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Le Livre de Job
Tout le monde connaît l'histoire de
Job. Job est un personnage imaginaire, inventé par l'auteur inspiré pour faire
comprendre aux juifs que Dieu peut éprouver ceux qu'il aime afin de les aider à
grandir. Mais Dieu est juste, et à la fin, Job retrouve tous ses biens. Histoire
banale destinée à enseigner toute l'humanité. Pourtant, à mesure que l'on redit
le Livre de Job, on ne peut pas ne pas se demander si Job, l'homme juste, aimant
le Seigneur, mais éprouvé, apparemment abandonné de Dieu, méprisé des hommes, en
détresse et désespéré, mais gardant une confiance indéfectible en Dieu, n'est
pas un peu l'image de Jésus. Les quelques extraits que nous donnons ci-dessous
en apportent la preuve.
La détresse de Job
Que périsse le jour où je suis
né, la nuit qui dit la nouvelle : “Conception d’un garçon !” Que ce jour s’en
aille aux ténèbres, que Yahvé, là-haut l’ignore à jamais, et qu’aucune lumière
pour lui ne se lève! Que le noir et les ténèbres s’en emparent, qu’un nuage
s’installe sur lui et que l’obscurité étouffe son jour! Que la ténèbre s’empare
de cette nuit, qu’elle ne puisse s’ajouter aux autres jours de l’année, qu’elle
n’entre pas en compte avec pour le mois ! Que cette nuit soit stérile à jamais,
que les cris de joie n’y pénètrent pas ! Que la maudissent ceux-là mêmes qui
fuient le jour, et qui s’affairent à réveiller les démons !... Pourquoi ne
suis-je pas mort dans le sein, pourquoi ne suis-je pas né déjà mort ? Pourquoi
ai-je trouvé deux genoux pour m’accueillir, deux mamelles pour m’allaiter ? Car
maintenant je serais tranquille sur ma couche, je dormirais et j’aurais mon
repos. (Job 3, 3 à 8, 11 et 12)
Vois, se plaint Job
s'adressant à Dieu, tu as prêché à bien des gens, tu rendais la force à celui
qui abandonne, tes mots remettaient sur pied celui qui trébuche, tu affermissais
les genoux qui fléchissent. Et puis, quand vient mon tour, tu faiblis, lorsque
c’est toi qui est frappé, tu t’effondres ! (Job 4, 3 à 5)
L'agonie
Au milieu de fantasmes entrevus
dans la nuit à l’heure où le sommeil s’empare des humains, je fus pris de
frayeur jusqu’à en trembler : tous mes os en ont été secoués… (Job 6).
C’est pourquoi je ne veux pas me
taire, je veux dire la détresse de mon esprit et faire entendre le peine de mon
âme. (Job 7, 11)
Oui, je suis dégoûté de la vie,
je veux donner libre cours à mes plaintes et laisser parler mon amertume. Je
dirai à Dieu : “Ne me condamne pas ainsi, mais dis-moi de quoi tu m’accuses.
Est-ce bon pour toi d’agir en tyran, de piétiner l’œuvre de tes mains, de
justifier les théories des méchants ? Tes yeux sont-ils ceux du corps, vois-tu
donc à la façon des hommes ? Ton temps est-il le même que celui des humains, tes
années passent-elles comme celles d’un homme ? Pourquoi alors rechercher ma
faute et faire enquête sur mes dettes ? Tu sais bien que je ne suis pas
coupable, et que personne ne m’arrachera de tes mains. Tes mains m’ont façonné,
tu m’as fait, et maintenant, tu me détruirais, Souviens-toi que tu m’as pétri
comme l’argile : veux-tu me renvoyer à la terre ?... Tu m’as revêtu de peau et
de chair, prenant dans le tissu mes os et mes nerfs. Tu as fait en moi œuvre de
vie et de grâce, tes attentions ont maintenu mon souffle, mais quelle était ton
intention secrète ?... Si j’ai eu tort; malheur à moi ! même innocent, je n’ose
pas lever la tête. Rassasié d’humiliations, saturé de peines, épuisé, tu me
poursuis comme un lion ; (Satan) toujours tu veux montrer ta supériorité. Tu
reprends tes assauts, ta fureur se ranime, et de nouveau tu lances tes attaques
contre moi.” (Job 10, 1 à 9, 11 à 13, 15 à 17)
Pourquoi me caches-tu ta face et
me regardes-tu comme ton ennemi ? (Job 13, 24) Mais toi, Seigneur,
épargne-moi sur deux points, et je ne me cacherai plus devant toi: que ta main
cesse de me frapper, que ta terreur cesse de m’épouvanter. (Job 13, 20 et
21)
La réponse de Dieu
Un souffle passa alors sur mon
visage qui fit se hérisser tous les poils de mon corps. Quelqu’Un était là, je
n’ai rien reconnu ; c’était une forme devant mes yeux, un silence, puis
j’entendis une voix: ”Un humain sera-t-il juste devant Dieu ? Quel homme sera
pur pour Celui qui l’a fait ? Ne dois-tu pas compter sur ton respect du
droit, ta vie parfaite n’est-elle pas ta raison d’espérer ? Rappelle-toi : quand
donc un innocent a-t-il péri ? Où a-t-on vu des hommes droits disparaître ?
La souffrance de l'Homme
Je porte en moi les flèches du
Puissant, mon esprit en absorbe le poison; que dirai-je à Dieu quand elles me
tourmentent ?... Est-ce que j’ai dit quelque chose de mal, est-ce que j’ai mal
compris le sens du malheur ? (Job 6 4 et 30)
Déjà la malveillance me pousse à
bout, toute cette bande s’empare de moi; elle s’est levée pour témoigner contre
moi, elle me répond par des calomnies. Dans leur colère ils me déchirent et me
poursuivent, ils grincent des dents contre moi; mes adversaires me lancent des
regards de haine. Ils me narguent de haut et leurs insultes m’atteignent comme
des gifles ; ils m’enserrent à m’étouffer. Oui Dieu m’a livré à des hommes
injustes, il me jette aux mains des méchants. (Job 16 7 à 11)
Même mon ami ne fait que se
moquer lorsque je crie vers Dieu et demande une réponse. un homme droit,
parfait, on s’en moque. (Job 12, 4) Il a éloigné mes frères, mes
connaissances cherchent à m’éviter. Les gamins eux-mêmes me méprisent; si je me
lève, ils se moquent de moi. Tous mes intimes maintenant me détestent, ceux que
j’aimais se sont retournés contre moi. Sous ma peau ma chair a pourri, mes os se
dénudent comme des dents. Pitié! pitié pour moi, ô vous, mes amis: c’est la main
de Dieu qui m’a frappé ! (Job 19 13, 18 à 21)
Ah ! Si je savais où le trouver,
j’irais jusqu’à sa demeure ! Il verrait l’innocence de celui qui est attaqué et
je serais pour toujours libéré de mon juge. Mais je peux aller à l’orient, il
n’y est pas, à l’occident, je ne l’y verrai pas ! J’ai cherché au nord sans le
trouver, retournant au midi je ne l’ai pas vu. Il me connaît pourtant, que je
marche ou m’arrête : s’il m’éprouve au creuset, je passerai avec l’or, car j’ai
maintenant mon pied sur son sentier, j’ai suivi sa route, je n’en suis pas
sorti. Je n’ai pas ignoré ses commandements, j’ai gardé en moi toutes tes
paroles. (Job 23 3, 7 à 12)
Mais voici l'espérance
Je sais que mon libérateur est
vivant, et qu’à la fin il se présentera sur terre. Alors je me mettrai debout
derrière ma peau, et de ma chair je verrai Dieu! Je le verrai, moi, le même, et
c’est lui que mes yeux verront, pas un autre: mon cœur déjà s’épuise dans cette
attente. (Job 19, 25 à 27)
Par le Dieu vivant qui me refuse
justice, par le Tout-Puissant qui m’a plongé dans la peine, tant que je pourrai
respirer, gardant dans mes narines le souffle de Dieu, je ne dirai rien de mal,
pas un mensonge ne sortira de ma bouche! (Job 27, 2 à 4)
FIN
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