FLEURS DE LA PASSION

PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIX

LA PASSION ET L’EUCHARISTIE

O Seigneur, que votre esprit est doux ! Je sais à qui je crois et je suis certain (IIe Tim. I. 12.) ; je suis certain que vous êtes au tabernacle d’amour !... Quel bonheur de me tenir, pendant les heures les plus silencieuses, au pied du saint autel ! Oh ! qui me donnera des ailes de colombe pour prendre mon vol d’amour vers votre Cœur divin ?

 

Ce n’est pas le moment de parler aux créatures, quand le Seigneur des Seigneurs, le Maître du monde se tient sur son trône.

 

Chaque fois que vous célébrez la sainte messe, ou que vous vous approchez du banquet sacré, communiez en forme de Viatique.

 

Ne négligez aucun soin pour célébrer avec grande piété ; faites toujours votre action de grâces ; gardez jour et nuit le tabernacle intérieur : c’est le cœur du prêtre. Qui agit de la sorte ne tardera pas à concevoir le feu du saint amour. Gardez avec beaucoup de précautions ce tabernacle vivant, et tenez-y les lampes allumées : ce sont la foi et la charité. Qu’il soit toujours orné de vertus. Jésus a célébré les divins mystères dans un cénacle bien préparé : Coenaculum stratum [une chambre haute meublée] (Lc. XXII. 12.).

 

Puisque la messe est le renouvellement du sacrifice de la croix, figurez-vous que vous célébrez les obsèques du Sauveur ; entrez dans les sentiments de componction et d’amour dont étaient pénétrés la Sainte Vierge, saint Jean, Joseph d’Arimathie et Nicodème. Le cœur du prêtre doit être le sépulcre de Jésus-Christ. Or, de même que celui dans lequel on le mit après sa mort, était nouveau, de même votre cœur doit être pur, animé d’une foi vive, d’une ferme confiance, d’une charité ardente, d’un vif désir de la gloire de Dieu et du salut des âmes. La messe est le moment favorable pour négocier avec le Père éternel, parce qu’alors on lui offre son Fils unique, incarné et mort pour notre salut.

Avant de célébrer, revêtez-vous des souffrances de Jésus-Christ ; conversez paisiblement avec lui au milieu même des sécheresses ; portez à l’autel les besoins du monde entier.

 

Ne passez pas un seul jour sans faire une visite au Dieu du Tabernacle. Envolez-vous en esprit dans le Cœur de Jésus au Saint-Sacrement. Là, pâmez-vous de douleur à cause des irrévérences qu’il reçoit des mauvais chrétiens, qui ne répondent à tant d’amour que par des ingratitudes et des sacrilèges. En réparation de tant d’outrages, l’âme aimante doit s’offrir en victime, se consumer dans le feu du saint amour, l’aimer, le louer, le visiter surtout aux heures où personne ne lui fait la cour.

 

La fête du Très Saint Sacrement est la fête de l’amour. Oh ! quel grand amour ! O charité ! ô amour !... Le papillon voltige autour de la flamme et s’y brûle. Que votre âme tourne de même autour de cette lumière divine ! Qu’elle y soit toute réduite en cendres, surtout dans cette grande et douce octave du Saint-Sacrement ! Ah ! mangez, buvez, enivrez-vous, volez, chantez, soyez dans la jubilation et dans la joie, faites fête à votre divin Époux.

 

Qu’ils sont immenses, les trésors que renferme la divine Eucharistie ! Je vous engage vivement, vous-mêmes qui vivez dans le monde, à communier souvent, mais avec de grands sentiments de piété. La sainte communion est le moyen le plus efficace pour s’unir à Dieu. Préparez-vous toujours bien à ce saint banquet. Ayez un cœur bien pur, et veillez beaucoup sur votre langue, car c’est elle qui touche la première le Saint-Sacrement. Portez-le chez vous après votre action de grâces, et faites que votre cœur soit un tabernacle vivant pour Jésus-Christ. Visitez-le souvent au dedans de vous-mêmes, et offrez-lui les hommages, les sentiments et les remerciements que vous inspirera le saint amour.

 

Les assauts d’amour que la bonté divine vous livre, conservez-les soigneusement dans votre intérieur, puisque, après la sainte communion, Jésus possède votre cœur. Vous ne pourriez l’aimer, si vous n’aviez avec vous la source vive du saint et pur amour, c’est-à-dire le Saint-Esprit. C’est le divin Rédempteur qui nous l’apprend. Celui qui croit en moi, dit-il, verra sortir de son sein des fleuves d’eau vive, selon l’expression de l’Écriture (Joan. VII. 38.). Or, ajoute l’Évangéliste, il faisait allusion à l’Esprit-Saint que les fidèles devaient recevoir. C’est pourquoi, quand Dieu vous livre ses assauts qui sont des faveurs particulières de l’amour divin, amour qui est saint, pur et sans tache, laissez-vous disparaître dans le Bien infini par la grâce, et là, agissez en enfant, et endormez-vous d’un sommeil de foi et d’amour dans le sein du céleste Époux.

 

L’amour dit peu de chose.

 

Les anciens ermites, ces grands serviteurs de Dieu, communiaient rarement, mais parce qu’ils se disposaient avec soin, ils recevaient une si grande abondance de grâces, qu’en peu de temps ils s’élevaient à la perfection.

 

Faites tous les jours une visite au Saint-Sacrement ; et si les devoirs de votre état vous en empêchent, visitez-le en esprit.

 

Souvent l’Eucharistie ranime et fortifie même le corps. O miséricorde infinie de notre souverain Bien ! cette merveille vient de la grande vigueur que ce Pain des Anges communique à l’âme, et qui par contrecoup se fait sentir au corps.

 

O Jésus-Eucharistie, vous avez dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et je lui donnerai à boire (Joan. VII. 37.) C’est à vous, maintenant, de me désaltérer… En vérité, en vérité, Jésus me désaltérait. Une fois surtout, il étancha parfaitement ma soif.

 

Mon Dieu, le tabernacle est le lieu de votre amour, préparé par vous à qui vous aime !... Quand pourrai-je, pendant les heures de profonde solitude, m’entretenir avec mon Amour-Eucharistie aux pieds du saint autel ? Qui me donnera les ailes de la colombe pour faire des vols d’amour au Cœur sacré de mon Jésus ?

   

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