9-1-Une fausse alerte
Catherine de
Longpré, en religion Mère Marie-Catherine de Saint-Augustin,
avait accompli au Canada une mission apostolique de grande
importance au service de ce pays qu'elle avait adopté avec
beaucoup d'ardeur et d'amour. Le soir du 2 août 1666, gravement
malade, elle reçut le saint Viatique. On s'attendait à sa mort
prochaine, mais elle eut une vision de saint François de Sales
et du Père de Brébeuf: elle devait vivre encore, et continuer à
souffrir, car sa mission n'était pas achevée.
9-2-Les derniers mois
Le 3 mai 1667, jour
de son anniversaire, elle priait devant le Saint-Sacrement.
Soudain survint une vision, et bientôt les démons qui l'avaient
quittée revinrent en force. Ils ne la quittèrent plus jusqu'au
jour de sa mort. Ce 3 mai 1667, elle fit un pacte avec
Notre-Seigneur: elle ne voulait vivre et mourir, qu'en Lui et
pour Lui.
Le 8 novembre 1667,
Mgr de Laval écrivait à la supérieure de Bayeux: "La fidélité
de notre bonne fille, la Sœur de Saint-Augustin, aux
communications qu'elle reçoit de Notre-Seigneur, m'oblige
particulièrement d'avoir une affection plus spéciale pour son
âme. Je reçois une consolation singulière de voir qu'il y a des
âmes qui aient pour Dieu un véritable et pur amour, afin de
suppléer à mes infidélités."
Le carême de 1668
apporta un surcroît de peines à la Mère de Saint-Augustin. Sa
croix était encore plus pesante. Mais sa mission s'achevait
enfin. En effet, les ennemis de la Nouvelle France étaient
vaincus. Sa population avait doublé et comptait plus de 6000
âmes. Le développement économique était réel. Et surtout,
l'Église vivait en paix, et les ordres religieux fleurissaient
et prospéraient. Et les autochtones, dont elle avait soigné un
si grand nombre, étaient évangélisés. Maintenant Catherine
pouvait partir...
9-3-Les derniers jours et la mort de Mère Marie-Catherine de
Saint-Augustin
Le 20 avril 1668,
Marie-Catherine de Saint-Augustin eut une hémophtisie: une forte
fièvre et un continuel écoulement de sang[1].
Cela dura plusieurs jours: les médecins ne comprenaient rien...
À partir du 3 mai, la souffrance devint intense et elle
étouffait de plus en plus. Marie-Catherine fut une malade
exemplaire. Le 7 mai, elle reçut l'onction des infirmes, selon
la coutume de l'époque. On l'entendit prononcer ces paroles:
"J'adore vos divines perfections, ô mon Dieu, j'adore votre
divine justice je m'y abandonne de tout mon cœur."
Dans la nuit du 7
au 8 mai 1668, elle eut une extase et bientôt elle sembla
guérie. Elle demanda une robe pour aller prier devant le
Saint-Sacrement, ce qu'on lui refusa. Elle demanda à manger; on
lui fit prendre un bouillon. Et elle se recoucha. Soudain il
sembla qu'elle ne souffrait plus; on la crut guérie. Catherine
parut s'endormir. La communauté se retira... Mais à cinq heures
et demi du matin, silencieusement, elle retournait à Dieu. Les
infirmières qui étaient restées près d'elle s'aperçurent quelle
ne respirait plus...
Mère Marie de
Saint-Augustin avait vécu 36 ans, dont vingt au Canada.
Mère Marie de Saint
Bonaventure de Jésus, sa supérieure, écrivit après sa mort, que
"sa soumission, son amour et son humilité furent en toutes
façons à l'épreuve... Nous n'avons pu remarquer en elle la
moindre ombre d'impatience pendant toute sa maladie..."
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