« Souvenez-vous de
sanctifier le jour du Sabbat, vous travaillerez et vous ferez tous
vos ouvrages pendant six jours: mais le septième jour est le Sabbat
du Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez aucune
œuvre servile en ce jour, ni
vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre
servante, ni vos bêtes de somme, ni l’étranger qui est parmi vous ;
car le Seigneur a fait en six jours le ciel, et la terre, la mer et
tout ce qu’ils renferment, et Il s’est reposé le septième jour.
C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat. »
Le troisième
Commandement a pour objet le culte extérieur que nous devons à Dieu.
Ce culte est une conséquence naturelle des obligations imposées par
le premier. Il vient donc ici parfaitement à sa place. Car si nous
honorons Dieu pieusement au fond de nos cœur », comment
pourrions-nous, avec la Foi et l’Espérance que nous avons en Lui, ne
pas L’environner d’un culte extérieur et Lui témoigner ouvertement
notre reconnaissance ? Mais comme ces devoirs sont difficiles à
remplir pour ceux qui sont occupés des affaires de ce monde, il
s’agissait de leur rendre cette obligation plus facile en la fixant
à des époques déterminées.
Ce Commandement, s’il
est bien pratiqué, est de nature à produire des fruits et des
avantages admirables. Il importe donc grandement que le Pasteur
déploie, pour l’expliquer, tout le zèle dont il est capable. Et un
premier et puissant motif pour lui d’enflammer ce zèle sera dans ces
paroles: souvenez-vous ; car si les Fidèles sont obligés de
se souvenir de ce précepte, c’est au Pasteur à le leur remettre en
mémoire par des avertissements et des instructions souvent répétés.
Et ce qui fait voir
combien il est important pour les Fidèles d’observer ce
Commandement, c’est que, en l’accomplissant avec soin, ils se
rendront facile et aisée la pratique de tous les autres. Ainsi une
des obligations qu’ils ont à remplir aux jours de Fêtes, c’est de se
réunir à l’Eglise pour y entendre la Parole de Dieu. Or il est bien
certain que plus ils feront de progrès dans la connaissance de la
Loi divine, plus ils seront disposés à la garder de tout leur cœur.
C’est pourquoi la solennité et le culte du Sabbat sont très souvent
recommandés dans nos Saints Livres. L’Exode, le Lévitique, le
Deutéronome, les Prophètes Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, rapportent tous
expressément le précepte de la sanctification du Sabbat.
Il faut aussi avertir
et exhorter les princes et les magistrats d’avoir à seconder de
toute leur autorité les Pasteurs de l’Eglise dans tout ce qui
intéresse le maintien et le développement de ce culte, et même de
faire des lois pour assurer l’observation du précepte
ecclésiastique.
§ I. — COMPARAISON DU TROISIÈME COMMANDEMENT
AVEC LES AUTRES.
En expliquant ce
précepte, il ne faut pas négliger d’enseigner aux Fidèles en quoi il
ressemble aux autres, et en quoi il diffère. Ce sera un moyen de
leur faire connaître clairement les motifs pour lesquels nous ne
sanctifions plus le jour du Sabbat, mais le jour du Dimanche.
Il y a cette différence
capitale entre ce Commandement et les autres, que ceux-ci étant
fondés sur la nature elle-même, sont de tous les temps, et ne
peuvent jamais changer. Aussi, quoique la Loi de Moïse soit abrogée,
le peuple chrétien continue d’observer tous les préceptes des deux
tables de la Loi. Et cela, non pas parce que Moise l’a ordonné, et
pour lui obéir, mais parce qu’ils tiennent à la nature, et que les
hommes sont obligés de se conformer à ce qu’elle demande. Mais le
précepte de la sanctification du Sabbat, si on le considère
uniquement par rapport à ce jour, n’est ni fixe ni constant. Au
contraire il peut changer, et c’est plutôt une loi cérémonielle
qu’une loi morale. II n’a pas non plus sa raison d’être dans la
nature ; car ce n’est pas elle qui nous enseigne et qui nous dispose
à choisir un jour plutôt qu’un autre pour rendre à Dieu un culte
extérieur. Aussi bien les Israélites ne sanctifièrent le jour du
Sabbat qu’après avoir été délivrés de la servitude de Pharaon. Mais
ce précepte devait être aboli su moment où le culte et les
cérémonies mosaïques allaient tomber en désuétude, c’est-à-dire à la
mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ces cérémonies n’étaient en
effet que des images et des ombres de la lumière et de la vérité ;
il fallait nécessairement qu’elles disparussent devant cette
Lumière, cette Vérité même qui est Jésus-Christ. C’est pourquoi
Saint Paul reprenait les Galates de ce qu’ils étaient encore
attachés aux cérémonies de la Loi: « Vous observez les jours et
les mois, leur disait-il, les semaines et les années ; mais je
crains pour vous que je n’aie travaillé en vain parmi vous. » II
parle de la même manière au Colossiens.
Voilà en quoi ce
précepte diffère des autres, c’est qu’il regarde directement le
culte et les cérémonies. Mais il a cela de commun avec tous, qu’à un
autre point de vue il se rapporte à la morale et au droit naturel.
Car le culte divin et la vertu de religion, prescrits par ce
Commandement, sont de droit naturel, puisque la nature veut que nous
employons certaines heures de notre temps aux choses qui regardent
le culte du Seigneur. Et la preuve, c’est que chez toutes les
nations nous trouvons des Fêtes, et des Fêtes publiques, établies en
l’honneur de la Divinité. Et de même qu’il est naturel à l’homme de
réserver un certain temps pour les fonctions nécessaires à la vie du
corps, comme le repos, le sommeil, et autres choses semblables, de
même la nature demande qu’il y ait certains moments déterminés,
pendant lesquels l’âme puisse se retremper dans la contemplation de
Dieu. Si donc une certaine partie de notre temps doit être employée
au culte que nous devons à Dieu, le précepte qui l’ordonne
appartient évidemment à la loi morale.
C’est pour cette raison
que les Apôtres résolurent de consacrer au culte de Dieu le premier
des sept jours de la semaine, et l’appelèrent le jour du Seigneur.
Saint Jean dans son Apocalypse fait mention de ce jour ; et
l’Apôtre veut qu’on recueille les aumônes des Fidèles le premier
jour après le Sabbat, c’est-à-dire, comme l’explique Saint Jean
Chrysostome, le jour du Dimanche. Ce qui nous montre que déjà, dans
ce temps-là, le jour du Seigneur était un jour saint dans l’Eglise.
— Mais afin que les Fidèles sachent parfaitement ce qu’ils ont à
faire, et ce qu’ils ont à éviter, en ce jour, il ne sera pas hors de
propos, que le Pasteur explique soigneusement chacune des paroles du
précepte tout entier — lequel se divise très bien en quatre parties.
§ II. — SOUVENEZ-VOUS DE SANCTIFIER LE JOUR
DU SABBAT.
La première chose à
expliquer ici, c’est le sens précis de ces paroles: souvenez-vous
de sanctifier le jour du Sabbat. Le mot souvenez-vous,
placé, non sans motif. En tête du précepte, nous indique que la
sanctification de ce jour appartient aux lois cérémonielles. C’est
un point qu’il semblait utile de rappeler au peuple ; car encore que
la loi naturelle nous enseigne que nous sommes obligés de consacrer
un certain temps à rendre à Dieu un culte extérieur, elle ne
prescrit point le jour où il convient le mieux de le faire.
En second lieu il faut
montrer aux Fidèles que ces mêmes paroles nous avertissent de quelle
manière nous devons travailler pendant la semaine ; en d’autres
termes, elles nous rappellent l’obligation où nous sommes de ne
jamais perdre de vue le jour de Fête pendant notre travail. Le
Dimanche étant un jour où nous avons, en quelque sorte, à rendre
compte à Dieu de nos actions et de notre travail, il importe
extrêmement que ces actions et ce travail soient tels que Dieu ne
les répudie pas, et qu’ils ne deviennent jamais pour nous, comme dit
l’Ecriture , un sujet de sanglots et de remords.
Enfin, ces mots,
souvenez-vous, etc. nous remettent en mémoire une vérité bien
frappante, c’est que nous ne manquerons pas d’occasions d’oublier ce
précepte. nous y seront sollicités, tantôt par l’exemple de ceux qui
n’en
tiennent aucun compte,
tantôt par l’amour des spectacles et des jeux qui nous détournent si
souvent du culte de religion et de piété que nous devons à Dieu en
ce saint jour. — Venons maintenant à ce qu’il faut entendre par
Sabbat.
Sabbat est un mot
hébreu qui signifie en latin cessatio, c’est-à-dire, repos.
Ainsi sabbatiser, dans la langue latine, s’appelle cessare et
requiescere, c’est-à-dire cesser d’agir, se reposer. Le
septième jour a reçu le nom de Sabbat, parce que Dieu, après avoir
achevé entièrement l’œuvre de la création du monde, se reposa en ce
jour de tous ses travaux. D’ailleurs le Seigneur Lui-même lui donne
ce nom dans l’Exode. Plus tard le nom de Sabbat a été attribué non
seulement au septième jour, mais encore, à cause de sa dignité, à la
semaine elle-même. C’est en ce sens qu’il faut entendre les paroles
du Pharisien : « Je jeûne deux fois pendant le Sabbat. »
Voilà pour la signification du mot.
Quant à la
sanctification du Sabbat, d’après la sainte Ecriture, c’est la
cessation des travaux du corps et des affaires temporelles. Cette
vérité est clairement exprimée dans les paroles suivantes du
précepte: Vous ne travaillerez pas. Mais il y a autre chose ; sans
quoi il eût suffit de dire dans le Deutéronome : « Observez le
jour du Sabbat. » Et puisqu’on ajoute dans le même endroit « pour
le sanctifier », cela nous fait bien voir que le Sabbat est un
jour saint, consacré à des actes religieux et au service du
Seigneur. nous célébrons donc le Sabbat d’une manière pleine et
parfaite, lorsque nous rendons à Dieu des devoirs de piété et de
religion. C’est vraiment là le Sabbat qu’Isaïe appelle : « Le
jour des délices », parce qu’en effet les jours de Fêtes sont
des jours de délices pour le Seigneur et pour les hommes pieux. Et
si à ce culte religieux et sacré du Sabbat nous joignons des œuvres
de miséricorde, ce même Prophète nous promet au même endroit les
récompenses les plus belles et les plus précieuses.
Ainsi le sens propre et
précis de ce Commandement est que l’homme, en un temps déterminé,
interrompe ses affaires ordinaires et les travaux manuels, pour
s’appliquer d’esprit et de corps à honorer Dieu et à Lui rendre tous
les hommages qu’Il réclame.
§ III. — VOUS tRAVAILLEREZ PENDANT SIX JOURS,
ETC.
La seconde partie du
précepte nous dit positivement que Dieu a consacré le septième jour
à son culte. Il est écrit en effet: « Vous travaillerez pendant six
jours, vous ferez fous vos ouvrages pendant ce temps, mais le
septième jour est le Sabbat du Seigneur votre Dieu. » Ces paroles
nous ordonnent en d’autres termes de considérer le Sabbat comme
consacré au Seigneur, de nous acquitter en ce jour des devoirs
religieux qui lui sont dus et enfin de voir dans ce septième jour un
mémorial du repos du Seigneur.
Ce jour fut donc dédié
au culte divin, parce qu’il ne convenait pas de laisser à un peuple
grossier la faculté de fixer ce temps à son gré. On pouvait craindre
que, pour honorer le vrai Dieu, il n’imitât les fêtes sacrées des
Egyptiens. Ainsi Dieu voulut que le septième jour, qui est le
dernier de la semaine, fût réservé pour son culte. Et il y avait là
plus d’un mystère. Voilà pourquoi dans l’Exode et dans Ezéchiel Il
appelle ce jour un signe . « Ayez soin, dit-il, d’observer mon
Sabbat, parce qu’il est le signe de l’alliance qui existe entre Moi,
vous et toute votre postérité ; afin que vous sachiez que c’est Moi
qui vous sanctifie. »
C’était un signe, parce
qu’en voyant ce jour consacré au service divin, les hommes devaient
apprendre par là à se consacrer eux-mêmes à Dieu et à se sanctifier
devant Lui. Car ce qui fait qu’un jour est vraiment saint, c’est
qu’on l’emploie spécialement à la pratique de la Sainteté et de la
Religion.
C’était aussi un signe
et comme un monument de la création de cet admirable univers.
Un signe encore,
destiné à rappeler aux Israélites qu’ils n’avaient été déliés et
délivrés du joug si dur de la servitude d’Egypte que par le secours
de Dieu. C’est ce que le Seigneur Lui-même atteste par ces paroles :
« Souvenez-vous que vous avez été esclaves en Égypte, et que vous
avez été tirés de la servitude par la main puissante de votre Dieu,
et par la force de son bras. C’est pourquoi Il vous a commandé de
garder le jour du Sabbat. »
Enfin ce jour était le
signe du Sabbat spirituel et céleste. Or le Sabbat spirituel
consiste dans un saint et mystérieux repos, dans lequel les Fidèles
se trouvent quand, dépouillés du vieil homme enseveli avec
Jésus-Christ, ils reviennent à une vie nouvelle, et s’appliquent
avec soin à faire des actions conformes à la piété chrétienne: « Car
ceux qui autrefois n’étaient que ténèbres , devenus lumière
en Notre-Seigneur, doivent marcher comme des enfants de lumière dans
la voie de tout bien et de foute justice et n’avoir rien de commun
avec les,. ouvres infructueuses des ténèbres. »
Mais le Sabbat céleste,
comme le remarque Saint Cyrille , en expliquant ces paroles de
l’Apôtre , il est encore un Sabbat pour le peuple de Dieu,
consiste dans cette autre vie, où, réunis à Jésus-Christ, nous
serons comblés de toutes sortes de biens et délivrés entièrement du
péché. C’est ce que le Prophète nous apprend par ces paroles : « Il
n’y aura en ce lieu ni lion ni autre bête dangereuse, mais tout y
sera pur et saint. » Lorsqu’en effet les élus jouiront de la
vue de Dieu, ils seront remplis de toutes sortes de biens. C’est
ce qui doit engager les Pasteurs à presser les Fidèles par ces
paroles : « Hâtons-nous d’entrer dans ce repos. »
Outre le septième jour,
le peuple Juif avait encore d’autres jours de Fête qui appartenaient
à Dieu et qu’Il avait établis pour ne pas laisser perdre la mémoire
de ses immenses bienfaits.
§ IV. — LE DIMANCHE SUBSTITUÉ AU SABBAT.
FÊTES DE L’ÉGLISE.
L’Eglise a jugé à
propos de transporter le culte et la solennité du Sabbat au jour du
Seigneur, c’est-à-dire, au Dimanche. De même que ce fut en ce jour
que la lumière commença à éclairer le monde, de même aussi ce fut en
ce jour que notre Rédempteur, en nous ouvrant l’entrée de la Vie
Eternelle par sa Résurrection, nous fit passer des ténèbres à la vie
véritable. C’est pour cela que les Apôtres l’appelèrent le jour du
Seigneur.
De plus, nous voyons
dans nos Saints Livres que ce jour est grand et solennel, parce
qu’il marque le commencement de la création du monde, et nous
rappelle la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.
Aux premiers temps de
l’Eglise et dans les âges suivants, les Apôtres et nos Pères
établirent d’autres jours de Fêtes, pour célébrer pieusement et
saintement la mémoire des bienfaits de Dieu. Parmi ces Fêtes, les
plus solennelles sont celles qui ont été instituées en l’honneur des
mystères de notre Rédemption. Ensuite viennent celles qui ont été
établies pour honorer la très sainte Vierge, les Apôtres, les
martyrs, et tous les autres saints qui règnent avec Jésus-Christ.
nous y louons la puissance et la bonté de Dieu qui a donné la
victoire à ses élus. nous leur rendons les honneurs qu’ils méritent,
et leurs exemples nous excitent à les imiter.
Et comme l’un des plus
puissants motifs d’observer ce précepte est contenu dans ces
paroles: « Vous travaillerez six jours, mais le septième jour est
le Sabbat du Seigneur votre Dieu, » le Pasteur aura soin de les
expliquer avec toute la précision possible. En les méditant, il
verra sans peine qu’il doit exhorter les Fidèles à ne point mener
une vie oisive et paresseuse, mais au contraire à se souvenir du
Commandement de l’Apôtre qui veut que « chacun travaille de ses
propres mains, selon son état ».
Enfin si le Seigneur
nous ordonne par ce précepte de faire notre ouvrage pendant six
jours, c’est pour que nous ne soyons pas tentés de renvoyer au jour
de Fête ce qui doit se faire pendant les six jours de la semaine, et
aussi pour que notre esprit ne soit pas détourné, le Dimanche, du
soin et de l’attention qu’il doit aux choses divines.
§ V.
— DES œuvrES SERVILES.
Nous voici à la
troisième partie du précepte, qui décrit en quelque sorte la manière
dont nous devons sanctifier le jour du Sabbat, mais qui s’applique
surtout à exposer ce qu’il nous est défendu de faire en ce jour.
Ainsi dit le Seigneur: « vous ne ferez aucune œuvre servile en ce
jour, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni
votre servante, ni vos bêtes de somme, ni l’étranger qui est parmi
vous ». Ces paroles nous montrent d’abord que nous devons éviter
tout ce qui peut entraver le culte divin. D’où il est aisé de
conclure que les œuvres serviles de toute espèce sont défendues (en
ce jour), non parce qu’elles sont indignes ou mauvaises de leur
nature, mais parce qu’elles seraient capables de détourner notre
esprit du service de Dieu, qui est la fin du précepte. A plus forte
raison devons-nous éviter le péché qui non seulement éloigne notre
esprit du goût des choses saintes, mais nous détache entièrement de
son amour.
Les actions et les
œuvres, quoique serviles, qui intéressent le culte, comme par
exemple la décoration d’un autel ou d’une église pour un jour de
Fête, et autres travaux du même genre ne sont point défendues par ce
Commandement. Voilà pourquoi Notre-Seigneur a dit: : « Les
Prêtres dans le temple violent le Sabbat, et pourtant ils ne sont
point coupables. »
Il ne faut pas non plus
considérer comme prohibés par cette Loi, les travaux accomplis pour
sauver des choses qui autrement seraient en danger de se perdre. Les
saints Canons les ont permis expressément. Et il est encore beaucoup
d’autres œuvres que dans l’Evangile Notre-Seigneur a déclarées
licites pour les jours de Fêtes. C’est ce que le Pasteur pourra
facilement remarquer dans Saint Matthieu et Saint Jean.
Pour ne rien omettre de
ce qui pourrait empêcher la célébration du Sabbat, Dieu, dans son
précepte, a fait mention même des bêtes de somme. Leurs travaux, en
effet, détourneraient l’homme de la sanctification de ce saint jour.
Car si pendant le Sabbat on emploie les bêtes pour n’importe quel
ouvrage, il est nécessaire que l’homme soit là pour les conduire.
Elles ne peuvent rien par elles-mêmes, elles ne font qu’aider
l’homme. Or ce dernier n’a pas le droit de travailler ce jour-là,
par conséquent les animaux à son service ne l’auront pas non, plus.
— et puis, si Dieu veut par cette défense nous faire épargner les
animaux dans le travail, il veut bien plus encore que nous évitions
d’être inhumains envers ceux qui sont à notre service.
§ VI. — QUELLES SONT LES œuvrES COMMANDÉES LE
DIMANCHE ?
Le Pasteur n’aura garde
d’oublier qu’il doit très soigneusement faire connaître aux Fidèles
les œuvres et les actions qu’ils sont tenus d’accomplir les
jours de Fête. C’est à savoir: d’aller à l’Eglise, d’assister au
très saint sacrifice de la Messe avec une piété sincère et une
attention soutenue, et de recevoir fréquemment les divins Sacrements
institués pour guérir les blessures de notre âme, et pour nous aider
à opérer notre Salut.
Mais comme il n’y a
rien de meilleur ni de plus utile aux Chrétiens que de confesser
souvent leurs péchés aux Prêtres, le Pasteur ne manquera pas de les
exhorter à -remplir ce devoir. Il pourra d’ailleurs puiser ses
preuves et ses raisons dans ce que nous avons enseigné et prescrit à
cet égard, en parlant du sacrement de Pénitence. Mais il ne se
bornera pas à les exciter à la Confession fréquente, il multipliera
ses instances les plus pressantes pour leur faire recevoir le plus
souvent possible le très saint sacrement de l’Eucharistie.
Ils doivent aussi
écouter avec attention et exactitude les instructions religieuses.
Il n’est rien de plus insupportable et de plus indigne que de
mépriser la Parole de Jésus-Christ, ou de l’entendre avec
négligence. — enfin ils voudront s’exercer et s’appliquer
fréquemment à prier et à louer Dieu, mettre tous leurs soins à
s’instruire des règles de la vie chrétienne, et pratiquer de leur
mieux toutes les œuvres de vraie piété, comme l’aumône aux
pauvres et aux nécessiteux, la visite des malades, les consolations
portées aux affligés et à ceux qui gémissent sous les coups de la
douleur. Car il est écrit dans Saint Jacques: « La Religion pure
et sans tache aux yeux de Dieu notre Père, consiste à venir au
secours des orphelins et des veuves qui sont dans l’affliction. »
— Il sera aisé de conclure de ce que nous venons de dire quelles
sont les actions contraires à ce Commandement.
§ VII. — PRINCIPAUX AVANTAGES DE LA
SANCTIFICATION DU DIMANCHE.
Il est encore du devoir
du Pasteur de garder sous la main un certain nombre d’Auteurs où il
pourra puiser les arguments et les motifs les plus propres à
persuader aux Fidèles qu’ils doivent observer ce troisième
Commandement avec tout le zèle, et toute l’exactitude possible. Or,
le meilleur argument est celui-ci: leur faire sentir et comprendre
pleinement combien il est juste et raisonnable qu’il y ait certains
jours entièrement consacrés au culte divin, et pendant lesquels nous
nous appliquerons spécialement à connaître, à aimer et adorer un
Dieu qui nous a comblés de grands et innombrables bienfaits. S’Il
tous avait ordonné de Lui rendre chaque jour un culte religieux, ne
devrions-nous pas faire tous nos efforts pour remplir un pareil
ordre avec joie et empressement, surtout en considérant les
bienfaits immenses et inappréciables que nous avons reçus de Lui ?
Mais puisqu’Il n’a réservé à son culte qu’un petit nombre de jours,
pourrions-nous nous montrer négligents, ou trouver des difficultés
dans l’observation d’un devoir, que d’ailleurs nous ne pouvons
omettre sans nous rendre coupables d’un péché très grave ?
Le Pasteur fera ensuite
connaître combien est grande l’excellence de ce Commandement,
puisque ceux qui l’accomplissent avec fidélité, semblent jouir de la
Présence de Dieu et converser avec Lui. Quand nous prions, en effet,
nous contemplons la Majesté divine et nous nous entretenons
réellement avec Dieu. En écoutant les prédicateurs qui nous parlent
pieusement et saintement des vérités religieuses, c’est encore la
Voix de Dieu que nous entendons par leur organe. Enfin dans le
Sacrifice de la Messe nous adorons Notre-Seigneur Jésus-Christ
véritablement présent sur l’Autel. — tels sont les avantages dont
jouissent principalement ceux qui observent ce précepte avec
fidélité.
Mais ceux qui le
négligent complètement, par le fait qu’ils désobéissent à Dieu et à
l’Eglise, en méprisant ce Commandement, deviennent les ennemis de
Dieu et de ses saintes Lois ; d’autant que ce précepte est de ceux
dont l’accomplissement n’impose aucune peine. En effet, Dieu ne nous
commande rien de pénible, Lui pour qui nous devrions supporter même
ce qu’il y aurait de plus dur, s’Il nous le commandait. Au contraire
Il veut que nous passions les jours de Fête dans le repos, et sans
aucune préoccupation des choses de la terre. Dés lors, refuser de
nous soumettre à une Loi si douce, ne serait-ce pas faire preuve
d’une insolente témérité ? Pensons donc à ces terribles châtiments
dont Dieu a frappé ceux qui l’ont foulée aux pieds, comme nous
pouvons le voir dans le Livre des nombres . Cet exemple nous sera
utile.
Et pour ne point tomber
dans un si grand péché, il sera très avantageux que nous ayons
souvent à l’esprit les premiers mots de ce troisième Commandement:
« souvenez-vous ». Puis nous nous remettrons devant les yeux le
tableau des avantages et des privilèges que nous assure
l’observation du Dimanche, ainsi que nous l’avons dit plus haut, et
nous ne manquerons pas de nous arrêter à une foule d’autres
considérations de ce genre, qu’un Pasteur sage et appliqué saura
développer dans l’occasion avec toute l’ampleur nécessaire.
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