

FLEURS DE LA PASSION
PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIX
LA PASSION
ET LA VIERGE MARIE
Le grand Cœur de Marie enfant est,
après le Cœur de Jésus, le roi de tous les cœurs ; il a aimé et il aime Dieu
plus que tout le paradis ensemble, je veux dire, plus que tous les Anges et les
Saints passés, présents et futurs. Désirez donc d’aimer Dieu comme le Cœur de
cette sublime Enfant, et pour cela jetez-vous en esprit dans ce beau Cœur, aimez
le souverain Bien par ce Cœur très pur, avec l’intention de pratiquer toutes les
vertus dont elle nous a donné l’exemple.
Comment parler du triomphe de la
Reine du ciel et de la terre, de sa glorieuse Assomption ? Les richesses de
cette grande Reine sont immenses ; c’est un océan de perfection dont celui-là
seul peut sonder la profondeur, qui l’a comblée de tant de grâces. Cette grande
blessure d’amour qu’elle reçut dès le premier instant de son Immaculée
Conception, alla toujours s’élargissant le reste de sa vie, et pénétra si
profondément, qu’enfin elle détacha sa très sainte âme de son corps. Ainsi c’est
une mort d’amour, plus douce que la vie même, qui mit fin à cette douleur sans
mesure qu’elle souffrit toute sa vie, non seulement pendant la Passion de
Jésus-Christ, mais encore en voyant les offenses et les ingratitudes des hommes
envers la divine Majesté. Réjouissons-nous donc en Dieu à cause du triomphe
éclatant de Marie, notre Reine et notre Mère ; réjouissons-nous de la voir
élevée au-dessus des chœurs des Anges et placée à la droite de son divin Fils.
Vous pouvez vous réjouir des gloires de Marie dans le Cœur sacré de Jésus et
même l’aimer par ce divin Cœur ; et, si Jésus vous le permet, envolez-vous dans
le Cœur Immaculé de Marie ; réjouissez-vous avec elle, soyez dans l’allégresse,
en voyant que ses souffrances ont pris fin ; demandez-lui la grâce de demeurer
toujours plongé dans cet océan immense de l’amour divin, d’où est sorti cet
autre océan des souffrances de Jésus-Christ et des douleurs de Marie.
Laissons-nous pénétrer de ces souffrances, de ces douleurs ; laissez bien
s’aiguiser l’épée, la lance, le dard, afin que la blessure de l’amour soit plus
profonde ; plus elle sera profonde, plus tôt l’âme captive sortira de sa prison.
Je suis un abîme de ténèbres et je ne sais parler de ces merveilles… Qui veut
plaire davantage à Marie doit s’humilier et s’anéantir plus profondément, car
Marie fut la plus humble de toutes les créatures ; et c’est pour cela qu’elle a
plu davantage à Dieu.
Méditez souvent les douleurs de la
divine Mère, douleurs inséparables de celles de son Fils bien-aimé. Si vous
allez au crucifix, vous y trouverez la Mère, et, d’autre part, là où est la
Mère, là est aussi le Fils.
Unissez les souffrances de
Jésus-Christ à celles de la très sainte Vierge, et, vous plongeant dans ces
souffrances et ces douleurs, faites-en un mélange d’amour et de douleur, de
douleur et d’amour. L’amour vous enseignera tout cela, si vous vous tenez bien
concentré dans votre néant.
Voici le jour de la Passion de ma
Très Sainte Mère, la Vierge des douleurs ; recommandez-moi beaucoup à elle pour
que ses douleurs et la Passion de mon Jésus demeurent gravées dans mon cœur. Je
le désire de toute l’ardeur de mon âme. Je voudrais pouvoir les imprimer dans
celui de tous les hommes ; alors le monde entier brûlerait du saint Amour.
Mon cœur se brise quand je
considère les douleurs de la Très Sainte Vierge. O tendre Mère, quelle ne fut
pas votre peine en vous voyant privée de votre cher Fils, et puis en le voyant
sans vie dans vos bras ! Ah ! quelle ne fut pas la tristesse de Marie, quand
elle retourna à Béthanie, après la sépulture de son Fils !...
Quand Jésus expire sur la croix,
c’est le moment de pleurer. Jésus est mort pour nous donner la vie ; toutes les
créatures sont en deuil, le soleil s’obscurcit, la terre tremble, les rochers se
fendent, et le voile du temple se déchire ; il n’y a que mon cœur qui demeure
plus dur qu’un rocher. Je ne vous dis autre chose à présent, sinon de faire
bonne compagnie à la pauvre Mère de Jésus. Elle est toute plongée dans les
souffrances de Jésus. Imitez-la, et demandez à la bonne Madeleine et au
bien-aimé Jean quels sont leurs sentiments… Laissez-vous donc inonder de cet
océan des souffrances de Jésus et de Marie. Je demeure aux pieds de la croix.
La douleur de Marie est comme la
mer Méditerranée ; car il est écrit : Votre douleur est grande comme la mer
(Thren. II. 13.). De cette mer, on passe à une seconde mer sans limites : c’est
la Passion de Jésus-Christ, au nom de qui le prophète royal a dit : Je suis
entré dans la haute mer. C’est là que l’âme s’enrichit, en pêchant les
perles très précieuses des vertus de Jésus et de Marie.
O vierge Immaculée, Reine des
martyrs, je vous en conjure par les douleurs que vous avez endurées pendant la
Passion de votre aimable Fils, donnez-nous à tous votre maternelle bénédiction ;
je mets et laisse tous mes enfants sous le manteau de votre protection.



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