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FLEURS DE LA PASSION PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIXLA PASSION ET L’OBÉISSANCE.Ah ! mes bien-aimés, ayez surtout une vraie et parfaite charité ; qu’elle unisse tellement vos cœurs, qu’ils ne soient plus qu’un seul cœur et qu’une seule volonté en Dieu. Abandonnez-vous tellement entre les mains des supérieurs qu’ils puissent faire de vous tout ce qu’ils veulent, dès qu’ils ne commandent rien de contraire à la loi de Dieu ni aux règles ni aux constitutions, auxquelles vous devez avoir soin de rester toujours fidèles. Jésus-Christ, vous le savez, s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, à la mort de la Croix ; il faut donc mourir aussi à vous-mêmes et ensevelir l’esprit et le jugement propres. Renoncez à tout jugement, à toute inclination, à toute volonté propre ; abandonnez-vous comme morts à vos supérieurs ; aussi longtemps que vous ne serez pas comme morts entre les mains de l’obéissance, vous ne pourrez jamais goûter les douceurs du service de Dieu. Ayez autant d’ardeur pour qu’on rompe votre volonté, que le cerf altéré en a pour la fontaine. Regardez comme perdue une journée où vous ne rompez pas votre volonté en l’assujettissant à quelqu’un. Offrez souvent votre volonté en sacrifice à Dieu ; vous en ressentirez un contentement souverain ; plus vous serez obéissants, plus vous aurez de paix et d’indifférence pour les emplois ; la sainte obéissance sera votre véritable épouse, et vous l’aimerez en Jésus-Christ, ce grand Roi des cœurs obéissants. De cette manière, vous serez plus aptes à rendre service à l’Église et à notre Congrégation par le moyen de vos prières ; Jésus exauce la prière des âmes obéissantes.
Notre très doux Jésus se laissa vêtir et dépouiller au gré de ses bourreaux ; ils le liaient, le déliaient, le poussaient de côté et d’autre, et l’innocent Agneau se prêtait à tout. O douce soumission de Jésus, mon souverain Bien !...
Continuez à vous préparer à tout comme une douce brebis ; aimez à voir rompre tous vos projets quoique bons ; viendra un temps où Dieu vous les fera exécuter d’une manière parfaite.
Eh bien ! comment allez-vous ? votre cœur voudrait prendre l’essor vers le ciel, n’est-ce pas ? mais, patience, il faut attendre que le divin Époux vous donne la liberté. J’apprends que vous souffrez de la fièvre, je pense que vous voudrez être obéissante jusqu’à la mort. Vous savez bien que vous n’avez pas encore la permission de quitter votre prison pour aller dans la patrie ; le pauvre Père que Dieu vous a donné pour directeur désirerait, si tel était le bon plaisir de Dieu, se trouver auprès de vous pour mettre votre âme sur la route du Paradis. Et puis, comment me quitteriez-vous maintenant que les besoins sont plus grands ? Laissez-moi achever l’œuvre de la Congrégation, et ensuite je vous permets de vous en aller en paix. Vous allez rire un peu de ma folie ? J’espère que la Bonté divine aura pitié de ce sot langage[1]. [1] La Religieuse à qui le saint écrivait recouvra miraculeusement la santé.
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