Paulette Leblanc



DES CRIS VERS DIEU
UN CRI DU CŒUR

Réflexions d'un chrétien de la base

9
Besoin de “Contacter” Dieu

Une chose est sûre: c'est que malgré son extrême petitesse, sa situation au milieu des hommes pécheurs, pécheur lui-même, chaque homme a un extrême besoin de Dieu; personne ne peut se passer de Dieu. Cette remarque est tout à fait normale puisque nous tenons tout de Dieu et qu'Il est notre vie. Pourtant on entend souvent dire que "l'on n'a pas besoin de sentir Dieu". Certes, personne ne sentira jamais Dieu d'une manière charnelle, mais comme tout le monde a un absolument besoin de Dieu, comme personne ne peut se passer de LUI, tous les hommes ont besoin d'avoir des contacts avec Dieu.

"Avoir des contacts avec Dieu!" Mais c'est impossible! "Mais non! Nous n'avons pas besoin de 'sentir' Dieu!" Étrange, oui, étrange, car de plus en plus de personnes semblent avoir un surprenant besoin de Dieu, et surtout des personnes n'ayant eu aucune relation avec Dieu, ou si peu! Qu'en est-il réellement? Des explications sont nécessaires, car nos contemporains ont perdu le vrai sens des mots, et en ce qui nous concerne en ce moment, il ne faut pas confondre l'expression: "sentir Dieu" et "avoir des sensations".

Nos contemporains, croyants ou non, ne parlent que de sensations. Pour eux, le verbe "sentir" exprime presque toujours des sensations matérielles, corporelles donc sensuelles au sens large et pas seulement liées au sexe. Or l'homme est un être charnel dont les seuls moyens de communication sont les sens: je ne vois qu'avec mes yeux, je n'entends qu'avec mes oreilles, je ne goûte qu'avec ma langue et je ne sens qu'avec mon nez. On pourrait ajouter: des corps vivants ne peuvent connaître la nature de quelque chose que s'ils la touchent. C'est seulement par contact que mes mains connaîtront la nature d'un tissu, d'un légume, d'un objet.

Pour connaître quelque chose, l'homme a besoin d'un contact. Alors, pourquoi, lorsqu'il s'agit de Dieu, notre créateur et Père, pourquoi n'aurions-nous pas besoin d'un contact avec Lui? Les études réalisées à propos des saints montrent que "tous", tous les saints ont eu des contacts avec Dieu. Certains on "vu" des lumières resplendissantes qui pourtant ne les éblouissaient pas. D'autres ont entendu des voix, intérieures le plus souvent. Certains ont "senti" des parfums. La sainteté de la vie des saints canonisés ou bienheureux, exclut, de leur part, toute tentation de tromper leur entourage: ils ont vraiment vu, entendu, senti. Mais le plus souvent ces grâces étaient accompagnées d'une demande du Seigneur: la charge de mener une mission difficile. Nos contemporains, même les plus incrédules, hésitent encore à mettre en doute les paroles des saints. Mais lorsqu'il s'agit d'hommes plus ordinaires, tous nos contemporains sont catégoriques: ce ne sont que des illusions! Mais pourquoi les autres hommes n'auraient-ils pas le droit d'avoir des contacts avec Dieu? Après tout, c'est tout de même Dieu qui décide !

Les scientifiques sont toujours contraints d'apporter des preuves, par des expériences dûment contrôlées, aux hypothèses qu'ils émettent, afin que l'hypothèse puisse devenir une théorie non contestable. Il y a beaucoup de vérités invisibles, beaucoup de forces cachées dans l'univers, des forces jusqu'ici indétectables que nous découvrons peu à peu, parce que nous avons des instruments capables de les mettre en évidence. Pourquoi n'en serait-il pas de même avec Dieu? De plus en plus souvent on entend des gens, des personnes qui ont vécu de vraies conversions, dire: "J'ai fait une rencontre!" Que peuvent bien être ces rencontres, très difficiles à expliquer, sinon un contact avec Dieu ?

Des contacts avec Dieu, pourquoi n'en aurions-nous pas en permanence puisque nous sommes en Dieu et que nous vivons de Lui? Alors, pourquoi ces contacts, ne les sentons-nous plus? Il semble qu'il y ait plusieurs raisons à cela: d'abord, parce que Dieu étant notre milieu vital, nous en avons tellement l'habitude que, si nous ne faisons pas un petit effort pour en prendre conscience, nous ne le sentons plus. Ainsi, par exemple, comme nous avons l'habitude de respirer, nous ne sentons plus l'air que nous respirons, sauf quand nous prenons une grande respiration. N'en serait-il pas de même avec Dieu? Il y a une autre raison bien plus grave: comme nous estimons que nous n'avons pas besoin de sentir Dieu, nous ne faisons pas l'effort nécessaire pour cela. Enfin, il y a le péché qui nous a séparés de Dieu. Certes, Dieu continue à nous donner la vie, mais nous refusons son amour: alors Dieu nous laisse à nous-mêmes, à nos misères, à nos insuffisances, à nos vides, à nos incrédulités. Nous ne nous apercevons même plus que nous vivons en Dieu. Nous avons l'impression de ne rien sentir, d'être seuls... Que faire? Quel sens agiter pour "sentir" Dieu, car nos sens humains, sauf cas très exceptionnels, ne sont pas faits pour "contacter" Dieu.

Recueillons-nous devant le Seigneur. Nos cœurs et nos esprits ont l'habitude de côtoyer le Seigneur, mais ils ne sont pas prévus pour "sentir" Dieu? Quand nos intelligences se recueillent un peu, lorsqu'elles essaient de tendre vers Dieu, de se rapprocher de Dieu dans lequel elles baignent, alors elles comprennent plus de choses... Mais ces choses sont toujours difficiles à dire, car aucun de nos mots terrestres ne dit exactement ce que nous voulons dire, et pourtant nous devons continuer...

Notre intelligence essaie de se recueillir, nos sens corporels se ferment sur l'extérieur pour se rapprocher de notre intelligence et de notre cœur. Essayons maintenant de maîtriser notre imagination qui pourrait nous induire en erreur. C'est le silence en nous, mais le silence de Dieu. Nous baignons en Dieu, alors essayons, comme le font nos mains pour agiter l'air, essayons d'agiter notre milieu vital, la présence de Dieu. Nos sens humains ne "sentent" rien, ils ne sont faits que pour les sensations matérielles. Comment agiter notre vrai  milieu vital, Dieu? Nous ne savons pas comment faire, pourtant nous savons que Dieu est là, que nous L'aimons et qu'Il nous aime. Parfois des images humaines se forment en nous pour nous faire comprendre l'incompréhensible, car seules quelques comparaisons adaptées à une intelligence humaine peuvent faire  "entendre" l'inaudible, "sentir" l'intouchable, "voir" l'invisible et "comprendre" l'incompréhensible.

Seigneur, nous ne Vous "sentons" pas, et pourtant, nous savons que Vous êtes là. Vous "souriez" à cause de nos pauvres petits raisonnements... et Vous nous prenez dans vos bras en nous disant: "Viens mon tout petit que j'aime!" Et nous, nous regardons Jésus, en silence, car nous ne savons plus rien dire, sauf que nous L'aimons. C'est peut-être cela "sentir" Dieu. Oui, mais nous ne savons toujours pas comment agiter notre milieu vital... Nous continuons à contempler le Seigneur, nous Le regardons et nous L'aimons. Nous savons qu'Il nous aime, et cela, nous en avons conscience, nous le sentons. Et nous voudrions partager cet amour avec tous nos frères...

Seigneur, nous avons essayé de nous approcher de Toi, mais nous sommes comme forcés de "revenir" sur la terre, car les nouvelles du monde nous consternent de plus en plus. Les souffrances de tant de nos frères nous étreignent à nous faire étouffer. Le vice, sous des formes que nous n'aurions jamais pu imaginer, se répand de plus en plus, et nous ne pouvons plus regarder les petits enfants sans avoir envie de pleurer. Que vont-ils devenir, quelles saletés va-t-on leur enseigner? Alors, à travers nos larmes, nous Vous crions, Seigneur bien-aimé :

– Par pitié, ouvre leurs cœurs! Fais qu'ils Te connaissent! Seigneur, ces petits, ce sont aussi tes enfants. Nous Te prions, aie pitié d'eux, de leur pureté qui sera bientôt souillée. Et puis, d'avance pardonne-leur, car s'ils deviennent de grands pécheurs, ce ne sera pas de leur faute...

Jésus, notre tristesse est grande quand nous voyons tous tes petits. On ne cesse de nous répéter: "Il faut espérer." Espérer, oui, mais en agissant et pas en disant qu'on n'y peut rien! Oui, bien sûr, il faut espérer, mais en agissant...  "C'était annoncé, dit-on encore. Le Petit Reste était prévu..." Mais comment peut-on s'habituer à ce Petit Reste. Ce qui est urgent de sauver aujourd'hui, c'est le Grand Reste, le Grand Reste qui malheureusement se perd... Seigneur, fais vite quelque chose pour le Grand Reste. Fais-le vite, car tant d'âmes se perdent! Seigneur, oui, nous espérons, mais notre espérance est dans le noir. Nous ne pouvons plus supporter tous ces pauvres gens qui s'en vont comme des errants perdus dans les ténèbres, car personne ne les évangélise. Seigneur, aie pitié de nous. Et aide-nous à évangéliser, à annoncer ta Bonne Nouvelle, avec les dons que Tu nous donnes, que Tu distribues à chacun de nous. Seigneur aide-nous, viens nous sauver, nous n'en pouvons plus !

Seigneur, nous nous sommes bien agités... Est-ce notre milieu vital que nous avons agité? Jésus, nous sentons de plus en plus notre détresse à cause de la tienne à Gethsémani. Or, à Gethsémani, le Père vint Te soutenir. Viens, de temps en temps soutenir tes prêtres affligés, tes enfants aux abois, tes pauvres qui T'espèrent. Seigneur, nous avons tous tellement besoin de Toi, de Toi qu'on a chassé de nos sociétés dites "de progrès", mais qui régressent spirituellement à un rythme diabolique. Nos sociétés ont remplacé le Dieu vivant par des idoles mortes: nous avons l'impression parfois de vivre les temps antiques où l'homme multipliait les dieux sans voix, les dieux inertes et pourtant affamés de sang humain.

Seigneur, notre douleur est immense et notre tristesse aussi. Nous pleurons sur tes petits enfants: Seigneur, vite, viens les sauver !

De la tristesse à la joie de Dieu

Dans l'Évangile de saint Jean 1(5,9-11) nous lisons : “À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples: 'Comme le Père M'a aimé, Moi aussi Je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie.”

Nos cœurs sont souvent tristes à cause des nouvelles lois iniques qui se propagent dans tant de pays, à cause des persécutions dont souffrent tant de chrétiens, à cause des attaques contre l'Église et maintenant, contre des églises, même en Europe... Mais les médias n'en disent pas un mot. La franc-maçonnerie et le terrorisme sont de plus en plus virulents, et tout le monde se tait... Quant à l'islam... il est difficile de  comprendre une religion aussi pleine de haine... Seigneur, nos cœurs ont tellement mal en pensant à tout cela; alors quelle surprise que cet l'Évangile, "pour que nous soyons comblés de joie".

Jésus veut que sa joie soit en nous, et que nous soyons comblés de joie! Et cela "au moment où Il passait de ce monde à son Père." Seigneur, laisse-nous réfléchir...

Jean ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie. Il dit seulement que Jésus vient de laver les pieds de ses disciples et qu'Il a commencé son long discours d'adieu appelé "discours après la Cène". Dans très peu de temps, Jésus sortira et se dirigera vers le Jardin des Oliviers où commencera son agonie. Il sait ce qui va lui arriver dans moins de deux ou trois heures. Il sait que bientôt Il va être torturé atrocement et crucifié... et Il parle de la joie qu'Il nous donne et dont Il veut nous combler. Nouveau mystère pour nous...

Jésus vient de s'offrir au Père qu'Il loue. Sa joie, humaine et divine, est immense. Et comme toutes les joies, celle-ci doit être partagée. Jésus partage sa joie avec abondance, d'abord avec ses disciples présents, puis avec tous ceux qui L'aimeront tout au long des siècles qui sont aussi son éternel présent à Lui. Ainsi, nous aussi, nous sommes comblés de la joie de Jésus. Mais, petite remarque au passage: pour être dans l'amour du Père et être comblés de la joie du Fils, il nous faut être fidèles aux commandements du Père... Car les commandements de Dieu sont la seule condition obligatoire pour arriver à la véritable source du bonheur.

Les souffrances de Jésus

Jésus, juste avant de partir pour sa Passion, nous comble de sa joie. Étrange! Jésus est comblé de joie alors que dans deux heures à peine, Il croulera sous les horreurs de son Agonie. Comment peut-on être si plein de joie et bientôt faiblir sous le poids d'une agonie sans précédent? Jésus nous sauve, tous; comme Il nous délivre du péché qui broie le monde, Il est infiniment heureux dans sa divinité, et son humanité aussi est comblée de joie. Mais Il sait aussi que le péché continuera, au cours des siècles, à envahir le monde. Jésus voit les guerres, les haines, la corruption généralisée. Et la tristesse envahit son humanité; Jésus implore le Père qui envoie son ange pour consoler son Fils et Lui rendre ses forces, car la Rédemption doit se faire.

Jésus est heureux car Il va donner sa vie pour nous sauver: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime" Jésus va donner sa vie car Il nous aime infiniment. D'ailleurs, tout ce qui touche à Dieu est infini; donc l'amour de Jésus, Dieu et homme, est infini. Mais Jésus-homme connaît obligatoirement les limites humaines; aussi Jésus faiblit-Il, non dans sa volonté, mais dans sa chair, dans son humanité. "Père! Que ce calice passe loin de Moi... Mais que ta volonté soit faite !"

La souffrance humaine de Jésus est horrible. Le calice qu'Il doit boire est insupportable. Mais voici que la Vérité nous fait comprendre que ce calice de Jésus, qui brisa son humanité, c'est nous, c'est chacun de nous aussi!!! Nous sommes désemparés et tremblants...

Certes il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime; mais, à contrario, il n'y a pas de souffrance pire que celle infligée par ceux que l'on aime mais qui, malheureusement, oublient souvent d'aimer en retour. Car l'amour pour être bonheur et joie, doit être partagé. Jésus nous aime, Jésus m'aime... Mais est-ce que nous aimons Jésus? Est-ce que je L'aime ?

Seigneur, nous sommes de nouveau atterrés, et quand nous regardons ce qui s'est passé tout au long des siècles, nous sommes épouvantés. Et nous sommes encore plus horrifiés quand nous voyons ce que les générations du 20ème siècle jusqu'à aujourd'hui ont fait. On a chassé Dieu. On a chassé Dieu, en Allemagne avec Hitler... On a chassé Dieu dans les pays communistes, et cela dure encore en Chine et en Corée du Nord. On voit, en France, l'impérialisme de la franc-maçonnerie, on voit l'islam qui s'impose partout; certes, l'islam ne chasse pas Dieu, mais le Dieu de l'islam n'est pas le vrai Dieu, car le vrai Dieu est seulement un Dieu d'amour...

Jésus, nous sommes de plus en plus dans les ténèbres. Oh! pas les ténèbres avec Toi, car ton amour est toujours là, et ton Eucharistie est encore présente en France... Mais les ténèbres du monde nous écrasent. Nous pensons toujours à tes enfants, Jésus, à tous ces hommes qui ne Te connaissent pas. Nous sommes dépassés et ne comprenons pas. Comment peut-on haïr ainsi Celui qui nous aime et ne nous veut que du bien? Comment peut-on martyriser encore et toujours davantage, ceux qui écoutent et mettent en pratique le grand commandement de Dieu: "Aimez-vous les uns les autres!... Aimez-vous comme Je vous ai aimés..."

Marcher vers l'espérance

Seigneur, nos cœurs pleurent... Comment avoir encore un peu d'espérance et de joie quand tout ce qui fait le bonheur des hommes: la morale et les commandements d'amour de Dieu, s'écroulent partout? Certes, il y a parfois quelques frémissements, quelques raisons d'espérer: on voit des vocations éclore dans les ordres nouveaux et charismatiques qui furent si décriés, ou dans ceux que l'on a tellement cherché à détruire. Des yeux s'ouvrent, mais encore très peu... Seigneur, viens nous sauver, nous Te prions! Seigneur aie pitié de tes enfants, de tous tes enfants. Seigneur, au secours! Nous périssons! Redonne-nous la foi, et donne à tes prêtres et à tes religieux, la foi qui déplace les montagnes !

Et voici que nous nous surprenons à prierÀ: “Seigneur, ouvre le cœur de tous tes enfants. Ouvre leur intelligence afin qu'ils comprennent et qu'ils 'sentent' que Tu existes et que Tu nous aimes... Oui, Seigneur, il nous semble indispensable, pour Te connaître et croire à ton existence tout près de nous et à ton amour pour nous, il nous paraît indispensable et urgent de cesser de dire: 'Nous n'avons pas besoin de sentir Dieu', mais au contraire de crier: 'Seigneur nous avons besoin de Vous, un besoin urgent; et comme, étant des hommes nous ne pouvons connaître que par nos sens, Seigneur, révélez-Vous à tous vos enfants, faîtes-nous sentir votre bonté et votre amour! Jésus, nous Te supplions encore: ouvre les cœurs et les intelligences de tous tes pauvres enfants. Ils ne savent rien Te concernant, mais ce n'est pas de leur faute puisque l'on ne leur enseigne plus rien. Et tout est athée dans le monde. Nos cœurs pleurent Jésus! Comment pourrait-il en être autrement ?”

"Oh! Dieu d'amour ayez pitié! Délivrez-moi de mon péché..." Mais de quel péché, puisqu'il n'y a plus que des erreurs? Seigneur! pourquoi a-t-on ainsi changé le vocabulaire même dans la liturgie, ou plutôt dans les homélies des prêtres. Quand nous faisons une erreur, quand nous nous trompons, généralement ce n'est pas bien grave. À la limite, c'est plutôt une bonne chose car cela nous apprend que nous ne savons pas tout et cela donne un peu d'humilité. Mais le péché, c'est grave, car c'est un refus de l'amour. Et si nous examinons le péché sous l'angle de l'amour, nous nous apercevons qu'il n'y a pas de petits péchés, car tous les péchés blessent l'amour. Nous sommes catastrophés, et, nous tournant de nouveau vers Dieu, nous prions...

Seigneur, donne-nous des prêtres qui retrouvent le vrai sens de ton Eucharistie, ton infinie action de grâces au moment où, débordant d'amour pour tes pauvres petits, Tu Te livrais pour eux. Seigneur, Tu Te livrais pour tes pauvres enfants, mais en même temps, comme Tu ne voulais pas les laisser orphelins, Tu restais avec eux, et Tu venais à eux sous la forme d'un peu de pain, d'une petite hostie: ton Corps vivant de Ressuscité. Car l'Eucharistie, c'est Toi, Jésus, Toi ressuscité avec qui nous sommes en contact. Et nous redisons notre foi :

Jésus, je crois; je crois en Toi, Fils de Dieu-Amour. Je crois en Toi, Verbe de Dieu incarné resté parmi nous pour que nous puissions Te voir, car, hommes munis de sens pour connaître, nous avons besoin de voir, de toucher, d'entendre. Je n'ai plus honte de dire que j'ai besoin de Toi, de ton Eucharistie qui est ma vie. Oui, nous savons que ton Esprit nous accompagne toujours et que Tu l'as répandu en abondance le jour de la Pentecôte. Mais ton Esprit-Saint, Seigneur, est un Esprit, donc invisible... et nous, nous avons besoin de voir. Nous savons aussi que Tu as dit à Thomas: "Heureux ceux qui auront cru sans avoir vu!" mais nous, et beaucoup d'autres de nos amis, avons parfois besoin de "voir" pour croire. Seigneur, ne nous en veuille pas! C'est que nous sommes des pauvres, si pauvres...

Nous sommes des pauvres, Seigneur, et nous désirons ton Esprit, ton eau vive. Nous Te désirons aussi, Toi Fils de Dieu incarné qui as pris une chair humaine pour Te montrer à nous, pour nous montrer ton Amour. Tu as pris chair humaine pour comprendre que les hommes qui ont tellement besoin de Dieu, ne peuvent pas toujours se satisfaire d'un Dieu abstrait et lointain. Les hommes ont souvent besoin de "toucher" l'amour de Dieu-Amour et de Le sentir, pas avec leurs doigts, mais avec leur cœur. Et Toi, Seigneur, qui as pris chair humaine, Tu dois bien comprendre cela puisque Dieu uni au Père et à l'Esprit, Tu as fais l'homme à ton image.

Dieu a créé l'homme à son image! Donc il est normal que parfois l'homme réagisse, aime et "sente" comme Dieu. L'homme est à l'image de Dieu: quel étonnant sujet de réflexion et aussi d'espérance! Nous nous sentons de plus en plus petits, et Dieu nous paraît de plus en plus grand; et nous nous perdons de plus en plus en Lui, et pourtant nous L'aimons de plus en plus... Et nous ne comprenons rien. Alors nous demandons à Marie de nous visiter...

Demandons à Marie de nous visiter... Nous voulons "voir" Jésus et "sentir" sa présence. Nous voudrions être toujours avec Dieu. Alors nous faisons de grands raisonnements, très raisonnables, mais est-il possible d'être raisonnable en ces matières? Oui, nous voulons "voir" Dieu. Et il est bien possible que nous ayons raison en criant cela, car une certaine sainte[1], à Avila, le désirait aussi...

À l'époque de la Visitation, les femmes voyageaient peu... mais Marie, ayant appris qu'Élisabeth, sa cousine, avait besoin d'être aidée, 'portée' par son Enfant, Marie fit un long voyage... Quelle joie alors quand les deux cousines se rencontrèrent! Quel bonheur pour les deux mamans véritablement miraculées dans leurs grossesses venues de Dieu! Et quel bonheur pour les deux petits qui, eux aussi se rencontrèrent et se reconnurent! Leurs âmes, avec celles de leurs mères pouvaient "exalter le Seigneur et exulter de joie..." Le Verbe incarné bénit son Précurseur, celui qui annoncera aux hommes que leur salut est proche. Même le pauvre Zacharie, si raisonnable... retrouvera bientôt sa voix pour louer et bénir le Dieu d'Israël tout en présentant son enfant. Mais en attendant les deux femmes chantent Dieu qui s'est "penché" sur ses humbles servantes.

Aujourd'hui, la pauvreté des chrétiens réside surtout dans le désir de comprendre ce que Dieu veut d'eux, et aussi pourquoi Il laisse Satan agir comme il le fait dans notre monde contemporain. Ce que Dieu veut des hommes, Marie le rappelle dans toutes ses apparitions: "Priez, mes enfants... Priez le chapelet... Priez, faites pénitence!..." car le mal qui détruit notre monde et tant d'hommes, ce mal qui est si douloureux ne peut être vaincu que par la prière et la pénitence. Mais, de nos jours, il y a comme quelque chose en plus: pourquoi notre Seigneur laisse-t-Il faire ce mal qui détruit l'Église, son Église, et tant d'hommes ? Les plus grandes douleurs ne sont pas toujours muettes et tant de vrais chrétiens ont, aujourd'hui, toujours envie de crier: "Seigneur! Au secours! Nous périssons! Seigneur reviens! Tes enfants ont tellement besoin de Toi! Seigneur viens nous visiter encore, reviens nous dire que Tu nous aimes et que Tu ne nous abandonnes pas !"

Nous sommes faits à l'image de Dieu... Pauvres hommes, pauvres pécheurs qui, librement avons dit non à l'amour de Dieu; nous avons bien de la peine à croire cela. Comment est-ce possible? C'est que l'homme matière et esprit est encore bien fragile; alors, pour le rendre plus fort, Dieu le met à l'épreuve. Mais le Menteur jaloux glisse l'orgueil dans le cœur des hommes qui, trompés, se séparent de Dieu. Mais cela ne pouvait pas durer. Dieu ne pouvait pas laisser son image se ternir: aussi le Verbe se fit-il chair, se fit-il homme: cela lui était bien facile puisque l'homme était fait à son image...

Incroyable! Nous contemplons Jésus, le Verbe incarné, Dieu fait homme pour sauver tous les hommes. En Jésus, Dieu est à l'image de l'homme!!!... Nous sursautons! Nous ne comprenons rien, mais nous savons que Dieu aime son Fils, son Verbe éternel devenu l'un de nous, les hommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu. Alors, ne peut-on dire, en parlant de Jésus, qu'Il est aussi à l'image de l'homme pour diviniser l'homme. Ceci est un grand mystère; nous ne comprenons rien, et pourtant voici que nous devinons pourquoi les saints et ceux qui veulent devenir des saints, se prosternent et adorent Dieu en Jésus-Christ, dans son humanité faite à l'image de Dieu et dans sa divinité qui épousa l'humanité.

Le Verbe de Dieu s'est fait homme en Jésus-Christ. Les hommes ont crucifié Jésus, mais Jésus est ressuscité d'entre les morts. Jésus est désormais toujours au milieu de nous, par son Eucharistie et aussi lorsque nous sommes deux ou trois réunis en son nom, "car alors, Il est au milieu de nous." Quand nous recevons Jésus dans l'Eucharistie, lorsque nous nous réunissons pour Le prier, si notre cœur s'ouvre vraiment à son Cœur et à la volonté de Dieu, ne sommes-nous pas en contact avec Dieu ?


[1] Sainte Thérèse d'Avila.

   

 

pour toute suggestion ou demande d'informations