

FLEURS DE LA PASSION
PENSEES DE SAINT PAUL DE LA CROIX
LA PASSION
ET LES PRATIQUES DE LA VIE CHRÉTIENNE.
Je vous donne quelques avis
spirituels, afin que vous avanciez chaque jour avec une plus grande ferveur dans
l’amour de Dieu.
En premier lieu, observez avec une
parfaite exactitude la sainte loi du Seigneur. Ayez une crainte filiale pour ce
Dieu si digne d’amour, qui nous a créés et rachetés. Sachez que plus un fils
aime tendrement son père, plus il craint de l’offenser et de lui déplaire. Cette
sainte crainte sera un frein qui vous empêchera de tomber dans le péché. Aimez
Dieu, ce tendre père, d’un amour ardent ; mettez en lui la plus douce
confiance ; que toutes vos actions, toutes vos paroles, vos soupirs, vos peines
et vos larmes, soient un holocauste offert à son saint amour.
Pour conserver ce divin amour,
fréquentez les sacrements. Ne vous approchez du saint autel que pour embraser
toujours plus votre âme au foyer du saint amour. Je ne vous dis rien de la
préparation : vous ferez de votre mieux, je le pense : souvenez-vous qu’il
s’agit de l’acte le plus saint qu’il soit possible de faire.
Allez souvent à l’Église adorer le
Très Saint Sacrement, et visitez avec une fervente piété l’autel de la sainte
Vierge. Ne passez pas un jour sans consacrer une demi-heure ou du moins un quart
d’heure à l’oraison mentale sur la douloureuse Passion du Sauveur.
Ayez un souvenir continuel des
agonies de notre Amour crucifié ; et sachez que les plus grands saints, qui
maintenant, au ciel, triomphent dans le saint amour, sont arrivés à la
perfection par cette voie. Ayez une tendre dévotion aux douleurs de Marie, à son
Immaculée Conception, à votre Ange gardien, à vos saints patrons et surtout aux
saints Apôtres.
Faites souvent des oraisons
jaculatoires, et toujours du fond du cœur. Je vous en indique ici quelques unes.
– Ah ! Mon Dieu, que je voudrais ne
vous avoir jamais offensé ! – Espérance de mon cœur, plutôt mourir mille fois
que de pécher encore ! – Ah ! mon Jésus, quand donc vous aimerai-je ? – Ah ! mon
souverain Bien, blessez, blessez mon cœur de votre saint amour ! – Qui ne vous
aime pas, ô mon Dieu, ne vous connaît pas ! – Ah ! si tous vous aimaient, ô
Amour infini ! – Quand est-ce que mon âme sera tout embrasée de votre sainte
charité ?
Dans les peines et les épreuves
vous direz :
Que vous sainte volonté soit faite,
ô mon Dieu ! – Qu’elles soient bienvenues, les afflictions ! – Chères
souffrances, je vous embrasse et je vous presse contre mon cœur ! Soyez des
perles précieuses que m’envoie le Seigneur ! – Quelle belle souffrance ! – Ah !
chère main de mon Dieu, je vous baise ! – Bénie soit la verge sainte qui me
frappe avec tant d’amour ! – Ah ! tendre Père, il m’est bon d’être humilié !
Vous pourrez faire ces oraisons
jaculatoires en marchant, en travaillant, et même dans la compagnie des autres ;
car, si les hommes sont autour de votre corps, ils ne sont pas autour de votre
cœur ; c’est par le cœur que vous pourrez faire du bien à votre âme, au milieu
même des occupations les plus sérieuses.
Lisez chaque jour quelque livre de
piété, et fuyez comme Satan la mauvaise compagnie. Obéissez avec la plus grande
exactitude. L’obéissance est une perle céleste. Jésus-Christ, par obéissance, a
laissé sa très sainte vie sur le bois dur de la croix.
Ayez une charitable compassion pour
les pauvres. Soyez juste envers tous… Humiliez-vous devant tout le monde pour
l’amour de Dieu.
Enfin, je vous prie de vous
souvenir toujours du saint commandement de l’amour que donna Jésus-Christ à ses
disciples avant d’aller à la mort : « Je vous donne un commandement nouveau :
c’est que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés moi-même »
(Jn. XIII. 34.) Ah ! quel doux langage !... Souvenez-vous que jamais vous ne
plairez à Dieu, si vous ne vous aimez les uns les autres. Qu’il n’y ait jamais
aucune dissension parmi vous ; et si parfois il vous échappe quelque parole
amère, adoucissez-vous aussitôt, ne continuez pas à parler, ne laissez pas
maîtriser votre cœur par la colère.
Je vous place dans les plaies
sacrées de Jésus-Christ, sous la protection de la Mère des douleurs ; oui, c’est
là que je vous place. Je prie la sainte Vierge de baigner votre cœur de ses
larmes douloureuses, afin qu’elle y imprime un continuel souvenir de l’horrible
Passion de Jésus-Christ et de ses propres douleurs. Je la prie de vous obtenir
la persévérance dans le saint amour, la force et la résignation dans la
souffrance. Recevez donc pour votre grande protectrice Notre-Dame des Douleurs,
et n’abandonnez jamais la méditation de la Passion de Jésus-Christ. Que Dieu,
dans sa miséricorde, répande sur vous sa sainte bénédiction. Priez-le aussi pour
moi. Deo gratias et Mariae semper Virgini.



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