FLEURS DE LA PASSION

PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIX

LA PASSION ET LE CIEL

De cette vallée de larmes, tournez sans cesse vos regards vers Dieu, attendant toujours le moment d’aller vous unir à lui dans le saint paradis. Contemplez souvent le ciel, puis écriez-vous avec transport : Quel beau séjour il y a là-haut ! Il nous est destiné ! Que des soupirs enflammés sortent de votre poitrine, expression du désir continuel que vous avez de le posséder. Dites quelquefois, les yeux mouillés de larmes : Rien ne me plaît en ce monde, je ne me soucie plus de rien que de mon Dieu. Oui, j’espère, oui, je veux le posséder, et je l’espère de la seule miséricorde de Dieu, par les mérites de la Passion du Sauveur et par les douleurs de ma bonne Mère, Marie.

 

Quand vous voyez de belles campagnes, dites : Il y a plus beau que cela !… Là-haut sont les vraies délices et les véritables plaisirs !... Puis demeurez absorbé dans la pensée et le désir de cet océan immense de félicité dont on jouit au ciel.

 

Quel beau spectacle que celui du firmament et des étoiles ! Ce n’est pourtant que le parvis de la patrie bienheureuse où j’espère aller un jour. Loin que les choses de ce monde puissent me consoler, elles ne m’inspirent que peine et dégoût ; il me semble que j’attends depuis mille ans le bonheur d’aller jouir de mon Dieu, mon Bien suprême.

 

L’âme, une fois en paradis, sera toute transformée en Dieu, et Dieu sera tout dans l’âme, de telle sorte qu’elle sera comme divinisée. Jetez une goutte d’eau douce dans la mer ; la mer l’absorbera de manière à ce qu’on ne puisse les distinguer l’une de l’autre : ainsi l’âme du Bienheureux, plongée dans l’océan immense de la Divinité, est en quelque sorte divinisée ; elle est unie à l’essence divine et comme déifiée ; elle est unie à Dieu par l’amour.

 

Déjà les murs de la prison tombent en poussière, et la pauvre prisonnière ne tardera pas à jouir de la liberté des enfants de Dieu. Soupirez donc vers cette heureuse patrie ; laissez à votre cœur la liberté de prendre son essor ; surtout ayez soin de boire avec amour au calice du Sauveur ; enivrez-vous-en ; et comment ? par l’amour pur et la souffrance pure ; mêlez les deux ensemble, ou bien jetez quelque petite goutte de vos souffrances dans l’océan du divin Amour.

 

Mon fils, dans le ciel, le Bienheureux ne sera pas uni à moi, comme un ami l’est à son ami, mais comme le fer pénétré par le feu.

   

pour toute suggestion ou demande d'informations