Une chose est
sûre: c'est que malgré son extrême petitesse, sa situation
au milieu des hommes pécheurs, pécheur lui-même, chaque
homme a un extrême besoin de Dieu; personne ne peut se
passer de Dieu. Cette remarque est tout à fait normale
puisque nous tenons tout de Dieu et qu'Il est notre vie.
Pourtant on entend souvent dire que "l'on n'a pas besoin de
sentir Dieu". Certes, personne ne sentira jamais Dieu d'une
manière charnelle, mais comme tout le monde a un absolument
besoin de Dieu, comme personne ne peut se passer de LUI,
tous les hommes ont besoin d'avoir des contacts avec Dieu.
"Avoir des
contacts avec Dieu!" Mais c'est impossible! "Mais non! Nous
n'avons pas besoin de 'sentir' Dieu!" Étrange, oui, étrange,
car de plus en plus de personnes semblent avoir un
surprenant besoin de Dieu, et surtout des personnes n'ayant
eu aucune relation avec Dieu, ou si peu! Qu'en est-il
réellement? Des explications sont nécessaires, car nos
contemporains ont perdu le vrai sens des mots, et en ce qui
nous concerne en ce moment, il ne faut pas confondre
l'expression: "sentir Dieu" et "avoir des sensations".
Nos
contemporains, croyants ou non, ne parlent que de
sensations. Pour eux, le verbe "sentir" exprime presque
toujours des sensations matérielles, corporelles donc
sensuelles au sens large et pas seulement liées au sexe. Or
l'homme est un être charnel dont les seuls moyens de
communication sont les sens: je ne vois qu'avec mes yeux, je
n'entends qu'avec mes oreilles, je ne goûte qu'avec ma
langue et je ne sens qu'avec mon nez. On pourrait ajouter:
des corps vivants ne peuvent connaître la nature de quelque
chose que s'ils la touchent. C'est seulement par contact que
mes mains connaîtront la nature d'un tissu, d'un légume,
d'un objet.
Pour connaître
quelque chose, l'homme a besoin d'un contact. Alors,
pourquoi, lorsqu'il s'agit de Dieu, notre créateur et Père,
pourquoi n'aurions-nous pas besoin d'un contact avec Lui?
Les études réalisées à propos des saints montrent que
"tous", tous les saints ont eu des contacts avec Dieu.
Certains on "vu" des lumières resplendissantes qui pourtant
ne les éblouissaient pas. D'autres ont entendu des voix,
intérieures le plus souvent. Certains ont "senti" des
parfums. La sainteté de la vie des saints canonisés ou
bienheureux, exclut, de leur part, toute tentation de
tromper leur entourage: ils ont vraiment vu, entendu, senti.
Mais le plus souvent ces grâces étaient accompagnées d'une
demande du Seigneur: la charge de mener une mission
difficile. Nos contemporains, même les plus incrédules,
hésitent encore à mettre en doute les paroles des saints.
Mais lorsqu'il s'agit d'hommes plus ordinaires, tous nos
contemporains sont catégoriques: ce ne sont que des
illusions! Mais pourquoi les autres hommes n'auraient-ils
pas le droit d'avoir des contacts avec Dieu? Après tout,
c'est tout de même Dieu qui décide !
Les
scientifiques sont toujours contraints d'apporter des
preuves, par des expériences dûment contrôlées, aux
hypothèses qu'ils émettent, afin que l'hypothèse puisse
devenir une théorie non contestable. Il y a beaucoup de
vérités invisibles, beaucoup de forces cachées dans
l'univers, des forces jusqu'ici indétectables que nous
découvrons peu à peu, parce que nous avons des instruments
capables de les mettre en évidence. Pourquoi n'en serait-il
pas de même avec Dieu? De plus en plus souvent on entend des
gens, des personnes qui ont vécu de vraies conversions,
dire: "J'ai fait une rencontre!" Que peuvent bien
être ces rencontres, très difficiles à expliquer, sinon un
contact avec Dieu ?
Des contacts
avec Dieu, pourquoi n'en aurions-nous pas en permanence
puisque nous sommes en Dieu et que nous vivons de Lui?
Alors, pourquoi ces contacts, ne les sentons-nous plus? Il
semble qu'il y ait plusieurs raisons à cela: d'abord, parce
que Dieu étant notre milieu vital, nous en avons tellement
l'habitude que, si nous ne faisons pas un petit effort pour
en prendre conscience, nous ne le sentons plus. Ainsi, par
exemple, comme nous avons l'habitude de respirer, nous ne
sentons plus l'air que nous respirons, sauf quand nous
prenons une grande respiration. N'en serait-il pas de même
avec Dieu? Il y a une autre raison bien plus grave: comme
nous estimons que nous n'avons pas besoin de sentir Dieu,
nous ne faisons pas l'effort nécessaire pour cela. Enfin, il
y a le péché qui nous a séparés de Dieu. Certes, Dieu
continue à nous donner la vie, mais nous refusons son amour:
alors Dieu nous laisse à nous-mêmes, à nos misères, à nos
insuffisances, à nos vides, à nos incrédulités. Nous ne nous
apercevons même plus que nous vivons en Dieu. Nous avons
l'impression de ne rien sentir, d'être seuls... Que faire?
Quel sens agiter pour "sentir" Dieu, car nos sens humains,
sauf cas très exceptionnels, ne sont pas faits pour
"contacter" Dieu.
Recueillons-nous devant le Seigneur. Nos cœurs et nos
esprits ont l'habitude de côtoyer le Seigneur, mais ils ne
sont pas prévus pour "sentir" Dieu? Quand nos intelligences
se recueillent un peu, lorsqu'elles essaient de tendre vers
Dieu, de se rapprocher de Dieu dans lequel elles baignent,
alors elles comprennent plus de choses... Mais ces choses
sont toujours difficiles à dire, car aucun de nos mots
terrestres ne dit exactement ce que nous voulons dire, et
pourtant nous devons continuer...
Notre
intelligence essaie de se recueillir, nos sens corporels se
ferment sur l'extérieur pour se rapprocher de notre
intelligence et de notre cœur. Essayons maintenant de
maîtriser notre imagination qui pourrait nous induire en
erreur. C'est le silence en nous, mais le silence de Dieu.
Nous baignons en Dieu, alors essayons, comme le font nos
mains pour agiter l'air, essayons d'agiter notre milieu
vital, la présence de Dieu. Nos sens humains ne "sentent"
rien, ils ne sont faits que pour les sensations matérielles.
Comment agiter notre vrai milieu vital, Dieu? Nous ne
savons pas comment faire, pourtant nous savons que Dieu est
là, que nous L'aimons et qu'Il nous aime. Parfois des images
humaines se forment en nous pour nous faire comprendre
l'incompréhensible, car seules quelques comparaisons
adaptées à une intelligence humaine peuvent faire
"entendre" l'inaudible, "sentir" l'intouchable, "voir"
l'invisible et "comprendre" l'incompréhensible.
Seigneur, nous
ne Vous "sentons" pas, et pourtant, nous savons que Vous
êtes là. Vous "souriez" à cause de nos pauvres petits
raisonnements... et Vous nous prenez dans vos bras en nous
disant: "Viens mon tout petit que j'aime!" Et nous, nous
regardons Jésus, en silence, car nous ne savons plus rien
dire, sauf que nous L'aimons. C'est peut-être cela "sentir"
Dieu. Oui, mais nous ne savons toujours pas comment agiter
notre milieu vital... Nous continuons à contempler le
Seigneur, nous Le regardons et nous L'aimons. Nous savons
qu'Il nous aime, et cela, nous en avons conscience, nous le
sentons. Et nous voudrions partager cet amour avec tous nos
frères...
Seigneur, nous
avons essayé de nous approcher de Toi, mais nous sommes
comme forcés de "revenir" sur la terre, car les nouvelles du
monde nous consternent de plus en plus. Les souffrances de
tant de nos frères nous étreignent à nous faire étouffer. Le
vice, sous des formes que nous n'aurions jamais pu imaginer,
se répand de plus en plus, et nous ne pouvons plus regarder
les petits enfants sans avoir envie de pleurer. Que vont-ils
devenir, quelles saletés va-t-on leur enseigner? Alors, à
travers nos larmes, nous Vous crions, Seigneur bien-aimé :
– Par pitié,
ouvre leurs cœurs! Fais qu'ils Te connaissent! Seigneur, ces
petits, ce sont aussi tes enfants. Nous Te prions, aie pitié
d'eux, de leur pureté qui sera bientôt souillée. Et puis,
d'avance pardonne-leur, car s'ils deviennent de grands
pécheurs, ce ne sera pas de leur faute...
Jésus, notre
tristesse est grande quand nous voyons tous tes petits. On
ne cesse de nous répéter: "Il faut espérer." Espérer, oui,
mais en agissant et pas en disant qu'on n'y peut rien! Oui,
bien sûr, il faut espérer, mais en agissant... "C'était
annoncé, dit-on encore. Le Petit Reste était prévu..." Mais
comment peut-on s'habituer à ce Petit Reste. Ce qui est
urgent de sauver aujourd'hui, c'est le Grand Reste, le Grand
Reste qui malheureusement se perd... Seigneur, fais vite
quelque chose pour le Grand Reste. Fais-le vite, car tant
d'âmes se perdent! Seigneur, oui, nous espérons, mais notre
espérance est dans le noir. Nous ne pouvons plus supporter
tous ces pauvres gens qui s'en vont comme des errants perdus
dans les ténèbres, car personne ne les évangélise. Seigneur,
aie pitié de nous. Et aide-nous à évangéliser, à annoncer ta
Bonne Nouvelle, avec les dons que Tu nous donnes, que Tu
distribues à chacun de nous. Seigneur aide-nous, viens nous
sauver, nous n'en pouvons plus !
Seigneur, nous
nous sommes bien agités... Est-ce notre milieu vital que
nous avons agité? Jésus, nous sentons de plus en plus notre
détresse à cause de la tienne à Gethsémani. Or, à
Gethsémani, le Père vint Te soutenir. Viens, de temps en
temps soutenir tes prêtres affligés, tes enfants aux abois,
tes pauvres qui T'espèrent. Seigneur, nous avons tous
tellement besoin de Toi, de Toi qu'on a chassé de nos
sociétés dites "de progrès", mais qui régressent
spirituellement à un rythme diabolique. Nos sociétés ont
remplacé le Dieu vivant par des idoles mortes: nous avons
l'impression parfois de vivre les temps antiques où l'homme
multipliait les dieux sans voix, les dieux inertes et
pourtant affamés de sang humain.
Seigneur, notre
douleur est immense et notre tristesse aussi. Nous pleurons
sur tes petits enfants: Seigneur, vite, viens les sauver !
Dans l'Évangile de saint Jean
1(5,9-11) nous lisons : “À l'heure où Jésus passait de ce
monde à son Père, il disait à ses disciples: 'Comme le Père
M'a aimé, Moi aussi Je vous ai aimés. Demeurez dans mon
amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous
demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé fidèlement
les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que
vous soyez comblés de joie.”
Nos cœurs sont
souvent tristes à cause des nouvelles lois iniques qui se
propagent dans tant de pays, à cause des persécutions dont
souffrent tant de chrétiens, à cause des attaques contre
l'Église et maintenant, contre des églises, même en
Europe... Mais les médias n'en disent pas un mot. La
franc-maçonnerie et le terrorisme sont de plus en plus
virulents, et tout le monde se tait... Quant à l'islam... il
est difficile de comprendre une religion aussi pleine de
haine... Seigneur, nos cœurs ont tellement mal en pensant à
tout cela; alors quelle surprise que cet l'Évangile,
"pour que nous soyons comblés de joie".
Jésus veut que
sa joie soit en nous, et que nous soyons comblés de joie! Et
cela "au moment où Il passait de ce monde à son Père."
Seigneur, laisse-nous réfléchir...
Jean ne raconte
pas l'institution de l'Eucharistie. Il dit seulement que
Jésus vient de laver les pieds de ses disciples et qu'Il a
commencé son long discours d'adieu appelé "discours après
la Cène". Dans très peu de temps, Jésus sortira et se
dirigera vers le Jardin des Oliviers où commencera son
agonie. Il sait ce qui va lui arriver dans moins de deux ou
trois heures. Il sait que bientôt Il va être torturé
atrocement et crucifié... et Il parle de la joie qu'Il nous
donne et dont Il veut nous combler. Nouveau mystère pour
nous...
Jésus vient de
s'offrir au Père qu'Il loue. Sa joie, humaine et divine, est
immense. Et comme toutes les joies, celle-ci doit être
partagée. Jésus partage sa joie avec abondance, d'abord avec
ses disciples présents, puis avec tous ceux qui L'aimeront
tout au long des siècles qui sont aussi son éternel présent
à Lui. Ainsi, nous aussi, nous sommes comblés de la joie de
Jésus. Mais, petite remarque au passage: pour être dans
l'amour du Père et être comblés de la joie du Fils, il nous
faut être fidèles aux commandements du Père... Car les
commandements de Dieu sont la seule condition obligatoire
pour arriver à la véritable source du bonheur.
Jésus, juste
avant de partir pour sa Passion, nous comble de sa joie.
Étrange! Jésus est comblé de joie alors que dans deux heures
à peine, Il croulera sous les horreurs de son Agonie.
Comment peut-on être si plein de joie et bientôt faiblir
sous le poids d'une agonie sans précédent? Jésus nous sauve,
tous; comme Il nous délivre du péché qui broie le monde, Il
est infiniment heureux dans sa divinité, et son humanité
aussi est comblée de joie. Mais Il sait aussi que le péché
continuera, au cours des siècles, à envahir le monde. Jésus
voit les guerres, les haines, la corruption généralisée. Et
la tristesse envahit son humanité; Jésus implore le Père qui
envoie son ange pour consoler son Fils et Lui rendre ses
forces, car la Rédemption doit se faire.
Jésus est
heureux car Il va donner sa vie pour nous sauver: "Il n'y
a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux
qu'on aime" Jésus va donner sa vie car Il nous aime
infiniment. D'ailleurs, tout ce qui touche à Dieu est
infini; donc l'amour de Jésus, Dieu et homme, est infini.
Mais Jésus-homme connaît obligatoirement les limites
humaines; aussi Jésus faiblit-Il, non dans sa volonté, mais
dans sa chair, dans son humanité. "Père! Que ce calice
passe loin de Moi... Mais que ta volonté soit faite !"
La souffrance
humaine de Jésus est horrible. Le calice qu'Il doit boire
est insupportable. Mais voici que la Vérité nous fait
comprendre que ce calice de Jésus, qui brisa son humanité,
c'est nous, c'est chacun de nous aussi!!! Nous sommes
désemparés et tremblants...
Certes il n'y a
pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on
aime; mais, à contrario, il n'y a pas de souffrance pire que
celle infligée par ceux que l'on aime mais qui,
malheureusement, oublient souvent d'aimer en retour. Car
l'amour pour être bonheur et joie, doit être partagé. Jésus
nous aime, Jésus m'aime... Mais est-ce que nous aimons
Jésus? Est-ce que je L'aime ?
Seigneur, nous
sommes de nouveau atterrés, et quand nous regardons ce qui
s'est passé tout au long des siècles, nous sommes
épouvantés. Et nous sommes encore plus horrifiés quand nous
voyons ce que les générations du 20ème siècle
jusqu'à aujourd'hui ont fait. On a chassé Dieu. On a chassé
Dieu, en Allemagne avec Hitler... On a chassé Dieu dans les
pays communistes, et cela dure encore en Chine et en Corée
du Nord. On voit, en France, l'impérialisme de la
franc-maçonnerie, on voit l'islam qui s'impose partout;
certes, l'islam ne chasse pas Dieu, mais le Dieu de l'islam
n'est pas le vrai Dieu, car le vrai Dieu est seulement un
Dieu d'amour...
Jésus, nous
sommes de plus en plus dans les ténèbres. Oh! pas les
ténèbres avec Toi, car ton amour est toujours là, et ton
Eucharistie est encore présente en France... Mais les
ténèbres du monde nous écrasent. Nous pensons toujours à tes
enfants, Jésus, à tous ces hommes qui ne Te connaissent pas.
Nous sommes dépassés et ne comprenons pas. Comment peut-on
haïr ainsi Celui qui nous aime et ne nous veut que du bien?
Comment peut-on martyriser encore et toujours davantage,
ceux qui écoutent et mettent en pratique le grand
commandement de Dieu: "Aimez-vous les uns les autres!...
Aimez-vous comme Je vous ai aimés..."
Seigneur, nos
cœurs pleurent... Comment avoir encore un peu d'espérance et
de joie quand tout ce qui fait le bonheur des hommes: la
morale et les commandements d'amour de Dieu, s'écroulent
partout? Certes, il y a parfois quelques frémissements,
quelques raisons d'espérer: on voit des vocations éclore
dans les ordres nouveaux et charismatiques qui furent si
décriés, ou dans ceux que l'on a tellement cherché à
détruire. Des yeux s'ouvrent, mais encore très peu...
Seigneur, viens nous sauver, nous Te prions! Seigneur aie
pitié de tes enfants, de tous tes enfants. Seigneur, au
secours! Nous périssons! Redonne-nous la foi, et donne à tes
prêtres et à tes religieux, la foi qui déplace les
montagnes !
Et voici que
nous nous surprenons à prierÀ: “Seigneur, ouvre le cœur de
tous tes enfants. Ouvre leur intelligence afin qu'ils
comprennent et qu'ils 'sentent' que Tu existes et que Tu
nous aimes... Oui, Seigneur, il nous semble indispensable,
pour Te connaître et croire à ton existence tout près de
nous et à ton amour pour nous, il nous paraît indispensable
et urgent de cesser de dire: 'Nous n'avons pas besoin de
sentir Dieu', mais au contraire de crier: 'Seigneur nous
avons besoin de Vous, un besoin urgent; et comme, étant des
hommes nous ne pouvons connaître que par nos sens, Seigneur,
révélez-Vous à tous vos enfants, faîtes-nous sentir votre
bonté et votre amour! Jésus, nous Te supplions encore: ouvre
les cœurs et les intelligences de tous tes pauvres enfants.
Ils ne savent rien Te concernant, mais ce n'est pas de leur
faute puisque l'on ne leur enseigne plus rien. Et tout est
athée dans le monde. Nos cœurs pleurent Jésus! Comment
pourrait-il en être autrement ?”
"Oh! Dieu
d'amour ayez pitié! Délivrez-moi de mon péché..." Mais
de quel péché, puisqu'il n'y a plus que des erreurs?
Seigneur! pourquoi a-t-on ainsi changé le vocabulaire même
dans la liturgie, ou plutôt dans les homélies des prêtres.
Quand nous faisons une erreur, quand nous nous trompons,
généralement ce n'est pas bien grave. À la limite, c'est
plutôt une bonne chose car cela nous apprend que nous ne
savons pas tout et cela donne un peu d'humilité. Mais le
péché, c'est grave, car c'est un refus de l'amour. Et si
nous examinons le péché sous l'angle de l'amour, nous nous
apercevons qu'il n'y a pas de petits péchés, car tous les
péchés blessent l'amour. Nous sommes catastrophés, et, nous
tournant de nouveau vers Dieu, nous prions...
Seigneur,
donne-nous des prêtres qui retrouvent le vrai sens de ton
Eucharistie, ton infinie action de grâces au moment où,
débordant d'amour pour tes pauvres petits, Tu Te livrais
pour eux. Seigneur, Tu Te livrais pour tes pauvres enfants,
mais en même temps, comme Tu ne voulais pas les laisser
orphelins, Tu restais avec eux, et Tu venais à eux sous la
forme d'un peu de pain, d'une petite hostie: ton Corps
vivant de Ressuscité. Car l'Eucharistie, c'est Toi, Jésus,
Toi ressuscité avec qui nous sommes en contact. Et nous
redisons notre foi :
Jésus, je
crois; je crois en Toi, Fils de Dieu-Amour. Je crois en Toi,
Verbe de Dieu incarné resté parmi nous pour que nous
puissions Te voir, car, hommes munis de sens pour connaître,
nous avons besoin de voir, de toucher, d'entendre. Je n'ai
plus honte de dire que j'ai besoin de Toi, de ton
Eucharistie qui est ma vie. Oui, nous savons que ton Esprit
nous accompagne toujours et que Tu l'as répandu en abondance
le jour de la Pentecôte. Mais ton Esprit-Saint, Seigneur,
est un Esprit, donc invisible... et nous, nous avons besoin
de voir. Nous savons aussi que Tu as dit à Thomas:
"Heureux ceux qui auront cru sans avoir vu!" mais nous,
et beaucoup d'autres de nos amis, avons parfois besoin de
"voir" pour croire. Seigneur, ne nous en veuille pas! C'est
que nous sommes des pauvres, si pauvres...
Nous sommes des
pauvres, Seigneur, et nous désirons ton Esprit, ton eau
vive. Nous Te désirons aussi, Toi Fils de Dieu incarné qui
as pris une chair humaine pour Te montrer à nous, pour nous
montrer ton Amour. Tu as pris chair humaine pour comprendre
que les hommes qui ont tellement besoin de Dieu, ne peuvent
pas toujours se satisfaire d'un Dieu abstrait et lointain.
Les hommes ont souvent besoin de "toucher" l'amour de
Dieu-Amour et de Le sentir, pas avec leurs doigts, mais avec
leur cœur. Et Toi, Seigneur, qui as pris chair humaine, Tu
dois bien comprendre cela puisque Dieu uni au Père et à
l'Esprit, Tu as fais l'homme à ton image.
Dieu a créé
l'homme à son image! Donc il est normal que parfois l'homme
réagisse, aime et "sente" comme Dieu. L'homme est à l'image
de Dieu: quel étonnant sujet de réflexion et aussi
d'espérance! Nous nous sentons de plus en plus petits, et
Dieu nous paraît de plus en plus grand; et nous nous perdons
de plus en plus en Lui, et pourtant nous L'aimons de plus en
plus... Et nous ne comprenons rien. Alors nous demandons à
Marie de nous visiter...
Demandons à
Marie de nous visiter... Nous voulons "voir" Jésus et
"sentir" sa présence. Nous voudrions être toujours avec
Dieu. Alors nous faisons de grands raisonnements, très
raisonnables, mais est-il possible d'être raisonnable en ces
matières? Oui, nous voulons "voir" Dieu. Et il est bien
possible que nous ayons raison en criant cela, car une
certaine sainte,
à Avila, le désirait aussi...
À l'époque de
la Visitation, les femmes voyageaient peu... mais Marie,
ayant appris qu'Élisabeth, sa cousine, avait besoin d'être
aidée, 'portée' par son Enfant, Marie fit un long voyage...
Quelle joie alors quand les deux cousines se rencontrèrent!
Quel bonheur pour les deux mamans véritablement miraculées
dans leurs grossesses venues de Dieu! Et quel bonheur pour
les deux petits qui, eux aussi se rencontrèrent et se
reconnurent! Leurs âmes, avec celles de leurs mères
pouvaient "exalter le Seigneur et exulter de joie..."
Le Verbe incarné bénit son Précurseur, celui qui annoncera
aux hommes que leur salut est proche. Même le pauvre
Zacharie, si raisonnable... retrouvera bientôt sa voix pour
louer et bénir le Dieu d'Israël tout en présentant son
enfant. Mais en attendant les deux femmes chantent Dieu qui
s'est "penché" sur ses humbles servantes.
Aujourd'hui, la
pauvreté des chrétiens réside surtout dans le désir de
comprendre ce que Dieu veut d'eux, et aussi pourquoi Il
laisse Satan agir comme il le fait dans notre monde
contemporain. Ce que Dieu veut des hommes, Marie le rappelle
dans toutes ses apparitions: "Priez, mes enfants... Priez
le chapelet... Priez, faites pénitence!..." car le mal
qui détruit notre monde et tant d'hommes, ce mal qui est si
douloureux ne peut être vaincu que par la prière et la
pénitence. Mais, de nos jours, il y a comme quelque chose en
plus: pourquoi notre Seigneur laisse-t-Il faire ce mal qui
détruit l'Église, son Église, et tant d'hommes ? Les plus
grandes douleurs ne sont pas toujours muettes et tant de
vrais chrétiens ont, aujourd'hui, toujours envie de crier:
"Seigneur! Au secours! Nous périssons! Seigneur reviens! Tes
enfants ont tellement besoin de Toi! Seigneur viens nous
visiter encore, reviens nous dire que Tu nous aimes et que
Tu ne nous abandonnes pas !"
Nous sommes
faits à l'image de Dieu... Pauvres hommes, pauvres pécheurs
qui, librement avons dit non à l'amour de Dieu; nous avons
bien de la peine à croire cela. Comment est-ce possible?
C'est que l'homme matière et esprit est encore bien fragile;
alors, pour le rendre plus fort, Dieu le met à l'épreuve.
Mais le Menteur jaloux glisse l'orgueil dans le cœur des
hommes qui, trompés, se séparent de Dieu. Mais cela ne
pouvait pas durer. Dieu ne pouvait pas laisser son image se
ternir: aussi le Verbe se fit-il chair, se fit-il homme:
cela lui était bien facile puisque l'homme était fait à son
image...
Incroyable!
Nous contemplons Jésus, le Verbe incarné, Dieu fait homme
pour sauver tous les hommes. En Jésus, Dieu est à l'image de
l'homme!!!... Nous sursautons! Nous ne comprenons rien, mais
nous savons que Dieu aime son Fils, son Verbe éternel devenu
l'un de nous, les hommes faits à l'image et à la
ressemblance de Dieu. Alors, ne peut-on dire, en parlant de
Jésus, qu'Il est aussi à l'image de l'homme pour diviniser
l'homme. Ceci est un grand mystère; nous ne comprenons rien,
et pourtant voici que nous devinons pourquoi les saints et
ceux qui veulent devenir des saints, se prosternent et
adorent Dieu en Jésus-Christ, dans son humanité faite à
l'image de Dieu et dans sa divinité qui épousa l'humanité.
Le Verbe de Dieu s'est fait homme
en Jésus-Christ. Les hommes ont crucifié Jésus, mais Jésus
est ressuscité d'entre les morts. Jésus est désormais
toujours au milieu de nous, par son Eucharistie et aussi
lorsque nous sommes deux ou trois réunis en son nom, "car
alors, Il est au milieu de nous." Quand nous recevons
Jésus dans l'Eucharistie, lorsque nous nous réunissons pour
Le prier, si notre cœur s'ouvre vraiment à son Cœur et à la
volonté de Dieu, ne sommes-nous pas en contact avec Dieu ?
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