Si l’on veut examiner
avec attention la nature et l’essence des autres Sacrements, on
reconnaîtra aisément qu’ils dépendent tous du sacrement de l’Ordre ;
puisque sans lui, les uns ne pourraient jamais ni exister, ni être
administrés, et que les autres demeureraient privés de toutes
cérémonies solennelles, ainsi que d’un certain culte et de certains
rites religieux. C’est donc un devoir pour les Pasteurs, lorsqu’ils
traitent la matière des Sacrements, d’expliquer avec le plus grand
soin tout ce qui concerne le sacrement de l’Ordre.
§ I. — IL EST UTILE D’EXPLIQUER AUX FIDÈLES
LE SACREMENT DE L’ORDRE.
Cette explication leur
sera très utile à eux-mêmes d’abord, puis aux autres
ecclésiastiques, et même aux simples Fidèles: à eux-mêmes, parce
qu’en traitant cette matière ils seront plus portés à réveiller
en eux la Grâce qu’ils ont reçue dans ce Sacrement: aux autres
ecclésiastiques appelés comme eux à l’héritage du Seigneur, parce
qu’ils se sentiront animés du même zèle, et qu’en même temps ils
pourront acquérir la connaissance des choses qui leur sont
nécessaires pour s’élever plus facilement aux Ordres supérieurs:
enfin aux simples Fidèles, d’abord parce qu’ils comprendront combien
ils doivent respecter les Ministres de la Religion, et ensuite parce
que cette explication pourra souvent être entendue de personnes qui
ont l’intention ou le désir de faire entrer leurs enfants dans l’Etat
ecclésiastique, ou d’embrasser eux-mêmes ce genre de vie de leur
propre mouvement. Or il ne serait pas convenable de laisser ces
personnes dans l’ignorance des choses qui regardent particulièrement
cette vocation.
En premier lieu, il
faut enseigner aux Fidèles quelle est l’excellence et la dignité de
ce Sacrement, considéré dans son degré le plus élevé, c’est-à-dire
dans le Sacerdoce. En effet si nous admettons — et il le faut bien —
que les Evêques et les Prêtres sont comme les interprètes et les
ambassadeurs de Dieu, chargés de nous enseigner en son nom la Loi
divine et les règles de notre conduite, en un mot de tenir sur la
terre la place de Dieu Lui-même, il est évident qu’on ne saurait
imaginer des Fonctions plus nobles que les leurs. Ainsi l’Ecriture
leur donne-t-elle quelquefois, et à juste titre, les noms d’anges
et même de dieux, parce qu’ils exercent en quelque sorte au
milieu de nous la Puissance même du Dieu immortel.
Dans tous les temps le
Sacerdoce a été entouré des plus grands honneurs ; mais les Prêtres
du nouveau testament l’emportent infiniment sur tous ceux qui les
ont précédés.
Le pouvoirs qu’ils ont
de consacrer et d’offrir le Corps et le Sang de Notre-Seigneur
Jésus-Christ, et celui de remettre les péchés, dépasse toutes nos
conceptions humaines. On ne peut rien trouver de comparable sur la
terre. Enfin, comme notre Sauveur a été envoyé par son Père, comme
les Apôtres et les disciples à leur tour ont été envoyés par
Jésus-Christ dans le monde entier ; ainsi tous les jours les Prêtres
sont envoyés avec les mêmes pouvoirs, pour travailler à la
perfection des saints, à l’œuvre du Ministère, à l’édification du
Corps de notre Seigneur.
On ne doit donc imposer
témérairement à personne le fardeau de Fonctions si augustes.
Ceux-là seuls doivent en être revêtus qui peuvent le soutenir par la
sainteté de leur vie, par leur science, leur Foi et leur prudence.
« Que nul ne vienne (donc) s’attribuer d lui-même cet
honneur s’il n’y est appelé de Dieu comme Aaron » c’est-à-dire
s’il n’y a été appelé par les Ministres légitimes de l’Eglise. Quant
aux téméraires qui osent s’ingérer et s’introduire d’eux-mêmes dans
ce ministère, il ne faut pas manquer de faire observer que Dieu les
avait en vue, quand Il disait: « Je n’envoyais point ces
Prophètes, et ils couraient. » Il n’y a rien tout à la fois de
plus pitoyable et de plus misérable que ces intrus, ni de plus
funeste à l’Eglise.
Et comme dans tout ce
que l’on entreprend, il est de la plus haute importance de se
proposer une bonne fin, puisque c’est de la bonté de la fin que
dépend en grande partie la bonté des actes, la première
recommandation à faire à ceux qui veulent entrer dans les Ordres,
c’est qu’ils n’aient en vue rien qui soit indigne de si hautes
Fonctions. — Ce point demande à être traité avec un soin d’autant
plus grand que de nos jours, les Fidèles ont l’habitude de manquer
d’une manière plus grave à cet égard. — Les uns en effet
n’embrassent l’Etat ecclésiastique que pour se procurer ce qui est
nécessaire à la nourriture et au vêtement, ils ne cherchent que le
gain dans le Sacerdoce, comme font la plupart de ceux qui prennent
les métiers les plus vulgaires. Il est bien vrai comme l’enseigne
l’Apôtre, d’après la loi naturelle et la Loi divine, que « celui
qui sert à l’Autel, doit vivre de l’Autel », cependant c’est un
grand sacrilège d’approcher de l’Autel en vue du profit qui en
résulte. D’autres sont
conduits au Sacerdoce
par la soif des honneurs et par l’ambition. Il en est enfin qui ne
recherchent les Ordres que pour s’enrichir ; et la preuve c’est que,
si vous ne leur offrez quelque bénéfice considérable, ils ne songent
même pas à recevoir un seul des Ordres sacrés. Ce sont ceux-là que
notre Sauveur appelle des mercenaires, et dont le Prophète Ezéchiel
disait: « Ils se paissent eux-mêmes, et non leurs brebis. »
Leur bassesse et leur avidité a déshonoré l’Etat ecclésiastique aux
yeux des Fidèles, qui le regardent maintenant presque comme la
profession la plus vile et la plus méprisable. Aussi ne tirent-ils
point d’autre fruit de leur Sacerdoce, que celui que recueillit
Judas de son apostolat, c’est-à-dire leur perte éternelle.
Il n’y a donc que ceux
qui, étant légitimement appelés de Dieu, embrassent la carrière
ecclésiastique dans le seul but de travailler à sa Gloire, il n’y a
que ceux-là dont on peut affirmer qu’ils entrent vraiment par la
porte dans l’Eglise .
Ce n’est pas dire
toutefois que l’obligation d’honorer Dieu en toutes choses ne soit
pas commune à tous les hommes. tous en effet ont été créés pour
honorer Dieu et Le servir ; et les Fidèles surtout, qui ont reçu -la
Grâce du Baptême, doivent remplir ce devoir de tout leur cœur, de
tout leur esprit et de toutes leurs forces. Mais ceux qui veulent
recevoir le sacrement de l’Ordre, doivent se proposer non seulement
de chercher la Gloire de Dieu en toutes choses, (obligation qui leur
est évidemment commune avec le reste des hommes, et spécialement
avec les Fidèles), mais encore de Le servir dans la sainteté et
la justice, en remplissant l’un ou l’autre des ministères de l’Eglise.
Dans une armée, tous les soldats obéissent aux ordres du Général.
Cependant ils n’ont pas tous les mêmes fonctions à remplir ; l’un
est Capitaine, l’autre Commandant. De même tous les Fidèles doivent
faire tous leurs efforts pour vivre dans la piété et l’innocence,
(vertus qui honorent vraiment Dieu) ; et cependant il faut aussi que
ceux qui sont engagés dans les Ordres exercent certaines Fonctions
et certains Ministères particuliers. Ainsi ils offrent les saints
Mystères pour eux-mêmes et pour tout le peuple ; ils enseignent la
Loi de Dieu ; ils exhortent et forment les Fidèles à l’observer avec
joie et empressement ; ils administrent les Sacrements de
Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous donnent la Grâce, la conservent
et l’augmentent en nous: enfin pour tout dire en un mot, ils vivent
séparés de tout le reste du peuple, pour remplir le plus grand et le
plus excellent de tous les ministères.
Ces explications une
fois données, les Pasteurs passeront à celles qui se rattachent, à
proprement parler, à la nature même du Sacrement, afin que les
Fidèles qui désirent entrer dans l’Etat ecclésiastique, sachent bien
à quel genre de dignité ils sont appelés, et quelle est l’étendue de
la puissance que Dieu a donnée à son Eglise et à ses Ministres.
§ II. — DE LA PUISSANCE ECCLÉSIASTIQUE.
La puissance
ecclésiastique est double ; elle se partage 1° en pouvoir d’Ordre,
2° en pouvoir de Juridiction.
Le pouvoir d’Ordre a
pour objet le Corps adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la
Sainte eucharistie.
Le pouvoir de
Juridiction s’exerce tout entier sur son Corps mystique. C’est à lui
qu’il appartient de gouverner le peuple chrétien, de le conduire et
de le diriger dans la voie de la céleste et éternelle félicité.
Le pouvoir d’Ordre n’a
pas seulement la vertu et la propriété de consacrer l’Eucharistie ;
il prépare encore les cœur s à recevoir ce Sacrement, il les en rend
dignes, et, en général, il s’étend à tout ce qui peut avoir quelque
rapport avec l’Eucharistie.
Nos Saints Livres
parlent de ce pouvoir en beaucoup d’endroits. Mais nulle part il
n’est exprimé plus clairement, ni d’une manière plus expresse, que
dans Saint Matthieu et dans Saint Jean . « Comme mon Père m’a
envoyé. dit Notre-Seigneur, ainsi je vous envoie: recevez le
Saint-Esprit: les péchés seront remis d ceux à qui vous les
remettrez, et ils seront retenus à ceux d qui vous les retiendrez. »
Ailleurs, il disait: « En vérité Je vous le dis ; tout ce que
vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous
délierez sur la terre sera délié dans Ie ciel. » Ces deux textes
pourront jeter une lumière très grande sur la Vérité que nous
exposons, si les Pasteurs ont soin de les expliquer d’après la
doctrine et l’autorité des saints Pères. Combien une telle puissance
ne l’emporte-t-elle pas sur celle qui fut accordée sous la loi de
nature aux hommes chargés du soin des choses sacrées ! Car l’âge qui
précéda la Loi écrite, eut, lui aussi, son sacerdoce et son pouvoir
spirituel, puisqu’il est certain qu’il avait sa loi: loi et
sacerdoce tellement inséparable, au témoignage de l’Apôtre, que
le changement de l’une entraîne nécessairement le changement de
l’autre. Guidés par un instinct, ou plutôt par une inspiration
naturelle, les hommes de ce temps-là sentaient qu’ils devaient
honorer Dieu, et, par une conséquence nécessaire, ils durent, dans
chaque pays, confier à quelques personnes choisies le soin des
choses saintes et du service divin: ce qui constitue par le fait une
sorte de pouvoir spirituel.
Chez les Juifs, on vit
aussi un pouvoir sacerdotal, bien supérieur, il est vrai, à celui
dont les Prêtres étaient revêtus sous la loi de nature, et cependant
infiniment moins excellent que la puissance spirituelle de la Loi
Evangélique ; puissance toute céleste, qui surpasse celle des Anges
mêmes, qui d’ailleurs vient, non de Moise, mais de Jésus-Christ,
Prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et non selon l’Ordre d’Aaron.
Oui, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui, possédant le pouvoir de
conférer la Grâce et de remettre les péchés, a laissé à son Eglise
ce même pouvoir, en le limitant il est vrai dans son exercice, et en
l’attachant aux Sacrements.
C’est pour exercer ce
pouvoir que des Ministres particuliers ont été institués et
consacrés avec des Cérémonies solennelles. Cette Consécration a reçu
le nom de sacrement de l’Ordre ou de sainte Ordination. Et si les
saints Pères ont cru devoir employer cette expression dont la
signification est très étendue, c’est que précisément ils voulaient
faire mieux apprécier la dignité et l’excellence des Ministres de
Dieu.
L’Ordre en effet, à
prendre ce mot dans sa force et dans son acception propre, est un
arrangement de choses supérieures et de choses inférieures,
disposées entre elles de telle sorte que l’une se rattache à
l’autre. Par conséquent, puisque dans ce ministère il y a plusieurs
degrés et plusieurs fonctions différentes, et que tout est distribué
et arrangé selon un ordre déterminé, le nom d’Ordre lui a été
très bien et très justement appliqué.
§ III. — L’ORDRE EST UN VRAI SACREMENT.
Que l’Ordre, ou
l’Ordination sacrée, soit un véritable Sacrement de l’Eglise, le
saint Concile de Trente le prouve par ce raisonnement que nous avons
déjà employé plusieurs fois: le Sacrement est le signe d’une chose
sacrée ; or ce qui se fait extérieurement dans cette Consécration
signifie la grâce et la puissance qui sont accordées à celui que
l’on ordonne. Il est donc bien évident d’après cela que l’Ordre est
un vrai Sacrement dans toute la rigueur du terme. Aussi quand l’Evêque
ordonne un Prêtre, il lui présente le Calice avec le vin et l’eau,
et la Patène avec le pain en disant: Recevez le pouvoir d’offrir
le Sacrifice, etc... Car l’Eglise a toujours enseigné que ces
paroles, jointes à la matière, confèrent réellement le pouvoir de
consacrer l’Eucharistie, et qu’elles impriment dans l’âme un
caractère qui porte avec lui la grâce nécessaire pour s’acquitter
dignement et légitimement de cette Fonction. Ainsi le déclare
l’Apôtre lui-même : « Je vous avertis, dit-il à Timothée, de
ressusciter la grâce de Dieu qui est en vous par l’imposition de mes
mains ; car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un
esprit de force, d’amour et de sagesse. »
Ainsi, pour nous servir
des expressions du saint Concile, l’exercice d’un Sacerdoce si
sublime étant une chose toute divine, il était de toute convenance,
pour y attacher plus de dignité et lui attirer plus de vénération,
qu’il y eût dans l’Eglise plusieurs sortes de Ministres de rangs
différents, et destinés à assister les Prêtres, chacun selon ses
fonctions propres. Voilà pourquoi ces fonctions sont distribuées de
telle sorte que ceux qui ont reçu la tonsure cléricale, sont élevés
ensuite aux Ordres supérieurs, en passant par les Ordres inférieurs.
II faudra donc
enseigner, et l’Eglise catholique l’a toujours fait, que ces Ordres
sont au nombre de sept, désignés sous les noms de Portier, de
Lecteur, d’Exorciste, d’Acolyte, de Sous-Diacre, de Diacre et de
Prêtre. Et c’est avec une grande sagesse que ces Ordres ont été
établis en pareil nombre. Il est facile de le prouver par les
différents ministères qui sont nécessaires pour célébrer le Saint
Sacrifice de la Messe, et pour administrer la Sainte eucharistie.
Car c’est pour ces deux fins qu’ils ont été spécialement institués.
Ces Ordres se divisent en majeurs, et en mineurs. Les Ordres
majeurs, qu’on appelle aussi Ordres sacrés, sont la Prêtrise, le
Diaconat et le Sous-diaconat. Les Ordres mineurs sont ceux
d’Acolyte, d’Exorciste, de Lecteur et de Portier. nous allons dire
un mot de chacun d’eux, afin que les Pasteurs puissent les
expliquer, surtout à ceux qui, selon eux, seraient appelés à les
recevoir.
§ IV. — DE LA TONSURE.
Parlons d’abord de la
tonsure, qui est comme une préparation à la réception des
Ordres. (Car c’est ainsi qu’il faut l’envisager). Or on prépare au
Baptême par les exorcismes, au Mariage par les Fiançailles. De même
aussi ceux à qui on coupe les cheveux, en les consacrant à Dieu,
sont introduits par là dans la voie du sacrement de l’Ordre: car
cette Cérémonie est la figure des dispositions que doit avoir celui
qui désire se vouer aux ministères sacrés.
Le nom de Clerc qu’on
reçoit alors pour la première fois vient de ce que le tonsuré
commence à prendre le Seigneur pour sa portion et pour son héritage.
Ainsi chez les Hébreux, ceux qui étaient attachés au culte divin, ne
devaient avoir aucune part dans le partage de la terre promise,
d’après l’ordre même du Seigneur qui leur avait dit : « C’est Moi
qui suis ta portion et ton héritage. »Et, bien que ces paroles
puissent s’appliquer à tous les Fidèles sans exception, il est
certain qu’elles conviennent particulièrement à ceux qui se sont
consacrés au service de Dieu.
On coupe les cheveux de
telle sorte que la tonsure forme une couronne, qu’il faut conserver
toujours, et qui doit être plus grande à mesure que l’on avance dans
les Ordres. L’Eglise enseigne que cet usage lui vient des Apôtres ;
il en est fait mention dans les Pères les plus anciens et les plus
considérables, tels que Saint Denys l’Aréopagite, Saint Augustin, et
Saint Jérôme.
On dit même que Saint
Pierre, le prince des Apôtres, fut le premier qui introduisit cette
coutume, en mémoire de la couronne d’épines qui fut placée sur la
tête de notre Sauveur, afin que ce qui avait servi à l’humiliation
et au tourment de Jésus-Christ, dans les mains des impies, fût pour
les Apôtres un signe d’honneur et de gloire. C’était en même temps
un moyen de rappeler aux Ministres de l’Eglise qu’ils doivent
s’étudier à imiter Notre-Seigneur et à le représenter en toutes
choses.
Quelques-uns veulent
que la tonsure soit la marque de la dignité royale qui semble
l’apanage réservé à ceux que Dieu appelle à Le prendre pour leur
héritage. Car ce que l’Apôtre Saint Pierre attribue au peuple
chrétien tout entier, quand il dit : « Vous êtes la race choisie,
le sacerdoce royal, la nation sainte », convient bien mieux
encore, et d’une manière toute particulière — on le comprend
aisément — aux Ministres de la Sainte Eglise.
Il en est d’autres qui
prétendent que la tonsure ou couronne des Clercs est le signe de la
vie plus parfaite dont ils font profession. (La figure circulaire
étant la plus parfaite de toutes les figures). Enfin quelques autres
pensent que la tonsure marque le mépris des choses de ce monde et
l’abandon de tous les soins terrestres, parce qu’elle retranche une
partie des cheveux qui sont en effet quelque chose de superflu dans
le corps humain.
§ V. — DES ORDRES MINEURS.
Après la tonsure, le
premier degré pour entrer dans les Ordres, c’est l’Ordre des
Portiers. Le Portier a pour Fonction de garder les clefs et la
porte de l’Eglise, et d’empêcher d’entrer ceux qui n’en sont pas
dignes. Autrefois il assistait au Saint Sacrifice de la Messe pour
veiller à ce que personne n’approchât trop près de l’Autel, et ne
vînt troubler le Prêtre occupé à célébrer les saints Mystères. On
lui confiait encore d’autres charges comme on peut le voir par les
Cérémonies qui s’observent à son Ordination. L’Evêque en effet prend
les clefs sur l’Autel, les met entre les mains de celui qu’il
institue Portier, et lui dit: « Conduisez-vous comme devant
rendre compte à Dieu des choses qui sont enfermées sous ces clefs. »
Dans l’ancienne Eglise, la dignité de cet Ordre était très grande.
On le voit par les objets qui se gardaient alors dans les temples.
Les Portiers réunissaient la charge de trésorier à celle de Gardien
du tabernacle et des vases sacrés. Aujourd’hui encore d’ailleurs ces
Fonctions sont des plus honorables dans l’Eglise.
Le second degré de
l’Ordre est celui de Lecteur. La fonction de Lecteur est de
lire dans l’Eglise, d’une voix claire et distincte, les Livres de
l’Ancien et du nouveau testament, et surtout ceux qui se récitent
pendant la Psalmodie de la nuit. Autrefois il était encore chargé
d’enseigner aux Fidèles les premiers éléments de la Religion
chrétienne. C’est pourquoi l’Evêque, quand il l’ordonne, lui remet
en présence du peuple le Livre où sont renfermées les choses qui
regardent ce ministère, et lui dit: « Recevez et transmettez la
parole de Dieu ; si vous remplissez fidèlement et avec fruit votre
ministère, vous aurez part avec ceux qui ont dignement annoncé la
parole divine dés le commencement. »
Le troisième Ordre est
celui des Exorcistes. Ils ont le pouvoir d’invoquer le nom du
Seigneur sur ceux qui sont possédés par des esprits immondes. C’est
pourquoi l’Evêque, en les ordonnant, leur présente le Livre où sont
contenus les exorcismes, et prononce en même temps ces paroles: « Prenez
ce Livre, et gardez-le dans votre mémoire, et recevez le pouvoir
d’imposer les mains sur les énergumènes, tant ceux qui sont
baptisés, que ceux qui sont encore catéchumènes. »
Enfin le quatrième et
dernier des Ordres mineurs est celui des Acolytes. Ils
accompagnent les Ministres supérieurs, Diacres et Sous-Diacres, dans
le service de l’Autel, et ils ont pour charge de les aider. En outre
ils portent et gardent des cierges allumés, pendant la Messe, et
surtout pendant la lecture de l’Evangile, ce qui leur a fait donner
aussi le nom de Céroféraires, et voici le rite que l’Evêque a
coutume d’observer pour leur Ordination. D’abord il les instruit des
devoirs de leur charge, puis il donne à chacun d’eux un flambeau
allumé, en disant: « Recevez ce chandelier avec ce cierge, au nom
du Seigneur, et sachez que vous êtes chargé d’allumer les Cierges de
l’Eglise. » Ensuite il leur présente vides les burettes dans
lesquelles on met le vin et l’eau du sacrifice, et il ajoute: « Recevez
au nom du Seigneur ces burettes, pour servir l’eau et le vin
nécessaires à la Consécration de l’Eucharistie de notre Seigneur. »
§ VI. — DES ORDRES MAJEURS.
Des Ordres mineurs et
non sacrés dont nous venons de parler, on peut s’élever légitimement
et parvenir aux Ordres majeurs et sacrés. Au premier degré de ces
Ordres, on rencontre le Sous-Diacre dont les Fonctions, comme le nom
l’indique, sont de servir le Diacre à l’Autel. C’est lui qui doit
préparer les linges sacrés, les vases, le pain et le vin nécessaires
à la célébration du Sacrifice. Aujourd’hui c’est lui qui présente
l’eau à l’Evêque et au Prêtre, lorsqu’ils se lavent les mains à la
Messe. C’est à lui également de réciter l’Epître, qui était lue
autrefois par le Diacre. Il assiste aux saints Mystères comme
témoin, et il est chargé de veiller à ce que personne ne vienne
troubler le Célébrant.
Ces différentes
Fonctions qui appartiennent au Sous-Diacre sont toutes indiquées
dans les Cérémonies sacramentelles de son Ordination. Et d’abord l’Evêque
l’avertit qu’une chasteté perpétuelle est imposée au Sous-Diaconat:
il déclare que personne ne doit être admis à cet Ordre, sans avoir
la volonté sincère de se soumettre à l’obligation du Célibat ; puis
après avoir récité solennellement les Litanies des Saints, il
énumère et il expose les obligations et les charges du Sous-Diacre.
Ensuite chacun des
Ordinands reçoit des mains de l’Evêque le Calice et la Patène ; et
pour leur faire comprendre que le Sous-Diacre doit servir le Diacre,
l’Archidiacre leur fait toucher les burettes pleines de vin et
d’eau, un bassin avec un linge pour s’essuyer les mains. En même
temps l’Evêque prononce ces paroles: « Voyez quel ministère vous
est confié. Je vous conjure de vous montrer digne de plaire à Dieu. »
On ajoute encore
d’autres Prières. Et enfin, quand l’Evêque a revêtu le Sous-Diacre
des ornements sacrés pour chacun desquels il y a des paroles et des
cérémonies particulières, il lui donne le Livre des Epîtres en
disant: « Recevez le Livre des Epîtres, avec le pouvoir de les
lire dans la sainte Eglise de Dieu, tant pour les vivants que pour
les morts. »
Le second des Ordres
sacrés, c’est le Diaconat, dont les fonctions sont beaucoup plus
étendues et ont toujours été regardées comme beaucoup plus saintes.
Le Diacre doit toujours être à côté de l’Evêque ; garder sa personne
pendant qu’il prêche ; le servir, lui et le Prêtre, dans la
célébration du sacrifice comme dans l’administration des Sacrements,
et de plus lire l’Evangile à la Messe. Autrefois il avertissait de
temps en temps les Fidèles de se rendre attentifs aux saints
Mystères. Il distribuait aussi le Sang du Seigneur dans les Eglises
où les Chrétiens avaient l’habitude de recevoir l’Eucharistie sous
les deux espèces. En même temps la dispensation des biens
ecclésiastiques lui était confiée et il devait fournir à chacun ce
qui lui était nécessaire pour son entretien. C’est encore au Diacre,
comme l’œil de l’Evêque en quelque sorte, de voir quels sont ceux
qui dans les temps marqués vont aux Sacrifices et aux Sermons, et
ceux qui y manquent ; ensuite il doit en rendre compte à l’Evêque,
afin qu’il puisse exhorter, avertir, reprendre, blâmer, soit en
particulier, soit en public, suivant qu’il le jugera plus utile et
plus convenable.
Le Diacre lit aussi les
noms des Catéchumènes et il présente à l’Evêque ceux qui doivent
être admis au sacrement de l’Ordre. Enfin, à défaut de l’Evêque et
du Prêtre, il peut encore expliquer l’Evangile, mais non pas du haut
de la chaire, afin qu’il soit bien compris que cette Fonction
n’appartient pas proprement à son ministère.
On doit au reste
prendre les plus grandes précautions pour ne pas élever des indignes
à ce degré de (Ordre. Saint Paul nous le montre dans son Epître à
Timothée en lui exposant ce que doivent être les mœurs, la vertu et
(intégrité du Diacre. nous le voyons aussi par les rites et les
cérémonies solennelles qui se pratiquent à son Ordination. Les
prières de l’Evêque sont plus longues et plus augustes que pour
l’ordination du Sous-Diacre. II ajoute pour lui de nouveaux
ornements sacrés. Il lui impose les mains, comme nous lisons que les
Apôtres le firent, en instituant les premiers Diacres. Enfin il lui
remet le Livre des Evangiles en disant: « Recevez, au nom du
Seigneur, le pouvoir de lire l’Evangile dans l’Eglise de Dieu, pour
les vivants et pour les morts. »
§ VII. — DU SACERDOCE.
Le troisième et le plus
élevé des Ordres sacrés, c’est le Sacerdoce. Ceux qui en sont
revêtus sont désignés communément sous deux noms distincts par les
Pères des premiers siècles. tantôt ils sont appelés Prêtres,
d’un mot grec qui signifie anciens: et cela non seulement à
cause de la maturité de l’âge si nécessaire pour cet Ordre, mais
beaucoup plus encore à cause de leur savoir, de leur prudence et de
la gravité de leurs mœurs. Car il est écrit: « La vieillesse
vénérable n’est point celle qui se compte par le nombre des années
et la longueur du temps ; c’est la prudence qui est la vieillesse de
l’homme, et la vie sans tache est une longue vie. »
Tantôt, on les nomme
Sacerdotes, mot latin qui veut dire ou qu’ils sont consacrés à
Dieu, ou bien qu’ils administrent les Sacrements, et qu’ils sont
chargés de toutes les choses sacrées et divines.
Mais comme les saintes
Lettres distinguent deux Sacerdoces, l’un intérieur et l’autre
extérieur, il est nécessaire de les caractériser tous deux, afin que
les Pasteurs puissent expliquer de quel Sacerdoce il est ici
question.
Ainsi lorsqu’on dit des
Fidèles purifiés par l’eau du Baptême qu’ils sont prêtres, c’est
d’un Sacerdoce intérieur que l’on veut parler. Dans le même ordre
d’idées, tous les justes sont prêtres, qui ont l’esprit de Dieu en
eux, et qui sont devenus par un bienfait de la Grâce, membres
vivants du souverain Prêtre qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ. En
effet, ils immolent à Dieu, sur l’autel de leur cœur, des hosties
spirituelles, toutes les fois que, éclairés par la Foi et enflammés
par la Charité, ils font des œuvres bonnes et honnêtes qu’ils
rapportent à la gloire de Dieu. C’est pourquoi nous lisons dans
l’Apocalypse: « Jésus-Christ nous a lavés de nos péchés dans son
Sang, et Il nous a faits rois et prêtres pour Dieu son Père. »
C’est aussi ce qui a fait dire au prince des Apôtres: « vous
êtes posés sur Lui comme des pierres vivantes, pour former un
édifice spirituel et un Sacerdoce saint afin d’offrir à Dieu des
sacrifices spirituels qui lui soient agréables par Jésus-Christ. »
C’est encore pour cette raison que l’Apôtre nous exhorte « à
offrir à Dieu nos corps comme une hostie vivante, sainte et agréable
à ses yeux, et à Lui rendre un culte spirituel. » Enfin,
longtemps auparavant, David avait dit: « le sacrifice que Dieu
demande est une âme brisée de douleur, vous ne dédaignerez pas, ô
mon Dieu, un cœur contrit et humilié. » Tout cela, évidemment,
se rapporte au Sacerdoce intérieur.
Quant au Sacerdoce
extérieur, il n’appartient point à tous les Fidèles, mais seulement
à certains hommes qui ont reçu l’imposition des mains d’une manière
légitime ; qui ont été ordonnés et consacrés à Dieu avec les
Cérémonies solennelles de la Sainte Eglise, et qui, par le fait, se
trouvent dévoués à un ministère sacré, et d’une nature toute
particulière.
Cette distinction des
deux Sacerdoces peut déjà se remarquer dans l’ancienne Loi. David,
comme nous venons de le montrer, a parlé du Sacerdoce intérieur.
D’autre part personne n’ignore combien le Seigneur fit d’ordonnances
relatives au Sacerdoce extérieur, par le ministère de Moïse et
d’Aaron. Il y a plus, II attacha au service du temple la tribu de
Lévi tout entière, et II défendit par une Loi d’admettre à ces
Fonctions sacrées aucun homme d’une autre tribu. Ainsi le roi Osias,
ayant usurpé le ministère sacerdotal, fut frappé de lèpre par le
Seigneur en punition de sa témérité et de son sacrilège. Et comme
nous découvrons dans la Loi Evangélique cette même distinction d’un
double Sacerdoce, il importe d’avertir les Fidèles qu’il s’agit ici
du Sacerdoce extérieur, conféré seulement à certains hommes. Lui
seul, en effet, appartient au sacrement de l’Ordre.
§ VIII. — DEGRÉS ET FONCTIONS DU SACERDOCE
Les Fonctions du Prêtre
sont d’offrir à Dieu le St Sacrifice de la Messe et d’administrer
les Sacrements de l’Eglise. C’est ce qu’il est facile de voir par
les Cérémonies mêmes de son Ordination.
D’abord, lorsque l’Evêque
ordonne un Prêtre, il lui impose les mains, ainsi que tous les
autres prêtres qui sont présents à la Cérémonie.
Ensuite il lui met sur
les épaules une étole qu’il ramène et dispose sur sa poitrine en
forme de croix pour lui faire entendre qu’il est revêtu de la Fonce
d’en haut avec laquelle il pourra porter la Croix de Jésus-Christ et
le joug, plein de douceur, de la Loi divine, et aussi enseigner
cette Loi non seulement par ses paroles mais encore par l’exemple
d’une vie très sainte et très pure.
Après cela, il fait sur
ses mains l’Onction de l’Huile sainte ; puis il lui remet le Calice
avec du vin et la patène avec une hostie, en disant: « recevez le
pouvoir d’offrir à Dieu le Sacrifice, et de célébrer la Messe tant
pour les vivants que pour les morts. » Ces cérémonies et ces
paroles font du Prêtre l’interprète et le médiateur entre Dieu et
les hommes: ce qui est sa principale Fonction.
Enfin l’Evêque impose
une seconde fois les mains sur sa tête, en lui disant: « Recevez le
Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les
remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous tes retiendrez. »
C’est par là qu’il lui communique le pouvoir divin de remettre et de
retenir les péchés que Notre-Seigneur donna à ses Apôtres.
Telles sont les
Fonctions propres et les principaux apanages de l’ordre sacerdotal.
Cet Ordre est un en lui-même. toutefois cette unité n’exclut pas
différents degrés de dignité et de puissance.
Le premier de ces
degrés est celui de la Prêtrise proprement dite. nous venons d’en
parler.
Le second est celui de
l’Episcopat. Les Evêques sont placés à la tête des Diocèses, pour
gouverner non seulement les autres Ministres de l’Eglise, mais
encore le peuple fidèle et pour s’occuper de leur salut avec une
vigilance et un soin extrêmes. C’est ce qui les a fait appeler
souvent dans l’Ecriture les Pasteurs des brebis ; et Saint
Paul a tracé leurs devoirs et leurs fonctions dans ce discours qu’il
adressa aux Ephésiens, et que nous lisons dans les Actes des
Apôtres.
Saint Pierre a donné
aussi lui-même une règle toute divine pour l’exercice du ministère
épiscopal, et si les Evêques s’étudient à y conformer leur conduite,
il est impossible qu’ils ne soient pas de bons Pasteurs, et qu’ils
ne passent pour tels.
Les Evêques s’appellent
encore Pontifes. Ce nom vient des païens. C’est ainsi qu’ils
nommaient les premiers de leurs prêtres.
Le troisième degré est
celui des Archevêques. Ils sont à la tête d’un certain nombre
d’Evêques. Ils portent aussi le nom de Métropolitains, parce que les
villes dont ils sont Evêques sont considérées comme les mères
de la province. Leur dignité est plus élevée et leur puissance plus
étendue que celle des Evêques, quoique leur Ordination soit
absolument la même.
En quatrième lieu
viennent les Patriarches, c’est-à-dire les premiers et les plus
élevés des Pères. Autrefois, en dehors du Pontife de Rome, on ne
comptait que quatre Patriarches dans l’Eglise universelle. Mais ils
n’étaient pas tous égaux en dignité. Celui de Constantinople, bien
qu’il n’eût obtenu cet honneur qu’après tous les autres, avait le
premier rang, à cause de la majesté de la Capitale de l’empire. Le
second était celui d’Alexandrie dont l’Eglise avait été fondée par
S: Marc l’Evangéliste, et sur l’ordre du prince des Apôtres. Le
troisième était celui d’Antioche où Saint Pierre avait établi son
premier siège. Enfin le quatrième était celui de Jérusalem, dont l’Eglise
avait été gouvernée d’abord par Saint Jacques, frère du Seigneur.
Mais au-dessus de tous,
l’Eglise catholique a toujours placé le Pontife Romain, que Saint
Cyrille d’Alexandrie, au concile d’Ephèse, appelait le Père et le
Patriarche de tout l’univers. En effet, il est assis sur le siège de
Saint Pierre, sur lequel il est certain que le prince des Apôtres
demeura jusqu’à la fin de sa vie. Et c’est pour cette raison que
l’Eglise reconnaît en lui la Primauté d’honneur et l’universalité de
Juridiction qu’il tient, non des décrets des Conciles, ou d’autres
constitutions humaines, mais de Dieu Lui-même. Il est le Père et le
Guide de tous les Fidèles, de tous les Evêques et de tous les autres
Prélats, quelles que soient leurs dignités et leurs fonctions. Et en
cette qualité, comme successeur de Saint Pierre, comme Vicaire
légitime et véritable de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il gouverne
l’Eglise tout entière.
Les Pasteurs se
serviront de cet exposé. pour enseigner aux Fidèles quels sont les
principaux devoirs et les principales attributions des différents
Ordres ecclésiastiques. Et aussi quel en est le véritable Ministre.
Ce Ministre, c’est l’Evêque.
Car il est certain qu’il n’appartient qu’à lui de conférer les
saints Ordres. On le prouve de la manière la plus facile et la plus
incontestable par l’autorité de la sainte Ecriture, par la
tradition, par les saints Pères, par les décisions des Conciles, et
par l’usage et la coutume de l’Eglise. Il est vrai que certains
Abbés dans leurs monastères, ont été autorisés parfois à conférer
les ordres mineurs, à l’exclusion des Ordres sacrés. Mais cette
Fonction n’en est pas moins réservée absolument à l’Evêque, qui
d’ailleurs peut seul conférer les Ordres majeurs ou sacrés. Pour
ordonner les Sous-Diacres, les Diacres et les Prêtres, un seul
Evêque suffit ; mais pour consacrer les Evêques, une tradition
apostolique, qui s’est toujours maintenue dans l’Eglise, veut qu’il
y en ait trois.
§ IX. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR LES
ORDRES.
Il nous reste
maintenant à parler de ceux qui sont aptes à recevoir le sacrement
de l’Ordre et spécialement la Prêtrise, ainsi que des dispositions
que l’on doit exiger d’eux. Ce que nous dirons de ces dispositions
suffira pour faire aisément concevoir celles que demandent les
autres Ordres, chacun suivant son rang et sa dignité. Or, ce qui
nous montre combien il faut prendre de précautions pour administrer
l’Ordination, c’est que tous les autres Sacrements donnent à ceux
qui les reçoivent des Grâces de sanctification et d’utilité
personnelles, tandis que ceux qui sont initiés aux Ordres sacrés
participent à la Grâce céleste pour que leur ministère profite au
salut de l’Eglise et de tous les hommes.
C’est pour cela qu’il y
a eu de tout temps dans l’Eglise des jours spécialement marqués pour
les Ordinations, et même selon un antique usage, des jeûnes
solennels attachés à ces jours-là. On a voulu porter les Fidèles à
demander à Dieu, par de saintes et ferventes prières, des Ministres
sacrés capables d’exercer dignement, et pour le bien de l’Eglise, la
puissance que donne un ministère aussi sublime.
La première qualité
requise dans celui qui aspire au Sacerdoce, c’est la pureté de vie
et de mœurs. En effet celui qui se ferait ou seulement se laisserait
ordonner dans l’état de péché mortel, se rendrait coupable d’un
crime nouveau et très grave. Mais de plus le Prêtre est obligé de
donner aux autres l’exemple d’une vie vertueuse et innocente. Les
Pasteurs auront donc soin de faire connaître les règles que Saint
Paul prescrivait à cet égard à Tite et à Timothée. Ils enseigneront
en même temps que les défauts corporels qui excluaient du service
des Autels d’après les prescriptions du Seigneur dans la Loi
ancienne doivent s’entendre des vices de l’âme dans la Loi
Evangélique. C’est pourquoi cette sainte coutume s’est établie dans
l’Eglise de n’admettre aux Ordres sacrés que ceux qui auparavant
purifient soigneusement leur conscience dans le sacrement de
Pénitence.
En second lieu le
Prêtre est obligé non seulement de connaître ce qui regarde l’usage
et l’administration des Sacrements, mais encore d’être assez versé
dans la science des saintes Ecritures, pour pouvoir apprendre au
peuple les Mystères de la Foi chrétienne avec les préceptes de la
Loi divine, l’exhorter à la Piété et à la Vertu, le retirer et
l’éloigner du vice. Car le Prêtre a deux grands devoirs à remplir:
l’un de produire et d’administrer les sacrements, l’autre
d’enseigner aux Fidèles confiés à sa garde les choses et les règles
de conduite nécessaires au salut. Ainsi le demande le Prophète
Malachie: « Les lèvres du Prêtre, dit-il, seront dépositaires de
la science ; c’est de sa bouche qu’on attendra l’explication de la
Loi, parce qu’il est l’ange du Seigneur des armées. »
Pour remplir le premier
de ces devoirs, il n’est pas besoin, il est vrai, d’une science
extraordinaire, mais d’autre part une science commune ne suffit
point pour s’acquitter convenablement du second. Cependant on ne
demande pas également à tous les Prêtres de savoir le dernier mot
sur les points les plus obscurs. C’est assez que chacun connaisse ce
qui est indispensable pour l’exercice de sa charge et de son
ministère. On ne doit point conférer les saints Ordres aux enfants,
ni aux frénétiques, ni aux insensés, parce qu’ils sont tous privés
de l’usage de la raison. néanmoins s’ils venaient à les recevoir,
ils en recevraient aussi le caractère, qui demeurerait imprimé en
eux.
Quant à l’âge précis
qu’il faut avoir pour s’approcher de chacun de ces Ordres, nous
renvoyons aux décrets du saint Concile de Trente.
On n’ordonne pas
davantage les esclaves, car on ne peut vouer au service divin ceux
qui ne s’appartiennent pas, et qui sont en puissance d’un autre ; ni
les homicides et les hommes de sang, la Loi de l’Eglise les repousse
et les déclare irréguliers ; ni ceux dont les parents n’ont pas été
mariés selon les lois de l’Eglise ; il convient que ceux qui sont
attachés au service divin n’aient rien en eux qui puisse les exposer
d’une manière quelconque à la déconsidération et au mépris publics.
Enfin on n’ordonne pas
non plus les estropiés, ni ceux qui ont quelque difformité
corporelle considérable. Une laideur et une infirmité de cette
nature, ont, l’une, quelque chose de choquant, et l’autre, quelque
chose de gênant dans l’administration des Sacrements.
§ X. — DES EFFETS DE L’ORDRE.
Ces explications
données, les Pasteurs n’ont plus qu’à faire connaître les effets de
ce Sacrement. Or il est certain que l’Ordre, quoique destiné
directement, comme nous l’avons dit, au bien et à l’avantage de l’Eglise,
produit néanmoins dans l’âme de celui qui le reçoit, la Grâce de la
sanctification qui le rend propre et habile à remplir ses Fonctions
et à administrer les Sacrements d’une manière convenable, de même
que la grâce du Baptême rend propre à recevoir tous les autres
Sacrements.
Il est encore une autre
Grâce que l’Ordre confère, c’est une puissance particulière par
rapport au très saint sacrement de l’Eucharistie ; puissance pleine
et parfaite dans le Prêtre, parce qu’il peut seul consacrer le Corps
et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; mais plus ou moins
grande dans les Ordres inférieurs, selon que leur ministère les
rapproche plus ou moins du sacrement de l’Autel. C’est
cette grâce que l’on
appelle caractère spirituel, parce qu’elle est comme une marque
imprimée dans l’âme de ceux qui ont été ordonnés, qui sert à les
distinguer des simples Fidèles, et qui les consacre au service
divin. C’est cette Grâce que l’Apôtre avait sans doute en vue, quand
il écrivait à Timothée : « Ne négligez pas la Grâce qui est en
vous, qui vous a été donnée suivant une révélation prophétique, avec
l’imposition des mains des Prêtres ; » et encore : « Je vous
avertis de ressusciter la Grâce de Dieu qui est en vous par
l’imposition de mes mains. »
Nous en avons assez dit
sur le sacrement de l’Ordre, ne voulant présenter ici que les points
principaux de la doctrine qui s’y rapporte, et fournir aux Pasteurs
un moyen d’instruire les Fidèles à cet égard, en les formant à la
Piété chrétienne.
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