Précepte I
26.
1. "Premier point entre tous :
crois qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui a tout créé et organisé (Ep 3,9),
qui a tout fait passer du néant à l'être (2 M 7,28 ; cf. Sg 1,14), qui contient
tout et qui n'est pas contenu. 2. Crois donc en lui et crains-le, et, et par
cette crainte, sois continent. Observe ces préceptes et tu rejetteras de toi
toute dépravation, tu revêtiras toute vertu de justice et tu vivras pour Dieu -
si du moins tu observes ce commandement. "
Précepte II
27.
1. Il me dit : " Maintiens-toi dans
la simplicité, l'innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le
mal destructeur de la vie des hommes. 2. Et d'abord, ne dis du mal de personne
et ne prends pas de plaisir à écouter le médisant (cf. Jc 4,11) ; sinon, tu
auras part, toi qui l'écoutes, au péché du médisant, si du moins tu ajoutes foi
à la médisance entendue. Car en y ajoutant foi, tu seras, toi aussi, hostile à
ton frère, et c'est ainsi que tu auras part au péché de médisance. 3. La
médisance est mauvaise, c'est un démon agité, jamais en paix, il ne se plaît que
dans les discordes. Tiens-toi donc bien loin de lui et tes rapports avec tout le
monde seront toujours parfaits. 4. Revêts-toi de gravité : avec elle, point
d'achoppement, mais rien que des chemins unis et de l'allégresse. Fais le bien
et du produit du labeur que Dieu t'accorde, donne à tous les indigents avec
simplicité, sans t'inquiéter (de savoir) à qui tu donneras et à qui tu ne
donneras pas : donne à tous ; car Dieu veut qu'on fasse profiter tout le monde
de ses propres largesses. 5. Ceux qui reçoivent rendront compte à Dieu du motif
et de la destination de ce qu'ils auront reçu : ceux qui recevront dans le
besoin ne seront pas jugés, mais ceux qui trompent pour recevoir seront punis.
6. Celui qui donne, lui, est irréprochable, car, comme il a reçu du Seigneur ce
ministère à remplir, il l'a rempli avec simplicité : sans examiner à qui donner
et à qui ne pas donner. Et le ministère qui s'est ainsi achevé dans cette
simplicité est glorieux devant Dieu. Celui donc qui s'acquitte ainsi de son
service vivra pour Dieu. 7. Observe donc ce précepte comme je te l'ai dit, pour
que ta pénitence et celle de ta maison soient trouvées simples, pures,
innocentes et incorruptibles."
Précepte III
28.
1. Il me dit de nouveau : " Aime la
vérité, qu'elle seule puisse sortir de ta bouche ; de la sorte, l'esprit que
Dieu a logé dans ta chair sera trouvé authentique aux yeux de tous les hommes et
ainsi sera glorifié le Seigneur, qui habite en toi, car le Seigneur est vrai en
toutes ses paroles et il n'y a en lui aucun mensonge. 2. Les menteurs renient
donc le Seigneur et le dépouillent, puisqu'ils ne lui rendent pas le dépôt qu'il
leur a confié. Car ils ont reçu de lui un esprit qui ne ment pas ; s'ils le lui
rendent mensonger, ils violent le commandement du Seigneur et se font
spoliateurs. " 3. En entendant cela, je fondis en larmes. Il me voit pleurer et
me dit : " Pourquoi pleures-tu ? --Parce que, Seigneur, dis-je, je ne sais pas
si je puis être sauvé. --Pourquoi ? dit-il --C'est que dans ma vie, Seigneur, je
n'ai pas encore dit une parole vraie, mais depuis toujours, j'ai vécu de
fourberie envers tous et j'ai fait passer mes mensonges pour la vérité aux yeux
de tout le monde. Personne ne m'a jamais contredit : on a eu confiance en mes
paroles. Comment donc puis-je vivre, Seigneur, après ces vilenies ? 4.--Tu
penses bien et juste, dit-il. Car tu aurais dû, comme serviteur de Dieu, marcher
dans la vérité, ne pas faire cohabiter en toi une mauvaise conscience avec
l'esprit de vérité, ne pas affliger un esprit auguste et véridique. --Jamais,
Seigneur, dis-je, je n'ai entendu parler de règles si précises. 5. Maintenant
donc, dit-il, tu les entends. Observe-les : ainsi, même les mensonges que tu
faisais antérieurement dans tes affaires obtiendront créance, puisqu'on trouvera
vrai ton langage d'aujourd'hui ; car ils peuvent aussi obtenir créance. Si m
observes ces préceptes et qu'à partir de maintenant tu ne dises plus que la
vérité, tu pourras acquérir la vie et quiconque observera ce commandement et
s'abstiendra du mensonge, ce grand vice, celui-ci vivra pour Dieu.
Précepte IV
29. (1)
1. “Je t'ordonne, dit-il de garder
la chasteté et que ne monte pas à ton coeur le désir d'une autre femme (que la
tienne), ni d'une quelconque fornication, ni d'aucun autre vice semblable. Car
ce faisant, tu commettrais un grand péché. Souviens-toi toujours de ta femme et
tu ne pécheras jamais 2. Si ces désirs montent à ton coeur, tu pécheras et si ce
sont d'autres pensées aussi mauvaises, tu commets un péché. Car ce désir, pour
un serviteur de Dieu, est un grand péché. Mais si on accomplit cet acte vicieux,
c'est la mort qu'on se prépare. 3. Veilles-y donc, abstiens-toi de ce désir, car
là où habite la sainteté, au coeur d'un homme juste, l'iniquité ne devrait pas
monter. " 4. Je lui dis : " Seigneur, permettez-moi de vous poser quelques
questions.--Parle, dit-il.--Seigneur, dis-je, si quelqu'un a une femme qui croit
au Seigneur, et qu'il découvre qu'elle est adultère, est-ce qu'il commet un
péché à vivre avec elle ? 5.--Tout le temps qu'il l'ignore, dit-il, il ne commet
pas de péché ; mais s'il apprend le péché de sa femme et qu'elle, au lieu de se
repentir, persiste dans l'adultère, à vivre avec elle le mari partage sa faute
et participe à l'adultère. 6.--Que fera donc le mari, Seigneur, dis-je, si la
femme persiste dans cette passion ? --Qu'il la renvoie, dit-il, et qu'il reste
seul. Mais si, après avoir renvoyé sa femme, il en épouse une autre, lui aussi
alors, il commet l'adultère (Mc 10, 11 ; Mt 5, 32 ; 19, 9 ; cf. 1 Co 7, 11).
7.--Et si, Seigneur, dis-je, après avoir été renvoyée, la femme se repent et
veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l'accueillir ? 8.--Certes, dit-il.
Si le mari ne l'accueille pas, il pèche, il se charge d'un lourd péché, car il
faut accueillir celui qui a péché et qui se repent, mais non beaucoup de fois.
Pour les serviteurs de Dieu, il n'y a qu'une pénitence. C'est en vue du repentir
que l'homme ne doit pas se remarier. Cette attitude vaut d'ailleurs aussi bien
pour la femme que pour l'homme. 9. L'adultère, dit-il, ne consiste pas
uniquement à souiller sa chair : celui-là aussi commet l'adultère, qui vit comme
les gentils. Donc, si quelqu'un persiste dans cette conduite sans se repentir,
écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui ; sinon tu as part à sa faute. 10. Si on
vous a enjoint de ne pas vous remarier, homme ou femme, c'est parce que, dans de
tels cas, la pénitence est possible. 11. Donc, dit-il, mon intention n'est pas
de faciliter l'accomplissement de tels péchés, mais t'empêcher que le pécheur
retombe. Pour ce qui est du péché antérieur, il y a quelqu'un qui peut apporter
remède : c'est celui qui a le pouvoir de tout faire. "
30. (2)
1. Je continuai à le questionner :
" Puisque le Seigneur m'a jugé digne de vous avoir toujours dans ma maison,
supportez encore quelques paroles de moi, car je ne comprends rien et mon coeur
s'est endurci (Mc 6, 52) par mes méfaits passés. Instruisez-moi, car je suis
tout à fait dépourvu d'intelligence et je ne comprends absolument rien. " 2. Il
me dit en réponse : " Je suis, moi, dit-il, préposé à la pénitence et à tous
ceux qui se repentent, je donne l'intelligence. Ne te semble-t-il pas, dit-il,
que le fait de se repentir est lui-même de l'intelligence ? Le repentir, dit-il,
est un acte de grande intelligence ; car le pécheur comprend qu'il a fait le mal
devant le Seigneur (Jg 2, 11 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 6 ; 13, 1 ; etc.) et l'acte
qu'il a commis lui remonte au coeur et il se repent et il ne commet plus le vice
; au contraire, il met tout son zèle à faire le bien, humilie son âme et
l'éprouve, puisqu'elle a péché. Tu vois donc que le repentir est un acte de
grande intelligence. 3. --Voici pourquoi, Seigneur, dis-je, je vous demande tout
cela avec autant de minutie. C'est d'abord que je suis un pécheur, que je veux
savoir ce que je dois faire pour pouvoir vivre, car mes péchés sont nombreux et
divers. 4.--Tu vivras, dit-il, si tu observes mes commandements et si tu marches
dans leur voie, et quiconque sera attentif à ces commandements et les observera,
vivra pour Dieu. "
31. (3)
1. "Seigneur, dis-je, j'ajouterai
encore une question. - Parle, dit-il. - J'ai entendu certains docteurs dire
qu'il n'y a pas d'autre pénitence que celle du jour où nous descendîmes dans
l'eau et où nous reçûmes le pardon de nos péchés antérieurs. " 2. Il me dit : "
Ce que tu as entendu est exact. Il en est ainsi. Celui qui a reçu le pardon de
ses péchés ne devrait, en effet, plus pécher, mais demeurer en sainteté. 3. Mais
puisqu'il te faut toutes les précisions, je t'indiquerai ceci aussi, sans donner
prétexte de pécher à ceux qui croiront ou à ceux qui se mettent maintenant à
croire au Seigneur, car les uns comme les autres n'ont pas à faire pénitence de
leurs péchés : ils ont l'absolution de leurs péchés antérieurs. 4. C'est donc
uniquement pour ceux qui ont été appelés avant ces tout derniers jours que le
Seigneur a institué une pénitence. Car le Seigneur connaît les coeurs, et
sachant tout d'avance, il a connu la faiblesse des hommes et les multiples
intrigues du diable, qui fera du tort aux serviteurs de Dieu et exercera contre
eux sa malice. 5. Dans sa grande miséricorde, le Seigneur s'est ému pour sa
créature et a institué cette pénitence et il m'a accordé de la diriger. 6. Mais
je te le dis, reprit-il : si, après cet appel important et solennel, quelqu'un,
séduit par le diable, commet un péché, il dispose d'une seule pénitence ; mais
s'il pèche coup sur coup, même s'il se repent, la pénitence est inutile à un tel
homme : il aura bien de la peine à jouir de la vie. " 7. Je lui dis : "
Seigneur, je reviens à la vie après ces renseignements détaillés. Car je sais
que si je n'ajoute plus à mes péchés, je serai sauvé. - Tu seras sauvé, dit-il,
et tous ceux qui feront ainsi."
32. (4)
1. Je le questionnai de nouveau : "
Seigneur, puisque pour une fois vous tolérez mes (questions), indiquez-moi
encore ceci. - Parle, dit-il. - Si une femme, Seigneur, dis-je, ou un homme
meurt et que le conjoint se remarie, ce dernier commet-il une faute en se
remariant ? 2. - Non, dit-il, mais s'il reste seul, il s'acquiert auprès du
Seigneur un honneur, une gloire supplémentaire (cf. 1 Co 7, 38-40). Mais s'il se
remarie, il ne pèche point. 3. Observe donc scrupuleusement la chasteté et la
sainteté, et tu vivras pour Dieu. Tout ce que je te dis et te dirai, observe-le
à partir de ce jour où tu m'es confié et j'habiterai dans ta maison. 4. De tes
fautes passées, tu auras rémission, si tu observes mes commandements. Et tous
auront rémission, s'ils observent mes commandements et s'ils marchent dans cette
chasteté.
Précepte V
33. (1)
1. “Sois patient, dit-il, et
prudent, et tu triompheras de toutes les turpitudes et tu réaliseras toute
justice. 2. Si tu es patient, l'Esprit-Saint qui habite en toi sera pur de
n'être pas obscurci par un autre esprit mauvais. Trouvant un large espace libre,
il sera content, il se réjouira avec le vase 73 qu'il habite et servira Dieu
avec grande allégresse, puisqu'il aura en lui la plénitude. 3. Mais si arrive un
accès de colère, tout de suite l'Esprit-Saint, qui est délicat, se trouve à
l'étroit, sans espace pur, et il cherche à quitter ce lieu : il est étouffé par
l'esprit mauvais, il n'a plus l'espace où servir Dieu comme il veut, souillé
qu'il est par la colère. Car le Seigneur habite dans la patience et le diable
dans la colère. 4. Que ces deux esprits habitent ensemble est donc un grand
malheur pour l'homme en qui ils habitent 5. Si tu prends une toute petite goutte
d'absinthe et que tu la verses dans un pot de miel, n'est-il pas vrai que tout
le miel est perdu, que tant de miel est gâté par si peu d'absinthe, qu'elle
corrompt la douceur du miel qui n'a plus le même charme pour le maître,
puisqu'il est devenu amer et a perdu son utilité ? Mais si on ne jette pas
d'absinthe dans le miel, on le trouve doux et le maître peut l'utiliser. 6. Tu
le vois donc : la patience surpasse le miel en douceur, elle est utile au
Seigneur et il habite en elle ; en revanche, la colère est amère et
inutilisable. Si donc on mêle la colère et la patience, la patience en est
souillée et Dieu n'a que faire de sa prière. 7. - je voudrais, Seigneur, dis-je,
connaître les effets de la colère, pour m'en bien garder. - Certes, dit-il, si
tu ne t'en lardes pas, toi et ta maison, tu anéantis tous tes espoirs. Garde-toi
d'elle, car je suis avec toi. Et ils se garderont d'elle, tous ceux qui feront
pénitence du fond de leur coeur ; car je serai avec eux et je les protégerai,
puisqu'ils ont été justifiés par l'ange le plus vénérable.
34. (2)
1. “Écoute, dit-il, quels sont les
effets de la colère, comment elle est mauvaise, comment par sa puissance elle
pervertit mes serviteurs, comment elle les détourne de la justice. Elle ne
détourne pas, il est vrai, ceux qui sont entiers dans leur foi, elle ne peut
rien sur eux, car ma puissance est avec eux ; elle n'égare que les gens vides de
leur foi et hésitants. 2. Quand elle voit de telles gens tranquilles, elle
s'insinue en leur coeur. alors, pour un rien, l'homme ou la femme se laissent
gagner par l'aigreur, à propos de détails de la vie quotidienne, de nourriture,
d'une chicane, d'un ami, d'un cadeau donné ou reçu ou de toute autre niaiserie
pareille : tout cela est fou, vain, insensé, funeste aux serviteurs de Dieu. 3.
La patience, elle, a de la grandeur de la force, une énergie vigoureuse et
solide qui s'épand largement ; elle est gaie, réjouie, sans souci ; elle
glorifie le Seigneur à toute occasion (Tb 4, 19 ; Ps 34, 2). Rien en elle n'est
amer : en tout, elle reste douce et calme. La patience habite avec ceux qui ont
la foi entière. 4. La colère est tout d'abord sotte, légère, stupide ; ensuite,
de la stupidité, naît l'aigreur, de l'aigreur, l'irritation, de l'irritation, la
fureur, de la fureur, le ressentiment. Et ce ressentiment, né de tant de maux,
devient un péché énorme et incurable. 5. Lorsque tous ces esprits viennent
habiter un même vase où habite déjà l'Esprit-Saint, le vase ne peut plus tout
contenir, et déborde. 6. Donc l'esprit délicat, qui n'a pas l'habitude de
demeurer avec un mauvais esprit ni avec la dureté, s'éloigne d'un tel homme et
cherche à habiter avec la douceur et le calme. 7. Mais quand il s'éloigne de
l'homme, en qui il habitait, cet homme se vide de l'esprit juste et désormais
plein des esprits mauvais, il s'agite dans tous ses actes, tiraillé en tous sens
par les esprits mauvais et il devient complètement aveugle, loin de la droite
réflexion. Voilà ce qui arrive à tous les colériques. 8. Abstiens-toi donc de la
colère, cet esprit si mauvais! Revêts-toi de patience, résiste à la colère, à
l'aigreur et tu seras trouvé en compagnie de la sainteté qu'aime le Seigneur.
Veille à ne pas négliger ce commandement, car si tu parviens à l'observer, tu
pourras garder aussi les autres commandements que je vais t'imposer. Aie de la
force, de l'énergie à leur propos, et qu'ils en aient aussi, tous ceux qui
veulent marcher dans cette voie.
Précepte VI
35. (1)
1. “Je t'ai ordonné, dit-il, dans
le premier Précepte, de garder la foi, la crainte et la continence. - Oui,
Seigneur, dis-je. - Maintenant, dit-il, je veux te montrer leurs vertus, pour
que tu comprennes quels sont leur force et leurs effets respectifs. Leurs effets
sont de deux sortes : ils ont rapport au juste et à l'injuste. 2. Toi, aie
confiance au juste, mais non à l'injuste ; car la justice suit une voie droite,
l'injustice, une voie tortueuses. Suis donc la voie droite et unie, laisse la
voie tortueuse. 3. La voie tortueuse n'est pas frayée, mais impraticable, pleine
d'obstacles, rocailleuse, épineuse. Elle est funeste à ceux qui la prennent ; 4.
mais ceux qui prennent la voie droite marchent sur un terrain uni et sans
obstacles, car elle n'est ni rocailleuse, ni épineuse. Tu vois donc qu'il est
plus avantageux de la prendre. 5. - Il me plaît, Seigneur, dis-je, de la
prendre. - Tu la prendras, dit-il, et quiconque du fond du coeur se tournera
vers le Seigneur (Jr 24, 5 ; Jl 2, 12 ; cf. Ps 22, 9 ; 51, 15) la prendra.
36. (2)
1. “Écoute maintenant, dit-il, ce
qui concerne la foi. Il y a deux anges avec l'homme : l'un, de justice, l'autre,
du mal. 2. - Comment donc, Seigneur, dis-je, distinguerai-je leur action, si les
deux anges habitent avec moi ? 3. - Écoute, dit-il, et comprends. L'ange de
justice est délicat, modeste, doux, calme. Quand c'est lui qui monte à ton
coeur, d'emblée, il te parle de justice, de chasteté, de sainteté, de
tempérance, de tout acte juste, de toute vertu noble. Quand tout cela te monte
au coeur, sache que l'ange de justice est avec toi, car ce sont là les oeuvres
de l'ange de justice ; aie confiance en lui et en ses oeuvres. 4. Vois
maintenant les oeuvres de l'ange du mal. Et tout d'abord, il est colérique,
amer, insensé ; et ses oeuvres mauvaises corrompent les serviteurs de Dieu.
Quand donc il monte à ton coeur, connais-le d'après ses oeuvres, 5. - Comment je
le distinguerai, Seigneur, dis-je, je l'ignore. - Écoute, dit-il. Quand la
colère s'empare de toi, ou l'aigreur, sache qu'il est en toi ; de même les
désirs d'activité dispersée, les folles dépenses en festins nombreux, en
boissons enivrantes, en orgies incessantes, en raffinements variés et superflus,
la passion des femmes, de la grande richesse, l'orgueil exagéré, la jactance et
tout ce qui y ressemble : si cela te monte au coeur, sache que l'ange du mal est
en toi. 6. Puisque donc tu connais ses oeuvres, éloigne-toi de lui, ne crois pas
en lui, car ses oeuvres sont mauvaises et funestes aux serviteurs de Dieu. Voilà
quelle est l'action des deux anges. Comprends-la et mets ta confiance dans
l'ange de justice. 7. Éloigne-toi de l'ange du mal puisque son enseignement est
mauvais en tout. Car si quelqu'un est très fidèle et que le désir de cet ange
monte à son coeur, il est inévitable que celui-là, homme ou femme, commette le
péché. 8. Qu'un homme ou une femme, au contraire, soit tout à fait dépravé et
que les oeuvres de l'ange de justice montent à son coeur, il est inévitable
qu'il fasse le bien. 9. Tu vois donc qu'il est bon de suivre l'ange de justice
et de renoncer à l'ange du mal. 10. Ce commandement indique ce qui concerne la
foi, pour que tu aies foi dans les oeuvres de l'ange de justice et en les
accomplissant, tu vivras pour Dieu. Crois aussi que les oeuvres de l'ange du mal
sont funestes ; en les évitant, tu vivras pour Dieu.
Précepte VII
37.
1. “Crains, dit-il, le Seigneur, et
garde ses commandements (Qo 12, 13). En gardant les commandements de Dieu, tu
seras fort en toute action et ta façon d'agir sera incomparable. Car en
craignant le Seigneur, tu feras tout bien. C'est cette crainte-là qu'il te faut
avoir, et tu seras sauvé. 2. Le diable, ne le crains pas. En craignant le
Seigneur, tu triompheras du diable, car il n'a pas de pouvoir. Et qui n'a pas de
pouvoir n'inspire pas de crainte. Mais celui dont le pouvoir est renommé,
(celui-là) se fait craindre. Car quiconque a du pouvoir inspire de la crainte ;
celui qui n'en a pas est méprisé de tous. 3. Crains les oeuvres du diable, parce
qu'elles sont mauvaises. Et en craignant le Seigneur, tu craindras les oeuvres
du diable et loin de les accomplir, tu les éviteras. 4. Il y a deux sortes de
crainte : si tu veux faire le mal, crains le Seigneur, et tu ne le feras pas.
Mais si tu veux faire le bien, crains (encore) le Seigneur, et tu le feras".
Tant la crainte du Seigneur est puissante, grande, glorieuse. Crains donc le
Seigneur et tu vivras pour lui. Et tous ceux qui le craindront et observeront
ses commandements, vivront pour Dieu. 5. - Pour. quoi, Seigneur, dis-je,
avez-vous dit (seulement) de ceux qui observent ses commandements : " Ils
vivront pour Dieu " ? - Parce que, dit-il, toute la création craint le Seigneur,
mais elle ne garde pas toute ses commandements Ce sont donc ceux qui le
craignent et qui gardent ces commandements qui vivent auprès de Dieu. Mais ceux
qui ne les gardent pas n'ont pas la vie en eux.
Précepte VIII
38.
1. Je t'ai dit, reprit-il, que les
créatures de Dieu sont de deux sortes ; la tempérance aussi est de deux sortes.
Car il est des choses dont il faut s'abstenir et des choses dont il ne le faut
pas. 2. ― Faites-moi connaître, Seigneur, dis-je, ce dont
je dois et ce dont je ne dois pas m'abstenir. ― Écoute,
dit-il. Abstiens-toi du mal et ne le fais pas ; mais ne t'abstiens pas du bien :
fais-le, au contraire. Car si tu t'abstiens de faire le bien, tu commets un
grand péché ; en revanche, si tu t'abstiens de faire le mal, tu commets un grand
acte de justice. Abstiens-toi donc de tout mal, et fais le bien. 3. ― Quels
sont, Seigneur, dis-je, les vices dont il faut nous abstenir ? ― Écoute,
dit-il : l'adultère, la fornication, les excès de boisson, la mollesse coupable,
les festins multipliés, le luxe que permet la richesse, l'ostentation,
l'orgueil, la jactance, le mensonge, la médisance, l'hypocrisie, la rancune et
tout méchant propos. 4. Voilà de loin les plus mauvaises actions dans la vie des
hommes De ces actions, le serviteur de Dieu doit s'abstenir ; car celui qui ne
s'en abstient pas ne peut vivre pour Dieu. Écoute donc les vices qui
s'ensuivent. 5. ― Il y a encore, Seigneur, dis-je,
d'autres mauvaises actions ? ― Et beaucoup, dit-il, dont
le serviteur de Dieu doit s'abstenir : le vol, le mensonge, la spoliation, le
faux témoignage, la cupidité, la passion mauvaise, la tromperie, la vaine
gloire, la vantardise et tous les vices semblables. 6. Ne te semble-t-il pas que
tout cela est mal ? ― C'est très mal, dis-je, pour les
serviteurs de Dieu. ― De tout cela, il faut que le
serviteur de Dieu s'abstienne. Abstiens-toi donc de tout cela, afin de vivre
pour Dieu et d'être inscrit avec ceux qui s'en abstiennent. Voilà ce dont tu
dois t'abstenir. 7. Ce dont il ne faut pas s'abstenir, ce qu'il faut faire, le
voici. Ne t'abstiens pas du bien, fais-le au contraire. 8. ― Montrez-moi,
Seigneur, dis-je, la puissance des bonnes actions, pour que je suive leur voie,
que je les serve afin de pouvoir être sauvé en les accomplissant. ― Écoute,
dit-il, les oeuvres du bien qu'il te faut accomplir et non éviter. 9. En tout
premier lieu, la foi, la crainte du Seigneur, la charité, la concorde, la parole
de justice, la vérité, la résignation : il n'y a rien de meilleur dans la vie
humaine. Si quelqu'un les observe, loin de s'en abstenir, il est bienheureux
dans sa vie. 10. Et voici les suites de ces vertus : assister les veuves,
visiter les orphelins et les indigents, racheter de l'esclavage les serviteurs
de Dieu, être hospitalier (car dans l'hospitalité se rencontre parfois
l'occasion de faire le bien), ne s'opposer à personne, être calme, se faire
l'inférieur de tout le monde, honorer les vieillards, pratiquer la justice,
garder la fraternité, supporter la violence, être patient, n'avoir pas de
rancune, consoler les âmes affligées, ne pas rejeter ceux qui sont inquiets dans
la foi, mais les convertir, leur rendre du coeur, reprendre les pécheurs, ne pas
accabler les débiteurs et les indigents, et autres actions semblables. 11. Ne te
semble-t-i-1 pas que ce soient là de bonnes actions ? reprit-il. ― Qu'y
a-t-il de mieux, Seigneur ? ― dis-je. ― Marche
donc dans cette voie, dit-il, ne t'en abstiens pu et tu vivras pour Dieu. 12.
Observe ce commandement ; si tu fais le bien au lieu de t'en abstenir, tu vivras
pour Dieu et tous vivront pour Dieu, qui agiront ainsi. Et je le répète : si tu
ne fais pas le mal, si tu t'en abstiens, tu vivras pour Dieu et vivront pour
Dieu tous ceux qui garderont ces préceptes et marcheront dans leur voie. "
Précepte IX
39.
1. Il me dit : " Enlève de toi le
doute et n'hésite pas le moins du monde à demander quelque chose à Dieu, ans te
dire : " Comment pourrais-je demander quelque chose à Dieu et l'obtenir, après
avoir commis de si grands péchés à son égard ? " 2. Ne raisonne pas ainsi, mais
plutôt, du fond du coeur, tourne-toi vers le Seigneur (Jr 24, 7 ; Jl 2, 12) et
prie-le avec confiance et tu connaîtras sa grande miséricorde : il n'aura garde
de t'abandonner ; au contraire, il comblera la prière de ton âme. 3. Car Dieu
n'est pas comme les hommes rancuniers : il ne connaît pas la rancune et il a
compassion de sa créature. 4. Toi donc, purifie ton coeur de toutes les vanités
de ce monde et de ce que je t'ai dit auparavant ; prie le Seigneur et tu
obtiendras tout ; aucune de tes prières ne sera repoussée, si toutefois tu pries
le Seigneur avec confiance. 5. En revanche, si tu doutes en ton coeur, tu
n'obtiendras rien de tes prières ; car ceux qui doutent de Dieu sont des
irrésolus et ils n'obtiennent rien de ce qu'ils demandent. 6. Au contraire, ceux
dont la foi est entière, demandent tout avec pleine confiance dans le Seigneur
(Ps 2, 13 ; etc.) et ils sont exaucés, parce qu'ils prient avec foi, sans
incertitude. Tout homme incertain, s'il ne fait pénitence, sera bien
difficilement sauvé. 7. Purifie donc ton coeur de tout doute, te. vêts-toi de
foi, car elle est forte ; aie confiance que Dieu exaucera toutes tes prières. Et
si un jour tu as demandé quelque chose au Seigneur et qu'il tarde à te
l'accorder, ne sois pas ébranlé de ce que la prière de ton âme n'a pas été
exaucée tout de suite : de toute façon, c'est en vue d'une épreuve ou à cause
d'une faute que tu ignores, que tu tardes à être exaucé. 8. Ne cesse donc pas de
demander ce que ton âme souhaite et tu l'obtiendras. Mais si en priant, tu
tombes dans le découragement et le doute, n'accuse que toi et non celui qui te
donne. 9. Vois ce doute : il est mauvais, insensé, et il déracine de la foi bien
des gens, même des gens très fidèles et fermes, Car le doute est le fils du
diable et il fait beaucoup de mal aux serviteurs de Dieu. 10. Méprise donc le
doute, triomphes-en en tout ; revêts-toi dans ce but d'une foi ferme et
puissante. C'est la foi qui promet tout, qui accomplit tout ; le doute, (lui n'a
même pas confiance en lui-même, échoue dans tout ce qu'il entreprend. 11. Tu
vois, dit-il, que la foi vient d'en haut, du Seigneur, et qu'elle a grande
puissance ; le doute, lui, n'est qu'un esprit terrestre qui vient du diable ; il
n'a aucune puissance. 12. Sers donc la foi qui a la puissance, et éloigne-toi du
doute, qui n'en a pas, et tu vivras pour Dieu, et tous ceux qui pensent ainsi,
vivront pour Dieu.
Précepte X
40. (1)
1. “Éloigne de toi, dit-il, la
tristesse, car elle est soeur du doute et de la colère. 2. ― Comment,
Seigneur, dis-je, est-elle leur soeur ? Il me semble que la colère est une
chose, le doute, une autre chose, et la tristesse, une autre encore. ― Tu
n'es pas un homme intelligent, dit-il ; ne comprends-tu pas que la tristesse est
le plus méchant de tous les esprits et le plus redoutable pour les serviteurs de
Dieu et que plus que tous les esprits, elle ruine l'homme, chasse l'Esprit-Saint
et puis le sauve (cf. 2 Co. 7, 10) ? 3. ― Il est vrai,
Seigneur, dis-je, je ne suis pas intelligent et je ne comprends pas ces
paraboles. je ne vois pas comment elle peut chasser, puis sauver. 4. ― Écoute,
dit-il Ceux qui n'ont jamais fait de recherche au sujet de la vérité, de la
divinité, qui se sont bornés à croire, enfoncés dans les affaires, la richesse,
les amitiés païennes et dans de nombreuses autres occupations de ce monde, tous
ceux qui ne vivent que pour cela ne peuvent comprendre les paraboles concernant
la divinité. Ces divertissements les obscurcissent, les perdent, et ils se
dessèchent. 5. Les bons vignobles, s'ils viennent à manquer de soins, sont
desséchés par les chardons et les herbes de toute espèce : de même, les hommes
qui ont embrassé la foi et qui se perdent dans ces multiples activités dont j'ai
parlé, s'égarent loin de leur bon sens et ne comprennent plus rien à la justice
: même lorsqu'on leur parle de la divinité et de la vérité, leur esprit est tout
à leurs affaires et ils ne comprennent rien. 6. Mais ceux qui craignent Dieu,
qui s'inquiètent de la divinité et de la vérité, qui tiennent leur coeur
(tourné) vers le Seigneur, ceux-là saisissant et comprennent plus vite tout ce
qu'on leur dit, car ils ont en eux la crainte du Seigneur (cf. Ps 111, 10 ; Pr
1, 7, etc.) ; là où habite le Seigneur, se trouve aussi la complète
intelligence. Attache-toi donc fermement au Seigneur et tu saisiras et
comprendras tout.
41. (2)
1. Écoute donc, dit-il, esprit
borné, comment la tristesse chasse l'Esprit-Saint et puis sauve (2 Co 7, 10). 2.
Quand un hésitant entreprend une action et qu'il échoue à cause de son
hésitation, la tristesse s'insinue en lui et attriste l'Esprit-Saint et le
chasse. 3. Ensuite, lorsqu'à son tour la colère s'empare d'un homme à propos de
quoi que ce soit et l'aigrit, de nouveau la tristesse s'insinue dans le coeur de
l'homme qui s'est laissé aller à la colère ; il s'attriste sur ce qu'il a fait
et il se repent d'avoir fait le mal. 4. Donc, cette tristesse semble apporter le
salut, puisque celui qui a fait le mai s'est repenti. Ces deux attitudes
attristent l'esprit : le doute, parce qu'il échoue dans ce qu'il entreprend, la
colère, parce qu'elle fait le mal. Tous les deux, le doute et la colère, sont
affligeants pour l'Esprit-Saint. 5. Éloigne donc de toi la tristesse et
n'étouffe par l'Esprit-Saint (Ep 4, 30) qui habite en toi, de peur qu'il ne prie
Dieu contre toi et ne s'éloigne de toi. 6. Car l'Esprit de Dieu qui a été donné
à ta chair ne supporte ni la tristesse ni le manque d'espace.
42. (3)
1. "Revêts-toi donc de la gaieté (Qo.
26, 4) qui plaît toujours à Dieu et qu'il accueille favorablement : fais-en tes
délices. Tout homme gai fait le bien, pense le bien et méprise la tristesse. 2.
L'homme triste fait toujours le mal. D'abord, il fait le mal parce qu'il
attriste l'Esprit-Saint donné joyeux à l'homme ; ensuite, en attristant
l'Esprit-Saint, il commet l'iniquité en ne priant pas le Seigneur et en ne lui
avouant pas ses péchés. Car jamais la prière de l'homme triste n'a la force de
monter à l'autel de Dieu. 3. ― Pourquoi, dis-je, la
prière d'un homme triste ne monte-t-elle pas à l'autel ? ― Parce
que, dit-il, la tristesse siège dans son coeur. Mêlée à la prière, la tristesse
ne lui permet pas de monter pure à l'autel. Le vinaigre et le vin, mêlés, n'ont
plus le même agrément : de même la tristesse, mêlée à l'Esprit-Saint, n'est pas
capable de la même prière ― 4. Purifie-toi donc de cette
tristesse mauvaise et tu vivra pour Dieu, et ils vivront pour Dieu, ceux qui
rejetteront loin d'eux la tristesse et se revêtiront de la seule joie."
Précepte XI
43
1. Il me montra des hommes assis
sur un banc et un autre homme assis dans une chaire. Et il me dit : " Tu vois
les gens assis sur le banc? - je vois, dis-je, Seigneur. - Ceux-là, dit-il, sont
fidèles, et celui qui est assis dans la chaire est un faux prophète : il
corrompt le jugement des serviteurs de Dieu, mais de ceux qui doutent, non des
fidèles. 2. Ceux qui doutent viennent à lui comme à un devin et le questionnent
sur leur avenir 81. Et ce faux prophète, sans avoir en lui aucune puissance
d'esprit divin, leur répond selon leurs questions et leurs désirs du vice, et il
remplit leurs âmes de ce qu'ils souhaitent. 3. Car étant vain lui-même, il donne
des réponses vaines à des hommes vains. Quelle que soit la question, il répond
selon la vanité de son interlocuteur. Il y ajoute cependant quelque vérité, car
le diable le remplit de son esprit, dans l'espoir de briser quelque juste. 4.
Or, ceux qui sont forts dans la foi du Seigneur, revêtus de vérité, ne
s'attachent pas à de tels esprits, mais se gardent d'eux ; ceux, en revanche,
qui sont hésitants et qui constamment changent d'avis, consultent les devins
comme les gentils et se chargent du péché plus grand encore de l'idolâtrie : en
effet, celui qui questionne un faux prophète sur quelque affaire, est idolâtre,
vide de vérité et insensé. 5. Car tour esprit donné par Dieu n'a pas besoin
d'être questionné, mais possédant la puissance de la divinité, il dit tout
spontanément, puisqu'il vient d'en haut (Jc 3, 15), de la puissance de l'Esprit
divin. 6. Mais un esprit qu'on doit questionner et qui parle selon les désirs
des hommes, est terrestre et léger, puisqu'il n'a pas de puissance ; et il ne
dit mot, s'il n'est questionné. 7. ― Mais comment,
Seigneur, dis-je, saura-t-on qui parmi eux est le vrai et qui est le faux
prophète ? ― Voici, dit-il, au sujet des deux sortes de
prophètes, et c'est d'après ce que je vais te dire que tu éprouveras le vrai et
le faux prophète. Éprouve l'homme qui détient l'Esprit divin d'après sa vie ! 8.
D'abord, celui qui détient l'Esprit divin venant d'en haut, est doux, calme,
modeste ; il s'abstient de tout mal, de tout vain désir de ce monde ; il se fait
l'inférieur de tous et ne répond à aucune question de qui que ce soit ; il ne se
parle pas en particulier et ce n'est pas lorsque l'homme a envie de parler que
parle l'Esprit-Saint : il parle lorsque Dieu veut qu'il parle. 9. Quand donc
l'homme qui détient l'Esprit divin entre dans une assemblée d'hommes justes qui
ont foi en l'Esprit divin, et que cette assemblée fait une prière à Dieu, alors
l'ange de l'Esprit prophétique qui est près de lui remplit cet homme et
celui-ci, rempli de l'Esprit-Saint, parle à la foule comme le veut le Seigneur.
10. Voilà comment se manifestera l'Esprit de la divinité ; telle est la
puissance du Seigneur sur l'Esprit de la divinité. 11. Écoute maintenant,
dit-il, ce qui concerne l'esprit terrestre, vain, sans puissance, insensé. 12.
D'abord, cet homme qui croit posséder l'Esprit s'exalte lui-même, il veut
obtenir le premier rang et le voilà tout de suite effronté, impudent, bavard ;
il se vautre dans de multiples raffinements et de multiples autres illusions et
il accepte des rémunérations pour ses prophéties ; s'il n'en reçoit pas, il ne
prophétise pas. Est-ce qu'un Esprit divin peur accepter un salaire pour
prophétiser ? Il n'est pas possible qu'un prophète de Dieu agisse ainsi :
l'esprit de tels prophètes est terrestre. 13. Ensuite, il n'approche pas du tout
d'une assemblée d'hommes justes : il les fuit. Il s'attache aux hésitants pleins
de vanité, c'est dans les coins qu'il leur fait des prophéties et il les trompe
en ne leur disant que des choses vaines, conformes à leurs désirs : car c'est à
des gens vains qu'il répond. Un pot vide ajouté à d'autres pots vides ne se
brise pas ; ils font (seulement) le même bruit. 14. Quand le faux prophète entre
dans une assemblée pleine d'hommes justes qui détiennent l'Esprit de divinité,
s'ils se mettent à prier, cet homme se vide et l'esprit terrestre, pris par la
peur, s'enfuit de lui et l'homme est atteint de mutisme, et tout brisé, il ne
peut plus parler. 15. Si tu serres à la réserve du vin ou de l'huile et que tu
mettes au milieu un pot vide, quand tu voudras débarrasser la réserve, le pot
que tu y as mis vide, tu le retrouveras vide. De même les prophètes vides, quand
ils reviennent parmi les esprits des justes, tels ils sont venus, tels on les
retrouve. 16. Voilà la vie des deux genres de prophètes. Éprouve donc d'après
ses actes et sa vie, l'homme qui se dit porteur de l'Esprit. 17. Toi, aie
confiance en l'Esprit qui vient de Dieu et qui a de la puissance, mais n'aie pas
du tout confiance en l'esprit terrestre et vide, car il n'y a pas de puissance
en lui : il vient du diable. 18. Écoute la comparaison que je vais te faire.
Prends une pierre et jette-la vers le ciel : vois si tu peux l'atteindre ! Ou
bien prends une seringue et lance un jet vers le ciel : vois si tu peux percer
le ciel! 19. - Comment, Seigneur, dis-je, cela pourrait-il arriver ? Ce sont
deux choses impossibles! - Autant elles sont impossibles, dit-il, autant les
esprits terrestres sont impuissants et débiles. 20. Prends donc la force qui
vient d'en haut : la grêle est un très petit grain, mais quand elle tombe sur la
tête d'un homme, quel mal elle fait ! Ou bien prends la goutte qui du toit tombe
à terre et perce la pierre. 21. Tu vois ainsi que les plus petites choses qui
tombent d'en haut sur la terre ont une grande force ; de même, l'esprit divin
qui vient d'en haut est puissant". Aie donc confiance en cet esprit et
éloigne-toi de l'autre. "
Précepte XII
44. (1)
1. Il me dit : " Écarte de toi tout
désir mauvais ; revêts-toi du désir bon et saint. Car revêtu de ce désir, tu
haras le désir mauvais, tu lui mettras un frein comme tu voudras, 2. Le désir
mauvais est sauvage et bien difficile à apprivoiser. Il est terrible et, par sa
sauvagerie, il perd beaucoup d'hommes. Mais surtout le serviteur de Dieu, s'il
tombe dans ce désir et qu'il manque de discernement, est perdu par lui
d'horrible façon. Il provoque aussi la perte de ceux qui ne sont pas revêtus du
bon désir et qui se laissent ballotter par ce siècle. Ceux-là, il les livre à la
mort. 3. - Quelles sont, Seigneur, dis-je, les oeuvres du mauvais désir qui
livrent les hommes à la mort? Faites-les moi connaître, pour que je m'en
éloigne. - Écoute, dit-il, par quelles oeuvres le mauvais désir fait mourir les
serviteurs de Dieu.
45. (2)
1. “Avant tout autre, le désir
d'une autre femme, d'un autre homme, le luxe que permet la richesse, les festins
multipliés et vains, l'ivresse et les mille autre voluptés insensées ; car toute
volupté est insensée et vaine pour les serviteurs de Dieu. 2. Ces désirs sont
mauvais, ils tuent les serviteurs de Dieu, car ce désir mauvais est fils du
diable ; il faut donc s'abstenir des désirs mauvais, pour que, par cette
abstention, vous viviez pour Dieu. 3. Tous ceux qui sont dominés par eux n'y
résistent pas, mourront finalement : car ces désirs sont mortels. 4. Quant à
toi, revêts-toi du désir de justice et cuirassé de la crainte du Seigneur,
résiste-leur (Ep. 6, 13) ; car la crainte de Dieu habite dans le bon désir. Le
désir mauvais, s'il te voit cuirassé de la crainte de Dieu et offrant de la
résistance, fuira loin de toi (Jc 4, 7) et tu ne le verras plus : il craindra
tes armes. 5. Et toi, vainqueur et couronné pour sa défaite, va auprès du juste
désir, offre-lui le prix que tu as reçu et sers-le selon ses volontés. Si tu
sers le bon désir et te soumets à ses ordres, tu pourras triompher du mauvais
désir et lui commander comme tu voudras. "
46. (3)
1. "Je voudrais savoir, Seigneur,
dis-je, de quelle façon je dois servir le bon désir. ― Écoute,
dit-il. Pratique la justice (Ps 15, 2 ; Ac 10, 35) et la vertu, la vérité et la
crainte du Seigneur, la foi, la douceur et tout ce qui est semblable. En les
pratiquant, tu plairas au service de Dieu et tu vivras pour lui. Et quiconque
sera au service du bon désir, vivra pour Dieu." 2. Il avait achevé les douze
commandements et il me dit : "Tu possèdes maintenant ces préceptes ; marche dans
cette voie et exhorte ceux qui les entendront à faire une pénitence
purificatrice le reste des jours de leur vie. 3. Ce ministère dont je te charge,
remplis-le scrupuleusement : tu feras ainsi une grande oeuvre. Car tu trouveras
bon accueil auprès de ceux qui se disposent à faire pénitence et ils croiront en
tes paroles. Moi, je serai avec toi et je les forcerai à te croire. " 4. Je lui
dis : " Seigneur, ces préceptes sont grands, beaux, glorieux et ils peuvent
réjouir le coeur de l'homme (Ps 19, 9 ; 104, 15) qui sera capable de les
observer. Mais je ne sais, Seigneur, si ces préceptes peuvent être gardés par un
homme, car ils sont très durs. " 5. En réponse, il me dit : " Si tu te mets en
tête qu'ils peuvent être gardés, tu les garderas facilement et ils ne seront pas
durs ; mais si te monte déjà au coeur l'idée qu'ils ne peuvent être gardés par
un homme, tu ne les garderas pas. 6. Mais je te l'affirme : si tu ne les gardes
pas, si tu les négliges, tu n'obtiendras pas le salut, ni tes enfants, ni ta
maison, car tu te condamnes toi-même par ton sentiment que ces préceptes ne
peuvent être gardés par un homme. "
47. (4)
1. Et il me dit cela d'une façon si
indignée que j'en fus tout bouleversé et qu'il me fit grand peur. Son extérieur
avait changé au point qu'un homme n'aurait pu soutenir sa colère. 2. Me voyant
tout troublé et bouleversé, il se mit à me parler d'une façon plus posée et plus
sereine ; il me dit : " (Homme) insensé, inintelligent, hésitant, tu ne saisis
pas combien la gloire de Dieu est grande (Ps 21, 6 ; 57, 12 ; 108, 6 ; 113, 4),
forte, admirable, qu'il a créé le monde pour l'homme (Ps 8, 7), qu'il a soumis
toute la création à l'homme, qu'il lui a donné l'empire absolu sur tout ce qui
est sous le ciel ? 3. Si donc, dit-il, l'homme est seigneur de toutes les
créatures de Dieu et qu'il les domine toutes, ne peut-il pas aussi dominer ces
préceptes ? Certes, dit-il, il peut tout dominer, y compris ces préceptes,
l'homme qui a le Seigneur dans son coeur. 4. En revanche, pour ceux qui ne l'ont
que sur le bout des lèvres, dont le coeur endurci est loin de Dieu, ces
préceptes sont durs et impraticables. 5. Vous donc, les hommes vains et légers
dans la foi, mettez le Seigneur dans votre coeur et vous connaîtrez qu'il n'y a
rien de plus facile que ces préceptes, ni de plus doux, ni de plus humain. 6.
Convertissez-vous, vous qui suivez les préceptes du diable, préceptes
difficiles, amers, brutaux, impudiques, et ne craignez plus le diable, car il
n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence qui triomphe du
diable, je serai avec vous. Il peut faire peur, le diable, mais cette peur
manque de force. Ne le craignez donc pas et il vous fuit "
SOURCE :
http://JesusMarie.free.fr
|