Nous ne savons
pas toujours prier, nous ne savons pas toujours reconnaître
les innombrables grâces dont le Seigneur nous as comblés
tout au long de notre vie. Nous nous plaignons de ne pas
savoir prier, ni quoi demander. Nous oublions si souvent de
remercier Dieu pour tous ses bienfaits, la vie qu'Il nous a
donnée, les joies dont Il nous comble. Nous L'appelons, nous
cherchons sa présence, sa réponse à nos questions. Nous nous
énervons et parfois nous nous faisons des réflexions
étranges. Ainsi, avoue une personne, un jour de grande
fatigue: "J'ai tant de choses à dire à mon Seigneur. Je
voudrais tellement Le voir, L'entendre... Je voudrais qu'Il
me parle avec des mots humains. Je sais qu'Il le fait car Il
connaît toutes les langues, mais moi, je ne comprends pas
toujours. Et pourtant je comprends..." Comprenne qui
pourra! Et la même personne de préciser: "Le Seigneur
nous comprend tous, sans exception, car Il parle toutes les
langues, mais nous, nous ne comprenons généralement pas la
langue du Seigneur. Quant aux bons traducteurs, ils sont de
moins en moins nombreux. Que faire ?"
Tout le monde
connaît ces lassitudes intérieures qui ne sont pas toujours
justifiées, car nos sens charnels ne s'ouvrent pas aux
Paroles de Dieu, aux savoir-faire divins. Mais savons-nous
"écouter", "lire" et comprendre des réflexions qui semblent
nous arriver sans raison? Prenons un exemple: nous sommes
toujours en train de demander au Seigneur ce que nous devons
faire pour nos frères. Mais, si le message qui suit nous
arrivait maintenant, saurions-nous le comprendre? "Mon
enfant, tu t'interroges souvent sur ce que tu devrais faire
pour M'être plus agréable. Ce n'est pas le faire mais bien
l'être qui importe. Ce dont J'ai besoin, ce sont des gens
qui deviennent 'Amour'. En devenant Amour, tu deviens un
vrai témoin, un pilier pour Mon Église Nouvelle."
Nous sommes sidérés. C'est la réponse que nous
attendions... Nous sommes bien contents... mais
n'allons-nous pas retomber demain dans nos montagnes de
questions?
Réfléchissons... Mettons-nous, pendant quelques instants
dans la peau de nos contemporains particulièrement éprouvés
par la situation actuelle de l'Église. Les grâces de Dieu,
nous en avons tellement reçues que nous sommes bien
incapables de les énumérer. De plus, il y a eu beaucoup
d'événements surprenants dans nos vies: incontestablement
Dieu intervenait parfois directement pour modifier nos
chemins, écarter certaines routes. Mais, à côté de ces
grandes grâces, il y eut aussi les milliers de grâces
quotidiennes, tellement nombreuses que nous ne les voyions
pas parce que nous y étions trop habituées. Ces grâces, que
nous ne voyons pas, sont comme l'atmosphère dans laquelle
nous vivons. Car c'est ainsi que nous vivons dans la grâce
de Dieu comme des poissons dans l'eau, et nous ne nous en
rendons pas compte... Pourtant, avec Notre Seigneur, il nous
arrive parfois d'être heureux, incroyablement. Baignés dans
la grâce de Dieu nous "sentons" que Dieu est là, avec nous,
à chaque instant de nos vies, et pourtant nous sommes en
même temps submergés par la souffrance due au fait que Dieu
n'est plus connu, donc pas aimé. Et nous ne voyons pas
clairement la cause de ce désastre.
Notre prière
continue, car, sans que nous en doutions, notre énumération
précédente était déjà une prière. Le monde de l'athéisme
semble victorieux, l'islam envahit tout, les persécutions de
chrétiens se poursuivent, les guerres se multiplient... Sans
compter les calamités naturelles anormalement nombreuses.
Nous crions alors: "Seigneur! Sauve-nous, nous
périssons!" De nouveau notre prière s'arrête, et
pourtant nous avons tant de choses à dire à Notre Seigneur.
Nous voudrions tellement Le voir, L'entendre... Nous
voudrions qu'Il nous parle avec des mots humains. Certes,
nous savons qu'Il le fait car Il connaît toutes les langues,
mais nous, nous ne comprenons pas le langage de Dieu. Ou
plutôt, nous ne voulons pas toujours le comprendre, car cela
nous obligerait à changer de vie...
Voici que notre
souffrance devient insupportable: alors, nous cherchons
quelques prières vocales, plus faciles à dire. Une toute
petite image accompagnée d'une prière, tombe sous nos yeux:
Jésus est à Gethsémani... La prière commence par: "Jésus,
je veux Vous consoler!" Seigneur! Nous sommes en 2011,
au vingt et unième siècle, comment pouvons-nous être à côté
de Vous, à Gethsémani, et Vous consoler, c'est à dire,
compatir à vos infinies souffrances, et Vous laisser nous en
partager une infiniment petite miette, une parcelle à notre
taille, que nous pouvons, avec votre grâce, réussir à
porter, en la laissant parfois tomber ?
D'autres
prières adressées à votre Sacré-Cœur ou à votre sainte Face,
disent aussi: "Jésus, je veux vous consoler". Mais comment
nous, infimes créatures, souillées par le péché, comment
pouvons-nous Vous consoler, alors que la plupart du temps
c'est nous qui Vous appelons au secours? Jésus, nous Vous
appelons constamment au secours; nous Vous prions de
distribuer vos grâces à tous les hommes qui ne Vous
connaissent pas, et nous pourrions Vous consoler!!! Nous
sommes en plein mystère... surtout lorsque soudain notre
pensée nous conduit vers un autre abîme: le temps. Vous,
Jésus, Vous êtes dans l'éternité, dans l'éternel présent de
Dieu. Donc, il y a deux mille ans, c'est toujours
aujourd'hui pour vous.
Donc,
Gethsémani, pour Vous, Jésus, c'est aujourd'hui, c'est en ce
moment... et nous sommes donc avec Vous ?
Jésus, toute
votre vie terrestre, votre vie de Verbe incarné, vos
enseignements, vos souffrances et vos joies quotidiennes,
votre Passion et votre mort, c'est aujourd'hui, c'est
maintenant, c'est en ce moment. Jésus, Vous êtes notre vie.
Nous sommes avec Vous sur les chemins de Palestine, nous
sommes avec Vous à Gethsémani, et pourtant chacun d'entre
nous est à son travail, à son devoir d'état, ou chez lui en
train de Vous chercher, de Vous prier... Seigneur, est-ce
que en Dieu, les créatures que nous sommes et qui vivent
dans le temps, sont déjà en l'éternité ?
Nous sommes
dans le temps et déjà dans l'éternité. Chaque personne qui
travaille en ce moment est aussi avec Vous. Par moments,
lorsque nous Vous appelons: "Au secours!", notre cœur vibre
avec le vôtre. Notre cœur à cœur est palpable: nous sommes
heureux d'être avec Vous. Et ce bonheur, nous voudrions le
partager avec tous nos amis du monde entier. Quand nous
prions, nous sommes en contact avec Vous, Seigneur, Vous
êtes avec nous comme Vous nous l'aviez promis, en disant:
"Voici que je suis avec vous jusqu'à la fin des temps..."
Nous sommes souvent en contact avec Vous, Seigneur,
c'est une certitude. "Sentir" que Vous êtes là, tout près de
chacun de nous, c'est, ou plutôt ce devrait être, notre
bonheur. Alors pourquoi tant de gens osent-ils dire que nous
n'avons pas besoin de Vous "sentir" ?
Ainsi, prier
c'est échanger nos pensées avec celles de Dieu. Prier c'est
dire à Dieu qu'on L'aime au-delà de nos petites misères ou
de nos grandes souffrances. Prier, c'est regarder le
Seigneur enfoui dans notre cœur, c'est accepter de mettre sa
vie en ordre en fonction de la loi divine, prier c'est
toujours faire la volonté de Dieu... c'est donc aussi
souffrir la peine de Jésus quand Il pleurait sur Jérusalem,
quand Il cria vers le Père, durant son agonie à Gethsémani,
quand Il gémit, sur la Croix: "Père, pourquoi m'as-Tu
abandonné?" C'est vivre, aimer et souffrir avec Lui, et
comme Lui, car nous avons été créés à l'image de Dieu.
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