2
L’histoire du roi Achaz
(736-716 avant Jésus-Christ)

Il faut toujours avoir confiance en Dieu. Si on ne fait pas ce qu’Il demande, des malheurs arriveront, mais qui est le vrai responsable de ces malheurs ? Dieu qui a mis en garde, ou celui qui n’a pas cru la Parole de Dieu? L’histoire du roi Achaz en est une exemple magnifique.

2-1-Que se passe-t-il autour de Jérusalem?

Il arriva, du temps d'Achaz, fils de Jotham, fils d'Ozias, roi de Juda, que Retsin, roi de Syrie, monta avec Pékach, fils de Remalia, roi d'Israël, contre Jérusalem, pour l'assiéger; mais il ne put l'assiéger. On vint dire à la maison de David : les Syriens sont campés en Éphraïm. Et le coeur d'Achaz et le coeur de son peuple furent agités, comme les arbres de la forêt sont agités par le venté (Is VII, 1 et 2)

L’Éternel va protéger les siens et en informe le roi Achaz :

Alors l'Éternel dit à Isaïe : “Va à la rencontre d'Achaz, toi et Schear Jaschub, ton fils, vers l'extrémité de l'aqueduc de l'étang supérieur, sur la route du champ du foulon, et dis-lui : ‘Sois tranquille, ne crains rien, et que ton coeur ne s'alarme pas, devant ces deux bouts de tisons fumants, devant la colère de Retsin et de la Syrie, et du fils de Remalia, de ce que la Syrie médite du mal contre toi, de ce qu'Éphraïm et le fils de Remalia disent: Montons contre Juda, assiégeons la ville, et battons-la en brèche, et proclamons-y pour roi le fils de Tabeel.’”

Mais, ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : “Cela n'arrivera pas, cela n'aura pas lieu...” (Is VII, 5 à 8)

Hélas ! Achaz ne crut pas les paroles de l’Éternel... Pourtant, le Seigneur avait prévenu. D’abord par des symboles :

Parce que ce peuple a méprisé les eaux de Siloé qui coulent doucement et qu'il s'est réjoui au sujet de Retsin et du fils de Remalia, voici, le Seigneur va faire monter contre eux les puissantes et grandes eaux du fleuve (le roi d'Assyrie et toute sa gloire). Le fleuve s'élèvera partout au-dessus de son lit, et il se répandra sur toutes ses rives; il pénétrera dans Juda, il débordera et inondera, il atteindra jusqu'au cou. De ses ailes déployées il remplira toute l'étendue de ton pays, ô Emmanuel ! (L’enfant annoncé par Isaïe) (Is VIII, 5 à 8)

2-2-Pourtant Dieu avait averti son peuple

Le pays de Juda sera envahi et brisé s’il marche au combat, car Dieu est contre les peuples qui en veulent à Juda :

Poussez des cris de guerre, peuples ! et vous serez brisés ; Prêtez l'oreille, vous tous qui habitez au loin ! Préparez-vous au combat, et vous serez brisés ! Préparez-vous au combat, et vous serez brisés. Formez des projets, et ils seront anéantis. Donnez des ordres, et ils seront sans effet : car Dieu est avec nous. (Nous, le peuple de Juda que l’Éternel veut protéger)

Ainsi m'a parlé l'Éternel, dit Isaïe, quand sa main me saisit, et qu'il m'avertit de ne pas marcher dans la voie de ce peuple: ne craignez pas ce qu'il craint, et ne soyez pas effrayés. C'est l'Éternel des armées que vous devez sanctifier, c'est lui que vous devez craindre et redouter. Et il sera un sanctuaire, mais aussi une pierre d'achoppement, un rocher de scandale pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour les habitants de Jérusalem. Plusieurs trébucheront; ils tomberont et se briseront, ils seront enlacés et pris. Enveloppe cet oracle, scelle cette révélation, parmi mes disciples. (Is VIII, 9 à 16)

2-3-Un signe d’espérance

Dieu veut absolument sauver son peuple, alors Il insiste : L'Éternel dit encore à Achaz : “Demande en ta faveur un signe à l'Éternel, ton Dieu ; demande-le, soit dans le monde d’en bas, (le séjour des morts) soit dans le ciel. Achaz répondit : ‘Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas l'Éternel’.

Dieu laissera donc aller les choses normalement : Isaïe dit alors: Écoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de lasser la patience des hommes, que vous lassiez encore celle de mon Dieu ? C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la jeune fille enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien.[1] Mais avant que l'enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, le pays dont tu crains les deux rois sera abandonné. Et pour toi, pour ton peuple et la maison de ton père, l’Éternel fera venir des temps tellement désastreux qu’il n’y en a pas eu de semblables depuis le jour où Éphraïm s’est séparé de Manassé. (Is VII, 10 à 18)

Malgré ce signe d’espérance et tous ces avertissements, Achaz ne suivra pas les conseils d’Isaïe; il s’en ira combattre et sera vaincu comme l’avait annoncé l’Éternel. Les conséquences seront terribles : l'Éternel fera venir sur toi, sur ton peuple et sur la maison de ton père, des jours tels qu'il n'y en a point eu depuis le jour où Éphraïm s'est séparé de Juda. En ce jour-là, l'Éternel sifflera les mouches qui sont à l'extrémité des canaux de l'Égypte, et les abeilles qui sont au pays d'Assyrie viendront, et se poseront toutes dans les vallons désolés, et dans les fentes des rochers, sur tous les buissons, et sur tous les pâturages...

En ce jour-là, tout lieu qui contiendra mille ceps de vigne, valant mille sicles d'argent, sera livré aux ronces et aux épines. On y entrera avec les flèches et avec l'arc, car tout le pays ne sera que ronces et épines. Les montagnes que l'on cultivait avec la bêche ne seront plus fréquentées, par crainte des ronces et des épines... (Is VII, 18 et 19 - 23 à 25)

2-4-La désobéissance d’Achaz

2-4-1-Nouveaux avertissements

L’histoire d’Isaïe semble se confondre avec l’histoire du royaume de Juda : L'Éternel me dit : “Prends une grande table, et écris dessus, d'une manière intelligible: qu'on se hâte de piller, qu'on se précipite sur le butin.”

Je pris avec moi des témoins dignes de foi, le sacrificateur Urie, et Zacharie, fils de Bérékia. Je m'étais approché de la prophétesse [2] : elle conçut, et elle enfanta un fils. L'Éternel me dit : “Donne-lui pour nom Maher Schalal Chasch Baz, car, avant que l'enfant sache dire : Mon père ! ma mère ! on emportera devant le roi d'Assyrie les richesses de Damas et le butin de Samarie.” (Is VIII, 1 à 4)

2-4-2-L’espérance d’Isaïe

J'espère en l'Éternel, qui cache sa face à la maison de Jacob. Je place en lui ma confiance. Voici, moi et les enfants que l'Éternel m'a donnés, nous sommes des signes et des présages en Israël, de la part de l'Éternel des armées, qui habite sur la montagne de Sion.

2-4-3-Mise en garde contre les sorciers et les magiciens

Si l'on vous dit : consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l'avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs, répondez : oui, un peuple doit consulter son Dieu ? Mais peut-il s'adresser aux morts en faveur des vivants ? Revenez donc à la parole du Très-Haut ! Si l'on ne fait pas ainsi, il n'y aura point d'aurore pour le peuple. Il sera errant dans le pays, accablé et affamé. Et, quand il aura faim, il s'irritera, Maudira son roi et son Dieu, et tournera les yeux en haut, puis il regardera vers la terre ; et voici, il n'y aura que détresse, obscurité et de sombres angoisses. Le peuple de Jacob sera repoussé dans d'épaisses ténèbres. (Is VIII, 17 à 22)

2-5-Achaz n’obéira pas : le pays sera dévasté.

La désolation sera terrible, et cela à cause de ceux qui ont mal géré le pays, qui ont méprisé les avis de Yahvé, et sa justice : Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques, et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes. Ils refusent la justice aux pauvres, et privent de leurs droits les malheureux de mon peuple. Ils font des veuves leur proie, et dépouillent les orphelins.

Dieu menace ces mauvais juges : Que ferez-vous au jour du châtiment... vers qui fuirez-vous, pour avoir du secours, et où laisserez-vous vos trésors ? Vous serez chargés de chaînes, vous tomberez parmi les morts... (Is X, 1 à 4)

Car l’invasion assyrienne est inévitable

L’Assyrien marche contre Ajjath, traverse Migron, laisse ses bagages à Micmasch. Il passe le défilé, il couche à Guéba. Rama tremble, Guibea de Saül prend la fuite. Fais éclater ta voix, fille de Gallim! Prends garde, Laïcha ! Réponds-lui, Anathoth! Madména se disperse, les habitants de Guébim se sont cachés. Encore un jour de halte à Nob, et déjà il menace de sa main la montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem.

Mais voici que le Seigneur, l'Éternel des armées, a pris sa hache, il abat les branches avec violence : les plus grands sont coupés, les plus élevés sont abattus. Il renverse avec le fer les taillis de la forêt, et le Liban tombe sous les coups du Puissant. (Is X, 28 à 34)

Le peuple de Dieu avait été trop souvent infidèle. Pour le punir, l’Éternel, dans sa pédagogie destinée à former son peuple rebelle, avait demandé à plusieurs nations d’agir contre lui. Mais ces nations ont dépassé toutes les bornes, et l’Éternel ne peut admettre de tels comportements : ces nations, qui, elles aussi appartiennent à Dieu, seront également sévèrement reprises. Leurs épreuves seront nombreuses, les dévastations considérables, et l’exil douloureux.

2-6-Mais Yahvé est juste : un jour les Assyriens aussi seront châtiés

Les Assyriens aussi seront châtiés car ils ont outrepassé les droits que l’Éternel leur avait confiés : Malheur à l'Assyrien, verge de ma colère ! La verge dans sa main, c'est l'instrument de ma fureur. Je l'avais lâché contre une nation impie, je l'avais fait marcher contre le peuple de mon courroux, pour qu'il se livre au pillage et fasse du butin, pour qu'il le foule aux pieds comme la boue des rues. Mais il n'en a pas jugé ainsi : le roi d’Assyrie ne songe qu'à détruire, qu'à exterminer de nombreuses nations. Car il dit : mes princes ne sont-ils pas autant de rois ? J’ai su frapper Calno et Carkemisch ? et Hamath et Arpad ? N'en a-t-il pas été ainsi de Samarie comme de Damas ? Ma main a atteint les royaumes des idoles, où il y avait plus d'images qu'à Jérusalem et à Samarie. Ce que j'ai fait à Samarie et à ses idoles, je le ferai pour Jérusalem et ses objets sacrés.

Oui, mais voilà : quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, il punira le roi d'Assyrie à cause de son coeur orgueilleux, et de l'arrogance de ses regards hautains. Car il dit: c'est par la force de ma main que j'ai agi, c'est par ma sagesse, car je suis intelligent. J'ai reculé les limites des peuples, et pillé leurs trésors, et, comme un héros, j'ai renversé ceux qui siégeaient sur des trônes... J'ai ramassé toute la terre et nul n'a remué l'aile, ni ouvert le bec, ni poussé un cri.

Mais qui doit se glorifier, dit le Seigneur : la hache, ou celui qui s’en sert ? La hache se glorifie-t-elle envers celui qui s'en sert ? Ou la scie est-elle arrogante envers celui qui la manie ? Comme si la verge faisait mouvoir celui qui la lève, comme si le bâton soulevait celui qui n'est pas du bois ! C'est pourquoi le Seigneur, le Seigneur des armées, frappera les puissants d’Assyrie, et, sous sa magnificence, éclatera un embrasement, comme l'embrasement d'un feu.

Oui, la lumière d'Israël deviendra un feu, et son Saint une flamme qui consumera et dévorera ses épines et ses ronces, en un seul jour... (Is X, 6 à 17)

En ce jour, la gloire de Jacob sera affaiblie, et la graisse de sa chair s'évanouira. Il en sera comme quand le moissonneur récolte les blés, et que son bras coupe les épis ; comme quand on ramasse les épis, dans la vallée de Rephaïm. Il en restera un grappillage, comme quand on secoue l'olivier, deux, trois olives, au haut de la cime, quatre, cinq, dans ses branches à fruits, dit l'Éternel, le Dieu d'Israël. En ce jour, l'homme regardera vers son créateur, et ses yeux se tourneront vers le Saint d'Israël. Il ne regardera plus vers les autels, ouvrage de ses mains, et il ne contemplera plus ce que ses doigts ont fabriqué, les idoles d'Astarté et les statues du soleil. En ce jour, ses villes fortes seront comme des débris dans la forêt et sur la cime des montagnes, abandonnés devant les enfants d'Israël: et ce sera un désert. Car tu as oublié le Dieu de ton salut, tu ne t'es pas souvenu du rocher de ton refuge. Aussi tu as fait des plantations d'agrément, tu as planté des ceps étrangers. Lorsque tu les plantas, tu les entouras d'une haie, Et bientôt tu les fis venir en fleurs. Mais la récolte a fui, au moment de la jouissance, Et la douleur est sans remède. (Is XVII, 4 à 11)

2-7-La prophétie contre les nations

2-7-1-Contre Babylone

Bien plus tard, le peuple de Dieu, se remémorant le passé, entonnera des hymnes et des cantiques qui lui permettront de contempler les bienfaits du Seigneur et de rendre grâce.

On se souviendra alors de la prophétie contre Babylone : l’Éternel a donné des ordres à sa sainte milice. Il a appelé les héros de sa colère, ceux qui se réjouissent de sa grandeur... L'Éternel des armées passe en revue l'armée qui va combattre... De l'extrémité des cieux: l'Éternel et les instruments de sa colère vont détruire toute la contrée.

Par Isaïe la voix du Seigneur de l’Univers continue à se faire entendre : Gémissez, car le jour de l'Éternel est proche : il vient comme le Dévastateur tout Puissant. C'est pourquoi toutes les mains s'affaiblissent, et tous les hommes perdent courage. Ils sont frappés d'épouvante; les spasmes et les douleurs les saisissent... Voici, le jour de l'Éternel arrive, jour cruel, jour de colère et d'ardente fureur qui réduira la terre en solitude, et en exterminera les pécheurs.

Et voici : les étoiles des cieux et leurs astres ne feront plus briller leur lumière, le soleil s'obscurcira dès son lever, et la lune ne fera plus luire sa clarté. Je punirai le monde pour sa malice, et les méchants pour leurs iniquités ; Je ferai cesser l'orgueil des hautains, et j'abattrai l'arrogance des tyrans...

J'ébranlerai les cieux, et la terre sera secouée sur sa base, par la colère de l'Éternel des armées, au jour de son ardente fureur. Alors, comme une gazelle effarouchée, comme un troupeau sans berger, chacun se tournera vers son peuple, chacun fuira vers son pays. Tous ceux qu'on trouvera seront percés, et tous ceux qu'on saisira tomberont par l'épée... Voici, j'excite contre eux les Mèdes qui ne font point cas de l'argent, et qui ne convoitent point l'or. De leurs arcs ils abattront les jeunes gens... Leur oeil n'épargnera point les enfants.

Et Babylone, l'ornement des royaumes, la fière parure des Chaldéens, sera comme Sodome et Gomorrhe, que Dieu détruisit. Elle ne sera plus jamais habitée, elle ne sera plus jamais peuplée... Les animaux du désert y prendront leur gîte, les hiboux rempliront ses maisons, les autruches en feront leur demeure, et les boucs y sauteront. Les chacals hurleront dans ses palais, et les chiens sauvages dans ses maisons de plaisance. Son temps est près d'arriver, et ses jours ne se prolongeront pas. (Is XIII, 2 à 22)

La ruine de Babylone fut exemplaire... Israël et tous ceux qui avaient été malmenés par Babylone pourront se réjouir de la chute des Assyriens. Car l'Éternel aura pitié de Jacob, il choisira encore Israël, et il les rétablira dans leur pays. Les étrangers se joindront à eux, et ils s'uniront à la maison de Jacob. Les peuples les prendront, et les ramèneront à leur demeure, et la maison d'Israël les possédera dans le pays de l'Éternel, comme serviteurs et comme servantes, les retenant captifs...

Comme s’il se prenait à rêver, Isaïe poursuit, contemplant le retour de la paix : Et quand l'Éternel t'aura donné du repos, après tes fatigues et tes agitations, et après la dure servitude qui te fut imposée, alors tu prononceras ce chant sur le roi de Babylone, et tu diras : le tyran n'est plus ! L'oppression a cessé ! L'Éternel a brisé le bâton des méchants, la verge des dominateurs. Celui qui dans sa fureur frappait les peuples par des coups sans relâche, celui qui dans sa colère subjuguait les nations est poursuivi sans ménagement. Toute la terre jouit du repos et de la paix; on éclate en chants d'allégresse.

Ce chant d’allégresse est joyeux, mais sans pitié : le Messie promis au Petit Reste n’est pas encore venu... Les cyprès même, les cèdres du Liban, se réjouissent de ta chute : depuis que tu es tombé, personne ne monte pour nous abattre. Le séjour des morts s'émeut jusque dans ses profondeurs, pour t'accueillir à ton arrivée ; il réveille devant toi les ombres, tous les grands de la terre, Il fait lever de leurs trônes tous les rois des nations. Tous prennent la parole pour te dire : toi aussi, tu es sans force comme nous, tu es devenu semblable à nous ! Ta magnificence est descendue dans le séjour des morts avec le son de tes luths. Tu as été jeté sans sépulture; les vers sont ton linceul. Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore! Tu es abattu à terre, toi, le vainqueur des nations !

Le tyran, chef de la nation orgueilleuse, sera précipité dans le séjour des morts : Tu disais en ton cœur : je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée à l'extrémité du septentrion. Je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse. Ceux qui te voient fixent sur toi leurs regards, ils te considèrent attentivement : Est-ce là cet homme qui faisait trembler la terre, qui ébranlait les royaumes, qui réduisait le monde en désert, qui ravageait les villes et ne relâchait point ses prisonniers ?

Tous les rois des nations, oui, tous, reposent avec honneur, chacun dans son tombeau, mais toi, tu as été jeté loin de ton sépulcre, comme un rameau qu'on dédaigne, comme une dépouille de gens tués à coups d'épée, et précipités sur les pierres d'une fosse, comme un cadavre foulé aux pieds. Tu n'es pas réuni à eux dans le sépulcre, car tu as détruit ton pays, tu as fait périr ton peuple: on ne parlera plus jamais de la race des méchants.

La vengeance s’annonce : Préparez le massacre des fils à cause de l'iniquité de leurs pères ! Qu'ils ne se relèvent pas pour conquérir la terre... Je me lèverai contre eux, dit l'Éternel des armées ; j'anéantirai le nom et la trace de Babylone, ses descendants et sa postérité, dit l'Éternel. J'en ferai le gîte du hérisson et un marécage, et je la balaierai avec le balai de la destruction, dit l'Éternel des armées.

L'Éternel des armées l'a juré, en disant : “Oui, ce que j'ai décidé arrivera, ce que j'ai résolu le l'accomplirai. Je briserai l'Assyrien dans mon pays, je le foulerai aux pieds sur mes montagnes...”

Les Assyriens seront vaincus. Les autres nations qui ont mal agi le seront aussi : c’est la résolution prise par l’Éternel : Voilà la résolution prise contre toute la terre, voilà la main étendue sur toutes les nations. L'Éternel des armées a pris cette résolution : qui s'y opposera ? Sa main est étendue : qui la détournera ? L’année de la mort du roi Achaz de nombreux oracles contre les nations furent prononcés :

2-7-2-Oracles contre les nations

Contre les Philistins

Attention ! Que les Philistins ne se réjouissent pas trop vite de ce que la verge qui les frappait est brisée ! Car de la racine du serpent sortira un basilic, et son fruit sera un dragon volant. Et tandis que les plus pauvres trouveront leur nourriture, et que les malheureux pourront reposer en sécurité, je ferai mourir de faim ta descendance, et ce qui restera de toi sera tué.

Alors on s’écriera : Porte, gémis ! Ville, lamente-toi ! Tremble, pays tout entier des Philistins ! Car du nord vient une fumée, et les rangs de l'ennemi sont serrés.

Et que répondra-t-on aux envoyés du peuple ? Que l'Éternel a fondé Sion, et que les malheureux de son peuple y trouvent un refuge. (Is XIV, 1 à 32)

Contre Tyr

Oracle contre Tyr. Lamentez-vous, navires de Tarsis, car tout a été détruit : plus une maison ne subsiste ! C'est après leur départ du pays de Kittim que la nouvelle leur en est venue. Soyez muets d'effroi, habitants de la côte, marchands de Sidon dont les marins parcouraient la mer et qui affrontaient les océans ! Le blé du Nil, – la moisson du fleuve –, était pour toi un revenu, car tu étais le marché des nations. Sois confuse, Sidon, la reine des mers, la forteresse de la mer. Tu demandes: je n'ai point eu de douleurs, je n'ai point enfanté, je n'ai point nourri de jeunes gens, ni élevé de jeunes filles.

Quand les Égyptiens sauront la nouvelle, ils trembleront en apprenant la chute de Tyr. Retournez donc à Tarsis, lamentez-vous, habitants de la côte ! Est-ce là votre ville joyeuse dont l’origine remontait aux temps anciens et qui portait ses pieds au loin ? Qui a pris cette résolution contre Tyr, la dispensatrice des couronnes, elle dont les marchands étaient des princes, dont les commerçants étaient les plus riches de la terre ? C'est l'Éternel des armées qui a pris cette résolution, pour blesser l'orgueil de tout ce qui brille, pour humilier tous les grands de la terre.

Travaille ta terre, désormais, fille de Tarsis, il n’y a plus de port. L'Éternel a étendu sa main sur la mer; il a fait trembler les royaumes ; il a ordonné la destruction des forteresses de Canaan. Il a dit : “Tu ne te livreras plus à la joie, vierge déshonorée, fille de Sidon! Lève-toi, passe au pays de Kittim ! Même là, il n'y aura pas de repos pour toi. Vois les Chaldéens : ce peuple n’existe plus, l'Assyrie l’a livré aux bêtes du désert et il a fondé un pays; ils élèvent des tours, ils renversent les palais de Tyr, ils les mettent en ruines. Lamentez-vous, navires de Tarsis, car votre forteresse est détruite !

Et voici pour plus tard. Tyr tombera dans l'oubli soixante-dix ans, ce que dure un règne. Au bout de soixante-dix ans, il en sera de Tyr comme de la prostituée dont parle la chanson : “Prends la harpe, parcours la ville, prostituée qu'on oublie! Joue de ton mieux, répète tes chants, pour qu'on se souvienne de toi!” Au bout de soixante-dix ans, l'Éternel visitera Tyr, et elle retournera à son salaire impur; elle se prostituera avec tous les royaumes de la terre, à la face du monde. Mais son gain et son salaire impur ne seront ni entassés ni conservés ; ils seront consacrés à l'Éternel, ils iront à ceux qui sont consacrés à l'Éternel, et qui auront ainsi une nourriture abondante et des vêtements magnifiques. (Is XXIII)

Contre Moab

La nuit même où elle est ravagée, Ar Moab est détruite! La nuit même où elle est ravagée, Kir Moab est détruite !... Tout gémit et fond en larmes. Hesbon et Élealé poussent des cris ils ont l'effroi dans l'âme... et ils jettent des cris de détresse sur le chemin de Choronaïm. Car les eaux de Nimrim sont ravagées, l'herbe est desséchée, le gazon est détruit, la verdure a disparu. Et j'enverrai sur Dimon de nouveaux malheurs, un lion contre les réchappés de Moab, contre le reste du pays. (Is XV, 1-3- 4 à 6 et 9)

Moab gémit sur Moab... et, profondément abattu, soupire sur les ruines de Kir Haréseth... La joie et l'allégresse ont disparu des campagnes. Dans les vignes, plus de chants, plus de réjouissances ! Le vendangeur ne foule plus le vin dans les cuves. J'ai fait cesser les cris de joie. Aussi mes entrailles frémissent-elles sur Moab, comme une harpe, et mon coeur sur Kir Harès... Telle est la parole que l'Éternel a prononcée dès longtemps sur Moab.

Et maintenant l'Éternel parle, et dit : “Dans trois ans, comme les années d'un mercenaire, la gloire de Moab sera l'objet du mépris, avec toute cette grande multitude. Et ce qui restera sera peu de chose, presque rien. (Is XVI, 7 - 10 et 11 - 13 et 14)

Contre les Éthiopiens

Malheur au pays des sauterelles ailées, au delà des fleuves de Kouch ! Ce pays envoie sur mer des messagers dans des barques de roseaux voguant à la surface des eaux ! Allez, messagers rapides, vers la nation forte et vigoureuse, vers ce peuple redoutable depuis qu'il existe, nation puissante et qui écrase tout, et dont le pays est coupé par des fleuves. Vous tous, habitants du monde, habitants de la terre, voyez l’étendard qui se dresse sur les montagnes, écoutez le son du cor, car ainsi parle l'Éternel : “Je regarde tranquillement de ma demeure, par la chaleur brillante de la lumière, et par la vapeur de la rosée, au temps de la chaude moisson.

Mais avant la moisson, quand la pousse est achevée, quand la fleur devient un raisin qui mûrit, on coupe les sarments avec des serpes, on enlève, on tranche les ceps... Tous sont abandonnés aux oiseaux de proie des montagnes et aux bêtes de la terre. Les oiseaux de proie passeront l'été sur leurs cadavres, et les bêtes de la terre y passeront l'hiver.”

Pourtant, voici de nouveau quelques paroles d’espoir : les nations païennes se convertiront-elles au vrai Dieu ? Mais un jour, un peuple redouté, fort et vigoureux, des gens de haute taille, à la peau bronzée, apporteront des offrandes à l'Éternel des armées. La nation puissante et dominatrice dont le pays est coupé par des fleuves, apportera ses offrandes sur la montagne de Sion, là où réside le Nom de l'Éternel. (Is XVIII)

Voici contre l’Égypte

Oracle sur l'Égypte. Voici, l'Éternel est monté sur une nuée rapide, il vient en Égypte, et les idoles de l'Égypte tremblent devant lui, et le coeur des Égyptiens tombe en défaillance. “J'armerai l'Égyptien contre l'Égyptien, et l'on se battra frère contre frère, ami contre ami, ville contre ville, royaume contre royaume. L'esprit de l'Égypte disparaîtra du milieu d'elle, et j'anéantirai son conseil; on consultera les idoles et les enchanteurs, ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l'avenir, et je livrerai l'Égypte entre les mains d'un maître sévère : un roi cruel dominera sur eux.” dit le Seigneur, l'Éternel des armées.

Les eaux de la mer tariront, le fleuve deviendra sec et aride. Les rivières seront infectes, les canaux de l'Égypte seront bas et desséchés, les joncs et les roseaux se flétriront. Ce ne sera que désolation le long du fleuve, à l'embouchure du fleuve: tout ce qui aura été semé près du fleuve se desséchera, se réduira en poussière et périra.

Les pêcheurs gémiront, tous ceux qui jettent l'hameçon dans le fleuve se lamenteront, et ceux qui étendent des filets sur les eaux seront désolés. Ceux qui travaillent le lin peigné et qui tissent des étoffes blanches seront confus. Les soutiens du pays seront dans l'abattement, tous les mercenaires auront l'âme attristée. Les princes de Tsoan ne sont que des insensés, les sages conseillers de Pharaon forment un conseil stupide. Comment osez-vous dire à Pharaon que vous êtes les fils des sages, fils des anciens rois ? Où sont-ils donc tes sages ? Qu'ils te fassent des révélations, et qu'on apprenne ce que l'Éternel des armées a résolu contre l'Égypte.

Les princes de Tsoan sont fous, les princes de Noph sont dans l'illusion, les chefs des tribus égarent l'Égypte. L'Éternel a répandu au milieu d'elle un esprit de vertige, pour que les Égyptiens chancellent dans tous leurs actes, comme un homme ivre hébété, qui vomit. Plus rien ne profite à l'Égypte, que cela vienne de la tête ou de la queue, de la branche du palmier ou du roseau. En ce jour, l'Égypte sera comme une femme : elle tremblera et aura peur en voyant s'agiter la main que l'Éternel des armées lève contre elle.

Mais l’Égypte aussi se convertira, et le pays de Juda sera pour l'Égypte un objet d'effroi: dès qu'on lui en parlera, elle sera dans l'épouvante, à cause de la résolution prise contre elle par l'Éternel des armées. En ce temps-là, il y aura cinq villes au pays d'Égypte, qui parleront la langue de Canaan, et qui jureront par l'Éternel des armées : l'une d'elles sera appelée ville du Soleil. En ce même temps, il y aura un autel à l'Éternel au milieu du pays d'Égypte, et sur la frontière un monument à l'Éternel. Il sera un signe et un témoin de Yahvé dans le pays d'Égypte. Ils crieront à l'Éternel à cause des oppresseurs, et il leur enverra un sauveur et un défenseur pour les délivrer.

Alors l'Éternel sera connu des Égyptiens, et les Égyptiens connaîtront l'Éternel en ce jour-là. Ils feront des sacrifices et des offrandes, ils feront des vœux à l'Éternel et ils les accompliront.

L'Éternel frappera les Égyptiens, il les frappera, mais il les guérira ; et ils se convertiront à l'Éternel qui les exaucera et les guérira. En ces temps-là, il y aura une route d'Égypte en Assyrie : les Assyriens iront en Égypte, et les Égyptiens en Assyrie, et les Égyptiens avec les Assyriens serviront l'Éternel. Alors, Israël sera uni à l'Égypte et à l'Assyrie, et ces pays seront l'objet d'une bénédiction. L'Éternel des armées les bénira, en disant : “Bénis soient l'Égypte, mon peuple, et l'Assyrie, œuvre de mes mains, et Israël, mon héritage !” (Is XIX, 1 à 25)

Mais, avant, l’Égypte et l’ Éthiopie doivent souffrir

En ce temps-là, l'année où Tharthan, envoyé par Sargon, roi d'Assyrie, vint assiéger Asdod et s'en empara, l'Éternel adressa la parole à Isaïe, fils d'Amots, et lui dit : “Va, détache le sac de tes reins et ôte tes souliers de tes pieds.” Il fit ainsi, et marcha nu et déchaussé. Et l'Éternel dit : “Mon serviteur Isaïe a marché nu et déchaussé, pendant trois ans : c’était un signe et un présage pour l'Égypte et pour l'Éthiopie; de même le roi d'Assyrie emmènera de l'Égypte et de l'Éthiopie, captifs et exilés, les jeunes hommes et les vieillards, nus et déchaussés, et le dos découvert, à la honte de l'Égypte. Alors on sera dans l'effroi et dans la confusion, à cause de l'Éthiopie en qui l'on avait mis sa confiance, et de l'Égypte dont on se glorifiait. “

Et les habitants de cette côte diront en ce jour : voilà ce qu'est devenu l'objet de notre attente, sur lequel nous avions compté pour être secourus, pour être délivrés du roi d'Assyrie ! Comment échapperons-nous ?

2-7-3-Oracles contre d’autres nations

Contre Édom

Approchez, nations, pour entendre ! Peuples, soyez attentifs ! Que la terre écoute, elle et ce qui la remplit, le monde et tout ce qu'il produit! Car la colère de l'Éternel va fondre sur toutes les nations, et sa fureur sur toute leur armée : il les voue à l'extermination, il les livre au carnage. Leurs morts sont jetés, leurs cadavres exhalent la puanteur, et les montagnes se fondent dans leur sang. Toute l'armée des cieux se dissout ; les cieux sont roulés comme un livre, et toute leur armée tombe, comme tombe la feuille de la vigne, comme tombe celle du figuier. L’épée de Yahvé s'est enivrée dans les cieux : voici, elle va descendre sur Édom, sur le peuple que l’Éternel a voué à l'extermination, pour le châtier.

L'épée de l'Éternel est pleine de sang, couverte de graisse, du sang des agneaux et des boucs, de la graisse des reins des béliers : c’est un grand sacrifice pour Yahvé, un grand carnage dans le pays d'Édom.

Voici que les buffles tombent avec eux, et les bœufs avec les taureaux. La terre ruisselle de sang et le sol est imprégné de graisse. Car c'est un jour de vengeance pour l'Éternel, une année de représailles pour la cause de Sion, de revanche dans les luttes de Sion.

Oui, malheur sur Édom

Les torrents d'Édom seront changés en poix, et sa poussière en soufre; et sa terre sera comme de la poix qui brûle. Elle ne s'éteindra ni le jour ni la nuit, la fumée s'en élèvera éternellement; d'âge en âge elle sera désolée, personne n'y passera plus.

Le pélican et le hérisson la posséderont, la chouette et le corbeau l'habiteront. Le Seigneur tirera le cordeau pour la  niveler et l’araser. Il n'y aura plus de grands pour élire un roi, car tous ses princes seront anéantis. Les épines croîtront dans ses palais, les ronces et les chardons dans ses forteresses. Ce sera le repaire des chacals, le domaine des autruches. Les animaux du désert y rencontreront les chiens sauvages, et les boucs s'y appelleront les uns les autres. Là le spectre de la nuit aura sa demeure, et trouvera son lieu de repos. Là le serpent fera son nid et y pondra ses oeufs; dans l’ombre il les couvera, et les fera éclore. Là se rassembleront tous les vautours.

Consultez le livre de l'Éternel, et lisez! Aucun d'eux ne fera défaut, pas l’un d’eux ne manquera, car sa bouche l'a ordonné. C'est son esprit qui les rassemblera. Il a jeté pour eux le sort, et sa main leur a partagé cette terre au cordeau, ils la posséderont toujours, ils l'habiteront d'âge en âge. (Is XXXIV, 1 à 17))

Les textes d’Isaïe peuvent nous surprendre par leur dureté envers les hommes. Mais l’Éternel Tout-puissant devait se montrer très ferme. Il devait montrer aux hommes qu’Il est l’Unique, le seul Dieu, et que tout Lui appartient. Les moyens à mettre en œuvre étaient à la mesure des méfaits des hommes rebelles. Cependant, le Seigneur Tout-puissant ne veut pas détruire son œuvre : le Seigneur se gardera toujours un Petit Reste fidèle sur lequel Il pourra s’appuyer pour réaliser ses desseins. À ce propos, il est remarquable de constater qu’après chacune de ses menaces, Dieu parle toujours d’un Petit Reste qui demeurera fidèle.


[1] De qui le prophète veut-il parler quand il dit: la jeune femme, ou la jeune fille (selon les traductions) enfantera. De quel enfant s’agit-il ? La jeune femme est-elle l’épouse du roi Achaz, et l’enfant annoncé, dont la venue est imminente, un fils ? Ou bien cette jeune fille est-elle la mère du Messie attendu ? Souvent les prophètes rassemblent dans une même vision des événements qui seront éloignés dans le temps, mais qu’un jour on découvrira comme mystérieusement liés. Déjà avant Jésus, la traduction grecque remplaçait l’expression “jeune femme” par “vierge”, la vierge qui serait la mère du Messie attendu, l’Emmanuel, Dieu avec nous. (note extraite de La Bible des Peuples)

[2] L’épouse d’Isaïe

pour toute suggestion ou demande d'informations