Lorsque les saints
Oracles des Ecritures nous disent : « Dans toutes vos actions,
souvenez-vous de vos fins dernières, et jamais vous ne pécherez »,
ils avertissent assez les Pasteurs de ne laisser échapper aucune
occasion d’exhorter les Fidèles à méditer sans cesse sur la mort. Et
comme l’Extrême-onction rappelle nécessairement la pensée de notre
dernier jour, il est facile de comprendre qu’il y a lieu de parler
souvent de ce Sacrement, non seulement parce qu’il est très
convenable de faire connaître et d’expliquer les Mystères qui ont
rapport au salut, mais encore parce que les Fidèles en se souvenant
que c’est pour tous une nécessité de mourir, s’appliqueront à
réprimer leurs passions déréglées. Dés lors la pensée, et l’attente
de la mort les troublera beaucoup moins. Et même ils rendront à Dieu
d’immortelles actions de grâces de ce que, après nous avoir ouvert
par le sacrement du Baptême l’entrée dans la vie véritable, il a
bien voulu instituer encore le sacrement de l’Extrême-onction, afin
qu’en sortant de cette vie périssable nous eussions un chemin plus
facile et plus sûr pour aller au ciel.
§ I. — DE L’EXTRÊME-ONCTION
ET DE LA NATURE DU SACREMENT DE L’EXTRÊME-ONCTION.
Afin d’exposer à peu
près dans le même ordre que nous avons suivi pour les autres
Sacrements ce qu’il y a de plus nécessaire à expliquer ici, nous
disons d’abord que ce sacrement est appelé Extrême-onction, parce
que de toutes les Onctions saintes qui ont été prescrites par
Notre-Seigneur Jésus-Christ à son Eglise, c’est celle qui
s’administre la dernière. C’est pourquoi nos pères dans la Foi
donnaient encore à ce Sacrement le nom d’Onction des Malades et
de Sacrement des Mourants. Et ces paroles sont bien propres à
rappeler aux Fidèles la pensée de leurs derniers moments.
Mais il faut montrer,
en premier lieu, que l’Extrême-onction est un véritable Sacrement.
Et il ne peut y avoir aucun doute sur ce point, si l’on veut faire
attention aux paroles dont l’Apôtre Saint Jacques s’est servi pour
promulguer la loi de ce Sacrement : « Si quelqu’un est malade
parmi vous, dit-il, qu’il fasse venir les Prêtres de l’Eglise, et
qu’ils prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; et
la prière de la Foi sauvera le malade: et le Seigneur le soulagera ;
et s’il a des péchés, ces péchés lui seront remis. » Puisque,
suivant l’Apôtre, les péchés sont remis par cette Onction, elle a
donc la nature et la vertu d’un Sacrement. telle a toujours été
d’ailleurs la Doctrine de l’Eglise catholique sur l’Extrême-onction ;
un grand nombre de Conciles en font foi. Mais celui de Trente l’a
déclaré si formellement qu’il prononce l’anathème contre ceux qui
auraient la témérité d’enseigner ou de penser le contraire. Le Pape
Innocent Ier recommande également ce Sacrement aux
Fidèles, avec beaucoup de force.
Il faut donc que les
Pasteurs enseignent sans aucune hésitation que l’Extrême-onction est
un Sacrement véritable ; et de plus un seul Sacrement, quoiqu’on
l’administre avec plusieurs Onctions différentes, dont chacune se
fait avec des prières et une forme particulière. Ce Sacrement est
un, non en ce sens que les parties qui le composent ne puissent être
divisées, mais parce que ces parties contribuent chacune à sa
perfection. C’est ce qui se voit dans tout ce qui est composé. Ainsi
une maison est composée de beaucoup de choses et de parties
différentes, mais sa perfection n’est que dans l’unité de la forme.
De même le sacrement de l’Extrême-onction renferme plusieurs choses
et plusieurs paroles, et cependant ce n’est qu’un signe unique de
l’unique effet qu’il a la vertu de produire.
Les Pasteurs ne
manqueront pas de dire quelles sont les parties de ce Sacrement, à
savoir la matière et la forme. Car l’Apôtre Saint Jacques n’a pas
négligé de nous en instruire, et chacune de ces deux parties
renferme des Mystères qu’il est utile de méditer.
L’élément, ou la
matière de ce Sacrement, comme l’ont déclaré plusieurs Conciles, et
spécialement le Concile de Trente, c’est l’huile consacrée par l’Evêque,
non toute sorte d’huile en général, extraite d’une substance
adipeuse, mais seulement l’huile d’olive. Cette matière exprime
parfaitement les effets que la vertu de l’Extrême-onction opère dans
l’âme. De même que l’huile est très propre à adoucir les douleurs du
corps, ainsi la vertu de ce Sacrement diminue la tristesse et les
douleurs de l’âme. De plus l’huile rend la santé, donne la joie, et
sert d’aliment à la lumière, mais surtout elle est très efficace
pour renouveler les forces du corps abattu par la fatigue. Or tous
ces effets représentent sensiblement ce que la puissance divine
opère chez les malades par l’Extrême-onction. — Mais en voilà assez
sur la matière de ce Sacrement.
Quand à la forme qui
lui est propre, elle consiste dans ces paroles et ces prières
consacrées que le Prêtre prononce en faisant chacune des Onctions,
et en disant: « Par cette sainte Onction que le Seigneur vous
pardonne tout ce que vous avez fait de mal, par la vue, par l’odorat
ou par le toucher. » Et ce qui nous indique que c’est bien là la
forme propre et véritable du Sacrement dont nous parlons, ce sont
ces paroles de Saint Jacques: « Et qu’ils prient sur lui, et la
prière de la Foi sauvera le malade. »
En effet, ce texte nous
montre que la forme doit ressembler à une Prière, quoique l’Apôtre
ne nous ait pas laissé les termes mêmes dans lesquels elle doit être
conçue. Mais pour ceux que nous venons d’employer, nous les avons
reçus d’une tradition constante des Pères, et toutes les Eglises se
servent de cette même forme qui leur vient de la sainte Eglise
romaine, mère et maîtresse de toutes les autres Eglises.
Quelques-uns, il est vrai, au lieu de ces mots: Que le Seigneur
vous pardonne tout le mal que vous avez fait, disent: Qu’Il
vous remette, ou qu’Il guérisse tout le mal que vous avez
commis. Mais le sens est toujours le même ; et l’on peut dire
que partout on emploie religieusement la même forme.
Et personne ne doit
être surpris que dans les autres Sacrements la forme signifie d’une
manière absolue ce qu’elle opère, comme lorsque nous disons: Je
te baptise, ou, je te marque du signe de la Croix, ou
encore qu’elle soit impérative, comme dans le sacrement de l’Ordre,
où l’on dit: recevez le Pouvoir, etc., tandis que la forme
seule de l’Extrême-onction s’exprime en une Prière. Et c’est avec
beaucoup de raison qu’elle a été ainsi établie. Car outre la grâce
spirituelle que ce Sacrement confère, il a également pour but de
rendre la santé aux malades. Cependant, comme il n’arrive pas
toujours que les malades guérissent, on lui a donné pour forme une
Prière, afin que par ce moyen nous obtenions de la bonté de Dieu un
effet que la vertu du Sacrement ne produit pas nécessairement, ni
toujours.
II y a aussi des
Cérémonies particulières qui accompagnent l’administration de ce
Sacrement. Ce sont, pour la plupart, des formules de prières que le
Prêtre récite pour obtenir le salut du malade. Il n’y a point de
Sacrement qui s’administre avec plus de prières. Et certes ce n’est
pas sans motifs. Il n’est pas de moment en effet où les Fidèles
aient un besoin plus grand de ce pieux secours. C’est pourquoi tous
ceux qui se trouvent présents, et surtout les Pasteurs, doivent
alors prier Dieu de tout leur cœur, et recommander à sa miséricorde
la vie et le salut du malade avec toute la ferveur possible.
Mais puisque, comme
nous venons de le démontrer, l’Extrême-onction est un Sacrement réel
et véritable, il faut en conclure qu’elle a été instituée par
Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, et que Saint Jacques plus tard
n’a fait que la publier en quelque sorte, et la porter à la
connaissance des Fidèles. Au surplus, notre Sauveur Lui-même semble
avoir donné déjà comme une image de cette Onction, lorsqu’Il envoya
devant Lui ses disciples deux à deux. L’Evangile nous dit en effet
que: « Etant partis, ils prêchaient la pénitence, chassaient un
grand nombre de démons, oignaient d’huile beaucoup de malades et tes
guérissaient. » Or cette Onction n’était certainement pas de
l’invention des Apôtres ; elle était prescrite par notre Seigneur
Lui-même, douée d’une vertu mystérieuse et non point naturelle,
instituée enfin plutôt pour guérir les âmes que pour soulager le
corps. Ainsi l’affirment Saint Denys, Saint Ambroise, Saint Jean
Chrysostome et Saint Grégoire le Grand. Il n’est donc pas possible
de douter que l’Extrême-onction soit un des sept Sacrements de l’Eglise
catholique, et que nous devions la recevoir avec de profonds
sentiments de religion.
§ II. — QUI SONT CEUX A QUI L’EXTRÊME-ONCTION
DOIT ÊTRE ADMINISTRÉE.
Il convient d’apprendre
aux Fidèles qu’il y a un certain nombre de personnes auxquelles il
n’est pas permis d’administrer ce Sacrement, bien qu’il ait été
institué pour tous les Chrétiens sans exception. Et d’abord, on ne
peut le donner à ceux qui sont en bonne santé. Les paroles de
l’Apôtre Saint Jacques sont formelles: « Si quelqu’un est malade
parmi vous, » etc. Mais d’un autre côté la raison elle-même nous
le montre, puisque ce Sacrement a été institué pour servir de remède
non seulement à l’âme mais aussi au corps. Or il n’y a que les
malades qui aient besoin de remèdes ; et par conséquent on ne doit
administrer ce Sacrement qu’à ceux qui sont dangereusement malades
et pour lesquels on peut craindre que le dernier jour soit proche.
C’est cependant une faute très grande de ne donner l’Extrême-onction
au malade qu’au moment où tout espoir de guérison est perdu, et où
la vie semble déjà l’abandonner avec l’usage de sa raison et de ses
sens. Car il est certain que la grâce communiquée par ce Sacrement
est beaucoup plus abondante, lorsque le malade possède encore, en le
recevant, sa raison pleine et entière, et qu’il peut encore exciter
en lui une Foi vive et une Religion sincère. Il faut donc que les
Pasteurs aient grand soin d’administrer toujours ce Remède Divin, et
Si salutaire par sa propre vertu, dans le moment où ils jugeront que
la piété et la Foi des malades pourront le rendre utile et plus
efficace.
On ne doit pas
administrer l’Extrême-onction à celui qui n’est point attaqué d’une
maladie grave, quand même il serait en danger de perdre la vie,
comme, par exemple, s’il était sur le point d’entreprendre une
navigation très dangereuse, s’il partait pour un combat où il
devrait trouver une mort certaine, ou bien si condamné à la peine
capitale il était prêt à marcher au supplice, De plus ce Sacrement
ne peut être donné ni à ceux qui sont privés de l’usage de leur
raison, ni aux enfants qui ne pèchent point encore. Et qui n’ont pas
besoin, par conséquent, de ce moyen pour effacer les restes de leurs
fautes ; ni aux insensés, ni aux furieux, à moins qu’ils n’aient des
intervalles de raison, qu’ils ne témoignent alors des sentiments de
piété, et qu’ils ne demandent l’Onction sainte. Car celui qui n’a
jamais eu ni son esprit ni sa raison ne saurait recevoir ce
Sacrement ; mais il n’en est pas de même, si le malade n’était tombé
dans l’état de folie ou de fureur qu’après avoir demandé lui-même l’Extrême-onction,
lorsqu’il jouissait encore de toutes ses facultés.
On ne fait pas
l’Onction sacrée sur toutes les parties du corps, mais seulement sur
celles que la nature a données à l’homme pour servir d’instrument
aux sens, comme sur les yeux, pour la vue, sur les oreilles, pour
l’ouïe, sur les narines, pour l’odorat, sur la bouche, pour le goût
et la parole, sur les mains pour le toucher qui, tout en étant
répandu sur tout le corps, a néanmoins son principal organe dans
cette partie. L’Eglise a adopté cette manière de donner l’Extrême-onction,
parce qu’elle est très conforme à la nature même de ce Sacrement qui
s’administre comme un véritable remède. En effet dans les maladies
corporelles, quoique le corps entier soit malade, on n’applique
cependant le traitement que sur la partie qui est comme le siège et
la source du mal. Ainsi ce n’est pas non plus le corps tout entier
qui reçoit l’Onction sacrée, mais seulement les membres, qui sont
les organes principaux des sensations, puis les reins comme siège de
la concupiscence et de la volupté, et enfin les pieds, ces
instruments naturels de nos pas et de nos démarches.
Mais il faut remarquer
ici que lorsque le même danger de mort se renouvelle dans une seule
et même maladie, le malade ne doit recevoir l’Onction sainte qu’une
seule fois. toutefois si après l’avoir reçue, il recouvre la santé,
autant de fois aussi il pourra recevoir le secours du même
Sacrement. C’est assez dire que l’Extrême-onction doit être mise
évidemment au nombre des Sacrements qui peuvent se réitérer.
§ III. — DES DISPOSITIONS nécessaires POUR
RECEVOIR L’EXTRÊME-ONCTION.
Comme il faut
travailler avec le plus grand soin à ce que la grâce du Sacrement ne
soit point arrêtée dans son cours, comme d’autre part rien ne lui
est plus contraire que le péché mortel, il faut se conformer
exactement à l’usage constant de l’Eglise catholique d’administrer
les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie avant celui de l’Extrême-onction.
Ensuite les Pasteurs s’appliqueront à persuader au malade de
s’offrir au Prêtre pour recevoir l’Onction sainte avec l’esprit de
Foi de ceux qui se présentaient aux Apôtres pour être guéris: On
doit demander d’abord et avant tout le salut de l’âme, puis la santé
du corps, à la condition toutefois qu’elle tournera au profit du
bonheur éternel. Les Fidèles doivent être bien persuadés d’ailleurs
que Dieu est toujours prêt à exaucer ces prières solennelles et
sacrées que le Prêtre lui adresse, non point en son nom propre, mais
au nom de l’Eglise et de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Enfin on doit
les exhorter vivement à demander eux-mêmes, avec piété et avec Foi,
fonction de cette huile si salutaire, dès que le combat semble
devenir plus violent, et que les forces de l’esprit et du corps
commencent à leur manquer.
§ IV. — QUELS SONT LES MINISTRES DE CE
SACREMENT
Quant à celui qui doit
être le Ministre de l’Extrême-onction, le même Apôtre qui a
promulgué cette institution de Notre-Seigneur, nous l’apprend quand
il dit: « Que le malade fasse venir les Prêtres » ; et par
ce mot il n’entend point les plus avancés en âge, comme l’a très
bien expliqué le Concile de Trente, ni ceux qui occupent le premier
rang parmi le peuple, mais les Prêtres, qui ont été légitimement
ordonnés par les Evêques eux-mêmes avec l’imposition des mains.
C’est donc aux Prêtres que l’administration de ce Sacrement a été
confiée, non à tout Prêtre indistinctement, ainsi que l’a décrété la
sainte Eglise, mais seulement au propre Pasteur qui a juridiction
sur le malade, ou à un autre Prêtre autorisé par lui à exercer cette
Fonction. — Mais gardons-nous d’oublier que le Prêtre, dans ce
Sacrement comme dans tous les autres, agit au nom de Jésus-Christ et
de la sainte Eglise son épouse.
§ V. — DES EFFETS DE L’EXTRÊME-ONCTION.
Il faut aussi
développer avec beaucoup de soin les avantages que nous retirons de
ce Sacrement, afin que si les Fidèles n’ont point d’autre motif pour
désirer de le recevoir, ils v soient portés du moins par leur
utilité personnelle, puisque telle est notre nature, que nous
faisons tout dépendre de notre intérêt. Les Pasteurs enseigneront
donc qu’à ce Sacrement se trouve attachée une grâce qui remet les
péchés, et même directement les péchés légers ou véniels, comme on
les appelle communément ; car, pour les fautes mortelles, elles sont
effacées par le sacrement de Pénitence. L’Extrême-onction n’a pas
été instituée directement pour remettre ces sortes de fautes ; le
Baptême et la Pénitence seuls ont la vertu de produire cet effet.
Un second avantage de
l’Extrême-onction, c’est de guérir l’âme de cette langueur et de
cette infirmité qu’elle a contractées par ses péchés, et de la
délivrer de tous les autres restes de ses fautes. Or le temps le
plus propre pour opérer cette guérison, c’est celui d’une maladie
grave où la vie est en danger. Rien n’est plus naturel à l’homme que
de craindre la mort, surtout lorsqu’il se rappelle ses péchés
passés, et que sa conscience les lui reproche plus vivement. « Ils
se souviendront de leurs crimes en tremblant, dit l’Ecriture, et
leurs iniquités se lèveront contre eux pour les accuser. »
Une autre pensée, un
autre souci qui tourmente encore violemment les malades, c’est que
bientôt il leur faudra paraître devant le tribunal de Dieu,
qui prononcera sur eux, dans sa justice infinie, la sentence qu’ils
auront méritée. Souvent il arrive que, sous le coup de cette
terreur, les Fidèles se troublent étrangement. Or rien n’est plus
propre à faire rentrer l’âme dans la tranquillité à l’heure de la
mort, que d’éloigner d’elle toute tristesse, de lui faire attendre
avec un cœur plein de joie la venue du Seigneur, et de la disposer à
Lui rendre volontiers le dépôt qui lui était confié, dès
qu’il le redemandera. Et précisément l’Extrême-onction possède la
vertu de délivrer les Fidèles de cette anxiété, et de remplir leurs
cœur s d’une pieuse et sainte joie.
Elle nous procure en
outre un autre avantage qui peut passer à bon droit pour le plus
grand de tous. tant que nous vivons, l’ennemi du genre humain ne
cesse de méditer notre défaite et notre ruine. Mais jamais
toutefois. pour nous perdre entièrement et nous ôter s’il est
possible toute espérance en la miséricorde de Dieu ; il ne redouble
ses efforts avec plus d’énergie que lorsqu’il sent approcher notre
dernier jour. Aussi les Fidèles sont-ils heureux, de trouver dans ce
Sacrement des armes et des forces pour abattre son ardeur et son
impétuosité, et pour lui résister victorieusement. Avec l’Extrême-onction,
en effet, l’espérance en la bonté de Dieu ranime et relève le
courage du malade, qui se sent rassuré, et qui supporte dès lors
avec plus de patience et de force les douleurs qu’il endure, de même
qu’il évite plus aisément les pièges et les artifices du démon qui
cherche à le perdre.
Enfin un dernier effet
de l’Extrême-onction, c’est de rétablir la santé du corps, quand
cela est avantageux aux malades. Si de nos jours la guérison du
corps s’obtient moins souvent, croyons bien que cela ne provient
point de l’impuissance du Sacrement, mais de ce que la plupart de
ceux qui reçoivent l’Extrême-onction ou qui l’administrent ont une
Foi trop faible. nous lisons dans l’Evangile que Notre Seigneur
fit peu de miracles parmi les siens, à cause de leur incrédulité.
Au reste on peut bien dire aussi que la Religion chrétienne, depuis
qu’elle a jeté dans les cœur s de plus profondes racines, a moins
besoin du secours des miracles que dans le temps oh elle ne faisait
que de naître. néanmoins il faut à cet égard stimuler fortement la
Foi des Fidèles: et quoi qu’il plaise à Dieu d’ordonner dans sa
Sagesse par rapport à la santé du corps, ils doivent conserver la
ferme espérance que par la vertu de l’Huile sainte ils obtiendront
la santé de l’âme, et qu’ils éprouveront, s’ils viennent à mourir,
la vérité de cet oracle sacré: « Heureux ceux qui meurent dans
le Seigneur ! »
Nous avons exposé en
peu de mots ce qui regarde l’Extrême-onction ; mais si les Pasteurs
développent chacun de nos points principaux, d’une manière plus
étendue, et avec tout le zèle que le sujet demande, il est hors de
doute que les Fidèles retireront de cet enseignement les avantages
les plus considérables pour leur avancement dans la piété. |