“Tout
est accompli !” murmure Jésus expirant. Tout est
accompli de la tâche immense du Sauveur. Satan est
définitivement
vaincu, ce qui est normal puisque qu'il n'est comme
nous, qu'une créature et que Jésus est Dieu. Certes,
c'est l'humanité de Jésus qui a vaincu Satan, notre
ennemi, mais au fond de nos cœurs, nous savons qu'il
nous a sauvés comme Il a sauvé des milliards d'autres
hommes. Le nombre des saints est innombrable, ces saints
qui, dans le ciel, glorifient leur Seigneur. Tout cela
nous le croyons. Nous le croyons, mais, tout au fond de
chacun de nous, qui sommes plongés dans un monde devenu
de plus en plus pervers et athée, il y a comme un doute
indéfinissable et qui nous brise. Nous pensons à nos
jeunes, à nos enfants, à nos petits enfants que l'on
souille d'une manière incroyable jusque dans les écoles.
Qui et que sont-ils pour Notre Seigneur ? De l'ivraie,
ou un bon grain qui aura bien des misères et des
souffrances à affronter pour se purifier et trouver Dieu
qu'il ne connaît pas. Seigneur, ces pensées sont
atroces !
Ces pensées
nous envahissent de plus en plus souvent, et nous
brisent au plus profond de nous-même. Que faire ? Que
pouvons-nous faire ? Et voici qu'un murmure semble
naître dans nos cœurs : “Et si tout recommençait ?”
Et si tout
recommençait ? Mais comment ? Jésus, nous Vous
regardons, Seigneur bien-aimé, nous Vous bénissons, nous
Vous adorons. Mais nous ne savons pas très bien ce que
ces mots signifient : et si tout recommençait…
Et si tout
recommençait ? Mais quel tout ? Et quel recommencement ?
Si l'on reste sur un plan strictement humain, ces
questions sont stupides, car pour nous créatures qui
sommes dans le temps, il est certain que ce n'est pas
aujourd'hui que les mondes ont été créés. Et l'évolution
des mondes vivants, leur histoire, et l'histoire des
hommes, sont des réalités. Nous sommes dans le temps, et
le temps ne peut pas être nié, du moins par nous,
pauvres petites créatures incontestablement liées au
temps. Alors, comment "tout" peut-il, pour chacun
d'entre nous, “commencer” ou “recommencer” ?
Nous
parlons parfois d'un éternel recommencement. Il ne peut
pas s'agir de cela car, même si les hommes, sans
toujours le vouloir, recommencent constamment les mêmes
erreurs, comme cela est sensible lorsqu'on étudie
l'histoire des hommes, ce recommencement, placé dans le
temps, ne peut pas être éternel. Allons même plus loin.
Si nous considérons la simple vie d'un homme, tous les
jours, ou tous les mois, ou tous les ans, il doit
recommencer les mêmes gestes, les mêmes actions, car
dans la nature liée au temps, les mêmes saisons se
reproduisent, non pas éternellement, mais tant que
durera la vie sur la terre. Alors, pour nous, comment
tout doit-il, ou peut-il, commencer ? Ou recommencer ?
Si tout
devait recommencer, cela signifierait que Dieu, déçu par
la tournure des orientations qu'ont prise les hommes,
effacerait son travail et le recommencerait. Cela est
impossible, car Dieu, hors du temps, est aussi éternelle
mémoire, et s'Il effaçait sa mémoire, Il disparaîtrait.
Et nous, pouvons-nous “recommencer” ? D'une certaine
façon, oui, car chaque fois que nous reconnaissons nos
péchés et que nous nous repentons, nous commençons une
nouvelle vie, nous recommençons. Mais que devons-nous
recommencer ? Et comment recommencer ?
Si l'on
considère les personnes prises individuellement, le
recommencement est facile à comprendre : après avoir
reconnu ses fautes, on va chercher à les expier et à
recommencer une vie nouvelle, dans le Cœur de Dieu et
selon sa sainte Volonté, sans négliger ses saints
commandements. Cela aussi est facile à comprendre, mais
lorsqu'il s'agit de notre monde ?
Notre
monde, aujourd'hui s'est, en grande partie, coupé de
Dieu ; il est convaincu qu'il est capable de tout faire
selon sa seule propre volonté. Il n'a pas besoin de son
Créateur… Cela fait penser à la Tour de Babel. Alors,
nous arrivons à ce qui pourrait peut-être devenir un
départ pour notre réflexion.
Je pense
très souvent à la Tour de Babel. Réalité ou légende ?
Peu importe, car toute légende est partie d'une réalité,
d'un fait concret et réel. Donc, un événement réel fut à
la base de l'histoire de la Tour de Babel. Et l'histoire
des civilisations, que nous connaissons de mieux en
mieux, nous apporte la preuve de la richesse des
civilisations proche-orientales. Puis un jour, tout
sombra et entra dans le chaos. Mais pourquoi ?
Pourquoi ?
Parce qu'un jour les hommes, se sentant devenir
puissants, ont estimé qu'ils n'avaient plus besoin de
Dieu. Alors, sans même s'en apercevoir, ils ont mis Dieu
de côté… et ils sont tombés dans des désordres extrêmes,
et leurs civilisations qu'ils croyaient éternelles, ont
disparu. Les peuples ont alors beaucoup souffert : ils
ne se comprenaient plus, ils ont fait des guerres
insensées, ils ont connu des famines et des pestes… Leur
misère était grande. Mais un jour, Dieu eut pitié et Il
envoya Abraham. Et tout recommença : Dieu avait choisi
l'homme d'où sortirait son peuple, mais ce peuple pécha
trop souvent. Alors Dieu envoya son Fils, mais les
hommes crucifièrent le Fils de Dieu ; cependant, comme
Jésus avait prévu ce qui allait se passer, Il avait pris
soin de fonder son Église, son Corps mystique. Et
l'Église se développa, malgré les persécutions inouïes.
Mais cela
ne pouvait pas durer : Satan voulait à tout prix démolir
l'Église de Dieu : et les chrétiens connurent les
divisions et les attaques perfides de l'athéisme. Et
aujourd'hui, dans le monde ex-chrétien, c'est comme si
tout était à recommencer. Recommencer, mais comment ?
D'abord en revenant à Dieu, en priant, et en comprenant
de nouveau que Dieu doit toujours être le Premier Servi.
Reprenons
la première lettre de saint Jean. Au chapitre 4, il est
écrit :
« Mes
bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l'amour
vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et
connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu,
car Dieu est amour. Il a manifesté son amour pour nous
en envoyant son Fils unique dans le monde, afin que nous
vivions par lui. Et cet amour consiste en ce que ce
n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais lui qui nous a
aimés et qui a envoyé son Fils comme victime de
propitiation pour nos péchés.
Mes bien-aimés, si Dieu nous
a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les
autres. Personne n'a jamais vu Dieu; mais si nous nous
aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son
amour est parfait en nous. Nous connaissons que nous
demeurons en lui et qu'il demeure en nous, en ce qu'il
nous donne de son Esprit. Et nous, nous avons contemplé
et nous attestons que le Père nous a envoyé le Fils
comme Sauveur du monde. Celui qui confessera que Jésus
est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu.
Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous,
et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui
demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en
lui. La perfection de l'amour en nous, c'est que nous
ayons une confiance assurée au jour du jugement; car tel
est Jésus-Christ, tels nous sommes aussi dans ce monde.
Il n'y a point de crainte dans l'amour; mais l'amour
parfait bannit la crainte, car la crainte suppose un
châtiment; celui qui craint n'est pas parfait dans
l'amour. Nous donc, aimons Dieu, puisque Dieu nous a
aimés le premier. Si quelqu'un dit : “J'aime Dieu”, et
qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; comment celui
qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu
qu'il ne voit pas? Et nous avons reçu de lui ce
commandement : “Que celui qui aime Dieu aime aussi son
frère”. » (1 Jean
4, 7 à 21)
Mais Jean va préciser encore
davantage. Dans le chapitre 5 de sa première lettre il
n'hésite pas à affirmer : « Quiconque croit que Jésus
est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime celui
qui l'a engendré, aime aussi celui qui est né de lui.
À cette marque nous connaissons que nous aimons les
enfants de Dieu, si nous aimons Dieu, et si nous
observons ses commandements. Car c'est aimer Dieu
que de garder ses commandements. Et ses commandements ne
sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu
remporte la victoire sur le monde; et la victoire qui a
vaincu le monde, c'est notre foi. » (1 Jean 5, 1 à
4)
Je voulais
résumer un peu ces affirmations de saint Jean, sauter
quelques phrases, mais je n'ai pas pu, car tout est
important dans ce texte. En effet, et c'est ce qui nous
étonne le plus dans cette lettre, c'est l'amour dont
elle déborde : l'Amour de Dieu pour les hommes, l'amour
des hommes pour Dieu, et l'amour des hommes entre eux.
Relisons la phrase tellement connue du chapitre 4,
concernant l'amour du prochain : « Si
quelqu'un dit : ‘J'aime Dieu’, et qu'il haïsse son
frère, c'est un menteur ; comment celui qui n'aime pas
son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit
pas ? Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. »
Cela, nous le
connaissons par cœur. Mais pourquoi oublions-nous si
souvent la suite ? Pourquoi avons-nous laissé de
côté une autre phrase du chapitre 5 :
« Et nous avons reçu de lui ce commandement : nous
connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, si nous
aimons Dieu, et si nous observons ses commandements. »
(À suivre)
Paulette
Leblanc |