Paulette Leblanc



DES CRIS VERS DIEU
UN CRI DU CŒUR

Réflexions d'un chrétien de la base

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Rencontrer Dieu

Il y a quelque temps, au cours d'une émission sur KTO consacrée au Saint-Esprit, interrogé par le speaker qui lui demandait comment il avait rencontré les groupes charismatiques, l'un des deux prêtres présents: un jésuite, répondit que c'était après une brutale "rencontre" avec Dieu, alors qu'il se croyait incroyant. Que de gens, sains d'esprit, il faut le préciser, mais souvent incroyants ou très tièdes, "rencontrent" Dieu aujourd'hui! Mais comment cela se passe-t-il dans la réalité? Voilà ce que les bénéficiaires de ces rencontres ont souvent du mal à expliquer. En ce qui concerne les chrétiens fervents issus de familles déjà chrétiennes, on peut affirmer qu'ils ont tellement l'habitude de vivre avec Dieu que souvent ils n'y font plus attention. Ils "baignent" en Dieu, s'agitent en Dieu, vivent en Dieu, mais sans s'en apercevoir. C'est probablement pour cela qu'ils ont du mal à "sentir" certains mystères. Il faut ajouter une certaine pudeur: il y a des choses dont on n'aime pas parler. Par ailleurs, notre monde est tellement méfiant pour tout ce qui concerne les manifestations mystiques, qu'il est quasiment impossible de parler de certaines expériences sans subir quelques moqueries.

Il y a quelques années, une radio chrétienne présenta un jeune prêtre qui venait tout juste d'être ordonné. Il se présenta, parla un peu de son ordination et de sa première messe, et curieusement, comme s'il avait peur de quelque chose, il dit: "Rassurez-vous, je n'ai rien senti du tout..." Le présentateur fut assez étonné; comment, en effet, imaginer qu'un prêtre qui dit sa première messe n'ait pas été profondément ému lorsque, pour la première fois, il consacra le pain et le vin, en disant: "Ceci est mon corps... Ceci est mon sang..." Cela n'est tout simplement pas possible. Il ne s'agit pas, bien sûr, de grandes envolées, très exceptionnelles et pas forcément souhaitables, mais de la Rencontre du jeune prêtre avec l'Amour qui se donne pour le salut de tous les hommes, l'amour de Dieu pour son jeune prêtre.

"Sentir" Dieu... Cette expression ne paraît pas correcte parce que, dans ce cas, on confond les sensations charnelles avec ce que le cœur humain peut découvrir quand il prend conscience de la présence de Dieu. J'écris "découvrir" pour éviter le mot "sentir", mais je dois avouer que le vrai mot, celui qui conviendrait, n'existe pas. Donc, parfois, dans certaines circonstances particulières, Dieu peut se manifester violemment à nous, pour nous faire prendre conscience de sa réalité, de sa présence, de son amour, ou tout simplement de son existence. Dès lors, il n'est plus possible de nier l'existence de Dieu. Et la vie des personnes qui ont "rencontré" Dieu, change inévitablement. Pour résumer, on peut dire que "rencontrer" Dieu c'est surtout "prendre conscience de sa présence", c'est, soudain, être sûr: oui, on sait, on est absolument certain que Dieu existe et qu'Il nous aime.

"Rencontrer" Dieu devient plus clair. Ainsi chacun peut se dire: "Hier, je vivais n'importe comment, je ne croyais pas en Dieu et je me moquais souvent des gens qui y croyaient. Pour moi, ces gens-là n'étaient que des minus, de pauvres types. Mais soudain, brusquement, Dieu est là, je le sais, je le "sens", je le "rencontre" et voici que je crois en Lui. Cela ne s'explique pas, cela se vit tout simplement. Donc, Dieu, je peux Le rencontrer. Mais ensuite? Est-ce que je Le "sentirai" ?

"Sentir" Dieu, est-ce possible pour chaque homme, chaque individu, chaque personne? Et comment Dieu peut-Il se manifester à moi, pauvre gars, pauvre femme du monde ordinaire? Je réfléchis... Tiens! Il me vient une idée.

La voix de sa conscience

De nos jours on ne parle plus beaucoup de la "voix de sa conscience". Pourtant les tout petits enfants l'entendent encore, car ils savent parfaitement ce qu'ils font, contrairement à ce qu'affirment certains 'psy', surtout lorsqu'ils ont volontairement désobéi à papa ou à maman, ou lorsqu'ils ont fait quelque chose de mal, comme un mensonge, par exemple... Et parmi les adultes, beaucoup se souviennent encore de la gêne qu'ils ressentaient, et que certains ressentent encore, lorsqu'ils n'ont pas correctement rempli la tâche qui leur était confiée? Quelque chose en nous, dit "que ce n'est pas bien", mais immédiatement nous faisons taire cette voix gênante en nous trouvant des milliers d'excuses. Jusqu'au jour où cette voix, à force d'avoir été étouffée, disparaît... La voix de notre conscience ne serait-elle pas, en réalité, la voix de Dieu qui nous parle? Cette voix que tous les peuples entendent, quelles que soient leurs croyances, car elle est inscrite profondément dans chaque homme. Encore faut-il que des éducateurs la fassent découvrir et apprennent à l'entendre! Encore faut-il que nous acceptions de l'écouter...

Rencontrer Dieu... Contacter Dieu... Oui, mais quel Dieu? Nous vivons dans un monde où l'on n'hésite pas à déclarer que toutes les religions se valent, et que partout c'est le même Dieu que l'on honore. Et puis, qui nous dit que les chrétiens détiennent vraiment la vérité? Que ferions-nous si nous avions été éduqués par des bouddhistes, ou dans une autre religion? Il est presque certain que nous ne nous convertirions pas au christianisme, ne voulant pas renier notre religion. Partout, les renégats sont méprisés. Alors, comment comprendre certaines conversions spectaculaires ?

Tournons-nous vers le Seigneur, Celui que nous avons l'habitude de "rencontrer". Oui, parmi tous les dieux honorés dans le monde, le Dieu des chrétiens est le seul qui prêche l'amour, qui insiste sur la nécessité de venir en aide à son prochain et à vivre selon une morale, exigeante peut-être, mais qui est toujours une source d'équilibre et de bonheur, morale résumée dans ce que l'on appelle couramment les commandements de Dieu. Et cette morale nous demande d'aimer tous les hommes, tous, sans exception, car ils sont tous les enfants de Dieu.

Tout cela, c'est très bien, mais ne prouve pas que le Dieu que j'aime soit le seul vrai Dieu. Alors, pourquoi ne pas me retourner vers les dieux de l'indouisme? Non, ils sont trop nombreux, ces dieux et la plupart ne sont que des animaux. Non! Le polythéisme n'est pas pour moi... Alors? Le Dieu des juifs, ou celui des musulmans? Non! Car le Dieu des juifs est encore "incomplet", le messie promis est toujours attendu... Quant au dieu des musulmans, je n'en veux pas, car ce n'est pas l'amour...

Je suis perplexe, j'hésite... Et voilà que soudain une pensée me traverse l'esprit. Mais oui, je suis dans la vérité, car seuls les chrétiens ont vu Dieu prendre chair dans un homme véritable; et cet homme, Jésus-Christ, rejeté par trop d'hommes, car demandant la justice et l'amour, a été crucifié et il est mort... Mais Il est ressuscité !

Le Christ est ressuscité! C'est ma foi! Et voici que je chante ma foi: mon Dieu est un Dieu qui aime, un Dieu qui crée et qui aime sa création. Mon Dieu est un Dieu qui aime tellement que, "constatant" que les pauvres hommes, ses créatures chéries, mais si petites, ne sont pas capables de Le comprendre, s'incarne dans une chair humaine, Jésus-Christ.

Et Jésus vécut avec nous, au milieu de nous. Il connut nos difficultés et nos problèmes. Mais on ne Le comprit pas: Il était trop saint. Alors on Le fit mourir sur une croix... Mais le troisième jour, Il ressuscita. Il monta au ciel, Il s'assit à la droite du Père... Car Jésus devait nous quitter pour nous envoyer l'Esprit, son Esprit, l'Esprit du Père et du Fils. Jésus ressuscité devait cependant retourner au ciel: quel malheur pour nous! Ainsi nous ne pourrions plus Le voir, et cela jusqu'à la fin du monde...

Mais Jésus, nous connaissant très bien, comprit qu'Il devait rester avec nous, et Il nous donna son Eucharistie. Ainsi, Dieu serait toujours avec nous. Mais comment faire pour Le "voir", Le rencontrer ?

L'Eucharistie

Comment une personne tout à fait ordinaire, peut-elle rencontrer Dieu, comment peut-elle Le voir? Jésus nous dit que "nous ne Le chercherions pas si nous ne L'avions déjà trouvé"; cette réponse ne nous satisfait absolument pas, surtout lorsque nous sommes dans les ténèbres ou les difficultés. Les personnes qui communient souvent rencontrent Jésus tous les jours; elles savent qu'Il est là, en chacun de nous, qu'Il vit avec nous. Elles le savent, elles en sont sûres, mais elles ne savent pas l'expliquer. Lorsque nous rencontrons Jésus tous les jours, apparemment cela ne nous fait rien, mais, lorsqu'un jour nous ne pouvons pas aller à la messe, quelqu'Un nous manque. Prions le Seigneur de faire en sorte que jamais nous ne soyons privés de Lui. Car nous avons tous besoin de Lui bien que nous ne Le voyions pas, que nos sens ne Le sentent pas...

Nous avons absolument besoin de Dieu qui est notre vie et que nous essayons d'aimer autant qu'Il nous le demande. Prenons un exemple vécu. Une personne surchargée de travail se demande un jour si elle a rencontré Dieu; elle ne sait pas; elle court sans cesse, et n'a plus le temps de s'arrêter. Ces difficultés étant liées à son devoir d'état, cette personne se dit qu'il s'agit probablement de la volonté de Dieu: alors, elle se calme un peu, mais elle avoue ce n'est pas facile à vivre... Et voici qu'ouvrant son ordinateur, elle lit une phrase étonnante: "Agir dans la foi, c'est accepter d'agir sans connaître les résultats. Si nous connaissions d'avance les résultats, nous n'agirions plus dans la foi pure, ce que le Seigneur attend souvent de nous." Cette personne, sans le savoir, vient de rencontrer Dieu.

L'Eucharistie, c'est l'Eau vive, c'est Dieu avec nous, tout près de nous, c'est Jésus toujours vivant car ressuscité, c'est Jésus qui nous envoie son Esprit depuis sa Résurrection et la Pentecôte. Ainsi, quand on reçoit Jésus-Eucharistie, on reçoit aussi son Esprit-Saint qui nous apprend l'amour et ouvre nos esprits à la connaissance de Dieu. Car l'Esprit-Saint, c'est le Feu de l'Amour, c'est la Lumière qui nous éclaire, c'est l'Eau vive qui nous rafraîchit. L'Eucharistie c'est aussi notre nourriture, notre force et notre rencontre avec Dieu. En effet, en recevant et en glorifiant Jésus-Eucharistie, on glorifie le Père et l'Esprit. La Trinité UNE est avec nous; nous sommes en Elle, nous vivons en Dieu que nous voyons, bien que nous ne puissions pas le voir... "Je veux voir Dieu" disait Thérèse d'Avila enfant. Dans l'Eucharistie nous "voyons" Dieu sans pourtant Le voir, nous L'aimons et notre cœur ne désire que Dieu, ne veut que Dieu.

Incroyable miracle que l'Eucharistie! Nous voulons servir Dieu, Le faire aimer, Le faire connaître pour qu'Il soit aimé. La Lumière est là, dans nos cœurs, dans nos vies, et nous désirons la sainteté, fruit de l'Esprit d'amour. L'homme n'est rien dans l'univers et quand nous essayons de nous situer par rapport à l'ensemble de la Création et à plus forte raison par rapport à Dieu, nous sommes pris d'un vertige incroyable, effroyable... Mais, heureusement, nous savons que nous sommes les enfants de Dieu... Mais comment le sommes-nous, pratiquement ?

Dans notre monde qui s'est séparé de Dieu, beaucoup de personnes ont été obligées, pas par leur faute, mais par la faute des éducateurs qui ont refusé de leur faire connaître Dieu, beaucoup de personnes ont dû vivre dans un monde sans contrainte, sans morale, sans respect des autres, sans amour, sans espérance, donc sans foi. La plupart de ces personnes, et c'est le cas de beaucoup de nos jeunes[1] d'aujourd'hui, ont mené des vies de débauche et sont rapidement tombées dans des dépendances douloureuses: tabac, drogue, alcool, sexe, etc. L'enfer dans lequel elles vivaient les a conduites dans la déprime et souvent au bord du suicide. Mais Dieu qui est toute miséricorde n'abandonne jamais ses enfants, surtout s'ils ne sont pas réellement coupables. Aussi leur suscite-t-il soudain, à un moment imprévisible, une rencontre, une espérance, une découverte. Le goût de vivre revient; la joie aussi. Mais pour aller plus loin, il faut une vraie conversion, une longue préparation pour découvrir la vraie foi, et enfin le baptême et l'Eucharistie. Dans ces cas de plus en plus fréquents dans notre monde, on peut vraiment affirmer que la foi naît de l'espérance.

Résumons: tel homme n'a rien reçu sur le plan spirituel. Il va vers les drogues, joue avec les femmes, tombe dans l'alcoolisme et tente de se suicider. Il est ramené à la vie in extremis. Il rejoint un groupe de prière, d'adoration, ce que le Seigneur lui destine. Et soudain c'est l'illumination, la rencontre avec Dieu. Maintenant il doit changer de vie, et se préparer pour recevoir les sacrements. Mais cela ne peut se faire que si quelqu'un prend la peine de lui enseigner la doctrine chrétienne et la vie de foi, d'amour et de bonheur qui aurait dû être le sien; sinon, cette pauvre personne risque de retomber dans ses errances. On voit ici toute l'importance de l'enseignement. Et cela nous conduit à mettre sur la table les révoltes nombreuses qui depuis quarante ans ont été les leurs, face à de curieuses attitudes émanant surtout de personnes consacrées.

Les dernières paroles de Jésus sur notre terre ont été: "Allez! Enseignez toutes les nations! Baptisez-les au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit." C'est clair: Jésus qui sait tout de Dieu puisqu'Il est Dieu Lui-même au sein de la sainte Trinité, Jésus nous demande de Le faire connaître, et de faire connaître la sainte Trinité dont Il est. Et Jésus nous demande d'être des missionnaires et d'aller par toutes les nations. On ne peut pas ne pas comprendre. Alors pourquoi, depuis près de quarante ans, entend-on tant de prêtres, de religieux, ou d'autres personnes, affirmer que Dieu étant UN, tous les peuples vénèrent le même Dieu, et par conséquent nous devons respecter leur culture et leur foi, rendant vaines les paroles de Jésus.

Dans notre chapitre 4, nous avons rappelé certains faits douloureux concernant des religieuses missionnaires qui, au Moyen-Orient, recevaient dans leurs écoles destinées aux pauvres, des enfants de toutes religions, surtout des musulmans, mais qui n'enseignaient pas l'Évangile à ces enfants. Avec fierté elles disaient: "Nous ne leur enseignons pas la religion chrétienne: nous respectons leurs croyances." Il nous arrive encore, même en France, d'entendre la même réflexion venant de religieuses qui ne donnent pas Dieu à leurs malades, car elles les respectent trop!!! Nous ne comprenons plus rien... Pourtant elles sont bien réelles les paroles de Jésus: "Allez, enseignez toutes les nations..."

Écoutons les enseignements de Jésus: "Allez, enseignez toutes les nations... Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit." On ne peut pas être plus clair. Alors, pourquoi n'écoutons-nous plus Jésus? Prions beaucoup pour que bientôt, malgré les apparences, nos peuples européens ex-chrétiens reviennent au bon sens. Prions pour que nos prêtres soient les éducateurs qui mettront en pratique les paroles de Jésus, afin que tous nos petits découvrent la foi, la foi de l'espérance, celle qui plaît à Dieu, celle qui plaît à Jésus.

Enseigner

Connaître Dieu et L'aimer, cela ne s'invente pas. Il n'y a pas de génération spontanée en matière spirituelle, pas plus que dans le monde matériel. Parfois des cas exceptionnels se manifestent, des rencontres avec Dieu se font, mais dans tous les cas les "révélations" reçues, pour devenir une vraie foi, demanderont ensuite à être vérifiées, construites, fortifiées. Et cela suppose un véritable enseignement, nécessaire, obligatoire. Lorsque des personnes choisies par Dieu ont l'impression "d'avoir tout compris", comme le dira un jour Alphonse de Ratisbonne[2], après sa soudaine conversion, généralement une longue éducation est indispensable. Or toute éducation suppose, après une conversion, enseignement, changement de vie et expérience de la vie de foi.

Enseigner, c'est aussi montrer la Miséricorde de Dieu, c'est bâtir sur le roc. Enseigner, c'est bâtir sur le roc, c'est asseoir la foi des jeunes générations, c'est faire connaître, DONC faire aimer Dieu, via Jésus, grâce à son Esprit. En effet, connaître Dieu, cela ne s'invente pas. Enseigner, c'est faire découvrir la miséricorde de Dieu et son amour. Pour comprendre un tel mystère, vue notre infinie petitesse comparée à l'infinie immensité de Dieu, des images humaines nous sont indispensables. Alors, imaginons...

Imaginons Dieu comme une sphère infinie dont le diamètre infini pourrait mesurer des millions de milliards de milliards d'années-lumière de nos mesures de longueurs terrestres, et infiniment bien davantage. En Dieu, dans cette sphère infinie, il y a comme un petit point qui, pour nous les hommes, apparaît infini vu de notre terre, mais qui est bien fini: ce point,  c'est le cosmos, ce sont des créatures matérielles très complexes qui forment le ou les univers, mais insensibles et entièrement soumises à une sorte de programme informatique rigoureux, dirions-nous aujourd'hui. Pour Dieu, les univers ne sont d'infimes petites créatures. Alors, comment imaginer, dans l'infini du cosmos, une minuscule petite poussière: la terre. La terre tourne autour de son soleil et, avec le soleil, dans sa propre galaxie, elle s'en va vers un infini que nous ne connaissons pas.

Imaginer la terre, perdue dans l'univers lui-même situé en Dieu est très difficile, voire impossible quand le vertige mathématique nous étreint. Et ce vertige s'accroît encore quand nous pensons aux hommes qui vivent sur la terre et à chaque homme en particulier, un sur six milliards d'hommes. Vraiment, l'humanité ce n'est rien, et pourtant il semble qu'elle préoccupe son Créateur. Étrange! L'homme, ce n'est rien, et pourtant il a sur toute la création un avantage exceptionnel: il pense, il réfléchit, il est sensible et il aime. L'homme pense et aime car Dieu l'a fait à son image. Dieu aime les hommes et Il veut que les hommes L'aiment. L'homme, c'est l'une des plus petites créatures de Dieu, mais c'est aussi l'une des plus grandes. L'Homme vit, pense, aime, car il est à l'image de Dieu... L'homme est si parfait que Dieu voulut s'incarner en prenant une chair humaine. Étonnant! Et si nous poursuivons notre réflexion nous sommes de plus en plus étonnés.

Dans notre introduction nous avons rapidement évoqué quelques scènes de la Genèse et de l'Exode. Il est temps d'approfondir ce rappel des Écritures. Un jour, Dieu créa l'homme; à son image, Il le fit... Et Dieu venait enseigner l'homme, chaque soir, dans le Jardin d'Éden. On ne peut pas vivre sans apprendre la vie ni comment s'en servir. Et l'homme était tellement heureux dans l'Amour de Dieu! Chaque jour il découvrait les merveilles de la création que Dieu lui expliquait. À mesure qu'il grandissait, le couple, homme et femme, découvrait la mission à laquelle Dieu le destinait: la construction du Corps mystique du Fils de Dieu lorsque le temps serait venu pour ce dernier, de s'incarner. Mais Lucifer, l'ange rebelle, continuait à refuser ce désir de Dieu; et comme Dieu semblait s'obstiner dans son dessein, Lucifer, s'obstinait aussi dans son refus: il saurait bien empêcher Dieu de s'incarner... Il lui suffirait, à lui, Satan, de perdre les hommes.

Et Satan crut avoir réussi en convainquant Ève, puis Adam, qu'ils pourraient devenir comme Dieu, eux aussi. Et l'homme, on ne sait pas comment, se laissa convaincre. Ayant refusé Dieu pour se faire dieu, l'homme ne pouvait plus rester dans le jardin d'Éden. Adam et Ève furent chassés par les anges... Mais Dieu, toujours miséricordieux, et connaissant l'extrême petitesse et la fragilité de l'homme, ainsi que son intelligence à la fois si vive et si limitée, Dieu promit la Femme qui écraserait la tête du serpent. La vie de l'homme continua sur la terre, mais ses malheurs commencèrent.

Quand il vivait au Paradis, l'Homme était si heureux; il avait tout en si grande abondance; et chaque jour Dieu venait lui apprendre tant de choses... Mais hors du Paradis, l'Homme découvrit qu'il ne savait pas grand'chose. L'humanité devait continuer à se construire, mais séparée de Dieu et affrontée aux tentations du démon. Les malheurs fondirent sur l'humanité. Partout sur la terre, ce ne furent que jalousies donc guerres, passions et vices, misères et mort. Ici, on peut se permettre une remarque intéressante. Dans toutes les religions antiques, y compris dans la Bible (l'Ancien Testament), les hommes (les mâles) se combattaient sans arrêt, se liaient entre eux (Sodome) prenaient DES femmes. Près d'eux, certains hommes, surtout des prêtres, étudiaient et rendaient des cultes à leurs dieux, cultes malheureusement souvent sanguinaires accompagnés de sacrifices humains; mais ces hommes instruits étaient rares et souvent privilégiés à cause de leurs relations avec les dieux; les autres partaient lutter contre des tribus voisines mais ennemies. Quand les hommes mâles travaillaient-ils? Mystère! Les femmes, par contre, allaient souvent loin pour chercher de l'eau, travaillaient dans les champs, s'occupaient des animaux, élevaient les enfants, et transmettaient les traditions et les rares valeurs qui existaient. Cela continue encore de nos jours dans de nombreux pays. Dures civilisations, dures cultures ...

Mais Dieu, qui surveillait ses petits enfants, car Il voulait toujours avoir besoin des hommes pour réaliser la construction du Corps du Christ, Dieu allait susciter des événements qui permettraient des prises de conscience collectives indispensables: inondations, cataclysmes de toutes sortes. Cependant Dieu prenait soin d'épargner ceux qui n'étaient pas coupables (par exemple Noé et le déluge, ou Loth à Sodome). Puis Dieu choisit des hommes de caractère: Abraham, Moïse et les prophètes. À ces hommes et à leurs descendants Il confiera des guides de vie: ses commandements. Et peu à peu on assistera à des retours à Dieu, malgré les tentations, les chutes, les regards en arrière... Enfin, ce sera l'Heure de Jésus, le Verbe incarné pour qui l'humanité avait été créée.

Et voilà que Jésus, Dieu et homme, voilà que Jésus, Miséricorde, Lumière, Amour, Science...  va apporter un changement radical à la vie sociale des hommes. Mais cela nécessitera de longs enseignements, et souvent des persécutions. Les hommes reviendront au vrai mariage: un homme, une femme, unis pour la vie. Le mensonge devra être exclu, le pardon sera institué et l'amour du prochain généralisé. Mais surtout Jésus fera comprendre aux hommes que Dieu doit passer avant tout, car Dieu est la vie de l'homme. Sans Dieu l'homme meurt de faim et de soif... La doctrine de Jésus a été bien enseignée et bien comprise pendant des siècles. Oh! tout n'était pas parfait et trop souvent les hommes étaient pécheurs, mais ils savaient que Dieu pardonnerait leurs fautes s'ils les reconnaissaient et surtout s'ils les regrettaient. Mais cela ne pouvait pas durer car Satan veillait...

Satan s'arrangea pour que de nombreux peuples, surtout asiatiques et africains, ne soient pas évangélisés. Puis, furieux, il revint chez les peuples chrétiens et chercha à détruire tout ce qui concernait le Christ. Il multiplia les fausses philosophies, puis grâce à des révolutions et à des régimes dictatoriaux, il chercha à les imposer. Aujourd'hui il semble avoir réussi et l'on assiste à d'incroyables retours à l'immoralité, au mensonge et à l'égoïsme, à la corruption, à l'ignorance, et même à la sauvagerie au nom d'un dieu (le plus souvent l'argent) qui n'est pas Dieu. Il y a encore pire: certaines idéologies vont jusqu'à idéaliser le néant en tuant Dieu dans le cœur des hommes. Le danger est immense et nous sommes bien obligés de le constater. Que pouvons-nous faire pour sauver nos jeunes et nos enfants? Une seule réponse: revenir à une véritable éducation et à l'enseignement des vérités.

Notre civilisation "décivilisée" sème la mort spirituelle, étouffe la foi et l'espérance. Mais Dieu suscite de nouvelles vocations parmi son peuple décimé. Et ces vocations, pleines de foi et d'espérance prêchent la miséricorde, l'amour de Dieu, et la vie. Oui, l'espérance peut renaître, notre Église sera sauvée, mais tout cela ne se fera vraiment dans tous les cœurs et dans tous les peuples, que si ceux qui ont appris savent transmettre leur foi, donc, enseigner.


[1] En gros, la génération qui a, aujourd'hui, entre 40 et 50 ans ?
[2] Alphonse Ratisbonne (1814-1884) était le neuvième et plus jeune enfant d'Auguste Ratisbonne et de son épouse Adélaïde, une famille de banquiers juifs de Strasbourg. Son père était le président du consistoire d'Alsace. Lorsque son frère aîné Théodore (1802-1884) se convertit au catholicisme et se vit écarté par la famille, Alphonse rejeta toute forme de religion. Après des études de droit à Paris, Alphonse Ratisbonne entra dans la banque familiale. Il partit faire un voyage d'agrément en Italie, et ce fut à Rome, dans la basilique Sant'Andrea delle Fratte, qu'il eut une vision de la Vierge Marie le 20 janvier 1842; il décida alors de se convertir au catholicisme. Il entra dans la Compagnie de Jésus en juin 1842 et reçut l'ordination sacerdotale en 1848.

   

 

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