FLEURS DE LA PASSION

PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIX

LA PASSION ET LA FOI

Conduisez-vous par la foi.

Oh ! combien j’aime ces âmes qui marchent dans la foi pure et dans un entier abandon entre les mains de Dieu ! combien je désire que nous marchions tous ensemble dans la foi ! Oui, voilà la voie véritable.

 

Tout obscure que soit la foi, elle est le guide assuré du saint amour. Oh ! quelle douceur mon cœur goûte dans sa certitude !

Et, comme dit saint Jean de la Croix :

O nuit, nuit obscure, nuit plus aimable que l’aube du matin ! nuit qui as le pouvoir d’unir au Bien-Aimé l’âme aimante, l’âme aimante transformée dans le Bien-Aimé !

Ainsi chantait ce grand Saint.

 

Oh ! quel noble exercice de s’anéantir devant Dieu, dans la foi pure, sans images, de plonger notre néant dans la vérité suprême qui est Dieu, et de se perdre dans cet abîme immense et infini de charité ! L’âme aimante qui nage dans cet océan est pénétrée au dedans et au dehors de cet amour infini ; et, s’identifiant avec Jésus-Christ, elle est toute transformée en lui par l’amour, et s’approprie les douleurs de la Passion du Bien-Aimé. C’est là une science sublime, mais Dieu veut vous l’enseigner ; Dieu vous veut dans ce saint exercice. L’amour parle peu. Plus on aime, moins on parle ; je dis cela de la sainte oraison. La langue de l’amour est un feu qui brûle, liquéfie, consume, réduit en cendres sa victime ; puis le souffle ardent de l’Esprit soulève cette cendre si vile de notre cœur, et elle va se perdre dans l’abîme de la Divinité. Heureuse perte ! heureuse l’âme qui se perd de la sorte dans l’amour infini ! qu’elle se retrouve admirablement ! Tout cela se fait dans la foi pure, et Dieu l’enseigne à l’âme qui est humble.

 

Cherchons toujours Dieu par la foi dans l’intérieur de notre âme. Voyez une boule de ouate bien fine, sur laquelle on laisse tomber une goutte d’un baume odoriférant. Le baume s’étend et la parfume tout entière. Ainsi une aspiration du cœur vers Dieu embaume notre âme de son divin esprit et fait qu’elle exhale un doux parfum en sa présence. Voyez un enfant qui se jette sur le sein de sa mère pour prendre le lait : comme il est là content ! Eh bien ! comme les enfants, reposons-nous dans le sein de Dieu par la foi, pour jouir de ses divines communications, et nous serons pleinement satisfaits.

 

Il y en a qui mettent leur dévotion à visiter les Lieux saints et les grandes basiliques. Je ne blâme pas cette dévotion ; cependant la foi nous dit que notre cœur est un grand sanctuaire, parce qu’il est le temple vivant de Dieu et la résidence de la très sainte Trinité. Entrons souvent dans ce temple, et adorons-y en esprit et en vérité l’auguste Trinité. Voilà, certes, une dévotion sublime !

 

Le royaume de Dieu est au-dedans de vous. Ranimez donc souvent cette foi, quand vous étudiez, travaillez, mangez, ou en vous couchant, en vous levant. Faites des élans d’amour vers Dieu, en lui disant de cœur : O Bonté infinie !… ou quelque autre oraison jaculatoire. Laissez votre âme se pénétrer de ces prières jaculatoires, comme d’un baume précieux.

 

Ce grand Dieu, qui s’est fait homme et qui a tant souffert par amour pour nous, vous l’avez plus près de vous que vous ne l’êtes de vous-même.

 

Pour moi, je ne puis comprendre comment il soit possible de ne pas toujours penser à Dieu.

 

Le juste vit de la foi. Vous êtes le temple du Dieu vivant. Visitez souvent ce sanctuaire intérieur ; voyez si les lampes sont allumées : c’est-à-dire la foi, l’espérance et la charité.

   

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