Paulette Leblanc



DES CRIS VERS DIEU
UN CRI DU CŒUR

Réflexions d'un chrétien de la base

6
Prier, c'est échanger avec Dieu

Nous ne savons pas toujours prier, nous ne savons pas toujours reconnaître les innombrables grâces dont le Seigneur nous as comblés tout au long de notre vie. Nous nous plaignons de ne pas savoir prier, ni quoi demander. Nous oublions si souvent de remercier Dieu pour tous ses bienfaits, la vie qu'Il nous a donnée, les joies dont Il nous comble. Nous L'appelons, nous cherchons sa présence, sa réponse à nos questions. Nous nous énervons et parfois nous nous faisons des réflexions étranges. Ainsi, avoue une personne, un jour de grande fatigue: "J'ai tant de choses à dire à mon Seigneur. Je voudrais tellement Le voir, L'entendre... Je voudrais qu'Il me parle avec des mots humains. Je sais qu'Il le fait car Il connaît toutes les langues, mais moi, je ne comprends pas toujours. Et pourtant je comprends..." Comprenne qui pourra! Et la même personne de préciser: "Le Seigneur nous comprend tous, sans exception, car Il parle toutes les langues, mais nous, nous ne comprenons généralement pas la langue du Seigneur. Quant aux bons traducteurs, ils sont de moins en moins nombreux. Que faire ?"

Tout le monde connaît ces lassitudes intérieures qui ne sont pas toujours justifiées, car nos sens charnels ne s'ouvrent pas aux Paroles de Dieu, aux savoir-faire divins. Mais savons-nous "écouter", "lire" et comprendre des réflexions qui semblent nous arriver sans raison? Prenons un exemple: nous sommes toujours en train de demander au Seigneur ce que nous devons faire pour nos frères. Mais, si le message qui suit nous arrivait maintenant, saurions-nous le comprendre? "Mon enfant, tu t'interroges souvent sur ce que tu devrais faire pour M'être plus agréable. Ce n'est pas le faire mais bien l'être qui importe. Ce dont J'ai besoin, ce sont des gens qui deviennent 'Amour'. En devenant Amour, tu deviens un vrai témoin, un pilier pour Mon Église Nouvelle[1]." Nous sommes sidérés. C'est la réponse que nous attendions... Nous sommes bien contents... mais n'allons-nous pas retomber demain dans nos montagnes de questions?

Réfléchissons... Mettons-nous, pendant quelques instants dans la peau de nos contemporains particulièrement éprouvés par la situation actuelle de l'Église. Les grâces de Dieu, nous en avons tellement reçues que nous sommes bien incapables de les énumérer. De plus, il y a eu beaucoup d'événements surprenants dans nos vies: incontestablement Dieu intervenait parfois directement pour modifier nos chemins, écarter certaines routes. Mais, à côté de ces grandes grâces, il y eut aussi les milliers de grâces quotidiennes, tellement nombreuses que nous ne les voyions pas parce que nous y étions trop habituées. Ces grâces, que nous ne voyons pas, sont comme l'atmosphère dans laquelle nous vivons. Car c'est ainsi que nous vivons dans la grâce de Dieu comme des poissons dans l'eau, et nous ne nous en rendons pas compte... Pourtant, avec Notre Seigneur, il nous arrive parfois d'être heureux, incroyablement. Baignés dans la grâce de Dieu nous "sentons" que Dieu est là, avec nous, à chaque instant de nos vies, et pourtant nous sommes en même temps submergés par la souffrance due au fait que Dieu n'est plus connu, donc pas aimé. Et nous ne voyons pas clairement la cause de ce désastre.

Notre prière continue, car, sans que nous en doutions, notre énumération précédente était déjà une prière. Le monde de l'athéisme semble victorieux, l'islam envahit tout, les persécutions de chrétiens se poursuivent, les guerres se multiplient... Sans compter les calamités naturelles anormalement nombreuses. Nous crions alors: "Seigneur! Sauve-nous, nous périssons!" De nouveau notre prière s'arrête, et pourtant nous avons tant de choses à dire à Notre Seigneur. Nous voudrions tellement Le voir, L'entendre... Nous voudrions qu'Il nous parle avec des mots humains. Certes, nous savons qu'Il le fait car Il connaît toutes les langues, mais nous, nous ne comprenons pas le langage de Dieu. Ou plutôt, nous ne voulons pas toujours le comprendre, car cela nous obligerait à changer de vie...

Voici que notre souffrance devient insupportable: alors, nous cherchons quelques prières vocales, plus faciles à dire. Une toute petite image accompagnée d'une prière, tombe sous nos yeux: Jésus est à Gethsémani... La prière commence par: "Jésus, je veux Vous consoler!" Seigneur! Nous sommes en 2011, au vingt et unième siècle, comment pouvons-nous être à côté de Vous, à Gethsémani, et Vous consoler, c'est à dire, compatir à vos infinies souffrances, et Vous laisser nous en partager une infiniment petite miette, une parcelle à notre taille, que nous pouvons, avec votre grâce, réussir à porter, en la laissant parfois tomber ?

D'autres prières adressées à votre Sacré-Cœur ou à votre sainte Face, disent aussi: "Jésus, je veux vous consoler". Mais comment nous, infimes créatures, souillées par le péché, comment pouvons-nous Vous consoler, alors que la plupart du temps c'est nous qui Vous appelons au secours? Jésus, nous Vous appelons constamment au secours; nous Vous prions de distribuer vos grâces à tous les hommes qui ne Vous connaissent pas, et nous pourrions Vous consoler!!! Nous sommes en plein mystère... surtout lorsque soudain notre pensée nous conduit vers un autre abîme: le temps. Vous, Jésus, Vous êtes dans l'éternité, dans l'éternel présent de Dieu. Donc, il y a deux mille ans, c'est toujours aujourd'hui pour vous.

Donc, Gethsémani, pour Vous, Jésus, c'est aujourd'hui, c'est en ce moment... et nous sommes donc avec Vous ?

Jésus, toute votre vie terrestre, votre vie de Verbe incarné, vos enseignements, vos souffrances et vos joies quotidiennes, votre Passion et votre mort, c'est aujourd'hui, c'est maintenant, c'est en ce moment. Jésus, Vous êtes notre vie. Nous sommes avec Vous sur les chemins de Palestine, nous sommes avec Vous à Gethsémani, et pourtant chacun d'entre nous est à son travail, à son devoir d'état, ou chez lui en train de Vous chercher, de Vous prier... Seigneur, est-ce que en Dieu, les créatures que nous sommes et qui vivent dans le temps, sont déjà en l'éternité ?

Nous sommes dans le temps et déjà dans l'éternité. Chaque personne qui travaille en ce moment est aussi avec Vous. Par moments, lorsque nous Vous appelons: "Au secours!", notre cœur vibre avec le vôtre. Notre cœur à cœur est palpable: nous sommes heureux d'être avec Vous. Et ce bonheur, nous voudrions le partager avec tous nos amis du monde entier. Quand nous prions, nous sommes en contact avec Vous, Seigneur, Vous êtes avec nous comme Vous nous l'aviez promis, en disant: "Voici que je suis avec vous jusqu'à la fin des temps..." Nous sommes souvent en contact avec Vous, Seigneur, c'est une certitude. "Sentir" que Vous êtes là, tout près de chacun de nous, c'est, ou plutôt ce devrait être, notre bonheur. Alors pourquoi tant de gens osent-ils dire que nous n'avons pas besoin de Vous "sentir" ?

Ainsi, prier c'est échanger nos pensées avec celles de Dieu. Prier c'est dire à Dieu qu'on L'aime au-delà de nos petites misères ou de nos grandes souffrances. Prier, c'est regarder le Seigneur enfoui dans notre cœur, c'est accepter de mettre sa vie en ordre en fonction de la loi divine, prier c'est toujours faire la volonté de Dieu... c'est donc aussi souffrir la peine de Jésus quand Il pleurait sur Jérusalem, quand Il cria vers le Père, durant son agonie à Gethsémani, quand Il gémit, sur la Croix: "Père, pourquoi m'as-Tu abandonné?" C'est vivre, aimer et souffrir avec Lui, et comme Lui, car nous avons été créés à l'image de Dieu.


[1] Extrait du livre Pour le bonheur des Miens, de Léandre Lachance. (volume 1, numéro 29).

   

 

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