Chair de
Notre-Seigneur à manger.
Le Concile n’a point
oublié non plus de rappeler soigneusement que le Sacrifice ne
s’offre et ne peut s’offrir qu’à Dieu. Quoique l’Église ait coutume
de célébrer de temps en temps des Messes en mémoire et à l’honneur
des Saints, le saint Concile nous enseigne que ce Sacrifice ne leur
est point offert, mais à Dieu seul qui les a couronnés
d’une gloire
immortelle. C’est pourquoi le Prêtre ne dit pas: Pierre, ou Paul, je
vous offre ce Sacrifice ; mais en sacrifiant à Dieu seul, il Lui
rend des actions de grâces pour les victoires signalées des
bienheureux Martyrs, et il implore leur protection, afin qu’ils
daignent intercéder pour nous dans le ciel, pendant que nous
honorons leur mémoire sur la terre. Au surplus, cette doctrine sur
la réalité du Sacrifice eucharistique, l’Église l’a reçue de
Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, lorsque dans cette nuit
suprême, où Il ordonna à ses Apôtres de célébrer les saints
Mystères, Il leur dit : « Faites ceci en mémoire de Moi. »
En effet, comme l’a
déclaré le saint Concile, c’est en ce moment-là même qu’Il les
institua Prêtres, et qu’If leur ordonna, à eux et à leurs
successeurs, d’immoler et d’offrir le sacrifice de son Corps. On
tire également une autre preuve de cette vérité de ces paroles de
l’Apôtre aux Corinthiens : « Vous ne pouvez pas boire le Calice
du Seigneur, et le calice des démons ; vous ne pouvez pas participer
à la table du Seigneur, et à la table des démons. » Or, par la
table des démons, il faut nécessairement entendre l’autel sur
lequel on leur immolait des victimes, donc, pour que le raisonnement
de l’Apôtre soit concluant, la table du Seigneur ne peut
signifier rien autre chose que l’Autel sur lequel on Lui sacrifie.
Si nous cherchons dans
l’Ancien testament des figures et des prophéties de ce Sacrifice,
nous y trouvons d’abord ces paroles de Malachie, qui l’annoncent
avec une clarté parfaite : « Depuis le lever du soleil jusqu’à
son coucher, mon nom est grand parmi les nations: en tout lieu on
sacrifie et on offre à mon Nom une victime pure, parce que mon nom
est grand parmi les nations, dit le Seigneur des armées. » Cette
même victime était figurée par tous les sacrifices qui eurent lieu,
soit avant, soit après la promulgation de la Loi. C’est que, en
effet, tous les biens qui étaient signifiés par ces sacrifices se
trouvent renfermés dans celui de l’Eucharistie, qui est la
perfection et l’accomplissement de tous les autres.
Mais de toutes les
figures qui l’ont annoncé, il n’en est point de plus frappante que
le sacrifice de Melchisédech, puisque Notre-Seigneur Jésus-Christ
Lui-même, pour bien nous marquer qu’Il avait été établi « Prêtre
pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech », offrit à Dieu
son Père, dans la dernière Cène, son Corps et son Sang sous les
espèces du pain et du vin.
§ VIII. — LE SACRIFICE DE LA MESSE EST LE
MÊME QUE CELUI DE LA CROIX.
Nous reconnaissons donc
que le Sacrifice qui s’accomplit à la Messe, et celui qui fut offert
sur la Croix ne sont et ne doivent être qu’un seul et même
Sacrifice, comme il n’y a qu’une seule et même Victime,
Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’est immolé une fois sur la Croix
d’une manière sanglante. Car il n’y a pas deux hosties, l’une
sanglante, et l’autre non sanglante, il n’y en a qu’une ; il n’y a
qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvelle tous
les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce
Commandement « Faites ceci en mémoire de Moi. »
Il n’y a non plus qu’un
seul et même Prêtre dans ce Sacrifice, c’est Jésus-Christ. Car les
Ministres qui l’offrent n’agissent pas en leur propre nom. Ils
représentent la Personne de Jésus-Christ, lorsqu’ils consacrent son
Corps et son Sang, comme on le voit par les paroles mêmes de la
Consécration. Car les prêtres ne disent pas : Ceci est le Corps
de Jésus-Christ, mais, Ceci est mon Corps : se mettant
ainsi à la place de Notre-Seigneur, pour convertir la substance du
pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son
Sang.
Les choses étant ainsi,
il faut sans aucune hésitation enseigner avec le saint Concile que
l’auguste Sacrifice de la Messe n’est pas seulement un Sacrifice de
louanges et d’actions de grâces, ni un simple mémorial de celui qui
a été offert sur la Croix, mais encore un vrai Sacrifice de
propitiation, pour apaiser Dieu et nous le rendre favorable. Si donc
nous immolons et si nous offrons cette victime très sainte avec un
cœur pur, une Foi vive et une douleur profonde de nos péchés, nous
obtiendrons infailliblement miséricorde de la part du Seigneur, et
le secours de sa Grâce dans tous nos besoins. Le parfum qui s’exhale
de ce Sacrifice lui est si agréable qu’Il nous accorde les dons de
la grâce et du repentir, et qu’Il pardonne nos péchés. Aussi
l’Église dit-elle dans une de ses Prières solennelles : « Chaque
fois que nous renouvelons la célébration de ce sacrifice, nous
opérons l’œuvre de notre salut. » Car tous les mérites si
abondants de la Victime sanglante se répandent sur nous par ce
Sacrifice non sanglant.
Enfin, telle est la
vertu de ce Sacrifice, — et les Pasteurs ne doivent pas manquer de
l’enseigner — qu’il profite non seulement à celui qui l’immole et à
celui qui y participe, mais encore à tous les Fidèles, soit à ceux
qui rivent avec nous sur la terre, soit à ceux qui déjà sont morts
dans le Seigneur, mais sans avoir suffisamment expié leurs fautes.
Car c’est une tradition très certaine des Apôtres que le saint
sacrifice de la Messe s’offre avec autant d’avantage pour les morts,
que pour les péchés, les peines, les satisfactions et tous les
genres de calamités et d’afflictions des vivants. D’où il suit
clairement que toutes les Messes sont communes, (ou générales)
puisqu’elles s’appliquent au bien général, et au salut commun de
tous les Fidèles.
§ IX. — CÉRÉMONIES DE LA MESSE.
Ce sacrifice est
accompagné de cérémonies imposantes et majestueuses. Et non
seulement il n’en est aucune qui puisse être regardée comme inutile
et superflue, mais encore elles ont toutes pour but de faire briller
davantage la majesté d’un si grand Sacrifice, et de porter les
Fidèles par ces signes salutaires et mystérieux qui frappent la vue,
à la contemplation des choses divines voilées dans le Sacrifice.
Mais nous ne croyons pas devoir nous arrêter plus longtemps sur ce
sujet, qui demanderait des développements trop considérables pour le
travail que nous avons en vue. D’autre part il existe, — dans le
même ordre d’idées — un très grand nombre de traités et de
commentaires qui sont l’œuvre d’hommes aussi pieux que savants, et
que tous les Prêtres peuvent se procurer. nous nous en tiendrons
donc à ce que nous avons exposé jusqu’ici, avec la grâce de Dieu,
sur les points principaux de la Doctrine catholique par rapport à la
sainte eucharistie considérée comme Sacrement, et comme Sacrifice. |